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mercredi, 04 juillet 2012

Rouler les mécaniques

Le vélo est une machine à remonter le temps

Ce n'est pas H.G Wells qui l'a dit, c'est un autre, bien après notre Georges. Lequel ? Perec ! voyons ! c'est pas Perec non plus, c'est de Eric Fottorino, auteur d'un petit livre vigoureux approuvé par la Rossinante, on ne sait sur quelle départementale.  Vu que c'est la saison du tour, et des congés payés, j'ai la présomption de recommander ce petit livre aux lecteurs, je ne fais pas souvent des recommandations, au moins pour conjurer les bouchons ! nous pouvons nous offrir cette noble ascension, la petite reine y sera vénérée, le livre s'appelle "Petit éloge de la bicyclette", il coûte pas cher, juste 2 euros, il a été édité chez Gallimard en 2007. A noter sur le même braquet, la parution du Paul Fournel avec son "Anquetil tout seul" aux éditions du Seuil à un prix raisonnable, mais hormis l'effeuillage de pages régalantes dans la douce atmosphère de la librairie "Passages", je n'ai pas encore lu le Paul Fournel en entier, toutefois je crois que ce n'est pas un abus de le re-préciser : chez Paul Fournel, il n'y a rien à jeter... Par la grâce de l'archive, sur le sentier battu du "je me souviens", j'installe la Youkette et invite les lecteurs, (ceux qui ne sont pas sur la plage), à prendre place sur dans le porte-bagage panier à côté de la Youkette, afin de roder ce beau vélo Mercier, et le Kway de la Janine, flambant comme un soleil, les sandalettes dans les cale-pieds,  et hop ! en route pour le passé.

velo_0014.JPGJe me souviens des routes pentues de La Chalosse, et plus encore des Pyrénées, je me souviens du pignon fixe qui oblige à pédaler sans jamais se mettre en roue libre, je me souviens de Eddy Mercks et du beau castillan Ocana, je me souviens des voix de ces gars à chapeaux en cartons griffés "Dauphiné-Libéré" criant "Allez Poupou !", (mais je croyais que c'était pour bibi à l'époque j'allais en poussette), je me souviens de l'affaire Festina en 1998, et des larmes de Virenque, je me souviens des voitures-balai et des klaxons à l'italienne, je me souviens de notre Bernard régional dit "Nanard" (est-il frère de... ? C'est un mystère) né au lieu-dit (ça ne s'invente pas) du "Guidon" à St Julien de Civry, en Nabirosina, je me souviens de cette phrase de l'Emile (lequel ?) Cioran, pardi ! hénaurme grimpeur dès ses premiers ouvrages Cioran, "philosophe et cycliste" qui parcourait la France en pédalant, et disait le plus sérieusement du monde "on pense à vélo", ça a l'air tellement bête à lire qu'on dirait chouïa du Michel Drucker (je n'ai pas dit que Michel Drucker était bête, ah non ! non ! n'allez pas mal interpréter, je n'ai pas les moyens ni l'estime de moi assez sûrs pour vous instruire sur la bêtise d'autrui) mais n'empêche qu'en le pensant de concert ("à l'insu de leur plein gré") Cioran et Drucker avaient drôlement raison, je me souviens que Cioran (je le préfère à Drucker, y'a pas photo, si, justement !) il écrivait à vélo, d'autres petites choses guillerettes pas piquées des vers (si j'ose dire). Extrait :

Du temps que je partais en vélo pour des mois à travers la France, mon plus grand plaisir était de m'arrêter dans des cimetières de campagne, de m'allonger entre deux tombes, et de fumer ainsi des heures durant. J'y pense comme à l'époque la plus active de ma vie.

