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mardi, 06 décembre 2016

Le Roux à l'intérieur

Dans un parc de Montréal, un écureuil vole une caméra GoPro. L’animal, chargé de son butin, se réfugie dans l’arbre qui lui sert d’abri. Puis il abandonne l’appareil, qui tombe à terre. Son propriétaire le récupère avec, en prime, des images ... 

Journal "LE MONDE" : http://www.lemonde.fr/planete/video/2016/08/10/un-ecureui...


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podcast

 

 

 

Ainsi, tout se délite et se re-combine autrement

(Raymond Roussel)

 

  

Photos: volées par l'écureuil, restituées à certains jours, sponsorisées par Go Pro, Orange, et le ministère des parc et jardins de France, dans le cadre de l'automne des poètes qui a lieu en ce moment, au parc de la tête d'or, dans les squares, les bosquets, dans l'arbre qui sert d'abri, par les rues, les sentiers, les boulevards, dans la jungle et le désert, sur les nids et les genêts pareils à la demeure, où viendra l'écureuil, le roux à l'intérieur, à l'extérieur allé ;

  

 

allez !

partout, partout,

le roux, le roux, le roux !

(Mallarmé)

 

 

Musique: "The Price of Freedom" par The Space Lady aka Suzy Soundz extr. de l'album "Street Level Superstar" (Owed to Boston)

 

 

lundi, 18 novembre 2013

Ostinato

Les plaisirs ont choisi pour asile...

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Photos : Fragments tissés sur une partition, gauchement, où le pas de l'homme entraîné au coeur de sa forêt l'égare en heurts et flottements. Contre le règne obscur, l'homme trouve où se cacher, oublie ses turpitudes couvant d'autres plaisirs, il se laisse envoûter dans les alcôves humides. Quelques correspondances trament encore le passage d'une mémoire indicible, et l'homme pour l'effacer tentera d'ajuster les formes échouées aux sons de l'ancienne passacaille, un temps bat la mesure d'une terre d'origine à ces mondes bleutés où jadis les navigateurs courageux, afin d'oublier leurs efforts, chantaient les mêmes notes en litanie.

 

Là bas © Frb 2013.

samedi, 01 décembre 2012

The last waltz

J’aime l’automne, cette triste saison va bien aux souvenirs. Quand les arbres n’ont plus de feuilles, quand le ciel conserve encore au crépuscule la teinte rousse qui dore l’herbe fanée, il est doux de regarder s’éteindre tout ce qui naguère encore brûlait en vous.

G. FLAUBERT extr. "Fragments de style quelconque" in "Novembre

 

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Ici bas © Frb 2012

mardi, 08 novembre 2011

Le premier mouvement de l'automne (par Paul and me)

Avant l'hiver ...

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Quelques bonnes lectures pour adorer les heures d'hiver:

Chemins de traverses :

http://souriredureste.blogspot.com/2011/11/rien-et-nu.html

http://epistolaire.hautetfort.com/archive/2011/10/11/anti...

Feuilles immortelles :

http://henrychiparlart.blogspot.com/2009/09/blog-post.html

http://henrychiparlart.blogspot.com/2009/08/art-maladif.h...

Belles lettres et fleurs des champs :

http://gros-buveur.over-blog.com/article-madame-bovary-88...

Un conte d'automne + un domaine à découvrir, "Jetz Happening"

http://ici-ou-la-cela.blogspot.com/2011/11/de-la-soupe.html

1er mouvement de l'automne, (et autres feux paillassons bio)

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/08/29/le...

