Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 22 août 2010

Intermezzo

Subitement, un matin, j'en ai marre. Je me demande quoi, somme toute ? Un peu d'amitié ce n'est pas le diable ! je suis je crois impressionné par les déserts gris que nous traversons et par le mauvais temps qui arrive.

JEAN GIONO : "Les grands chemins"; Gallimard (1951)

De profundis4.JPG

Je suis à la place du promeneur, presque gaie comme mille autres. A cet endroit du bon côté de la terre. D'ordinaire, je vis en ville sur des ponts, avec les patineurs. Peu à peu, j'ai appris à me fondre parmi les citadins. Le nombre m'indiffère. Quand je désire me fausser compagnie, je reviens au pays. La brume descend sur les demeures. Chaque jour qui décline perd des secondes de soleil. Bientôt viendront les heures d'hiver et les crépuscules orangés. Je reçois des cartes postales de dolmens, de menhirs, des Albères et du Vallespir. Des amis sont partis à pieds, chercher sur des vitraux l'empreinte de l'ancien paradis. Ils marcheront jusqu'à l'automne. J'ai reçu des nouvelles des vergers d'Amérique, du hongrois de Bretagne (?), de la fiknun' Golsone, de notre vieil Alphonse qui se morfond vers Saint Point, et de mon ami Paul, au cimetière marin. D'autres amis encore passeront par ici, à l'improviste, peut être, avant de rejoindre Paris. Pendant que les uns reviennent d'autres s'en vont. Quand les uns se retrouvent d'autres nous abandonnent. Par la maudite Golsone, ici on a trop de grenouilles, à part ça, les personnes, elles sont plutôt gentilles. C'est bête comme chou cette idée de gentilles personnes, quand on y pense. En ville, on y pense cinq minutes, on boit un verre, deux verres, etc..  Ca va, ça vient, on s'oublie, après tout. Contre la maudite Golsone, le gris berce nos routes, une table abondante, entourée de quelques uns, est bien plus chou que bête, on y revient encore. Ensuite il faut rentrer. Marcher longtemps tout seul. Diable ! on se dit "toute cette amitié manquera bien". Ici on s'empale sur le son des cloches. Dieu prend toute chose. Dieu régule les peines, Dieu est amour, Dieu est une autre haine. Le bulletin paroissial a publié trois pages sur le départ du père Panier, ils ont fait un pot au village, il y avait des grenouilles partout qui parlaient de l'humilité. Ce sont les mêmes qui chaque après midi, tantôt chez l'une, tantôt chez l'autre, s'occupent à faire courir des bruits sur les uns et les autres. J'ai croisé Madame Jeanne Mouton revenant de sa prière. Si j'oublie de lui dire bonjour, je serai brûlée demain à l'aube. Je salue Madame Jeanne Mouton. - "Bonjour, Madame, vous allez bien ?" - "Très bien !, Et vous ?" - "Ca va ! au revoir Madame !"

Au bout de deux heures de marche, on oublie ces gens là, et on s'oublie soi même. On devient le coin de terre, la ronce à contourner. En oubliant, on se retrouve, au milieu des vaches sous des sons de cloches inoffensives qui descendent jusqu'aux hameaux où là bas des hommes passent leur journée à pêcher dans l'étang. On traverse une autre grande terre, je croise un paysan, juste un hochement de tête, suffira à  l'approbation du temps, du vent et des saisons. Je coupe à travers champs. La lumière me déplace déjà vers l'autre monde. J'arrive à ce point du pays où plus aucun obstacle ne complique l'esprit. La nuit tombe trop tôt, je n'ai pas vu l'heure. Nous changeons de pays. Le silence est de profundis. Nul ne règne en aucun pays, tout est las, mais ma joie demeure.