("De l'inconvénient d'être né")

Je me souviens de la première étape du Midi-Libre en 2001 qui s'appellait, "Gruissan-Saint Cyprien", elle faisait 181 km, et puis je me souviens de la deuxième étape, Saint Cyprien-Pézenas, elle faisait 190 km, (tout le monde s'en fout, n'est ce pas ? Tant pis je suis partie, comme le coureur qui a déjà tout perdu,  continue, vaguement de rouler pour le panache, les cyclistes comprendront.)  Je me souviens du (vieux) nouveau vélo de Nicolas Sarkozy (comme c'est pas un vélo couché, on va pas s'étendre sur le sujet), juste peut être regarder le prix, histoire de relativiser avec mon pijot millésimé "Junior 1993", que j'ai touché pour 20 euros aux magasins de sport humanitaires une recyclerie nommée  Bric à brac des sans abris, ("maouahaaaah !" répondrait l'inimitable Sophie K. que j'aimerais tellement voir un jour bricoler mon vélo), je me souviens du réparateur (de vélos, eh ben oui !) un minuscule local baroque, qui n'était pas loin de la gare des Brotteaux, tenu par un pépé, il prenait pas trop cher, il avait un commis troublant qui réparait bien les vélos (surtout le mien, pas le commis, le vélo, que dis je ?), ce souvenir me tuera, aux yeux bleus de braise, (pas le souvenir, le commis) tout nu sous sa combinaison en suédine bleu pétrole (houla Gisèle ! cte corrida!) bon, j'arrête là. Je me souviens de mon grand ami et poète, le Maréchal Olive Prince de sa Rossinante, partant faire le Paris-Berlin dans la neige, il n'y a pas si longtemps et je me souviens toujours du même, avec sa petite reine étincellante (Rossinante, on a dit, suivez un peu !) arrivant sur le cours Emile (si c'est pas le cours Emile Cioran c'est donc l'autre), lors d'un Paris-Espagne ou le contraire, avec les vraies fleurs espagnoles dans son pédalier assorties à ses chemises balinaises (c'est un peu compliqué, je sais, nous en reparlerons, bien que ce soit pas écrit dans le ciel), je me souviens de Dino Buzzati (le Ka...masutra du vélo) suivant le Giro 1949 (enfin pour tout ça je n'étais pas encornée mais je me souviens quand même) comparant la finesse des boyaux des vélos à des serpents.

Je me souviens de la crème "Musclor Relax" et puis du "Liniment Sloan" produit-miracle ("good for man and beast") que feu mon père, le plus élégant coureur cycliste du système solaire, utilisait en surabondance, je me souviens que le Liniment sentait si fort la térébenthine que pendant des semaines toutes les affaires dans la maison, nos yeux, nos cheveux, les aliments, semblaient avoir été trempés dans des citernes géantes de "Liniment Sloan", je me souviens du col de Menté depuis le pont de l'Oule (1349 Mètres, seulement) et je me souviens d'Alfred roi du cyclotourisme, et j'y pense, mais dites, moi, vous qui buvez ces paroles religieusement et roulez à vélos depuis la tendre enfance, en est-il un seulement parmi vous qui pourrait me dire s'il se souvient de ce brave Arsène Millocheau ?...  (Ne répondez pas tous en même temps s'il vous plaît, eh ! eh... !).

Nota : Je remercie E. Fottorino de m'avoir soufflé ça et là un ou deux vrais et faux-vrais souvenirs via le "Petit éloge de la bicyclette". Vous saurez peut-être prochainement pourquoi j'ai choisi de traiter le sujet à la mode de Perec, bien qu'on soit loin de rassembler 480 "Je me souviens" sur le thème du vélo, sans vouloir me vanter, en cherchant bien et en collectant les souvenirs des uns et des autres je crois qu'on pourrait y arriver haut la main...  Je coupe le billet en deux, (même là, je sens que c'est encore trop) parce je sais qu'au début du col de l'été en pleine période de soldes c'est difficile de lire, des billets aussi intellauds surtout quand il y en a des tartines, (en hiver aussi ? Ah bon ?) et pour me faire pardonner, je glisse dans vos musettes à côté du gateau de semoule, quelques liens salutaires dans le désordre :

 

En écho avec le billet suivant ou précédent (suivant la logique de chacun):

http://videos.arte.tv/fr/videos/luc_moullet_eloge_de_la_b...

