samedi, 27 septembre 2008
Plus hauts les coeurs !
"Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit."
RENE CHAR (1907-1988) : "J'habite une douleur"/ Extr : "Le poème pulvérisé" (1945-1947)
Dédié à l'écrivain Louise BOUDONNAT qui fût la première à me présenter René CHAR, et à Léopold REVISTA dont le blog d'un "citoyen du monde" CLICK se lit jour après jour sous la très belle augure de René CHAR ...
23:45 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 23 septembre 2008
Lettera Amorosa
" (...) Nos paroles sont lentes à nous parvenir, comme si elles contenaient, séparées, une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ; ou mieux, comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance, se mettant en joue, il leur était interdit de s'élancer et de se joindre. Notre voix court de l'un à l'autre ; mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré la tire à lui, la retient, l'interroge. Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent, je ne parle que pour toi, afin que la terre m'oublie..."
RENE CHAR :"Lettera amorosa". Illustrations de GEORGES BRAQUE et JEAN ARP. Poésie-Gallimard.( Petit livre sorti à l'occasion du printemps des poètes et des 100 ans de RENE CHAR.)
Dans un petit livre mince au bleu brillant deux versions du poème "Lettera Amorosa" de RENE CHAR sont illustrées. On se souvient que R.CHAR appelait les peintres "ses alliés substantiels"...La première version rédigée en 1952 est accompagnée de seize oeuvres de l'artiste dada, JEAN ARP, (collages de papiers couleurs et découpages parfois peints à la gouache). Le manuscrit parfois raturé est une première esquisse du poème. En 1953, R.CHAR rédige une deuxième version que GEORGES BRAQUE illustrera dix ans plus tard (le projet de l'édition datant de 1958). Le poète et le peintre harmoniseront soigneusement ensemble cette expérience. G.BRAQUE offrira au lecteur ses belles lithographies, profil d'une femme, d'un couple, motifs d'animaux, de végétaux, palette de violets, jaunes, verts, bleus aux luminosités splendides. Mais les correspondances du poème, ne se limiteront pas uniquement à la peinture elles seront tout autant musicales,"Lettera Amorosa", s'inspire, en effet,d'un madrigal de MONTEVERDI« Se i languidi miei sguardi », pièce pour voix seule et basse continue, extraite du VIIe livre (1619) des Madrigaux. Bien sûr, on se pose la question du destinataire de cette lettre amoureuse mais la réponse, est indiquée par R.CHAR lui même dans le bandeau qui accompagna en 1953 la première parution du texte :
« Amants qui n’êtes qu’à vous-mêmes, aux rues, aux bois et à la poésie ; couple aux prises avec tout le risque, dans l’absence, dans le retour, mais aussi dans le temps brutal ; dans ce poème il n’est question que de vous. » CLICK
Photo: Longtemps cachée dans l'arbre une "Tête d'Or", que l'on croyait enfouie... Vue dans la grande allée du Parc de la Tête d'Or, à Lyon. L'un des plus beaux parc d'Europe, infiniment doux en automne...
13:32 Publié dans A tribute to, Arts visuels, Balades, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 13 septembre 2008
Haïku Roumain
"Je vieillis.
les feuilles des arbres
sont de plus en plus grandes..."
