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mercredi, 28 décembre 2011

Orea Phone

Devance tout adieu, comme s'il se trouvait derrière
toi, à l'instar de cet hiver qui va se terminer.
Car entre les hivers, il est un tel hiver sans fin
qu'être au-delà de lui, c'est pour ton coeur l'être de tout.

RAINER-MARIA RILKE : extr. "Sonnets à Orphée" (1922)

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Sans doute existe-t-il une histoire de la vocalité qui se confond contre toute espérance, à l'histoire des mondes unis ensemble. Une épopée originelle perdue puis retrouvée, par les mondes que nous fabriquons, rêvons, et que parfois, un bref instant, nous augurons.

Le mythe d'Orphée nous touchera toujours avec force puisque Orphée est la figure incarnée de la vocalité et que la voix jouit d'un statut ambivalent, innocente, ou malfaisante immatérielle, ou incarnée. Orphée est bien cette voix qui fît remonter Eurydice des enfers, mais si la voix parvint à Eurydice par la force d'un chant, c'est que Orphée chanteur était aussi musicien.

Pourrait-on imaginer un chanteur dont la voix ne s'adresse à rien ni à personne ? Peut-être en existe-il un ou deux, qui toucherait le vide des choses, comme autant le vide des êtres. Il serait là, sans doute en soliloque comme déjà en enfer.

Et cette voix dont le son reviendrait toujours à ses oreilles, finirait par ne plus être perçue par son corps, glisserait doucement de l'auto-affectation jusqu'à l'auto-altération.

Il est permis de penser que Orphée chanta pour susciter la coïncidence, ou plus exactement faire coïncider sa voix avec celle d'Eurydice, et cela ne sera pas, comme on l'imaginait une manière de fusion, mais une manière de révélation, pour faire émerger :

 "Ce qui veut naître de moi par toi" 

http://www.youtube.com/watch?v=KCYcWpMDWLQ&feature=re...

Citation de fin de billet, Paul Valéry, in "Les cahiers".

Photo : Ciel vu d'un arbre, je ne me souviens plus lequel exactement, photographié, là bas , près de Saint Cyr, (loin des enfers).

© frasby 2011.

Commentaires

Magnifique photo que ce ciel vu d'un arbre. Ainsi donc il y en a qui grimpent aux arbres ! :)

Orphée, le chant, l'écriture, la voix, ce qui "révèle", fait remonter, amène au jour :)

Merci, Frasby :)

Écrit par : Michèle | samedi, 31 décembre 2011

@Michèle : oui, le ciel vu d'un arbre ! nos oiseaux ont des ailes à deux places, et des gants, il faut vivre dangereusement, (pas question de mener Orphée dans un club d'accro-branches)

La voix, le chant "révèlent", oui. L'écriture aussi, (sauf que je ne le sais pas ;-)

Merci à vous, Michèle.

Écrit par : frasby | samedi, 31 décembre 2011

oui cette voix incarnée dans soi étonnante très haute qui vient de quelque part d'oublié et dont le souffle module l'harmonie est pour moi la découverte de cette année j'y passe sans doute trop de temps mais chanter cela ne m'était jamais arrivé quelle découverte Bonne année Frasby

Écrit par : laurence | dimanche, 01 janvier 2012

@laurence : Ce que la voix peut révéler, tout ce travail qui s'élabore est infini, et il me semble plus heureux de passer son temps à s'étonner des sons, à travailler sa voix qu'à écrire (c'est très subjectif évidemment), enfin je veux dire que ce n'est jamais "trop" de temps, jamais du temps perdu, et votre commentaire exprime bien l'essentiel, comme le souffle par exemple, l'harmonie...

Meilleurs voeux, à vous (et à votre voix ;-)

Écrit par : frasby | lundi, 02 janvier 2012

Les commentaires sont fermés.