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samedi, 02 janvier 2010

Ce qu'on entend par paysage

"La vraie horreur de la nature consiste à préférer sincèrement les tableaux aux paysages, et les confitures aux fruits"

Les FRERES GONCOURT : "Journal tome 1, 10 Juillet 1865

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Nous lisons les paysages d'une manière distanciée. Nous restons spectateurs parce que nous nous soumettons au primat de la vue cela, depuis la renaissance. Chaque société a établi sa propre hiérarchie, et surtout la balance entre les sens. Ses membres sont soumis à des modalités particulières de l'attention. Ainsi, nous apprécions l'espace en fonction d'un quasi monopole de la vue. Le paysage nous apparaît, le plus souvent comme une lecture face à un espace donné. Face au paysage, on se pose et on regarde, à la fois face à lui et en dehors. Et pour celui qui le regarde, souvent le paysage devient un tableau.

Le regard des courtisans français du XVII em siècle et du XVIII em était largement déterminé par la peinture. Ces aristocrates avaient l'habitude des salons et ils s'en allaient dans la nature, vérifier ce qu'ils connaissaient par la représentation. Il était habituel, par exemple de se rendre à Dieppe, non pour se baigner mais pour manger des huîtres et du poisson. MARMONTEL écrit : "Je suis allé à Dieppe, mais je n'ai pas vu la mer". En fait, il avait vu la mer au sens où nous entendons l'expression. Or, ce jour là, la mer était calme, alors que les marines notamment celles de Claude Joseph VERNET, (que NERVAL évoque dans "Voyage en Orient",) figuraient la mer démontée, celle du naufrage et du sublime. MARMONTEL était venu contempler cela et il n'avait pas vu la mer. D'autres courtisans, à la même époque, relatèrent leur grande déception. La mer à leur yeux, qui était la plus belle, (peut-être la plus vraie), restait celle contemplée dans les tableaux, du peintre Claude Joseph VERNET.

Plus tard, la vue se modifia par la mobilité. Déjà la plage telle que nous la connaissons au XVIIIe siècle n'était pas soumise à l'unique message visuel. Certes, l'appréciation du panorama constituait l'essentiel, mais on s'interessait aussi au contact : le sable sous le pied, la chevauchée sur les grèves, l'eau sur le corps, l'expérience neuve de la fusion avec l'élément liquide, l'affrontement avec la vague  en même temps que naissait l'exaltation de la transparence. Tout cela fit que le paysage se trouva associé à cette cenesthésie qui devenait alors une sorte de sixième sens où le corps s'appréhendait telle une centrale de sensations.

Mais aujourd'hui encore, il est sans doute très regrettable que le discours sur le paysage n'ait de vérité qu'au seul titre du regard. Pourtant ce n'est pas la seule attitude possible. Nous avons ici évoqué les travaux de R. MURRAY SHAFER, qui lança au cours des années 70, la notion de "Paysages sonores" (Soundscape). Celui ci est différent du paysage visuel, car il concerne à la fois, l'espace et le temps. Or chacun sait qu'aucune configuration sonore n'est durable. A part quelques bruits continus, le fond sonore n'existe pas. En revanche lorsque nous contemplons un espace, il se peut qu'il soit animé de mouvements, mais celui n'en reste pas moins sous nos yeux. Nous savons presque à coup sûr, ce que nous regardons. Mais quand nous entendons un bruit, il est souvent difficile d'en reconnaître la source. Enfin le paysage sonore pénètre dans le corps propre. "Le paysage sonore absorbe, exorbite, possède", écrit encore Jean François AUGOYARD. Cela est aussi très sensible dans le projet de MICHELET qui entendait procéder à une résurrection du paysage par l'évocation (entre autres) des sonorités. Afin d'inscrire le lecteur à l'intérieur même de paysages passés. Cela est une autre longue histoire, qui ouvrira le second volet d'un sujet s'attachant très précisément au paysage sonore, et que je vous présenterai, un autre certain jour...

Ces notes ont été largement tirées du livre d'Alain CORBIN: "L'homme dans le paysage" - entretien avec Jean LEBRUN - paru aux éditions Textuels, (Septembre 2001).

Photo: Je ne suis pas allée à Dieppe, pourtant j'ai vu la mer.  Photographiée pas très loin du bercail de l'Alphonse. Nabirosina. Un hiver en fin d'après midi. © Frb

06:28 | Lien permanent

samedi, 31 octobre 2009

Le chant des champs

A travers ce que tu entends, laisse-toi aller à la dérive sur un radeau instable, livré aux glissements d'espace et de temps, au pluriel des présences, à la multiplicité des points d'écoute.

