Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 27 janvier 2009

Ensevelissement du poète dans la Forêt Morand

"Je t'ai vue, j'ai vu le temps
Percé d'un passage insolite
Où je voudrais que tu veuilles
M'ensevelir sous les feuilles"

ANDRE PIEYRE DE MANDIARGUES. Extr. "Ruisseau des solitudes". Cinquième cahier de poésie. Editions Gallimard 1968.

forêt morand.JPG

Que votre volonté soit faite! cher André-Pieyre, puisque pour vous, je suis venue... Dans la forêt Morand, j'ai trouvé le passage. Vous dormiez aux pieds d'une Dame et de quelques génies. Il me vint cette idée de secouer les arbres. Les feuilles sont tombées et vous voici enseveli.

Si vous aimez les histoires vraies toujours sous les platanes de la forêt Morand vous pouvez poursuivre la ballade ci dessous

http://ruesdelyon.blogspirit.com/archive/2009/01/31/vitton-cours.html

Photo: Perdue en plein coeur de la "Forêt Morand", pour l'Amour de MANDIARGUES. Entre les branches dénudées, un passage, et du gris, au dessus de la Place Liautey, (feu place Morand). A deux pas de "Morand Pétanque". A Cinq pas de "la Dame de pierre" et de sa fontaine aux génies. Lyon, vu (vécu) un mardi gris de Janvier 2009.© Frb

samedi, 24 janvier 2009

Vieux hibou

" J'ai pour voisin de brousse, un vieux que la mort semble dédaigner. son tatouage le rend effrayant ainsi que sa maigreur. il fût condamné autrefois pour anthropophagie. puis on le vit revenir avant l'expiration de sa peine. un farceur de capitaine italien, me voulant du bien, lui raconta que c'était moi, autrefois tout puissant, qui avait intercédé en sa faveur : je ne démentis pas le mensonge et cela me fût utile. Car le vieux, qu'on n'a jamais pu baptiser chrétien, reste pour nous un sorcier; et il a mis sur ma personne et ma maison, le tabou, c'est à dire que je suis sacré. Quoique ayant appris des missionnaires toutes les superstitions que ces religieux leur apprennent, ils conservent encore leurs anciennes traditions. Ce vieux et moi nous sommes des amis et je lui donne du tabac sans que pour cela il s'en étonne. Je lui demande quelquefois si la chair est bonne à manger; c'est alors que sa figure s'illumine d'une infinie douceur (douceur toute particulière aux sauvages) et il me montre son formidable ratelier. J'eus la curiosité de lui donner un jour une boîte de sardines : ce ne fût pas long. Avec ses dents, il ouvrît sans se faire de mal la boîte et il mangea le tout rubis sur l'ongle. Comme on le voit, plus je vieillis, moins je me civilise."

PAUL GAUGUIN  Extr. "Second séjour en Océanie In "Oviri" (écrits d'un sauvage), textes choisis et présentés par Daniel GUERIN. Editions Gallimard 1974.vieux hibou.jpg

Photo:  "Ibou" le jeune, élève (?) dissipé de GAUGUIN (oui, enfin... Il ne faut pas tout croire non plus;-), pose son île citadine en gestes abstraits archisauvages sur les murs de la rue Ozanam dans le premier arrondissement.(Ozanam fait un peu nom d'île non ? sauf que l'île Ozanam s'appelait Frédéric et que c'était un pionnier du catholicisme social mais bon...) La fresque a été vue à Lyon au début du mois de Janvier 2009.

Lien utile : PAUL GAUGUIN biographie : http://www.impressionniste.net/gauguin.htm

mardi, 20 janvier 2009

La gloire et ses affluents...

"Oui, j'ai inspiré OBAMA, et ses équipes nous ont copiés"

SEGOLENE ROYAL : "Interview" journal "Le Monde" 20 janvier 2009.

osons.JPGCe n'est pas pour me vanter mais il me semble avoir également inspiré feu Madame ROYAL avec ma photo prise à Washington Lyon sur le toît de la salle du Capitole, le mur des pentes de la Croix-Rousse en Amérique à Lyon, la semaine dernière. Souvent, le soir, au palais, quand je regarde mon collier de perles devant mon miroir, assise sur ma chaise dans la cuisine, je me demande si Martin Luther King Barack OBAMA aurait eu l'idée de se présenter aux élections présidentielles américaines s'il n'avait pas lu le chef d'oeuvre absolu qu'est ce blog.

L'Histoire nous le dira...