Photo § nota : Fugue bienheureuse (juste un extrait). Là bas près de la cabane du pêcheur de l'étang des clefs. Nabirosina à ses plus belles heures. Photographiée il y a un instant. Il ne voulait pas que je le dise, mais cela m'ennuyait beaucoup de ne pas rendre à César (sauf que c'est pas César) c'est Paul, le pêcheur de carpes malines (tout au Nagra) et surtout le photographe du jour, un ami ou frère de longue date (écrivain trop secret, preneur de sons) osera-t-il ? Avec quelques incorruptibles - (Vincent, François ?) et les autres... Des amis, ça c'est sûr, qui ont écrit beaucoup là bas ou commenté ici, encouragé, (ils se reconnaîtront) et puis, etc... qu'on choisira, ou plutôt s'inviteront, (s'ils le désirent) bien sûr au fil à fil pour prendre la suite de Certains jours d'où je me retire momentanément, le temps de créer autre chose ailleurs. Passer la main, ouvrir à d'autres voix, un certain temps n'est qu'une autre manière de retrouver le jeu, (le goût du jeu), la volupté d'y revenir. Cela ne regarde au fond que le thème de la fragilité (thème central du bidule), qui se perd parfois dans cet amalgame entre les mots (certains mots) et un langage (toujours incertain), une intention par ironie, un peu confondue. J'assurerai encore un instant, (techniquement) le passage et (ponctuellement) le courrier (de) certains jours, (fermé aujourd'hui exceptionnellement). Histoire à suivre ici et ailleurs, peut-être.

Merci à vous.

©Paul / Frb 2011

dimanche, 17 juillet 2011

La plage

Nous nous hâtons, pour survivre, de confondre l'univers avec le tissu d'amitié dont nous sommes entourés, tant il est vrai que le plus difficile dans l'existence c'est de ne pas se laisser décourager par la solitude.

VLADIMIR JANKELEVITCH


pluie_0011_2.JPGJ'attendais sur la plage, le vent brouillait les personnages tout ce que nous avons cru voir ne pourrait exister ici. A nouveau, tu voyais la pluie inonder ton pays. La rue prit une couleur de cendres. Rien ne saurait prouver que c'était réellement la pluie de ton pays qui venait dans ma rue. La pluie retombait dans la pluie et la pluie balayait la pluie. Un fil enroulait le pays, la tristesse de Novembre se moquait de la plage, et nos joies ruisselantes furent lasses de se baigner dans l'eau de ces fontaines aux abords vert de gris.plieG_0014_2.JPG

Nous ne pouvions nous retenir de courir sous la pluie. Le chaud et le froid soufflaient l'ombre au milieu des reflets, je fondais pour eux mais je sens l'idiotie nous surprendre quand tu ouvres ton parapluie qu'il se tourne à l'envers sous le vent, tu le jettes à la rue, le reprends, puis pareil, tu fais tout pareil à nos vies. C'est l'idiot qui perd sa baleine paré d'un caban vert de gris c'est toute la nudité du ciel et c'est encore la pluie qui traîne, longtemps après la pluie, la longue pluie de Verhaeren, comme des fils sans fin  [...]


La pluie et ses fils identiques
Et ses ongles systématiques
...

Photo : Reflets sur le bitume du cours Vitton, à Lyon, réflection et fragments d'une plage où les reflets inversent le pays, photographiés un jour de pluie en ce mois de Juillet deuxmille etc...

© Frb 2011.

samedi, 28 novembre 2009

Comme un soir presque tranquille

soir.JPGDans les maisons il y avait des fuites d'eau, des plombiers sur des escabeaux. Des ouvriers dans l'escalier étaient agenouillés devant une porte. Rue de Brest à Lyon, on avait pendu sur des fils, des étoiles entre les maisons. Le milieu de l'après-midi ressemblait à un soir tranquille. Sur le muret bordant le Rhône à quelques mètres de Morand-pont, une jeune fille lisait Modiano. Le paysage, l'étrangeté des ritournelles et des points fixes. Une valse muselée aux paradoxes des "Dimanches d'Aôut". Quelques personnes, encore, traversaient l'esplanade emmitouflées comme des enfants, à l'heure du goûter, plongeant pudiquement une moitié de visage dans des viennoiseries fourrées de frangipane. Il montait de la ville, une odeur de chocolat chaud. Les rues étaient désertes et les ponts désolés. Discrètement déjà, on ramenait les machines, pour une fête des lumières, qu'on avait décidé, cette année sous la sacro-sainte thématique de la nature. Assis par terre près d'un bouchon lyonnais, l'hiver glacerait les bonnes consciences, nos intranquillités, une main tendue, un spectre légèrement affublé, sur la tête un foulard et une corbeille aux pieds ; à ses côtés un garçonnet jouant de l'accordéon avec un doigt, deux notes slaves et la rue Verdi tirait sa roulotte, en ombres rares jusqu'aux luminions du bordel élégant de l'opéra où les danseurs de hip hop, RnB. draguaient les filles en marchant sur la tête. D'autres humains moins virtuoses anticipaient l'heure de l'apéro aux terrasse des cafés de la grande place, des employés, des bureaucrates, et des types en cravates qui n'étaient sans doute rien de tout cela. Des gens venus de la campagne demandaient leurs chemins. On vendait des pagnes bogolans au magasin Toto, les vieux osaient la trottinette, les jeunes la casquette à carreaux. Plus bas, le long des berges une jeune femme marchait un bouquet d'immortelles à la main. Jamais le vol des mouettes n'avait été si haut. Le ciel semblait peint par Jacob Van Ruisdael. Dans quelques secondes, le feu-piétons passerait au vert, nous serions une dizaine à traverser le pont...