Incontournable :

http://tour-de-france.sport.francetv.fr/?gclid=CJHW6o31_K...

Pratiques et utiles :

http://www.on-avance.fr/fr/dernieres-nouvelles/articles-d...

http://www.pignonsurrue.org/spip.php?rubrique45

L'indispensable du vélocipédiste lyonnais:

http://www.lavilleavelo.org/

Autre idée de lecture:

http://www.franceculture.com/oeuvre-ubu-cycliste-de-alfre...

Georges est formidable:

http://issuu.com/editionsgrainsdesel/docs/apercu_velo?mod...

Les copains d'à côté aussi:

http://chatmouettes.fr/

S'il y a un billet à lire ou relire avec attention, c'est sûrement celui-ci:

http://off-shore.hautetfort.com/archive/2010/05/22/jarry-...

 

 Photo: La Jeanine Longueaux et la Youquette, en préparatifs du mythique tour de Lyon, photographiées sur l'esplanade René Vietto... à... ???

Je laisse Monsieur André Robert Raimbourg vous le confirmer.

 

 

 

 

 

Remerciements : Vous pouvez me remercier,  je vous ai épargné l'effroyable Yves Montand, avec Paulette, c'est dommage que ce soille lui qui chante parce que bon, la chanson en elle-même serait pas mal enfin ...

 

Lyon © Frb 2012.

mercredi, 06 avril 2011

Et puis...

On aurait comme les freins serrés à bloc. Et me sentant soudain envahi d'une grande fatigue, malgré l'heure qui était celle de ma vitalité maxima. Je rejetai la bicyclette dans le buisson et me couchai par terre.

SAMUEL BECKETT "Molloy", éditions de minuit 1951

DSCF4277.JPG

Les mots vous lâchent, il est des moments où même eux vous lâchent" (S.B.)

 

 Les mots entrent en collision avec les personnages, ceux crées par Beckett se définissent d'abord par la parole, jusqu'à l'épuisement, jusqu'au dernier souffle. Ces voix n'ont rien à dire, et pourtant elles le disent, et du fait qu’elles n’ont rien à dire, elles ne semblent jamais épuiser un sujet qui, s'il a existé, s'est épuisé dès le début. La voix pourrait se taire, laisser place au silence mais ce serait abandonner avant d’avoir tenté d’épuiser toutes les issues...

 



Le poème qui suit est le dernier texte que Beckett écrivit en français environ un an avant sa mort, ultime expression du sentiment de l’absurdité de l'existence, et peut être même absurdité de l'expression ?

 

Folie —
folie que de —
que de —
comment dire —
folie que de ce —
depuis —
folie depuis ce —
donné —
folie donné ce que de —
vu —
folie vu ce —
ce —
comment dire —
ceci —
ce ceci —
ceci-ci —
tout ce ceci-ci —
folie donné tout ce —
vu —
folie vu tout ce ceci-ci que de —
que de —
comment dire —
voir —
entrevoir —
croire entrevoir —
vouloir croire entrevoir —
folie que de vouloir croire entrevoir quoi —
quoi —
comment dire —
et où —
que de vouloir croire entrevoir quoi où —
où —
comment dire —
là —
là-bas —
loin —
loin là là-bas —
à peine —
loin là là-bas à peine quoi —
quoi —
comment dire —
vu tout ceci —
tout ce ceci-ci —
folie que de voir quoi —
entrevoir —
croire entrevoir —
vouloir croire entrevoir —
loin là là-bas à peine quoi —
folie que d’y vouloir croire entrevoir quoi —
quoi —
comment dire —


comment dire

 

A speciale dédicace : à JEA, pour une lettre précieuse qui tient encore le fil, pour cette courte échelle avec vue sur chemins. Contre les murs qui réduisent l'écriture à rien. Pour les métamorphoses à venir, je ne sais pas. Peut-être...

