Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 02 mai 2015

"Mais", l'eau...

Etre naïf, parce que quelqu'un pense que vous l'êtes, être sot parce qu'un sot vous prend pour tel, être un béjaune parce qu'un béjaune vous plonge et vous fait macérer dans sa propre immaturité, il y aurait de quoi devenir enragé, s'il n'y avait pas ce petit mot de "mais" qui rend la vie à peu près possible. Se frotter à ce monde supérieur et adulte sans pouvoir y pénétrer, se trouver à deux doigts de la distinction, de l'élégance, de l'intelligence du sérieux, des jugements mûris, de l'estime mutuelle, de la hiérarchie des valeurs, et ne contempler ces douceurs qu'à travers la vitrine, les sentir inaccessibles, être de trop.

WITOLD GOMBROWICZ in "Ferdydurke", éditions Gallimard (coll. Folio), 1998.

 

solitaire.JPG

gens des quais.JPG

 

Il existe un bon nombre de gens qui paraissent seuls au monde, "mais" ceci n'est qu'une impression (premier volet) 

"Li tufa es frimeré ed ess responsimis", (dixit Esope)

Au fil de l'eau allant, des guetteurs ont jeté les vitrines dans les reflets du Rhône pour retrouver - un temps - la paix au bord du vide. (Deuxième volet).

Accueillir, recueillir, lire dehors, contempler, mais sans les retenir les vagues intempestives ouvrant d'un jour à l'autre une parenthèse offerte aux futurs chants lunaires.

Du pas flottant léger, au vol discret des mouettes ; là, un autre printemps fidèle à recueillir- sur un mode récursif - le doux regain d'enfance,  en brassées immobiles, réfutant son effort le rêveur sur sa tranche (pas seul dans l'univers), parle aux alligators.

 

Dyptique à suivre, peut-être...

 

 podcast 

 

Music : Lowell Fulson: "River blues".

 

 

Fluidités, Lyon © Frb 2015.

mardi, 01 mars 2011

Le dernier mouvement de l'hiver

Toute connaissance de l'intimité des choses est immédiatement un poème.

GASTON BACHELARD
: "La terre et les rêveries du repos", éditions José Corti - "Les massicotés", 1948.

les secrets de a création164.JPG

dernier movF2233.JPGdermov b.JPGdermovF3505.JPG

dermovF7996.JPG

mortes 213.JPGdermovF3484.JPGdermov461.JPG

 

DIE SCHWINDLINGE: "What A B what a beauty"
podcast

Photos : On parle toujours des feuilles d'automne, jamais des feuilles d'hiver. Nous rendons justice aujourd'hui. Le dernier mouvement de l'hiver, ouvre  un Mars retardataire avant le premier mouvement du printemps, à suivre... Photographies from Nabirosina. © Frb 2011.

jeudi, 21 octobre 2010

S'abstraire

Le grave est la racine du léger ; le calme est le maître du mouvement.
De là vient que le saint homme marche tout le jour et ne s'écarte point de la quiétude et de la gravité.
Quoiqu'il possède des palais magnifiques, il reste calme et les fuit.

 





  

 

   

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/07/04/re...

 

Source : 22 secondes d'exemption près de la fontaine de la Dame de Pierre (ou d'André Pieyre), non loin de la forêt Morand un jour d'automne.

 

Lyon VIèm © Frb 2010.

mardi, 06 juillet 2010

La notte

Ne nous faisons pas d'illusions au moment où elle nous imagine, la réalité devient notre ennemi numéro un.

MICHELANGELO ANTONIONI

NOTTE 3.jpg

Nota.

C'est une nuit où presque rien n'arrive, mensonge et vérité sont étroitement mêlés. La vue est imprenable comme le jour où par temps clair, on aperçoit d'un point précis, pas loin de la rue de l'Alma, une sorte de flou mais très sûr, au dessus des flots lumineux, un peu de brume, à peine, sur une mer impavide. La nuit, des liqueurs infectes sont offertes par des créatures qui caressent, en riant un énorme ventre affamé. La nuit se porte comme un calice, se joue d'un rébus couturé, qui nous décompose à mesure qu'un mystère se trouve révélé. Tout nous voue à l'obscurité, en cette place oscillante, aux souvenirs des joies de la veille devenues presque indifférentes et aux présages de joies futures qui n'adviendront peut-être jamais. Dans les monts, le soleil se couche derrière la terre. Un homme glorieux se sauve sur un cheval au galop. Un faisan est égratigné. Mais l'instinct résolu ; le faisan blessé reste en vol. Des choses se consument hors du monde, et d'autres naissent à la limite. Le silence annule toute offrande. L'épuisement viendra avant l'aube. Quelque chose nous mesure encore entre mille étoiles piétinées.

