lundi, 26 septembre 2011
L'échappée vaine
Je serai l'artisan de mon propre dépaysement
JEAN BERTRAND PONTALIS : "Loin", éditions Gallimard, 1992.
Comme le grand voyageur, il a tourné les talons, il s'en est allé seul. "Facile de laisser tout". Et leur tronches tous derrière, les gens de sa maison qu'il appelait "les miens", et qui avaient fini par lui ressembler trait pour trait tandis qu'il ne leur ressemblait en rien, portant une quantité d'obligations, d'affections corvéables, tout ce temps à durer, se construire sur un drôle d'équilibre qui n'était ni le leur, ni le sien. A devoir faire plaisir, même quand il bricolait, c'étaient là des moments tranquilles, mais il y avait toujours un temps où quelqu'un lui criait du fond la cuisine "Tu viens manger ?" ou simplement, "C'est prêt !". Il répondait régulièrement, "j'arrive !" comme hier, comme demain, il arrivait dans la seconde, la tête rentrée dans les épaules déroulant d'un rond de serviette ,sa petite serviette à lui, reliquat d'un trousseau, où l'on avait brodé à la main, point par point son prénom il savait chaque jour qu'il s'appellait "Lucien", à la même place, la place du père en bout de table, à côté de la corbeille à pain, de la bouteille de vin, de la cruche d'eau toute en face de cette cruche de Brigitte, ces cruchons familiaux, il prenait sa becquée, sa couvée, toute en bouche, et là, sur ses épaules un excédent fragile détraquait les chemins.
Comme le grand voyageur il reviendra, (il reviennent tous) pour raconter plus tard ce qu'il a vu, c'est cela qui lui manque, raconter ce qu'il a vu. Comme hier, comme demain, c'est toujours les mêmes tronches. Parfois, il s'agglutine seul dans son coin en douce, et dans le vin qui gonfle ses méninges, il est fils de cette fougue remuée patiemment, il a trop à larguer, d'un seul coup c'est si dur, tout cet attachement, tout ce qu'on lui promet. L'amour de l'entourage ne fait plus désormais qu'assurer le poids du décor, assortir des objets avec quelques tentures, ou des coussins du genre. Tout cet abrutissement dans un monde achevé, abrutissait sa mort, il n'y aurait rien d'héroïque à se sentir aimé, ni à mourir de cette façon.
Comme le grand voyageur, il a dit "je vais tourner la page", si novice à l'époque, ces photos de mariage exposées au salon, la traîne blanche de Brigitte, ces sourires sur la plage, ça lui sort par les yeux, dans les cadres, ça mélange les vacances au camping, les crêpes au carnaval, et Médor dans les bras des cousins à La Plagne. Comment avait-il pu se croire chef au domaine ? Lui, qui depuis longtemps ne décidait de rien, Ce n'était plus vraiment comme hier, sur les photos quand il prenait Brigitte par la taille, celle qu'il avait choisie, à qui il avait dit "tu seras la femme de ma vie pour toujours". Mais quelle vie pour toujours spéculerait sur demain ? Il croyait c'était vrai. Il tenait une femme de sa vie, qui se donnait, était sienne ; aurait-il le coeur si fidèle pour n'aimer qu'une seule femme ? Une seule vie ? Existait-il sur terre, une créature plus belle que Brigitte, et sa traîne ?
Il avait dû comprendre quelque chose qu'on ne doit pas dire, du moins s'était-il arrangé jusqu'à ces derniers jours, pour ne pas laisser échapper ces lièvres qui couraient sous son corps, des milliers de fourmis, des crampes, des entonnoirs, et ces cubits replets de Nuits Saint Georges. Il avait ramassé, depuis ce temps, les couleurs de tous les automnes, collées sur des herbiers, une bonne vingtaine d'années fourbues entre le lierre, le chèvrefeuille, qui dévoraient les murs, partout camouflant les greniers, où l'on avait caché des bas de laine précieux. Pour deux ou trois pièces d'or, chez lui rien ne bougeait. Aujourd'hui c'est la poudre de perlinpin diluée dans l'alcool qui se prend dans le grand soleil d'Octobre, ouvre l'été radieux de sa jeunesse privée de ces jeux qui débordent.