Pour rejoindre le pont Morand, Il faut traverser deux fois la même route. Cela se fait sans y penser. Les piétons se mêlent aux rollers, et aux lourds vélos d'amour (on dit Vélo'V), qui trimballent dans leur guidon toute l'écologie pratique et techniciste du nouveau monde. Le Rhône est d'une belle couleur brune. Ses reflets cruels semblent doux. Une mer huileuse si l'on se penche, beaucoup plus fluide au loin. Par les flots on devine toutes les peines de coeur et ces corps remués sous ce fleuve éprouvant. Ces drames innombrables jamais ne se prononcent. Il y a des épines dans la gorge du Lyon.

Balade à suivre (peut être)...

Photo : Le fleuve Rhône en automne vu du Pont Morand à la fin de l'après-midi. Novembre 2009.© Frb.

dimanche, 01 novembre 2009

Voyage en Toussaint(s)

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Le jour de la Toussaint, ils ne peuvent pas venir, parce qu'ils fleurissent les tombes du côté de sa famille à elle, donc ils viennent le dimanche, et pour l'occasion, la mère fait toujours un gigot avec des flageolets et eux, ils apportent le dessert. En général la tante elle  prépare un gâteau, toujours le même à base de yaourts et de poires. L'après midi, on part tous dans la 504 "c'est pas la peine de prendre deux voitures" dit le tonton. Le coffre est grand, on case les chrysanthèmes, et la tatan elle monte devant. Elle prend le plus gros de ce qu'il y a à prendre, sur ses genoux. Les pastilles de Vichy sont dans la boîte à gants. Après on essaie de se caler de chaque côté de grand mère, à cinq derrière, avec les arrosoirs entre les genoux, parce qu'au cimetière, on n'est pas sûrs que tous les arrosoirs ne soient pas utilisés par les autres gens. Ensuite on roule des kilomètres, en général il pleut. La radio fait des parasites, une station, on ne sait pas trop quoi, qui passerait tantôt d'europe 1 à RTL, dans les virages. Les hauts parleurs sont réglés tout dans l'aigu. Le tonton dit à la tatan : "mets nous dont une petite cassette, ils nous cassent les pieds avec leur blabla". La tatan regarde en dessous du tapis pour les pieds, tire une cassette , n'importe quoi. Au crayon feutre sur la pochette découpée dans du papier à dessin Canson, quelqu'un a écrit noir sur blanc "les plus grand hits"- compilation des années 70" avec en plus petit une liste des titres : face A, Face B : "Laisse-moi vivre ma vie- Du côté de chez Swann-Made in Normandie- C'est ma prière-Tata Yoyo". La mère dit qu'elle a oublié la bruyère qu'elle voulait déposer sur la tombe du Nono. Le tonton grogne tout bas "Pour ce qu'on en a à foutre de la tombe du Nono"... La mère reprend, "Dis donc ! tu pourrais pas faire demi tour, je voudrais qu'on aille chercher la bruyère le Nono , il a plus personne..." "Ben justement, répond le tonton, comme il a plus personne, je vois pas qui ça gênera si on ne fleurit pas sa tombe!" mais la tante engueule le tonton, "S'il te plaît, Guy, pas devant les petites ! y'a le respect des morts quand même !"