Lire plus : ICI

Madame S.ROYAL est-elle une illuminée ? à voir : ICI

Mémoire des pépites : ICI

Qui s'enfuit déjà...

La gloire n'a qu'un temps...

horl046.JPG

En 1937 alors que l'ouvrage "La nausée" est déjà écrit mais pas encore publié, J.P SARTRE craint de ne pas accéder à la gloire. il écrira plus tard dans "Les carnets de la drôle de guerre":

"A 32 ans, je me sentais vieux comme le monde, comme elle était loin cette vie de grand Homme que je m'étais promise, par dessus le marché, je n'étais pas très content de ce que j'écrivais et puis j'aurais bien voulu être imprimé, je mesure aujourd'hui ma déception quand je me rappelle qu'à 22 ans j'avais noté sur mon carnet cette phrase de Töppfer qui m'avait fait battre le coeur:

"CELUI QUI N'EST PAS CELEBRE A 28 ANS DOIT RENONCER POUR TOUJOURS A LA GLOIRE"

REF : J.P. SARTRE in "Carnets de la drôle de guerre Nov 1939- Mars 1940. Paris, Gallimard 1983.

Source : E. ROUDINESCO in "Philosophes dans la tourmente". Librairie Anthème, Fayard 2005.

Photo: La fameuse horloge, incontournable au regard du voyageur. Vue  au dessus de l'entrée principale de la gare de la Part-Dieu à Lyon. Janvier 2009. ©Frb.

dimanche, 18 janvier 2009

L'autre monde ( Part II )

"Le froid habite dans la nuit et le givre habite dans la terre
Le feu habite dans les Hommes et ne change pas de lieu
Le coeur habite dans la nuit parmi les roses."

TARJEI VESAAS. Extr : "Les vivants"

coucher rose1 2.JPG

Tarjei VESAAS est un écrivain norvégien de langue néo norvégienne. Né à Vinjem dans la très vieille province du Telemark, (il est du même district que l'inconnu qui rédigea au XIIIem siècle le célèbre "Draumkvaedi", "the dream poem"), il mourût le 15 mars 1970 à Oslo, l'année même où l'on pensait à lui pour le prix Nobel. Ecrivain de l'indicible, de l'ineffable, il resta toute sa vie un homme silencieux, réservé et timide, de cette timidité scandinave qui jouxte la paralysie et peut aller jusqu'à l'inhibition totale. Fils de paysan, il le resta lui aussi, pris dans la gangue de la terre. Son écriture rend le mouvement des saisons, leur respiration, l'exhalaison des brumes à travers champs, le choc des pierres et de la glace, sa langue est rurale, paysanne. Il a choisi de s'exprimer dans la langue de sa province (Nynorsk). Son écriture évolue au même rythme que cette nature dont il est inséparable, par lente croissance et patiente maturation. "La vie au bord du cours d'eau" ou "vie au bord du courant" (selon les traductions), titre de son ultime recueil de poèmes, symbolise cette écriture pudique, méfiante des envolées lyriques, du trop plein pathétique, elle s'en tient à l'essentiel: de l'Amour à en mourir, de la nature au plus profond de la neige, et du feu toujours présent. Un an avant de mourir, il a confié dans "Oiseaux et maisons" : "Ce que je voulais, c'était raconter le jeu caché et secret qui se passe aux heures de la nuit quand le jour nouveau point à peine et que tout devrait dormir dans la maison, un jeu dont personne ne doit être témoin." Tarjei VESAAS s'adresse à tous, solidaire avec tous, sans rejet pour les faibles; à ceux qui savent, par grâce "entendre l'inaudible", l'autre monde se trouve coïncider alors avec le réel sans la moindre solution de continuité."Nous sommes au delà de ce qui peut se dire".au dela186 2.JPG

