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samedi, 31 janvier 2009

Après le déluge...

"Aussitôt que l'idée du Déluge se fut rassise, un lièvre s'arrêta dans les sainfoins et les clochettes mouvantes, et dit sa prière à l'arc-en-ciel à travers la toile de l'araignée.
Oh ! les pierres précieuses qui se cachaient, - les fleurs qui regardaient déjà.
Dans la grande rue sale, les étals se dressèrent, et l'on tira les barques vers la mer étagée là-haut comme sur les gravures.
Le sang coula, chez Barbe-Bleue, - aux abattoirs, - dans les cirques, où le sceau de Dieu blêmit les fenêtres. Le sang et le lait coulèrent.
Les castors bâtirent. Les "mazagrans" fumèrent dans les estaminets.
Dans la grande maison de vitres encore ruisselante, les enfants en deuil regardèrent les merveilleuses images. Une porte claqua - et, sur la place du hameau, l'enfant tourna ses bras, compris des girouettes et des coqs des clochers de partout, sous l'éclatante giboulée.
Madame *** établit un piano dans les Alpes. La messe et les premières communions se célébrèrent aux cent mille autels de la cathédrale.
Les caravanes partirent. Et le Splendide Hôtel fut bâti dans le chaos de glaces et de nuit du pôle.
Depuis lors, la Lune entendit les chacals piaulant par les déserts de thym, - et les églogues en sabots grognant dans le verger. Puis, dans la futaie violette, bourgeonnante, Eucharis me dit que c'était le printemps.
- Sourds, étang, - Ecume, roule sur le pont et passe par-dessus les bois ; - draps noirs et orgues, éclairs et tonnerre, - montez et roulez ; - Eaux et tristesses, montez et relevez les Déluges.
Car depuis qu'ils se sont dissipés, - oh, les pierres précieuses s'enfouissant, et les fleurs ouvertes ! - c'est un ennui ! et la Reine Sorcière qui allume sa braise dans le pot de terre, ne voudra jamais nous raconter ce qu'elle sait, et que nous ignorons."

ARTHUR RIMBAUD : Extr: "Après le déluge" in  "Les illuminations" ( ou 54 poèmes composés entre 1873 et 1876)

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Le titre du recueil "Illuminations" fait allusion au sens vieilli du mot "illumination" à prendre ici dans le sens d'enluminures... "Après le déluge" est une fable sur le thème de la révolte. sa morale - ou plutôt son appel est telle une injonction glissée entre les lignes : "Révoltons nous" encore et toujours. Et même si le succès est improbable, cet éveil est de mise, tant que nous n'aurons pas découvert le secret douloureux qui nous empêche d'être heureux. "Après le déluge" est une fable qui repose sur trois histoires enchevêtrées :

1 -L'histoire du Déluge c'est à dire l'Histoire universelle, l'Histoire de la civilisation depuis ses origines telles que la racontent les mythes. Après que la colère de Dieu contre les Hommes eût entraîné la destruction quasi totale de l'ancien monde, la vie recommença comme avant : Superstition, travail, commerce, violence, mystifications artistiques et religieuses, amours mensongères...

2 - l'histoire de la Commune, c'est à dire pour RIMBAUD, l'histoire immédiate, les stéréotypes à valeur allégorique, utilisés par le poète évoquent THIERS, bourreau de la Commune, les grands travaux Haussmanniens, les expéditions coloniales de la III eme république, les affaires qui reprennent, le tourisme de luxe qui refleurit, les débats des milieux littéraires, et les divisions consécutives au "déluge révolutionnaire"...

3- L'histoire personnelle de RIMBAUD, sous une forme stylisée et quelque peu mythique, façonnée de texte en texte : enfance, départ, vagabondage, réinvention de l'Amour, révolte...

Ces trois histoires sont toutes trois des histoires de ruptures entre l'ancien et le nouveau.

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Photos: pierres figées au bord du lac gelé et puis lac en dégel avec, au loin vue sur le parc et les fermes du château en terres brionnaises. Décembre 2008.© Frb.

vendredi, 30 janvier 2009

Les pavés parlent aux oiseaux...

"Commence par faire le nécessaire, puis fais ce qu'il est possible de faire et tu réaliseras l'impossible sans t'en apercevoir"

SAINT FRANCOIS D'ASSISE

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Les pavés parlent aux oiseaux... rue St François d'Assise.

A découvrir par la voie buissonnière : O. MESSIAEN et les oiseaux :

http://www.youtube.com/watch?v=3hYQHfBIwLI&feature=re...