... Le respect des morts, d'accord ! On fait demi-tour. Le tonton en colère monte le son du radio cassette, toute la voiture s'emplit d'un air bonnasse  Annie Cordy. la cousine est malade, il faut ouvrir les fenêtres, c'est normal crie la tante, "avec tes cigarettes !", le tonton lève les bras au ciel, "Ouh ben ! si on a même plus le droit de fumer ! c'est pas quand on sera là bas dessous ..", "oui mais maintenant tout le monde a froid !" la mère ose un : "j'croyais que vous aviez la clim dans c't'auto ?" La tante ricane : "la clim ! mais si on l'a ! mais il n'a jamais été foutu de comprendre la notice! "ouais, dit mon oncle, la notice en chinois ! pis ces machins j'y comprends pas !" "t'y comprends pas , t'y comprends pas !" ... Je ne sais pas si ça vient de la cassette, mais tout à coup plus rien ne va. "la clim c'est maintenant qu'il faut la comprendre, pas quand tu seras dans le trou!",  l'oncle marmonne, "Quand je serai dans le trou, je serai bien tranquille, au moins je pourrai faire ce que je veux ! ","Dis tout de suite que je t'en t'empêche ! t'es pas bien malheureux, quand même !". Tatan, tonton, 45 ans de mariage. On n'entend pas grand mère qui tourne la tête de gauche à droite, pour, on dirait, ne rien perdre du paysage. La cousine vire au vert, elle coince sa tête entre la vitre et la fenêtre, avec ses cheveux qui pendent de chaque côté à l'exterieur, on dirait ces chiens de chasse à l'arrière des autos... La tatan dit "ouvre grand la fenêtre !" la cousine pleure "chui malaaaade, elle répète plusieurs fois "malaaaade!". J'ai 12 ans et je pense en secret, qu'il me reste six ans à tirer. J'ose un "C'est encore loin ? le cimetière ?" La mère dit : "Si c'est pour soupirer et faire la gueule, c'est pas la peine, t'as qu'à  rentrer en stop". Des parfums montent d'une forêt. La tante se demande si on verra la Guite. "Parce que si on la voit, pas besoin de faire demi tour, elle est pas loin, elle pourra bien mettre une bricole sur la tombe du Nono, même un truc en plastique". Le tonton ne décolère pas: "Faut savoir si tu veux qu'on fasse demi-tour, ou bien si tu veux pas !" La tante se ratatine. Dans sa bouche cinq onomatopées "Moui, bof, oh, bah, pfff !", je me dis qu'en boucle ça ferait une putain de rythmique de jazz. Sur la cassette, Dave revisite Combray. Après un long silence, mon oncle reprend la conversation, il s'agit de faire l'inventaire de tous les maires de Belmont "Y'avait qui avant Léon Troncy ? Jean Verdellet ou Camille Chavanon ?". Un silence abyssal. Tonton insiste "Y'avait qui ?". La tante s'énerve, "Mais Guy, tu vois ben qu'on n'y sait pas! tu parles d'une conversation !". Grand mère me regarde gentiment : "Et toi alors ? l'école comment ça va ? Est ce qu'elle est gentille ta maîtresse ?". Grand-Mère sourit. Son regard est doux. Je suis en 5em j'ai plusieurs profs. je réponds "oui, elle est gentille". La vie reprend son cours, la tatan parle, elle cause, et quand elle cause sa mise en plis bouge d'avant en arrière, de là où je suis on dirait une très grosse salade beige ou un nid pour oiseau géant. La tatan interroge le monde, l'interroge indéfiniment, "Il devient quoi Dave ?", "Elle est où la lampe électrique ?  Est ce qu'on va avoir assez de pain pour ce soir ?".

