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mardi, 16 août 2011

Missions célestes (Part I)

Mon divin Coeur est si passionné d'amour pour les hommes, et pour toi en particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre..

Extrait : le 27 Décembre 1673, le Christ révèlant à Sainte Marguerite-Marie Alacoque, la solennité du Sacré-coeur de Jésus  .

En cliquant sur l'image vous verrez apparaître la Chapelle où fût visitée Margueritechappelle des aparitionsG_0012.JPG

Loin des polémiques suscitées par la venue de Benoît 16 et le rassemblement de jeunesses catholiques en Espagne, un "dérangement", si j'ose dire, au coût exagéré dans le contexte économique et social où nous sommes, ce déploiement de fastes ayant de tout temps existé, de la part de l'Eglise, il aura de tout temps été bien difficile à acccepter quand cette même église toujours proclama les vertus de l'humilité, exalta l'extrême dénuement envisagé par des saints, fidèles ou autres disciples... (Mais là n'est point dans mon désir ni dans ma compétence d'enfoncer ce genre de porte ouverte, ni d'ouvrir un débat, lequel, c'est déjà plié, ne changerait pas grand chose), ce ne sera sûrement pas le sujet de cette page (suite à certains courriers,  je tiens toufois  à re-préciser,  qu'il ne s'agit nullement de propagande), nous poursuivrons sans mépris, l'exploration d'une contrée chargée d'histoire, où nous retrouverons la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, (la "Soubirou Nabirosinaise"), qui consacra entièrement sa vie au "Sacré Coeur" de Jésus. J'ai eu l'opportunité de visiter plusieurs fois cette chapelle (cf. notre photo) d'être guidée par des historiens et chercheurs passionnés, (moins croyants que sceptiques) que je remercie pour m'avoir aimablement offert leur temps et disponibilité tandis que je leur posais des questions (on dira "de candide", ou plus souvent perplexes), contemplant avec eux, les reliques, il me venait des questions plus vastes encore, à  propos de ces êtres investis de missions célestes dont certaines révélées dans des contextes si étranges qu'on pourrait les qualifier parfois de "pure folie". Entre mortifications, sacrifices, macérations, puis illuminations des uns (on pourrait dire des "Saints") et des autres justifiant la souffrance, ou des comportements qui paraissent à nos vues, insensés, la frontière entre dévotion et folie confondra parfois notre compréhension. Mais nous laisserons ici,  encore de côté, toute considération psychologique,  afin de simplement donner à voir l'étrange "monde" des premiers adorateurs de ce très mystérieux "Coeur de Jésus" :  le "Sacré Coeur" datant du jour où le Fils de Dieu prit un coeur semblable au nôtre. Le Fils de Dieu le signala aux Hommes, en recevant St Jean sur sa poitrine, puis il l'ouvrit au monde par une large blessure qu'il portait sur la croix. Bien avant Marguerite-Marie Alacoque, les premiers adorateurs du "Coeur de Jésus" furent les anges du ciel et leur divine Reine. Leurs hommages se sont répétés et recrutés en traversant les siècles. Selon Saint Jérôme, il faut lire sous le mot de "Coeur", le sens et l'âme, l'organe et les sentiments. Ainsi Jésus ne se contenta pas de dire "Apprenez-moi que je suis doux et humble", mais il ajouta " doux et humble de coeur". Toutefois les textes à la gloire du "Sacré Coeur", sont plus rares, et moins explicites du moins juqu'au XIIIem siècle et on ne pourra les citer tous... Voici quelques noms et notes consacrées à ceux qui ont comme Marguerite-Marie Alacoque vécu dans cette même dévotion, mais bien avant elle, (Marguerite-Marie naquît en 1647) ils ont juré fidélité à la vénération du Sacré Coeur de Jésus. Pour aujourd'hui, j'en ai sélectionné deux, deux (seulement ?), vous lirez, ça semble déjà suffisant...