RENE FARABET : "Bref éloge du coup de tonnerre et du bruit d'ailes" (Phonurgia)

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Les bergers comme l'imagine LUCRECE, ont pu apprendre à chanter et à siffler en écoutant le vent. A moins que ce fût par les oiseaux. VIRGILE dit que PAN a montré au berger, "comment ajuster des roseaux à la cire pour converser avec la nature". Les bergers se jouaient mutuellement de la flûte et chantaient pour que passent les heures de solitude. La forme en dialogue des "Idylles" de THEOCRITE et des "Bucoliques" de VIRGILE, le montre, la musique délicate de leurs chants constitue peut-être le premier, le plus durable des archétypes sonores crées par l'homme. Des siècles de pipeau ont engendré un son de référence qui aujourd'hui encore, alors que disparaissent tant d'images et de formes littéraires traditionnelles évoquent toujours la sérénité des pâturages. Les bois en solo sont les instruments de la pastorale, par excellence, à tel point qu'un compositeur aussi porté sur l'emphase que BERLIOZ réduit son orchestre à un corps anglais et à un hautbois pour emmener l'auditeur doucement en duo vers la campagne.

A écouter : H. BERLIOZ "Scène aux champs" : ICI

Dans le paysage calme de la campagne, les notes claires et caressantes du pipeau des bergers se paraient de pouvoirs miraculeux. La nature écoutait puis répondait en sympathie :

"Silène les chante, l'écho des vallées les renvoie jusqu'aux astres, jusqu'au moment de rassembler les moutons au bercail et de rendre l'appel au signal de Vesper apparu dans l'Olympe marri" (Extr. VIRGILE  (bucoliques VI), traduction E. de St Denis. editions : Les belles lettres 1970)

THEOCRITE fût le premier à faire converser la nature avec la flûte des bergers et depuis les poètes pastoraux l'imitent :

"Tu essaies un air silvestre sur un mince pipeau [...] Nonchalant, sous l'ombrage tu apprends aux bois à redire le nom de la belle Amaryllis". Extr. VIRGILE  (Bucoliques I)

Pour retrouver ce pouvoir miraculeux de la musique, il faudra attendre les Romantiques et le XIXèm siècle. La rencontre entre la ville et les prés est joliment rendue par ces quelques lignes de Thomas HARDY qui ne manqueront pas de faire rêver les habitants de nos grandes villes dans leur boites fermées à clefs, bardés de digicodes, portes blindées, alarmes...

"Le berger sur la colline située à l'est pouvait lancer par dessus les cheminées de la ville des nouvelles de l'agnelage au berger de la colline ouest et cela sans grande gêne pour sa voix, si proches étaient les pâturages pentus des jardins urbains. Et la nuit, au coeur même de la ville, il était possible d'entendre, dans leur enclos natal au bas des prairies, le doux meuglement des génisses de la ferme et leur souffle profond et chaud". Extr. Thomas HARDY in "Fellow Townsmen", Wessex tales. Londres 1920.

Source : R.MURAY SCHAFFER : "Le paysage sonore", extr. "Les sons de la pâture"; Editions Lattès 1979.

On imagine assez les habitants de la colline (les "cruci-roux" chers à chr Bohren et à Solko) lançant par dessus les toits de la Pouteau des nouvelles de la Biquette qui rumine au Caillou, ce chant léger et beau dévalerait la Colbert puis par St Sébastien rejoindrait la vallée, de l'Opéra à Chenavard et jusqu'à la Grenette, tout le monde attraperait la colline au ragot, puis traversant la Saône, le Rhone, et La Fayette, les nouvelles ayant enfin toutes fait le tour, elles remonteraient, par un vieux caquelon pétillant chez Tante Paulette sa belle odeur de  volaille cuite dans du Pouilly Fuissé (et non dans du fouillis puisé comme j'allais l'écrire bêtement), tout ça mettrait les hommes en joie, ils chanteraient alors avec des dames une paillarde de Vaise, comme de bien entendu, en patois de Couzon le tout flotterait jusqu'aux alpages de St Bruno, en passant sous le pli d'une soutane à carreaux. Doucement s'échapperait le secret des grattons, un cervelas truffé, quelques pieds de mouton et l'odeur d'un groin d'âne sur ses petits lardons enverrait des baisers de Soulary à la Tordette soufflé par les naseaux de la Biquette jusqu'au sommet des Echarmeaux.

Remerciements à Dorothy Fuldheim de nous avoir signalé des liens intéressants à propos de Thomas Hardy, permettant ainsi une appréciable mise à jour.

Photo : Véchas Crésas (rachiollases) posant aux pâturages à l'entrée de Montmelard, presque au pied du majestueux Mont St Cyr (771 m. d'altitude), l'un des plus haut sommet de la Bourgogne du Sud d'où l'on peut contempler par temps clair les cîmes neigeuses du Mont blanc et des Alpes, les Monts du Forez, de l'Autunois, du Beaujolais et du Mâconnais.

