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dimanche, 27 mai 2012

Comme un dimanche...

Un dimanche de mai 1982, à onze heure du matin, le curé Masselin, monte en chaire, pousse un cri horrible et dit : "Après le jugement dernier, les ressucités de toute la terre se disposeront en colonne par deux et viendront successivement laver leur linceul dans le lavoir de Sore-les Sept Jardins. Ils se débarrasseront ainsi des traces de boue et des péchés. L'opération prendra le temps qu'il faudra. Les corps glorieux auront l'eternité devant eux. Puis ils se disperseront dans la campagne, poseront leur linceul à terre avant de s'y coucher et se caresseront les uns les autres sous le regard bienveillant de Dieu"

Gilbert LASCAULT : "Draps, linceuls et manuterges" in la revue "Le fou parle"23. Balland 1983.

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Lien : En plus d'être critique d'art, écrivain, véritable passeur, Gilbert Lascault est aussi un homme de radio  une "voix" des plus singulières... Extrait, à  écouter, visionner, ci dessous :

http://vimeo.com/7095736

Nota : Pour ceux qui envisagent les dimanches sous des onctions plus chastes, la Marie Charlotte honnissant nos vices vous sonnera les cloches loin des affres de la chair, avec tout de même du linge, des aubes, de la dentelle, et Mr le curé de Varennes, que vos doigts vertueux (ou la Sainte Souris) trouveront sans peine en cliquant dans l'image.

Photo : Un dimanche de Mai 2012, dans la campagne du Parc de la tête d'Or (Parc des 7 jardins  lui aussi, en cherchant bien), l'histoire n'en finissant pas de tourner en rond,  j'ai  photographié une ressucitée effectuant une partie de jambes en l'air avant que d'autres ne viennent la rejoindre pour échanger un peu d'amour universel sous votre regard bienveillant chers lecteurs, Dieu ayant bien d'autres chats à fouetter ce printemps. En attendant de voir la suite... Promesses, promesses...

Parc © Frb 2012

mercredi, 16 novembre 2011

Rien à personne

(ainsi le spectacle s’annonce-t-il)

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Nous n'avons jamais été accordés à cette authentique mégalomanie qui transformait les hommes comblés par la nature en forcenés de la pêche et de la cueillette.

"Keep up with the Joneses"

veut dire "faire toujours mieux que le voisin", c'est l'expression anglo-saxonne (humour anglais), elle signifie : amasser, amasser sans cesse, veiller avec un soin jaloux, à son rang à ses droits, ses propriétés.

Ailleurs, sur une "grande-montagne-qui se tient-sur le bord-" rien de cette terre d'abondance ne peut appartenir à personne, trop giboyeuse, si immense qu'elle est à tout le monde, "une plage à crustacées, une baie à flétans, un grand cèdre". Il n'y a qu'un chef pour autoriser à pêcher l'eulachon, choisir ceux qui en seront dignes, repousser ceux qui ne respectent pas le domaine. Et pour cela, il faut un chef, non pour dominer autrui selon ses caprices, mais pour protéger, prendre garde, veiller à la fertilité ou mener la bataille si un jour, un clan rival venait pour dévaster les lieux. Alors, dans ce pire cas, comme il n'est pas digne de se battre avec des armes, il faudra se battre avec des biens.

La guerre on l'appelle donc POTLATCH

Ce qui veut dire : donner. Mais donner pour obliger à donner en retour. Donner en signe de puissance. A l'adversaire de relever le gant. A lui de donner plus encore. S'il le peut, s'il a des biens. Sinon il devra courber le front et accepter l'opprobre.

Ainsi de l'enfance à l'âge d'homme, tout au long de sa vie, celui qui recevra un nom (souvent un nom de lieu, sacré, aux yeux des hommes) sera voué, en risquant tout, à jouer le rôle d'un homme-serpent ; à muer sans cesse dans une peau plus large, plus éclatante, ou à mourir de honte, de ce défi non relevé.

Dans une société sans écriture, ni archive, le rang de chacun sera déterminé sur ce potlatch. Cela donne l'occasion de proclamer à la face de tous, un changement de nom, de statut, et d'enregistrer en quelque sorte, une documentation de référence.

Chez les Kwakiutl - tribu la plus ostentatoire de ces Peaux Rouges - il existait autrefois des titres et des positions dans toutes subdivisions locales. L'un s'appelait : " Qui-crée-le trouble-autour- de lui", un autre prenait pour nom : "qui-donne- la richesse", un autre était nommé "qui-gaspille", enfin un autre : "satiété".

Qui que ce soit, nul n'était seul dans son pays.

Hormis cela, on y martellait le cuivre comme partout.