Comme le grand voyageur, le dormeur réveillé au milieu de la nuit par le vent qui frappe aux volets, il veut aller partout et se débarrasser, de ses murs et des siens qui courent, des gens concrets, énergiques, il fait mine de les protéger, lui, qui, sucé jusqu'à la moelle est devenu plus faible qu'eux, lui qui s'en va. Il est parti. "Qu'ils se débrouillent sans moi, avec leurs tronches !" Il se ressert un verre ou deux, il va jusqu'aux champs lumineux de la vigne qui pousse au milieu des bassins du jardin d'acclimatation, il regarde des jeunes filles, au sang chaud, brasser le grain et les fruits rouges, leurs belles mains libres, courent déjà sur son corps. Oui ce sera demain.
Comme le grand voyageur, il a mis les fruits à sa bouche, le feu aux poudres et ça ne ressemblait en rien, aux fruits qu'il mangeait chaque jour. Un instant cueilli comme un prince, s'agréant au désir de ses folles combines qui font tourner la roue. La route, elle tourne aussi ; encore un chariot qui chavire. C'est autant de malheur qui vient. Il a brassé dans la montagne, l'heure tournait, ce n'était pas grave. Il s'est voué aux secrets de ces filles, a pratiqué les ablutions.
Comme le grand voyageur, tire un trait, s'en va libre, il a mis son corps à merci livré son coeur mou à ces filles, une première fois, après quoi l'obsession sera de leur tourner autour, d'y retourner les autres jours, pour ne pas dépérir de l'usure de là bas, dans les belles décombres des pavillons où vont les ballons, les tricycles, le juste prix, les soucis emballés dans de la toile de jouy, il a vu l'heure tourner sur un poignet, qui n'était pas le sien, par la caresse d'une de ces petites putes, allumant, un instant le bon père de famille, et l'incendie dans sa maison. Une vie entière qu'on bousillerait comme ça pour un coup de queue. "Merde alors ! ces filles là, ont le vice dans la peau" aura t-il pensé un instant en remontant ses bretelles, ses chaussettes en coton, en rhabillant l'ivresse sur un demi-litre de vin de table, un demi-verre, par jour, avait dit le Docteur Mollon, à cause de l'albumine ou du cholestérol. Parfait, parfait, puis il regardé le pli du pantalon, repassé comme il faut, ça tombait droit sur la chaussure, qui foulait sans souci des tapis de feuilles mortes.
Comme le grand voyageur qui a froid qui a faim, pris du regret soudain d'avoir failli à sa mission, comme le père fouettard fouette la poudre de perlinpin, il a remis le grain fou de ses grands voyages dans de toutes petites craintes. Que deviendraient ils, eux, sans lui, les miens, les siens ? Bordel à cul, bordel à cons". Il a encore regardé l'heure sur son poignet, c'était le sien. C'était grand temps. Il a eu peur. Il était temps de retourner à la maison. "On ne part pas comme ça". On ne laisse pas tout sur un coup de coeur. Il a voulu s'amender, demander pardon, aux enfants à sa femme, à ces tronches. Tout leur dire. Vivre avec ce poids là, "non, non non ! il n'était pas question" après toutes ces années, après tout leur avoir caché, "pas question de mentir, non non non" ! Il songeait à la belle famille. Ca ferait un beau tintamarre. Puis comme chaque jour, il a repoussé à demain, le moment de le dire, mais le grand vin doré l'abordait d'une lie qui laisserait des empreintes, allant rejouer l'aventure avec ce petit goût heureux de reviens-z'y. Une joie, un frisson, "heureux, heureux".
Il y retournerait demain, et tous les jours qui suivent changeraient de couleur, peu à peu habiteraient dans sa tête qui n'allait plus très bien, ce serait une autre maison, celle du petit bonhomme qui pirouette dans la chanson, un pti bonhomme de rien monté sur des bretelles, porté par des chaussettes en coton, des vignes, et des bassins et la douceur des filles qui sortent toutes nues du bain dans le parc d'acclimatation. Il songea au remords bien plié, à la faute, qu'elle pourrait deviner, elle qui devinait tout, elle qui disait toujours "le connaître comme personne". Tu parles d'une expression ! Des mots, "nos mots à nous", il les anticipait, les connaissait par coeur, quand il se défendait, s'embrouillait, cette réponse. Le soupçon à portée, Brigitte elle concluait :"c'est pas la peine, Lucien j'te connais, j'te connais !".
