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samedi, 22 août 2009

Cailloux

"Hélas ! mes pauvres enfants, où êtes-vous venus ? Savez-vous bien que c'est ici la maison d'un Ogre qui mange les petits enfants ?

POUCET17.JPGNous étions là, assis par terre sur l'ancienne place de la Grenette à Bois Ste Marie, minés par la chaleur, nous écoutions le Germain Poître nous raconter des histoires d'hydres et de gargouilles, tout un Moyen-Age à faire peur, quand la cloche se mit à sonner. Le son allait lentement, lugubre et revenait presque sans variation. Il semblait que le métal coulait sur les maisons, et que le plomb perché tout en haut du clocher mêlé à la blancheur du ciel, nous ferait perdre la raison. Le Germain Poître murmura à voix basse, "Quelqu'un en moins ! la Marie-Antoinette a parlé". (Marie-Antoinette c'était le nom de la Cloche boscomarienne, celle de La Clayte s'appelait Marie-Charlotte, les deux cloches étaient soeurs dans la vie, je veux dire les deux filles étaient soeurs, filles jumelles du donateur, elles portaient le même prénom que les cloches en hommage, ou le contraire enfin bref...). On chercha parmi tous les vieux lequel aurait pu être "emporté" par les dernières grosses chaleurs (Bois St Marie étant aujourd'hui partiellement transformé en asile, ou plutôt en "long séjour" très honorable, comparé aux mouroirs encore nombreux partout, dont je vous parlerai peut être un jour, Bois Ste Marie, disais je, compte sans doute plus de pensionnaires à son asile que d'habitants, il était donc impossible de savoir pour qui sonnait ce glas).

Deux jours après, l'annonce parût dans le journal "La Renaissance", à la rubrique nécrologique, (c'était la première rubrique qu'on lisait, juste avant le billet du père Mathurin). Un papier signé Guy Bouillon, notre journaliste cantonal, une grande vedette, sorte de Pujadas du Nabirosina. C'était un tout petit article avec une toute petite photo, montrant un tout petit bonhomme entouré de ses sept frères, et de ses parents bûcherons originaire des bois environnants ; une sorte de nain, en somme. Le journaliste avait écrit "un tout petit homme cordial et travailleur, un ouvrier bien sympathique". Le titre, en plus gros caractère affichait "Un orphelin est décédé". Chez nous on dit officiellement "est décédé" pour les gens, "a crevé" pour les bêtes, ce n'est qu'à voix basse qu'on ose le "il est mort", comme dit la Berthe, (la bonne du Germain Poître), "être décédé" ça fait plus propre ! Le Germain Poître, lui, il pense carrément qu'à trop prononcer le mot "mort" ça fait mourir les gens, il dit que c'est comme le vert au théâtre : ça porte malheur ! Le papier signé Guy Bouillon ne tarissait point d'éloges pour vanter les mérites du "défunt". Il évoquait entre parenthèse quelques drames survenus naguère dans cette famille, soulignant "l'enfance malheureuse, toute la pauvreté d'une famille" mais aucun autre détail ne filtra. Notre curiosité en fût lésée.

La seule façon de la satisfaire était de suivre l'enterrement. La cérémonie fût très brève. L'église était vide, hormis le père Prunier qui fit une  homélie incompréhensible à cause de son accent de Palinges, le journaliste-vedette Guy bouillon qui était revenu en "reportage spécial", et nous mêmes, les curieux, plus quelques autres commères. Ce ne fût qu'à la sortie de la messe que nous remarquâmes un très très vieux monsieur qui pleurait toutes les larmes de ses yeux. Il était vêtu à la mode ancienne, une lavallière, des guêtres, une perruque bouclée et poudrée. Il portait sur son dos un gros sac qui faisait un bruit bizarre, de billes entrechoquées... Guy Bouillon vint nous saluer, Le Germain Poître lui demanda si le bonhomme qui pleurait c'était pas le fils du Jean de La Fontaine. Guy Bouillon tapota gentiment l'épaule du Germain Poître : "Non, non , mon vieux, ce n'est pas ça, je crois que vous confondez, avec Jean Pierre Delafontaine (un notaire farfelu de Suzy les Charolles)... Mais ce n'est pas lui non plus !"

