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Aventure

Voici la troisième version d'une œuvre qui m'habite depuis près de quinze ans et dont la réalisation finale m'a demandé plus de deux années. Version profondément modifiée dont la durée est presque doublée par rapport aux versions précédentes.

FRANCIS DHOMONT extr. de l'éclairage par l'auteur d'une composition acousmatique intitulée "Forêt profonde".

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En cliquant sur l'image, vous entrerez dans l'univers sonore de Francis Dhomont pour écouter l'oeuvre "Forêt profonde".

La suite de l'éclairage :

Entreprise treize ans après "Sous le regard d'un soleil noir", "Forêt profonde", s'inspire, elle aussi, d'une réflexion psychanalytique, C'est une lecture adulte de contes pour enfants qui se balance entre le souvenir des émerveillements naïfs du compositeur et la découverte de leurs mécanismes secrets.

Peut-être cette hésitation entre deux âges présente-t-elle le risque de ne s'adresser ni à l'un, ni à l'autre ?  Mais il se peut néanmoins que l'intuition magique de l'enfance, qui en nous ne dort jamais que d'un œil, rappelle des révélations enfouies et que l'esprit rationnel prenne plaisir à déchiffrer, sous le contenu manifeste de cet inconscient universel, la logique de son contenu latent.

Il s'agit d'une écoute à trois niveaux — romanesque, symbolique, musical — plus déconcertante, sans doute, mais plus active que l'écoute unidimensionnelle.

La trajectoire humaine de Bruno Bettelheim, dont la réflexion est à l'origine de ce parcours étoilé interfère, pour des raisons évidentes, avec ces histoires de jadis qui nous questionnent encore sur notre époque.

Dans la "forêt profonde" de Francis Dhomont : cette visite guidée de l'âme enfantine n'est, à vrai dire, qu'un retour au monde initiatique — à la fois cruel et rassurant — des contes de fées. Ci dessous un extrait lumineux écrit par Bruno Bettelheim.

 

cf. "La psychanalyse des contes de fées" : (Extrait) 

Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts.

 

Remerciements à Francis Dhomont, au site Arts sonores et à l'INA.

Bonus à lire : ICI

Source-liens  : by Paul avec l'oreille bienveillante de Raidi pour.

Photo  : by frasby, Loin des regards, une forêt.

© P /Frb/ Rp 2011.

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mercredi, 14 décembre 2011 | Lien permanent | Commentaires (10)

Ici c'est ici

Offerte à la nuit qui de toutes parts déborde et envahit le jour lui même à cette nuit qui nous dessine et nous allonge ici toute chose se tient debout sur son ombre entre un envol toujours futur toujours déçu et la chute vertigineuse ici c'est ici

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que les solitaires qui se cherchent les peuples déchirés les astres volants en éclats se rejoignent et se passent le mot sans le comprendre ici sur le seuil de ce temple au fronton écroulé autrefois résonnant de conseils aujourd'hui plus éloquent encore d'être muet nous savons qu'il n'y a rien à connaître sinon l'enchaînement fatal des questions lancées à tous les murs d'où ne revient que leur écho et que tout est à redouter des ruses de l'espace car ce triomphe à l'horizon étincellant ce gage l'espérance enfoui dès l'origine au fond de notre espèce n'est plus qu'un vaste oubli d'or et de feu où les poussières de la vie et de la mort  pareilles aux nombres-tourbillons dans le creuset des machines géantes ont enfin démasqué cet ordre illusoire ce séjour inutile et superbe sans raison condamné à retourner toujours et toujours sur lui-même cendre et brasier fuite et fureur comme une phrase ressassée.

JEAN TARDIEU, "Ici, c'est ici" in "Le voyage sans retour", extr de "Les tours de Trébizonde", éditions Gallimard 1983.

Les portes ont -elles une âme ? Pour le savoir il suffit de cliquer ci-dessous :

http://www.ina.fr/fresques/artsonores/liste/recherche/lie...