Photo : A travers champs, ciel et terre. Esquisse d'un crépuscule à Châtenay Sous Dun, deux heures après la pluie. Nabirosina. Août 2010.© Frb

mercredi, 23 décembre 2009

Une légende neigèrement Inuit

"Quatre hommes poursuivaient un ours. Celui-ci finit par fuir en grimpant dans le ciel et les chasseurs décidèrent de le suivre. Au fur et à mesure qu'ils montaient de plus en plus haut, un des Inuits échappa une de ses mitaines et décida de retourner sur Terre pour la chercher. Les autres chasseurs continuèrent leur poursuite dans le ciel et on peut encore les voir aujourd'hui, l'un derrière l'autre, poursuivre l'ours. Cette histoire nous est parvenue grâce à l'Inuit qui est revenu sur Terre chercher sa mitaine."

des pas.JPGEt cet Inuit qui est revenu chercher sa mitaine, je l'ai rencontré. Il était venu en traineau. (Tiré par des petits ours qui étaient descendus du ciel, je ne sais plus trop pour quelle raison). Et c'est lui, l'Inuit qui avait apporté la neige, mais pas assez de neige pour un si petit traineau. Pas assez de neige, hélas ! pour recouvrir l'immense ville... Alors comme il avait du temps "à tuer", l'Inuit, ("tuer le temps", une bravade à nous, puisque c'est justement le contraire)... Comme il avait du temps, disais-je, nous nous sommes promenés sur la Tabareau, des heures et des heures. Puis L'Inuit a fumé une cigarette, pas pour fumer (vous n'y pensez pas ! malheureux !) mais pour envoyer des signaux à son copain le Père-Noël (Du haut de la rue de Crimée. C'est très bien, la Crimée, pour envoyer des signaux de fumée aux copains qui sont loins, la vue est imprenable, et quand le vent est bon, les messages arrivent aussi vite que des sms). Enfin bref, le Père Noël comme il a un traineau-camionnette, et que justement il faisait sa tournée sur Lyon, on s'est dit qu'il pourrait ramener de la neige, en même temps que les cadeaux. L'Inuit a mis tout ça dans les signaux de fumée, puis on a attendu. Comme il faisait très froid, on a fait les cent pas pour se réchauffer, et puis les deux-cent pas. Toujours pas de Père Noël. L'Inuit a mis son traineau dans mon garage (J'ai pas de garage, mais ça fait rien, avec beaucoup d'imagination, le garage il finit toujours par se construire quelquepart, et si le traineau il s'imagine qu'il est dans un garage, il ne risque absolument rien). Donc on a mis le traineau au garage et on a installé les petits ours bien au chaud dans nos capuches. Et puis on est montés encore plus haut que la rue de Crimée, (C'est périlleux, mais que ne ferait-on pas pour distraire nos petits ours ?) parce que l'Inuit tenait beaucoup à leur montrer le gros caillou avant de s'en retourner chez lui, une fois qu'il aurait recontacté le Père Noël, bien sûr. Il fallait voir comment ils étaient contents les petits ours ! ils faisaient des bonds au moins de deux mètres dans nos capuches. Il faut dire que du milieu de la place, le gros caillou couvert de neige, c'est notre Kilimanjaro à nous. Et si on regarde encore plus loin que l'horizon, on peut voir le Parc de la Tête d'Or, avec des petits bonhommes équipés comme des hommes grenouilles qui font des tours de parc pendant des heures en courant. Il y en a même qui font dix fois le tour, avec un chronomètre énorme accroché au poignet, (comptez 10X 4km en courant combien ça fait de minutes !), et les petits ours quand je leur racontais cette petite histoire là, (c'est quand même nos coutumes !), ça les a trop fait rire. Et il y en a un qui agitait ses pattes, (de joie) et se penchait pour voir mieux les petits bonhommes courir en bas, il se penchait tellement, en agitant ses pattes, (de joie), qu'il a fait tomber sa mitaine. Enfin voilà. La roue tourne et c'est pas facile. On ne s'en sort pas. Il est grand temps que l'année se termine. Et le Père Noël qui n'arrive pas, (je me demande parfois si il existe) Enfin, j'ai quand même pris des photos de l'Inuit, du traineau, et de moi-même. Desfois qu'on me prenne pour une menteuse.