Photo: Les pavés de la rue St François d'Assise sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Foulés le 30 janvier 2009 © Frb

jeudi, 29 janvier 2009

Au pied levé

"Il n'y aura plus de regardeurs dans ma cité, plus rien que des acteurs"

JEAN DUBUFFET  (auteur de l'HOURLOUPE, entre autres )

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J.DUBUFFET  remplaça l'ancienne sculpture en dur par la sculpture pénétrable. Il n'était désormais pas interdit, pour lui, (et nous !) d'imaginer d'autres déchiffrements du monde...

"Assez de représentants du peuple, nous voulons le peuple en personne", reprendra le tribun plagiaire qui s'ignore...

Et la colère montera, pas seulement sous bannière. "Nous allons voir ce que nous allons voir". Juste des gens, enfin j'espère. Pénétrante colère ...

A lire absolument  :

http://humeurnoirte.hautetfort.com/archive/2009/01/27/jeu...

Photo: Belle injonction sauvage, à l'accent circonflexe, le tout d'un rose (sans parti pris ;-) vue place Morel en montant sur le plateau de la Croix-Rousse, pas très loin de la mythique Montée des Carmélites à Lyon. Ce jeudi 29/01/09. Jour de grève à Lyon et ailleurs... © Frb

Cette grève que personne n'aperçoit...

IMG_0130.JPGUn jeudi comme un autre en bord de Saône à Lyon. Rien à signaler. Les citoyens sont au chaud. Les ouvriers vont à l'ouvrage, les fonctionnaires à leurs fonctions. Les Lycéens à leurs lycée. Les enseignants à leurs enseignes. Je crois qu'il en est de même à Paris et dans toutes les villes de France. Ainsi je me permets de féliciter notre président de sa formidable intuition émise avec panache juste au printemps dernier.

Revoir ou ré-écouter : La perle visionnaire (très applaudie par les cadres de L'UMP) datant du 05/07/2008 :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/07/07/un...

http://www.dailymotion.com/video/k5jD3VZt20TQWHGy5d

Pour le reste notre photo du jour faisant foi, on ne cessera de s'extasier sur les flots doux et tranquilles de nos beaux paysages de France...

mercredi, 28 janvier 2009

Et doux rossignol et merle moqueur...

Comme un mercredi ... Précédant un jeudi noir

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Quelquechose se prépare, comme dans un roman de Julien Gracq : on ne sait pas encore trop quoi. Le ciel est sombre, des signes viennent...

http://www.youtube.com/watch?v=I_6TRfu8Nxg&feature=re...

Photo: Merle moqueur, retrouvé guettant le jour à venir, sur les brindilles montées en barricades, non loin de la place Flammarion dans un quartier de la Croix-Rousse à Lyon. © Frb

mardi, 27 janvier 2009

Forêt Morand

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Les esprits enchanteurs se réveillent dans la forêt Morand à Lyon, même en plein jour. Comme si de l'autre côté des brumes, un génie de la marionnette tirait du ciel quelques ficelles déguisées en mantilles, suggérant de la terre aux cieux, un passage insolite. Ainsi, agitant en tous sens leurs bras noueux, deux arbres me hélèrent et tandis que je m'approchai, l'un agrippa mon bras, et me murmura à l'oreille : "André Pieyre de Mandiargues est là. Il a quelque chose à te dire..."

Ensevelissement du poète dans la Forêt Morand

"Je t'ai vue, j'ai vu le temps
Percé d'un passage insolite
Où je voudrais que tu veuilles
M'ensevelir sous les feuilles"

ANDRE PIEYRE DE MANDIARGUES. Extr. "Ruisseau des solitudes". Cinquième cahier de poésie. Editions Gallimard 1968.

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Que votre volonté soit faite! cher André-Pieyre, puisque pour vous, je suis venue... Dans la forêt Morand, j'ai trouvé le passage. Vous dormiez aux pieds d'une Dame et de quelques génies. Il me vint cette idée de secouer les arbres. Les feuilles sont tombées et vous voici enseveli.