Nabirosina 2009 © Frb.

vendredi, 30 octobre 2009

Haute fidélité

"Il fût tiré de sa méditation par un grincement venant de la remise. C'était la girouette qui tournait sur le toit. Et ce changement de vent annonçait une pluie diluvienne".

THOMAS HARDY : "Far from the madding crowd". Editions : Oxford university press, 2002.

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La campagne est généralement plus hi-fi que la ville. (Il y a deux termes, hi-fi et lo-fi). Dans l'environnement hi-fi, le signal bruit est satisfaisant. Le paysage sonore hi-fi est celui dans lequel, chaque son est clairement perçu en raison du faible niveau sonore ambiant. Dans un paysage sonore hi-fi les sons se chevauchent moins fréquemment. On a chez Alain FOURNIER dans "le Grand Meaulnes" plusieurs exemples, d'images qui donnent précisément une idée de l'acoustique de la campagne française à son époque : "Le bruit d'un seau sur la margelle du puits et le claquement d'un fouet au loin". Le calme d'un paysage sonore hi-fi, permet donc d'entendre plus loin, de même qu'un paysage rural offre généralement des panaromas plus vastes. La ville a réduit les possibilités d'audition et de vision opérant ainsi l'une des modifications les plus importantes de l'histoire de la perception. Dans un paysage sonore lo-fi, les signaux acoustiques individuels, se perdent dans une surabondance de sons. Il n'est plus réellement possible d'entendre un son clair. La perspective, dans une cité moderne, s'évanouit à un carrefour. La distance est abolie, seule reste la présence car il y a des interférences sur tous les circuits. Les sons ordinaires devront être de plus en plus amplifiés. Dans un paysage sonore hi-fi, le moindre changement peut transmettre une information vitale ou intéressante, l'oreille humaine est en alerte comme celle des animaux. Dans la nuit silencieuse, la vieille dame paralysée d'un récit de TOURGUENIEV entend les taupes creuser sous la terre. "C'est bon signe, n'y pensons plus" se dit-elle, mais ces bruits lui rappellent aussi le poète, GOETHE, l'oreille collée au sol :

"[...] Que mon coeur sent de près l'existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et de moucherons, dans toutes formes, que je sens la présence du tout puissant qui nous a crées à son image [...]" (Extr. GOETHE, "Les souffrances du jeune Werther).

De près comme de loin, l'oreille répond avec une sensibilité de sismographe. Du temps où les hommes vivaient très souvent isolés ou se regroupaient par petites communautés, les sons ne se gênaient pas les uns les autres. Chacun restait au sein d'un halo de silence, et le berger, le bûcheron, le paysan, savaient lire dans le paysage, le moindre changement.

Vous aussi, (grâce à certains jours), vous pouvez comme en pleine campagne écouter la chouette hulotte chanter depuis un grand arbre (tout en surveillant le passage du moindre petit mulot. Pas vous, voyons ! la chouette ! quoique...). Pure Hi-fi par ICI.

Ou découvrir le chevreuil (capreolus capreolus), monologuer dans la forêt sous les grands feuillus : ICI encore.

Et enfin (un exemple parmi d'autres), découvrir qu'il n'y a pas une différence si énorme entre les très urbains Résidents et autres animaux des champs, des bois et de la ferme, dont notre sanglier : ICI enfin.

Sources tirées de : R. MURRAY SCHAFER: Le paysage sonore". Editions Lattès 1970. (A suivre...)

Autre lien puisé à la bonne source de R.MURRAY SCHAFER : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/10/17/2f...

Photo: Au bout d'un chemin, une vieille maison, (côté grange ou remise). Vue au hameau dit "les clefs", longeant un étang du même nom (traversé entre les bruissements par de microscopiques insectes). Nabirosina. Octobre 2009. © Frb.

