mardi, 18 novembre 2008
voltigeur au rameau
"Je songeais ce matin que j'étais à l'entrée
Du beau verger d'Amour et qu'un désir ardent
me fit entrer au fond où j'allais regardant
cent arbres inconnus en toute autre contrée
Entre autres un rameau d'un fruit d'or se bravait;
tel que l'Hespérien ainsi qu'on dit avait.
Soudain pour le cueillir dessus l'arbre je monte.
Mais une branche alors se rompit dessous moi;
tellement qu'accroché à l'arbre en grand émoi
je béais à ce fruit avecque peine et honte"
Jean GODARD (1564- 1630). Extr: "Anthologie de la poésie amoureuse de l'âge baroque" (1570-1640).
Jean GODARD est un poète satirique et heroïque, auteur dramatique, linguiste et grammairien ("La langue françoise 1620), Jean GODARD, parisien , a laissé outre des "Mélanges", de belles poésies amoureuses: ("Les prémioces de la flore" 1587), et "La Lucresse ou les secondes Amours" dans "oeuves, 1594), influencé par RONSARD, il aime comme lui, les scènes familières, les glissades sur la Seine gelée, une sieste où la belle dévoile quelques charmes CLICK, et il reprend de nombreux thèmes du lyrisme "mignard", mais sa préciosité est toujours tempérée par un léger humour. Ainsi corrige-t-il la mignardise de thème folâtre par une très discrète ouverture aux thèmes baroques. Les métamorphoses, les songes érotiques et leurs images mouvantes, les déguisements qui troublent l'identité sexuelle CLICK , les jeux de reflets et d'échos. Jean GODARD se contente de dire en sourdine, sans jamais hausser le ton, la terreur que suscite parfois Eros et le délicieux rêve de mutilation qui le hante.
Source: "Anthologie de la poésie Amoureuse et baroque " et notes de Gisèle MATHIEU-CASTELLANI. Librairie générale française 1990
Photo: Un peu plus qu'un rameau de feuilles pourpres dans le jardin, qui conduit en haut de l'esplanade à deux pas du plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Novembre 2008 ©
22:50 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, Mémoire collective | Lien permanent
Ici, les plus frêles des feuilles miennes
"Ici les plus frêles des feuilles miennes et toutefois mes
plus vivaces,
Ici j'ombrage et cache mes pensées, je ne les expose pas en
moi même
Et voici qu'elles m'exposent plus que tous mes autres
poèmes"
WALT WHITMAN (1819- 1892): Extr. "Feuilles d'herbe" - Poèmes - Editions Gallimard 1918.
Walt WHITMAN, fût hélas incompris en son temps, ses détracteurs dirent de lui qu'il n'était pas poète et ses premiers admirateurs répliquèrent: "WHITMAN n'est pas un artiste, il est au dessus de l'art". C'est du côté de cette dernière définition que nous nous rangerons sans réserve (s'il est possible de se ranger) ...
Une spéciale dédicace à Marc et gmc, qui ont tous deux ouvert le livre, et indiciblement suggéré ce billet.
Photo: Pentes de la Croix Rousse à Lyon, en remontant par les jardins presqu'en haut de l'esplanade. "Feuilles nôtres" de novembre 2008 ©.
21:15 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
jeudi, 13 novembre 2008
Un léger différé...
"Un matin, le vizir de Bagdad heurte dans un marché une femme au visage blafard. Ils ont tous deux un mouvement de surprise. Le vizir sait qu’il a rencontré la Mort. Affolé, il accourt au palais et supplie le grand calife :" Puisque la mort me cherche ici, lui dit-il, permets-moi, Seigneur, de me cacher à Samarcande. En me hâtant, j’y serai à la tombée de la nuit !" Sur quoi, il selle son cheval et file au grand galop.
Plus tard dans la journée, le calife rencontre lui aussi la Mort. "Pourquoi, lui demande-t-il, as-tu effrayé mon vizir, qui est si jeune et bien portant ?" "Je n’ai pas voulu lui faire peur, répond-elle. J’étais juste surprise de le voir ce matin à Bagdad, car j’ai rendez-vous avec lui, ce soir, à Samarcande."
Fable orientale rapportée par Clément ROSSET in psychologies " Rencontre avec le philosophe Clément ROSSET". Lien utile ICI
"C'est écrit dans le ciel "comme le chantait le philosophe Bob Azzam DEMO ICI.
Photo : Ciel du 13/11/ 2008 vu d'une fenêtre, de trois étages au plus tôt du petit matin ©.
02:48 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 04 novembre 2008
Une barque et puis rien...
