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vendredi, 11 juin 2010

Une semaine de catas (thema part I)

"Quelle force, quelle cuirasse faut-il avoir pour encaisser tous les coups de griffes que l'on va recevoir ?"

HENRY MILLER, extr de "Henry Miller, rocher heureux", par Brassaï.

Si vous n'avez pas de feu sur vous, vous pouvez cliquer sur l'imagecataclysme.png

Lundi.

La nature ment. L'aise émerveille. Le monde est là, l'outrage nous charme. L'effort s'y heurte puis la voix se promène sur les heures, les balaye. Elles se dévident sans cesse. Est ce lui qui vient ? Craque des allumettes, s'enfuit devant le feu qui dévore l'envoilure puis essaye à pas lent de chiffonner les toits ? Dans l'ennui passe l'ennui. Les œuvres tombent en ruine, nous exilent loin des Dieux. Au premier jour qui vient tous les coeurs s'illuminent, le lendemain un autre se lamente en regardant l'anthère d'une fleur arrachée sous la touche du piano secoué d'impatiences et raconte à qui veut bien l'entendre, que sa bonté fût flouée par indifférence. Les rôles sont inversés si aisément ! toute cruauté bien travestie et convulsée de pleurs restera émouvante, un vibrato chéri envoûtera la littérature. Plus tard, en effeuillant un livre qui parle de bombe atomique (au Japon, ou ailleurs), on tombera sur une page si blanche où la méprise à ce jour impossible, paraîtra demain évidente. Tant de gâchis pour rien. Avec quoi pourrions nous l'effacer ?

L'inexorable excite un venin malséant. Tu le vois, le moineau-migrateur à ta porte ? Soufflé par de minuscules guerres, et frissonnant à l'aube ? Quand l'éboueur dépose la tête de ton aimée, sur un paillasson impeccable, lèvres closes. Enfin muette. La voie est libre. Le temps dévore l'acier, soulage un four incandescent, hameçonne au désert à lent terme le dépassement et d'autres choses effritent l'âme terrienne. Les beaux débats secoués d'infâmie, la trahison qui prend de jolis airs de fête et mille faux semblants épuisent la splendeur des épithalames. Tout gêne. Il y a ces toits chiffonnés que j'essore dans la mer où pullulent des petites algues mortes. Il y a des reniement si laids, que l'alphabet entier refuserait d'y prêter les angles (obtus) ou les courbes (qu'on dit sensuelles), d'une seule lettre, pour leur donner un nom, (ne prêterait ni A, ni E, ni N, ni I ni U et encore moins le M) ...  Il y a des parenthèses qui se referment à l'envers sur six milliards virgule sept cent quatre vingt treize créatures humaines parmi lesquelles il est impossible de retrouver sa moitié. Tout blesse. Je suis à l'ouest. Des margraves veillent sur mon sommeil, ils portent d'azur, à l'aigle échiquetée d'argent et de gueules, becquée, languée, membrée, couronnée d'or. Quand je ferme les yeux tout s'empresse, pleure, ou disparaît. Je suis dans le Grand Nord, sur une presqu'île presque déserte, assise à la terrasse d'un café somptueux. Et maintenant par dépit, je regarde un garçon danser.

Comme il est beau ce fêtard triste et chevelu !

Est ce lui qui broute sur de secrètes bestioles ? Damne son poulpe étourdi d'amusettes, jette des tubéreuses sur la méchante époque et les mêle à l'acide qui va en ce jardin, saccager les beaux entretiens. Demain nous serre, tristement sous son aile, barde le monsieur qui se rince au bar. Sa déroute amusera. Est-ce lui qui vient ? Administre à pas lourds des châtiments encore pour rien ? Les enclos minent la providence, de belles paronomases arrêtent l'été, hélas ! "amantes sunt amentes", les amants sont ils fous ? Se piquent de vanités près desquelles on s'endort, tandis que le pas se poursuit hantant les anciens parallèles. Est ce lui qui étreint les fadaises et se crève les yeux à toujours vouloir surplomber l'humain ? Lui qui se vante encore de glisser à la fosse, l'élégant baise-main ? Lui que l'ennui a jeté dans l'adoration tant des étoiles que des ténèbres, de l'exaltation au dédain, abhorrant aujourd'hui, son amie de la veille. A tant rapiner les émois, chassés dans les jungles éphémères, on se noierait à marée basse. L'extase est vil, l'humus est là. Il étouffera tous les mignons. Dans l'ennui, j'aime ce monstre et l'ange qui porte le sommeil au milieu de l'après-midi. Le jour nous pare de muselières. La nuit nous ferons mijoter des amanites solitaires avec les amanites blanches mortelles. Il n'y aura peut-être aucun survivant. Des éléphants sommeillent sur des cadavres tièdes.

Ici les biquets se déhanchent.

CATACLYSME.

http://www.deezer.com/listen-3848070

Photo : Image extr du film de Anton Corbijn: "Control", (2007).

jeudi, 10 juin 2010

Une semaine de catas (thema part II)

Pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne ?

TRISTAN TZARA  extr. "L'homme approximatif". Editions Gallimard 2007.

CATA 2B.JPG

MARDI.

Louis pouvait maintenant rester des heures dans la même position, qu'on lui plie le bras ou le soulève, son bras restait plié ou soulevé, qu'on le pique avec une aiguille, plus rien désormais ne le faisait réagir. Il ressemblait au cadavre, qu'il avait lui-même découvert, à l'aube dans ce fenier, un visage redevenu mémorable qu'il avait cru voir un instant lui sourire, au bout d'une corde. Son frère repensait à tout cela en regardant le savon mousser entre ses mains. Il avait tout compris, et il s'était promis qu'il ne piperait jamais mot à personne, même s'il y avait encore quelque chose à sauver. On ne badinait pas avec la justice immanente, le Seigneur faisait son boulot, il réparait les infamies, et cela était juste et bon. Il faudrait laisser en état ce décret qui venait d'en haut, il marmonna "dans la vie, tout se paye" en approchant ses mains d'un immense torchon blanc.

Il songea que son pauvre frère avait dû reconnaitre le visage de Jeanine, cette fille née de travers, avec une petite case en moins, à qui il avait dû promettre pour rire, monts et merveilles, un jour de foire, il y a plus de 40 ans, suite à un pari bête avec des copains de régiment. Il avait dit à Jeanine, des choses très émouvantes, avec l'air d'y croire tant lui même, qu'elle avait tout gobé mot pour mot. Pour épater les copains, dissiper l'ennui de ses permissions, faire briller un pari contre quelques fillettes de côte de Beaune, il lui avait dit qu'il l'aimait, plus que cela, qu'elle était la femme de sa vie, il l'avait toujours su et quand il aurait fini son armée, qu'il reprendrait la ferme de son père, alors, il l'épouserait, elle, pas une autre.

Jeanine avait l'âge mental d'une enfant de 10 ans. Elle rêvait de robe blanche et de trenne, tout son imaginaire s'offrait aux balancelles, aux cornets de dragées bleues et roses, au prince charmant. Et, le prince charmant était venu, revenu exprès pour elle, elle en était persuadée. Il y a juste quarante ans, Louis était reparti finir son régiment, deux ans à l'étranger, elle l'avait attendu chaque jour, en comptant les minutes, les secondes, courant au moindre bruit d'auto, de son lit à la fenêtre, le coeur battant au moindre grincement de porte. Aucun objet n'avait pu la distraire, ni tricotin, ni chapelet, pas même les ouvrages au crochet, encore moins les napperons, pourtant brodés amoureusement, avec ses initiales à elles, ses initiales à lui, bleues et roses, côte à côte et toujours enlacées. Elle avait attendu ses lettres, quelque signe de lui. Elle n'obtînt rien. Il n'était jamais revenu au pays, pas avant la semaine dernière, et bien qu'il n'eût guère envie de retrouver ces paysans qui trahissaient une origine qu'il abhorrait plus que tout, il avait bien été bien forcé par devoir, peut-être par superstition, de sacrifier un peu de son temps, pour venir enterrer son père. Il n'avait pas tenu à s'installer sur le banc avec la famille. Cette cérémonie était l'opportunité parfaite et symbolique pour bien leur signifier qu'il n'avait plus rien à voir avec eux, un frère qui ne parlait pas ou qui parlait si bas qu'on le comprenait à peine, des cousins, des cousines plus ou moins attardés. Quant à ses anciens copains, d'école ou de régiment, la plupart étaient devenus crétins, abêtis par l'alcool. C'est ainsi qu'il les voyaient tous, des humains aussi bruts que leurs bêtes, dénués du moindre désir de transcender quoi que ce soit, avec leur petite vie foutue d'avance, et des conversations trop terre à terre.

Après l'armée, Louis avait rencontré sa future épouse, une élégante, très raffinée, professeur de philosophie, qui le trouvant bel homme mais pas trop dégrossi, l'avait aidé à passer des diplômes et des équivalences. Il n'avait pas voulu que ce soit dit, il en avait bavé plus que les autres, mais il était devenu à son tour, après des efforts insensés, professeur de philosophie, versé dans toutes sciences humaines: sociologie psychologie et surtout dans la poésie. Il enseignait maintenant à la Sorbonne et fréquentait un cercle de bels gens trié sur le volet, tous érudits. Il était devenu de surcroit, le principal maître à penser d'un cénacle de parnassiens. Il avait oublié le village, et aussi que son frère avait dû reprendre la ferme à sa place au lieu de poursuivre des études pour lesquelles on le disait doué. Cela était un autre sac de noeuds, mais il avait tourné cette page. Ces gens étaient trop petits pour lui. C'est ainsi que depuis quarante ans  il s'appliquait à jouir du temps présent et à se cultiver, parmi ceux d'une société formidable à laquelle il appartenait.

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C'était sorti comme une voix hors de lui, un grossier personnage reniant aux plis les surfaces arrondies du monsieur délicat qu'il était devenu. Il ne s'était pas montré très aimable, en lui criant "Vas te faire pendre !". Il n'avait pas reconnu Jeanine, en cette souillon qui trainait autour de sa chambre, soir et matin à la même heure, en gémissant, et qui semblait l'épier, importunait jusqu'à Madame son épouse, en lui jetant des cailloux au visage. Louis avait cru à une mendiante de celles dont on ne peut se débarrasser qu'en leur donnant quelques gri-gris, des porte-clefs ou des médailles. "Ces femmes ont quelque chose d'ensorcellant, tant qu'elles n'obtiennent pas ce qu'elles désirent...". Il lui avait donné un mousqueton, pour la calmer, cela n'avait pas suffi. Il n'aurait pas pu dire combien de fois il avait croisé cette folle depuis son arrivée. Dix fois par jour, peut être ? Ca devenait trop harcelant. Elle le hantait. Son frère le regardait de loin chasser Jeanine comme on chasse la vérole et restait stupéfait qu'on puisse à ce point oublier.

Jeanine après de longues années d'attente, s'était lentement affaissée, dans un monde bien à elle, entre ses rêves de pureté et une saleté réelle. Elle était devenue méchante, à force d'implorer le ciel. Sa vie n'avait été qu'une douloureuse attente, agrémentée par des rituels quotidiens, incompréhensibles, pour le retour de son aimé. Et elle savait qu'un jour il reviendrait. Que tous deux, ils se marieraient. Il lui avait promis. Cela ne pouvait être autrement.

Il y avait eu une altercation très violente, juste en bas du fenier. Jeanine, s'était jetée sur lui, pour l'embrasser, enfin comblée ! le frère avait vu ça de loin, assis sur le muret des cabanes à lapins, avec sa pipe en coin et son béret sur le côté. Il avait entendu les injures proférées, hurlées et répétées. Ca allait loin ! Le frère songea qu'aucun homme, même le plus grossier, n'avait le droit de dire des choses pareilles à un autre être humain. Après avoir déversé les pires mots sur la femme, Louis était parti sans se retourner, il s'était  adressé à son frère juste pour pester encore, de ne pas être à cette heure, à son cercle privé de poésie, qu'il animait tous les mardis à St Germain des près. Il ne cachait plus son irritation à devoir encore rester un jour au pays. C'était le jour de trop. Le frère ne comprit pas d'emblée, pourquoi Jeanine avait trainé la grande échelle.

L'après midi fût plus tranquille, une belle journée d'été. Le lendemain à l'aube, le frère s'aperçût que la corde qui tenait la cloche du portail, avait été volée. La cloche gisait dans l'herbe. Comme ce matin, si tôt, il n'avait pas encore vu Jeanine dans les parages, le frère eût une intuition un peu sombre. Il se dit que cette histoire avait assez duré. Il était temps que le Seigneur intervienne. Il courût dans la chambre d'amis chercher Louis, à peine éveillé, prétexta qu'il fallait à tout prix monter dans le fenier pour l'aider à descendre un outil dont il avait besoin tout de suite, et comme lui, avec sa sciatique etc, etc... En échange de l'hospitalité, "pour une fois un petit coup de main"... Louis accepta, c'était son dernier jour ici, "après tout rendre petit service" il pensa que :"ça ne mangeait pas de pain !". C'est là haut, dans un coin du fenier, en voyant de près le visage de la créature, un visage rajeuni de 40 ans qui, au bout d'une corde, encore, lui souriait comme en adoration, avec cette drôle d'expression qu'on eût dit de béatitude, qu'il dût se passer quelquechose. Après quoi tout devient mystérieux.

Le médecin appelé d'urgence par le frère devant les deux corps immobiles dont un seul respirait, plia le bras, piqua un peu l'homme partout avec une aiguille. Plus rien de ce corps ne réagissait. C'est ainsi, désormais que le malade vivrait, figé dans une posture horrible, comme celle d'une statue hantée, ou d'un cadavre dont l'âme s'épuisait aux enfers. Avant de repartir tout en saluant le fermier, le médecin crût très utile de rajouter: "Pour guérir votre frère, cher monsieur, il suffirait que je connaisse la cause profonde du choc terrible qu'il vient d'endurer, si vous avez quelque élément, n'hésitez pas à m'en parler, ce serait l'unique moyen de le guérir". Le frère prit un air désolé "vous savez moi, je ne sais rien, j'suis jamais au courant de rien !". Dans le foin, le visage de Jeanine était devenu sublime, près d'elle un homme mort respirait, la bouche déformée, fixée dans une grimace affreuse. Quand le medecin fût reparti, le frère alla avec un petit sourire en coin jusqu'au robinet de la cuisine, il vit par la fenêtre, passer l'épouse de Louis dans sa nuisette en tulle. C'est vrai qu'elle avait belle allure ! il remonta sa grosse culotte de velours d'un air très satisfait, fît un clin d'oeil complice au portrait du Seigneur qui trônait dans un cadre au dessus du buffet puis se lava les mains longtemps.

CATALEPSIE.

Photo 1 : Judas bois polychromé, détail art lorrain du XVem siècle.

Photo 2 :  Reproduction d'un Christ couronné d'épines. Art lorrain, début du XVI em siècle tiré d'un catalogue ancien sur le "Nouveau musée de Metz". Archives personnelles. ©Frb.

mercredi, 09 juin 2010

Une semaine de catas (thema Part III)

Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ?

PAUL VALERY : Extrait de la "Petite lettre sur les mythes", publiée dans la NRF en Janvier 1929, puis réunie avec d'autres textes dans le recueil "Variété II" aux Editions Gallimard 1998.

Pour accéder à la couleur vous pouvez cliquer sur l'image.IMG_0010.JPG
Mercredi.

J'ajuste sur les bans de sable, la lune et ces désemparés qui gardent au delà des récifs, le temps à l'échelle cosmique et ces phares qui n'invitent à rien. J'oublie les vagues brûlant la trêve, et les digues que ce corps enroule dans le bel azur usagé. Je mesure le rectangle blanc, le nuage d'une vierge inique et le désenchantement de tout. J'accroche un oeil à la paterne, je cherche un vieux pêcheur de perles, le grandgousier, poisson lanterne, qu'on appelle encore "anguille abyssale". Des poissons-papillons sèchent juste au milieu du pont. J'apprivoise le corail comme s'il était l' animal ami, servant à l'apaisement d'un ennui qui vient sûrement au cours de longs mois de voyage. Je capitonne le souterrain, l'éclaboussure habituelle m'envoie une vapeur légère. Un halo de lumière convoque une fois encore les sédiments. Sous ce multicoque avenant il se passe de curieuses choses qui vont toujours en avalanche. Je partage l'effacement pour ne pas savoir ce qui coule, culbutant le compte à rebours, prise au piège des organismes fantastiques et multicellulaires. Je comprends le vert et le rouge et le violet couleur de fastes toutes les mollesses baladeuses et les stratus à formes de jonques. Je collectionne les poissons rouges et les têtes de barracudas qui dévorent entre elles leurs grimaces, je comprends le vert et le rouge, et le violet couleur de farce. Le soleil plombe ma voilure. Je deviens presque insubmersible. L'océan ne donne sur rien. L'eau est folle et le vent est doux, le fond geint de bestioles cachées. Je garde la tête dans mes mains face à l'oeil fou qui m'atomise. L'avantage revient aux vestiges à cet endroit presque infini où le geste a mêlé l'eau de source au sel. Je vide mon sac dans les embruns. Je me détourne de la matière pour flotter entre les pigments. Partir me prend, au large et le plus loin possible, jusqu'à ce que le ciel et l'eau fondent. A la tempe me pousse une cible; aux oreilles des anneaux de gym, je tombe du haut du Lloyd's building comme sur le pelage d'une hermine, je tente le musc, les senteurs d'ajoncs. Les flots de l'océan indien, me trouvent. Au pays des cholas, j'ai dû rêver longtemps à demie-endormie sur les flots, à ne plus savoir s'il est vrai ou faux que ces ports sont à ce point artificiels : Chennai (ex Madras), Cuddalore, et Pondichery (ou Pondycherry ou comme on dit en abrégé "Pondy"). J'y passerai des jours à tisser le coton. En attendant j'astique mon multicoque avec amour. Rendez vous sur l'île d'or... Où Monsieur William m'attend pour un autre voyage toujours autour du monde, mais cette fois à l'envers. Le vent monte crescendo, le capitaine ne parle pas ; et pour faire passer les secondes au moins jusqu'à demain matin, je fais et redéfais des boucles. J'apprends et réapprends sans cesse la confection du noeud Zeppelin...