Avis très important : Si quelqu'un trouve une mitaine en laine noire au Parc de la tête d'Or, ou même sur le cours D'Herbouville (sait on jamais de quoi le vent est capable), pourrait il avoir la gentillesse de contacter Certains jours (au Babylone 35-35) ou par signaux de fumée (la maison n'accepte aucun sms, on a été roulés, maintenant on est méfiant). Très forte récompense (✶) à qui nous rendra la mitaine de notre petit ours.

(✶) un merveilleux voyage ICI en traîneau avec le petit ours !

Photo : Place Tabareau, la preuve. Le traineau, les cent pas. Vus (vécus) à Lyon. Pas loin du Kilimanjaro. Et pas loin, non plus de la Noëlle. A quelques jours (oh très peu) du Noël. Patience ! Décembre 2009. © Frb.

samedi, 22 août 2009

Cailloux

"Hélas ! mes pauvres enfants, où êtes-vous venus ? Savez-vous bien que c'est ici la maison d'un Ogre qui mange les petits enfants ?

POUCET17.JPGNous étions là, assis par terre sur l'ancienne place de la Grenette à Bois Ste Marie, minés par la chaleur, nous écoutions le Germain Poître nous raconter des histoires d'hydres et de gargouilles, tout un Moyen-Age à faire peur, quand la cloche se mit à sonner. Le son allait lentement, lugubre et revenait presque sans variation. Il semblait que le métal coulait sur les maisons, et que le plomb perché tout en haut du clocher mêlé à la blancheur du ciel, nous ferait perdre la raison. Le Germain Poître murmura à voix basse, "Quelqu'un en moins ! la Marie-Antoinette a parlé". (Marie-Antoinette c'était le nom de la Cloche boscomarienne, celle de La Clayte s'appelait Marie-Charlotte, les deux cloches étaient soeurs dans la vie, je veux dire les deux filles étaient soeurs, filles jumelles du donateur, elles portaient le même prénom que les cloches en hommage, ou le contraire enfin bref...). On chercha parmi tous les vieux lequel aurait pu être "emporté" par les dernières grosses chaleurs (Bois St Marie étant aujourd'hui partiellement transformé en asile, ou plutôt en "long séjour" très honorable, comparé aux mouroirs encore nombreux partout, dont je vous parlerai peut être un jour, Bois Ste Marie, disais je, compte sans doute plus de pensionnaires à son asile que d'habitants, il était donc impossible de savoir pour qui sonnait ce glas).

Deux jours après, l'annonce parût dans le journal "La Renaissance", à la rubrique nécrologique, (c'était la première rubrique qu'on lisait, juste avant le billet du père Mathurin). Un papier signé Guy Bouillon, notre journaliste cantonal, une grande vedette, sorte de Pujadas du Nabirosina. C'était un tout petit article avec une toute petite photo, montrant un tout petit bonhomme entouré de ses sept frères, et de ses parents bûcherons originaire des bois environnants ; une sorte de nain, en somme. Le journaliste avait écrit "un tout petit homme cordial et travailleur, un ouvrier bien sympathique". Le titre, en plus gros caractère affichait "Un orphelin est décédé". Chez nous on dit officiellement "est décédé" pour les gens, "a crevé" pour les bêtes, ce n'est qu'à voix basse qu'on ose le "il est mort", comme dit la Berthe, (la bonne du Germain Poître), "être décédé" ça fait plus propre ! Le Germain Poître, lui, il pense carrément qu'à trop prononcer le mot "mort" ça fait mourir les gens, il dit que c'est comme le vert au théâtre : ça porte malheur ! Le papier signé Guy Bouillon ne tarissait point d'éloges pour vanter les mérites du "défunt". Il évoquait entre parenthèse quelques drames survenus naguère dans cette famille, soulignant "l'enfance malheureuse, toute la pauvreté d'une famille" mais aucun autre détail ne filtra. Notre curiosité en fût lésée.