Il songea au Docteur Mollon avec sa longue tête piriforme, ses cravates à rayures cette tête de bouteille de Perrier ou de gnôle à la poire, sa cravate aussi moche qu'un torchon pour les mains, il songea à Médor, s'il partait, qui en aurait la garde ? Il vit le Docteur Mollon qui le fixait, pas comme d'habitude derrière des grosses lunettes d'écaille, il a vu le Docteur Mollon gracieux comme une porte de prison, tirer comme on dit la sonnette d'alarme -"vous êtes surmené monsieur Bauchier en ce moment, il faudrait passer un scanner, puis consulter au plus vite un psychiatre, je vais vous donner l'adresse d'un confrère, vous verrez il est excellent", il aura répondu sans voir plus loin que le bout de son nez -"Mais moi, j'ai pas besoin de psychiatre, je vais très bien, chui pas fou". Le docteur Mollon il savait ; laissait peser dans le bleu de son cabinet les symptômes et la grande souffrance d'une maladie bizarre "qu'on ne peut pas toujours expliquer qui dépend de facteurs divers et variés, mais qu'il est nécessaire de traiter, pour différentes raisons".
Comme le grand voyageur, il aura pris les escaliers au lieu de l'ascenseur, sous son corps tous les lièvres à présent soulevés n'avaient plus tant d'ardeur, au soupçon de myxomatose, et les bretelles se rattachaient aux chaussettes en coton aux crampes, aux fourmis noires à l'entonnoir et au bouchon en plastique d'une bouteille d'Hépatum. Comme le grand voyageur, il a marché, marché en portant des sacs invisibles. Il a repensé que Brigitte voulait qu'il ramène deux banettes, des oeufs, du lait, de l'aspirine. On l'aura vu passer par la boulangerie, ressortir avec deux banettes, au Franprix on soldait des chaussettes, il en a acheté une série, et du vin, sans raison, ça le calmait. On l'a vu entrer par la porte de derrière de la petite pharmacie, juste à l'écart du centre ville, puis il a glissé l'ordonnance et des billets, des milliers de billets dans les grands décolletés de Nadège et de Sandrine.
Photo : Lucien rêve. Sur la grande esplanade située juste devant le TNP dans le très beau quartier (Merci Lazare Goujon !) des Gratte-Ciel, à Villeurbanne.
© Frb 2011
21:47 Publié dans Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
Commentaires
Ah ça, Frasby, je suis bouleversée par ce texte ! En vous lisant on pense à plusieurs grands, en même temps qu'on sait qu'on n'a jamais lu ça, que pourtant on l'a toujours su. C'est en nous, inventé par vous, jamais entendu comme ça, avec ce son-là, cette musique-là ...
J'ai pas de mots pour dire mon bouleversement...
Écrit par : Michèle | vendredi, 07 octobre 2011
@Michèle : Ouhlala, ben dites moi, je ne sais pas quoi répondre... Je suis touchée, très touchée, venant de vous... C'est énorme. (Pour moi). C'est très encourageant. D'autant que je n'ai aucun recul, poster ce texte était une expérience, soit vouée au flop, (c'était plutôt ça que je prévoyais, parce qu'on ne peut pas faire trop de merveilles à mon sens en partant de l'inanité) soit quelque chose arrivait à "passer", (en texte à plat sur un blog, ça ira aussi à la merci du rythme de lecture de chacun, donc il ,n'y a rien de gagné )
mais là, en vous lisant, j'avoue que je suis comblée (c'est pas si souvent autant le dire), une très agréable surprise, évidemment enfin, je n'ai pas de mot moi non plus. Votre façon d'accueillir le texte, de percevoir, c'est ça. Oui, vous avez raison pour le son. Un petit défi à la base. Au départ c'est un texte que j'avais dans un purgatoire (je n'en n'ai aucun au paradis de toute façon (pfff) et je l'ai complètement remanié cette nuit avec une écriture plus brutale plus rythmique (toujours cette obsession de la ritournelle en musique, de la pavane aussi) enfin, c'est plus écrit pour la voix que pour le stylo, vous avez bien capté mon intention, mais votre commentaire me trouble. Merci, vraiment. `
Je vous embrasse.
Écrit par : frasby | vendredi, 07 octobre 2011
Je ne connais rien aux techniques et structures musicales. Mais avec vos reprises, modulations, développements de la tonalité principale, tantôt sur le mode mineur, tantôt majeur, vos cadences, vos renversements qui créent la surprise, jusqu'à la coda finale, il y aurait comme quelque chose de la sonate... si l'on n'était dans le baroque, le rock qui fait des siennes, qui nous étonne et ça détonne chaque fois qu'on pèle la banane (d'Andy Warhol) pour voir :)
Je ne croquerai plus de banette et ne boirai plus d'Hépatum (ça existe encore?) sans imaginer Lucien heureux avec sa Vénus à la fourrure, qui lui garde son rond de serviette au chaud :)
Écrit par : Michèle | samedi, 08 octobre 2011
Et ce titre, et cet exergue...