Toussaint04.JPGSous des couleurs laiteuses, des panneaux bleus défilent "Ecoche, St Igny de Roche, St Germain la Montagne, Belleroche, Coublanc". Des panneaux blancs : "Ranchal, Le Cergne, Thel, Arcinges, Azolette, Anglure Sous Dun, Cours la Ville, Cuinzier, Propières...". Et le ciel se couvre de ces milliers d'oiseaux géants qui sortent des cheveux de ma tante : Tangre noir, Ombrase, Aigrelot cendré, Palunier de Smyrne, Antarche, Erythor champoisé. A quelques mètres du village, des milliers de petites croix. Grand mère me serre fort dans ses bras. Nous entrons au Royaume des Morts. Tatan porte les arrosoirs. Tonton, les pots. Bruyère et chrysanthèmes. La cousine semble manger l'air, son visage est si pâle qu'on voit presque à travers. Il y a des lis blancs sur la tombe du Nono, aux étamines d'or, dans un vase de cristal en forme d'étoile de mer. Grand mère me prend la main, son coeur bat sous la peau et sur chacun de ses doigts, mes doigts peuvent lire le passé. Je reste là longtemps, au milieu de l'allée, debout sur les cailloux. Grand Mère s'est esquivée. Je la cherche partout. Partout des fleurs artificielles, des plaques, des petites photos "A Robert, mon époux " "A mon épouse bien aimée", des gerbes pâles "De la part des amis de Tony Bertillon". Du marbre partout, beaucoup de marbre, et des mottes de terre, pour les demoiselles des Ursulines. Je vois au loin ma tante qui me fait de grands signes, "Viens ! Viens ! j'vais t'présenter, l'arrière-neveu du Nono ! c'est un grand professeur, il travaille dans les hopitaux". Je serre le gant tanné d'un dadais à chapeau et costume chevron. "Ca fait longtemps, dis donc.", je dis "ça fait longtemps !". Je me souviens de ce petit garçon qui adorait craquer des allumettes, pour brûler les yeux des crapauds. De cet enfant gynécologue, le plus illustre de la région, qui auscultait les petites filles, avec trois doigts... Il me dit "Je vais te présenter ma femme et mes enfants", je vois débouler d'entre les tombes deux petits clones précédés d'une grosse plante mêchée arrogante. Je crie :"non, non !". Je cours par les allées, repèrant au cas où, la sortie de secours. Là-bas, mon oncle remplit les arrosoirs. Il me rejoint. "Dis donc t'as pas l'air d'aller bien, tu es sûre que ça va ?", je ne sais plus où j'en suis. Je lui dis "Non, ça va pas bien je ne sais pas où est la grand mère". Mon oncle me dévisage. Il s'assoit sur une tombe, il secoue sa grosse tête, longtemps. Puis il m'emmène "viens avec moi !". Nous entrons dans un labyrinthe, des allées, des chapelles. L'oncle porte religieusement ses deux grands arrosoirs et un pot plein de fleurs mauves. Il s'arrête devant un bloc rose granité surmonté d'une discrète croix blanche. Il est gêné. Il essaye de remplir le vide, de me faire la conversation. "Et comment ça va, toi ? les études ? Le bac français, c'est pour c'printemps ? J'ai 22 ans. Je termine un mémoire sur "le Rivage des Syrtes". Je réponds "oui, le bac français c'est pour ce printemps.". Il fait très sombre. On commence à sentir les gouttes. Je lève les yeux, je tourne en boucle "Faut que j'aille chercher grand mère !". Mon oncle me répond "Tu es sûre ?", " Sûre de quoi ?", " Es tu sûre que ça va ?". La pluie ruisselle sur sa figure. Je ne sais pas trop pourquoi. Je lui dis : "je reviens dans cinq minutes, si Grand mère a fait un malaise je ne me le pardonnerai pas". Il me rattrape, il me retient: "Tu veux pas qu'on aille boire un coup ? "Après, peut-être. Là, je suis inquiète, il faut que j'aille voir !". Il me retient. Il me serre très fort dans ses bras, Il me dit à l'oreille tout bas : "C'est pas la peine !". "C'est pas la peine ?...  Pourquoi ?".  Il me montre sur la croix blanche, une inscription sculptée : "ci-gît Lucie Laure-Marie- 1908- 1979". Je toise l'inscription, les prénoms. "Ce n'est pas elle, tonton, ça ne se peut pas !". Mon oncle s'exaspère : "Mais enfin tu ne te souviens pas ? en 1979, quand on a eu cet accident, en revenant du cimetière !  sur la route de Propières c'était la toussaint comme aujourd'hui, sauf qu'il pleuvait..." je regarde le ciel, je m'aperçois qu'il ne pleut pas. Il ne pleuvra sans doute pas aujourd'hui. Mon oncle parle de l'accident, du sang du mien, de celui de grand-Mère, c'est un vrai charabia ! Peut être qu'avec l'âge, il commence à perdre la tête..."Tu comprends... C'était difficile, à cette époque, on manquait de sang, on m'a demandé de faire un choix. J'ai signé un papier. Et puis ils t'ont transfusé toi".

