Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 20 décembre 2013

De plus en plus léger...

Ainsi la vie n’est que le rêve d’un rêve,

Mais l’état de veille est ailleurs. 

R. M. RILKE

de plus en plus léger,pays,neige,campagne,rilke,ailleurs,prélude,hiver,forêt,blanc,broder,rêver,couvrir,imagination,roi des forêts,jeux d'enfants,sapins,marc

 

 
A l'heure au semblant lourd on s'éveille allégé dans un pays couvert du mot qu'on ne sût dire, quand la neige envoûta chaque son, peu à peu, referma les accès des cabanes aux hameaux, quand la porte du ciel s'entrouvrit, j'aperçus au seuil de ce refuge où je me tiens cachée, le roi de la forêt s'avancer en personne - le roi qui d'ordinaire se contentait toujours de laisser flotter son esprit dans le notre, si bien qu'on avait cru que c'était notre esprit qui s'était enneigé - salua lentement et quand il s'approcha sans ôter son chapeau (un vrai roi des forêt n'ôte jamais son chapeau, s'il le fait, c'est un faux), je sentis remuer un peu ses lèvres blanches, aucun mot n'en sortait, mais je pus lire encore, sur l'étrange visage une liquéfaction qu'aucun roi de la forêt ne devrait dévoiler aux hommes, sinon, un grand malheur ... 
 
Le roi était si vieux que son corps se voûtait, du moins, j'imaginais. Et quand ses os craquaient, on entendait aussi le bois mort crépiter comme à ces feux de joie nous étions consumés. Je ne sus combien d'heures le roi avait marché pour arriver ici, du ciel jusqu'aux terrasses, où coincés comme les autres sans fenêtres, ni accès nous guettions dans le ciel, si nous pourrions demain dégager les chemins, et nos pas s'enfonçaient vers la molle clairière, les neiges jusqu'au genoux, nous pensions que demain le chasse-neige passerait, demain toujours demain.
 
Le roi de la forêt ne connaît que l'instant où il nous apparaît, parce qu'il est immortel, du moins c'est ce que raconte le marquis quand il boit l'eau de vie de cerise qu'il est saoul à pleurer, jusqu'à perdre le souffle. Hier il s'est vanté d'avoir croisé la reine, au même endroit où moi j'avais croisé le roi, certain qu'un d'entre nous forcément se trompait, sûr aussi que le roi et sa reine invisible sont revenus de loin, pour dire à la forêt ce que tout homme espère, la givrer dans nos yeux qu'elle y vive à jamais, il parait c'est ainsi qu'aux veilles de catastrophes c'est ainsi à ce qu'on dit il parait. C'est écrit.
 
Mais nous on n'en croit rien, ça fait déjà longtemps qu'on se tient loin des bruits du pays des vipères, d'où vient autant d'ennui que toutes les balivernes qu'elles profèrent et le fiel ça tombera comme les pierres qui encombrent nos âmes et c'est à ça qu'on croit, quand l'ennui qui sépare et jacasse à travers, louera ces nouveaux rois chez les coqs de bruyère perchés sur des parpaings bordés de lotissements qui nous font des cimetières autant qu'une porcherie où l'on n'irait même pas gagner une tête de lard au jeu de la marelle tant le relief est lisse, tant d'osselets s'éclatent à cloche-pieds vers l'enfer, tant on se divertit pour oublier la vie, tant les joueurs de cartes finissent mauvais perdants et se foutent sur la gueule à force de vivre toujours dans un décor sans arbres.
 
Enfin, tout ça pour dire que j'ai même vu le roi écrire deux ou trois mots dans la neige du bout de son pied nu givrant deux ou trois fois mon esprit dans un drôle d'alphabet, une dictée lumineuse sur la mousse en paillettes je ne sais si j'ai bien vu les cercles qu'il enlaçait, caressant silencieux, la terre, avec du feu qui crépitait dedans. Puis le blanc fond en pluie, les esprits des forêts qui vivent sous nos habits, ont ramassé le bois, ça ferait une bonne desserte, on donnerait un bal, il y aurait les amis, des anciens du domaine, puis des choses à manger, les confitures de mûres, de la crème de châtaignes, y aurait aussi les bêtes, le petit lièvre et la biche, l'hérisson, l'écureuil, et le loup, (sous réserve).
 