Photo : Juste une image. © Frb 2011.

samedi, 20 mars 2010

Dans la roue de Charles-Albert

"Je ne veux surtout pas qu'on dise de moi que j'ai de l'entrain, ni qu'on me compare avec ceux qui ont ou qui n'ont pas de l'entrain (j'emmerde l'entrain)."

CHARLES-ALBERT CINGRIA in  "La grande Ourse". Editions Gallimard 2000

CINGRIA_0087.JPG

J'habite à l'écart, pas loin du bosquet de la colline, et devant les vitrines de la rue commerçante il m'arrive d'admirer les jolies assiettes à dessert en porcelaine de je ne sais où. Des scènes de chasses à courre défilent sous mon sorbet, je traverse la ville à vélo, finissant en roulant sans les mains, ma friandise, une petite cuillère en argent dans la bouche, ou dans la tête. Et je pense à CINGRIA, qui prenait de bonne heure sa bicyclette. (En route! Un vent léger, la vie est courte), à ses intitulés qu'on disait déroutants : "Eloge de ce qui existe tout simplement".

Une adresse à Paris, 59, rue Bonaparte tout près de Saint Sulpice, dans deux pièces à écrire des machins inclassables. L'idée de bâtir une oeuvre ne lui est jamais vraiment venue à l'esprit, la liberté de CINGRIA pour certains paraît une énigme. CINGRIA est parti en balade.

"Cependant, la bicyclette c'est un cheval" (cf. tranches de route")

Monsieur CINGRIA sera quelques jours injoignable, le voici au bord de la Loire :

"C'est si agréable que se réalise exactement ce que vous aviez prévu, si agréable de faire un petit goûter ainsi et puis de rêvasser modiquement sans fin sans être importuné par personne!".

Je respire l'air épais du Rhône, c'est si agréable de chercher en roulant un terreau généreux du côté de l'enclos des biches. Je jette des heures entières des croutons vieux d'un mois aux bêtes avenantes qui se mettent à m'aimer d'un amour authentique, leurs grands yeux en amandes tombés en servitude (pour l'âme magnanime et les beaux yeux de moi), m'offrent la douceur même. L'émotion des jours désoeuvrés de l'enfance prévoit des teintes crèmes irisées de verts pâles somptueux... Les yeux des biches, sont maintenant la seule chose qui ait de l'importance sur terre.

CINGRIA est à Berne, au buffet de la gare, toujours premier sur le motif, à saisir les point de possibles, juste au moment et par mille angles différents, de l'infiniment petit jusqu'au palpitant qui surplombe. Liberté de l'espace et liberté du temps. Il pédale en molletières, s'enivre de chants grégoriens et dégotte en souriant de vieilles chroniques enluminées, il se rêverait réincarné en copiste de monastère. Car Charles Albert est érudit et n'en fait pas tant étalage.

Je retrouve le chapiteau triste, où son bavard est dévoré "éternellement" par quelques drôles de bêtes. Des plantes glissent sur les pierres piquetées de jaune, les secondes s'éternisent polymorphes et calcaires. En ville, un passant encombré, promène sa vie entière dans une lourde valise qui semble grossir à mesure que l'homme la tire, tout l'espace s'amenuise. Une valise prise au délit de gigantisme, dont les roulettes minuscules émettent ce bruit des bétaillères qui vont aux prés et se dévissent de l'intérieur par une grande mâchoire métallique. Un ogre à cinq ou six wagons, nous entasse, et délivre nos âmes de la tentation des dérives.

CINGRIA devient membre actif de l'amicale des piétons de la capitale, on y retrouve Léon-Paul FARGUE. Confrérie de "Rois fainéants" qui croque les scènes de rues, avides de vieux pigeons... Toujours pas loin de Saint Sulpice. Les yeux décrochent les faits divers :

"Qu'est-ce qu'il y avait ensuite dans le journal suspendu aux grilles du métro Invalides ? Il y avait qu'un dépôt de bananes avait sourdement éclaté [...] Comme c'est Paris ça aussi".