CONSTANTIN ABALUTA
Constantin ABALUTA est né en 1938 à Bucarest où il habite toujours. Diplômé en architecture, il a pratiqué cette profession jusqu'en 1969 puis il s'est consacré à sa carrière d'écrivain. Poète, dramaturge, prosateur et traducteur, il a publié une vingtaine d'ouvrages, dont le recueil de haïkus et de tankas, en roumain et en anglais, O lentila pe masa (Une lentille sur la table; Leda, 1996). Il a traduit des poèmes de Charles Cros, Dylan Thomas, Wallace Stevens, T. Roethke, W. S. Merwin, Frank O'Hara, Edward Lear, ainsi que des proses de Samuel Beckett. Ses pièces de théâtre ont été jouées à la radio; il a aussi publié dans des revues de Roumanie, et à l'étranger: Caractères, Change et Lettre internationale (Paris); Breve (Naples) et Ombrela (Grèce). Il a reçu divers prix autant en Roumanie qu'à l'étranger. Son nom apparaît dans le Who's Who in the World et dans le Who's Who in Europe. Il est membre de l'Uniunea Scriitorilor din Romania
08:16 Publié dans A tribute to, Balades, De visu | Lien permanent
mardi, 09 septembre 2008
Le Poète vu de dos traversant la ville à vélo
Le bonheur n'est pas dans le pré, tous les cyclistes, vous le diront après avoir comparé, ils ont trouvé le pré trop carré, et le ciel pas assez haut. Le bonheur est sur un vélo, à glisser entre les autos ( oserais-je ? oui, j'ose! pour mémoire vous rappeler que le Jo (Dassin!) et son "A paris à vélo on dépasse les autos" enchanta même les cyclistes intellos versés dans les claviers bien tempérés, quand usant du tempo sur de rutilants pédaliers, ils comprirent que les envolées de ce cher Jean sébastien voire quelques virtuelles notes du Jo passaient aussi dans le paysage. Le poète, qu'on imagine déroulant sa vie dans du papier( velin ) à se pâmer sur ses plumiers, à versifier sur de vieux livres sortis des grenier de l'Emile, du Gustave, le poète qu'on croyait frêle ou de santé fragile avec pour ainsi dire sa fantaisie : un petit un vélo dans la tête, peut, lui aussi, par passion se retrouver suant sa prose, le nez dans le guidon, glorieux comme Napoléon, sur sa petite reine. Se retrouver : telle est bien l'expression.
Tout cela pour vous dire qu'il y eût plus qu'on ne croit quelques écrivains cyclistes; dont l'un des premiers fût sans doute Edouard de PERRODIL. Auteur méconnu de plusieurs récits de voyages à vélo. Rédacteur au Moniteur universel, au Petit journal et au Figaro. Il participa à deux reprises à la course Bordeaux-Paris (572 km) et entreprit aussi de longs voyages, plus une traversée de l'Algérie qu'il a racontée dans plusieurs livres parus dans les années 1890 : "Un poète à Bicyclette" c'est ainsi que l'a décrit, l'historien du cyclisme Baudry de SAUNIER.
Alfred Jarry se classe quant à lui parmi les personnes qui ont " tenu sur ses fonts baptismaux le cyclisme " (" La mécanique l'Ixion "). Il a en effet adhéré à la section lavalloise de vélocipède dès 1889, puis acheté une bicyclette Clément Luxe modèle 1896, qu'il n'a jamais payée. C'est avec elle qu'il tentait d'aller plus vite que le train sur la route du Tripode à Paris (" La course des Dix Mille Milles ") et qu'il a suivi le cortège funèbre de Mallarmé.
Plus récemment, on peut citer Louis Nucéra, Paul Fournel, Jean-Noël Blanc, Gérard Mordillat, Bernard Chambaz, José Giovanni : ceux-là ont en commun d'avoir participé à la montée des Soleils de l'automne, qui se déroule en octobre au dernier jour de la fête du livre de Saint-Étienne (45 km jusqu'à la Croix-de-Chabouret, cf. Jean-Noël Blanc, La Légende des cycles). Ajoutons encore Maurice Leblanc, Émile Zola, Jules Renard, Jean Richepin, Tristan Bernard, Rodolphe Darzens, Pierre Lafitte (alias Jehan de la Pédale), Charles-Albert Cingria, Léon Tolstoï, Paul Morand, Cioran, Jacques Perret, René Fallet, Jacques Faizant, Patrick Straram, Jean-Louis Ezine, Christian Laborde, et dernièrement Jean de La Ciotat, pionnier de la littérature cyclosportive. René Fallet a fondé, en 1968, les Boucles de la Besbre, " épreuve internationale et clandestine, dont aucun calendrier ne tient compte ", où les échappées sont interdites et les vainqueurs connus d'avance.
