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mardi, 30 décembre 2014

On rentre à la maison

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Le psychologue - et a fortiori le philosophe - donne peu d'attention aux jeux des miniatures qui interviennent souvent dans les contes de fées. Au regard du psychologue, l'écrivain s'amuse en fabriquant des maisons qui tiennent dans un pois chiche. C'est là une absurdité initiale qui situe le conte au rang de la plus simple fantaisie. En cette fantaisie, l'écrivain n'entre pas vraiment dans le grand domaine du fantastique. L'écrivain lui-même, quand il développe - souvent bien lourdement - son invention facile, ne croit pas, semble-t-il, à une réalité psychologique correspondant à de telles miniatures. Il y manque ce grain de songe qui pourrait passer de l'écrivain à son lecteur. Pour faire croire, il faut croire. Vaut-il la peine, pour un philosophe, de soulever un problème phénoménologique à l'occasion de ces miniatures "littéraires", de ces objets si aisément diminués par le littérateur ? La conscience - celle de l'écrivain, celle du lecteur - peut-elle sincèrement être en acte à l'origine même de telles images ? À ces images, il faut bien cependant accorder une certaine objectivité, du fait seul qu'elles reçoivent l'adhésion, voire l'intérêt, de nombreux rêveurs. On peut dire que ces maisons en miniature sont des objets faux pourvus d'une objectivité psychologique vraie. Le processus d'imagination est ici typique. Il pose un problème qu'il faut distinguer du problème général des similitudes géométriques. Le géomètre voit exactement la même chose dans deux figures semblables dessinées à des échelles différentes. Des plans de maison à des échelles réduites n'impliquent aucun des problèmes qui relèvent d'une philosophie de l'imagination. Nous n'avons même pas à nous placer sur le plan général de la représentation, encore que sur ce plan il y aurait grand intérêt à étudier la phénoménologie de la similitude. Notre étude doit se spécifier comme relevant sûrement de l'imagination. Tout sera clair, par exemple, si, pour entrer dans le domaine où l'on imagine, on nous fait franchir un seuil d'absurdité. Suivons un instant le héros de Charles Nodier, "Trésor des fèves", qui entre dans la calèche de la fée. Dans cette calèche, qui a la dimension d'un haricot, le jeune homme entre avec six "litrons" de haricots sur l'épaule. Le nombre est, ainsi contredit en même temps que la grandeur de l'espace. Six mille haricots tiennent dans un. De même quand le gros Michel entrera - avec quel étonnement ! - dans la demeure de la "Fée aux miettes", demeure cachée sous une touffe d'herbe, il s'y trouvera bien. Il se "case". Heureux dans un petit espace, il réalise une expérience de topophilie. Une fois à l'intérieur de la miniature, il en verra les vastes appartements. Il découvrira de l'intérieur une beauté inférieure. Il y a là une inversion de perspective, inversion fugitive ou plus prenante, suivant le talent du conteur et la puissance de songe du lecteur. Sou- vent trop désireux de conter "agréablement", trop amusé pour aller à fond d'imagination, Nodier laisse subsister des rationalisations mal camouflées. Pour expliquer psychologiquement l'entrée dans la demeure en miniature, il évoque les petites maisons de carton des jeux d'enfant : les "miniatures" de l'imagination nous rendraient tout simplement à une enfance, à la participation aux jouets, à la réalité du jouetL'imagination vaut mieux que cela. En fait, l'imagination miniaturisante est une imagination naturelle. Elle apparaît à tout âge dans la rêverie des rêveurs nés. Précisément, il faut détacher ce qui amuse pour en découvrir les racines psychologiques effectives. Par exemple, on pourra lire sérieusement cette page de Hermann Hesse publiée dans la revue Fontaine (n° 57, p. 725). Un prisonnier a peint sur le mur de son cachot un paysage : un petit train y entre dans un tunnel. Quand ses geôliers viennent le chercher, il leur demande "gentiment qu'ils attendissent un moment pour que je puisse entrer dans le petit, train de ma toile afin d'y vérifier quelque chose. A leur habitude, ils se mirent à rire, car ils me regardaient comme un faible d'esprit. Je me fis tout petit. J'entrai dans mon tableau, montai dans le petit train qui se mit en marche et disparut dans le noir du petit tunnel. Pendant quelques instants, l'on aperçut encore un peu de fumée floconneuse qui sortait du trou rond. Puis cette fumée se dissipa et avec elle le tableau et avec le tableau ma personne"... Que de fois le poète-peintre, dans sa prison, n'a-t-il pas percé les murs par un tunnel ! Que de fois, peignant son rêve, il s'est évadé par une lézarde du mur ! Pour sortir de prison tous les moyens sont bons. Au besoin, à elle seule, l'absurdité libère.