T.VESAAS joue avec cette lumière impensable, la nature du Grand Nord, cette clarté de début du monde qui efface les distances, soulève les apparences, magnifie, irradie, dédouble. Son oeuvre est peuplée de goutelettes ruisselant sur des branches, de violence éclatant dans ce décor primordial, animée d'êtres simples d'esprits, d'idiots de tous les villages mais qui savent voir et entendre, au delà de ce que nous supposons. L'écriture de T. VESAAS pourrait ressembler à des dessins furtifs dans la neige, s'il n'y avait pas ces surgissements d'images violentes, immenses. Sa poésie est prophétie. Menaces mais aussi apaisement. Passionné de chevaux qui ont peuplé sa vie, il y a de la magie dans ses silences, comme celle qui nous surprend parfois au contact des silence animaux. Dans le non-dit passe l'essentiel. Parfois un mouvement crée le contraste mais nous sommes déjà en ses mondes "au delà de ce qui est dit" car rien ne dit beaucoup, ce sont des voix qui disent "je", "nous", la voix du chien, de la forêt, la voix des ponts. Un chant de pureté monte de ses livres et l'on doit s'avancer vers lui avec la même lenteur que sur un lac gelé, tendre l'oreille car dans ses pages, il y a des bruits... La paisible chronique paysanne que nous imaginions lire  devient alors "littérature de l'abîme", cette grande pitié du monde s'exprime par des phrases qui chantent mais resteront toujours inconsolées. Hanté par la condition humaine et la mort en marche, il s'approche à pas de loup du sacré de l'Amour (cf. "le palais de glace" 1963, Flammarion). Nous reviendrons sans doute sur cet auteur un jour, (un certain jour ;-) Promesse incertaine, mais promesse tout de même... Je réserve l'avantage à R.M.RILKE de fermer (ou d'ouvrir ?) ce billet sans répondre à la question de Tarjei VESAAS, bien sûr; une belle phrase en forme de dédicace aux "voyages immobiles"de Marc auteur du blog "EPISTOLAIRE" qui a permis de relier en douceur, (de là bas à ici), le passage certain des jours, du plus loin au plus proche:

"Il est des livres qui touchent aux racines les plus sensibles de l'âme et l'on n'a de cesse de tout faire pour en chercher l'auteur et en devenir l'ami"

R.M RILKE à RODIN  (01/08/1902)

mercredi, 14 janvier 2009

In a broken dream...

" Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays
Cruel, et, souriant aux reproches vieillis
Que me font mes amis, le passé, le génie,
Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie
Imiter le chinois au coeur limpide et fin
De qui l'extase pure est de peindre la fin
Sur ses tasses de neige à la lune ravie
D'une bizarre fleur qu'il a sentie enfant,
Au filigrane bleu de l'âme se greffant.

Et la mort telle avec le seul rêve du sage,
Serein je vais choisir un jeune paysage
Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.
Une ligne d'azur mince et pâle serait
Un lac parmi le ciel de porcelaine nue,
Un clair croissant perdu par une blanche nue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux,
Non loin de trois grands cils d'émeraude,
Roseaux."

STEPHANE MALLARME. Extr. "Las de l'amer repos". In "Poésies". Editions J.C Lattès, Paris, 1989.

lac one.JPG

Photo: Nuages à la course arrêtée, au dessus de l'étang gelé de Montrouan. Silence dans les mondes perdus où Alceste disparût une nuit de novembre. Certains jours prend un billet aller pour le rejoindre. Mais le retour n'est pas certain...

dimanche, 11 janvier 2009

St Augustin priez pour nous !

"Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la."

ST AUGUSTIN (354-430)

lune fils.JPG

Nous profitons encore de ces moments de félicité lunaire sous la protection de St Augustin et de Platon, mais sans l'Auguste Jacquard, ni les génies de la fontaine (ceux qui suivent comprendront), avant que l'on nous oblige à changer toutes les ampoules... sur la terre. Seulement sur la terre... ouf !

Photo: Lieu de culte, un brin panthéïste, vu un dimanche après-midi. Au dessus de nos têtes, en plein milieu du boulevard de la Croix-Rousse à Lyon. Janvier 2009. Frb©.

samedi, 10 janvier 2009

Bain d'hiver

" Enfant, garde bien la porte et ne laisse pas entrer les passants, car moi, et six filles aux beaux bras nous nous baignons secrètement dans les eaux tièdes du bassin."

PIERRE LOUŸS : extr. "Le bain". "Les chansons de Bilitis". ( "petit livre d'Amour antique dédié respectueusement aux jeunes filles de la société future"). Edition Albin Michel 1962.

lyua.JPG

Pour découvrir toute l'histoire de la place Liautey, de cette fontaine, et sa statue gardée par des petits génies, Je vous conseille d'aller lire le très beau billet de Marcel Rivière sur son domaine "rues de Lyon". Un blog recommandé par la maison.

http://ruesdelyon.blogspirit.com/archive/2009/01/12/lyaut...