Photo :  Ceci n'est pas une porte-fenêtre. Quoique... Photographiée par Paul, là bas, plus loin / - ça paraît loin, soeur Anne !  / - mais pas plus loin qu'ici, mon enfant !  / - alors loin c'est ici ? qu'on demande / - bof bof, j'y sais ni trop ! qu'a nous fait / - eh ben, moi, j'insiste pour que les portes soient fermées, chaque pièce, doit avoir son usage propre, délimité. Ma topique subjective est la fois celle des fenêtres ouvertes et de la chambre à soi et toc !" qu'il rajoute, Jean-Bertrand sitôt virtualisé, sitôt transformé en Jean Baptiste par la plume assurée des gougueuilles (et la cnaf perturbateur since 1789) qui osent toutes les métamorphoses auxquelles on croit dur comme fer comme à rien.

© paul / frasby 2012.

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jeudi, 16 février 2012 | Lien permanent | Commentaires (2)

Le premier mouvement de l'automne (par Paul and me)

Avant l'hiver ...

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Quelques bonnes lectures pour adorer les heures d'hiver:

Chemins de traverses :

http://souriredureste.blogspot.com/2011/11/rien-et-nu.html

http://epistolaire.hautetfort.com/archive/2011/10/11/anti...

Feuilles immortelles :

http://henrychiparlart.blogspot.com/2009/09/blog-post.html

http://henrychiparlart.blogspot.com/2009/08/art-maladif.h...

Belles lettres et fleurs des champs :

http://gros-buveur.over-blog.com/article-madame-bovary-88...

Un conte d'automne + un domaine à découvrir, "Jetz Happening"

http://ici-ou-la-cela.blogspot.com/2011/11/de-la-soupe.html

1er mouvement de l'automne, (et autres feux paillassons bio)

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/08/29/le...

Photo § nota : Fugue bienheureuse (juste un extrait). Là bas près de la cabane du pêcheur de l'étang des clefs. Nabirosina à ses plus belles heures. Photographiée il y a un instant. Il ne voulait pas que je le dise, mais cela m'ennuyait beaucoup de ne pas rendre à César (sauf que c'est pas César) c'est Paul, le pêcheur de carpes malines (tout au Nagra) et surtout le photographe du jour, un ami ou frère de longue date (écrivain trop secret, preneur de sons) osera-t-il ? Avec quelques incorruptibles - (Vincent, François ?) et les autres... Des amis, ça c'est sûr, qui ont écrit beaucoup là bas ou commenté ici, encouragé, (ils se reconnaîtront) et puis, etc... qu'on choisira, ou plutôt s'inviteront, (s'ils le désirent) bien sûr au fil à fil pour prendre la suite de Certains jours d'où je me retire momentanément, le temps de créer autre chose ailleurs. Passer la main, ouvrir à d'autres voix, un certain temps n'est qu'une autre manière de retrouver le jeu, (le goût du jeu), la volupté d'y revenir. Cela ne regarde au fond que le thème de la fragilité (thème central du bidule), qui se perd parfois dans cet amalgame entre les mots (certains mots) et un langage (toujours incertain), une intention par ironie, un peu confondue. J'assurerai encore un instant, (techniquement) le passage et (ponctuellement) le courrier (de) certains jours, (fermé aujourd'hui exceptionnellement). Histoire à suivre ici et ailleurs, peut-être.

Merci à vous.

©Paul / Frb 2011

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mardi, 08 novembre 2011 | Lien permanent

Les doux émois de la dame de pierre ( ou de Paul )

J'ai rêvé de toi cette nuit :
Tu te pâmais en mille poses
Et roucoulais des tas de choses...

Et moi, comme on savoure un fruit
Je te baisais à bouche pleine
Un peu partout, mont, val ou plaine.

J'étais d'une élasticité,
D'un ressort vraiment admirable :
Tudieu,  quelle haleine, quel râble !

PAUL VERLAINE

Extr. de "Chansons pour elle" (XXII)  et "autres poèmes érotiques". Editions Gallimard 1962 et 2002

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J'ai croisé Paul VERLAINE, l'autre soir dans les jardins du musée St Pierre, il était face à elle, comme tous les soirs à la même heure, assis sur un des bancs, les yeux fermés...

Et jamais je ne vis une statue si lascivement offerte à un homme endormi...