GASTON BACHELARD : extr. "La poétique de l’espace", Presses Universitaires de France, 2004. 

 

Légende : Il existe à un jour de marche du pays de neige un hameau qui s'appelle "la demeure" et ceux qui vivent là, sont des êtres irréels.

 

Option : Si, la maison n'était pas à votre goût, on en a d'autres qui manquent pas d'air, (voeux officieux, à cliquer dans l'image).

 

Villa Alcestia, là bas © Frb Dec.2014

mardi, 23 décembre 2014

Entre deux ...

Irez-vous chercher loin ? Vous finirez sûrement par revenir, pour trouver le mieux, ou tout aussi bien que le mieux, dans ce qui vous est le mieux connu...

WALT WHITMAN, extr. "Un chant pour les occupations", traduction de Louis Fabulet, in "Feuilles d'herbes", "Poèmes" éditions Gallimard 1918

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Dans le grand hall de gare où le pas perdu va, où le dessin rature mille fois et recommence, où chaque regard retient l'attention comme la votre, puis l'oublie, la seconde après, j'aperçois une tête d'homme, un homme sobre, l'oeil craintif, attentif comme le mien, dans la même inquiétude, au guet de sa correspondance.

Perdu, là tout pareil, un semblable qui se perd au milieu de la foule ou se cherche un visage ; qui parmi des milliers saurait le renseigner ? Quelle voiture ? Ou quel quai ? Et partout le silence de chacun glisse dans ce vacarme, on se pose jambes croisées une valise à ses pieds, en ces lieux consacrés simplement à l'absence, lui, comme moi, avec eux, nous serions des milliers abordés de vacance à espérer la lettre d'un quai de A à Z, qui se lit comme un chiffre, puis se vide sur des bruits...

L'homme a mis un carnet sur ses genoux il semble qu'il dessine quelque chose, ou il écrit sans doute via ces petits engins, à quelqu'un, (la bien-aimée, qui sait ?),"Le train a du retard". Je ne sais par quel hasard, nous sommes toujours tentés d'avoir l'air occupés.

C'est une autre manière de converser encore, que de rester longtemps assis sur des banquettes à attendre face à face sans rien dire, ou discuter si peu et toujours à voix basse :"où est-ce que vous allez ?". La réponse est sans but, le mot sans importance. Tous ces gens se contentent chacun a ses errances contre un brin ébloui, une furtive émotion pourtant si recherchée, qu'on ne retrouvera plus ou qui a disparu parfois, sans y penser, chez ceux de l'entourage, si blasés qu'on soit là, qu'ils finissent forcément par ne plus apprécier ou ne plus ressentir les considérations que tous ces anonymes savent s'accorder entre eux, comme l'habitude souvent nous fait par distraction, cet air désaffecté.  

Cherchant un point d'appui dans l'oeil des passagers sans la moindre méfiance, sans aucun attachement, ni désir de saisir, on voit des créatures tripoter leurs portables ou le crayon fixé sur les petits carreaux maculés d'un carnet. On cherche le journal, on achète des bonbons qui pétillent, on rumine pour ne pas les croquer d'un coup sec en faisant trop de bruit avec ces dents pointues qui tirent sur les affiches, des sourires de façade louées aux carnassiers.