dimanche, 20 septembre 2009

Schizophonie

piano.JPGSachant que le préfixe grec "schizo" veut dire, fendre, séparer, et que "phôné" signifie voix (en grec), la schizophonie serait selon RAYMOND MURRAY SCHAFER, la séparation d'un son original de sa transmission ou de sa reproduction acoustique. Au départ, chaque son étant original, il ne se reproduisait qu'à un seul moment et dans un seul lieu à la fois, indissolublement lié au mécanisme qui le produisait. La voix humaine ne voyageait pas plus loin qu'à la limite permise du cri. Les sons impossibles à reproduire étaient uniques, inimitables. Ils pouvaient se ressembler comme les phonèmes d'un mot que l'on répète mais n'étaient jamais identiques. La preuve a été faite de l'impossibilité physique pour l'être le plus rationnel et le plus réfléchi à reproduire un seul phonème de son propre nom deux fois de la même manière, (si vous en doutez, mettez-vous à l'épreuve d'essayer, si un seul d'entre vous y parvient, je brûle ce blog et rejoins les bénédictine de Chantelle). Depuis l'invention des techniques électroacoustiques de transmission et de conservation, tout son, si infime soit il, peut être envoyé dans tous les coins du monde ou gardé sur un disque, bande magnétiques, fichiers son, etc... Nous avons dissocié le son de sa source, nous l'avons arraché à son orbite naturelle. Nous lui avons donné une existence amplifiée et indépendante. Le son de la voix par exemple, n'est plus lié à une cavité du crâne, il est bien libre de surgir de n'importe où dans le paysage sonore. Il peut jaillir de millions d'orifices dans des millions de lieux publics ou privés, ou être conservé en vue d'une diffusion postérieure.

"Nous n'aurions pas conquis l'Allemagne sans [...] le haut-parleur", écrivait HITLER en 1938. Nous savons aussi que l'expansion territoriale des sons post-industriels a servi les "ambitions impérialistes des nations occidentales". Le haut-parleur fût aussi, une invention impérialiste, car il répond au désir des autres par la voix. Tout comme le cri est porteur de détresse, le haut-parleur peut aussi communiquer l'angoisse. Je n'ose pas évoquer en détail, ce que les futurs paysages (impérialistes ?) nous réservent, encore une idée piquée aux artistes, sans vouloir jouer les rabats-joie, je me demande ce que ceci donnerait soudain multiplié à l'échelle d'une ville et toujours du point de vue du récepteur parcourant son paysage sonore... (So funny vraiment ?).

R. MURRAY SCHAFER, compositeur canadien né en 1933 (ne pas confondre avec Pierre SCHAEFFER), a publié en 1977 (Paru en 79 en France), un ouvrage "Le paysage sonore",  (Original :"The tuning of the world"), où il développe ce concept de "paysage sonore" (ou "Soundscape"), c'est là que se lit aussi pour la première fois ce terme de "Schizophonie" : "En forgeant ce thème de "schizophonie", j'ai voulu souligner le caractère pathologique du phénomène voisin de schizophrénie, je le chargeais même du sens d'aberration et de coupure de la réalité, en fait le massacre opéré par les gadgets Hi-fi, non seulement contribue à aggraver le problème Lo-fi mais crée un paysage sonore synthétique dans lequel les sons naturels sont de plus en plus remplacés par des sons artficiels et où les signaux qui ponctuent la vie moderne ne sont plus que des substituts fabriqués par des machines"...

Nota : Evidemment ce texte écrit en 1977, 78 pourrait encore se discutter, ou plus précisément s'ajuster en 2009, où l'environnement sonore s'est peut être encore densifié (tout autant que la schizophonie ? Question.). Par ailleurs, R.MURRAY SCHAFER, qui composa et enseigna, pût aussi mettre sur pied fin des années 60, (grâce à des subventions de l'UNESCO et de la Donner Canadian Fondation) : le "World Soundcape Project", un projet mondial d'environnement sonore, (rattaché à l'université Simon Fraser) consacré à l'étude des rapports de l'être humain avec son environnement acoustique. Ce nom même de "World Soundscape Project", résume à lui seul l'idée qui est au centre du projet : en dehors de nos sens, un "paysage sonore", n'a pas plus de réalité ontologique qu'un paysage "classique", mais le terme permet de désigner la façon dont les êtres perçoivent leur environnement. En tant que récepteur, il est admis que les individus agissent sur les sons " On part du principe que les individus agissent sur les sons dès qu'ils pénètrent dans un espace donné. Produit par l'homme le paysage sonore est la manifestation acoustique du lieu. Les empreintes sonores, analogues aux particularités d'un paysage sont des objets sonores uniques bien localisés. L'objet sonore fût bien décrit par Pierre SCHAEFFER comme "Un objet auquel peuvent s'appliquer nos sens et non un objet mathématique ou électroacoustique à synthétiser". Il s'agit de la plus petite particule autonome du paysage... mais de cela, je parlerai peut être un autre (certain) jour....

Source : R. MURRAY SCHAFER : "Le paysage sonore". Editions J.C Lattès. 1979.

A écouter sur Arte radio : "Une rue à l'oreille de MURRAY SCHAFER" (de Anthony Carcone) où le compositeur M.S. commente le paysage sonore d'une rue parisienne, en ambiance et en anglais : http://www.arteradio.com/son.html?22427

Photo : Paradoxe de la schizophonie: le piano muet de l'avenue Salengro, tandis que partout les rues et les murs bruitent... Vu à Villeurbanne en Septembre 2009. © Frb.