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samedi, 04 juillet 2009

Des attraits

"Mademoiselle Ferrand (1) sentit la nécessité de considérer séparément nos sens, de distinguer avec précision les idées que nous devons à chacun d'eux, et d'observer avec quels progrès ils s'instruisent, et comment ils se prêtent des secours mutuels".

ETIENNE BONNOT DE CONDILLAC. (1714-1780) Extr de "Allégorie de la statue" in "Traité des sensations" (1754).

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Il fait à Lyon, presque 35°, (malgré ce jour antidaté, il fait presque toujours + de 35° à Lyon, l'été). Les jeunes filles (et les vieilles aussi ! ah ça !) vont se rafraîchir au jardin, doucement elles longent les arcades, où les statues en petites tenues (voire sans tenue du tout) tentent toujours (avec l'énergie du désespoir de la statue) d'attirer le regard des passants, des passantes surtout et à défaut d'amour, d'affection, elles espèrent, (comme si une statue espérait), être vues et que peut être ailleurs, on parle d'elles. (Là, je me fais l'impression de ces gens qui sans vergogne mettent des manteaux à leurs teckels et font parler leur chat à la première personne du singulier, mais les statues c'est pire que les animaux, quand ça vous regarde c'est froid et pourtant ça vous regarde), foin de poncifs. C'est pourquoi il a très bien fait CONDILLAC d'imaginer une statue qui serait admettons, organisée à l'intérieur tout comme nous et même mieux qui sait ? ... C'est donc ainsi, amollie, par le souffle suave, (Hozan, ne lisez pas ! :) de mon contemporain, recherchant son point d'eau, son bol d'air, dans cette chaleur crasse, ainsi qu'en promenade avec Mademoiselle Ferrand (1) (Une grande amie d'Etienne), nous cherchions, nous aussi notre coin: des balancelles, une pergola, ou simplement l'ombre au jardin du palais St Pierre, en quête d'un brin de fraîcheur pour manger nos bichons au citron de chez la mère Machin qui en fait des bien bons par la rue Ferrandière. Tandis que Melle Ferrand me parlait de la vie, de la mort, de la paix, de la guerre, tandis je rêvais de frimas, de brouillards et d'abominable homme des neiges, au moment où lassée par tous les boniments de Melle Ferrand (elle est gentille mais quelle pipelette!) ; excédée et levant les yeux vers le ciel ; je croisais, (comme pour me faire ma fête), le regard lubrique et le geste cru d'une statue aussi fanfaronne que muette... "Oh my god!" hurla melle Ferrand outragée qui se sauva en courant, laissant choir son bichon dans l'herbe. "A t-on déjà vu chose pareille ?" murmurai je, toute tourneboulée par l'outrecuidance du goujat qui me dévisageai hardiment sans pourtant battre des paupières.

Mais peut-être s'agit il de tout autre chose ? Car ici la chaleur rongeant notre surmoi (si féroce, d'ordinaire), il ne reste plus que les affres (de la chair ! quelle horreur !), et les élans de l'âme ne parviennent plus à se hisser au dessus de la ceinture. Mais, est-ce inconvenant ? Ne dit-on pas que les statues ont aussi leur métamorphose ?... D'ailleurs me vient une toute autre question, comment dit-on "statue" au masculin ?

Sur ce, amis lecteurs, je vous laisse avec la question. J'avais prévu de vous raconter l'histoire de "dindonne et dindon", mais l'esprit vaque ailleurs (vacailleur ?) en ces lourdes chaleurs je retourne à l'Adam de Rodin qui attend de pied ferme son couple (déjà !) mythique (Monsieur Solko au bras de Mademoiselle Camay, pour la bonne cause évidemment, n'allez pas croire...) armés de gants de toilette, de serviettes parfumées pour faire mousser la pomme de l'Adam de Rodin, sous "la savonnette de juillet".

Photo : Une statue pas comme les autres. Une statue un petit peu "marseillaise" dirait-on. Photographiée en mangeant mon bichon, Sous les arbres au jardin du musée St Pierre. Pour connaître la suite, (le futur) il suffit de caresser l'image.