Écrit par : Michèle | samedi, 08 octobre 2011
@Michèle: le titre, euh... je suis pas sûre de l'avoir inventé, (on n'inventera plus rien hélas ! c'est encore mon grand leitmotiv) mais louez moi ! je vous en prie louez moi ! j'adore ça :))
Plus sérieusement, on ne rit plus, assez ri !) : j'aime beaucoup , vraiment beaucoup les ouvrages de monsieur Jean-Bertrand de Pontalis philosophe, écrivain, mais aussi un psychanalyste pas comme les autres qui se garde de classer ses patients en symptômes, j'apprécie beaucoup ses vues sur l'humain dont cette citation n'est qu'un petit échantillon...
Écrit par : frasby | samedi, 08 octobre 2011
Décalage pour décalage, je reviens à la pavane, j'adore la pavane :)
Si on se retrouve un jour, tous les amis de Certains jours, on se pavanera sur la grande esplanade des Gratte-ciel :)
http://www.youtube.com/watch?v=7UPi3uP5O18&feature=player_embedded#!
Écrit par : Michèle | samedi, 08 octobre 2011
@Michèle, si vous saviez comme j'adore tous ces trucs en costumes d'époque ! (quoique le terme de truc soit un peu cavalier,), et je suis assez dingue de la pavane, c'est un fait.
Alors merci pour cet envoi, très bien vu (entendu)..
Je suis allée cette été en Nabirosina, (on m'a reproché mon côté campagne mais moi je l'assume bien, sans chichis), dans une soirée où on pouvait apprendre toutes sortes de danses, (dans les bras de magnifiques garçons en costumes de paons, et de belles dames faisant la roue pour les messieurs) je regrette de ne pas avoir osé, sinon c'eût été une promesse de stages de pavanes (et de relaxation :) sur la bonne esplanade de feu Goujon et feu Planchon, mais je prévois un pti machin, quand même, car une des dames, et grande amie (des pavanes bordées de tulles et cousues d'or) m'a promis récemment, de m'inviter à découvrir le secret des habits (de pavane et autres danses) chez les dames de la tour, couturières admirables de là bas, (pas des Gratte Ciel, de la plus haute tour partiellement médiévale 100% charliendine)
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/07/27/la-tour-majestueuse-dans-la-lumiere-d-un-soir-d-ete.html
ce serait un autre décor (majestueux) pour une drôle de rencontre, nous serions (quasi) certains de bien nous amuser ainsi fagotés, peut être moins doués pour la danse, (sans donner dans le vidéo gag) sorry mais c'est assez "gamin", je trouve toujours très rigolo de se prendre les sabots dans la traîne, et puis ça crée toutes sortes de solidarités (hé ! on n'a rien sans rien)... Enfin, bon...Bravo pour votre lien !
Écrit par : frasby | samedi, 08 octobre 2011
Et pourquoi pas celle-ci, ou celles-là :)
http://www.youtube.com/watch?v=he7Dbk4f2RY&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=e0hGXUH2KFY&NR=1&feature=fvwp
http://www.youtube.com/watch?v=jYydUxgJ9H8&feature=related
Écrit par : Michèle | samedi, 08 octobre 2011
@Michèle : Merveilleux ! Tout est bon! j'adore ça
Si vous permettez , je vais mettre ma fraise (sur mon col en V) et la ramener. J'ai un petit faible pour Thoinot Arbeau ou le sieur Jehan Tabourot et sa pavane "belle qui tient ma vie" à pleurer de grosses larmes (tout en dansant pour se consoler)
alors je ne vais pas résister (même si pour comprendre sur ce coup là il faut se tirer les oreilles, côté articulation c'est passakessa : http://www.youtube.com/watch?v=wwRpEEth-UQ&feature=related
mais la cremière est généreuse, elle vous livrera
toute une part du secret ( via une partition), vous pouvez ressortir votre flûte à bec, ainsi (mon idée) c'est qu'on pourrait monter "l'ensemble de flûtes à bec des lecteurs de certains jours" et faire de grandes tournées de par le monde (en calèche) n'est ce ce pas une idée qu'elle est chouette ? :-)
http://www.youtube.com/watch?v=uHPvZ8aqhas&feature=related
Non, mais sans rire les paroles, (une spirale dans un cadre d'or), sont trop belles, pourquoi s'en priver ? (ah mais je vous jure, n'y lisez point de moquerie, et remercions Thoinot Arbeau!) http://www.youtube.com/watch?v=EVtLufgU8po&feature=related
Et puis ça c'est bonus pour vous, que du bonheur ! (c'est mon cadeau pour vous remercier:) d'après mes calculs, ça devrait bien vous plaire:)
http://www.youtube.com/watch?v=2sKp8hJTxtk&feature=related
Écrit par : frasby | samedi, 08 octobre 2011
Et la vie passe, et le voyage avec et on n'est pas dedans pendant qu'à l'intérieur le monde - manège et confusion - tourne en tous sens nous laissant seul dans un train sans destination.
