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jeudi, 23 juillet 2009

Tulipia Pliasantae

Nous vînmes au jardin fleuri pour la cueillette.
Belle, sais-tu combien de fleurs, de roses-thé,
Roses pâles d'amour qui couronnent ta tête,
S'effeuillent chaque été ?

Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918). Extr. "La cueillette" tirée du recueil "Il y a".

rose045.JPGElle ne sait pas, la belle ! elle qui croit que la pluie la visite chaque soir et se plaît à orner sa tête de perles rares, celles dont personne n'a pu arracher le secret, ni rouler dans ses mains pour en faire des colliers. Elle qui n'a pour couronne qu'un peu d'eau chaque soir que le jardinier porte dans un grand arrosoir. Elle qui croit qu'il l'adore au point de la couvrir de ces diamants bizarres, tandis qu'il est payé pour lui donner à boire.

Des pétales de rose ont chu dans le chemin.
Ô Belle, cueille-les, puisque nos fleurs de rêve
Se faneront demain !

C'est ce qu'on dit au jardin... Elle qui ne cueille rien. Elle qui croit à demain, elle qui n'entend pas le jardinier qui vient, avec ses gants de jardin, une bêche, un sécateur.

Et les fleurs vont mourir dans la chambre profane.
Nos roses tour à tour effeuillent leur douleur.
Belle, sanglote un peu... Chaque fleur qui se fane,
C'est un amour qui meurt !

The ZOMBIES : "Summertime"

podcast


Photo: Les sanglots de la Tulipia pliasantae vue dans le Nabirosina en Juillet 2009. © Frb.

note du lecteur : - Comment ? des tulipes au jardin ? en plein mois de Juillet mais...

Réponse de la cueilleuse: - Y'a pas de mais ! des tulipes en Juillet. C'est comme ça. A prendre ou à laisser...

dimanche, 21 juin 2009

La vie sur terre ( Part III )

"S'il nous vient par inadvertance de vouloir songer aux jours futurs, aux années prochaines, à quoi ressemblera le monde et par exemple les informations que nous y entendrons le matin en nous réveillant; aussitôt voilà notre entendement qui charbonne et notre âme qui se trouble comme de toucher à d'hostiles ténèbres: on dirait que ce présent où nous existons encore vivants et tangibles, ce vaste assemblage de tout ce qui existe, ce monde évident où nous sommes aujourd'hui sans étonnement, ne débouche bientôt sur rien que sur du néant. Chacun, pour peu qu'il s'examine avec conscience, constatera d'ailleurs le soin qu'il prend à détourner son imagination d'un avenir si confus et si déplaisant, ainsi qu'il écarterait en rougissant un souvenir malsain (sans doute par quelque phénomène d'antémémoration); avec quel naturel nous éludons toute considération quant au futur imminent, ce qui en est déjà concevable par les événements qui nous y mènent, ce qui peut s'en prédire d'après des circonstances déjà présentes et visibles et si précipitées que les journaux même ne se donnent plus la peine d'en dissimuler les symptômes; qui sont autant de prémices et de causes prochaines au regard de la pensée qui les examine. Les rougeoiements en projettent vers nous de longues ombres qui déjà nous enveloppent: nous tâtonnons et nous croyons voir, nous reniflons les combustions d'un monde parti en fumées et nous croyons penser."

BAUDOUIN DE BODINAT. Extr. "La vie sur terre". Editions, Encyclopédie des nuisances. 1996.