La notte.

Les personnages se sont trouvés, mais ils ont du mal à communiquer, parce qu'ils ont découvert que la vérité est difficile, elle demande beaucoup de courage et des résolutions toutes impossibles dans ce qui est leur milieu respectif. Cette ville leur ressemble, elle est morose et vide. Deux minuscules silhouettes au pied d'un gigantesque immeuble blanc, et des visages exsangues expriment un profond désarroi. Les voix tenteront en vain d'écrire l'évanescence. Rien ne sera préservé. Une bande magnétique, des cocktails, des espaces et des gens très lentement se délitent. Les trompe-l'oeil font mourir. Les reflets des arbres et les bâtiments traversent les visages, des rêves sont sacrifiés autant que l'émancipation. Une femme lance son poudrier pour atteindre une dernière rangée de carreaux, l'homme veut aussi jouer. Pris au jeu et piégé. Il va perdre. Quelque chose se détache. L'homme ne mesurant pas les conséquences de ses actes, ne remarque pas que sa femme va le quitter. Il ne sait plus quoi dire, quoi penser, ni surtout quoi sentir...

"Le mur derrière la femme est blanc, traversé d'une ombre en forme de ligne noire, un trait épais qui ressemble à celui qu'on pourrait faire avec un marqueur sur une image qu'on veut rayer. Cette ligne noire ne raye pas la femme mais le mur qui est derrière elle; le trait noir meurt dans son dos, s'y enfonce, blessant, comme une grosse épée d'ombre, son dos se courbe lorsqu'elle raccroche le téléphone. Après quelques secondes  d'une évidente difficulté à se redresser, la femme tourne son visage vers cette ligne noire d'où proviennent aussi les voix et bruits des autres. Elle ne dira rien à personne. Au lever du jour, plus rien ne sera comme avant".


 

A tribute to Michelangelo :

http://cinema.encyclopedie.films.bifi.fr/index.php?pk=42451

http://home.comcast.net/%7erogerdeforest/antonioni/

http://blog.lignesdefuite.fr/post/2007/08/02/lobjet-repre...

Photo : La nuit, vue de la grande esplanade (au seuil de la rue Pierres Plantées et de la rue Jean Baptiste Say), qui précèdent l'ultime petite montée jusqu'au boulevard désert, au plus haut point de la colline endormie. Lyon, Croix-Rousse, autour de trois heures du matin. Juillet 2010 © Frb

lundi, 15 décembre 2008

Comme un lundi très lent

« Il y a un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l'oubli. Évoquons une situation on ne peut plus banale : un homme marche dans la rue. Soudain, il veut se rappeler quelquechose, mais le souvenir lui échappe. À ce moment, machinalement, il ralentit son pas. Par contre, quelqu'un qui essaie d'oublier un incident pénible qu'il vient de vivre accélère à son insu l'allure de sa marche comme s'il voulait vite s'éloigner de ce qui se trouve, dans le temps, encore trop proche de lui. Dans la mathématique existentielle cette expérience prend la forme de deux équations élémentaires : le degré de la lenteur est directement proportionnel à l'intensité de la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli. »

MILAN KUNDERA
La Lenteur, Gallimard, 1995.

IMG_0025.JPG

"Fontaine ! je boirais de ton eau !" (mais mentalement seulement! surtout n'essayez pas malheureux !) en regardant la gueule du lion cracher d'un flux toujours égal son cours tranquille de vie qui passe. Tandis que longeant la fontaine de la place Lyautey à Lyon, vont à allure irrégulière, les piétons secoués d'horaires ou les travailleurs buissonniers d'un lundi terne de décembre. Partageant chacun, une seconde à peine, la mémoire de ce lieu où le flegme épouse les tons intermédiaires entre la fin d'automne et ce début d'hiver. Tapis de feuilles ocres fusées par la semelle du marcheur, il semble ici que la mathématique existentielle cesse un instant de découper les êtres, par la présence des statues et des bêtes, ce monde immuable de pierre, redevient un peu le maître du temps. Et l'on éprouve une seconde à peine, un trouble arrêt du temps. Un extrait de lenteur extrême transforme le passant en passeur, un peu immortel, qui fondu du bruit des fontaines oubliera ses obligations pour se glisser dans la mollesse, négliger l'idée cheminant, dans une vacuité parfaite. Comme en état d'apesanteur...