 

Texte et photo : © paul 2011.

 

Petite présentation du premier qui...   (by frasby)

Paul a choisi pour nom de plume le prénom de son chien (paul, donc)  en ce seize Novembre deux mil onze, ce sera, un versant de petit monde à l'envers jamais trop loin du vrai monde qui lui "tourne toujours dans le même sens", (eh oui ! on l'oublie trop souvent), relire, le livre peut-être de Galilée ? Perdu puis retrouvé là bas : "Coaticook".

Merci à Paul qui s'y colle, et nous offre son premier billet (de toute sa vie) bien qu'il n'en soit pas à  ses débuts, quelquepart mais ailleurs. Puissiez-vous lui réserver ici, un accueil un petit peu euh, accueillant (mais pas trop non plus, c'est pas la peine, on a déjà fait fabriquer dans les studios de Pierre Boulez une bande son d'applaudissements, (ça rassure), comme à la radio, où se trouvent à présent des rieurs professionnels, (le rire "pro", ça rapporte), alors au point où on en est, (on peut s'offrir, une petite bande-son je crois), surtout pas d'ovation, (c'est la seule chose dont Paul a vraiment peur, alors que son chien adore ça), alors soit ! Paul l'a voulu ainsi, ovation à la bête plutôt qu'à l'homme mascotte, vestale de certains jours son oeil sioux, à l'affût, la truffe humide protégera le domaine des rhinocéros, requins,  paons, chenilles etc... Tout ça pour dire qu'on va tenter d'ouvrir à d'autres voies, ou voix (pas toutes, evidemment), juste pour voir, les rôles seront déplacés, un instant, le temps que ça nous plaira, aucune place assurée, et plus rien à personne. Le début de la décadence, tout pareil que dans la vie (la vraie), remember  "travailler plus etc... ", (5 ans de détresse), c'est toujours la même chose, à d'infimes détails près, puisqu'ici sans détresse tout le monde sera payé avec des clopinettes (une belle monnaie d'avenir, de nos échanges aussi, qui sait ? Monnaie de la dernière chance qui nous restera peut être à partager ici ou là), on essayera...

Cousu au jour le jour. C'est du wip 100% on reste snob (ni trop ni pas assez) snobs des campagnes ou snobs des villes. Les dames de la tour (excellente adresse) ont cousu des martingales à nos redingotes en peau de serpent c'est à ça que vous nous reconnaîtrez dans la rue, vous touchez c'est du tweed, la magie, (un nom qui viendrait d'une rivière). Certains jours, deviendrait mégalo ? Oui bien sûr ... Mais pour rire. (On précise au cas z'où).

Merci à ceux qui ont adressé -dans l'entretemps- des courriers épatants, mes excuses de n'avoir pu répondre, je le ferai, se connecter, au hameau est un peu difficile, parfois. Merci à "Raidi pour" (ça c'est son vrai prénom, écossais) il a son rond de serviette à certains jours (since 2008), c'est lui qui dans l'ombre a écrit mes discours. Mais c'est fini, cette époque là, y'a plus de vedettes ! tout fout le camp, et tant mieux, je passe à la tourniquette un peu, je garde mon électrophone (personne n'en veut, quoique...), et des bricoles, je descends dans la soute à charbon, salle des machines, et remets mon salaire, pour la beauté du geste, (je ne vous dis pas combien, là, ça me gêne) à la grenouille de la collectivité (informelle), avec Paul, (un début) une douce arrière-pensée désir d'avenir si vous voulez :  revendre la maisonnette à Kofandbroad dès que la grenouille (nous bouffant la laine sur le dos), exprimera l'ambition  de (nous faire) devenir aussi grosse que le ... 

Allez ! c'est mon jour de bonté, de beauté peut être ? Lire ↓ Regarder.

http://www.bm-lyon.fr/decouvrir/fables_images/affichage_i...

A suivre, "comme l'eulachon" (aura dit monsieur Paul). Comme l'eulachon, c'est pourtant bien la vérité.

lundi, 01 août 2011

La nuit venue

Tout ne revêt-t-il pas, dans ce qui nous exalte, les couleurs de la nuit ? C'est elle, maternelle, qui te porte, et tu lui dois ton entière splendeur. Tu te serais dissipée en toi-même, perdue dans l'espace sans fin, si tu n'avais été par elle contenue, enserrée en ses liens pour devenir chaleur et faire, en flamboyant, naître le monde.

NOVALIS (1772-1801) : "Hymnes à la nuit", éditions Mille et une Nuits, 2002.