La seule façon de la satisfaire était de suivre l'enterrement. La cérémonie fût très brève. L'église était vide, hormis le père Prunier qui fit une  homélie incompréhensible à cause de son accent de Palinges, le journaliste-vedette Guy bouillon qui était revenu en "reportage spécial", et nous mêmes, les curieux, plus quelques autres commères. Ce ne fût qu'à la sortie de la messe que nous remarquâmes un très très vieux monsieur qui pleurait toutes les larmes de ses yeux. Il était vêtu à la mode ancienne, une lavallière, des guêtres, une perruque bouclée et poudrée. Il portait sur son dos un gros sac qui faisait un bruit bizarre, de billes entrechoquées... Guy Bouillon vint nous saluer, Le Germain Poître lui demanda si le bonhomme qui pleurait c'était pas le fils du Jean de La Fontaine. Guy Bouillon tapota gentiment l'épaule du Germain Poître : "Non, non , mon vieux, ce n'est pas ça, je crois que vous confondez, avec Jean Pierre Delafontaine (un notaire farfelu de Suzy les Charolles)... Mais ce n'est pas lui non plus !"

Nous partîmes au cimetière. Tous les vieux de l'asile, nous regardaient passer, on pouvait deviner leurs têtes, derrière les volets roulants descendus à mi-fenêtre. Il faut croire que chaque enterrement pour eux était une sorte de fête. C'était "leur" évènement. Aucune animation d'accordéon ou de trompette (menées tambours battants) par Jo Corda (et sa trompette), Ricky Vallin (et son accordéon) ni les concours de "diamino" ne pouvaient surpasser cet élan d'allégresse, que provoquait chez eux, un enterrement, au désespoir du personnel hospitalier qui faisait tout pourtant...

Au cimetière, on ne prononça pas le nom du défunt. On jeta la boite en sapin au fond d'un trou, un employé du cimetière la recouvrît à grands coups de pelle, cela fît une grosse motte de terre, sur laquelle il planta une croix. On récita le "Notre Père". Un signe de croix. Et puis voilà.

DE PROFONDIS4 b.png

L'histoire pourrait s'arrêter là, si je n'avais pas perdu mes clefs dans une de ces allées. Tandis que je grattais la terre entre les tombes, je vis, (et pour mieux voir, me cachai derrière la chapelle du Marquis de Carabas sous Dun), l'homme à la perruque bouclée, s'approcher doucement de la motte de terre. Il prit son sac cliquetant, en déversa le contenu tout autour de la croix. Il pleurait toujours à chaudes larmes. Du sac je vis tomber des milliers de petits cailloux, blancs, gris, roses, tous scintillants dont la tombe fût bientôt recouverte. Puis l'homme se mit à parler seul : "Tu vois, petit, je les ai gardés pour toi... Ces petits cailloux, ils te reviennent, ils sont à toi". Puis il posa soigneusement l'objet : une babiole, ornée d'une belle rose rouge sculptée, et le mot "souvenir" peint à l'encre dorée. "Et ça, Poucet, je te le donne aussi, c'est de la part de Blanche Neige"...

Photos : Une tombe + quelques souvenirs. (Vous savez maintenant pour qui, pourquoi.) vue au cimetière du village médiéval de Bois St Marie. Nabirosina. Aôut 2009. © Frb

jeudi, 13 août 2009

La terre pour oreiller

Enfin, j’ai découvert la source des Immortels ! j’atteins enfin ce mystérieux refuge où l’on se tient caché.

TCHU HUAN (poésie chinoise)

TERRE15.JPG

S'il n'est plus question de pierres édifiant une citadelle en forme de bibliothèque minérale du côté de Vareilles, ce très court extrait de poème évoque imperceptiblement les livres... Entre le Nabirosina roman et la Chine ancienne, il n'y a sans doute qu'une passerelle où se croisent quelques immortels, pendant que nous dormons :