Les yeux sur nos paquets, vous et nous, entre deux, écrirons par ennui, des rimes de pacotille, ou petits textes en prose, dévoués à des formes sans drame et sans passé. Nous sommes les personnages, une seconde accrochés, déjà hors de portée, soulagés de partir, pris dans la vacuité de toute chose périssable un instant délayés, suspendus comme des lampes.

  

Envoi ** Merci à ceux qui ont suivi ce blog, durant cette (rude) année 2014, une année empêchée pour ma part, la vie, la vraie, pas celle qu'on nous (vous) raconte, l'année, finit entre deux trains, au ralenti comme elle a commencé, l'ordi étant à quai le plus souvent hors-box, le logiciel courrier en bug grave, le tutti en bazar menant à ce temps comme on dit de latence, un temps à réparer (ce n'est pas une promesse, ni gagné, mais on va essayer), je remercie les lecteurs, commentateurs, et amis qui ont écrit des courriers chaleureux vraiment très appréciés, toujours encourageants, merci également aux artistes, galeristes, éditeurs, les passeurs (ils se reconnaîtront) qui ont proposé des oeuvres, textes, photos, peintures, ceux qui m'ont invitée, ceux rencontrés, entre deux trains, tant à la ville qu'à la campagne, qui changent un peu la vie à leur façon, belles rencontres suspendues et retardées pour l'heure, mais c'est pas volontaire (latence, donc) ; certains courriers se perdent encore à ce jour un peu moins (quoique... je ne peux pas tant savoir), d'autres se sont perdus, pas sûr qu'on les retrouve, idem pour mes réponses, le fonctionnement normal, encore incertain à ce jour, je tiens à présenter mes excuses à ceux qui ont écrit, à qui j'aurais aimé répondre, j'ai essayé souvent mais tout m'est revenu, l'acheminement reste encore à ce jour plutôt aléatoire (passons sous silence les supputations (?) que malheureusement j'ai reçûtes, elles sont hors-sujet, diffamantes, une espèce de dérive, aux antipodes de la réalité, cela mériterait tôt ou tard un sérieux démenti, il serait temps - 2015 ? - de ne plus laisser courir n'importe quoi). En attendant, je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année, paix et douceurs dans les chaumières, des partages simples, des illuminations, des bougies et des luges, des pistes vertes, des sommets plein de neige, des biches et des chamois, des trains bleus, des oranges, des Jésus en sucre, des poêles à bois, des grosses chaussettes, des bottines, des bonnets à pompons, de la caresse diurne et nocturne, des musiques et des choeurs, et si les bonnes richesses naturelles de la vie étonnante ne vous suffisaient pas, espérons que le père Noël (et la Noëlle) arrivent à passer avec tout leur barda (autre petit voyage), par votre cheminée, (enfin on pense à eux, et on y croit très fort) pour vous apporter, des jouets parmillés, (Tino, sors de ce corps !

 

Photo: Perrache vieille gare. Saisie entre deux quais, son passage mécanique, désert, ce qui est rare .

 

 

Lyon, © Frb - txt revu et corrigé - Décembre 2014.

samedi, 20 décembre 2014

Des accords

Il ne s'agit pas d'être là, il s'agit d'être le là.

JEAN-LUC NANCY

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Tous les corps animés, inanimés, cette juxtaposition des extériorités, (un trottoir, un poteau, un clavier, une personne, un passant, homme, femme, enfant, chien, etc...)

Tous les corps qui veulent dire ce qui est dehors en tant que dehors à côté auprès avec un "autre" (corps), au corps à corps dans la disposition

ressentir dans la réalité la proximité des êtres à distance.

Etre touché.

Ressentir cette infime différence entre ce qui touche et ce qui est touché, le toucher - le tact - est infiniment discret, Jean Luc Nancy l'a écrit dans "Calcul du poète" 

le toucher est discret ou il n'est pas.