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Ici nous devenons invisibles, mais si vivants. Un pas de plus enrobe, nous regardons courir au ciel des astres doux, mêlés à cette force, elle retourne au soleil le moulin à paroles où rien ne peut se dire à temps. Nous avons tant parlé, la parole si sûre d'elle ouvrait des trappes, les refermait, se dévidait au milieu du courant tuant l'ennui par un désordre qui soufflait dans le vent d'autan des aquilons, mais c'était encore du vent sur le vent... Et moi semblant humaine je devinais la haine que tu ne disais pas, elle conjurait la mort dans l'apparente joie qui méprise la joie. L'écho surveillait nos paroles. A qui parlions-nous de si loin sans plus nous écouter ? Harcelés par des forces ; un vieux guerrier ingrat nous opposait sa loi, il effaçait le sens à mesure que le son progressait. Notre expression abattait des troncs creux il n'y avait rien de plus triste que cette matité, les véhémences impersonnelles de l'orgueil gagnaient le jeu énoncé par le maître, nous demeurions au point mort dans notre citadelle à demi-effondrée, quelques jours à peine suffiraient pour la voir disparaître. Tu enterras tes perroquets au fond de la forêt, tu arrosas des hellébores qui ne pourraient jamais renaître,  tu les avais peut être brûlés un jour ou par ennui comme l'enfant aime frotter ses jouets sur les boîtes d'allumettes, comme l'enfant est heureux de créer pour la première fois le feu. Le feu courait sur moi et tu t'en réjouissais - ou bien c'est encore le soleil, qui devient simplement mauvais - A ce point onéreux, la voix transformait nos forces en faiblesse, plus nous parlions plus nous hâtions la possibilité d'un accident, lequel eût lieu il y a longtemps. Nous répétions à l'infini les vers de celui qui nous avait tant aimés et trouvés enlacés dans une chambre au milieu de la nuit :

Es-tu capable de me montrer un coeur à jamais fidèle ? Et ton soleil possède-t-il les yeux de l'amitié qui sachent me connaître ? Saisissent-elles, tes étoiles, ma main tendue de désir ? Me rendent-elles en retour la pression de tendresse et la parole caressante ? De ses couleurs l'as-tu parée, de ce contour léger, - ou bien est-ce la Nuit qui donne à tes atours un sens plus haut et mieux aimé ? Quelle est la volupté, quelles sont les délices offertes par ta vie, qui balancent les ravissements de la mort ?

Ici devenus invisibles, peut-être possédés, aurions nous tenu la promesse que tu me fis un jour ? Un jour sans prévenir, elle exigera son dû. Ce sera par hasard, quand nous serons certains que les fantômes s'égarent aussi loin que nos vieux sous ces pierres, là bas, profondément enfouis : "ci gît, les morts !" qu'ils y restent ! et bien non, justement. Quand tu paraîtras impeccable, mon visage te rappelera ces amusantes caponnades et le tien me demandera pourquoi j'ai désiré te fuir sans expliquer ni chercher à savoir lequel de nous deux est ce jour le plus mort. A présent, les fruits pourris de cette abondance gèleront nos coeurs au non-lieu d'une forêt évidant le désastre par la sève qui descend puis monte à l'intérieur des arbres, sans collision, dans des cernes annuels, la récente sève qui monte et descend sans répit, ce territoire restera nôtre, tel la peau criblée d'ocelles d'où tu arrachas nos prénoms par ta lame sans tendresse dans l'écorce encore tiède plus solide que la peau. Ici, on entend le halètement d'une bête siamoise, elle court sous les fougères, cherche d'autres bêtes à dévorer, jadis inoffensive, la faim l'a rendue si ogresse que cela nous remplit d'amertume et la parole de l'homme dit encore le contraire.