Aux alentours de 1150, Saint Bernard achève le chapitre III de son traité ascétique "La Vigne mystique", il  écrit, je cite  :

Mais puisque nous avons rencontré le Coeur tout aimable de Jésus et qu'il nous y est bon d'y être, ne nous en laissons pas facilement séparer... Oh ! qu'il est bon et agréable d'habiter dans ce coeur.

Saint Bernard ira même jusqu'à qualifier "ce Coeur" de "perle précieuse", plus loin, explication on ne peut plus limpide  :

Votre coeur a été blessé pour nous ouvrir une entrée, pour que nous puissions y habiter à l'abri de tous les orages extérieurs.

ou encore, au plus profond, anatomique :

Le secret du cœur est découvert par les trous du corps ; découvert ce grand sacrement de bonté, les entrailles miséricordieuses de notre Dieu. (Saint Bernard : in "Sermon LXI sur le Cantique des cantiques").

Autre exemple : Sainte Lutgarde (1182-1246), une simple fille de bourgeois, vierge de la Belgique, mais aussi une des plus grandes mystiques (cinq siècles avant Sainte Marguerite),"rachète" par sa ferveur dans le cloître, l'amour qu'elle avait préalablement éprouvé pour le monde. "la vie mystique l'envahit comme un ouragan",  c'est écrit. La jeune fille n'a que dix-sept ans. Un jour qu'elle s'entretient avec un gentilhomme qui la recherche en mariage, Jésus lui apparait subitement dans la même forme qu'il avait sur terre, et lui découvrant sa poitrine (voilà que nous brûlons, mais attendez la suite, Jésus n'était pas si coquet) il lui fait voir la plaie de son côté et de son coeur encore toute sanglante, puis il s'adresse à elle avec ces mots :

- Contemple ici, Lutgarde, ce que tu dois aimer ; laisse là les attraits de l'amour insensé des créatures et tu trouveras en mon coeur les purs délices du divin amour

Lutgarde vient d'obtenir du Seigneur,"l'intelligence des Divines Ecritures" et de l'office liturgique bien qu'elle n'ait jamais appris le latin, elle comprend vite que son humble ignorance qui l'obligeait à s'unir à son époux ne lui sera pas moins avantageuse que la connaissance de l'Ecriture, elle retourne voir le Seigneur et lui dit :

- Qu'est-il nécessaire, Seigneur, qu'une pauvre soeur comme moi, pénètre les secrets de vos divines paroles, changez moi je vous prie, encore cette grâce...

- Que veux tu donc ?  Lui demande le Seigneur, or la jeune fille quoique simplette, sait déjà ce qu'elle veut, elle en demande même on dirait beaucoup (bon, je sublime un peu) mais les vieux ouvrages populaires à ce sujet jugés "fiables et sérieux", souvent rédigés par de fervents chrétiens, le font encore davantage, dans la volonté affirmée de louer "notre Seigneur" et de convertir, je ne pourrais donc vous garantir, ni m'assurer auprès de feu l'Abbé F. Cucherat où j'ai relevé ces fins dialogues, qu'ils sont à ce point authentiques  et puisque ces dialogues sont tirés d'un livre attesté en hauts lieux, (j'y reviendrai en fin de billet), il faudra bien s'en contenter. Suite de notre dialogue, réponse de Lutgarde à "Notre Seigneur"  :

- Ce que je veux, ce que je vous demande, c'est votre coeur. (Oserait-on ?) ...

Le Seigneur ne s'offrant pas ainsi aux caprices des Hommes ni à la première exaltée venue sans quelque contrepartie, réplique alors drastiquement :

- Moi, je veux plutôt avoir le tien"