Et l'on croit que c'est un mauvais "rêve", mais on se trompe probablement de mot quand il a l'air si vrai et qu'il l'est réellement.
Comment défaire le nœud de la Nuit quand plus on s'y essaie plus il se resserre ?
:)
Écrit par : Jean | samedi, 08 octobre 2011
@Michèle : Vous croyez que je m'y connais ? (Ah non, erreur! pure illusion :) je ne sais même pas mettre une clef de sol sur une portée ni sur un sol d'ailleurs (umour umour) ayant compris (je suis maline ! ) qu'on ne pouvait faire s'ouvrir le sol ainsi sous ses pieds, et que pour trouver le trésor (qui enrichirait (?) la petite quotidienneté (?) (Marx Grouchaud, a d'ailleurs écrit de très belles choses à ce sujet), il reste un gros chemin à parcourir selon la doctrine du poète François Bayrou (sur son tracteur, quand il en descend c'est moins bucolique) on ne s'en lasse pas je la radoterai :"ce n'est pas le chemin qui est difficile mais le difficile qui est le chemin",et pour se faire dans la musicalité du chemin (et du trésor) rien ne vaut une grosse pioche ( à la Voltaire !: "li tauf vulciter sno drajin") je ne doute pas que tout cela ne sera pas si obscur à votre esprit:) car on retombera encore sur nos pattes comme dans les Tex avery, tout ça pour dire que je suis restée assez cancre sur la crusttrue uslimace (lisez "us et limace") je ne dois mon plidemô de sucmi qu'à la chopette-surprise d'un sonmieur qui avait les oreilles décollées de la réalité du solfège ( mais je rends grâce à ces blusimes professeurs (héros méconnus qui au coeur des institutions ont le toupet de créer des îles enchantées, cela ne dure jamais trop, en ce monde affreux si peu synesthésique (tique ?) (coucou! Charles et Arthur !) car "l'ocèle ste cérulle" (parole du Drang kloso !) foin de la digression (fino de la dringoisse) on m'aura appris à faire sonner la pioche sans partition, (quel prodige !) ce qui ne sert à rien et n'intéresse pas Paul Amploix ni Xavier Bertrand (euffrax !) mais ça fera un crut à l'oreille, qui relèvera ensuite de la vronése obsessionnelle (gloire au docteur Mollon !) tant et si bien qu'à la fin l'oreille pourra quelque fois faire office de truffe (à la Médor ! reniflant impunément sous les jupes, des dames (et des... messieurs ? (:O! ) my god ! pour y trouver (ces vermeilles que vous me soufflez !) des sonates !!! (voilà le trésor) ou encore on décodera (les doigts dans le nez ! nous voilà acrobates) la banane de Dany Harwol sous une viole de gambe on the rock !que du "pour voir" et de l'icrétrue à la crofe de l'iroelle comme on dirait que desfois on ne sait pas trop pourquoi on se retrouve avec une espèce truffe dans l'oreille mais c'est + une exocrissance ingrucone qu'un atout culturel (enfin en ce qui me concerne), se peut-il que je souffre...