Quelquechose a chuté de si haut au cours d'une vulgaire ascension au plus vulgaire sommet, du plus somptueux paysage, je n'ai fait que saisir ce que la nuit daignait m'offrir jusqu'au jour désuet de la parade où tu me jetas à ces chiens. Sais-tu au moins ce qu'ils m'ont fait ? Vas donc, et dors tranquille, si tu vis, tu n'en sauras rien. Sauf si quelque rébus vient docile, en esquisser l'indice, au non-lieu d'une forêt que tu aimes, dont tu as besoin. Des figure enterrées remontent à la surface, pleurent la nuit font des ronds dans les flaques. Des petits cailloux ricochent déjà à nos fenêtres, ils sont là comme l'été on regardait les "demoiselles" flirter sur les flots des étangs, sans un bruit. C'est la nuit, elles reviennent, quand tu dors, quand ton rêve violente ces mille femmes qui hier, t'adoraient, devenaient infidèles sans raison, au non-lieu remplissant ton sommeil d'une haine et de toutes les salopes que les hommes ne savent pas comprendre. Rien n'existe sauf l'oubli dans la nuit qui hantera sans cesse. La tienne est semblable à la mienne, plus limpide que l'aurore, humide, parfois, c'est un oreiller d'herbe, d'où l'on contemple des comètes troussant les voiles d'une caravelle tandis que tu recouvres d'encre ces points d'or, purs aimants. Crois-tu les effacer vraiment ? Nos songes auront forcé longtemps des huis pour n'arriver à rien, ce rien retient en impatience l'effroi entre l'homme et la femme, dans la petite maison en papier qui s'envole sur l'aile d'une demoiselle du genre Zygoptéra pas plus grosse que mon doigt caressant tes cailloux dont le coeur bat encore. Là, juste sous ta fenêtre, à deux pas de nos bois quand ta vie va ranger sous forme de sérénade la même chose à toute heure, un masque de carnaval, un loup sur tes yeux enchanterait, il affame. Une musique fine bouclera le sillon, la pavane portant l'anagramme, ainsi finira la chanson, le temps de faire le tour d'un arbre, de goûter las, le saignement, la sève pourpre paraît dans l'entaille de ta douce et diurne balade. Crois-tu au pouvoir de la danse ? Un homme seul marche dans une forêt, ses pas sont ceux du loup de légende, ses songes la nuit, ont inventé un rythme indéchiffrable dont aucun musicien, pas même un virtuose, ne pourrait arriver à bout.

Nota :  Le second extrait (en caractère gras dans le texte, est aussi extrait des "Hymnes à la nuit" de Novalis.

Photo :  L'orée du bois du Marquis de...  (il ne veut pas qu'on le dise on va dire que c'est "mon" Marquis). Un petit chemin, juste avant d'entrer dans la nuit, lumineuse... Vu, quelquepart  entre le Mont St Cyr et le Mont ...  Euh  ? (Je ne me souviens pas, on va dire que c'est le Mont Marquis...)

©  Frb 2011.

samedi, 13 juin 2009

Foules

Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude: jouir de la foule est un art; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Multitude, solitude: termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.

CHARLES BAUDELAIRE : extr : "Les foules" in "Petits poèmes en prose" suivis de "Le spleen de Paris" Editions Garnier 1997.

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"Le spleen de Paris" est un recueil en prose de BAUDELAIRE, qui ne fût publié que deux ans après sa mort.

Ce "Spleen" pourrait être celui de partout mais BAUDELAIRE posséda Paris comme personne et son appréhension magistrale de la ville n'est pas si datée qu'on se l'imagine. "Les foules" de 1864, ne sont donc pas si éloignées des foules du citadin du XXI em siècle. Et pas si différentes, des foules de partout. Ambiguité des séductions; entre errance anonyme, égarement, sentiment compressé par le pouvoir des masses. Et puis intemporelles, Les déambulations parfaitement synesthésiques sont griffées à l'unique patine "Baudelairienne". Par ce trait de fascination du mouvement, ces visions d'abondance que seule la ville permet. Baudelaire cherche ce point "n'importe où hors du monde" quand tout lieu ressemble à l'exil et toute foule à un champ de possibles ou de ruines :

."Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme."
Cf. "N’importe où hors du monde" in "Le Spleen de Paris", 1864.

BAUDELAIRE s'exila d'ailleurs plusieurs fois dans sa ville natale mais sans s'y contenter : les fantômes de Paris, son goût urbain, les murmures de la  cité foisonnnante, ne lui laissèrent aucun répit. L'emprise de la capitale le tenait corps et âme asservi, charmé sous un joug très contradictoire, la foule, les épanchements, la retraite dans la multitude, l'anéantissement . BAUDELAIRE flâneur explore, construit et déconstruit l'ivresse, dérive en tous lieux, au nom de la poétique errance et puis bien sûr, pour "échapper"... (Notamment à ses créanciers - autre foule donc ! -  les nombreux déménagements de BAUDELAIRE ne furent pas en particulier voués à des passions d'homme libre). Il est rare que BAUDELAIRE cite les lieux de façon très précise, chez lui ni monuments, ni places ... (une fois peut-être dans "Le cygne", (cf. "les "Fleurs du mal" 1857) où sont évoqués le Louvre et le Carroussel.

"Aussi devant ce Louvre une image m’opprimme
Je pense à mon grand cygne avec ses gestes fous
Comme les exilés, ridicule et sublime
Et rongé d’un désir sans trêve ! et puis à vous
..."