Ce qui fût dit fût fait et la jeune fille en éprouva une joie incomparable de sorte qu'il y eût entre Jésus et Lutgarde un heureux échange de coeurs, non d'une manière corporelle, (bien sûr !) mais profondément spirituelle, le coeur de Lutgarde, à présent bien gardé, si parfaitement muni, ne fut plus jamais assiégé par les tentations des sens (quelle horreur), et ses mauvaises pensées d'autrefois, n'osèrent plus la traverser. Peu de jour après cette révélation, pour la récompenser d'une victoire "remportée sur elle même", le Seigneur lui apparaît attaché à la croix et tout couvert de sang, s'approchant d'elle, il détache (c'est du moins relaté dans les écrits de la vie de Lutgarde) un de ses bras pour l'attirer à lui, il lui fait porter ses lèvres sur la plaie saignante de son coeur. Et ce n'est pas tout... Un jour, affligée d'une fièvre intermittente, Lutgarde se consola en pensant à St Jean l'Evangéliste, qui avait pu en son temps, coucher sa tête sur la poitrine sacrée (c'est à dire, notre lecteur plein de sagacité l'aura compris, sur le coeur du Christ tant convoité), et d'y puiser les eaux salutaires de l'Evangile. A ce moment, apparût à Lutgarde en un songe éveillé le symbole prophétique du disciple : un grand aigle aux ailes si éclatantes qu'elles étaient capables d'éclairer l'univers entier par leur magnificience, et l'oiseau vint mettre son bec dans la bouche de Lutgarde pour remplir son  âme de lumière qui vint lui révéler les plus grands mystères de notre religion ainsi que la conduite de Dieu sur les âmes. Devenue aveugle en 1235, elle commença peu d'années après son troisième jeûne de sept ans, répondant à une invitation divine afin d'écarter de l'Eglise un ennemi redoutable. Ce jeûne ne s'achèvera qu'avec sa mort, le 16 juin 1246. Aujourd'hui Sainte Lutgarde est encore invoquée chez certains croyants contre les douleurs de l'accouchement.

Deux exemples dont j'ai passablement allégé le récit (et les exemples) fermeront cette première partie, sur le thème  ou extraits choisis des adorateurs du Coeur de Jésus, exemples curieux d'exaltation prenant chacun des formes différentes, pour le même but quelque peu élitiste il y en a  d'autres, que j'évoquerai un certain (prochain) jour, dont l'illustre Saint François d'Assise (de l'ordre Séraphique) et Saint Bonaventure. Un sujet idéal à lire sur la plage, un suaire une serviette humide sur les yeux, si toutefois les corps dénudés des baigneurs pêcheurs menaient sourdement vos esprits aux plus mauvaises tentations, pensez très fort à ce baiser de Lutgarde au Sacré Coeur, sanguinolent... Ou bien par un  désir de connaissance plus ordinaire, si vous passez dans la région de Paray le Monial, et voulez vous instruire, la Chapelle des apparitions se visite, sous l'oeil bienveillant de cette chère Marguerite, enfant "spirituelle, des mystiques cités ici au destin extra-ordinaire exalté par les chroniqueurs et autres biographes d'une époque dont beaucoup étaient aussi ecclésiastiques. Les notes bibliographiques et autres extraits de ce billet, ont été puisés à deux sources quasi opposées, une longue conversation avec un professeur et psychiatre, passionné d'histoire pour qui la vie des Saints qu'il étudie par passion, donne aussi de précieuses pistes à sa profession et le livre de l'Abbé F. Cucherat, (aumônier en son temps de l'hospice de Paray le Monial, admirateur inconditionnel de M.M. Alacoque). Ce "grimoire" épuisé sûrement mais encore trouvable en cherchant, (la BM de Lyon, le possède il me semble), date de 1878, j'ai en main l'édition originale aux pages mystérieusement conservées après une vie de mise en malle dans un  grenier infesté de rats, (un des rares  livre qui n'ait pas été dévoré un mystère isn'it ?) il fût édité par Baratier et Dardelet, imprimeurs libraires à Grenoble, sous le titre : "Histoire populaire de la bienheureuse Marguerite-marie Alacoque et du culte du Sacré-Coeur de Jésus", lu et approuvé par les vicaires mandatés par Frédéric, evêque d'Autun, Châlon et Mâcon, qui signa. L'Abbé Cucherat  soumis aux décrets du Saint siège apostolique ne pouvait pas le publier sans l'accord préalable de son évêque, on pourra lire une page entière de certification :

Avons fait examiner par un de nos vicaires généraux l'ouvrage ayant pour titre [...] Et sur le rapport favorable qui nous en a été fait, l'avons approuvé et en avons autorisé l'impression etc..