Je ne comprends pas tout bien, j'apprends à lire la neige, elle s'efface à mesure sous mon pas, me rappelle un faire-part qui troué de dentelles autrefois dégustait nos saisons dans la pâte à matefin. Je ne sais où retrouver le sentier qui montait tout près du lac lunaire, c'est notre patinoire, faudrait qu'elle soit brillante qu'elle scintille dans la nuit, faudrait que la clairière ne se referme pas si j'arrivais en retard, moi qui ne sais plus lire l'heure, je ne pourrais pas comprendre qu'on ne la laisse pas courir là où le vent nous mène ainsi que les nuages qui se figent en brouillards. Je ne connais pas ces gens qui brusquement avancent découpant sur nos bois, leurs poutres et leurs tiroirs, je sens le temps qui passe et mon pied doucement cédant aux flocons blancs qui se change en glissade, je n'entends pas ce cri qui monte battre les portes aux ruines des forteresses, le mauvais temps qui règne vient chez nous sur des chars avec les fossoyeurs, ils n'empêcheront jamais ce gros geai de malheur de se goinfrer tout seul des petits grains sucrés qu'on pendait ça et là en filets dans les arbres pour nourrir les mésanges. Un sac à lui tout seul, ils n'ont pu le chasser, ce n'est pas leur métier, à chacun son travail.
 
La nuit ça recommence, on sent l'aile du gros geai hanter notre sommeil, on entend des flonflons c'est au bourg, c'est ailleurs, c'est avant, c'est l'appât des vitraux sans seigneurs, c'est au bal introuvable dans une cathédrale qui aspire l'eau des sources, on a vu les rôdeurs soupeser le royaume ; dans la forêt ça roule avec un dragon jaune écorçant la vallée. Je ne sais même plus pourquoi j'avais ouvert les yeux, le roi était en sang, couché dessous la neige ça faisait des brindilles étoilées de la sève d'un tronc couperosé, je ne sais pas pour quelle chose chaque nuit quand je dors, le roi revient compter le vieux temps qu'il nous reste et penchant lourdement, son corps pris sous le gel, vient fondre dans mes bras. Lui qui ne connaît même pas le langage des humains, a parlé comme un livre, de ces hommes vigoureux qui sont chichement payés pour offrir aux jeunes filles des jupons de résine et les belles toques en plumes de nos mésanges bleues.
 
Le marquis a torché, un dernier, vaporeux, remue ces souvenirs dans l'eau de vie de cerise, parle dans son sommeil, quand l'oiseau de malheur mangera le dernier grain on sera dans la cognée. On a vu les engins, qui remuaient St Cyr, des chenilles avancées, on a vu l'écorcheur détrôner les bonhommes, et les rois et les reines décalquer sur nos figures la courbe d'un rocher.
 
Si notre esprit se meurt d'une légende à peine et si l'oubli nous vient, du festin, la charogne un matin se révèle, déterrant le trésor pour le voir entaillé, du froid tombe les nids sur quelques notes de givre. On ne sait pas trop comment on pourra vivre ainsi. On a cru aux esprits du semblant qui nous vit debout droit dans nos bottes à guetter la ténèbre qui efface mon pays, et nourrit le gros geai.
 
Le fossoyeur creusait les cristaux du palais, on trouva près des nids sur des hectares encore, des arbres endormis couchés dans les genêts, le banquier a salué le roi de la forêt (un vrai roi de la forêt ne salue pas un banquier, s'il le fait c'est un faux), Dieu sait quelle fantaisie de brindilles et d'écorces il pourrait imiter qui viendrait nous charmer pour nous faire endosser ce carcan de bois mort qu'il ne peut plus porter. Peut-être on le suivrait, comme les autres ont suivi quand ce croqueur de sort, s'empara de nos laines et de l'agneau meurtri se fit un blanc manteau, si tu racontes encore qu'il a volé l'habit que tu portais hier avant la catastrophe, personne ne te croirait et cet affreux gros geai qui trame avec le monde que notre banque honore, irait chanter partout qu'on lui faisait du tort, à se mettre en travers ses projets futuristes ; alors on les verrait revenir de la nuit, ces espèces de coucous, les busards, les harpies, et le fameux condor. Dieu sait quels drôles d'oiseaux nous tomberaient dessus...
 
 A suivre si... 
 
 
 
 
 
Photo : Le roi de la forêt coiffé par certains jours. A noter qu'un vrai roi de la forêt ne se laisse jamais coiffer, (même par certains jours), s'il le fait, il enrobe, couvrez bien vos oreilles avec un petit mouflon)
 
 
 
 
 
Pays perdu © Frb 2013

samedi, 10 mars 2012

Des fourmis plein la tête (part 4)

A propos de quelques questions recueillies au hasard dans les livres et dans les magazines. La suite...