Photo: Enfant gardant la porte... Assis au dessus de la superbe fontaine de la place Liautey à Lyon (sixième arrondissement). Janvier 2009. Frb©

vendredi, 09 janvier 2009

L'auguste Jacquard est dans la lune

IMG_0056.JPGLa lune en fin d'après-midi pose son auréole presque au dessus de la statue JACQUARD sur la place de la Croix-Rousse à Lyon. Monsieur JACQUARD ne se prénommait pas Auguste, bien sûr, mais Joseph-Marie et, tout bon Lyonnais sait qu'il fût celui à qui l'on doit l'invention du métier à tisser semi-automatique, le métier à tisser "JAQUARD" (dit "métier JACQUARD") qu'il mit au point en 1801. Dans la continuité des travaux de Jacques VAUCANSON, (inventeur, qui créa outre les automates; un androïde à Lyon même! eh oui!). J.M. JACQUARD, équipa son métier d'un mécanisme sélectionnant les fils de chaîne à l'aide d'un programme inscrit sur des cartes perforées (que l'on doit à Basile BOUCHON - un nom prédestiné- ;-) permettant à un seul ouvrier de manipuler le métier à tisser qui avant cette création, en nécessitait plusieurs (d'ouvriers!). A Lyon, le métier JAQUARD constitua les prémices d'une révolution industrielle qui profita beaucoup à la ville mais causa une restructuration sociale difficile. Il fût accusé de mettre les canuts au chômage, et il est évoqué souvent comme l'une des causes de la révolte des Canuts de 1831. Cette statue, comme cela est mentionné sur un précédent billet fût d'abord inaugurée Place Sathonay, à Lyon  puis déplacée. Elle honore "le Bienfaiteur des ouvriers lyonnais"(sic). Elle était jadis en bronze, elle fût remplacée en 1947, par l'actuelle statue en pierre qui posa sans l'oiseau vogueur pour cette photo d'hiver, aux tons supra-lunaires...

mercredi, 07 janvier 2009

Cri de guerre

"Cahier des émeutes, le coeur nourrit ce qu'il éclaire et reçoit de ce qu'il sert le cintre de sa rougeur. Mais l'espace où il s'incorpore lui est chaque nuit plus hostile. O la percutante ligne douleur!"

René CHAR: Extr. "COTES"/ "LE NU PERDU". Editions poésie gallimard 1978.

IMG_0113.JPG

Ce graff, je l'ai vu récemment en nombreux exemplaires, il semble jalonner de mur en mur, le trajet des pentes de la Croix-Rousse à Lyon, jusqu'au plateau et plus loin peut être. A défaut de cailloux du "petit Poucet", si vous cherchez la colline travailleuse, suivez le graff "Emeutes toi" et vous trouverez bien votre chemin, celui de l'ancien esprit de révolte de Croix-Rousse, pas tout à fait révolu, avec sa belle écriture d'un rose vif. Vu ici en revenant par les escaliers, tout en haut du passage Thiaffais, qui est aujourd'hui devenu un passage propre et beau (bo ?) réservé aux "créateurs", semblable aux "espaces de créateurs" que l'on trouve plus particulièrement à Paris dans le Marais. D'où peut être, ce cri du coeur précisément posé à cet endroit...

Vous retrouverez le cri de guerre toujours en fragment de "jeu de piste", sur le site Daily Life, et cette fois, sans faute d'orthographe à l'impératif !

dimanche, 04 janvier 2009

En cette ère mon chant ne peut vivre !

"Non, mieux vaut ne pas regarder
Pour n'apercevoir pas le pire
Sur toute cette saleté rouillée
Je clignerais les yeux"

Sergueï. ESSENINE (1895-1925) . Extr. "Transfiguration" tiré de "La confession d'un voyou" suivi de "Pougatcheff". Edition l'âge d'homme. 1983.

baionnette.JPG

Sergueï Alexsandrovitch ESSENINE est le grand poète lyrique de la Russie. Poète paysan, Ecrivain sans apprêts, révolté, au style spontané, il fût adoré par le peuple Russe. Grand maître d'un imagisme (qui pouvait exister sans celui des autres pays), il s'inspira de son enfance, du monde paysan, de la nature, chantant aussi des personnages hauts en couleurs comme "POUGATCHEFF". Survivant à la révolution, il la décrivit dans ses poèmes publiés sous le titre "La ballade des 26" (1925). Il épousa (le mariage fût malheureux), la danseuse Isadora DUNCAN avec qui il effectua plusieurs voyages en Europe. Une vie tumultueuse qu'il disait de "voyou" le transforma en "Homme noir", titre de son dernier recueil. S.ESSENINE finit par rejeter la transformation brutale de la Russie car l'après-révolution bolchévique allait "mécaniser" tout ce qu'il aimait chanter. "En cette ère, mon chant ne peut vivre!" criait il dès 1919 (De profundis 40 fois). Il se suicida le 28 décembre 1925, dans sa chambre à l'hôtel Angleterre à l'age de trente ans.