Nous partîmes au cimetière. Tous les vieux de l'asile, nous regardaient passer, on pouvait deviner leurs têtes, derrière les volets roulants descendus à mi-fenêtre. Il faut croire que chaque enterrement pour eux était une sorte de fête. C'était "leur" évènement. Aucune animation d'accordéon ou de trompette (menées tambours battants) par Jo Corda (et sa trompette), Ricky Vallin (et son accordéon) ni les concours de "diamino" ne pouvaient surpasser cet élan d'allégresse, que provoquait chez eux, un enterrement, au désespoir du personnel hospitalier qui faisait tout pourtant...

Au cimetière, on ne prononça pas le nom du défunt. On jeta la boite en sapin au fond d'un trou, un employé du cimetière la recouvrît à grands coups de pelle, cela fît une grosse motte de terre, sur laquelle il planta une croix. On récita le "Notre Père". Un signe de croix. Et puis voilà.

DE PROFONDIS4 b.png

L'histoire pourrait s'arrêter là, si je n'avais pas perdu mes clefs dans une de ces allées. Tandis que je grattais la terre entre les tombes, je vis, (et pour mieux voir, me cachai derrière la chapelle du Marquis de Carabas sous Dun), l'homme à la perruque bouclée, s'approcher doucement de la motte de terre. Il prit son sac cliquetant, en déversa le contenu tout autour de la croix. Il pleurait toujours à chaudes larmes. Du sac je vis tomber des milliers de petits cailloux, blancs, gris, roses, tous scintillants dont la tombe fût bientôt recouverte. Puis l'homme se mit à parler seul : "Tu vois, petit, je les ai gardés pour toi... Ces petits cailloux, ils te reviennent, ils sont à toi". Puis il posa soigneusement l'objet : une babiole, ornée d'une belle rose rouge sculptée, et le mot "souvenir" peint à l'encre dorée. "Et ça, Poucet, je te le donne aussi, c'est de la part de Blanche Neige"...

Photos : Une tombe + quelques souvenirs. (Vous savez maintenant pour qui, pourquoi.) vue au cimetière du village médiéval de Bois St Marie. Nabirosina. Aôut 2009. © Frb

vendredi, 21 août 2009

Du pareil au même

PARKING020AA.jpgPhoto : Fin des vacances. L'itinéraire est même flêché sur la pierre de l'église de Châtenay sous Dun. Cependant on a le choix. (Je n'ose dire l'embarras du choix). Nabirosina. Août 2009. © Frb

Si toutefois vous trouviez le choix un peu "limité", je vous conseille vivement d'aller défier le hasard en suivant d'autres flêches du côté des nuages... Vous ne le regretterez pas , (tout y très bien indiqué) :

http://les-nuages.hautetfort.com/archive/2009/08/27/le-ha...

A suivre... Billet ci-dessous 

Où allons nous, quand nous ne sommes plus vacants ?

HOZAN KEBO'S REMIX :

"Battre la campagne" VS "Battre le pavé" (Version novlangue)

HEAVELL1.jpg

 

L'encer et le fiel étant pavés ...

http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/08/2......

... de mauvaises directions.

Original remix : Hozan Kebo's enterprise. Août 2009. (HK/LR©)

jeudi, 30 juillet 2009

A propos de la pieume.