Pour accéder aux séries précédentes, il suffit de cliquer sur l'imagefourmis.jpg

Les jeux sont ils faits ? 1 milliard est égal a combien de milliers ?  Qu'est-ce qu'un instant décisif ? Le bicarbonate de soude peut-il remplacer un bon dentifrice ? Avez-vous eu une enfance normale ? Le philosophe pense t-il lorsqu'il descend les poubelles ? Madame Bovary  est ce vous ou moi ? Croyez-vous à la métempsychose ? La mélatonine supprime-t-elle le décalage horaire ?  Les extraterrestres sont ils parmi nous ? Où se se situe l'ailleurs d'où l'on ne peut s'enfuir ? Comment la pensée va-t-elle se contraindre à ne pas pouvoir rester indemne à l'indifférence qu'elle risque de susciter ? Est ce qu'il y a un ailleurs ? Un jeune qui tue ses parents est-il fou ? Faut-il bloquer les prix, voir les encadrer ? Qui est luc Brossolet ? Dois je me laver les mains avant de toucher mes yeux ? En quoi la ghréline est elle l'antagoniste de la leptine ? Ai-je mérité mon sort ? Ou vont les fleuves ?  Vivons nous pour comprendre ? La percussion est-elle forcément musicale ?  Qu'est ce qu'un mécanisme de solidarité à distance ? Qui a peint le plafond de l'opéra de Paris ? Tromper son mari est-il bon pour le moral ? Comment dépasser l'art ? A quel moment doit-on cesser d'aider quelqu'un ? Peut-on tabler sur des valeurs sûres ? Pourquoi cette palabre sur la structure ? Combien d'argent dépense-ton en une vie pour son confort ? Quelle est la difference entre les termes de "race" ou "d'espèce" ? Qu'est ce que la chromatographie sur couche mince ? Que faire quand on traverse une mauvaise passe ? Vous sentez-vous trahis par François Hollande ? La contraception masculine, on en est où ? Quelle est la différence entre "la variation" et "la variation infinitésimale" d'une quantité de chaleur ? Comment me procurer la liste de tous les produits agricoles qui existent ? Que serait l'homme sans l'angoisse ? Comment factoriser 2a+2b-2c  ? Faut-il éplucher les coings pour faire une bonne gelée ? Sur quel tableau de Dali peut-on voir Lénine ? Est-il possible de suivre la cinétique des acides gras volatiles dans une fève de cacao ? Qui travaillerait pour rien ? Dans quelle ville se trouve l'Ermitage ? Le syringa est-il une fleur ? Et si les banquiers faisaient la sourde oreille ? Pourquoi les autres occuperaient-ils une plus grande place dans notre coeur que dans notre budget ? A partir de quand vous êtes vous aperçu que votre femme vous trompait ? Qu'est ce qui est impossible au poète ? Quel vin boire avec un magret ? Pour ou contre les maisons closes ? Comment peut-il en être ainsi ? Comment peindre le bleu ? Quel est le rapport (vu sous l'angle du processus) entre l'hypnose et la méditation ? Quel préfixe indique-til la privation ?  Le lynx est il un  animal protégé ? Qu'est ce qu'un mentat ? Comment dois-je m'y prendre pour fabriquer des fringues avec des sacs papiers ? Ecrit-on  "s'en sonner" ou "sans sonnets" ? Comment passer d'une formule topologique, à une formule semi-développée ? Pourquoi n'y a -t-il pas de "e" à la fin de "en aparté" ? Si un siamois meurt est ce que son frère siamois meurt aussi ? Qui décide des abréviations ? Sommes nous enfin entrés dans la campagne présidentielle ? L'enthousiasme est-il suffisant ? Qu'est ce que la mystagogie ? Pardon

 

 

Photo : Métamorphose du castor, qui s'est déguisé en cravate de Gilbert Bécaud, à l'envers (pas Gilbert Bécaud, les pois de la cravate) pour passer inaperçu, le lecteur plein de sagacité l'aura deviné, enfin bref, ceci n'est pas une fourmi, ni une pipe qui revient du ski, quoique de loin... lézardant - on ne se refuse rien - sur une sorte de plaque ornementale, à peu près ras les pâquerettes (des milliers, bien sûr, à venir, que nous cultivons avec soin, hors champ). Ce street-art est peut-être en pochoir, n'est ce pas ? Et je remercie l'artiste au passage, d'avoir remis ça un petit peu partout dans la ville. J'ai photographié la bestiole, place du Maréchal Liautey, dans les quartiers chics à Lyon (6em arrondissement) près de la mythologique "Forêt Morand. Mythologique ? Non. Par respect pour Monsieur Marcel Rivière, j'écrirai "photographié près de la mythique". Ne soillons point tout trop cuidants.

 

© Frb 2012.

vendredi, 08 janvier 2010

Tronche de neige 1

Ou le ravissement de l'hiver


Le petit bonhomme d'hiver serait sans doute encore plus ravi avec Melle la pleine lune mais comme Melle la pleine lune prend son goûter, je vous invite à aller l'admirer "du bout des doigts" sur le beau blog à Luc.

jeudi, 07 janvier 2010

Tronche de neige 2

15 secondes d'art contemporain rural


Elévation :  ICI