Pas loin, non plus à cet instant, on aperçoit André DHOTEL,  à l'effeuillage de l'écrivain, il loue bien haut "son art de parler d'autre chose". Des plus nantis, ou des jaloux, le trouvent médiocre, le disent même "piètre fantaisiste". Mais de chroniques badines en papiers assassins, CINGRIA prend plaisir à cogner dans ce qui se veut neuf, déplorant tous "les talents veules et les mystiques à l'eau de Javelle".

Dans une petite rue de presqu'île, chez Fernand Cingria père et fils, (négociants en vin, depuis 1883), l'enquêteur montre une vieille photo au patron, debout, large ossature, un béret vissé sur le crâne. L'homme regarde la photo celle qui montre un autre gars avec le même béret, aussi bien vissé que le sien. On lui demande : - "Vous êtes sûr que c'est pas votre frère ? ou peut être est ce votre cousin ?" - "Comment que vous dites ? Charles-Albert CINGRIA ? Ah ben, non, désolé ! Charles Albert CINGRIA ! ce nom là ne me dit rien !".

Ce nom dit rien ? Pourtant dehors assis par terre, Charles Albert fait des inventaires. Comme un gamin classerait ses billes, ses petites autos dans des boites en fer déglinguées. Presque pas vu, à peine connu. Certains jours, certaines gens disent l'avoir croisé ici ou là. De plus rares autres affirment qu'il se baladait rue de Nuits en plein jour. On le croise c'est à peu près sûr peut être tous les jours ici ou là. En vérité, CINGRIA , grimpe en danseuse, en molletières sur la plus belle colline du monde, vire d'un coup de tête un caillou. Puis comme toujours, re- disparaît.

CINGRIA était suisse, né en 1883 à Genève , il mourra en 1954, dans la même ville. CINGRIA bouffait le temps qui passait vite. Il laisse une malle qu'on ouvre bourrée à craquer de boîtes à clous, papillons de jour, et parmi des chiffons, un bazar sans message particulier. "Le bitume est exquis", "L'herbe est divinement tendre". C'est un jour merveilleux, CINGRIA, est passé chez nous.

cingria.JPG

NOTA : Le portrait de CINGRIA est ici très incomplet, un petit peu adapté, mais pas trop. Ce billet n'est donc pas représentatif de toute l'oeuvre et la vie de ce cher auteur encore trop méconnu. Le lecteur, (adoré), dont la sagacité n'est plus à encenser, (sans flagornerie, uh ! uh) aura compris que par tous les liens, il trouvera quelques chemins pour mieux découvrir ou redécouvrir le poète.

Photo 1 : Ceci n'est pas la bicyclette de Charles-Albert CINGRIA, mais c'est peut être sa sacoche... ? Ou celle de Fernand Cingria ?  Photographiée juste en face du bordel Opéra. (La vélosophie à la rencontre des grands orchestres). Lyon attaché à ses créatures mécaniques. (celle-ci n'est pas tant non plus un vélo D'amour).

Photo 2 : Ce monsieur n'est pas René Char, ni  Arthur Cravan, ni André Breton, ni Jean Dubuffet. Ce n'est (oh que non !) pas Louis Aragon, ni Jean Paul Sartre, et encore moins Gustave ou Alphonse. Il n'a même pas, bien qu'à l'aise, les bonnes grolles du père Blaise. Alors qui ? (Question à six sous messieurs dames). Indice complèmentaire : il ne veut pas qu'on dise de lui qu'il a de l'entrain. Si vous ne trouvez pas, retournez à la case départ. Si vous trouvez, vous gagnerez un tour de lyon à vélo d'une valeur inestimable à l'arrière de mon porte-bagage, (quand j'en aurait installé un) c'est à dire un certain jour, plus les félicitations de la maison. Vu à Lyon, juste en face de Morand Pont. Lyon. Mars 2010.© Frb.

samedi, 18 juillet 2009

Le temps retrouvé

"Ce matin, nous avions précédé le peloton ..."