 

Lyon © Frb 2009

vendredi, 03 juillet 2009

Les grands royaumes

Mon joug est suave,
ma charge est légère
Et la saison nouvelle
Fera bientôt les nobles coeurs
Elus pour le joug de l’Amour

D'après HADEWIJCH D'ANVERS. "Ecrits mystiques des Béguines". Editions du Seuil 1954.

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"Mon joug est suave, ma charge est légère" nous dit l'Amant (...)

Quel est donc ce fardeau léger, ce joug que l'on nomme suave ?

C’est la charge que nous confie
Au plus secret le pur Amour
Des volontés ne faisant qu’une
Et joignant à jamais les êtres.
Tout ce que puise le désir,
L’Amour le boit, et ne s’apaise.
Amour exige de l’Amour
Plus que l’esprit ne peut saisir"

 

Guillaume de MACHAUT "Tous corps / de souspirant / suspiro

podcast

 

Photo : "L'Adam de RODIN" vu sous les arbres du petit jardin du Musée des Beaux-Arts de Lyon. Photographié en Juillet 2009. © Frb

mardi, 24 mars 2009

De la locomotion des arbres...

"Brusquement il se leva, s'avançant en oscillant comme un arbre que le vent fouette."

"Lectures pour tous" (extr.) Janvier 1908 in "Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement" par G. BETCHEL et J.C. CARRIERE. Editions Robert Laffont 1981.

mobil.JPGNul ne saurait arrêter les arbres, quand, ils s'élancent dans le vent aux premiers jours du printemps...

A t-on jamais vu chose pareille ?

Des arbres à la démarche fière, venus de la forêt Morand traversant la place des Terreaux, montant les escaliers du palais St Pierre, pour faire une halte au jardin, le temps d'un merengue avec la statue de Rodin. Avant de repartir, en file indienne, oscillant tous d'un même pas jusqu'au café des voyageurs où ils gouteront enfin un repos bien mérité.

Photo : De la locomotion des arbres au jardin du musée St Pierre. (Preuve par l'image). Vus à Lyon, un jour de mars

 

Lyon © Frb 2009

mercredi, 11 mars 2009

Comme un mercredi qui te dit cent fois...

"Cette intelligence qui rôde dans les chemins du Ciel
Te dit cent fois par jour :
"A cette minute même, comprends donc
Que tu n'es point
Comme ces herbes qui reverdissent après
avoir été cueillies."

OMAR KHAYYAM  extr. "Quatrains". XLIX. Editions Mille et une nuits. 1995.

dame.JPG

OMAR KHAYYAM (avec un accent sur le deuxième A, que mon clavier occidental n'a pas ;-) est né à Nichapour en Perse en 1048, on ne connaît qu'approximativement les dates et évènements de sa vie. Le nom complet du poète est OMAR IBEN IBRAHIM EL-KHAIAMI qui signifie OMAR fils d'ABRAHAM, fabricant (vendeur) de tentes. La coutume en Orient voulant que les poètes se donnent un surnom, OMAR opta pour celui qui indiquait la profession de son père et la sienne: KHAYYAM. Si l'Occident l'aborde en tant que poète, l'Orient pendant longtemps le découvrît comme savant. Dès 1074, il se fît connaître comme mathématicien, auteur d'un traité d'algèbre qui fût publié et traduit en français en 1851. Il fût également géométre, auteur d'un traité de physique sur le poids spécifique des métaux précieux; et astronome appelé par le sultan qui le chargea de la réforme du calendrier persan. Enfin, il laissa deux ouvrages de métaphysiques sur "L'existence" et sur "L'être et la capacité légale" avec des thèmes de réflexion que l'on retrouve dans les "quatrains". Plus tard, sa renommée poétique s'imposa dans tout l'Orient, ses poèmes, pessimistes, sceptiques et souvent blasphématoires circulèrent mais discrètement dans tout l'Orient car les autorités islamiques réprimaient la libre pensée. Les "Quatrains" pour bon nombre d'entre eux, furent inventés dans des moments privilégiés, où KHAYYAM (entourés d'amis qui cherchaient l'extase dans la contemplation avec lui); organisait sur la terrasse de sa maison, des soirées amicales agrémentées de vin à volonté de musiques et de danses pendant lesquelles il proclamait à ses convives ses derniers vers. Préférant les plaisirs de l'éphémère aux dogmes dictés "vérités suprêmes", OMAR KHAYYAM symbolise la liberté absolue honnie tant par le religieux que par le politique. Il fascina beaucoup d'artistes dont Marguerite YOURCENAR qui finalement choisit (entre lui et Hadrien), d'écrire une biographie d'Hadrien, manquant de temps pour se consacrer à KHAYYAM. Le poète est aussi évoqué  par AMIN MAALOUF dans le roman "Samarcande"; mais ce sont surtout les artistes du XIXem siècle (versés dans l'orientalisme) qui contribuèrent à mieux le faire connaître en le citant comme référence. Théophile GAUTIER dans un article paru dans "le moniteur universel" en 1867  écrivit : "On est étonné de cette liberté absolue d'esprit, que les plus hauts penseurs modernes égalent à peine, à une époque où la crédulité la plus superstitieuse régnait en Europe... "