tur42.JPG"La vie sur terre" est un ouvrage peu connu, peu lu, paru dans une quasi indifférence générale et pourtant déjà considéré comme un texte essentiel d'une grande intelligence écrit dans un style magnifique. Ces réflexions sur "le peu d'avenir que contient le temps où nous sommes" paru chez l'éditeur de "l'encyclopédie des nuisances" émet un constat très critique, sans appel, sur notre monde actuel. BAUDOUIN DE BODINAT ne propose aucun remède (et pour cause !), il considère qu'il n'y en a pas, qu'il n'est plus temps de sauver quoi que ce soit, que nous ne sommes pas dans une époque précédant la catastrophe mais déjà dans la catastrophe elle-même. Il dénonce l'enlaidissement, l'abêtissement, la spoliation de ce que l'Homme a de plus noble en lui, par la dictature économique et marchande dans laquelle nous nous imaginons avoir encore le choix. Je ne saurais que conseiller aux lecteurs de C.J, d'aller urgemment découvrir cet auteur, à la langue baroque, au style souvent bouleversant qui n'est pas sans filiation avec notre cher Guy DEBORD. Ce dernier contribua anonymement à la rédaction de quelques textes de la revue du groupe "encyclopédie des nuisances", donc 15 fascicules sont parus entre 1984 et 1992). Baudouin de BODINAT n'est pas sans affinités, non plus avec SEMPRUN junior (Jaime SEMPRUN, fils de...), rédacteur de cette courageuse maison d'édition qui publia des ouvrages (dont "l'Abîme se repeuple", entres autres...) et également des auteurs tels que Georges ORWELL (en coédition), Günter ANDERS, William MORRIS, René RIESEL, Bernard CHARBONNEAU ou Lewis MUMFORD... Nous reviendrons un jour (un certain jour), à la vie sur terre (si on peut ;-), avec d'autres fragments de ce superbe texte de Baudouin de BODINAT dont on sait trop peu de choses, sinon qu'il est l'auteur d'un essai sur la photographie paru dans les cahier de l'ADRI, et qu'il collabore à des revues littéraires comme "conférences". Auteur à suivre, donc au moins ici , c'est plus qu'une promesse ...

Photo: "Cages à lapins", visibles du Cours Lafayette. Pas très loin des halles du 3em et du centre commercial de la Part-Dieu à Lyon. Printemps 2009. © Frb.

dimanche, 24 mai 2009

Entre l'abîme et les cieux...

Comme un dimanche.

"Des Dieux ? ...  -  Par hasard j'ai pu naître,
Peut-être en est-il par hasard...
Ceux-là, s'ils veulent me connaître,
Me trouveront bien quelquepart ..."

TRISTAN CORBIERE. Extr. "Raccrocs. In "Les Amours jaunes". Editions Gallimard 1973.

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"L'abîme et les cieux plein de noirceur" de HUGO ont croisé ce dimanche, les "raccrocs" de Tristan CORBIERE, sous les pas foulant presque en silence le gravier pastel du cimetière d'un village Moyen-Ageux.

Parmi les cinq poètes auxquels Paul VERLAINE a consacré quelques études (1884) sous le titre "Poètes Maudits", Tristan CORBIERE figure en tête. Peut-être s'agissait il de mettre les noms seulement par ordre alphabétique, mais cet ordre tombait juste. CORBIERE resta longtemps en France, le "Maudit" par excellence au sens où l'entendait VERLAINE c'est à dire le plus méconnu, (ou mal connu) et le plus secret. On avait prêté à VERLAINE, quelques jours seulement, ce livre rarissime : "Les Amours jaunes" (avec l'édition de LE GOFFIC, grand celtisant et lettré scrupuleux). Cette édition (introuvable aujourd'hui) montrait aussi une photo de CORBIERE en dandy. La vie si brève de CORBIERE apparaît comme une obstinée dérobade, non pas involontaire, mais désirée, maintenue avec une curieuse énergie. L'état maladif du poète lui interdisait toute activité utilitaire. CORBIERE mena toute sa vie le conflit avec le fait de n'être que ce qu'il était, un duel glissant presque dans la passion. Sa pensée se désarme et soumet à une sorte de vertige l'orgueil et l'humilité, les menant à l'extrême (cf. le dernier groupe de poèmes personnels "Paria") :

"Ma pensée est un souffle aride :
C'est l'air. L'air est à moi partout
Et ma parole est l'echo vide
Qui ne dit rien- et c'est tout."

Il semble que ces vers aient été écrits après que la surdité eût coupé CORBIERE de toute communication normale avec ses semblables. Il entre désormais dans le domaine où La paradoxale "Rapsodie du sourd" nous le montre comme précipité par une trahison de la vie.

Tout cela serait assez glorieux, si CORBIERE n'était pas touché par une grâce ironique qui désarme à son tour les "grands mots". Une pirouette bouffonne accompagne l'évocation des gouffres et la tourmente cosmique où toute existence humaine particulière finit toujours par se perdre.

