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samedi, 28 novembre 2009

Comme un soir presque tranquille

soir.JPGDans les maisons il y avait des fuites d'eau, des plombiers sur des escabeaux. Des ouvriers dans l'escalier étaient agenouillés devant une porte. Rue de Brest à Lyon, on avait pendu sur des fils, des étoiles entre les maisons. Le milieu de l'après-midi ressemblait à un soir tranquille. Sur le muret bordant le Rhône à quelques mètres de Morand-pont, une jeune fille lisait Modiano. Le paysage, l'étrangeté des ritournelles et des points fixes. Une valse muselée aux paradoxes des "Dimanches d'Aôut". Quelques personnes, encore, traversaient l'esplanade emmitouflées comme des enfants, à l'heure du goûter, plongeant pudiquement une moitié de visage dans des viennoiseries fourrées de frangipane. Il montait de la ville, une odeur de chocolat chaud. Les rues étaient désertes et les ponts désolés. Discrètement déjà, on ramenait les machines, pour une fête des lumières, qu'on avait décidé, cette année sous la sacro-sainte thématique de la nature. Assis par terre près d'un bouchon lyonnais, l'hiver glacerait les bonnes consciences, nos intranquillités, une main tendue, un spectre légèrement affublé, sur la tête un foulard et une corbeille aux pieds ; à ses côtés un garçonnet jouant de l'accordéon avec un doigt, deux notes slaves et la rue Verdi tirait sa roulotte, en ombres rares jusqu'aux luminions du bordel élégant de l'opéra où les danseurs de hip hop, RnB. draguaient les filles en marchant sur la tête. D'autres humains moins virtuoses anticipaient l'heure de l'apéro aux terrasse des cafés de la grande place, des employés, des bureaucrates, et des types en cravates qui n'étaient sans doute rien de tout cela. Des gens venus de la campagne demandaient leurs chemins. On vendait des pagnes bogolans au magasin Toto, les vieux osaient la trottinette, les jeunes la casquette à carreaux. Plus bas, le long des berges une jeune femme marchait un bouquet d'immortelles à la main. Jamais le vol des mouettes n'avait été si haut. Le ciel semblait peint par Jacob Van Ruisdael. Dans quelques secondes, le feu-piétons passerait au vert, nous serions une dizaine à traverser le pont...

Pour rejoindre le pont Morand, Il faut traverser deux fois la même route. Cela se fait sans y penser. Les piétons se mêlent aux rollers, et aux lourds vélos d'amour (on dit Vélo'V), qui trimballent dans leur guidon toute l'écologie pratique et techniciste du nouveau monde. Le Rhône est d'une belle couleur brune. Ses reflets cruels semblent doux. Une mer huileuse si l'on se penche, beaucoup plus fluide au loin. Par les flots on devine toutes les peines de coeur et ces corps remués sous ce fleuve éprouvant. Ces drames innombrables jamais ne se prononcent. Il y a des épines dans la gorge du Lyon.

Balade à suivre (peut être)...

Photo : Le fleuve Rhône en automne vu du Pont Morand à la fin de l'après-midi. Novembre 2009.© Frb.

lundi, 02 mars 2009

Lac des cygnes

"Je ne sais pas, je ne sais pas quoi dire
sinon que cela semble, un soir, se déplier très haut
hors de la vue
même pas se déplier :
être là, être grand ouvert
(ce n'est pas assez ou c'est trop dire,
mais on ne peut ni l'oublier, ni le taire)."

PHILIPPE JACCOTTET. Extr. "Après beaucoup d'années". Editions Gallimard 1994

les muettes.JPG

Je ne sais pas par où commencer. Et je ne sais pas quoi dire aux muettes ...

Alors je me tais.

Photo: Ciel d'hiver en volière. Entre rive et presqu'île vu ce lundi. Tête en l'air sur le pont Morand à Lyon. Le deux Mars deux mil neuf © Frb

Comme un lundi

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Mais où vont tous ces gens ?

Place MORAND évidemment ! ( anciennement place Liautey ;-) Le pont Morand mène aux génies, (de la fontaine et de la dame), et il est rituel que chaque lundi, juste avant le travail, chaque lyonnais (qui respecte sa tradition) parte à l'aube questionner le génie qui veille sur sa corporation, pour savoir si la semaine sera bonne. Comme jadis les anciens consultaient l'oracle.

Ici, nous voyons se presser les premiers lyonnais qui ont RV avec leurs génies. L'un d'eux, sait d'ores et déjà que "Sa semaine ne sera pas bonne", alors il rentre chez lui, à quoi bon ? On peut remarquer qu'il y a une grande différence de démarche entre ceux qui savent de quoi leur semaine sera faite et ceux qui ne savent pas encore (preuve par l'image)...

Quelques citoyens matinaux, dans un Lyon aux brumes retrouvées d'un lundi qui ne colle pas du tout à ce début Mars, gris, guerrier. Autant le dire, l'ordinateur s'est encore trompé, et ce n'est pas le bon lundi. Ce lundi 2 mars est maussade, avec des nuages et de la pluie. Mais comme les lundis sur le fond se ressemblent, peu importe la forme. Celui ci ou un un autre...

Une suite, un arrêt sur image, le mouvement des perpétuels lundis, est à voir ou revoir : ICI.

Photo : Pont Morand le bien nommé, porte les pas du peuple de Lyon, entre l'opéra et la forêt (Morand). Un lundi de Janvier 2009.© Frb

N.B : Si vous voulez mieux comprendre cette histoire de "génies", c'est sur la place Morand (pour les intimes), place Liautey (pour les autres) que je vous conseille de vous instruire, via le lien de l'excellent blog "Rues de Lyon":

http://ruesdelyon.blogspirit.com/archive/2009/01/12/lyaut...

Et, pour adoucir les moeurs: la musique est au rez de chaussée :

http://www.deezer.com/track/2604143