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lundi, 08 septembre 2008
Vitam Impendere Amori
"Un soir je descendis dans une auberge triste
Auprès du Luxembourg
Dans le fond de la salle il s'envolait un Christ
Quelqu'un avait un furet
Un autre un hérisson
L'on jouait aux cartes
Et toi tu m'avais oublié"
Guillaume APOLLINAIRE (cité par A. BRETON in :"Les Pas Perdus") CLICK+ CLICK
"Vitam Impendere Amori" est le titre d'un autre poème de G. APOLLINAIRE dont la traduction (lue sur le net) par : " Vivre empêche d'aimer" ne nous a pas paru si évidente. Marc l'Epistolier l'aurait traduit par : "Vivre empiète sur L'Amour"... Et Solko se référant au "Vitam impendere vero" de J.J. ROUSSEAU dans les "Confessions" (consacrer sa vie à la vérité), nous livre une traduction qui exprime un tout autre sens : "Dépenser sa vie en aimant"... Il va falloir exhumer les Gaffiot, mes amis, tant à l'auberge triste, nous y perdons notre latin,. Ce qui aurait sans doute bien amusé APOLLINAIRE...
Toute autre suggestion étant bienvenue...
08:03 Publié dans A tribute to, De visu, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
vendredi, 05 septembre 2008
Russian Haïku I
"Le train s'arrête
je continue de penser
à toi"
Albert CHEKANOV
Albert CHEKANOV est né à Krasnoïarsk en 1960 et il travaille à Singapour depuis 1993. Il est ingénieur en tribologie et ses publications sont d'ordre scientifique. Pour lui, le haïku, auquel il s'intéresse depuis plusieurs années, représente une forme d'oisiveté contemplative.
22:28 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels | Lien permanent
Les contes de pluie et de lune
" Les Contes de pluie et de lune" sont le chef-d'œuvre de l'écrivain japonais Ueda AKINARI (1734-1809). Les neuf contes qui le composent suivent la tradition du récit, le MONOGATARI, en puisant dans une veine fantastique, celle d'histoires de revenants.
Le MONOGATARI est une spécificité littéraire japonaise dont la traduction la plus proche pourrait être « récit » (littéralement : choses racontées) Cependant, limiter cet emploi aux seuls récits est réducteur. En effet, le terme MONOGATARI s'applique d'une manière générale à tout ce qui n'est pas de la poésie pure (la plupart des monogatari contiennent souvent des passages de poésie). La forme est donc en prose. L'utilisation du terme monogatari pour qualifier une œuvre littéraire est souvent abusive. Les ouvrages correspondant le plus au roman ou au conte occidental, sont tels le Genji monogatari, « Le Dit du Genji », le Ise monogatari, « Contes d'Ise » ou le Heike monogatari, « Le Dit des Heike » pour ne citer que les plus célèbres.
L'auteur du Genji Monogatari (japonais : Heike Monogatari, c’est-à-dire « le Dit des Heike ») est une épopée qui raconte la lutte entre les clans Minamoto et Taira au XIIe siècle pour le contrôle du Japon. Recueillis de la tradition orale en 1371 et considérée comme l'un des grands classiques de la littérature japonaise médiévale, elle est un produit de la tradition des Biwa hōshi, des bonzes aveugles qui sillonnaient le pays et gagnaient leur vie en récitant des poèmes épiques tout en s'accompagnant au biwa (luth).
Genji monogatari est une œuvre considérée comme majeure de la littérature japonaise du XIe siècle, attribué à Murasaki SHIKIBU. L'intrigue du livre se déroule pendant L'époque de Heian.Le Genji est un fils d'empereur qui ne peut prétendre au trône. Il est donc à l'origine d'une nouvelle branche impériale.