Les crépuscules, près du lac en novembre ressemblent aux petits matins d'avril ou mai, ils ont des pastels mauves glissés de gris moucheté, des calmes presque nocturnes. C'est l'heure des premières séances en soirée, au cinéma on joue le nouveau Bond... C'est l'heure, où les terrasses sont pleines, malgré le froid. Des gens se donnent rendez-vous sur les places, juste après le travail, juste pour rien, fumer dehors et se distraire. Ils réservent au restaurant, ils vont au palais de la bière, même s'il n'a plus les fastes d'antan, on peut y boire la gueuse cerise, la blanche de Bruges. ils vont au bruit des tamponneuses, ils vont à la vogue aux marrons tirer des nounours géants. Ils vont au menu à moins de 30 euros dans les "couscous" de la Guille, ils vont sur les quais en tenue claire faire du jogging ...Le parc ferme très tôt aux heures d'hiver, on ne peut même pas en faire le tour (quatre kilomètres au moins) parce que la nuit tombe vite. Impossible de louer une barque. Impossible, ce n'est pas de nous. Nous embarquons quand même. A deux, chacun en contrepoids on ne rame pas, on laisse. On se laisse porter... Pour passer le temps, je prends un livre, édité en 1730 qui malgré l'anonymat de façade, serait signé Louis COQUELET. Le livre s'appelle "Eloge de Rien"...
13:04 Publié dans Balades, Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
Déjeûner en paix...
Un mardi de novembre, juste au lever du jour, sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon... Escaliers, esplanades et feuilles d'automne sous le ciel un peu rose. Avec les heures d'hiver, l'aube après la pluie prend les couleurs des crépuscules du mois de mai, et la ville fond sur nous, comme un loukoum géant...
07:53 Publié dans Balades, Ciels, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
jeudi, 30 octobre 2008
Contre les poètes
En 1947 W. GOMBROWICZ se demande dans un texte curieux intitulé "Contre les poètes" si la poésie n'est pas, au fond, qu'une vaste supercherie. "La messe poétique a lieu dans le vide le plus complet" note-t-il. Il faut dire que W.GOMBROWICZ ne considère pas la littérature comme un refuge ou une rédemption. Pour lui la vie est une bagarre. Ses romans ne se considèrent pas au dessus de la bagarre. Ses personnages sont sur le ring. W. GOMBROWICZ refuse le "sérieux", paradoxalement son refus du sérieux n'aboutit pas à la légereté, n'aboutit pas à la négation de la douleur, ni de la souffrance. Le corps, le geste ont une importance majeure dans son oeuvre. Le corps est pour lui matière malléable: une pâte. Pour en revenir à nos poètes, W. GOMBROWICZ accepte alors l'idée que la messe poétique ait lieu dans le vide le plus complet. Ce "contre les poètes" d'abord paru dans la revue Kultura puis repris à la fin du tome I de son journal énonce la chose ainsi : " Ce qui lasse dans la poésie pure, c'est l'excès de poésie, oui, la pléthore de paroles poétiques, de métaphores, de sublimation -bref l'excès de condensation qui épurent ces textes de tout élément anti-poétique et dont l'accumulation fait finalement ressembler le poème à un produit chimique". C'est gonflé, mais il s'agit de ne pas oublier que c'est au nom d'une conception exigeante de la poésie comme l'écrit Constantin JELENSKI dans une lettre à son ami datée de 1959 et "contre les non-poètes faisant de la versification" que W.GOMBROWICZ s'emporte. Il défend une poésie qui saurait au contraire réconcilier la forme et les idées trop souvent délaissées par les artistes qui unirait le matériau brut fournit par la vie et l'exigence de la pensée. C'est déjà la grande affaire de ses romans " Ferdydurke" (le premier), "la pornographie", et l'impressionnant "Cosmos", ses pièces de théâtre vont aussi dans ce sens réconciliant l'allégorie et l'existence de l'homme concret. Il s'agit pour l'Homme de se former au contact avec d'autres Hommes . Ainsi l'ancien mode de fonctionnalité du monde "chacun sa place, chacun son rôle" est profondément subverti chez W. GOMBROWICZ. L'autorité divines et paternelles sonnent dans le vide et tournent à l'impuissance. Si tout sonne faux, si tout bégaye; c'est bien qu'il faut réinventer le langage; plonger les mots en cet état d'indistinction, de vide même -Ou de vide rationnel- comme les formules de ces rites anciens, les paroles qui servent à faire tomber la pluie...