Eléments d'une biographie d'Omar KHAYYAM ICI : http://www.bibmath.net/bios/index.php3?action=affiche&...

+ un retour sur les "Quatrains" à découvrir chez "VASTE BLOGUE" (le bien nommé) dans une traduction( ô combien !) différente toute en subtilités. Retour et détours (pour l'Amour de KHAYYAM ;-) infiniment recommandés par la maison :

http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...

http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...

http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...

http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...

http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...

Photo 1 : La Dame n'est point comme ces herbes qui reverdissent après. Elle qui se meurt encore et toujours sous son cadre au palais, avec son bout de nez cassé et sa petite couette rebelle dont se moque bien l'Eternité autant que les buveurs de vin du "Moulin" d'à côté...

(pour voir sous une autre lumière cliquez sur cette image )

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Photo 2 : Vivre ou mourir sous les arcades ? Deux temps. Deux mouvements. Ou peut-être un instant pour vivre et mourir en même temps. Aperçu d'une promenade au Musée St Pierre, place des Terreaux à Lyon en février 2009. © Frb.

vendredi, 13 février 2009

Jardin d'hiver

amants.jpgLes amants délaissés errent au jardin d'hiver. Au moins trois... (Pardon, monsieur ;-) Loin des breloques hideuses de la Saint Valentin.

Photo: Les jardins du musée St Pierre sont en plein coeur de Lyon, juste au niveau de la place des Terreaux, pas loin de la fontaine, du crédit agricole, et des fastes prestigieux (?) de l'Hotel de ville. Visités, ce vendredi 13 février 2009. © Frb

Amours perdus

arcades.jpgRetourner sur les lieux. Et retrouver la dame. Marcher sous les arcades, où jadis il l'avait laissée. Juste un baiser, à peine... Rien de très grave. Mais la dame avait refusé. Il avait insisté, frôlant les plis discrets. Essayer de lever un voile... Il s'était laissé emporter, de l'empressement. Une fringale. Peut-être une brutalité ? Et toujours plus cruel, le refus de la dame. Alors il lui avait demandé pardon, le visage enfoui dans ses cheveux, elle avait un joli chignon et quelque boucles, dont il respira très longtemps le doux parfum d'ylang ylang. Puis, il était parti, la laissant là, comme de marbre, se jurant pour toujours qu'il ne reviendrait plus...

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mardi, 03 février 2009

Les doux émois de la dame de pierre ( ou de Paul )

J'ai rêvé de toi cette nuit :
Tu te pâmais en mille poses
Et roucoulais des tas de choses...

Et moi, comme on savoure un fruit
Je te baisais à bouche pleine
Un peu partout, mont, val ou plaine.

J'étais d'une élasticité,
D'un ressort vraiment admirable :
Tudieu,  quelle haleine, quel râble !

PAUL VERLAINE

Extr. de "Chansons pour elle" (XXII)  et "autres poèmes érotiques". Editions Gallimard 1962 et 2002

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J'ai croisé Paul VERLAINE, l'autre soir dans les jardins du musée St Pierre, il était face à elle, comme tous les soirs à la même heure, assis sur un des bancs, les yeux fermés...

Et jamais je ne vis une statue si lascivement offerte à un homme endormi...

Photo : Belle dame, (victorieusement) amollie par la nuit, vue au jardin du musée St Pierre, dans le quartier des Terreaux à Lyon, un mardi de février 2009. © Frb