L'être n'est pas enfermé en lui même, on ne peut totalement jouer à se l'approprier comme une chose car il est déjà ouvert au regard de l'autre et déjà imprégné ou même "contaminé" par les présences des corps, tous les corps des autres en mouvement.

le toucher est concret et abstrait.

On pourrait évoquer cette logique du toucher via le mythe d'Ulysse et les sirènes . On pourrait évoquer ici même les Sirènes, par un truchement aussi lointain qu'intemporel,

chacun sait que ces êtres féminins instillent un chant irrésistible qui a envoûté chaque marin qui passait à proximité, (les sirènes symbolisant les âmes des morts montrées à l'origine en figures d'oiseaux à tête humaine puis en femmes à queue de poisson). Elles étaient des divinités de la mer postées dans le récit d'Ulysse à l'entrée du détroit de Sicile, sur une île entre l’île d’Aea et celle des monstres Charybde et Scylla, mais il existe d'autres lieux de leur séjour comme le cap Pélore, l'île d'Anthémuse, les îles de Sirénuses, ou Caprée. Bref, elles charmaient de leur voix mélodieuse afin d'entrainer les marins vers une vaste prairie, couverte d'ossements et de chairs asséchées. 

Mais le chant des sirènes n'ensorcelle pas les marins de passage par sa beauté, il ensorcelle parce qu'il contient en lui une promesse d'un savoir absolu.

Capturés par ce chant, les marins trouvaient inévitablement la mort sur des récifs qui entourent l'île des sirènes, et Ulysse fut le seul à dépasser les sirènes parce qu'il s'était attaché au mât pour pouvoir écouter ce chant et précisément, se préserver une distance nécessaire, ainsi aura-il pu aborder le chant des sirènes et être touché par lui.

Cette intrication paradoxale de la distance et de la proximité (par un détour qui semble étrange mais pas si étranger), évoque justement le motif ambivalent du distinct.

Dans ce mot se trouvent rassemblées les significations de la distance - du différent - ce serait une indication sur ce qui ne peut être touché ou peut l'être, mais sans contact corporel.

Ce qu'un trait retire et tient à l'écart en le marquant de ce retrait.

selon J.L. Nancy il serait impossible de toucher le distinct, non pas parce qu'il est intouchable mais parce qu'il est impalpable, c'est à dire inaccessible.

La singularité plurielle de l'être est la condition qui rend possible tout rapport éthique, même si le toucher ou le tact ne sont pas exactement considérés comme une catégorie éthique.

La discrétion du rapport entre les êtres n'est possible que parce qu'ils co-existent, parce qu'ils sont toujours déjà ensemble.

Subsisterait alors, l'unique moment où nous pourrions être touchés par un regard, simple ouverture au monde adressée, qu'on ouvre à d'autres en se dépassant.

Regard jeté devant et hors de soi.

Ces choses là sont si bien ajustées qu'on ne peut les fonder sur la seule connaissance ou l'intelligence.

Elles ne dépendent sans doute que d'une coïncidence.

Comme les sirènes dont la juste distance ne se dévoile que dans la mort, celui qui cherche, et crée, (Nancy, dit "le poèteon pourrait élargir) :

[...] doit tel Ulysse prudemment ou même avec une certaine lâcheté approcher ce qui ne peut être approché".

La mesure la plus juste serait le langage poétique, la mesure d'y mettre au lieu de mots toujours encombrés d'histoires personnelles, un rythme, quelque chose sans mesure laissant advenir la possibilité d'une coupure nécessaire. :

La continuité ininterrompue du sens vivant ne peut être "sensible" que dans son interruption".

Sujet peut-être à suivre, sur le thème de la ville pour les gens de l'été - ceux qui restent - qui battront le pavé très loin des bords de mer.