"Je voudrais être point épousseté des masses,
un point mort balayé dans la nuit des espaces,
... et je ne le suis point !"

Le point résiste à la l'évaporation des sens. Sur ce, la plume de Victor HUGO passe, "Seul débris qui resta des deux ailes de l'Archange englouti"...

et caressant à peine le point endolori. Referme le couvercle sans s'en apercevoir.

Source: Extr de la préface par Henri THOMAS , à l'édition 1973 des "Amours jaunes" de TRISTAN CORBIERE.

Photo : De l'autre côté du mur, l'étrange sensation d'être suivie...  Une Croix (avec vue) semble narguer le bord des routes, tandis que nous longeons le cimetière hébergeant les anciens boscomariens du village médiéval de Bois Ste Marie. (Les boscomariens est l'appelation générique des habitants de la commune de Bois Ste marie). Un lieu dont je vous reparlerai sans doute un (certain) jour, si je parviens à capturer, sous les voûtes de l'église romane, l'image cruelle, troublante, d'un de ses chapiteaux nommé "Le châtiment du bavard", hummmmm... A suivre. Un signe donc, en zone intermédiaire, vu dans le Brionnais fin Avril 2009 © Frb

jeudi, 30 avril 2009

Après après-demain, dans cent ans et plus...

"Je suis amoureux de la peinture depuis que j'ai pris conscience de son existence, à l'âge de six ans. J'ai fait quelques tableaux que je croyais très bons quand j'ai eu cinquante ans, mais rien de ce que j'ai fait avant l'âge de soixante-dix ans n'avait aucune valeur. A soixante-treize ans j'ai fini par saisir tous les aspects de la nature : oiseaux, poissons, animaux, arbres, herbe, tout. Quand j'aurai quatre-vingts ans j'irai encore plus loin et je posséderai vraiment les secrets de l'art à quatre-vingt dix. Quand j'atteindrai cent ans mon art sera vraiment sublime, et mon but ultime sera atteint aux environs de cent dix ans, lorsque chaque trait et chaque point que je tracerai seront imprégnés de vie."

HOKUSAÏ  (1760-1849) "Le vieillard fou de son Art" (Postface aux "Cent vues du Mont Fuji)

hokusai.JPG

En septembre 2008, je vous avais promis une suite au billet célèbrant brièvement HOKUSAÏ : "le Poète fou de peinture" (Voir ICI) ou "Vieillard fou de son art" ou encore "Vieux, fou de dessin". Vous verrez, plus loin, que les traductions de ce texte très connu ne manquent pas... Dans un premier temps, j'avais plutôt le projet de tenir ma promesse autour du printemps 2098 (procrastiniotat oblige) avec, peut être une suite, plus affinée au cours de l'année 3008, mais vues les circonstances inquiétantes (ce soir, de niveau 5), je me dépêche (vite ! vite ! vite!) de vous livrer ce petit brouillon du 30 Avril 2009, tout autant qu'un extrait de promesse, (c'est ce que vous voyez sur la photo l'arbre à promesses en train de naître), sachant que tout cela ne demande qu'à traverser deux ou trois siècles pour toucher ne serait-ce qu'une infime seconde de félicité.

HOKUSAÏ KATSUSHIKA ou HOKUSAÏ, (comme chacun sait), fût probablement le meilleur peintre et dessinateur japonais de sa génération, celui dont la renommée traversa les continents. L'artiste croqua la vie, l'éternité, l'espace, les choses, les relations des hommes à la nature et plus encore... Il fût aussi graveur, auteur de récits populaires japonais et peintre spécialiste de l'Ukiyo-e qui est un terme japonais désignant le monde flottant. Un terme appliqué durant l'époque d'EDO (1605, 1868), qui désignait l'estampe et la peinture populaire narrative. Ce genre, d'abord considéré comme vulgaire par sa représentation de scènes quotidiennes (voir ICI) connût un grand succès en occident après l'ouverture forcée du Japon sur le monde extérieur en 1868. Paradoxalement HOKUSAÏ, qui était pourtant un artiste du peuple, mourût presque ignoré, sinon méprisé de la classe aristocratique. En Europe il fascina de nombreux artistes, dont GAUGUIN, VAN GOGH et CLAUDE MONET. Ce  qui engendra un courant artistique appelé "LE JAPONISME". Le peintre HOKUSAÏ signa parfois ses oeuvres (à partir de 1800) par la formule "Gakyôjin" = "le fou de dessin"...