ALBERT LONDRES: "Les forçats de la route" (1924). Editions Arléa 1996.

paradis - copie.jpgChangement de décor, et rendez-vous au "paradis" via le gagnant du tour de France buissonnier 2009, (notre incontestable gagnant, couché dans l'herbe hors champ), qui brancha son ordinateur sur une corne de vache et d'abondance, pour nous poster sa vue du paradis sur terre. Le vilain monde étant derrière, nous laissons sans regret l'estivale crasse lyonnaise pour un voyage intemporel. Ne comptez pas sur nous pour vous fournir l'itinéraire ni la carte routière. "Le paradis ça se mérite (ah ! ah !), ça se mérite en pédalant et ceux qui y parviennent ne sont pas des fainéants" a dit St Pierre en offrant à notre champion (bien sympathique) les clefs de son domaine, et la carte du temps (retrouvé) tandis que Marie-Madeleine, quasi en tenue d'Eve (oh !), des bleuets plein les bras, félicitait notre géant et lui tendait en souriant une gourde d'or remplie à ras bord d'un gouleyant nectar (de paradis bien sûr) . Mais comme tout paradis (à pied, à cheval, ou à bicyclette), "est scandé sur l'impossibilité d'écrire le paradis", je cours rejoindre (sur le champ ;-) ce lieu que l'on croyait perdu. Et tâcherai jour après jour (par la grâce éternelle de l'opération du St Esprit, et de notre sacré fournisseur "Le petit boyauteur" demeurant au 36 rue de L'Aqueduc à Paris) de vous en ramener des nouvelles. A vol de bicyclette, bien sûr !

" Elle s'enfuit presque aussi vite / Que l'hirondelle dans son vol ; / Elle glisse, se précipite / Effleurant à peine le sol."
(Édouard de PERRODIL, "La bicyclette", Les Échos, L. Vanier, 1891)

Photo : "Tour de France buissonnier 2009": Le Grand Fausto sacoché et éminent professeur vélocipédiste: JB de l'Olive venu de Paris redécouvre la clef des champs. Ici son merveilleux bolide, pose juste après l'étape lyonnaise, en une contrée exquise, qui pour le rester très longtemps (exquise;-), sera gardée secrète, quasi jalousement ;-)

Ce billet est entièrement dédié au vaillant professeur, nous le remercions de nous avoir offert la preuve que le temps perdu (qui n'est pas toujours là où on l'imagine), peut tôt ou tard, se rattraper, jusqu'à toucher "Le Paradis". Splendeurs et magie de l'incroyable machine à tout remonter. photographiée on ne sait où, début juillet 2009. © Pr. JB de L'Olive.

vendredi, 20 mars 2009

L'art est à la roue (libre)

" Depuis toute la vie et pour toute la vie, je pédale. Sur les routes et déroutes qui vont de l'enfance à l'âge qu'on croit adulte, avec un petit vélo dans la tête qui n'en finit pas de me faire tourner en rond sur la terre toute ronde, comme si la vocation première de la bicyclette était d'arrondir les angles du monde (...) C'est une des magies de la bicyclette que de me ramener en arrière pendant que j'avance, toujours pas très vite, mais avec entrain. Eloge premier, fondateur éternel : le vélo est un jeu d'enfant qui dure longtemps. Je me revois sur des bécanes trop grandes pour moi, selle trop haute, guidon trop loin m'obligeant à prendre la ridicule position du crapaud sur une boîte d'allumettes (...) Sur le vélo grésille une bien nommée roue libre dont l'apaisante musique ne me quitte pas même quand je redeviens piéton, sédentaire,immobile et prisonnier du temps des autres."