Photo et notes évasées et facultatives : La place est sur mon mur, séparant et reliant deux mondes distinctement, autre ligne de fuite filée par le canon, rien que du pacifique, des passants d'une rue s'apprêtent à rejoindre l'esplanade, c'est un corps de ballet autant de chorégraphes livrés qui se délivrent, à ce moment précis de l'obligation d'en débattre. Concentrés à leur seule façon singulière d'envisager la traversée, la possibilité d'une ville (d'une île, d'une aile, d'une houle, de huées d'hirondelles, de z'hiboux ou que sais je) se déploie en une polyphonie discrète pour mille têtes, mille nombrils et autant de chairs tièdes ou brûlantes jouant avec les pieds sur le clavier (plus ou moins tempéré) de certains jours, (cette interprétation fort contestable se passera de toute présomption pour s'unir à une sorte d'indulgence universelle (j'espère):  

"on ne traverse pas une chaussée la bouche ouverte" a dit le sage chinois (à la barbe d'Héraclite*)

"Unis sont tout et non tout, convergent et divergent, consonant et dissonant; de toutes choses procède l’un et de l'un toutes choses"*.

c'est là, (à nos gamberges, "easy") une condition suprême pour arriver (au moins) vivant de l'autre côté du piano, et ainsi me relier à toi, ô mon ami, mon frère ! unis sur l'esplanade où déjà avant toi ont chanté tous les choeurs et les voix des intempestifs - ceux-là, plus cléments et plus inoffensifs que les sirènes d'Ulysse. 

Moralité : y'en a pas.

Le poète Li Tou dans la soute à charbon, effeuillant de Nancy à Homère, les possibilités d'une ville passera par le sourire (autre énigme) du sphinx ammoniacal dit "le""caillou", (un caillou certes, mais pas un caillou comme les autres) de la bonne colline (de Madame la Croix-Rousse), figuré en Bouddha impassible donc, bienveillant pour ses gens, lire ici, son ambassadeur en émissaire pratix aidant la traversée: "l'habitant du caillou contenant un fragment de chacun d'entre nous", (notre philo-facile) via l'expert-géologue de C.J posté dans la guérite (ça fait un paquet de mondes) d'ores et déjà fondus sous le pandémonium de la traversée du lendemain, je décline à nos vagues par un conseil du jour

de grâce, soyez prudents, par les rues, on the road, (on vous aura prévenus)

La possibilité d'une esplanade en ville, n'allant pas sans dangers ni menaces, on vous réservera (il faut ça), 4'33" de silence pour la mise à distance, si rude voie sous telle chappe (ô patience). Et, si il y parvient l'égoïste semblable, pourrait bien fusionner avec la petite chorale des fourmis en vacances et autres collectionneurs de valses, de sauveurs d'harmoniums, j'en oublie et j'en passe ; alors avec des si, une multitude de si on aura peut-être une chance (j'avoue qu'elle est très mince) d'être le là ? (Vermot, sponsor). Avant de se faire broyer par un nid de pattes qui nous ferait un crochepied (évidemment involontaire), la chute finale (mourufin-loumunif) est remise à plus tard bien qu'on prévoit des bottes, desfois que ça arriverait, même si les traversées ne sont pas toutes écrites à l'avance (la chagesse, sur un pied), Héraclite dans la rue en dos d'âne jusqu'à Caluire et Cuire a testé, les chevaux de bois, en sandales, (du distinct / indistinct à se perdre pour s'y retrouver)

 La route qui monte et qui descend est une seule et la même. 

Voilà.

Sources : "Sur l'irréalité du touché poétique chez J.L. Nancy par Aukje Van Rooden.

Remerciements : aux groupies du pianiste et autres amateurs d'instruments de musique installés sournoisement dans nos villes (on nous cache tout ...) aux pianos, en freestyle installés, bien visibles, eux, dans nos  gares expérience des possibles avec de belles surprises, certaines vraiment touchantes, on y reviendra peut-être un certain jour, et enfin aux joyeux rabats-joie ceux qui n'aiment pas la plage (même pas celle des vraies villes avec un vrai faux sable) à ceux qui sont malheureux sous le soleil, à ceux qui ne traversent les ruelles que lorsque vient le soir, (crin-crin offert d'air provisoire qui peut même se jouer à la flûte traversière, la nuit, à la fenêtre).