Et pour comparer un peu les manières de traduire cette "postface aux cent vues du Mont Fuji", ou sublime projet de vie artistique bien remplie ; je vous propose une autre mouture du même texte, bouclant la boucle d'une promesse dont je me demande si elle ne trouverait pas matière à se prolonger d'ici quinze à trente ans voire peut être plus tôt... (Quinze à trente jours ??? Je n'ose telle imprudence ...) Enfin vous verrez bien. D'abord bouclons la boucle. La première version ci-dessus est elle même citée par HENRY MILLER au tout début du livre "Big Sur et les oranges de Jérome BOSCH" succédant à deux autres citations l'une de THOREAU, l'autre de PICASSO. Celle qui suit, je ne saurai plus vous dire dans quel livre je l'ai trouvée, mais elle me paraît moins limpide, plus emberlificotée. A vous de voir... Les mêmes propos dans un tout autre style. donc d'un tout autre effet. Est ce qu'une même matière de réflexion autrement dite, produit une autre réflexion ? (that is the big question) :

"Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant." (Ecrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin".)

Photo : L'arbre à promesses en ce jardin ... Attendez un peu qu'il fleurisse. Vous allez voir ce que vous allez voir ! Avril 2009. © Frb.

vendredi, 03 avril 2009

Tandis que nous fleurtons...

"...Non plus ton parfum, violier
Sous la main qui t’arrose,
Ne valent la brûlante rose
Que midi fait plier..."

PAUL-JEAN TOULET "Contrerimes"

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Le Désenchantement maître mot de P.J.TOULET parle son langage propre et commande le choix des mots des "Contrerimes", il y a du RONSARD chez TOULET, souvenez vous  du poème : "Mignonne, allons voir si la rose..." dédié à Cassandre :

" Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté."

Ainsi, comme chez RONSARD, toutes choses aimées sont niées au profit d'une seule mais la plus éphémère. telle la "Brûlante rose que midi fait plier" dans le poème de TOULET, et qui n'est autre ici, qu'une fleur de pommier à l'existence encore plus brève... Rien ne subsiste solidement des sentiments, des objets, des amours... Toutes ces choses qui intéressent le coeur ou la curiosité de l'Homme un temps...Et P.J. TOULET Rapproche les images, les magnifie, tirant de la contemplation de la nature ses plus belles comparaisons, harmonisant les gestes d'une créature aimée avec le décor et tissant des liens émouvants entre l'humain, le végétal, le féminin, les paysages... Le tout, perçu, ressenti simultanément sur le seul plan de l'imagination. Une comparaison seule mène tout à l'unité. Le poète coordonne les choses après avoir redonné à chacune son exacte valeur. Exemple : Il n'y a plus au jardin, une fleur épanouie, sur le plancher, un gant tombé là ; il n'existe plus que ce gant qui fait penser à "un pétale de fleur". Les choses sont pourtant bien reçues une à une, mais c'est le charme P.J. TOULET de nous les restituer toutes ensemble.

On sait depuis HERACLITE que notre vie s'écoule comme un fleuve, HORACE délicatement, BOSSUET plus pompeusement ont fait des eaux courantes le symbole de nos destinées ; ce thème est aussi récurrent dans "Les Contrerimes".

"Le temps passe et m'emporte à l'abyme inconnu,
Comme un grand fleuve noir, où s'engourdit la nage"
(Coples, LIII)

Mais P. J. TOULET en tire maintes variations faisant pleurer les arbres, les fontaines, les fleurs ... Faisant chanter les adieux à toutes les espèces de liquides pour évoquer (nous rappeler peut-être ?) cette fuite éperdue de tout ...