Le Dit du Genji, qui se présente comme un récit véridique (物語, monogatari), raconte la vie d'un de ces princes impériaux, d'une beauté extraordinaire, poète accompli et charmeur de femmes. Toutefois, bien que le roman soit présenté comme une histoire vraie, on pense généralement que Murasaki Shikibu s'est inspirée de Fujiwara no Michinaga (966 - 1028) un homme d'état réputé.
Il s'agit pour beaucoup du premier roman psychologique du monde. La caractère intemporel des relations humaines y est décrit et si les us et coutumes de la cour peuvent nous être étrangers, les vicissitudes que rencontrent les personnages sont universelles. Par bien des aspects l'œuvre est une critique incisive et complète des mœurs décadentes de la cour de Heian mais avec un regard plus introspectif car l'auteur est elle-même un membre de la cour. Si on prend en compte la date de l'œuvre, les sujets choisis sont très en avance sur leur temps. Il y a la femme bafouée, le mari jaloux, la courtisane, le séducteur impénitent, la fascination du pouvoir, les différentes classes sociales, l'argent.
Pour revenir à nos "Contes de pluie et de lune", Ueda AKINARI commença la rédaction de son ouvrage en 1768 et celui ci ne fut édité qu'en 1776. L'auteur peaufina à l'extrême ces contes fantastiques, ceux du recueil ne sont pas originaux. Ils appartiennent à un thème culturel fréquent dans la littérature du XVIIIe siècle, puisant leur source parfois en Chine, connus également pour avoir été adaptés au théâtre. Si chaque récit relate la rencontre d'un homme avec le monde des spectres, chaque conte est empreint d'une atmosphère propre, où intervient aussi bien la poésie du haiku que la réflexion sur les valeurs philosophiques, humaines de l'existence. Dans le premier conte, « Shiramine », le moine Saigyo rencontre le spectre du « Second Empereur retiré », et c'est l'occasion d'un débat entre pouvoir et éthique bouddhiste. « Le Rendez-Vous aux chrysanthèmes » met en scène une expérience limite de fidélité à la parole donnée : empêché par des ennemis de se rendre à un rendez-vous avec un jeune homme qui lui a sauvé la vie, un guerrier se donne la mort afin de revenir, en fantôme, honorer le rendez-vous pris.(...) .
" Les conte de pluie et de lune" ont été adaptés au cinéma en 1953 par Kenji MIZOGUCHI (1898-1956) sous le titre "Les contes de la lune vague après la pluie".
Reférence :"Les Contes de pluie et de lune" de Ueda AKINARI (Ugetsu-monogatari) / 1990, Gallimard/Unesco, Connaissance de l'orient, série japon. Un ouvrage fortement recommandé par la maison.
16:09 Publié dans A tribute to, Balades, Le vieux Monde | Lien permanent
Russian Haiku II
Nuit sous la pluie
Un réverbère dans la flaque
Essaye de ne pas se briser
ALEXEY ANDREYEV
ALEXEY ANDREYEV est né en 1971 dans la vieille ville russe de Novgorod. Il a étudié les mathématiques aux Etats-Unis et s'est intéressé à la poésie en particulier aux formes non -traditionnelles de la poésie russe : vers libres, haïkus, haïbun, palindromes etc Quelques uns de ses poèmes ont paru sur des sites internet dont "Reflections", "A haiku diary", "Shiki internet haiku salon" et "Teneta". Il a aussi fait paraître ses poèmes dans des revues américaines "Frogpond" et "woodnotes" et dans le Haiku world ("Kodansha" en 1996) et également publié des recueils de poèmes : "Pesenka shuta", "stikhotvoreniya" = (chanson de bouffon) en 1996. Il possède une revue électronique en russe "Lyagushatnik" - "Mare aux grenouilles" - dans laquelle il a traduit plusieurs haïkus canadiens avec la collaboration de Xenia VATNIK. (Hélas, je n'ai pas encore pu localiser ce site). A. ANDREYEV vit aujourd'hui à St Petersbourg où il travaille à sa thèse de doctorat en science informatique et à la rédaction de nouveaux recueils de poèmes.