 


podcast

 

 

Grand piano avec et sans bretelles accueillant ses artistes... vu à Lyon par... © Frb 2015

lundi, 15 décembre 2014

Passures

Interroger l'habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l'interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s'il ne véhiculait ni question ni réponse, comme s'il n'était porteur d'aucune information. Ce n'est même plus du conditionnement, c'est de l'anesthésie. Nous dormons notre vie d'un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ?

GEORGES PEREC, extr. L'infra-ordinaire, éditions du Seuil, 1989.

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Photos : des histoires, plein d'histoires, mises à sac, mises en sacs, une traversée, de rue en rue jusqu'aux ruelles en multiples passerelles à taille humaine, passages géographiques, et trajets fragmentés à travers les quartiers différents d'une ville, acteurs ou figurants pour approcher les fêtes, trop plein d'appréhension, de bonnes résolutions qu'on voudrait honorer, qui ne tiendront qu'à travers, et pas comme on voudrait, jamais aussi splendides, effondrements des rêves, choeurs des lamentations, chenilles de joies rapides, un mélange de désirs, à travers les clients, les marchands, et toute la marchandise, sa promo permanente, à travers - en travers - les élans versatiles, les renoncements, la hâte, l'alternative, la norme, le besoin de s'y plier puis de s'en échapper, la recherche du temps perdu ou retrouvé de son plaisir, désir de choses simples: des godasses et des fringues, sacs de fripes, à travers, tant qu'on peut préserver chez soi un endroit au chaud pour tout en déballer, débarder, essayer, apaiser les grands maux ou les petits bobos, le surplus excessif, les gros riens, ces sutures à travers, les paquets et les mots, en travers, l'immanence et la loi d'entropie et tous les paradigmes, à travers le plaisir de courir pour choper du nouveau avec les vieux poncifs "l'hiver et le printemps", la rue en kit chez Continent, des pays ou des gens, le printemps comme un clip qui grignote l'escargot en musique re-jouant Vivaldi sur des rythmes électro, les quatre saisons mutables comme l'espoir tourne en vice et revend de partout des sacs pendus aux mains, ces poings demi-ouverts, empaquetés, à travers un fourbi dans la tête avec des sentiments, l'amour et l'amitié, évasions en travers, les histoires qui vont vite pour se perdre dans les flux imiter la croissance des systèmes, marcher sur les bris de verre sous les lustres en plein air, faire monter les machins et les trucs, les compulsions d'achat, le harcèlement moral, le travail, les loisirs, la croissance, le coaching, l'open-space, mise à sac de l'éthique, rafraîchissement des murs que la ville peinturlure avec ceux qui voudraient que ça change, qui n'ont plus de certitude (ça commence à se voir) qui ne peuvent plus, ne veulent plus suivre, face à ces géants verts, des mots bleus de la peur qui caressent les personnes, vident les poches des petits, séduisent les lucratifs, à travers les précaires qu'on ne voit pas courir aussi vite, ça retombe loin là bas, à la périphérie, à nos pieds, à genoux sous les ponts, dans les squatts, les prières invisibles, la convivialité, le discount, les échanges, enfin le système D, le pas qui continue avec du grain, sans grain, à travers la beauté, des instituts de beauté, des ongleries américaines, du panache, des paillettes à travers l'épuisement, la loi de l'apparence qui fait foi d'existence, loi sélecte, les meilleurs s'y retrouvent, y glissent entre leurs dents ta carte bleue, avisent nos cartes-fidélité, du mot fidélité vidé avec les sacs, des gants raflant la mise du gueux qui tourne chèvre sans plus savoir pourquoi, au cercle du manège, mange sur les chevaux de bois, se sustente au snacking, voyage sur des lumières avec les ombres tristes abordant le scientisme et le trans-humanisme, à travers, l'homme fragile héritier de sa révolte impuissante, en travers les clous du passager s'égayant d'un spectacle 7J/7/24H/24, avec nous ou sans nous, avec les stars, les fils de..., la déco, packaging, la crise qui t'en fabrique de l'austérité capitale, la foi dans l'abondance, les possessions, les intimidations, la peur de perdre, cette commune hantise des déflagrations singulières, courses vite, en travers, la pauvreté, le luxe, à travers la bonté, la gentillesse, la culpabilité, l'empathie, la souffrance, et ceux qui s'en relèvent affrontant à travers leurs défis personnels : être soi, trouver sa voie, devenir vrai, au delà des pressions et du pouvoir d'achat, les hommes ont autant d'imagination que d'avenir, les marchandises s'en moquent, à travers les affiches pillant au plus profond, le peu, l'insuffisant, mesurant à chaque pas, le secret de chacun, qui devient frustration du grand nombre, toute la dynamique mise en sacs, par les stats en travers ceux qui rêvent que leurs têtes pourraient fuir les boutiques, les corps et les boutiques on ne sait pas où ça va. Si ça tire à travers les personnes ou les cibles, l'ego à travers ça, viserait qui s'entasse à travers, play to win, baraka, empochant, sacs à part, la ruine à prix d'amis par les lieux traversants, les néons, les lanternes, la surface amovible, la valse des étiquettes affichées de travers, les winners, les losers, les empires, l'univers made in Chine, les affaires, les modèles de mesure verticale, le bon sens, l'eau qui dort au prix flottant du genre moyen pressé, le crédit, le bizzness, les horaires, la monnaie, le job, le sac plastique, la vie rêvée de l'homme-sandwitch, et nous, courant derrière, la réalité mal traitée. Est ce qu'on pourra tenir ?