Il arrive aussi que les images, au lieu d'invoquer l'invincible glissement du temps, résistent au contraire à cette fatalité, pour fixer en un sublime éclair, l'émotion de l'instant. En cet art, TOULET est aussi virtuose pour laisser goûter aux mortels, une minute de félicité qui ne saurait pas s'entendre autrement que dans une parfaite étreinte avec la nature. Contrerimes baroques, pourrait-on dire, déjouant la stabilité dans ce constat un peu amer qu'il n'est rien de très saisissable sous le soleil. En dépit de la forme solidement resserrée et fermée sur elle-même, les images fulgurantes de la poésie de Toulet en font des pièces ouvertes :

"On descendrait, si vous l'osiez
d'en haut de la terrasse,
Jusques au seuil, où s'embarrasse
Le pas dans les rosiers"
(Contr. ; LI)

Un instant ici est fixé. Mais le bruit peut continuer. "Le pas dans les rosiers". Et les silences seront portés au compte de la poésie...

Source (notes de lecture) : "PAUL-JEAN TOULET qui êtes vous ?" par P.O WALZER. Editions "La manufacture. 1987.

Photo : Fleurs au verger du Marquis de Montrouan aux premiers jours du printemps. vues dans le brionnais près du chateau de Montrouan (le bien nommé). Avril 2009. © Frb.

mardi, 20 janvier 2009

Qui s'enfuit déjà...

La gloire n'a qu'un temps...

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En 1937 alors que l'ouvrage "La nausée" est déjà écrit mais pas encore publié, J.P SARTRE craint de ne pas accéder à la gloire. il écrira plus tard dans "Les carnets de la drôle de guerre":

"A 32 ans, je me sentais vieux comme le monde, comme elle était loin cette vie de grand Homme que je m'étais promise, par dessus le marché, je n'étais pas très content de ce que j'écrivais et puis j'aurais bien voulu être imprimé, je mesure aujourd'hui ma déception quand je me rappelle qu'à 22 ans j'avais noté sur mon carnet cette phrase de Töppfer qui m'avait fait battre le coeur:

"CELUI QUI N'EST PAS CELEBRE A 28 ANS DOIT RENONCER POUR TOUJOURS A LA GLOIRE"

REF : J.P. SARTRE in "Carnets de la drôle de guerre Nov 1939- Mars 1940. Paris, Gallimard 1983.

Source : E. ROUDINESCO in "Philosophes dans la tourmente". Librairie Anthème, Fayard 2005.

Photo: La fameuse horloge, incontournable au regard du voyageur. Vue  au dessus de l'entrée principale de la gare de la Part-Dieu à Lyon. Janvier 2009. ©Frb.

La petite aiguille sur la grande...

IMG_0024.JPGHeure ouvrable sur l'horloge commune bordant un cours Vitton presque désert, devant les bâtiments modernes (résidences cossues du sixième arrondissement de Lyon, dont une baptisée "des célibataires"), juste en face de l'illustre "brasserie du Parc" et son enseigne rouge sombre que je vous montrerai un jour (un certain jour). Mine de rien, pour notre RV (séance-photo), la pendule était à l'heure, et moi aussi, comme quoi, il y a de ces hasards sur terre ...

vendredi, 09 janvier 2009

Deux fragments du temps au dessus des fleuves

coin de ciel gris.JPGcoin de ciel bleu.JPGPhotos: Du gris au lever du jour et un peu de bleu dans l'après-midi. Ciels de Lyon. Le 09 janvier 2009. Frb©

samedi, 03 janvier 2009

La fête est finie ou presque...

J'espère que le lecteur (adoré ;-) me pardonnera de plomber un petit peu l'ambiance, de gâcher l'enthousiasme, les plaisirs qui augurent tout début d'année mais bon, la vie est courte et ça commence à savoir, alors autant le dire en face desfois que nous n'aurions pas été (assez) prévenus...