Lien utile : La Définition du Haïku par ALEXEY ANDREYEV lui même : ICI
Notre photo : n'est pas un réverbère qui se liquéfie dans la flaque mais l'ombre d'un panneau de signalisation plongeant à pic dans l'asphalte, (le lecteur perspicace aura deviné ;-) Vu près du boulevard de la Croix-Rousse à Lyon, aux terrasses d'un café irlandais à l'heure de fermeture.
05:31 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 30 août 2008
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Quelle consolation pour celui qui parle ? Ce qu’il voit, il nous le montre. Ce qu’il tait, nous le souffrons. L’élément de sa souffrance est le livre, l’élément de son désespoir est la parole à sa plus basse voix.
STIG DAGERMAN : Extr: "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier", éditions, Actes sud 1981.
Au début des années 80, un petit texte de 10 pages écrit en 1952, est retrouvé: "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier". L'écrivain STIG DAGERMAN a perdu toutes ses illusions et tente encore de résister. Son texte débute ainsi :
"Je suis dépourvu de foi, je ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie ne soit une errance absurde vers la mort certaine ne peut être heureux"
http://remue.net/spip.php?article300
Stig DAGERMAN se suicide en 1954, dans son garage, asphyxié par les gaz de sa voiture. Il souffrait dit-on de schizophrénie.
A noter absolument qu'il existe une pièce de musique acousmatique signée Denis DUFOUR, qui garde le même titre, composée en 1987/89, reprenant le texte de S.DAGERMAN. C'est une création magistrale. J'espère qu'un jour (un certain jour) je pourrais vous en ramener ici quelques extraits.
12:10 Publié dans A tribute to, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
lundi, 18 août 2008
L'heure qu'il est m'efface
On dit que l'exactitude est la politesse des rois. Et si l'on a pas raté son train au départ d'un quelconque pays d'origine, on arrive précisément à 17H33 sur le quai 1 bis de la gare Lyon-Perrache voie A. Jusque là tout est bien. Mais malheur à cet autre qui, parti trop tard pour ce train dont le départ de Lyon Perrache, en direction de je ne sais quelle ville, était prévu à 17H32 sur le quai 1 de la voie A. Voyageur mal pourvu, il se retrouve à courir seul sur le quai, juste pour vérifier si par hasard, il ne pourrait pas rattraper son retard... Stupide. Un retard est toujours stupide. Honni soit celui qui, par mégarde, devra trouver l'excuse tandis qu'au fond de lui il se dira dix fois, cent fois qu'il est inexcusable. Et tout ce temps à tuer, âme en peine, ce désarroi coupable, qui s'empêtre, se résigne jusqu'à s'en retrouver bizarrement grâcié, en état de gaieté, consolé. Le roi déchu, retardataire, feuillettera au point presse "Gala" et "Marie-Claire", s'achètera des allumettes, lira les horoscopes, rentrera sans raison dans la cabine de photomaton, puis sortira dehors, jusqu'à l'heure de ce prochain train. Au café, dans un square, il lira dans les rues les enseignes et les graffs , il se prendra pour un héros, une sorte de KEROUAC, un personnage flou dans un livre à la GRACQ. Il deviendra le roi de tout, sans politesse, un empereur des éléments règnant en sa presqu'île où tout évènement, même celui de l'attente, se délite; fil à fil, hors lieu, hors temps, le précipite; et dans le flux d'un monde suspendu, découd les intérieurs inexorablement...
Je dédie ce billet à tous les retardataires et à tous ceux qui les attendent après l'heure. (C'est à dire même quand ce n'est plus l'heure ;-) ...