(souffrisse ?) à mes heures (envoyez vos chèques à la fondation du Dr Mollon ) d'hyraseucopie ? Et l'Hépatum dans ce cas, est inefficace, l'Hépatum pour vous répondre (recadrons, il est temps) me paraissait sonner (draponnez mon outrecuidance) comme une sorte de requiem (requiem signifiant "repos" : " "missa pro Hepatum Libera me Hepatum subvenite Hepatum Dei, occurrite, Hepatum Domini a dit le prophète. Cela ne sera pas une preuve pour autant de son existence, (pas du prophète, de l'Hépatum !) mais comme je vous soupçonne fortement d'avoir vous aussi une truffe dans l'oreille (et ça vous va à ravir, prenez ça comme un compliment :) je dirai pour les sonneurs de bellits et bnos fruftiers que ça chantait mieux que le terme de Citrate de Bétaïne qui existe et s'avère efficace quand on a abusé de la banette (de vin :O!). Pardonnez moi de ne pas savoir faire court... Merci de vous fier à mes théories de diététique harmonique : no banette ! and no hépatum mais vous pouvez croquer la baguette (du chef d'orchestre :O !!! euffrax !) et boire de la veuve Clicquot, à volonté. En attendant que les Vénus à fourrure, et les ronds de serviette se pambrunisent ce qui rendrait heureux, non seulement Lucien, mais tous les autres, autant que moi, en vous lisant, c'est ainsi que le pambrunisme sera non pas le genre humain, mais une sorte de chant du monde. (On retombe sur nos pattes,non ? :). Immense merci à vous...
Écrit par : frasby | samedi, 08 octobre 2011
@ Jean : Et votre message passe !!! je m'en réjouis (il passe mais pas comme la vie, enfin vous me comprenez :)... Je me demandais en vous lisant si se trouver dans un train sans destination, était concrètement du même genre (à quelques détails épis-phénoménaux près) que de rester debout sur un quai de gare à regarder passer les trains, en hésitant toujours, entre plusieurs destinations, préférant demeurer nulle part qu'en un seul point où l'on se rendrait avec certitude, et se fixerait à jamais, comme s'enfermant soi même dans une sorte de prison enfin bon, c'est trop sombre, et je ne sais rien de tout cela, je l'avoue...
"Et l'on croit que c'est un mauvais "rêve", mais on se trompe probablement de mot quand il a l'air si vrai et qu'il l'est réellement".
Alors là je vous donnerais bien le prix Nobel du vertige le plus vertigineux de la plus haute montagne, qu'il nous restera à inventer... Mais comme j'ai réponse à tout (ah ! mais !) sans me leurrer (ouf) et que c'est donc par la grâce (ou disgrâce) de cette absence de leurre (désespérée) que je bâtirai ma maison (cabane ? ) cad, à peu près n'importe où ça pourrait tenir (un bout ici, un bout là bas) sur des réponse (à tout, oui ! (pourquoi se gêner ? la vie est courte ) sans vous cacher que ce sont des allumettes (dont on fait ce feu là) qui serviront de fondation (pilotis ?) et qu'à partir de ce genre d'architecture jusqu'à ma philosophie à la noix et à la noisette (de vrais morceaux de noisettes- tout de même ! attachés avec des ficelles) je tenterai de construire une fragile passerelle, (ça fera ce que ça fera) je vous en livre la théorie pour ce qu'elle est / bien que ce ne soit pas une panacée, (ai je besoin de le préciser ?) la voici (attention, voilà, je la sors de mon panier)
je crois qu'on se trompe toujours de mot :)
C'est vrai aussi que "plus on cherche à défaire le noeud de la nuit plus il se resserre", c'est très bien dit
(on peut essayer de s'en faire pour soi même une démo avec des chaussures, (à lacets) par exemple et votre phrase se mettra alors à faire des noeuds dans le jour, on pourra bien essayer de les désserrer avec les dents (ce qui impliquera une souplesse enfantine, nous l'aurons ! nous l'aurons n'est ce
pas ?) n'empêche que je crois que mes pilotis s'enfoncent... Etaient-ils plantés solidement dans la nuit ? Ou dans un "jour" aussi mou que les sables mouvants ? Ahla la Jean, y a des jours où nous sommes tout petits, qu'on nous dirait perdus...Dites moi que c'est une illusion :)... ? ¿ ? ¿ ? ¿ ?
Mais quand vous posez in fine ce petit sourire là ! on est rassuré quoique c'est encore bien troublant ... merci, à vous... ( Nussapit Evriget ! :)
Écrit par : frasby | samedi, 08 octobre 2011
Vous m'aviez mis sur une piste avec les chansons de Rimbaud et Verlaine mises en musique par Ferré (Commentaires de Brader la ville). Ici, nous retrouvons Lucien... " Il patinait " Létinois ? Du cycle de Verlaine intitulé « Amour » ? Il a bien vieilli. Il s'est échappé. Il n'attend plus rien. Il a déjà tout obtenu.