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"Chaque fois je m'étonne, lorsque je vois des gens prier qu'on leur consacre du temps, et ceux qu'on prie accorder ce temps sans difficulté; l'un et l'autre considérant le motif pour lequel du temps est demandé, le temps en lui même, personne: comme si l'on ne demandait presque rien, ni n'accordait presque rien. La chose la plus précieuse de toutes, on s'en moque; l'on s'y trompe aussi, parce que c'est une chose immatérielle, parce qu'elle ne vient pas sous les yeux et à ce titre on l'estime de très faible valeur, pis: d'un prix à peu près nul (...) Personne n'apprécie le temps à sa véritable valeur; chacun en use avec lui sans retenue, comme s'il était presque gratuit (...) Si, pourtant, l'on pouvait faire connaître à chacun le nombre, à l'instar de celui des ans qu'il a déjà vécus, des ans qui lui restent à vivre, comme trembleraient ceux qui verraient le peu de temps qu'il leur reste, et comme ils géreraient ces années avec parcimonie (...) Personne ne te restaurera tes années, personne ne te rendra une seconde fois à toi même. Ton âge poursuivra son cours comme il a commencé, sans retour en arrière ni pause; sans nul remue-ménage, sans rien pour signaler sa rapidité : il avancera en silence. Ni l'autorité d'un roi ni la faveur d'un peuple ne rallongeront sa course selon l'élan du premier jour, elle glissera sans jamais dévier, sans jamais ralentir.

Que se passera t-il ?"

SENEQUE . Extr. "Sur la brieveté de la vie" traduction du latin et postface par Xavier BORDES. Editions Mille et une nuits. Janvier 1994.

Photo: Deux impressions d'aiguilles sur la sève figée. L' horloge conifère marque à jamais 15H50. Vue au lieu-dit "clôt boteret", quelquepart dans le Brionnais, tout à côté de la très secrète "villa Alceste", en bordure d'un chemin de terre, juste à l'entrée de la forêt. Décembre 2008.Frb©.

vendredi, 19 décembre 2008

Être et ne pas être de son temps...

"C'est un devoir d'être de son temps. C'est aussi un devoir - quelque chose d'indispensable à qui veut progresser et s'élever - de ne pas être de son temps."

SUSAN SONTAG

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Ce billet est dédié à Marc auteur du blog "EPISTOLAIRE" dont je vous conseille les "Voyages immobiles", et qui m'a fait découvrir cette très belle citation de Susan SONTAG.

Photo: Statue presque endormie, vue au jardin du Palais St Pierre à Lyon. En plein coeur du quartier des Terreaux, par un tranquille après-midi de décembre 2008.

dimanche, 09 novembre 2008

Instant

"Mince temps scintillant, senti comme insistant"

feuillli.jpg Arrêter un instant la marche du mot "instant". Lui rendre sa valeur exacte:

La brièveté de l'instant n'ôte rien à son importance, (cf: M. LEIRIS "un temps intense et mince"). Intense parce que mince.

Mince temps...

Juste l'instant arrêté qui précède vingt secondes du mouvement de l'instant suivant...

Photo: Nature morte près de la fontaine sous la statue de la place du Maréchal Lyautey à Lyon dans le sixième arrondissement.

Novembre 2008 ©

samedi, 25 octobre 2008

Tempo fugit...

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Le temps agité nous apparaît comme du temps vivant, par opposition au temps lent qui nous semble mort. C'est l'inverse qui est vrai, et nous avons sans doute perdu l'art de faire alterner les deux temps.

Aller plus vite, ce n’est qu’affaire de bonne "gestion" du temps, tous les spécialistes vous le diront. Cours éclairs, séminaires accélérés, livres en gros caractères avec passages clés surlignés, agendas papier ou électroniques pour les plus pros. 10,000 adresses, 3,000 rendez-vous et 400 courriels sans compter les centaines de têtes qu'il faut croiser dont une vingtaine ou plus, à saluer. Combiner, morceller les tâches, déléguer, rediriger... Abrégés, sommaires, résumés, statistiques, narratifs coulés dans le moule des catégories obligées. Gérer le temps c'est jongler. Tout est dans l'art de ne consacrer à l'objet que l'attention nécessaire pour le remettre vite en circulation. Une fois organisés, évitons que les évènements (ou les autres) ne nous désorganisent. Contacts personnels, conversations trop longues, remplaçons! il y a des messageries, des courriels. Evitons les questions ouvertes qui appellent des réponses élaborées. Si quelqu'un nous demande si ça va. répondons que "ça va". Pas la peine nous étendre trop sur le sujet... Essayons de prendre RV pendant le déjeûner, c'est toujours ça de gagné. Après tout, par le passé, presque tous les rois le faisaient, donnant même rendez-vous sur leur chaise percée...