Je signale au lecteur, (imaginons qu'il n'y en ait qu'un), qui a pu lire, récemment, la version patoise de "c't histouère de tsateugnes et de pouêle", qu'il peut disposer maintenant de la traduction en bon français. celle-ci se trouve dans les récentes archives du blog, à la date du 28 juillet 2009. Pour celui qui aurait la flemme de prendre l'escalier, (on le comprend, c'est les vacances). La maison dans son immense générosité, lui fournit l'ascenseur. (Vous pouvez me remercier ;-)

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/08/05/la...

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Photo : La pieume en grande conversation avec l'ange du mûrier sur le chemin qui mène au hêtre pourpre...  Dit " le chemin des Alouettes". Juillet 2009. © Frb

samedi, 04 juillet 2009

Des attraits

"Mademoiselle Ferrand (1) sentit la nécessité de considérer séparément nos sens, de distinguer avec précision les idées que nous devons à chacun d'eux, et d'observer avec quels progrès ils s'instruisent, et comment ils se prêtent des secours mutuels".

ETIENNE BONNOT DE CONDILLAC. (1714-1780) Extr de "Allégorie de la statue" in "Traité des sensations" (1754).

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Il fait à Lyon, presque 35°, (malgré ce jour antidaté, il fait presque toujours + de 35° à Lyon, l'été). Les jeunes filles (et les vieilles aussi ! ah ça !) vont se rafraîchir au jardin, doucement elles longent les arcades, où les statues en petites tenues (voire sans tenue du tout) tentent toujours (avec l'énergie du désespoir de la statue) d'attirer le regard des passants, des passantes surtout et à défaut d'amour, d'affection, elles espèrent, (comme si une statue espérait), être vues et que peut être ailleurs, on parle d'elles. (Là, je me fais l'impression de ces gens qui sans vergogne mettent des manteaux à leurs teckels et font parler leur chat à la première personne du singulier, mais les statues c'est pire que les animaux, quand ça vous regarde c'est froid et pourtant ça vous regarde), foin de poncifs. C'est pourquoi il a très bien fait CONDILLAC d'imaginer une statue qui serait admettons, organisée à l'intérieur tout comme nous et même mieux qui sait ? ... C'est donc ainsi, amollie, par le souffle suave, (Hozan, ne lisez pas ! :) de mon contemporain, recherchant son point d'eau, son bol d'air, dans cette chaleur crasse, ainsi qu'en promenade avec Mademoiselle Ferrand (1) (Une grande amie d'Etienne), nous cherchions, nous aussi notre coin: des balancelles, une pergola, ou simplement l'ombre au jardin du palais St Pierre, en quête d'un brin de fraîcheur pour manger nos bichons au citron de chez la mère Machin qui en fait des bien bons par la rue Ferrandière. Tandis que Melle Ferrand me parlait de la vie, de la mort, de la paix, de la guerre, tandis je rêvais de frimas, de brouillards et d'abominable homme des neiges, au moment où lassée par tous les boniments de Melle Ferrand (elle est gentille mais quelle pipelette!) ; excédée et levant les yeux vers le ciel ; je croisais, (comme pour me faire ma fête), le regard lubrique et le geste cru d'une statue aussi fanfaronne que muette... "Oh my god!" hurla melle Ferrand outragée qui se sauva en courant, laissant choir son bichon dans l'herbe. "A t-on déjà vu chose pareille ?" murmurai je, toute tourneboulée par l'outrecuidance du goujat qui me dévisageai hardiment sans pourtant battre des paupières.

Mais peut-être s'agit il de tout autre chose ? Car ici la chaleur rongeant notre surmoi (si féroce, d'ordinaire), il ne reste plus que les affres (de la chair ! quelle horreur !), et les élans de l'âme ne parviennent plus à se hisser au dessus de la ceinture. Mais, est-ce inconvenant ? Ne dit-on pas que les statues ont aussi leur métamorphose ?... D'ailleurs me vient une toute autre question, comment dit-on "statue" au masculin ?