ERIC FOTTORINO : Extr. Prologue à : "Petit éloge de la bicyclette". Editions Gallimard 2007.

velo cassé.JPG

J'ose espérer que les lecteurs  me pardonneront ce titre un peu "Vermot", illustrant une  image désastreuse hélas très coutumière (voir ICI) de ces vélos qui chaque jour dans presque toutes les grandes villes, sont retrouvés mutilés, (quand on les retrouve) et qui ne pourraient passer trois nuits dehors sans finir en pièces détachées... L'art est dans la roue libre comme le chante (oui ,c'est une louange) Eric FOTTORINO, dans ce petit ouvrage admirable de 135 pages, que je conseille aux doux amateurs de vélo et autres coureurs cyclistes, on y parle, de la grande boucle, d'Eddy MERCKX et du midi libre, on y croise Antoine BLONDIN, HEMINGWAY, Fausto COPI, même Sami FREY... Pendant ce temps là, "la roue tourne et la route aussi" ... Comme le dit un ami très cher vélocipédiste (recordman du poids de sac à dos sur vélo parcourant de très longues distances) qui se reconnaîtra entre tous...

Je dédie ce billet à tous les fervents de la roue libre, et plus particulièrement à J.B de L'Olive ainsi qu'à mon cher père.

Photo : Petit saccage ordinaire (bande de salauds!). La rue n'est pas si libre quand elle s'en prend à la roue de vélo "la bien nommée roue libre". Vu (hélas !) rue Saint Polycarpe dans le premier arrondissement de Lyon, un soir de février 2009. © Frb

samedi, 29 novembre 2008

Sphères célestes

"Les astres cheminent toujours par cercles et se retrouvent semblables à eux mêmes un certain temps. En un vaste mouvement circulaire et parfait qui progresse: c'est ce qu'on appelle la chute du ciel. c'est en observant la course rythmée des astres que les anciens en étaient venus à considérer le mouvement circulaire comme le symbole de la perfection. Les savants modernes rejoignent cette vue de l'esprit quand ils proclament que toute activité vitale s'exerce suivant un rythme spiroïde ou hélicoïde. L'aile plane. le feu fait tourner la roue. Pour assembler le bois, la pierre et les métaux, il faut inventer la vis. pour compénétrer l'air, l'eau et les dominer, il faut avoir conçu l'hélice. Il faut avoir capté le feu, l'explosion dans le moteur, pour pouvoir pousser l'engin en avant.
Le Mouvement circulaire en avant est le principe de l'univers (...)"

BLAISE CENDRARS: Extr: "Archives sonores". Poésies complètes. Gallimard 1967/ 2006.

sphères celestes.JPG

Mon "illumination". En remontant par la rue de L'Alma, j'eus cette nuit là, comme une apparition à en damner toutes les Madones du ciel et de la terre : une magnifique machine supra terrestre éclairait la rue de ses deux roues étincellantes... Comme deux mondes confirmant en silence le principe de l'harmonie des sphères, elles suggéraient encore le mouvement perpétuel jusque dans leur immobilité. "Roues de lumières"... Je croisai en journée le beau propriétaire pédalant comme un Dieu au coeur même du boulevard. La tête dans le guidon, et les cheveux au vent, un halo de phosphore l'entourait doucement, et j'en conçus pourtant l'impression familière de quelqu'un de notre saison : Le cycliste était roux...

Vu tout en haut de la rue de l'Alma sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon, une prodigieuse bicyclette tombée du ciel mais amarrée à un poteau par un "Dieu de l'automne". A signaler que les vélos des "Dieux de l'automne" sont facilement reconnaissables à leur panier sur le guidon, (dans lequel ils recueillent les noix, les châtaignes et les champignons, mais ceci est une autre histoire très harmonieuse aussi, que je vous raconterai un jour, (un certain jour ;- ) ...

