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samedi, 02 avril 2011

Buller...

Définition :  a) - Buller : v. transitif 1er groupe (conjugaison) /by.le/ Sceller d'une bulle. b) - buller intransitif 1er groupe (conjugaison) /by.le/ Présenter des bulles, des cloques : "Si on ne fait pas attention, le papier peint peut buller." c) - (Familier) Ne rien faire. "J'ai passé mes vacances à buller sur la plage". Synonymes : couniller (Familier), glander (Vulgaire), paresser... (Source Wiki)

BULLER4945.JPG Tu reviens d'un temps lumineux qui ne t'a rien enseigné. Tu as pris le funiculaire pour une colline. Tu as vu le fumier dans une télé s'échapper d'une centrale nucléaire. Tu as suivi la guerre.

Tu marchais dans une rue parallèle à la pente.

Tu as croisé un vieux qui ne pouvait plus marcher, tu as eu peur de lui ressembler. Tu as rêvé de neige. Tu as reconnu Courchevel sur une carte postale de Georges. Un long sol verglacé, un traineau et des traces de doigts suivant une fine traînée d'encre. Plus loin tu as été un peu déçu de lire, juste trois phrases : "on s'amuse bien, on a beau temps. Gros mimis à toi et Chantal. Signé "Georges". Tu as pensé à Georges comme il était avant, quand vous alliez tous deux à bicyclette dans la plaine africaine voir le dîner des éléphants. Tu t'es assis sur une chaise devant un bureau monté en kit, imitation chêne blond. Tu as posé un cahier de brouillon, devant toi. Tu as ouvert une nouvelle page. Tu as entendu la porte grincer. C'était Chantal de retour du Proxymarché qui venait voir si tu étais rentré. Elle a balayé la pièce du regard, puis elle t'a dit "Tu es rentré ?" Tu n'as pas répondu.

Tu voulais écrire un poème.

Un poème fleuve au sol doux des sommets, poser ta cheville sur un coussin, ta cheville foulée qui te fait boîter comme le président Nic, pas boîter. Tu claudiques, dans cette gaine noire au long cours de l'Emile Z. jusqu'à la petite maison de Cusset où la vieille fait pousser des pivoines. Tu as écrit "Pivoines", sur ton cahier. Ton poème s'appelerait "Pivoines" et tu as commencé : "D'un charme irrésistible ô pivoines arbustives ! ô pivoines herbassées !". Tu as cherché dans le dictionnaire comment s'écrivait le verbe herbasser. Tu n'as pas trouvé le dictionnaire tu es allé demander à Chantal où elle l'avait rangé. Tu as pensé que ça n'avait aucune importance, tu as pensé que Chantal était un peu pénible avec sa manie de tout ranger. Chantal t'a demandé "C'est pourquoi faire ?". Tu as répondu "c'est pour rien!". Tu as regardé par la fenêtre ta voisine tricoter. Tu as songé que ça faisait des années qu'elle tricotait devant la fenêtre des chaussons de laine pour des bébés. Tu appelé Bernard, ça sonnait occupé. Tu as rayé le mot "herbassées". Tu as songé aux pivoines de Cusset, plante magique tu as lu dans les internettes que la pivoine était entourée de rites insensés, tu as cliqué sur "citations" tu es tombé sur Théophraste qui menait à "pivoine: "Cette plante, que l'on appelle aussi glukusidê, doit être arrachée la nuit; si on l'arrache de jour, et que l'on est vu par un pivert en train de cueillir le fruit, on risque de perdre les yeux, et si on coupe la racine, on risque la procidence de l'anus".

Tu cueillais le fruit. Sur une branche un pivert t'observait.

Tu as eu mal aux yeux. Tu es allé chercher un verre dans la cuisine, n'importe lequel, un "Babar à la gare" de la série "Babar" des verres à moutarde Amora. Tu as rempli le verre d'eau tu as jeté un cachet de très haut, comme si tu t'y plongeais toi même ça a fait "spchlocksss !" et le bruit t'aura amusé; Tu as écouté les bulles te parler. Tu t'es enfermé dans la tienne.

 

Herbert Henck : "A l'ombre, près des fontaines de marbre"

podcast

Photo : Les génies de l'industrie, de l'agriculture, qu'en sais je ? Ont décidé de ne rien faire (comme si des statues décidaient, mais enfin, avec un peu d'imagination...). Génies de la paresse de certains jours, photographiés place Morand (ou Lyautey) à Lyon, par un  printemps des plus d'(a)out. © Frb 2011

Commentaires

Oyez Ogier, braves gens !!!
Venez voir la seule, l'unique, l'incomparable bulle contenant une salamandre, projetant la Paloma, prenant le bateau avec Céline et Julie, passant des journées entières dans les arbres, pas du tout complexée par sa mémoire courte, franchissant le pont du nord, témoin de la mort de Molière, au coeur du mensonge, hésitant parfois entre le bord de mer et les petits ruisseaux...

Écrit par : JEA | samedi, 09 avril 2011

@JEA : Superbe ! quel hommage ! vous me faites plaisir Bulle OGiER je l'adore, je vous offre une Salamandre pour remercier je ne vous l'emballe pas c'est pour manger tout de suite :)
(un clin d'oeil à Tanner en passant ne sera pas de trop, grand et peut être oublié comme un Eustache ? Quel dommage !)

http://www.youtube.com/watch?v=tlBNFy0p4kk&feature=related

Écrit par : frasby | samedi, 09 avril 2011

Comme c'est frasbizien! comme c'est frasbi-bien! comme c'est frasbi-lien!comme c'est frasbi-tien!
et j'aime que les pivoines proximarchent avec les verres Babar,
même si c'est un billet que je trouve très douloureux. Vous embrasse.

Écrit par : Sophie | samedi, 09 avril 2011

@Sophie : oh ! oh ! Sophie ! les adjectifs ! :))
comme vous z'y allez ! à vous lire c'est à devenir pivoine, (je le suis, sous vos soleils proxycharmants) mais sans rôtir grâce à votre éventail et pourtant il y avait des liens ! Je vous remets sans plus attendre, la médaille du mérite (de certains jours) pour avoir affronté un texte truffé de ces maudits liens (mais sachez qu'un billet sans lien vous sera toujours dédié -même si ce n'est pas dit- j'aurai toujours cette pensée pour vous). Merci à vous ! les Babars (des verres du poète Amora) m'étonne pas que ça vous plaise, trônant au panthéon de nos z'humbles couverts. Amora dolorosa, certes, ce n'est pas toujours tout rose, mais il n'y a pas que du douloureux, si l'on sait comment s'évader ça nous promet de beaux lendemains, il n'y a pas que Babar, non plus ! eh non ! :)
remember "Pépin la bulle", au pompon des antagonismes et le fameux "Bulle envole toi !" je vous l'offre, la fin est bien douloureuse aussi. Je vous embrasse.

http://www.youtube.com/watch?v=ALVtyyipVs8

Écrit par : frasby | samedi, 09 avril 2011

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