Nous reviendrons lors de prochains billets sur les poèmes de S. ESSENINE et notamment sur les poèmes superbes extraits de "La confession d'un voyou". A suivre donc...

Photo: Arme ancienne de combat, de révolte et de guerre, croisée par le plus curieux des hasards non loin de la Tour de Charles le Téméraire ou "Tour de diamant" qui domine le champ de foire ainsi qu'une partie de la ville de Charolles. Décembre 2008. Frb©

samedi, 03 janvier 2009

La fête est finie ou presque...

J'espère que le lecteur (adoré ;-) me pardonnera de plomber un petit peu l'ambiance, de gâcher l'enthousiasme, les plaisirs qui augurent tout début d'année mais bon, la vie est courte et ça commence à savoir, alors autant le dire en face desfois que nous n'aurions pas été (assez) prévenus...

PA280311.JPG

"Chaque fois je m'étonne, lorsque je vois des gens prier qu'on leur consacre du temps, et ceux qu'on prie accorder ce temps sans difficulté; l'un et l'autre considérant le motif pour lequel du temps est demandé, le temps en lui même, personne: comme si l'on ne demandait presque rien, ni n'accordait presque rien. La chose la plus précieuse de toutes, on s'en moque; l'on s'y trompe aussi, parce que c'est une chose immatérielle, parce qu'elle ne vient pas sous les yeux et à ce titre on l'estime de très faible valeur, pis: d'un prix à peu près nul (...) Personne n'apprécie le temps à sa véritable valeur; chacun en use avec lui sans retenue, comme s'il était presque gratuit (...) Si, pourtant, l'on pouvait faire connaître à chacun le nombre, à l'instar de celui des ans qu'il a déjà vécus, des ans qui lui restent à vivre, comme trembleraient ceux qui verraient le peu de temps qu'il leur reste, et comme ils géreraient ces années avec parcimonie (...) Personne ne te restaurera tes années, personne ne te rendra une seconde fois à toi même. Ton âge poursuivra son cours comme il a commencé, sans retour en arrière ni pause; sans nul remue-ménage, sans rien pour signaler sa rapidité : il avancera en silence. Ni l'autorité d'un roi ni la faveur d'un peuple ne rallongeront sa course selon l'élan du premier jour, elle glissera sans jamais dévier, sans jamais ralentir.

Que se passera t-il ?"

SENEQUE . Extr. "Sur la brieveté de la vie" traduction du latin et postface par Xavier BORDES. Editions Mille et une nuits. Janvier 1994.

Photo: Deux impressions d'aiguilles sur la sève figée. L' horloge conifère marque à jamais 15H50. Vue au lieu-dit "clôt boteret", quelquepart dans le Brionnais, tout à côté de la très secrète "villa Alceste", en bordure d'un chemin de terre, juste à l'entrée de la forêt. Décembre 2008.Frb©.

vendredi, 02 janvier 2009

Gueules de bois

" Je n'ai pas grand chose à dire à propos de la campagne. La campagne n'existe pas. C'est une illusion"

Georges PEREC . Extr: "Espèces d'espaces". Editions Galilée.1974.

g d b.JPG

Je pourrais vous l'écrire "à la manière de..." Sophie L.L par exemple: "Georges on t'adore, mais franchement, quand t'as bu, t'exagères!" tandis qu'au salon, Lacan à l'aube, liquidant la dernière orangette, trempée dans une coupe de champagne marmonnerait dans sa barbe: "Mouais... l'exact gère. "Ah mais non! hurleraient les convives Qu'on lui redonne vite une grosse tranche de Charlotte à la banane !", revenons donc à cette citation!" (celle de Georges), conviant encore une autre sorte de réaction (enfantine, après notre lecture au premier degré), sous forme d'expression populaire longtemps entendue dans les cours de récré: "Faut pas pousser mémé dans les orties". C'est vrai quoi! ce n'est parce qu'on aime bien PEREC qu'il faut lui laisser dire n'importe quoi... "Georges ! Enfin ! La campagne, une illusion ? et LACAN ? la barbe de LACAN ! Frasby voyons ! la barbe, c'est FREUD!" préciserait kl-loth. Oui, sauf que je n'ai rien à dire à propos de FREUD car FREUD n'existe pas". Sur ce Alceste, réveillé par tout ce boucan sortirait de sa planque à rats, et tristement penché sur la photo d'arbres amputés se demanderait dans sa tête, (car Alceste ne cause à personne) "quel est l'assassin qui a fait ça ? ..."