Dans Faster, un livre écrit rapidement, qui traite de la question des méfaits de notre engouement pour la vitesse, en 37 courts chapitres faits pour être parcourus - le mot le dit - à la course, l’auteur, GLEICK, s’amuse de l’étonnement des musiciens contemporains confrontés à ce symbole que les compositeurs classiques aimaient chapeauter d’un point d’orgue: comment, et surtout pourquoi étirer un temps d’arrêt ?
Le présent n’a de sens qu’en rapport avec un idéal, un absolu intemporel. Cet absolu, le ciel étoilé, avec ses lents mouvements réguliers qui toujours recommencent, en fournit le plus ancien modèle; et la première mesure du mouvement comme de la stabilité du temps. C’est aussi le temps de PARMENIDE CLICK où reste suspendue la flèche ailée de ZENON (voire paradoxe de ZENON) qui n’atteindra jamais le but puisqu’elle doit, avant d’arriver, toujours parcourir la moitié de ce qui lui reste à courir et que toute distance peut toujours être divisée par deux. Temps arrêté par la pensée. Silences et points d’orgue: une musique peut-elle faire autre chose que se détacher d’un fond de silence pour y retourner ensuite? Il lui faut pour être, cette trame immobile, ce temps pulsé, bruit de fond de l’univers...

Sources: Notes de lecture: Dominique COLLIN. Extr  "Temps mort, temps vivant". Art Web.

samedi, 11 octobre 2008

Pendant ce temps là, l'eau a coulé sous les ponts...

berges-r.jpgMille ans ont passé. Au diable les heures et les secondes... Enfin, Je retrouve le pays qui n'existe pas et l'inoui de vos domaines. Tout est là. Virtuel, étonnamment réel. Quelques trains dans le vrai monde ont déraillé et l'eau a coulé sous les ponts. Quelqu'un m'a demandé : " où ça va tout ça ?" Or cette fois je n'ai pas fait semblant d'avoir réponse à tout. Le temps de déplier un bout de page d'un livre de Pascal, de tenter d'esquiver le souci par une vieille question :

"Direz vous qu'un homme ait la nuit et sans aucune lumière le pouvoir prochain de voir ?"

mais une fée au moins du huitième monde vint me taper sur les doigts:

" - qui vous parle de nuit ? " ...

c'est alors que je vis en à peine une seconde réapparaître ensemble, un écran lumineux et le fameux clavier "azertyuiop", "avec ça - me dit la fée, t'as qu'à te débrouiller". Il reste encore des ciels, des mondes, des feuilles mortes, des fenêtres, des murs, de quoi gratter toute une vie... Toute une vie, je ne sais pas ...mais certains jours, oui.

Je tiens particulièrement à dédier ce billet aux lecteurs et commentateurs qui n'ont pas lâché ce blog malgré son inertie et qui y ont même laissé de très beaux messages du premier au quatrième monde ... Merci à vous.

Photo:  Parc de la Tête d'Or à Lyon, "l'eau des bassins" comme à Marienbad... Mais ici tout près d'une grande roseraie, qui n'était pas à Marienbad, sinon tout le monde s'en souviendrait...

vendredi, 19 septembre 2008

Un temps qui vient...

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Atelier de l'artiste Lien DEZO. Recto, verso, deux toiles presque prêtes à partir pour quelques jours d'exposition à la galerie de L'Impasse : Dos de toile " 3 choses 1 temps " + un coin de fenêtre sur un jaune époustouflant où se lisent quelques notes, bleues, rouges, noires, en de fragiles contrepoints dans l'espace d'un jeu qui ne perd jamais ni le rythme, ni le sens de l'équilibre.

mardi, 16 septembre 2008

La recherche du temps perdu

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Mais où sont passés le ciel d'Août ? Celui du mois de Juillet ? Les ciels d'Avril ? Les cieux de Mai ?

Centre de nos recherches : rue Dumenge à Lyon Croix-Rousse. Année 2008.

Le temps retrouvé

" La vérité suprême de la vie est dans l'art. "

Marcel PROUST in " Le temps retrouvé "

podcast

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Music : Keith RAYS: "Gamelans"

Photos: les ciels d'Août, celui de Juillet, le ciel d'Avril, Les cieux de Mai, ENFIN retrouvés...