Catamaran.

http://www.youtube.com/watch?v=J_G9RRY7SS0

Photo : Ceci n'est pas un catamaran. Peut être n'est ce que le faux semblant du port d'attache de notre cata 1 ? Ou un catamaran parti ? (un catapamaran ?). Photographié la nuit sur les berges de la Saône, à la face de Saint Georges (qui travaille à la terre) pendant que nous flottons. Lyon. Juin 2010.© Frb.

mardi, 08 juin 2010

Une semaine de catas (thema Part IV)

Beaucoup de gens, peu d'idées, et comment faire pour nous différencier les uns des autres ?


MILAN KUNDERA, "L'immortalité", Editions Gallimard 1993.


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Jeudi.


Petit déjeuner. Cuisson. Ustensiles de cuisine. Aide culinaire. Soin du linge. Entretien des sols. Confort de la maison. Beauté femme. Beauté homme. Bien être. Famille. Lave linge. Sèche linge. Lave vaisselle Micro-onde. Four encastrable. Cuisinière. Plaque de cuisson. Hotte. Réfrigérateur. Congélateur. Cave à vin. Barbecue. Woody Camping Gaz. Clavier musical. Disney Princesses. Portes de service. Batterie à partir de 54,50 € du 31 mai au 10 juillet offre exceptionnelle 20 % sur les échappements et catalyseurs. Auvents. Fenêtres de toit. Fenêtres et portefenêtres. Films pour vitrage. Moustiquaires. Portes d'entrée. Maillots de bain. Portes de garage. Raccords pour fenêtres de toit. Robe tunique rayée + ceinture fille du 6 au 14 ans jusqu'à - 30 % depuis 6,99 €. Stores de terrasse. Stores pour fenêtres de toit. Vérandas. Volets. Motif en strass. Plaquette de strass. Kits et accessoires. Autres sous-vêtements. Alarmes autonomes. Mini-alarmes. Soutien gorges. minceur. Cylindres de serrure. Entrebailleurs. Portes blindées. Serrures. Serrures multipoints. Targettes et petits verrous. Verrous. Vidéosurveillance. Lambris et revêtements décoratifs. Parquets. Planchers. Séjour gourmand. Slips. Strings. Boxers. Mini souris optique filaire Compact 500. Maillot 1 pièce "Aventure". Robe "esprit" fille du 2 au 11 ans. Lot de 4 sets de table bicolores. Salon et Salle à Manger. Nappe. Linge de table. Affiches et posters. Antiquités. Sabots. Sandales. Espadrilles cuir. Fournitures. Photographie. Reproductions. Oreiller ergonomique anti acariens. mules Birkenstock au dessus synthétique. Cache-sommier à nouettes et poches, super déco en toile 80% coton, 20% polyester, décliné dans des coloris très tendance. Pantacourt toile stretch.Yaourtière automatique. Tondeuse Bikini Femme Fatale hot 111E. Parasol chauffant à gaz. Sèche-cheveux "Shinetherapy" D444. Barbecue gaz australien 2 brûleurs. Écharpe polaire (3 coloris, bien chaude et toute douce). Le string dentelle et tulle plumetis 75% polyamide, 14% élasthanne, 11% coton. Table de cuisson gaz FGL641IT. Store enrouleur concept easy (facile à poser). Ceinture électrostimulation pour homme Flex. Tunique version imprimée ou version unie (La tunique... on aime son côté bucolique ! jersey 100 % viscose). Mini cave à vin de mise en température. Slip fantaisie en maille confort et douceur. Bande cache-sommier en jersey traité anti-acariens. Cravate pure soie longueur 150 cm. Chapiteau de réception, long. 8 m. Kit beauté des pieds. Protège-matelas molleton stretch. Téléphone répondeur. Sèche-cheveux Salon Dry Pro AC lite HP. Drap de bain 500 g/m², 3 coloris. Socquettes bambou lot de 2 paires, coloris assortis. Coupe-bordure à lame. Mocassins style joggers. Support pour accessoires d'entretien. Armoire triple pour salle de bain. Maillot replica coupe du Monde de foot 2010. Casquette 35 % laine. Piscine autoportante diamètre 3,05 m. Rehausse en pin massif. Escarpins petit talon découpes fantaisie. Machine à pain. Table octogonale pliante eucalyptus. Culotte minceur. Pantacourt paréo boule en voile pur coton, entrejambe 62 cm. Matelas gonflable compact et léger. Collants spécial fatigue 40 deniers. Rasoir Arcitec Serie 1000 RQ1085. Store bateau tamisant petite largeur. Baskets joggers aspect froissé. Débardeur fines bretelles. Poubelle en métal 2 modèles, 2 coloris. String tulle et dentelle. Mini lave vaisselle. Dérouleur 3 en 1. Porte-balais. Mini-étagère extensible. Legging stretch chiné longueur chevilles. Bain de soleil à roulettes. Panier porte-bûches en saule tressé grisé. Crochets sans clou ni vis. (lot de 2.). Poubelle à ouverture automatique. Toutes les bonnes affaires...