Bon... Une seule rubrique "gueules de bois" suffira au moins, jusqu'à l'année prochaine, si les petits cochons ne nous mangent pas. Et je crois que je vais faire comme Alceste, retourner dans mon arbre, enfin celui qui reste... Pour les âmes trop sensibles, vous remarquerez que des petits sapins ont été plantés pour remplacer ces troncs sectionnés et couchés , qui ne pouvaient plus vivre parce qu'ils étaient malades, (même si "les arbres ne meurent jamais" comme le dit encore ce cher Alceste) les maladies chez les conifères, ce sont des choses qui arrivent... Par conséquent, si ce blog survit suffisamment d'années, dans vingt ou trente ans je vous montrerai l'image de ces petits sapins devenus arbres géants, forêt majestueuse aux branches touchant le ciel. Encore une promesse qui ne sera pas tenue ? Vous le saurez dans trente ans. A suivre donc jour après jour...

Photo: A la sortie du clôt Boteret, forêt debout, couchée, vue sur le chemin qui mène au château de Montrouan en région Brionnaise. Décembre 2008.Frb©

lundi, 22 décembre 2008

Comme un lundi dans la nuit Alcestienne

"L'élu du Solstice d'hiver
Entrera dans la nuit des temps
Cassé bientôt,
Comme un rat gelé à pierre
Puis écrasé par un poids lourd
Et rebuté d'un coup de rouvre
Blanchi sur la verge de Dieu"

André Pieyre DE MANDIARGUES "Les souffleurs de verre" 20 décembre 1965. Extr; "Ruisseau des solitudes".Gallimard 1968.

mur.JPG

"Les souffleurs de verre" de MANDIARGUES, ont l'alchimie plus blanche que nos souffleurs de murs et autres balayeurs de feuilles en ces routes qui achèvent l'année sur un thème Alcestien. Alceste comme un rat gelé sous la pierre entre dans caverne et dans la nuit d'un temps singulier, qui ne sera blanchie qu'au printemps, quand refleurira le muguet, peut être un peu avant... Il n'y a presque plus, pour l'heure ni verdure ni ombrages, mais nos murs ont leurs personnages que la nuit met au secret du mouvement...

Photo: Mur blanchi à l'usure vu sur la colline travailleuse au lendemain du solstice d'hiver à Lyon. Décembre 2008. Fb ©.

dimanche, 21 décembre 2008

Comme un dimanche d'hiver brûlant

"Nulle fleur n'est excessive
Au seuil du solstice d'hiver
Mais quelle sève ou quel sang fou
Quel vin sert à l'ardente écume
Monte depuis le pied monté
jusqu'en haut de la belle hampe ?
Tes pétales sont des lions
Qui ont pris feu du tout premier bond
Quand tu as épanoui ta tête
Au défi d'un ciel neigeux
Et leurs griffes flambloyantes
Ont aveuglé toutes les lampes
Tes lèvres se sont ouvertes
Comme la glace d'un étang
Devant l'ombre d'un imprudent"

André Pieyre de MANDIARGUES. Extr. "Ruisseau des solitudes". Edition: Gallimard 1968.

IMG_0065.JPG

Il n'y a pas de lion rue Denfert (Rochereau) à Lyon, Il n'y a pas d'enfer à Lyon, enfin pas en ces lieux tranquilles des petits quartiers de colline... juste l'ultime fleur prise au jardin d'un presbytère dans l'objectif floué par le vent glacé de l'hiver en nocturnes, où certains coeurs brûlent pourtant dont celui d'André Pieyre...

mardi, 16 décembre 2008

Existentialisme

"Gamine en bleu chandail qui
Secouais tes boucles paille
Dans les ruines d'un bordel
A Milan après la guerre
Toi qui disais Regarde moi
Je fais l'existentialiste
Je fais l'idiote prends moi,

Je t'ai prise."

ANDRE PIEYRE DE MANDIARGUES

Ext. Cinquième cahier de poésie. "Ruisseau des solitudes". Editions Gallimard 1968.

diam.JPG