Photo : Belle dame, (victorieusement) amollie par la nuit, vue au jardin du musée St Pierre, dans le quartier des Terreaux à Lyon, un mardi de février 2009. © Frb

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mardi, 03 février 2009 | Lien permanent | Commentaires (3)

Araignées au plafond

" J'ai observé une chose grave, qui est que tous grands hommes qui nous ont entretenus des grands gestes qu'ils accomplissent finissaient tous par nous renvoyer au  bon sens

Je ne suis pas à mon aise quand on me parle du bon sens (...) Je consens donc sans difficulté que ceux qui agissent en politique, c'est à dire qui se dépensent à acquérir ou à conserver quelques parcelles de pouvoir, ne se perdent pas à peser les notions dont ils se servent et dont leurs esprits furent munis une fois pour toutes; je sais bien qu'ils doivent, par nécessité de leur état, travailler sur une image du monde assez grossière, puisqu'elle est et doit être du même ordre de précision, de la même étendue, de la même simplicité de connexion dont la moyenne des esprits se satisfait, cette moyenne étant le principal suppôt de toute politique. Pas plus que l'homme d'action, l'opinion n'a ni le temps, ni les moyens d'approfondir."

Paul VALERY. Extr : "réflexions mêlées" in "regards sur le monde actuel". Editions gallimard 1945

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Photo : Prestation TV de notre président, hier... Vue d'une fenêtre de la colline travailleuse à Lyon. Février 2009. © Frb.

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vendredi, 06 février 2009 | Lien permanent | Commentaires (8)

Liberté chérie

" Comment donc se peut-il que l'affaire de la liberté et du libre arbitre ait excité tant de passion, et animé tant de disputes sans issue concevable ? C'est que l'on y portait sans doute un tout autre interêt que celui d'acquérir une connaissance que l'on n'eût pas. On regardait aux conséquences. On voulait qu'une chose fût et non point une autre; les uns et les autres ne cherchaient rien qu'ils n'eussent déjà trouvé. C'est à mes yeux le pire usage que l'on puisse faire de l'esprit qu'on a."

PAUL VALERY. Extr. "Fluctuations sur la liberté" in "Regards sur le monde actuel et autres essais". Editions Gallimard 1945.

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"Le temps du monde fini commence..."

Ecrivait en son temps avec une modernité quasi prophétique; PAUL VALERY, poète. Son recueil, "Regards sur le monde actuel" était et reste encore, sans doute dédié aux personnes qui n'ont point de systèmes, sont absentes des partis, et qui, "par là, sont libres encore de douter de ce qui est douteux, et de ne point rejeter ce qui ne l'est pas". L'auteur n'a voulu que rendre plus nettes les notions qu'il avait reçues de tout le monde, ou qu'il s'était formées comme tout le monde, et qui servent à tout le monde à penser aux groupes humains, à leurs relations réciproques, à leurs gênes mutuelles... Paul VALERY se pose en regardeur, en amateur (dit-il modestement) mais sa pensée née d'une observation quotidienne, vigilante se meut avec une telle lucidité qu'elle pourrait bien gêner encore quelques "professionnels" de la liberté (Comment les appelle-t-on déjà ?) ou du "bien vivre ensemble" (encore une grande idée), et, faire mentir les belles rengaines des renards du "prêt à penser". Chacun y allant par le même chemin, à quelques variations syntaxiques près, la langue étant toujours de bois... Ainsi le chanteur à succès, l'animateur vedette, l'artiste, journaliste, militant, vous, moi, et bien sûr l'homme ou la femme dits "politiques". Ceux qui commencent leurs phrases par "écoutez !" ou la pire injonction qui soit : "écoutez moi !". Chacun y va, à son idée, du bon usage de sa ou (ses) liberté(s), de son combat pour "La" liberté, plus chic, au vaste singulier... N'en déplaise à BENITO MUSSOLINI, dont je vous livre l'extrait d'une vision quelque peu troublante qui a fourni ses tristes preuves malgré l'éloquent énoncé :

"Il y a des libertés, la liberté n'a jamais existé."

Liberté : le concept semble inaltérable, c'est un sujet de conversation extra auquel nous tenons comme à la prunelle de nos yeux; (et, heureusement, car même si on ne cesse de barboter ( "liberté-barboter" : nous y reviendrons en fin de billet ), on ne va tout de même pas se mettre à louer l'enfermement ? ( zut, un poncif ! désolée, dès qu'on parle de liberté, on a du poncif dans la voix ;-)  ... Le politique exulte même à nous livrer, clefs en mains, son idée de la liberté comme s'il en était le très digne délégué... Certains ont de ces "phrases au concept "fédérateur," comme on dit, formules bien balançées, "la liberté facile" qui, par delà les clivages nous mettraient tous dans le même bateau (nous y reviendrons aussi à la fin de ce billet), je veux dire qu'on serait tous d'accord. Par exemple : "liberté et fécondité", ces deux mammelles d'humanité. Sans se concerter, on serait d'accord. D'ailleurs je vous invite à goûter par vous mêmes, (en vous détournant un instant du regard malin de PAUL VALERY), la nuance subtile d'une pensée (parmi bien d'autres, d'un tonneau dernier crû, servant d'embrocation à notre malaise ("de civilisation" ;-) et qui ne saurait provoquer le moindre petit remou de contestation dans notre esprit... Puisque nous serons émerveillés devant la justesse voire même l'intelligence de la formule. C'est donc avec un brin de perfidie (un brin seulement), que je livre la devinette, au lecteur avisé, qui saura comparer et choisir (qui de Paul VALERY, qui de "l'autre"?) énonce la liberté avec le plus d'"authenticité" (autre mot dont le sens se perd). Variations sur le même thème, donc ... "L'autre" justement, le voilà ! par la grâce de notre jeu-concours du printemps, (la récompense pour le gagnant, sera une citation du baron de COUBERTIN, ainsi qu'une poignée de main chaleureuse de la maîtresse de maison). Je vous le demande à vous, lecteurs, qui n'êtes pas dupes (ô onctions !), en me délectant par avance à l'idée que vous allez trouver tout de suite, grâce à l'indice que je vous livrerai à côté de l'étoile*, pour l'Amour de la liberté...

Venons en à notre question : qui a dit ? ...

"Je crois que la liberté est plus féconde en création de richesses que toutes les empilations de réglementation que l'on peut inventer"

*Indice : L'auteur n'est pas poète. Mais il est convulsif ;-)

Fastoche !

Ceux qui n'aiment pas les devinettes, ni l'apéro, ni la liberté, et ceux qui veulent juste s'informer, trouveront de quoi moudre ci-dessous : un demi-tour sur la question, le point de la situation, deux ou trois exemples pour euh ... l'exemple ! Quelques broutilles entre autres ...

http://www.dailymotion.com/video/x7zv5k_hadopi-une-loi-li...

http://www.actualite-sciences.com/actualite/2009-03-09-as...

http://www.service-public.fr/actualites/00385.html

Révision de quelques classiques  ICI

Enfin pour les libres penseurs que les thèses sur la liberté n'effleurent pas, qui prennent leurs aises, toujours et en tous lieux, et ne feraient point mentir le bel adage de PICABIA :

"Un esprit libre prend des libertés même à l'égard de la liberté"

Je leur propose, en attendant l'été, un extrait du désopilant film de Bruno PODALYDES : "Liberté-Oléron"...  "Les grands espaces". "Homme libre toujours..." Bien de quoi barboter. Liberté chérie, nous y sommes. Séquence évasion :

http://www.dailymotion.com/video/x7i6jj_liberte-oleron_fun

Photos : Une affiche : "La liberté pour l'apéro ? ". Et pourquoi pas ? Entre deux cacahuètes salés et un verre de porto, la liberté est un bien passionnant sujet de conversation pour nous autres, excellentes personnes ;-) Vue à Lyon. Sur les pentes. Un samedi de février 2009.© Frb

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samedi, 21 mars 2009 | Lien permanent | Commentaires (6)

Impression de voyage

Nous vivons bien à l'aise, chacun dans son absurdité, comme poissons dans l'eau, et nous ne percevons jamais que par un accident tout ce que contient de stupidités l'existence d'une personne raisonnable. Nous ne pensons jamais que ce que nous pensons nous cache ce que nous sommes.

PAUL VALERY : extr. "Monsieur Teste", L'imaginaire/ Gallimard 1946.

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Comme s'il fallait toujours s'éloigner de ce qui fût trop proche, comme s'il fallait ne se fier qu'à la captation d'un mouvement qui prend de la vitesse, pour s'imaginer autre, le mouvement devenu l'unique réalité étrangement saisissable, portant au plus haut point la curiosité et la capacité d'attention, abolirait progressivement les dimensions de l'existence personnelle, effaçant les événements à mesure que la mémoire s'appliquerait à les convoquer. Du moins, est-ce un souhait trop difficile à énoncer, tant il paraît aussi léger qu'un rêve. Un état où il serait en même temps possible d'accepter la destruction de sa propre histoire, et l'idée de n'en rien rejeter, se relier à l'inconcevable détachement né d'un attachement véritable autant qu'il deviendrait possible de regarder sans fureur les déflagrations qui ont entaché ce souvenir. Infiltrer en soi le présent plus entier qu'au coeur d'aucune autre conversation, bercé par le coton des voyages, entre une destination épuisée et le point d'ancrage encore vierge où l'on irait sans doute, tôt ou tard, s'attacher de la même façon qu'hier. On s'attacherait ailleurs, quoiqu'on dise, on recommence presque toujours la même histoire en tous lieux. Mais dans l'improbable lieu qui raccorde et répare, dans ce mouvement de dépossession lente, livré aux grincements étouffés, roulements rondement crissés des mécaniques, délivré de n'être à aucune place pour personne, on verrait un début de réconciliation exister entre-deux, rendu à l'anonymat idéal, parmi des issues entrevues, on se surprendrait approuvant le cours des évènements, et le voyage allégé des raisons même qui faisaient voyager pourrait enfin prendre son sens dans une parfaite vacuité, délesté du sang des regrets, des ressassements désastreux de l'intimité. A présent, on approuve, sans mesurer les heures, porté, lâché, plus présent que jamais et déjà hors-sujet. 

Photo : mouvement du 952861184 saisi entre deux gares.

© Frb 2012.

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vendredi, 02 mars 2012 | Lien permanent | Commentaires (9)

Enfiler des perles...

"Avril dont l'odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure"

PAUL JEAN TOULET  Extr. "Les contrerimes" in "Paul Jean TOULET qui êtes-vous ?" par Pierre-Olivier WALZER . edition "La manufacture". 1987.

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Aucune loi n'existe qui postule nécessairement la participation des poètes aux remous des évènements et qui exige d'eux qu'ils chaussent quotidiennement le cothurne pour voler au secours d'un monde en perdition. Paul VALERY dît à ce propos :

" A chaque terrible époque, on a toujours vu un monsieur assis dans un coin qui soignait son écriture et enfilait des perles "

Au plus fort des guerres de religion, RONSARD s'il lui arrive de lancer l'anathème contre quelque ministreau de Genève, entreprend clairement de chanter les charmes (douteux d'ailleurs ;-) d'HELENE DE SURGERES et c'est pendant que crépitent les mitraillettes de Verdun que naît l'intemporelle beauté de "la jeune Parque" . Dans le même temps P.J TOULET polit ses contrerimes (patience ! nous y reviendrons). Jusqu'en 1920 (date de sa mort), le poète restera un homme de 1900. Il est vrai que le siècle avait fort bien commencé. 1900,  Luxe emplumé, légereté oisive, après les années de pénitence qui suivirent la défaite de 1870, Paris reprend goût  à la vie, à ses plaisirs, à ses déboires. le commerce français prospère, les étrangers affluent à l'exposition, le modern style triomphe. La littérature qu'on lit est représentée par A. FRANCE, ZOLA, BOURGET, BARRES, COPPEE, CAPUS, PREVOST, MIRBEAU, BRUNETIERE, LEMAITRE et l'on ne met personne au dessus de ROSTAND. L'écriture artiste étale ses prétentieux enchantements dans les oeuvres de Jean LORRAIN ou du SÂR PELADAN. Ailleurs, DOSTOIEVSKI, TOLSTOÏ, IBSEN, BJÖRNSON, NIETSZCHE sont sur le point d'être promus écrivains. Quant à la littérature qu'on ne lit pas, elle trouve refuge dans les revues, ("La Plume", L'Ermitage", "la Vogue","L'Occident", "Le festin d'Esope", "Le mercure" ) où se découvrent les signatures de P. FORT, FAGUS, P. LOUŸS, GIDE, APOLLINAIRE et tout ce qui comptera en 1925. L'importance de la révolution qui impose le règne de la machine et qui reste le plus angoissant problème du siècle échappe complètement à P.J TOULET de même que les problèmes sociaux qu'elle a engendrés. La première Panhard roulant dans les rues de Paris n'est pas un spectacle amusant pour lui, et le premier coup de canon de la guerre de 1914 ne lui donnera pas non plus l'impression d'entrer dans une époque nouvelle. Il a beau mettre dans ses vers "La laideur sans espérance de la tour Eiffel", les bars, les taxautos (ce fût le 1er nom des taxis) ce ne sont là que des touches de modernisme vaguement utiles à son art. Le pittoresque le touche plus que l'essentiel, et il se refuse à chanter les couplets louant le génie inventif de l'Homme, tout comme à tenter de deviner les pesantes questions que posera aux habitants de la planète le déclenchement de l'ère mécanicienne. Pourtant il vit la fin d'une époque. Les solides pharisaïsmes, les cadres sociaux rigides hérités du XIX em siècle sont sur le point de se fissurer mais tout se passe comme si PAUL-JEAN TOULET ne s'en apercevait point ...

"Comme je lui levais sa jupe, curieux
De voir son bas plus rose où le jarret l'affleure
- "Fumez plutôt, mon cher. Fleurter ce n'est pas l'heure ;"
Me dit -elle immobile, et "soyons sérieux"...

Photo : Fleurtons... Enfilons, premières perles (roses) du printemps, celles qui sont sur les arbres fruitiers, tandis que le monde agonise... Vues tout près du chateau du Marquis de Montrouan (un ami du cher Carabas) dans le brionnais en ce beau mois d'Avril 2009.© Frb

Notes : d'après P.O. WALZER "Paul-Jean TOULET qui êtes vous ?"

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vendredi, 03 avril 2009 | Lien permanent | Commentaires (78)

Le voyage approximatif

Le train dévore toutes choses visibles, agite toutes choses mentales, attaque brutalement de sa masse la figure de ce monde, envoie au diable buissons, maisons, provinces ; couche les arbres, perceles arches, expédie les poteaux, rabat rudement après soi toutes les lignes qu'il traverse, canaux, sillons, chemins ; il change les ponts en tonnerres, les vaches en projectiles et la structure caillouteuse de sa voie en un tapis de trajectoires.

PAUL VALERY : extr. de "Le retour de Hollande ; Descartes et Rembrandt, édition Pagine d'Arte, coll. Ciel Vague, 2012.                                    

corail SCF3036.jpg

 

Comme avant un festin,

en force esprit, durée,

suffisant à soi-même,

on se grise d’un retour

dans un style d’aquarium

lassé de son corail. 

Une vitre à travers

ausculte un métronome,

à son rythme occupé,

les pas pris dans les neiges

si près d’être sauvés,

des mots de feu retiennent. 

Une histoire s’empanache

suce quelques proies sucrées.

On cherche l’alvéole,

deux minutes en pare-chocs,

une vie de marche à pieds. 

Comme après un festin

le ciel mène à son train,

des préludes à Chamelet

Tangos, valses ou chaconnes,

Carrières de marbre et gore

ouvrent une voie givrée.

 Le train stoppe en vallée

poinçonnant sa madone

lui délivre son quai.

L’ivraie échappe au grain.

Tous les chemins m'étonnent.

Revoilà l’homme du train

et sa prune étoilée

de calices et de gommes.

Comme avant le festin

sous un buisson de neige

tenant à presque rien

par un canal abstrait,

on sort de l’aquarium.

Le malin nous dégomme

en courbettes à ce train.

L’embrassage épineux

crisse sur les graviers,

on déploie les regrets.

Plumes ont divergé.

La sève fond sous l'écorce.

Comme avant le festin,

des poissons hérissées

s'embarquettent à Saint Point.

On sait qu’il va tomber une pluie

sur Cours la Ville.

Dième ouvre sa forêt.

On bifurque à Mardore.

Dieu ! qu’un mauvais virage

nous gèle dans son horloge

qui ne tient à demeure.

Le chien dîne à vingt heures.

Esprit, durée, saveur

suffiront à soi-même.

Un objet flambant neuf

dans le polystyrène

attend l'anniversaire

banc vide à St Germain -

 le printemps va sans coeur

et les préliminaires redeviennent

blancs comme neige.

 

 

Photo : On se taille en Corail. (la preuve est sous l'image).

 

 

Lyon-Perrache © Frb 2013.

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vendredi, 08 février 2013 | Lien permanent | Commentaires (7)

Une semaine de catas (thema Part III)

Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ?

PAUL VALERY : Extrait de la "Petite lettre sur les mythes", publiée dans la NRF en Janvier 1929, puis réunie avec d'autres textes dans le recueil "Variété II" aux Editions Gallimard 1998.

Pour accéder à la couleur vous pouvez cliquer sur l'image.IMG_0010.JPG
Mercredi.

J'ajuste sur les bans de sable, la lune et ces désemparés qui gardent au delà des récifs, le temps à l'échelle cosmique et ces phares qui n'invitent à rien. J'oublie les vagues brûlant la trêve, et les digues que ce corps enroule dans le bel azur usagé. Je mesure le rectangle blanc, le nuage d'une vierge inique et le désenchantement de tout. J'accroche un oeil à la paterne, je cherche un vieux pêcheur de perles, le grandgousier, poisson lanterne, qu'on appelle encore "anguille abyssale". Des poissons-papillons sèchent juste au milieu du pont. J'apprivoise le corail comme s'il était l' animal ami, servant à l'apaisement d'un ennui qui vient sûrement au cours de longs mois de voyage. Je capitonne le souterrain, l'éclaboussure habituelle m'envoie une vapeur légère. Un halo de lumière convoque une fois encore les sédiments. Sous ce multicoque avenant il se passe de curieuses choses qui vont toujours en avalanche. Je partage l'effacement pour ne pas savoir ce qui coule, culbutant le compte à rebours, prise au piège des organismes fantastiques et multicellulaires. Je comprends le vert et le rouge et le violet couleur de fastes toutes les mollesses baladeuses et les stratus à formes de jonques. Je collectionne les poissons rouges et les têtes de barracudas qui dévorent entre elles leurs grimaces, je comprends le vert et le rouge, et le violet couleur de farce. Le soleil plombe ma voilure. Je deviens presque insubmersible. L'océan ne donne sur rien. L'eau est folle et le vent est doux, le fond geint de bestioles cachées. Je garde la tête dans mes mains face à l'oeil fou qui m'atomise. L'avantage revient aux vestiges à cet endroit presque infini où le geste a mêlé l'eau de source au sel. Je vide mon sac dans les embruns. Je me détourne de la matière pour flotter entre les pigments. Partir me prend, au large et le plus loin possible, jusqu'à ce que le ciel et l'eau fondent. A la tempe me pousse une cible; aux oreilles des anneaux de gym, je tombe du haut du Lloyd's building comme sur le pelage d'une hermine, je tente le musc, les senteurs d'ajoncs. Les flots de l'océan indien, me trouvent. Au pays des cholas, j'ai dû rêver longtemps à demie-endormie sur les flots, à ne plus savoir s'il est vrai ou faux que ces ports sont à ce point artificiels : Chennai (ex Madras), Cuddalore, et Pondichery (ou Pondycherry ou comme on dit en abrégé "Pondy"). J'y passerai des jours à tisser le coton. En attendant j'astique mon multicoque avec amour. Rendez vous sur l'île d'or... Où Monsieur William m'attend pour un autre voyage toujours autour du monde, mais cette fois à l'envers. Le vent monte crescendo, le capitaine ne parle pas ; et pour faire passer les secondes au moins jusqu'à demain matin, je fais et redéfais des boucles. J'apprends et réapprends sans cesse la confection du noeud Zeppelin...

Catamaran.

http://www.youtube.com/watch?v=J_G9RRY7SS0

Photo : Ceci n'est pas un catamaran. Peut être n'est ce que le faux semblant du port d'attache de notre cata 1 ? Ou un catamaran parti ? (un catapamaran ?). Photographié la nuit sur les berges de la Saône, à la face de Saint Georges (qui travaille à la terre) pendant que nous flottons. Lyon. Juin 2010.© Frb.

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mercredi, 09 juin 2010 | Lien permanent | Commentaires (8)

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