 

Catalogue.


http://fr.calameo.com/read/000230544f6cb5deaac63


Photo : La mer (et autres produits dérivés). Lyon. Juin 2010. © Frb.

lundi, 07 juin 2010

Une semaine de catas (thema Part V)

Quand une jeune fille se met une fleur dans les cheveux, quand une plaisanterie surgit au cours d'une conversation, quand nous nous perdons dans le clair-obscur d'un crépuscule, tout cela n'est-il pas de l'art ?

WITOLD GOMBROWICZ in Ferdydurke (1937). Editions Gallimard 1998.

lost control 2.pngVendredi.

Ce fut comme une sensation de brouillard. Il ne voyait plus les gens venir. Il savait que le cristallin était le grand responsable. Une fenêtre givrée tout à la place des yeux, il se rendit à l'hôpital, en croisa deux cent mille comme lui errant tous dans le même brouillard. Le chirurgien posait tranquillement des lentilles. Quatre cent mille lentilles, quatre cent mille noyaux de cristallins patiemment remplacés. Ceux ci étaient aspirés en quelques minutes par une petite sonde qui introduite dans le globe oculaire, produisait  des ultrasons. Les ultrasons se désagrègeaient, soufflaient une parti du cristallin, il ne restait alors plus qu'à glisser l'implant souple. Le soir même chacun rentra chez soi et dès le samedi matin, toute chose reprit son cours ordinaire, un monde redevenu clair mais pas comme de l'eau de source. Assis sous un néon, il ouvrit un petit livre de GAËTAN GATIAN DE CLERAMBAULT, psychiatre, ethnographe, photographe, né en Juillet 1872 à Bourges et mort à Malakoff le 17 Novembre 1934. Ce jour là, GAËTAN GATIAN DE CLERAMBAULT mit curieusement en scène sa propre mort. Il se suicida par arme à feu, assis dans un fauteuil face à un grand miroir entouré de mannequins de cire qui lui servaient pour ses études de drapé. Grand visuel, GAËTAN GATIAN DE CLERAMBAULT souffrait d'une maladie des yeux.

Cataracte.

http://www.memoclic.com/4-1099-1024x768/fond-ecran-flou-a...

(A suivre...)

Photo : L'oeil de C.J. fouillant dans les carnets d'artiste jusqu'à ce que la nuit les referme. (Image: a tribute to I.C.). Juin 2010.