"En l'an 213 , avant notre ère, Thsin-chi-hoang-ti, ordonna un incendie de livres, un grand nombre de lettrés perdirent la vie s'efforçant de soustraire aux flammes, les ouvrages auxquelles il attachaient le plus de prix. Quelques uns se réfugièrent dans les montagnes et se tinrent cachés jusqu'à la chute de leur persécuteur. 600 ans plus tard, on raconta qu'un pêcheur, promenant ses filets sous le fleuve Yuen, découvrît une petite rivière ignorée, et en remonta le cours. Après avoir côtoyé des régions sauvages et désertes, il se trouva  soudain dans un site admirable, où, bien qu’on fût en automne, l’air était embaumé d’un parfum délicieux de fleurs de pêchers. Le pêcheur attacha sa barque à la rive, et suivit le cours du ruisseau qui le mena à l’entrée d’une grotte profonde. Guidé par un point lumineux trahissant un passage, il finit par découvrir une vallée charmante où se trouvaient des pêchers en fleur. Les habitants de la vallée, ayant tous de longues barbes blanches et des vêtements de forme antique, témoignèrent en l’apercevant, une surprise mêlée de frayeur. Ils lui demandèrent : "Que venez-vous faire dans ce paisible refuge, êtes-vous un lettré, fidèle à la science, fuyant comme nous la persécution des Thsin ?" - Holà, s’écria le pêcheur émerveillé, que parlez-vous des Thsin ? Il y a des siècles aujourd’hui que leur règne a cessé !" De retour dans son village, le pêcheur fit le récit de son aventure ; on reconnut qu’il avait eu affaire à des sages, qui s’étaient réfugiés jadis au fond d’une vallée secrète pour ne point sacrifier leurs livres, et qui étaient devenus des immortels."

Photo : Les passages secrets murmurent à l'oreille. Et les parfums d'automne viennent à l'été, dans les plis d'un pays qui sommeille sous des racines enchevêtrées, afin que les vivants ne colonisent pas les immortels. Un passage vu pendant mon sommeil. Nabirosina. Août 2009. © Frb.

mercredi, 05 août 2009

Battre la campagne (4)

"Quand on examine le vaste monde ses beautés ses tristesses et ses aléas on se demande on se demande à quoi rime tout cela mais qui mais donc tousse là ? [...] "

RAYMOND QUENEAU. Extr : "un rhume qui n'en finit pas", in "Battre la campagne". Editions Gallimard 1968.

battre BBla C157.jpg

Si vous avez loupé le début (résumé ) :

[...] "On ne connaît jamais le fond des choses et l'on ne s'y résigne pas on croit à la métempsycose ou bien l'on n'y croit pas mais qui mais qui donc tousse là-bas ? Dans la nature ou bien ailleurs c'est un peu partout que poussent les sophismes de l'erreur on ne les connaît même pas tous mais qui mais qui donc tousse ?"

Relation de cause à effet : Quand quelqu'un fume sur le pavé, à 200 km de là, ça fait mourir les papillons.

"Fumer nuit gravement à votre entourage"/ (mais qui donc tousse ?) CQFD : http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/08/06/battre-le-pave-2005.html:

("Battre le pavé" versus "battre la campagne". A suivre...)

Photo: Mort du papillon d'Août sur une terre gravillonnée (mais pas encore battue). Vue sur le grand chemin dit "Le chemin de Croix". Nabirosina. Eté 2009 © Frb.

lundi, 03 août 2009

Battre la campagne (6)

sol2l.JPG Battre la campagne, loin des pavés. Suite...

Photo : Une étoile tombée d'un sapin ? Foulée dans la forêt profonde au hameau dit "Les grands moulins". Aôut 2009. © Frb

mardi, 21 juillet 2009

Nabirosina.

"Un point où le réel et l'imaginaire deviendraient indiscernables..."

entrelacer.jpg

Au commencement était... le Nabirosina.

Sengs et Lufers parlaient le même langage. L'humus (1) délivrait patiemment, l'azote, le phosphore et tous les éléments. Puis vint un jour l'inévitable...

Ainsi naquirent, les brésars.

Nota: Le mot latin "humus" désignant "la terre", est cité par Curtius (1er siècle ap. J.C.) comme provenant d'un mot grec signifiant "à terre". (locatif d'un substantif hors d'usage). En réalité, le mot latin "humus", comme d'ailleurs le mot "homo" = "homme" », provient de la racine indo-européenne *ghyom- qui signifiait "terre" (cf. J. Picoche 1994, p. 287).

Photo: Esquisse du Nabirosina originel. Vu au plus près, en juillet 2009 (avant J.C.). © Frb

jeudi, 30 avril 2009

Après demain, un autre jour...

"Une vie immense, très lente, mais terrible par sa force révélée, émeut le corps formidable de la terre, circule de mamelons en vallées, ploie la plaine, courbe les fleuves, hausse la lourde chair herbeuse.
Tout à l'heure, pour se venger, elle va me soulever en plein ciel jusqu'où les alouettes perdent le souffle."

JEAN GIONO. Extr. "Colline". Ed. Grasset, coll. "Les cahiers rouges".

tree41.JPG

Si demain fût annulé, il n'en n'est pas de même pour hier et après-demain... Comprend qui veut ! si acrobatiquement on peut encore tracer un sillon quelquepart entre ces deux points (temporels) qui ne seraient ni aujourd'hui, ni demain, je veux dire qu'on pourrait peut-être se trouver (toujours quelquepart) entre hier et après demain, n'est ce pas ?... C'est pour cela que l'endroit (temporel !) s'apellerait "certains jours" au pluriel, ce qui permettrait quelques petits arrangements situés (encore quelquepart) entre les présents, les absents, ou bien entre deux trains, entre le graff et le crottin, l'architecture de Jean NOUVEL et l'épicéa centenaire dont cinq bras d'hommes ne parviennent toujours pas à faire le tour (hélas, de ce bois là, je n'ai pu vous ramener d'image, car le bel arbre classé, mais très peu visité est planté au coeur d'une forêt effrayante et profonde, la lumière ne l'effleure pas sinon en ses sommets, (mais je n'ai pas encore le courage, ni la souplesse de risquer ma vie pour ce blog). Cela dit, je crois bien que l'Ami Alceste, y conçoit ses quartiers d'hiver... Un sillon, un passage, une faille spatio-temporelle d'où je reviens sans savoir encore à cette heure si je suis vraiment arrivée. Mais si demain est annulé, j'ai ramené pour après demain quelques fragments d'hier : la naissance du printemps en bas de la colline, ça a l'air mais ce n'est pourtant pas, la légende de cette photo, ce sera celle des photos à venir, (un texte explicatif qui commente une photo que vous ne pouvez pas voir, (pour mémoire : une légende, au sens propre est un petit récit mêlant le réel au merveilleux, celle qui, (si ça se trouve), est dans l'oeil du lecteur qui fait sa petite histoire en regardant des images. Mais il ne s'agit pas du tout de celle là, (l'anglais dit "Legend"). Il s'agit plutôt d'une légende ordinaire au second sens tout propre aussi du terme c'est à dire : un petit texte commentant une iconographie (l'anglais dirait "caption"). Tout le monde avait compris je crois ;-) Un domaine qui m'est cher, appelerait cela "L'expérience du désordre" = se retrouver ici sans être tout à fait revenue de là bas. Le retour paraît bordélique. Coller une légende aux photos qui n'existent pas, (Pas encore...). Nommer "Certains Jours", les jours les plus incertains qui soient. Expliquer aux lecteurs des choses qu'ils savent déjà et promettre des choses toujours...  Promettre, on sait, mais des choses qu'on ne sait pas. Et GIONO dans tout ça ? Et bien "Colline" n'a pas grande  similitude avec cette photo. (ah si ? le petit bout de colline dira l'observateur sagace, c'est ma foi vrai !) non, mais sans rire, il faut se méfier des apparences ;-) la "Colline" de GIONO c'est beaucoup plus "sanglant" que ça; d'abord dans sa "Colline" il y a le drame de l'eau : parce qu'une source tarit, un hameau est menacé de mort... Alors que mon hameau, (cf. notre photo) il n'est pas menacé de mort. Enfin, pas en apparence. Car si l'eau de notre puits (qui nous vient des sources ancestrales du plus haut d'une autre montagne), semble limpide et transparente comme le plus pur des ruisseaux du premier jour du monde (cf. notre photo, hors champ), malheur à l'imprudent qui s'amuserait à boire cette eau ! Nous avions reçu un relevé d'analyse il y a cinq ou six ans... Nous avions lu, horrifiés ; c'était marqué en gros en rouge et souligné trois fois :"impropre à la consommation", une source inépuisable, qui traversant les siècles, ne fût JAMAIS impropre, (il est vrai qu'en ces temps reculés le mot "consommation n'existait pas), enfin, pour dire... Personne jusqu'à ces dernières années n'en fût empoisonné... Je vous épargne la liste des produits, plutôt chimiques, détectés dans cette eau (une histoire cochonne de pénétration et de nappe phréatique)... Tous les gens du hameau (7 ou 8 ) durent très vite, entamer les travaux pour raccorder tous leurs tuyaux à la javel municipale, personne n'osa trop protester, puisqu'en sulfatant leurs champs d'engrais et autres pesticides, les paysans s'étaient eux mêmes (disons à l'insu de leur plein gré) privés de leur belle eau de source (pourtant gratuite!). Quant aux ruisseaux magnifiques qui traversent forêts et prairies, ils sont devenus décoratifs, ils ont l'air purs, on tente bien de s'agenouiller au plus près de cette eau, mais on ne porte pas aux lèvres, même si ce n'est pas marqué sur le ruisseau, c'est comme une intuition qui court partout. c'est comme manger des fleurs, maintenant, ça nous ferait peur...

Fin de la digression concernant le drame de l'eau (et des fleurs). GIONO donc, et "Colline" (pour ne pas oser l'injonction: "lisez ce livre !" enfin faites comme vous voulez mais lisez ce livre!). Il raconte qu'il y a une épreuve dans le hameau, un incendie qui éclate et recrée la solidarité entre les hommes... Bien sûr, dit comme ça, voyez, personne n'aura envie de le lire ce livre... Voilà comment on bousille les auteurs en voulant résumer leurs livres... Parce que ce n'est pas ça l'important. L'important c'est que GIONO il était parti pour faire un roman et qu'au final il s'est retrouvé avec un grand poème qui grouille et qui fourmille avec une terre et puis des hommes dedans GONDRAN, JAUME , MAURRAS, et leurs femmes, GAGOU (un simple d'esprit)... GONDRAN qui tue un lézard et se met à penser que la nature est toute puissante, il en parle à JAUME et ça prend des proportions inouies et puis un matin JAUME voit un chat noir (chaque fois qu'il a vu un chat noir, c'était deux jours avant un grand malheur). L'endroit s'appelle "les bastides blanches"... Des signes annoncent le malheur. Et le malheur si redouté arrive. Tout à coup la fontaine du village cesse de couler et le chat reviendra encore porteur de mauvaises nouvelles... Et j'en oublie presque le plus beau, le doyen JANET qui dans sa fièvre "déparle" et tient d'étranges et méchants propos comme si les bêtes, les plantes, les rochers la colline parlaient à travers lui. Ce qu'il dit finit par faire peur. Le hameau se trouve éprouvé. La nature semble résister aux hommes. tandis que la mort rôde. JANET poursuit son chant de malédiction... Mais chut ! je n'en dit pas plus. Pour ne pas réduire et casser par des mots; toute la verve hallucinée, le sang et le feu, cette terre comme un être insatiable exigeant des hommes son dû. "Colline" on pourrait en parler des heures, le style y est incomparable, on retrouve aussi ce vertige, cette sensualité toute brute, l'humain à fleur de peau, dans les deux autres volets de la "Trilogie de PAN" (dont "Colline" est le premier, avant "Un de Beaumugnes, et "Regain", tous deux sublimes). Peut être "Colline" s'écoute t-il ? Peut-être, ne pourra t-on jamais tout à fait exprimer le rendu d'un chant par des mots ? Voilà tout l'indicible du récit de Giono: sa musicalité...

Quant à notre colline à nous, elle est sans cigales et plus douce que les "bastides blanches" du vieux Jean. Je vous promenerai en images, puisque je suis encore temporellement là bas entre hier et après demain, par les arbres et par les chemins où le silence est comme un rêve. Et puisqu'il n'y a plus de demain, nous pouvons d'ores et déjà nous installer aujourd'hui dans le mois de Mai qui nous plaît. Enfin libres ! au revoir Avril ! rangé, le fil jusqu'à Septembre...