BAUDELAIRE fût l'un des premiers à faire l'expérience de la modernité des espaces urbains, où le flâneur doucement vient presque sans réfléchir, désirer ou se laisse ravir, tout en n'ignorant pas dans ce foisonnement combien l'âme, le corps s'en trouveront au final tristement consommés. Mais le prix de cette ivresse en tous points délicieuse, de cet anonymat aux spectres déguisés, ne saurait s'échanger contre rien d'autre ... Le poète ne saurait exister et ne pas se confondre qu'en des lieux remués et toujours noirs de monde .

"Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant ; et si de certaines places paraissent lui être fermées, c’est qu’à ses yeux elles ne valent pas la peine d’être visitées.

Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des jouissances fiévreuses, dont seront éternellement privés l’égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente."
Extr suite : "les foules" in "Petits poèmes en prose" suivis de "Le spleen de Paris"

Photos : Foules comme de vraies fleurs cueillies sur l'espace d'un parking arboré à proximité d'un supermarché, situé quelquepart aux environs de Lyon. Photographiées d'un marchepied. Mai 2009. © Frb.

mardi, 24 mars 2009

Mon nom est personne (s)

"L'effarante réalité des choses
est ma découverte de tous les jours
Chaque jour elle est ce qu'elle est,
et il est difficile d'expliquer combien cela me réjouit
Et combien cela me suffit."

FERNANDO PESSOA. Extr. "poèmes désassemblés" in "Le gardeur de troupeaux et autres poèmes d'ALBERTO CAEIRO". Traduction Armand GUILBERT. Editions Gallimard 1960.

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Fernando PESSOA, était un homme "riche d'humeur, tout à la fois obscur et rayonnant" (cf. Le biographe). Le poète se définit ainsi lui même :

"Je ne suis rien n'est pas une parole complice du pauvre Job mais un rappel de ce "Nada" ibérique, qui est au principe de l'être et à sa terminaison"

Trois vers après le "Je ne suis rien" survient une antithèse :

"Je porte en moi tous les rêves du monde"...

F. PESSOA est un nom qui dans sa langue se traduit par "personne", mais ce n'est pas le "Nemo" latin qui gomme toute identité, ce serait plutôt le "Personna" dans l'acceptation de "Masque"...

"Masque ?" drôle d'idée pour illuster des arbres nus ?... Mais pas tant. Car dans le recueil "Le gardeur de troupeaux et autres poèmes", on découvre ces quelques mots, de DRIEU LA ROCHELLE, écrits en 1935, (année de la mort de F. PESSOA), limpides comme les bleus "suprakleiniens" du ciel de Mars et peut-être un brin "Alcestiens" :

"vous dites que je suis double, mais non, je suis immense...
J'ai toujours cru à tout. Dieu et le démon je les confonds
dans mon coeur...
Je ne suis pas dans la société, je suis dans la nature."

On est en droit de s'interroger... Et la nature ? si "authentiquement naturelle", elle avance peut-être masquée ? Admirez l'art de l'enchaînement ;-) → telle ces statues vaudous reprisées par GIACOMETTI, déguisées en arbres ordinaires posant au pied du Mont Blanc (4810,90 mètres), ce qui doit correspondre à la page du mois de janvier de l'almanach des PTT 1973 ayant appartenu à Madeleine Lacroix dont le vrai nom n'est pas Madeleine Lacroix. C'est comme ce cher Alceste, on le soupçonne vaguement de circuler en nos domaines sous un faux nom... Par conséquent, hormis, le biographe, et DRIEU LA ROCHELLE (qui n'était pas de LA ROCHELLE), tous auraient circulé sous de fausses identités dans ce billet, Frasby incluse... Mais que nenni. Nous sommes multiples n'est ce pas ? "Comment nous assurer que nous ne sommes pas dans l'imposture ?" (cf. J.LACAN "Le séminaire" 1973. "Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse") ...

VISIONNAGES : Autres multiples § camouflages : http://www.designboom.com/weblog/cat/10/view/3189/camoufl...

"PESSOA PESSOA ":http://www.youtube.com/watch?v=G4Ia1TYr61w&feature=re...

A VOIR : Une variation fluviale sur le même thème : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/06/20/la...

Photo: Les arbres nus, ou totems aux longs bras tachetés de neige (?) tourmentent le ciel d'un premier vrai jour de printemps. Vus cours Vitton, dans le sixième arrondissement de Lyon, en revenant du Pont Morand, pas très loin du café "Rive gauche. Mars 2009. © Frb.

A moins que ce ne soit qu'une reproduction de la photo du mois de Janvier de l'almanach des postes 1973 ayant appartenu à © Madeleine Lacroix. "Chamonix en hiver". Ce qui est également possible...