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lundi, 16 août 2010

Fin d'été

Jeux trop mûrs, mais bouche ingénue;
Œillet blanc, d'azur trop veiné;
Oh ! oui, rien qu'un rêve mort-né,
Car, défunte elle est devenue.

JULES LAFORGUE, extr. "Complainte de la bonne défunte" in "Complaintes".

rousses.JPG

J'ai perdu le centre du monde, des secondes infinies qui peut-être n'ont pas d'importance. J'ai perdu le contentement, celui de la lady, ou celui de l'ami. J'ai perdu le consentement, perdue l'oeuvre, la sainte impatience. Des années-lumières d'une étoile se crashent sur un brise-lame. J'ai perdu le goût ordinaire d'aller chercher le journal en souriant. Ma parole réinjecte ses boucles et les mêle au bruit blanc. J'ai perdu la musique, le chant, quelques balbutiements obsédés d'un trésor, aujourd'hui introuvable. J'ai perdu l'accolade. J'ai perdu la croyance. Nos singularités liées ailleurs sur les notes chahutées d'animaux glissent sous les aromates, jusqu'à ces nuits passées dans l'ombre après qu'un décret aussi froid qu'insensé ait avancé la fin des mondes.

Hier un camion est passé ramasser toutes les saloperies qui trainaient sous les arbres et l'ombre de quelques branches encore abondamment feuillues, on cherche en vain deux ou trois éphélides, deux, trois allumettes à craquer, juste histoire de roussir les pages avant de les brûler. Tant de choses perdues, tant de peines. Tant et plus. Et ce n'est qu'un début...

 

 

 

 

Photo : Le début de l'Automne ou la fin de l'été. Premières rousses. Sitôt apparues, et déjà destinées à une bouche pas très ingénue. Photographiées ici et là, juste à deux pas des oubliettes du bourg de G. (c'est le nom du village, et ça, je le garde au secret). Nabirosina. Aôut 2010.© Frb.

samedi, 14 août 2010

Crève-coeur

Ah ! jusqu'à ce que la nature soit bien bonne, - Moi je veux vivre monotone.

JULES LAFORGUE, extr. "Complainte d'un certain dimanche" in "Complaintes" (1885).

La musique est toujours dans les fleurs, il suffit de cliquer sur l'imagehortensia.JPG...

Le besoin de beauté nous aura transformés en monstres chagrinés. Nous agitons nos parchemins dans la brume, petits pieds, petites têtes, le flou de l'écrivain, les volutes du poète, une cuillère pour Verlaine, une cuillère pour Virgile. Nous sommes très bucoliques dans nos chemises à fleurs avec nos pâleurs émouvantes, ce léger rose qui monte aux joues quand certains mots sont prononcés devant nous, des mots comme "toison", "écume", "harangue" ou les vers du vieux Paul : "Quand les feuilles éparses tremblent commencent à fuir". C'est la fin de l'été. Cette nuit l'orage a tout cassé. Il n'y a plus de jardin. Le domaine est en ruine et je pleure à genoux sur les cendres de mon chien. C'est la fin de l'été, le commencement de rien.

Photo : L'hortensia (du brocanteur de mon village), un peu rompu par un orage de fin d'été. (pas le brocanteur, l'hortensia !). Photo prise le lendemain. Nabirosina. Août 2010. © Frb.