Sur ce, amis lecteurs, je vous laisse avec la question. J'avais prévu de vous raconter l'histoire de "dindonne et dindon", mais l'esprit vaque ailleurs (vacailleur ?) en ces lourdes chaleurs je retourne à l'Adam de Rodin qui attend de pied ferme son couple (déjà !) mythique (Monsieur Solko au bras de Mademoiselle Camay, pour la bonne cause évidemment, n'allez pas croire...) armés de gants de toilette, de serviettes parfumées pour faire mousser la pomme de l'Adam de Rodin, sous "la savonnette de juillet".

Photo : Une statue pas comme les autres. Une statue un petit peu "marseillaise" dirait-on. Photographiée en mangeant mon bichon, Sous les arbres au jardin du musée St Pierre. Pour connaître la suite, (le futur) il suffit de caresser l'image.

 

Lyon © Frb 2009

jeudi, 02 juillet 2009

Les petites amoureuses

L’italienne aime par tempérament, l’espagnole par plaisir.
L’allemande par sensualisme, la russe par corruption.
L’orientale par habitude, l’autrichienne par virtuosité.
La polonaise par essence, la flamande par devoir.
L’anglaise par hygiène, la créole par instinct.
L’américaine par calcul, la provinciale française par curiosité.
Et enfin la lyonnaise par sentiment.

Extr. "LE CARILLON LYONNAIS", 6 oct 1907.

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DEVENDRA BANHART : "Happy happy oh"

podcast

 

Photo : Belle lyonnaise sentimentale écrivant une lettre à son amant au pied d'une statue, pas très loin de "L'Adam de RODIN" mais à l'abri du regard de ces lyonnaises dénudées qui bordent les arcades. Vue dans le jardin du Palais St Pierre (ou Musée des Beaux Arts) à Lyon. Photographiée en juillet 2009. © Frb

jeudi, 25 juin 2009

Se perdre

"Voici ce que j'ai constaté d'autre: les uns aux autres nous ne trouvons plus rien à nous dire. Pour s'agréger chacun doit exagérer sa médiocrité: on fouille ses poches et l'on en tire à contrecoeur la petite monnaie du bavardage: ce qu'on a lu dans le journal, des images que la télévision a montrées, un film que l'on a vu, des marchandises récentes dont on a entendu parler, toutes sortes de ragots de petite société, de révélations divulguées pour que nous ayons sujet à conversation; et encore ces insignifiances sont à la condition d'un fond musical excitant, comme si le moindre silence devait découvrir le vide qu'il y a entre nous, la déconcertante évidence que nous n'avons rien à nous dire; et c'est exact."

BAUDOUIN DE BODINAT. Extr "La vie sur terre". Editions, Encyclopédie des nuisances. 1996.

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Nous poursuivons "La vie sur terre", deuxième volet de cet ouvrage au style rarissime de Baudouin de BODINAT que j'ai découvert récemment, et l'été si exubérant en platitudes et autres frimes, aux terrasses des cafés, ne peut qu'inspirer cette sorte d'hibernation, dans la lecture dirai-je, de ces pages lumineuses à force de regarder les ombres pour ce qu'elles sont. Je lus d'abord de BODINAT, à l'ombre, dans une de ces tavernes chauffée à bloc par ces jours qui n'en finissent pas, tandis que mon oreille traînait à saisir à cette table jouxtant la mienne, les élucubrations culturelles d'un dindon entouré de jeunes filles à la fois belles et ordinaires. Je vous reparlerai du dindon qui ne loupa pas un sujet de "bonne" conversation et  se sachant écouté, remonta le volume d'un ton pour parler à la fois de MONTAIGNE, d'ANTICHRIST, et de MICHAEL, sans oublier PINA et le neveu du président, le tout ponctué d'un rire bête et chantant. Donc, nous le retrouverons ce dindon, (un jour), qui laissait dépasser de la poche militaire d'une saharienne à la fois chic et déglinguée, un exemplaire du Monde plié en quatre.

Le Monde plié en quatre... Cétait bien ça.

Il n'y avait plus qu'une chose à faire, partir d'ici et loin. Mais quelle autre destination à part la terre ? A Perrache, comme je n'ai pas l'âme meilleure que ce dindon (contrairement à ce que je voudrais faire croire), j'ai voulu photographier quelques bougres qui se battaient pour David Guetta enfin je veux dire un CD de David Guetta volé à Virgin Megastore. Un vigile est venu me dire que si je prenais des photos à cet endroit, il me saisirait l'appareil. ("La vie sur terre" ?). Je lui ai répondu "mais de quel droit ?", il m'a emmenée devant un panneau placardé dans le centre (on dit "stratégique") de la gare, et m'a montré l'affiche où il est bien noté en lettres microscopiques, que je n'avais pas le droit de prendre en photo ce lieu-là. J'ai laissé partir le vigile. Je me suis penchée contre la rambarde pour regarder d'en haut passer les gens qui descendaient prendre le métro. ("La vie sous terre"?) J'ai vu passer un homme avec le Monde sous son bras. Et j'ai pris la photo quand même.

Le monde sous son bras. Ah ah !

La vie sous terre, La vie sur terre. Et, déconcertante, l'évidence...

Histoire à suivre ...

Nota: Ce blog étant antidaté toutes les incohérences dûes à des faits n'ayant pas encore existé sont considérées comme normales, d'autant que rien ne nous interdit, pour l'heure de les anticiper.

Photo: Du hall commercial précédant la grande allée menant à la gare de Perrache. L'espace où l'on va prendre métros et bus vu d'en haut, à la manière d'une caméra de vidéosurveillance. Lyon Juin 2009.© Frb

jeudi, 18 juin 2009

Page blanche ...

Trou Noir ?

IMG_0004 B.jpgAu dessus du jardin des plantes. Le mur offre sa Remington (et son revers) à votre muse.

Photo : Lyon, par les pentes de la Croix-Rousse, du côté de la rue Neyret. Juin 2009.© Frb.

Trou noir ?

Pas si blanche !

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"oh m'dame Frasby ! shocking ! vous mettez en ligne des images au contenu subliminal d'un nihilisme effronté ! regardez de plus prés !"

Dixit Hozan KEBO qui n'a pas les yeux, (ni sa loupe) dans sa poche.

NDLR : Bon sang ! mais c'est bien sûr m'sieur Hozan K ! autant pour moi ! si j'avais pu deviner ! (Il faut dire que je suis un peu myope) ... A moins que quelqu'un soit venu pendant la nuit ? Quelqu'un de très mal élevé. Nihilisme effronté, c'est insoutenable. Poètes, rentrez vos muses ! J'avertis la police immédiatement !

Photo : Intervention HOZAN KEBO (H.K/L.R) . Juin 2009.

lundi, 15 juin 2009

Plan d'une ville...

Repérage :

Pour le lecteur qui se serait malencontreusement perdu (dans notre jungle).

Tout va bien vous êtes...

ICI 2.png

Autres pavés en voie de sainteté (mais sans orientation) à voir ou à écouter ci-dessous:

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/01/30/le...

Photo: Les pavés du Vieux St Jean ou peut être le début d'une étrange maladie ? Vus dans le chaotique Vieux Lyon juste en face de la cathédrale et pas très loin de la boutique de l'ancienne "Maison JOLY, herboristerie". Juin 2009. © Frb

samedi, 13 juin 2009

Les insouciantes

"Et si les bas-fonds remontaient à la surface ?"

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Question inspirée par J.B. PONTALIS ("traversée des ombres"), après avoir passé des heures à regarder le fleuve.

Photo : Deux insouciantes sur les berges de la Saône vues du quai St Antoine à Lyon, en Juin 2009. © Frb.

Foules

Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude: jouir de la foule est un art; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Multitude, solitude: termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.

CHARLES BAUDELAIRE : extr : "Les foules" in "Petits poèmes en prose" suivis de "Le spleen de Paris" Editions Garnier 1997.

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"Le spleen de Paris" est un recueil en prose de BAUDELAIRE, qui ne fût publié que deux ans après sa mort.

Ce "Spleen" pourrait être celui de partout mais BAUDELAIRE posséda Paris comme personne et son appréhension magistrale de la ville n'est pas si datée qu'on se l'imagine. "Les foules" de 1864, ne sont donc pas si éloignées des foules du citadin du XXI em siècle. Et pas si différentes, des foules de partout. Ambiguité des séductions; entre errance anonyme, égarement, sentiment compressé par le pouvoir des masses. Et puis intemporelles, Les déambulations parfaitement synesthésiques sont griffées à l'unique patine "Baudelairienne". Par ce trait de fascination du mouvement, ces visions d'abondance que seule la ville permet. Baudelaire cherche ce point "n'importe où hors du monde" quand tout lieu ressemble à l'exil et toute foule à un champ de possibles ou de ruines :

."Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme."
Cf. "N’importe où hors du monde" in "Le Spleen de Paris", 1864.

BAUDELAIRE s'exila d'ailleurs plusieurs fois dans sa ville natale mais sans s'y contenter : les fantômes de Paris, son goût urbain, les murmures de la  cité foisonnnante, ne lui laissèrent aucun répit. L'emprise de la capitale le tenait corps et âme asservi, charmé sous un joug très contradictoire, la foule, les épanchements, la retraite dans la multitude, l'anéantissement . BAUDELAIRE flâneur explore, construit et déconstruit l'ivresse, dérive en tous lieux, au nom de la poétique errance et puis bien sûr, pour "échapper"... (Notamment à ses créanciers - autre foule donc ! -  les nombreux déménagements de BAUDELAIRE ne furent pas en particulier voués à des passions d'homme libre). Il est rare que BAUDELAIRE cite les lieux de façon très précise, chez lui ni monuments, ni places ... (une fois peut-être dans "Le cygne", (cf. "les "Fleurs du mal" 1857) où sont évoqués le Louvre et le Carroussel.

"Aussi devant ce Louvre une image m’opprimme
Je pense à mon grand cygne avec ses gestes fous
Comme les exilés, ridicule et sublime
Et rongé d’un désir sans trêve ! et puis à vous
..."

BAUDELAIRE fût l'un des premiers à faire l'expérience de la modernité des espaces urbains, où le flâneur doucement vient presque sans réfléchir, désirer ou se laisse ravir, tout en n'ignorant pas dans ce foisonnement combien l'âme, le corps s'en trouveront au final tristement consommés. Mais le prix de cette ivresse en tous points délicieuse, de cet anonymat aux spectres déguisés, ne saurait s'échanger contre rien d'autre ... Le poète ne saurait exister et ne pas se confondre qu'en des lieux remués et toujours noirs de monde .

"Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant ; et si de certaines places paraissent lui être fermées, c’est qu’à ses yeux elles ne valent pas la peine d’être visitées.

Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des jouissances fiévreuses, dont seront éternellement privés l’égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente."
Extr suite : "les foules" in "Petits poèmes en prose" suivis de "Le spleen de Paris"

Photos : Foules comme de vraies fleurs cueillies sur l'espace d'un parking arboré à proximité d'un supermarché, situé quelquepart aux environs de Lyon. Photographiées d'un marchepied. Mai 2009. © Frb.

dimanche, 31 mai 2009

Comme un dimanche avec Melle Branche

melle branche A.jpgC'est sur le Boulevard de la Croix-Rousse au milieu de l'après-midi, que nous retrouvons l'héroïne de nos dimanches, au patronyme si Alcestien : Melle Branche. (Souvenez vous, cet hiver elle faisait son marché place Wilson en tâchant de ne poser sa canne qu'en de savants calculs), nous l'aperçûmes, (depuis elle a changé de coiffeuse), un autre dimanche, sur la presqu'île devant le magasin "Jolidon"). Avec les beaux jours, elle a chaussé des souliers confortables. Elle a marché longtemps afin de rejoindre la colline et puis sur le boulevard, elle a enfin trouvé son banc pour lire un peu à l'ombre sous un arbre. Le boulevard a cet avantage de ne pas avoir omis les bancs. Il y en a partout, près du café de la Mairie, devant la mairie, devant le square (Bernard Frangin), mais elle, elle préfère s'éloigner un peu là où il y a encore des arbres, des vieux, dans la direction des Charteux. Et la voilà, tranquille, face à la pharmacie elle lit l'ouvrage "Comment rajeunir" du Docteur HELIAN JAWORSKI (Un livre prêté Melle Lacroix, "un livre qui s'appelle Revient", a cru bon de préciser Melle Lacroix, qui ne prête que rarement ses livres...). Melle Lacroix, après avoir lu ce livre, c'était incroyable ce qu'elle avait rajeuni ! "c'est un "livre-miracle", écrit par un "docteur miracle", ça donne beaucoup d'espoir" avait dit la Denise qui avait été la première à l'acheter après avoir assisté à une conférence de connaissance du monde où le Dr HELIAN JAWORSKI avait causé des heures durant. La Denise aussi, elle avait rajeuni. Melle Branche ne voulait pas que ce soit dit. Ce n'est pas qu'elle aimait lire, elle préférait parcourir des revues comme "Nous deux", ou faire des jeux , mais surtout elle voulait connaître le secret, savoir comment on fait, ce que ça fait. Elle voulait rajeunir. Doucement elle mit ses lunettes, l'ouvrage datait de 1929. Elle se demanda quel âge, avait aujourd'hui le Docteur JAWORSKI.

"L'Homme devait donc atteindre 140 ans. Cette loi n'aurait rien d'absolu puisque certains individus sont arrivés à 150 et même 160 ans ainsi que le célèbre physiologue HALLER au XVIIIe siècle, en rapporte des cas. Celui ci professait du reste que l'homme devait vivre jusqu'à 200 ans."

Melle Branche resta longtemps sur le chiffre 200. 200 ans ! évidemment ça changeait tout ! elle pourrait passer son permis de conduire, apprendre à aller dans les internettes et même faire un emprunt pour acheter sa maison... En parlant de maison, il était déjà plus de 16H00, et sa belle soeur la Marinette devait lui amener tout un tas d'affaires à retoucher, "on peut pas rajeunir et coudre" pensa t-elle... "c'est bête, je n'aurai pas le temps"...

Au loin elle entendit le bruit, ce grincement familier d'une barotte qui trainaît toujours derrière sa belle-soeur : "Ah tiens voilà la marinette" se dit melle Branche dans son for intérieur. Puis elle referma son livre tristement.

Photo: Mademoiselle Branche sur son banc. Vue Boulevard de la Croix-Rousse à Lyon, ce dernier dimanche de Mai 2009. © Frb

samedi, 30 mai 2009

Mai 2664 ???

MAI 2664.JPGPour terminer le mois de Mai : une vraie note d'espoir :

NOUS FERONS LA REVOLUTION EN MAI 2664 ! (camarades !)

Le temps de digérer 68, (Mai 1968 !), de laisser couler l'encre, l'eau sous les ponts, nos amours, la Seine, la Saône, de réecouter Grateful Dead, Le temps de lire tout Philippe Bralo, Le temps de se refaire un hénné. Le temps de replanter les cerisiers ...

Je vous donne donc rendez-vous en Mai 2664, sur la place où vous savez. On va tout faire péter, on va leur montrer qui on est . (Heureusement que je ne sais pas compter, sinon je ne sais pourquoi ce billet aurait quelquechose de désespérant...)

Mais je ne sais pas compter. Donc tout va bien.

Photo: Objet posant devant son graff, le tout comme un présage. L'avenir se lit au coin de la rue, arrêtons de chercher notre avenir dans la boule de cristal, "tout est là, petit scarabée"(c.f Kung Fû) "Pour comprendre il suffit de regarder" (disait le vieux marchand chinois qui me vendît mon Mogwaï). Enfin quoi ! un graff, une bière, c'est toujours ça et quelques plans sur la comète vus de notre objectif (gnomique), sur un mur de la rue René Leynaud à Lyon en Mai 2009.© Frb.

vendredi, 29 mai 2009

Des rideaux et des femmes...

"Il y a une grande réclame de rideaux, chez Holman. De vrais rideaux de dentelles, avec des volants bleus roses. Un dollar quatre-vingt-dix-huit la paire, avec la tringle, les anneaux et le cordon !

Monsieur Malloy se redressa sur le matelas. "Des rideaux ? demanda-t-il, qu'est ce que tu voudrais faire avec des rideaux au nom du ciel ?

- J'aime les belles choses, répliqua madame Malloy. J'ai toujours aimé avoir de belles choses pour toi." Sa lèvre inférieure se mit à trembler.

"Mais ma chérie, s'écria monsieur Malloy, je n'ai rien contre les rideaux, je t'assure que j'aime les rideaux.

- Un dollar quatre-vingt-dix-huit seulement ! tu cherches à me priver de tout pour un dollar quatre-vingt dix-huit !". Elle reniflait, sa poitrine se soulevait.

"Je ne cherche pas à te priver, mais ma chérie, pour l'amour du ciel, qu'est ce qu'on ferait avec des rideaux ? On n'a pas de fenêtres !"

JOHN STEINBECK . Extr. "Rue de la Sardine", (traduit de l'anglais par Magdeleine Paz). Titre original : "Cannery row". Edition Gallimard 1948 (pour l'édition française).

 

fenêtres.JPGPhoto : La maison de monsieur et madame Malloy vue de l'extérieur. Rue Bonnet exactement. Sur le plateau de la Croix-Rousse. Ca fait des mois qu'elle est comme ça. Ca fait des mois que Madame Malloy elle pleure, parce que monsieur Malloy, il ne veut pas lui acheter ses rideaux. Mais "les hommes ne peuvent pas comprendre les sentiments d'une femme, ils n'essaieront jamais de se mettre à la place d'une femme". C'est ce que me dit Madame Malloy, quand je la croise à la boulangerie de la rue Bonnet. Elle a raison. Les Hommes ne comprendront jamais. Les rideaux, pour une femme, ça fait TOUT !

Photographié début Mai 2009 à Lyon. © Frb.

mardi, 26 mai 2009

Fête des voisins (do it yourself !)

"Le voisin est un animal nuisible assez proche de l'Homme"

PIERRE DESPROGES.

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J'ai nettoyé mon casque à pointe (au mirror), je suis allée chercher ma Kalashnikov cachée tout en haut du placard à balai, j'ai enfilé mes rangers, et ma combinaison de justicière (cela existe pour fille en métal avec lance-flammes intégré  et petites fronces à la taille, d'un effet redoutable). J'ai mis à chauffer (thermostat maximum), une grande gamelle d'huile bouillante. J'ai pris la tronçonneuse pour les travaux de finition. Voilà. Je suis prête pour la fête des voisins (de ma voisine du dessus, surtout, ah ah ! ). N'oublions pas le marteau, pour péter ses versions technos de Britney Spears et de "La bamba". Tout est parfait. Il ne me reste plus qu'à aller chercher mon véhicule...

Ah... J'oubliais la musique  ;-)

 

Arto Lindsay and Toni Nogueira "buy-one"


podcast

 

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Photo: Ma nouvelle voiture modèle "Antivoisin 3000". Photographiée dans ma cuisine à Lyon en Mai 2009. ©Frb