Photo. Novembre 2008 ©

A special dedicace to Jacques B. Dieu des machines supra terrestres, qui sera là Lyon, le 8, quand la petite aiguille passera sur la grande, avec son pédalier en or massif au cliquement céleste de PR99 ... Harmonie des sphères oblige ! (et dédicace couplée à son vieux copain PYTHAGORE dont ne on mangera pas l'ESCARGOT)

mardi, 09 septembre 2008

Le Poète vu de dos traversant la ville à vélo

piste_cyclable.jpgLe bonheur n'est pas dans le pré, tous les cyclistes, vous le diront après avoir comparé, ils ont trouvé le pré trop carré, et le ciel pas assez haut. Le bonheur est sur un vélo, à glisser entre les autos ( oserais-je ? oui, j'ose! pour mémoire vous rappeler que le Jo (Dassin!) et son "A paris à vélo on dépasse les autos" enchanta même les cyclistes intellos versés dans les claviers bien tempérés, quand usant du tempo sur de rutilants pédaliers, ils comprirent que les envolées de ce cher Jean sébastien voire quelques virtuelles notes du Jo passaient aussi dans le paysage. Le poète, qu'on imagine déroulant sa vie dans du papier( velin ) à se pâmer sur ses plumiers, à versifier sur de vieux livres sortis des grenier de l'Emile, du Gustave, le poète qu'on croyait frêle ou de santé fragile avec pour ainsi dire sa fantaisie : un petit un vélo dans la tête, peut, lui aussi, par passion se retrouver suant sa prose, le nez dans le guidon, glorieux comme Napoléon, sur sa petite reine. Se retrouver : telle est bien l'expression.

Tout cela pour vous dire qu'il y eût plus qu'on ne croit quelques écrivains cyclistes;  dont l'un des premiers fût sans doute Edouard de PERRODIL. Auteur méconnu de plusieurs récits de voyages à vélo. Rédacteur au Moniteur universel, au Petit journal et au Figaro. Il participa à  deux reprises à la course Bordeaux-Paris (572 km) et entreprit aussi  de longs voyages, plus une traversée de l'Algérie qu'il a racontée dans plusieurs livres parus dans les années 1890  : "Un poète à Bicyclette" c'est ainsi que l'a décrit, l'historien du cyclisme Baudry de SAUNIER.

Alfred Jarry se classe quant à lui parmi les personnes qui ont " tenu sur ses fonts baptismaux le cyclisme " (" La mécanique l'Ixion "). Il a en effet adhéré à la section lavalloise de vélocipède dès 1889, puis acheté une bicyclette Clément Luxe modèle 1896, qu'il n'a jamais payée. C'est avec elle qu'il tentait d'aller plus vite que le train sur la route du Tripode à Paris (" La course des Dix Mille Milles ") et qu'il a suivi le cortège funèbre de Mallarmé.

Plus récemment, on peut citer Louis Nucéra, Paul Fournel, Jean-Noël Blanc, Gérard Mordillat, Bernard Chambaz, José Giovanni : ceux-là ont en commun d'avoir participé à la montée des Soleils de l'automne, qui se déroule en octobre au dernier jour de la fête du livre de Saint-Étienne (45 km jusqu'à la Croix-de-Chabouret, cf. Jean-Noël Blanc, La Légende des cycles). Ajoutons encore Maurice Leblanc, Émile Zola, Jules Renard, Jean Richepin, Tristan Bernard, Rodolphe Darzens, Pierre Lafitte (alias Jehan de la Pédale), Charles-Albert Cingria, Léon Tolstoï, Paul Morand, Cioran, Jacques Perret, René Fallet, Jacques Faizant, Patrick Straram, Jean-Louis Ezine, Christian Laborde, et dernièrement Jean de La Ciotat, pionnier de la littérature cyclosportive. René Fallet a fondé, en 1968, les Boucles de la Besbre, " épreuve internationale et clandestine, dont aucun calendrier ne tient compte ", où les échappées sont interdites et les vainqueurs connus d'avance.