Bien de quoi  rassurer ceux qui auraient encore un doute sur l'authenticité de ce billet. Quoique...

Photo:  oh la belle plaque  ! ouvrant la Chapelle des Apparitions, (eh non, ce n'est pas de la pyrogravure sur contreplaqué, c'est plus joli en vrai), photographiée rue de la Visitation à Paray le Monial, non loin de la "Maisons des poupons" un domaine de perdition qui sera peut être le futur palais des festins (ou agapes) des grands papes du charmillon, réservé à des coeurs plus sacrés qu'au Sacré-Coeur, (mais non, ce n'est pas pareil), cette dernière précision n'étant pour l'heure pas plus attestée par monsieur le maire que par Monsieur le Curé puissent-ils pardonner mes audaces. J'assumerai (sans trop m'en consumer, j'espère), la responsabilité fantaisiste et "suaggantequer ed tceet edérenir te port ehniuma aréviélton ed sno gouteulen turfrus" (comme on dit).  Histoires à suivre...

© Frb 2011.

mardi, 22 mars 2011

Court circuit

Toujours... Toujours il faut que j'aille dans les rues... Et je sens toujours quelqu'un derrière moi... C'est moi même... Et il me suit.

PETER LORRE dans "M le Maudit" de FRITZ LANG, 1931

ombres002.JPGIl est riche de ses actes, il écrit son nom il l'accole aux gens qu'il croise, et cela est sans conséquences, il ne va pas, il ne se contente pas du peu. Il ne prend pas la page blanche pour le début, c'est sa fin, il l'arrange, s'y rajoute, continue l'existence jusqu'à cette stabilité qui l'insupporte, un monde imaginé par tous ceux qui ont précédé, semblables à ceux qui suivent, des tas de gens, des têtes dont il n'a rien à dire. Un niveau machinal, des relations interchangeables à l'infini, il compose à ce jeu un grattage, il ne gratte pas, il se déchire.

Vu de loin, cela contraste avec la notion pour lui, incompréhensible de sympathie. Il élabore des figures qui de près ou de loin l'obsèdent par leur monotonie, il gratte et enterre tout dans son jardin, il rature des pages et des pages jusqu'à l'avènement d'une oeuvre d'art blanche, oeuvre purgée du sentiment, art de s'absorber dans l'espace, de recomposer le désordre avec les éléments. Il se met dans la peau d'un autre qui se trouve déjà dispersé. Le plus sûr de son initiative a déjà échoué. Il voit d'avance, une page qui manque juste au milieu du livre, une morsure au coeur de la toile, les fourches dans les cheveux des filles, un concentré déjà détruit qui contient à lui seul toute l'histoire du monde, celle des hommes et son destin à lui. Dans cette absence, il y a la voie lactée, la conquête de l'espace et l'embrassement d'une fusée avec une étoile filante, la réalité confondue dont il est pure trace,  reliant au ciel sa glaise, son fleuve et son métal, une situation de danger au terme d'un lent acharnement sans aucun but défini à l'avance.