entre les tombes m net - copie.jpgIl y a sous la terre une mâchoire d'où sortent des milliers d'oiseaux, des aigrelots de Thel, des tangres de Ranchal. A dos de palunier j'étudie les excavations. La belle main de Grand-mère m'offre des coraux noirs. Entre les tombes, mon oncle, continue ses fadaises. Je nous vois tous les deux, distinctement dialoguer. Je me dis, vu d'ici que mon corps est vraiment différent de mon âme. Heureusement, les silhouettes rétrécissent à vue d'oeil.

Photo : Fleurs artificielles et pots perdus  vus aux cimetières de Charlieu, et Bois Ste Marie le 1er-Novembre 2009.© Frb.

dimanche, 23 novembre 2008

Comme un dimanche

Instantané :

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Dimanche: se promener sous la majesté des vieux arbres, se perdre dans un ciel d'automne gris bleuté... Juste avant 18H00, des flocons de neige sont tombés, légers et rarissimes. Le boulevard est désert, l'air glacé. Seules deux boulangeries sont ouvertes vendant des pains au chocolat (dont les yeux de cokers nous supplient de les emporter) et des chaussons aux pommes bronzés comme des navigateurs revenus du vent des globes...

Spéciale dédicace to SOLKO qui inventa les yeux de cockers des pains au chocolat (il faut rendre à César...) Et toutes nos pensées pour Alceste, dansant sur la plus haute branche (hors cadre) cirée pour l'occasion...

Photo: Boulevard de la Croix-Rousse. Novembre 2008 ©.

dimanche, 16 novembre 2008

Comme un dimanche

IMG_0106.JPGPhoto : Comme un dimanche, à pas prudents, sur le boulevard de la Croix-Rousse à Lyon. Novembre 2008.

mardi, 04 novembre 2008

Une barque et puis rien...

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Les crépuscules, près du lac en novembre ressemblent aux petits matins d'avril ou mai, ils ont des pastels mauves glissés de gris moucheté, des calmes presque nocturnes. C'est l'heure des premières séances en soirée, au cinéma on joue le nouveau Bond... C'est l'heure, où les terrasses sont pleines, malgré le froid. Des gens se donnent rendez-vous sur les places, juste après le travail, juste pour rien, fumer dehors et se distraire. Ils réservent au restaurant, ils vont au palais de la bière, même s'il n'a plus les fastes d'antan, on peut y boire la gueuse cerise, la blanche de Bruges. ils vont au bruit des tamponneuses, ils vont à la vogue aux marrons tirer des nounours géants. Ils vont au menu à moins de 30 euros dans les "couscous" de la Guille, ils vont sur les quais en tenue claire faire du jogging ...Le parc ferme très tôt aux heures d'hiver, on ne peut même pas en faire le tour (quatre kilomètres au moins) parce que la nuit tombe vite. Impossible de louer une barque. Impossible, ce n'est pas de nous. Nous embarquons quand même. A deux, chacun en contrepoids on ne rame pas, on laisse. On se laisse porter... Pour passer le temps, je prends un livre, édité en 1730 qui malgré l'anonymat de façade, serait signé Louis COQUELET. Le livre s'appelle "Eloge de Rien"...

samedi, 01 novembre 2008

November

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