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vendredi, 18 mai 2012

Deux petites valses

Matin de printemps
mon ombre aussi
déborde de vie

ISSA

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J'emprunte à KOBAYASHI ISSA (grand maître de haïku), ce petit air de valse, l'ouverture du printemps glissera la ritournelle dans nos incertains jours...

ISSA, comme vous et moi, ne sût rien du cheminement de ses jours mais quand la poésie chanta sans lassitude que tout était néant, passage, silence, ISSA, d'un léger trait de plume ajouta "cependant"...

 


podcast

 

 

Photos : Là-bas. Le printemps a du retard, en cette mousson de Mai, entre deux jours de pluie et de brumes, j'ai pu saisir une accalmie avec juste le vent floutant un peu les arbres... Une petite carte postale, d'ici et de partout - en cliquant sur l'image - vous retrouverez d'autres balades de printemps, notamment aux jardins japonais et d'ailleurs...

Music : Chenard Walcker "Quand je tombe des nids" extr. de l'album "l'âne vétu de la peau de lion" (2002)

© Frb 2012

mardi, 10 mai 2011

Cependant

Me retournant sur la plage
Même les traces de mes pas
ont disparu

ISSA,  "Et pourtant, et pourtant", (1), éditions Moundarren 1991.

night parc.JPGRien de quoi s'accrocher. Trop de volonté, si peu naturelle, en somme. Il faudra bien laisser couler ce qu'il reste de temps hors du monde. Entre le printemps et l'été, il y aura une cinquième saison, comme le nouvel an au Japon. Une saison des pluies, la mousson, des mélodies pour cordes en terrain gadouilleux, ce sera aussi un no man's land. On entrera en barbarie avec soi, juste avant le règne des fleurs. On cherchera son pays hors des corps familiers, un passage au milieu des autres entre les saules et les broutilles. On s'arrêtera là. On ira trouver les saisons, la sixième, la septième, celle du quatrième monde, retraverser ces temps où les hommes et les animaux parlaient le même langage jusqu'à en éblouir la nuit.

Des étoiles s'allument nous allument nous éteignent. Voici l'écho au chapitre de l'illusion ; un coucher sans soleil sur le lac, poumon liquide gris bleu; où hier, d'anciens marécages servaient d'exutoire au fleuve Rhône. Sous le lac, peut être enfouie, une tête de Christ en or. Plus loin, l'île des cygnes, un monument aux morts de la guerre de 14-18. Et là bas, le long des berges, on voit des bancs, des barques, des amants enlacés sous les arbres. L'importance des petits insectes aux ailes translucides nous feraient oublier les grands hommes qui oeuvrent en secret au contenu des bibliothèques de demain. On deviendra épisodique, épiphénomènal, épis, épi, fil blanc d'un verset de sutra (du lotus du diamant, ou de l'arbre), pour l'oubli, le renouvellement. On rejoindra son ermitage entre les sauges, sur un caillou. On sera dans la soustraction, délesté pour un bref instant de tout ce qui nous appartient, nous retient, nous posséde. Une illusion à tête humaine, la bouche en peau de banane, fera le zouave en équilibre entre l'eau et la barque.

Ce qui peine peut mourir encore. Rien de quoi s'accrocher de manière permanente, brièveté maximale, un au-delà flottant, à peine indifférent mené par sa balade, dans cette espèce de deshérence on regardera les oies sauvages et les canetons, s'écraser sur les flots. On goûtera, comme nous l'ont appris les peintres ou le marchand de cartes postales, on goûtera ce coucher de soleil sans soleil, après quoi de ce jour il ne restera rien.

"Une bulle dans un nuage de thé", un rêve de sons retournant le sol en tous sens, l'absence de temps qui passe de temps qui vient, l'absence des temps du souvenir, un cendrier rond peu profond frôlé par les volutes et les petits papiers qu'on déchire, numéros de téléphone, des notes d'une musique expirée, fêtes galantes, onctuosités, harmonie du soir au lac miniature, une plage immense près d'un gigantesque cendrier rempli à ras bord d'une eau pure... Par temps clair on y voit flotter deux belles grues griffées de lettres et de ratures, elles ont l'air bête, elles nous ressemblent. Déjà pliées, t'en souviens-tu ? Joies de l'origami.

 

Nota (1) : Kobayashi ISSA (1763-1828), nom de plume ISSA (signifiant "Tasse-de-thé") est un poète japonais de la fin de la période Edo, auteur d'environ 20 000 Haïkus, il en a aussi modernisé la forme et le propos, avec subtilité, il est (à mon sens) l'un des plus grands avec BASHÔ, BUSON l'un des plus fins. Vous pouvez visiter les liens ci-dessous, ses poèmes sont absolument à découvrir. 

 

http://www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id_aut=1058

http://nekojita.free.fr/NIHON/ISSA.html

http://haikuguy.com/issa/

 

Photo : Le lac du Parc de la Tête d'Or à Lyon, aux alentours de vingt et une heure, (et son ours vert endormi), photographié, au mois de Mai, juste après la pluie.

 

Frb © 2011