Le cours du temps passe dans l'élasticité de journées indolentes. Aux aguets d'un langage détruit, entre les corps, des bêtes à grosse carapace ont promené sur leur dos, les dépouilles des hommes et des femmes, ceux qui n'ont pu survivre, le résultat grosso modo de toutes les guerres visibles ou invisibles, il ajoute un peu de son corps, qui meurt parfois petitement dans l'amour, se voudrait inspiré, goûtant une telle offrande, prêtant sa chair qui délivre du mal aux baisers de l'éphéméride. Il pourrait avoir honte à se faire aimer trop, sans pouvoir aimer trop lui même, ou aimant trop sa solitude qu'on dit incompatible avec l'amour. Ce on dit, est encore une foutaise. La petite idée se forme dans sa tête qui le taraude pour brûler ce qu'il reste d'obsession à oeuvrer, il voudrait contempler les petits matins, dans la joie de la course à pied, du basket ball, des descentes à vélo sans les mains, tout seul des jours entiers il joue entre des marques tracées sur le sol à la craie, et court sous un panier à essayer de réussir des doubles pas, à s'encourager dans le dribble, les mains apprenant la dextérité en compagnie de joueurs invincibles, qu'il imagine et qui n'existeront jamais. Chaque jour, lui vient de plus en plus d'adresse pour en finir avec le besoin de dextérité. Cela n'est qu'un mouvement dans l'espace juste pour oublier que la pensée peut fondre comme une savonnette. Il est cet enfant souple glissant sur une rampe d'escalier. Il parade le jour. La nuit, il pleure ce que le jour lui a volé.

Des guerres ravagent son écriture, cela engendre une sorte de poème héroïque, avec des idées monstrueuses qui chevauchent des idées sublimes, tous les mots il les plie à sa volonté dans le goût capiteux de répandre l'épuisement sur la terre, l'épuisement des êtres et des lieux jusqu'à qu'il n'en reste rien, ni dedans ni dehors, et la douceur va dans son regard, dans ses yeux bleus ou gris qui pleurent et cela fait comme une pluie de météorites plus loin, ailleurs, il verse l'alcool à brûler dans des fioles d'encre bleue ou grise, un petit feu court sur toute la surface d'une nappe, du genre toile cirée, juste au milieu, il y a un ilôt de cendre qui brille, il y voit une peau de chagrin grosse comme un pois cassé. "Pois cassé", les deux mots roulent entre ses doigts. Existe t-il encore une chose au monde qui ne puisse pas se casser? "Pois cassé", rien à faire, comment casser ce rien ? Les plus petits obstacles sont toujours les plus vains, il devra désormais lutter contre cette chose minuscule qui résiste, dont chaque jour il essaye de s'acquitter au mieux. Le combat à l'oeil nu paraît pourtant facile. Chaque jour il s'applique et chaque jour ayant échoué, après des heures passées, en bras de fer qui l'auront épuisé, il regardera le soleil se coucher, et se dira : "et merde !".

Photo: Une ombre demesurée qui précède ou qui suit on ne sait quoi, on ne sait qui, prise en flagrant délit sur les pavés aux alentours de la bibliothèque de la part-Dieu à Lyon. © Frb 2011.

vendredi, 12 février 2010

Le miroir des simples âmes

"Hadewijch d'Anvers chante "ivre d'un vin qu'elle n'a pas bu". Son poème naît d'un rien. Il est la trace d'une perte. En cela, il ne se distingue pas de l'ivresse, absence de la chose. Quelle est donc cette ivresse poétique "sans cause", douleur du corps ouvrant sur la douceur d'un chant, retour de l'altérant dans l'écriture défaite ?"

MICHEL DE CERTEAU texte de présentation des "Ecrits mystiques des Béguines" de HADEWIJCH D'ANVERS. Editions Seuil 1954.

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Peu de gens connaissent HADEWIJCH, l'auteur des "Poèmes spirituels". son oeuvre est souvent citée pour illuster les tendances au XIIIem siècle du mouvement béguinal. Peut être faudrait il énoncer plus précisément ce qu'était une béguine.