Passures ...

Sous silence, toutes les vies, des milliards de mémoires, que l'on ne connaîtra pas, pas un pas sans une conséquence, la dernière image pouvant être la première du billet on n'arrête pas le regret, ni le printemps, encore moins l'avenir qui commence minuscule sur les dalles gigantesques (pour nos pas de géants ?) d'un hall de gare avec une barotte à 4 roues, (pas encore connectée, ni coachée, ni livrée aux vigiles, ni vue en transparence, ouf, :) ...

Certains jours suivant au présent là où on serait passé, un instant pour les promeneurs ubiques et les autres égarés (au travers les méandres) et puis pour les perplexes de l'élasticité (du temps ? ou des conjugaisons), - pour ceux qui ne vont pas forcément en deçà - c'est à dire lorgner les dessous, l'image du jour retardera, demain tout comme hier, chaque jour, tous déjà advenus, ou peut-être pas encore, bref, pour cette histoire en cours, notre dernière image si on était couture, elle s'ouvrirait ICI ...

Où ne serait pas loué l'intrus, le symbolique intrus figurant à mon sens (relatif) toutes saisons confondues la marche difficile encore libre à travers l'espace et le temps, l'intrus qui s'approcherait au plus près de l'état de nous autres, créatures embringuées, au milieu de l'époque épique, afin de nous aider en image à essayer de répondre au plus près aux trois questions du Georges :

Où est-elle notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ? 

Héros pataphysique, l'intrus intemporel, serait l'anomalie qui fait avancer les idées, suggestion du Boris, cherchons donc cet intrus, et laissons le filer, bras ballants, sans s'occuper à s'y mesurer, dans des formes de concurrences, qui ne feront avancer aucune forme d'idée, une anomalie dans l'anomalie : ici il n'y a rien à gagner. Sauf un nid de pattes peut-être ? Des promesses, résolutions, promesses, tenues ou non. Un Soupir... 

 

Rues et gens from Lyon © Frb Dec. 2014