Et la musique est par ICI
05:13 Publié dans A tribute to, Ciels, De visu | Lien permanent
mercredi, 29 octobre 2008
voile gris sur le paysage
Le gris n'est pas une couleur mais une valeur d'intensité. Le gris en occident est associé symboliquement à la tristesse,la solitude,le désarroi. Peut être parce que le gris rappelle la poussière qui recouvre les choses, couleur terne mi noire, mi blanc, couleur de la détérioration et de tout ce qui stagne. En Orient, dans l'hindouisme, au contraire, la couleur grise est considérée comme sacrée, comme un équivalent de la couleur argentée, elle rappelle l'encens qui s'élève vers le ciel et emporte en sa fumée les prières des Hommes...
Photo: Ciel du 29/10/2008 en fin d'après-midi à Lyon.
Autre nuance de gris sur le même paysage mais vu d'un peu plus loin ICI
16:14 Publié dans Balades, Ciels, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 21 octobre 2008
Révérence...
08:02 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, De la musique avant toute chose, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 19 octobre 2008
Comme un dimanche au bord de l'eau...
Octobre doux été indien. Nous changeons de rive, à droite les quais, le quartier de St Paul, St Jean. A gauche, le quai St Antoine avec ses bouquinistes le dimanche après midi, où les badauds feuillettent en dilettante de vieux livres rares ou des poches à bas prix. Sur le trottoire en face les boutiques dont une librairie qu'on aime bien: "A plus d'un titre", le bistro de la pêcherie qui a dû changer de nom mais tout le monde dit "La pêcherie". Plus loin, la rue de la Platière, ses magasins voués aux beaux arts. Et droit devant, les couleurs tendres, la ville qui s'étend entre les flots tranquilles de la Saône (un fleuve que je ne vous ai jamais montré ici) et la pâleur du ciel. Des nuages filent en transparence, passant du blanc au gris. Une idée de dimanche idéal ...
07:27 Publié dans Balades, Certains jours ..., Ciels, Mémoire collective | Lien permanent
L'art de l'ornement
Entre le lac et les espaces réservés aux promeneurs il y l'arbre...
Photo prise en fin d'après midi juste avant le coucher du soleil, au Parc de la tête d'Or à Lyon. Octobre 2008.
03:47 Publié dans Balades, Ciels, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 12 octobre 2008
Comme un dimanche
Juste au dessus des ruines gallo-romaines côté pentes, près du jardin des plantes, une vue partielle de Lyon, un dimanche au lever du jour. A cette heure où les rues sont encore vides, il est un temps où le silence prend un instant l'espace entre deux mouvements, l'un passé l'autre à venir, quand la ville immobile ressemble à un décor de théâtre un peu ancien...
12:25 Publié dans Balades, Certains jours ..., Ciels, De visu, Le vieux Monde | Lien permanent
mardi, 30 septembre 2008
Sieste
06:10 Publié dans Balades, Ciels | Lien permanent
samedi, 27 septembre 2008
Plus hauts les coeurs !
"Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit."
RENE CHAR (1907-1988) : "J'habite une douleur"/ Extr : "Le poème pulvérisé" (1945-1947)
Dédié à l'écrivain Louise BOUDONNAT qui fût la première à me présenter René CHAR, et à Léopold REVISTA dont le blog d'un "citoyen du monde" CLICK se lit jour après jour sous la très belle augure de René CHAR ...
23:45 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
Tremblement de ciel...
22:48 Publié dans Balades, Ciels | Lien permanent
Cheminer ...
Hélas mon objectif, et l'oeil n'étaient pas assez performants pour englober toutes les cheminées qui se trouvaient sur cette minuscule maison vue en descendant un chemin pentu, pas très loin du jardin des plantes à Lyon. Mais en contemplant ces cheminées, sous ce ciel d'un bleu chauffé au feu d'automne me vint ce mot étrange jurant un peu avec la volupté du paysage, c'est le mot "consomption"... Et je surpris en même temps une conversation, c'était celle de deux oiseaux migrateurs préparant leur voyage, et se posant un peu après, là haut. L'un demandant à l'autre :"-Avez vous vu mon arbre ? On y serait bien mieux que sur ces grands tuyaux" et l'autre, plus savant ( un érudit du genre Solko ) lui répondant : "-mon cher, vous savez, de nos jours, il se fait une grande consomption de bois dans ces fourneaux"...
20:41 Publié dans Ciels, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
vendredi, 26 septembre 2008
Trouver sa voie...
Voie céleste tout en haut de la rue Pouteau sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon. Il faut dire qu'une partie de la rue Pouteau n'est pas une rue mais un grand escalier que je vous montrerai un jour, (un certain jour) quand je l'aurai bien descendu...
04:37 Publié dans Balades, Ciels, Mémoire collective | Lien permanent