Écrit par : Marc | samedi, 08 octobre 2011
@Marc :
Car vraiment j’ai souffert beaucoup !
Débusqué, traqué comme un loup
Qui n’en peut plus d’errer en chasse
Du bon repos, du sûr abri,
Et qui fait des bonds de cabri
Sous les coups de toute une race.
La Haine et l’Envie et l’Argent,
Bons limiers au flair diligent.
M’entourent, me serrent. Ça dure
Depuis des jours, depuis des mois,
Depuis des ans ! Dîner d’émois,
Souper d’effrois, pitance dure ! ...
ps : Vous aimez les jeux de piste, on dirait ... ! :)
Très belle nuit à vous ✩✩✩
Écrit par : frasby | samedi, 08 octobre 2011
« Âme, te souvient-il, au fond du paradis,
De la gare d’Auteuil et des trains de jadis
T’amenant chaque jour, venus de La Chapelle ?
Jadis déjà ! Combien pourtant je me rappelle
Mes stations au bas du rapide escalier
Dans l’attente de toi, sans pouvoir oublier
Ta grâce en descendant les marches, mince et leste
Comme un ange le long de l’échelle céleste.
Ton sourire amical ensemble et filial,
Ton serrement de main cordial et loyal.
Ni tes yeux d’innocent, doux mais vifs, clairs et sombres
Qui m’allaient droit au cœur et pénétraient mes ombres.
Après les premiers mots de bonjour et d’accueil.
Mon vieux bras dans le tien, nous quittions cet Auteuil,
Et sous les arbres pleins d’une gente musique,
Notre entretien était souvent métaphysique.
Ô tes forts arguments, ta foi du charbonnier !
Non sans quelque tendance, ô si franche ! à nier,
Mais si vite quittée au premier pas du doute !
Et puis nous rentrions, plus que lents, par la route
Un peu des écoliers, chez moi, chez nous plutôt,
Y déjeuner de rien, fumailler vite et tôt,
Et dépêcher longtemps une vague besogne.
Mon pauvre enfant, ta voix dans le bois de Boulogne ! »
C'est l'extrait que je préfère. Ainsi que parmi les poèmes que Ferré a mis en musique, l'un de ceux (avec Le poète de sept ans) qui repasse en boucle - à l'improviste et fréquemment, sur le lecteur de ma mémoire. Je ne suis pas, à strictement parler, un analysant. Mais bien sûr que j'aime les jeux de piste. Je lis Pontalis attentivement aussi ; lui « qui ne classe [...] pas en symptômes ».
Écrit par : Marc | dimanche, 09 octobre 2011
Bravo pour ton texte. J’ai recherché la sensation non encore éprouvée. Et je l’ai trouvée.
Écrit par : Iron Ikunst | dimanche, 09 octobre 2011
@Iron Ikunst : Tu l'as trouvée ? C'est une très belle façon de lire. La plus juste, à mon sens. Connaissant (un petit peu) le grand fleuve et ces flux multiples qui mènent tes oeuvres, j'ai peine à croire, en thème de sensation, que tu les aies toutes éprouvées. Mais je peux, sans réserve, imaginer qu'on recherche une sensation en particulier. J'apprécie beaucoup ta lecture, et que tu sois venu partager ici, (en peu de mots), une chose qui se trouve précisément intraduisible (avec des mots :)
Merci à toi, Iron.
Écrit par : frasby | dimanche, 09 octobre 2011
@ Marc : Analysant ? Oh mais non, je n'ai pas pensé ça ! ;-) vous aimez les jeux de pistes, c'est très bien ! (tout le reste est littérature :) ! ...
J'ai une immense tendresse pour le poème que vous venez de nous déposer ici, c'est comme l'enfance qui n'en finit pas de nous porter sur ces vagues insoucieuses avec son souci en dedans (on voudrait oublier , c'est en mémoire, comme nos premiers tourne disques, la couleur de l'absinthe, et le chat du café des artistes. A croire que peut -être avec la musique, et puis son rythme en dedans (celle de quelques poètes rarissimes) nous pourrions devenir invincibles,peut-être ? De tels textes sont de vrais talismans, c'est pas mal de penser aussi que cette musicalité et ces rencontres si évidentes, ne pourront jamais s'imiter même en y travaillant une vie dans les meilleures écoles...
Je revois les yeux mi clos de Léo Ferré en poster dans la chambre couverte de graffs du grand frère d'une copine, Léo traversant les mots de ses camarades, Verlaine, Baudelaire, Rimbaud mais aussi Aragon, Caussimon ...