06:47 Publié dans A tribute to, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
mercredi, 13 août 2008
Mangeons nous les uns les autres
Par la grâce de l'univers gourmand, de kl-loth qui vient de publier sur son excellent blog DAILY LIFE une recette visant à faire cuire le président de la république dans un grand plat, (non sans lui avoir "pelé au préalable les jambes et les bras"), j'ai désiré poursuivre un peu le thème et le jeu du tandem de la petite cuisine cannibale.
kl-loth aurait bien aimé, si le comité de censure (assez chinois) de "Certains jours" ne s'y était pas violemment opposé, déguster la scène du péché originel, le Bon Dieu et les Saints du tympan de l'église d'Anzy le Duc CLICK + CLICK puisqu'elle eût un soir, l' hallucination sucrée d'un art sacré du Moyen Age en forme de spéculoos, depuis la vision ne nous quitte plus, par sa grâce disais je, car je fus à mon tour (et je ne suis pas la seule), interpellée par cette tentation impie en m'apercevant qu'il m'était désormais impossible de contempler le moindre tympan d'église romane sans avoir envie de croquer une cuisse d'apôtre ou une aile d'ange... Dieu Merci, les têtes ont été martelées !
kl-loth affirme à propos de son "président à cuire" qu'il ne s'agit pas là, d'un désir à l'endroit même de Monsieur Sarkozy, on n'en doute pas, connaissant les goûts extrêmement subtils de kl-loth,, il est certain que notre président beaucoup trop "dur à cuire", même dans une toute petite casserole, resterait pour la plupart d'entre nous, immangeable, car pour goûter de ce cuissot du chef (longtemps "joggingué" en plein air) dont seules rêvent les top models, il nous faudrait de grandes dents (comme celles des top models ?) or, nous ne sommes pas des top models. Quant au blog "Certains jours", louant servilement l'oxymore avec une dévotion sans pareil, (ni appareil ), il ne se risquera qu'à cuisiner les anonymes, la meunière ou le montagnard, quitte à les servir sur une toque en fourrure ou à vanter les délices d'un "gratin de myope" arrosé "maison" au vieux niais... Cela sera en plus, une occasion à point pour se souvenir des "chansons de Roland", pas BARTHES, l'autre! Le roi de la ripaille et du croquis gloussé avec ou sans cheveux sur la langue. Gloire à ROLAND TOPOR ! et ses textes toqués ("LA CUISINE CANNIBALE" entre autres) qui ne pensa pas à cuire le président, ni à sucrer les fresques d'un Jésus en forme de biscuits (issus pourtant de l'évêché), mais qui laissa à ses contemporains quelques "perles cannibales" agilement signées hantant voire taraudant (si c'est défendu c'est que ça doit être très bon), quelques plis inavouables de notre mémoire collective. Les plus grands chefs étoilés ont rêvé d'appliquer sa prose mais n'oseront jamais vous servir le menu à la lettre et remplaceront le myope ou la meunière par un banal dauphinois ou une sole assez vulgaire. Et vous ne goûterez sans doute jamais de cette exquise "cervelle de meunière" dont je ne résiste pas à livrer la recette ici, signée ROLAND TOPOR avec une admiration déjà régalée et un petit goût de reviens z'y...
A vos fourneaux donc, toutes dents dehors !
CERVELLE DE MEUNIERE
"Il faut d'abord la mettre dans l'eau froide pendant une heure ou deux, puis enlever la petite peau et les filaments sanguins qui l'entourent. Lorsqu'elle est bien épluchée, mettez la dans une marmite avec assez d'eau pour qu'elle baigne complètement, (rougissante d'être toute nue, frémissante, là, devant vous). Ajoutez une ou deux cuillerées de vinaigre, sel, poivre, un bouquet de fleurs et une petite gousse d'ail en gloussant. Quand la cervelle est cuite (il est inutile de se livrer à des excentricités), fendez la en deux, mettez la sur un plat, et versez dessus du beurre fondu. Si vous avez bien connu la meunière c'est encore meilleur. on peut servir dans une toque en fourrure mais les cheveux sont déplaisants et peuvent gâter le plat"
Merci à notre ami J.BIGOT from Paris d'avoir posé pour la photo tout en sonorisant et jouant de la paire de couteaux de l'artiste cuisinier M.PIET, dont les concepts supra culinaires ont fait le tour de monde, nous en reparlerons... Ici un concert improvisé de couteaux de cuisines amplifiés par une vieille machine pas trop conçue pour ça, avant d'attaquer la cervelle ...Cuisines et musiques cannibales à tous les étages. On fera suivre un jour, de bouches à oreilles...