Nota: Je remercie tous les lecteurs z'et lectrices, commentateurs z'et trices qui ont eu la délicatesse de continuer à visiter ce blog malgré l'absence de nouveaux billets. Merci encore vraiment... Je trouve ça bien chouette.

Photo : L' Alcestienne révérence à la colline de pins, qui doucement borde une montée, jusqu'au village de Montmelard (le bien nommé). Vue de loin, au milieu des champs, du hameau dit de "Vicelaire", un certain jour je chercherai pourquoi on appelle ce hameau "Vicelaire" et viendrai vous dire toute la vérité sur ce très vilain nom de hameau. (Promettre toujours promettre !). Avril 2009.© Frb

mardi, 30 septembre 2008

Planète plus ou moins bleue...

terre.jpgOn annonce que dans 17 ans ce sera la fin de l'acier galvanisé, (or nous n'y  pensons pas assez mais sans acier galvanisé point de gratte-ciel, ni de ces majorités de machines qui envahissent le quotidien des êtres humains) c'est programmé, les mines de zinc seront totalement épuisées en 2025 (et comme l'acier galvanisé se plonge dans des bains de zinc en fusion, ceci explique cela), tout juste le temps de construire un petit truc à Dubaï qui devrait culminer à 855m d'altitude et brusquement, on devrait se retrouver au ras des pâquerettes, si toutefois il en reste! On dit aussi que le phénomène des zones marines mortes prend de l'ampleur, et l'on compte aujourd'hui 400 zones côtières dans le monde où la vie marine est asphyxiée par la pollution, le phénomène dit d'eutrophisation est provoqué à la fois par la pollution industrielle et le déversement dans les eaux, de ruissellement des phosphates et des nitrates issus des engrais. On dit encore qu'une île d'immondices plus vaste que le Texas dérive  en ce moment dans l'océan pacifique à mi chemin entre San Francisco et Hawaï. Et qu'en 2050 nous serons 9 milliards sur terre, il faudra donc produire deux fois plus de nourriture qu'actuellement. Tandis qu'actuellement, une partie de la planète fait des régimes à coups de budgets spectaculaires, l'autre partie souffre de malnutrition en silence... Aux USA la moitié des aliments finissent à la poubelle... Et je lis que dans notre région du Rhône, certains habitants sont contaminés aux PCB= polychlorobiphényls CLICK, les rivières sont des dépotoirs. Certains PCB appelés "dioxin-like", présentent les mêmes effets sur l'organisme que la dioxine (neurotoxiques, perturbateurs endocriniens voire cancérogènes). Pendant ce temps là, la France cherche un nouveau site pour enfouir ses déchets radioactifs. et on dit par dessus le marché, qu'il y aura cinq fois plus de voitures à l'horizon 2050. Quant aux forêts primaires des tropiques, elles risquent tout bêtement de disparaître avant même qu'on ait pu achever le recensement de leur riche diversité biologique. En outre, certains experts commençent à s'interroger sur les dangers des ondes émises par les téléphones portables. Wi-Fi et lignes à hautes tensions suscitent la même inquiétude et de nouvelles études s'annoncent... ... Je continue ? ou vous voulez sortir prendre l'air ?

Lien utile:  ICI

jeudi, 24 juillet 2008

L'Esprit des chemins

"Dès lors qu'on met un sac à dos et qu'on brûle la chaussure sur les cailloux, l'esprit se désinteresse des dernières nouvelles"
REGIS DEBRAY "Croire, Voir,  Faire" (Odile Jacob 1999)

chemin-non-info.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chemin de terre, vu dans le hameau dit des "Clefs" qui mène à l'étang du même nom entre champs et forêts. Plus loin encore, si nous marchons, nous arrivons près d'une maison de garde-barrière entre ronce et rivière où autrefois, presque tout au fond des bois, passaient les trains...