Léo parfois se rêvant chef d'orchestre, fauve mégalophonique (es muss sein), du bateau ivre, jusqu'à la mémoire et la mer, des poètes de 7 ans jusqu'à "avec le temps" dans la pop free de Zoo et fumant des celtiques (sales mômes, assez jolis,) on y revient toujours par la boucle magique qui nous rend la musique et nous retrouve intacts, "le coeur est métronome et la vie est musique" disait un poète de je ne sais plus de quel âge... Je sais juste que son poème s'intitulait "Credo" C'est bien d'être retrouvés intacts, non ? ;-)
Merci Marc. Vous nous faites de jolis cadeaux...
ps :
Connaissez vous Charles et Léo ? (On dira que j'abuse un peu, oui c'est vrai, (j'abuse trop trop trop :) mais tant pis, c'est de votre faute je me suis réveillée de très bonne humeur à cause de zazous épatants swinguant du bois de mon coeur , ça donne un vent de liberté pour aborder tous les sujets ;-) , je termine (soyons sérieux, recadrons !)
le fils de Léo Ferré, donc, n'a désiré que "lui", (qui ? vous verrez) pour re-créer "quelque chose" avec des esquisses, des projets qui hélas n'ont pas eu le temps d'être terminés, Feu Léo la main, passe, passera... Pour que les choses n'en restent pas au petits papiers d'un testament ; (Charles Léo Jean Louis et vous, nous, et les copains de Ayers's Cliff et les actions de grâces de nos Dimanches, des autres jours bien loin d'ici
(c'est assez près :)...
http://grooveshark.com/s/Bien+Loin+D+ici/3gavm9?src=5
Écrit par : frasby | dimanche, 09 octobre 2011
tourner oui 'les talons" oui (oh que !) "la page" et pourquoi pas "un trait"
mais aussi (le grand voyageur peut tout se permettre , non?)
tourner carrément casaque (rebel without a cosaque ?)
(mais les jockeys ah shit ont certes des casaques mais pas de casquettes) (à la Lucien)
note : je suis certain qu'il y a des jockeys à casaque mais sans casquette qui s'appellent ou ont dû s'appeler "Lucien"
et sur les champs de course (très très loin : à Macao peut être) des "grands voyageurs" hurlaient à pleins poumons de grands voyageurs : "vas y Lulu vas y" (ils avaient parié "gros" sur la casaque à Lulu ) (leurs billets de retour notamment)
Écrit par : hozan kebo | lundi, 10 octobre 2011
@Hozan kebo : Quelle suite chevaleresque ! (non, suite cavalière, exactement sans toutefois être "cavalière", entendons nous bien -saisissons la nuance entre les délicats guillemets qui s'en vont changer tout le sens- comme celui qui va de casquette à casaque, qui n'est pas celui de bonnet blanc et de blanc bonnet, car autant pour porter casquette et casaque il faut être gentleman, autant bonnet blanc et blanc bonnet s'en fichent royalement même si on tourne talons,on garde sa casquette, et sa casaque même dans la position du cosaque (-on suppose que c'est pas la même que la position du missionnaire des belles lettres, laquelle n'existe pas = j'ai retenu votre leçon d'équitation ;-) Tout cela pour approuver après lecture, que oui, le grand voyageur peut tout se permettre, et c'est pas impossible qu'il y ait des jockeys sans casquette mais à casaque qui ont dû s'appeler ou s'appellent Lucien, non seulement c'est pas impossible mais c'est scientifiquement prouvé (les savants de certains jours ont bossé dur, vous apprécierez le résultat ! :
http://www.horseracing.com/jockeys/lucien-laurin/
j'adore la chute de votre histoire. Elle est terrible (quand on y pense), mais on ne va pas y penser, les grands voyageurs en exil à la suite d'un pari gros gros gros, ouvriraient un autre chapitre. Et comme tout finit par des chansons que les jockeys nous diront que les grands voyageurs (qu'ils s'appellent Lucien, ou Roger ou Prosper) sont nos amis surtout quand ils vont à cheval... Je vous offre avec mes gros sabots (de cheval) un pti microsillon, le disc -jockey s'appelle Charles et il roule en chapeau.
http://grooveshark.com/s/Vous+Oubliez+Votre+Cheval/3zOLe8?src=5
Écrit par : frasby | lundi, 10 octobre 2011
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