07:36 Publié dans A tribute to, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
Voici
06:59 Publié dans A tribute to, Chiffres/ Lettres/ Mots, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 27 juillet 2008
L'Esprit Des Forêts - Part I -
"J'ai tout l'or que tu veux dit l'un, je n'ai rien à t'offrir dit l'autre." : de ces deux séducteurs le plus fin et assurément le plus dangereux est celui qui joue à la pauvreté ; non pas que son pouvoir d'attrait soit supérieur, au contraire, mais parce que le fait qu'il se présente les mains libres est considéré bien à tort comme une garantie de la pureté de ses intentions (...)
Au feu donc tout ce fatras."
LOUIS-RENE DES FORETS : extr. "Ostinato".
19:40 Publié dans A tribute to, Balades, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 26 juillet 2008
Fontaine endeuillée
A tribute to R.B. (Juillet 1927/Juillet 2007) sans qui ce blog n'existerait pas. Ainsi je lui dédie entièrement ...
19:22 Publié dans A tribute to, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 22 juillet 2008
L'Esprit Des Forêts - Part III -
"Je me tais parce que je suis épuisé par tant d'excès: ces mots, ces mots sans vie qui semblent perdre jusqu'au sens de leur son éteint" LOUIS-RENE DES FORÊTS (1918-2000)
Louis-René DES FORÊTS préférait le silence. Il cotoya G.Bataille, M.Blanchot P.Klossowski, il participa à la revue "L'Ephémère" avec M.Leiris, P.Celan, Y.Bonnefoy. Auteur discret,voire secret il avait publié un premier roman "les Mendiants"puis ce fût en 1946 "Le Bavard", une de ses oeuvres maîtresse qui eût pourtant peu d'échos. Grâce à une réedition de poche 10/18,"le bavard" en 1963, fît découvrir DES FORÊTS. M.Blanchot détecte un "nihilisme presque infini" dans ce livre où la parole "n'est qu'une vaste supercherie".
"Je me fie à mon oreille, chose que Rimbaud,entre tous m'aura apprise"...
Pour en savoir plus sur LOUIS RENE DES FORÊTS C'est par ICI
19:24 Publié dans A tribute to, Balades, Mémoire collective | Lien permanent
vendredi, 18 juillet 2008
The piper at the gates of dawn
Photographié rue Lemot à Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse, un beau "paste up" qui nous met en élégance avec le monde. Les murs s'éveillent et la musique tombe du ciel. Voici le parapet d'où l'on peut voir la mer. La belle proposition du précédent billet suggérée par Monsieur Epistolaire...Et ceci n'est sûrement pas du pipeau...ni de la flûte traversière, Peut être un jour, un musicien venu d'orient ou d'ailleurs nous donnera précisément, le mot, du pipeau de la rue... Comment s'appelle t-elle déjà ?
Ainsi je m'extasiais, ne pouvant plus quitter l'endroit, devenu hors lieu, puis me revint en tête le titre du premier album des PINK FLOYD de la grande époque SYD BARRETT (en 1967): "The piper at the gates of dawn" littéralement :"Le joueur de pipeau aux portes de l'aube" une référence au chapitre 7 du livre " Le vent dans les saules" de Kenneth Grahame, où l'on pouvait plonger dans les contes de fées ("Mathilda mother", "the gnome") ou monter très haut dans l'espace "Astronomy domine"...
02:41 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, De la musique avant toute chose, De visu, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent