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mardi, 14 avril 2015

Rondeur des jours

Que d'années à se défaire du pli, à se délester des chimères, à se décrasser des niaiseries, à rompre le cercle étouffant de la faute et du rachat, à prendre le large loin de ces tenaces mais si touchantes impostures auxquelles butent les furieux élans de l'enfance façonnée dans la cruelle chasteté et le miel du respect, et qui doit tenir sa langue en attendant que vienne l'heure où la rebellion fusera au grand jour comme germe une plante après un long hiver.

LOUIS-RENE DES FORÊTS  in "Ostinato", éditions Gallimard 2000,

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Pour ne plus avoir peur des questions de  Samuel Wood:

 

Comment chanter sur un registre moins pauvre ? 

 

Tout cela qui fut, qui est l’éclat du moment

Étrange sans doute comme les métaphores des rêves

Offre une vision meilleure du temps

Malgré tant de figures réfractaires

Qu’en dépit de plus d’un détour

La langue échoue à prendre dans ses pièges,

Mais bien loin de se tenir à distance

Elles rayonnent assez fort pour que s’exerce

Au-delà des mots leur hégémonie souveraine

Sur l’esprit qui, grâce à elles, y voit plus clair

Quand il ne se laisse pas dévoyer par la phrase

Avec ses trop beaux accords, son rituel trompeur

Auxquels s’oppose en tout la communion silencieuse,

Ce feu profond sans médiation impure.

 

Ici: Rondeau pour une basse continue et des petits tambours. Un aperçu de rude hiver, où les instruments artisanaux dits "en forme de lune" tiennent encore au domaine, (Dieu sait comment !), on appelle ici Dieu, tout ce qu'on ne sait plus nommer.

Demain: de frêles bourgeonnements juste un balbutiement, rien ne se perd, etc, etc...

promesses: la naissance du printemps, Cupidon caresse la Tulipia Grachinea aux jardins engloutis, Rémi et Colette ramassent toutes les violettes dans le pré pour faire une surprise à maman.

En douce: l'effraie au guet des petits animaux de l'aube et de la nuit, redevenus farouches, aucun d'eux désormais n'oseront faire un mouvement.

Ailleurs: les dimanches en famille, sur l'air de "ils cueillent des jonquilles"

De nos refuges, pas un mot pour le dire, rien que du fragmentaire, pas de printemps officiel, un prélude, en hommage aux amis disparus et réapparus, avec récital de bruissements devant une société de colibris-pêcheurs et mésanges d'Amérique, de hérissons très doux, d'écureuils pas très clairs (le panache cache les taches de rousseurs + un soupçon de hold up dans les noisetiers de l'amicale écologiste) et les autres: oryx, algazelles aux abois, "la fée" et sa demeure, fidèle itinérante, lutins bleutés, anachorètes, à pieds ou rossinante, qui vont par les chemins en guêtres de pollen, créatures à l'âme singulière qui ont toutes appris le linta à l'ocèle de l'édoubrille et pourraient réciter par coeur les poèmes de Samuel Wood en charmillon, ils se reconnaîtront.

Laissant courir ailleurs le temps, les mots, le murmure des forêts, demeurera inchangé, même après les travaux, pendant que le bûcheron finira de boire sa bière en jetant les canettes dans la clairière, (à cette nouvelle décharge la beauté, à la serpe) hommage à "Serpe d'or", une bouteille à Nestor, trouvée dans la rivière par les lierres et les algues, "nous sommes liés quelque part", c'est là une évidence même quand la boîte retarde sur un mode unplugged, mes excuses ajournées et des remerciements à ceux qui ont écrit, avec mes voeux de Mai, à ce train là, ils glisseront sur la vasonnette de Juillet, mince indice, les courriers ne partent plus, et je laisse en état, un malin musicien qui ne manquait pas d'humour (enfantin même potache) aurait pris quelques ronces frottées sur un vieux tronc pour écrire "j'ai été coupé", ainsi sortir des bruits, un beau son, et sourire du reste, il l'a peut-être fait... 

Avec des si : du murmure au cri des forêts, il manquerait peut-être un pont qu'on ne sait plus franchir, pas de cri, rien que le souffle du vent qui tient lieu de parole et de souffle, simplement.

Nota : Si vous le souhaitez vous pouvez effleurer les images, pour ceux qui aiment voir les saccages en plus grand ce qui n'est pas mon parti-pris, moi, je ne dis rien de précis, ni vrai, ni édifiant, je montre ce qui existe, des espaces aux limites qui, peut-être nous regardent...

 

Là bas , Frb 2014-2015

dimanche, 08 décembre 2013

Winterlude # 2

Je sais qu'au Siam, en Birmanie, au Cambodge, le climat est doux en hiver.

HENRY MILLER par BRASSAÏ in "Henry Miller, rocher heureux", édition Gallimard, 1978.

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Photos : Le plus doux mouvement de l'hiver, est un petit voyage au coeur du Nabirosina pour ceux qui ne trouveraient pas le royaume de Siam sur l'autre face ...

  

Là bas. © Frb 2013.

vendredi, 18 mai 2012

Deux petites valses

Matin de printemps
mon ombre aussi
déborde de vie

ISSA

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J'emprunte à KOBAYASHI ISSA (grand maître de haïku), ce petit air de valse, l'ouverture du printemps glissera la ritournelle dans nos incertains jours...

ISSA, comme vous et moi, ne sût rien du cheminement de ses jours mais quand la poésie chanta sans lassitude que tout était néant, passage, silence, ISSA, d'un léger trait de plume ajouta "cependant"...

 


podcast

 

 

Photos : Là-bas. Le printemps a du retard, en cette mousson de Mai, entre deux jours de pluie et de brumes, j'ai pu saisir une accalmie avec juste le vent floutant un peu les arbres... Une petite carte postale, d'ici et de partout - en cliquant sur l'image - vous retrouverez d'autres balades de printemps, notamment aux jardins japonais et d'ailleurs...

Music : Chenard Walcker "Quand je tombe des nids" extr. de l'album "l'âne vétu de la peau de lion" (2002)

© Frb 2012

mardi, 24 août 2010

Le premier mouvement de l'automne

Avant de nous promener sur les routes, il nous faut nous envelopper d'éternel.

ANDRE DHÔTEL,  extr. "La chronique fabuleuse", éditions Mercure de France (2000)

 

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BELA KAROLI : "Summertime" (cover)


podcast



Photos : Avant première. L'automne n'étant pas encore proclamé le premier mouvement sera sans légende, (pour l'instant), mais nous tâcherons de suivre la petite histoire de très près, au fil des jours et des mois à venir. Photographié à travers les bois du marquis et les champs de la princesse entre les hameau de Montrouan et Vicelaire, non loin du Mont St Cyr. Nabirosina. Fin Août 2010.© Frb.

mercredi, 28 juillet 2010

Dead souls

L'idée d'inspiration, si l'on se tient à cette image naïve d'un souffle étranger, ou d'une âme toute puissante, substituée, tout à coup pour un temps à la nôtre, peut suffire à la mythologie ordinaire des choses de l'esprit. Presque tous les poètes s'en contentent. Bien plutôt, ils n'en veulent point souffrir d'autre. Mais je ne puis arriver à comprendre que l'on ne cherche pas à descendre dans soi-même le plus profondément qu'il soit possible.

PAUL VALERY : extrait d'une lettre écrite en 1918, publiée dans la revue "Le Capitole", en 1926 (La pléiade, I, p. 1654).

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Les serments nous dévident. Au soleil, nous disparaissons. Incapables de choisir entre le bien et le mal, nous prenons dans l'épreuve le lot de faux plaisirs, l'enrobons du contentement des sots. Nous sommes calmes, avenants, marchons les bras chargés de fleurs, des choses nous illuminent, nous les nommons, leur donnons vie, par mégarde elles nous sont reprises. On les emporte au loin. Au loin est un lieu impossible, déjà l'imposture nous fait autres. Les regrets s'éternisent. Des passagers descendent, d'autres montent. Le cochet fouette des chevaux blancs. Le carosse a des airs de train de marchandises ou de charrette à bras portée par quelques monstres. Qui se douterait que ce beau véhicule aura déjà servi, toujours à l'identique ? Des tas de gens tous identiques, absorbés par l'azur auront traversé ce même lieu tous, indifféremment et s'y seront perdus à convoiter l'âme promise, jusqu'au mal le plus vif, au mouvement brut, des bris de là, tout au bord d'un sentier, entre les pierres sculptées, le calcaire d'une église au tympan martellé, dentelle d'apocalypse et de Christ adoré.

Le paysage nous prend et déchire nos chemises. Les oracles prédisent des temps à venir périlleux, ensuite, peut-être éblouissants. Ce serait tout comme à l'origine. Un endroit féerique né d'un péché puissant. A terre gît l'écorce éclatée d'un arbre centenaire, une sève figée, blanche et terne, de belle opacité, un point ultrasensible au centre d'un sillon qui semble se fermer à vue d'oeil, en s'approchant, on sait qu'il s'ouvre sur des mondes. Alceste qui s'y connaît, dit que les arbres ne meurent pas. Il faut les tuer, pour qu'ils tombent. S'il l'on écoute on peut entendre une plainte en écho. Un chant, des turpitudes attendrissent les dunes. Rares sont ceux qui le savent. Quelque chose cède à l'embarras, plus fort que toute vélléité d'accéder aux limites. On a beau croire que la douceur s'annule comme rien, au milieu de tout ça, l'humain chute, et cette chute fait encore peine à voir, on le regarde s'agripper à la haie du chemin, la tête noire comme un mûron: rumex, rumicis, ruberraspberry, blackberry, cloudberry, dewberry, salmonberry, nagoonberry, thimbleberry, jusqu'à l'explosion des fruits rouges. Les lèvres imitant le baiser, lèchant le jus sombre, et le suc. Si délectables, enfin.

Rien ne dissipe le muet battement qui ravive la nuit. Les chants de ces rapaces aux yeux frontaux existent bien à l'écart du monde.

"Leur attitude au sage enseigne / Qu'il faut en ce monde qu'il craigne / Le tumulte et le mouvement;" (1)

Leurs cris semblent montrer la figure souveraine, le chemin des grandes terres, et du soleil couchant. Toute crainte terrestre s'en trouve remuée, mais rien jamais ne peut si aisément se rompre. Nous accueillons la vanité et nous cachons ce vierge, ce muet en nous même, qui nous plie, nous allonge sur un fil, et lie les univers les uns aux autres, un seul ressort si mystérieux qu'on ne sait déjouer. L'effroi succède aux tumultes, aux mouvements, les aveux magnifiques se taisent.

Tout était lumineux, et tout nous enchantait. Nos pavanes ne sont plus que bredouillements de gêne. Nous cherchons l'absolu ou l'oubli ou les deux et la nuit nous pleurons. La nuit ça continue, ne viennent que subterfuges, et les vains substituts. Quand l'heure est dépassée, on se rentre en citrouille. Toutes ces grâces enfantines n'en finissent plus de nous hanter et ces folles entreprises, tours de main, tour de cour, et ce rire de l'humain, noyant dans l'excès d'encre, les belles exhumées. Toutes ces grâces vont échues en petites notes éparses, pages blanches, cahiers reliés de cuir, ratures, effets de style à découvrir sous la lame du coupe-papier, tous ces ratés monumentaux dont on voudrait faire oeuvre ; tous ces paradis personnels, solitaires, déjà déchus. La main n'atteindra pas le coeur de la forêt. Et les songes inouis, trop criants, finiront par nous rendre sourds.

Nous dormions innocents sur un lit de bleuets. Mais par la main du diable, la création nourrit aussi les ânes, singe la sève et l'arbre. Les ardentes couleurs de nos petits succès, nous font maintenant pâlir de honte : ronds de jambes, jus de framboise, à tu à toi, je mute en rimes qu'on fait moisir confinées, mains absurdes caressant les pistils soyeux, hymen à déchirer dans un joli fourré, bouches en cul de poule, trous de guingois, le mucus libère ses toxines, des hiboux perroquets nous recouvrent de plumes, on prend des airs échevelés, concupiscence, excès. Voici l'éternité. L'ombrage est sans limite et les réveils sont durs. Pourquoi se réveiller ?

 

 

Nota : (1) ces vers sont extrait du poème de Charles Baudelaire : "Les hiboux".

Photo : Ma forêt en Nabirosina. Juillet 2010. Frb©

mercredi, 26 mai 2010

Le poème Tang

Ecoutez là-bas sous les rayons de la lune, écoutez le singe accroupi qui pleure tout seul sur les tombeaux ;
Et maintenant remplissez ma tasse, il est temps de la vider d’un seul trait.
LI-TAÏ-PE : "La chanson du chagrin"

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Les Tang (ou Thang) montèrent sur le trône de l'an 618 de notre ère, ils s'éteignirent l'an 909. Pendant ces 289 ans, vingt empereurs se succédèrent et presque tous furent dignes de régner. La poésie des Tang se divise en quatre périodes distinctes : le début, la prospérité, le milieu et la fin. Ce phénomène, qui reflète fidèlement la naissance, la grandeur, puis le déclin de l'empire, coïncide également avec les transformations du style poétique. La Chine était à cette époque, à l'apogée de sa puissance et de son expansion. Le christianisme avait fait des progrès en ce pays. Les doctrines de CONFUCIUS et de LAO -TSEU qui officiaient depuis longtemps, n’étaient plus seules à se partager la multitude. Pendant cette période de prosélytisme, la Chine ne pouvait rester en dehors du mouvement général des esprits, le bouddhisme déjà puissant inspirait également les poètes tel SONG-TCHI-OUEN :

[…] Je suis entré profondément dans les principes de la raison sublime,
Et j’ai brisé le lien des préoccupations terrestres.

Si certaines pièces des recueils poétiques des Tang portent l'empreinte du mouvement religieux qui s'accomplissait alors en Asie. La plupart n'en donnent aucune idée, la Chine n'était pas plus bouddhiste qu'elle n'était mahométane ou chrétienne. Le scepticisme, la fusion et la confusion qui y régnaient, se lit aussi dans les poèmes Tang où souvent on remarque une absence quasi générale de croyance, y compris chez les auteurs de renom. Le plus souvent cette absence de croyance ressort dans les poèmes sous forme de souffrance ou de découragement. L'illustre THOU-FOU compare l'avenir à une mer sans horizon. Il épanche sa tristesse devant un vieux palais en ruine :

Je me sens ému d’une tristesse profonde ; je m’assieds sur l’herbe épaisse ;
Je commence un chant où ma douleur s’épanche ; les larmes me gagnent et coulent abondamment.
Hélas ! dans ce chemin de la vie, que chacun parcourt à son tour,
Qui donc pourrait marcher longtemps ?

Il est fréquent que le poète s'égaie comme pour chasser des idées obsédantes, la mort, l'incertitude de l'avenir, sont des thèmes récurrents ; tel cet extrait d'un poème de  LI-TAÏ-PE :

Pour moi, je m’enivre tout le jour,
Et le soir venu, je m’endors au pied des premières colonnes.

On le ressent encore plus clairement dans cet extrait, l'oeuvre se pare d'un titre sans équivoque : "La chanson du chagrin"

Combien pourra durer pour nous la possession de l’or et du jade ?
Cent ans au plus... Voilà le terme de la plus longue espérance.
Vivre et mourir une fois, voilà ce dont tout homme est assuré.

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L'absence de toute conviction religieuse laisse un grand vague à l'âme du poète Tang, et la religion des lettrés s'inscrira finalement dans une morale très floue. C'est plus naturellement le sentiment de l'immortalité de l'âme, l'idée qu'elle pourrait exister indépendamment de l'enveloppe corporelle qui se reproduit alors sous mille formes dans les vers les plus incrédules comme s'il fallait inventer une protestation à toute cette perplexité. Tantôt l'esprit d'un homme endormi se met à voyager seul à travers l'espace, franchissant les distances au diapason de la pensée, et passant les murs d'un cachot, d'un gynécée, afin de consoler un prisonnier, de revoir quelque amante. Tantôt c'est l'âme d'un proche défunt qui est évoquée, celle d'un soldat tué qui se lamente, ou celle d'une épouse rongée par la jalousie, qui par un mouvement violent se dégage des entraves de la chair, pour voler sur les traces d'un époux en voyage et le suivre à son insu. On retrouve aussi dans tous ces poèmes des traces de légendes, de récits populaires, les aspirations vers une autre vie, et toujours le besoin d'espérer ou de croire. D'autres poèmes donnent au soldat le beau rôle. Par exemple dans les oeuvres de LI-TAÏ-PE, on découvre un poème intitulé "Le brave", une rare composition chinoise où l'homme d'épée est exalté aux dépens de l'érudit. Le soldat aura encore un rôle central dans ce poème intitulé "A cheval ! à cheval et en chasse" :

L’homme des frontières,
En toute sa vie n’ouvre pas même un livre ;
Mais il sait courir à la chasse ; il est adroit, fort et hardi.

Quand il galope il n’a plus d’ombre. Quel air superbe et dédaigneux !

THOU-FOU lui même écrira "Le recruteur", l'histoire d'un village dépeuplé par un recruteur, "Le départ des soldats et des chars de la guerre" nous conduit sur les pas d'une colonne en marche :

Partout les ronces et les épines ont envahi le sol désolé,
Et la guerre sévit toujours, et le carnage est inépuisable,
Sans qu’il soit fait plus de cas de la vie des hommes que de celles des poules et des chiens.

Les Tang savent aussi retracer la vie intime des chinois de l'époque. Tel ce poème de MONG-KAO-JEN titré, "Visite à un ami dans sa maison de campagne" :

Un ancien ami m’offre une poule et du riz.
Il m’invite à venir le voir dans sa maison des champs.

D'autres sont de véritables petits tableaux décrivant par exemple deux amis qui se donnent rendez-vous à l'automne pour regarder les fleurs. Pour d'autres, les scènes sont plus animées elles ne s'imprègnent plus de la contemplation de la nature, mais se mêlent à un banquet où le vin coule à flot. Et partout on retrouve les fleurs, indispensables à la poésie Tang.

Combien de fois nous sera-t-il donné encore de nous enivrer, comme aujourd’hui, au milieu des fleurs ?
Ce vin coûterait son pesant d’or qu’il n’en faudrait pas regretter le prix.

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Il y a aussi ces réunions dans la maison d'un ami, les dîners en plein air, les parties de montagne, la promenade solitaire qui porte à un plus haut degré, cette langueur indéfinissable particulière au peuple de Chine.

La lune surgit du milieu des pins, amenant la fraîcheur avec elle ;
Le vent qui souffle et les ruisseaux qui coulent remplissent mon oreille de sons purs.`

Et puis bien sûr, d'autres thèmes ceux-ci incontournables jalonnent la poésie Tang. L'attachement au pays natal, et les douleurs que peuvent causer une absence. Le chinois n'est pas voyageur, quand il part c'est toujours le coeur lourd et quand il se retrouve en pays étranger, rien ne le distrait du souvenir de sa terre natale :

Ne pensons qu’à l’accord harmonieux de nos luths, tandis que nous sommes réunis dans cette charmante demeure,
Je ne veux songer aux routes qui m’attendent qu’à l’heure où il faudra nous séparer [...]
Mais ces doux instants passés ensemble, hélas ! quand pourrons-nous les retrouver ?

L'exil pour le chinois, très attaché à son foyer a de cruelles amertume et l'on pense à l'immense THOU-FOU qui mourût disgrâcié comme OVIDE et qui jusqu'à son dernier jour ne cessa d'exprimer son chagrin :

Devant mes yeux passent toujours de nouveaux peuples et de nouvelles familles ;
Mais, hélas ! mon pauvre village ne se montre pas !
Tandis que le grand Kiang pousse vers l’Orient des flots rapides que rien n’arrête,
Les jours de l’exilé s’allongent et semblent ne plus s’écouler...

Source : Les notes de ce billet ont été inspirées par le travail de présentation et les traductions des poésies Tang du Marquis D'Hervey-Saint-Denys (1862)

Photos : Les brésars du Nabirosina sous le pinceau un peu chinois du Van Ki Tang, photographiés à l'orée de la très mystérieuse forêt de Bliges. Avril 2010. © Frb.

mercredi, 23 juillet 2008

L'Esprit Des Forêts - Part II -

" Tenir le problème pour inexistant est une manière habile de le résoudre (...)
En revanche, admettre qu'il est insoluble et le voilà comme résolu."
LOUIS-RENE DES FORETS  :extr "Ostinato"       CLICK HERE

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