A la fin du XIIem siècle, début du XIIIem s., de nombreux témoignages attestent à la fois le nombre et l'enthousiasme des femmes pieuses souvent affectées de phénomènes extatiques, vivant hors des cloîtres, bien que souvent en étroite relation avec eux, d'abord en petits groupes, puis s'organisant lentement et finissant dans la deuxième moitié du XIIIem siècle, par constituer de nouvelles communautés religieuses (au sens impropre cependant puisqu'elles ne prononcent point de voeux même si elles sont guidées par quelques règles écrites). Nous savons aussi que ces femmes étaient nombreuses dans le nord ouest de l'Europe, spécialement en Brabant. L'histoire indique que ces âmes avides de sacrifice, (qui regardaient le monde comme un ennemi, femmes du grand mouvement extatique), assiégèrent en effet les cloîtres pour se ranger sous leurs lois sacrées. Plusieurs d'entre elles passèrent même leur vie sous l'habit cistercien ou du moins la terminèrent dans un cloître après avoir appartenu au mouvement des béguines. Mais la plupart se virent écartées des ordres, on redoutait sans doute, que l'afflux de vocations féminines compromît l'équilibre et la paix. Il leur fallût alors se grouper, s'organiser, cherchant en elles l'encouragement, la doctrine, le conseil, non sans se soumettre à la direction de quelques prêtre régulier (ou séculier) mais dans une autonomie et une liberté à laquelle les sociétés religieuses féminines d'alors, n'étaient pas du tout accoutumées. Un souffle de liberté est très perceptible parmi les béguines. Il semblerait que bon nombre de ces âmes n'étaient pas faites pour la vie claustrale et se trouvèrent, jouissant d'une indépendance relative parce qu'elles suivaient une vocation différente et devaient remplir une autre mission.

L'époque où paraissent les béguines, n'est pas celle de l'affranchissement de la femme, mais celle où commence le règne de la dame, qui devait en vérité former l'âme de l'Occident et fixer définitivement le trait de sa culture. Au XIIIem siècle, la révolution spirituelle passe par une conscience nouvelle de la solitude de l'âme avec Dieu, de sa noblesse divine, de sa liberté intangible. Cela fût en grande partie l'oeuvre des vierges extatiques, qui  par ailleurs pût emprunter ses expressions dans une étrange mesure, à la littérature courtoise, dont la dignité féminine était l'objet tout autant que l'inspiratrice. Les plus naïves, protégées par une précieuse ignorance, plus patientes, plus dévouées au sacrifice,insufflèrent un élan nouveau. Ainsi, nous verrons les béguines créer une langue pour traduire toute la passion d'une expérience; chercher avec Dieu une conjonction plus immédiate, totale, et proclamer une exigence nouvelle de l'éternel amour.

l'invincible amour déroute l'esprit :
il est proche de qui s'égare
et loin de qui le saisit.
Sa paix ne laisse point de paix
Ô paix du pur amour
seul qui fait sienne sa nature
boira ce lait consolateur !
C'est par lui même que l'on gagne l'amour.

Nota : Les écrits hadewigiens composés de visions, de lettres et de poèmes, après une longue période d'oubli, furent imprimés pour la première fois de 1875 à 1885, comme une curiosité philologique et n'attirèrent l'attention des historiens de la spiritualité qu'à la suite des travaux de R.P. Van Mierlo.

A lire, HADEWIJCH toujours (à propos du film de Bruno Dumont) : http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/article/had...

Photo : Un lien puissant et éternel, sculpté dans la pierre romane. Vu sur la façade extérieure bordant la porte de l'entrée principale de la basilique du Sacré-Coeur, à Paray le Monial. Nabirosina. Hiver 2009. © Frb.

lundi, 15 septembre 2008

Comme un lundi

«La laïcité positive, la laïcité ouverte, c’est une invitation au dialogue, à la tolérance et au respect. C’est une chance, un souffle, une dimension supplémentaire donnée au débat public"

N. SARKOZY : Discours à l'occasion de la venue de sa Sainteté le pape Benoît XVI. Le vendredi 12 Septembre de l'an 2008.

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Notre photo: Une esquisse du concept sur un algéco pour travailleurs, vue rue de Cuire dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, le même jour de septembre 2008.

mercredi, 23 juillet 2008

L'Esprit Des Forêts - Part II -

" Tenir le problème pour inexistant est une manière habile de le résoudre (...)
En revanche, admettre qu'il est insoluble et le voilà comme résolu."
LOUIS-RENE DES FORETS  :extr "Ostinato"       CLICK HERE

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