Si vous aimez les histoires vraies toujours sous les platanes de la forêt Morand vous pouvez poursuivre la ballade ci dessous

http://ruesdelyon.blogspirit.com/archive/2009/01/31/vitton-cours.html

Photo: Perdue en plein coeur de la "Forêt Morand", pour l'Amour de MANDIARGUES. Entre les branches dénudées, un passage, et du gris, au dessus de la Place Liautey, (feu place Morand). A deux pas de "Morand Pétanque". A Cinq pas de "la Dame de pierre" et de sa fontaine aux génies. Lyon, vu (vécu) un mardi gris de Janvier 2009.© Frb

Epitaphe

IMG_0042.JPGGloire à Morand ! roi de la pétanque qui mourût (!) en pointant, sur la place Lyautey à Lyon (hélas ! feu, place Morand, ce qu'on ne cesse de répéter désespérément sur ce blog). Ce terrain de jeux, pour bons vivants, complètement déserté en hiver, nous laisse donc supposer que les pétanqueurs, du sixième sont bien frileux (Aberration, ce mot "Pétanque" dans une ville où la" boule" fait la toute différence, Car voyez vous, on m'a toujours appris, qu'à Lyon, on ne jouait pas à la pétanque, mais à la boule lyonnaise ! alors pourquoi ce mot "pétanque"? Est ce que les beaux quartiers trouveraient trop vulgaire notre boule ? Je suis bien incapable de vous l'expliquer. Ni de vous livrer les subtiles différences entre "boules" et "pétanque" mais je sais qu'il y en a, et qu'il ne faut surtout pas dire à un joueur de boule lyonnaise qu'il joue à la pétanque, sinon ça le vexe. Bref... Pour ceux qui ont loupé le début, je précise que "Morand Pétanque" se situe dans le sixième arrondissement de Lyon, secteur réputé chic... et qu'aux heures où je passe souvent, l'ère de jeux est bien vide. Les pétanqueurs des beaux quartiers, (pardon messieurs!) devraient peut être aller se réchauffer chez leurs copains de la Place Tabareau (ou du Clos Jouve) sur le plateau de la Croix-Rousse, (toujours à Lyon), haut lieu des boules devant l'éternel, où, été comme hiver, on joue. Où, même par - 8°, à la tombée de la nuit, qu'il grêle, qu'il vente, qu'il neige, le promeneur peut entendre le léger cliquement des boules qui s'entrechoquent, et les exclamations des joueurs en bras de chemises qui s'exclament : "Oh! oui ! joli !" "A toi Roger! vas-z'y doucement !" (sic)... Enfin bon. Tout ça pour dire que la pétanque c'est pas la boule.

(1) LA FANNY : Célèbre et légendaire était fille du plateau, dit-on, c'est là qu'entre 1860, et 1870 elle promenait ses avantages pour le grand plaisir des vaincus (qui devaient l'embrasser à un endroit bien particulier "que la pudeur m'interdit de nommer ici" ;-). On attribue aussi l'origine de cette tradition à la Savoie, La "Fanny originelle" aurait été serveuse au café de Grand Lemps, juste avant la première guerre mondiale. La légende dit que par gentillesse, elle se laissait embrasser par les clients qui venaient de perdre aux boules sans marquer le moindre petit point. La bise se faisait alors sur la joue jusqu'au jour où toujours selon la légende, le maire du village perdît à son tour et vint quémander sa récompense. Fanny avait-elle une dent contre monsieur le maire, où désira-t-elle l'humilier publiquement ? Nul ne le sait, ce qui est sûr, c'est qu'elle grimpa sur une chaise releva ses cotillons et lui tendit une toute autre partie de son corps (que je ne décrirai point pour faire rêver les messieurs avec un peu d' évanescence). Le maire ne se démonta pas. Et deux baisers retentissants résonnèrent dans le café (jusqu'aux régions environnantes). Ce fût là, le début d'une longue tradition. Le problème c'est que les joueurs n'ont pas toujours une "Fanny" sous la main, ni une "Fanny" pas trop farouche, qui accepte de dévoiler ses audaces, c'est pourquoi, normalement, dans tous les lieux où l'on joue aux boules, une place d'honneur est réservée à une "fanny postiche", les malheureux perdants sont alors obligés d'embrasser en public, l'endroit rebondi d'une Fanny représentée sous forme de tableau, de poterie ou de sculpture. Ainsi "embrasser la Fanny" ou "baiser la Fanny", n'est dans ce cas, pas tout à fait une récompense, ni un lot de consolation, plutôt une humiliation publique pour le pauvre perdant. (Je sens déjà, pointer sur ce billet les griffes de quelques chiennes de garde, et autres MLF "bouliste macho la femme aura ta peau", "image dégradée de la femme", "femme-objet" "délivrons la Fanny" etc...) mais non, de grâce ! mesdames, ne nous fâchons pas!  bien sûr, que c'est un peu paillard, mais La Fanny, elle est d'accord, nul ne la force, elle aime bien ça. Et puis c'est presque un acte politique, héroïque même, par les temps qui courent de récompenser les plus faibles. Les perdants.

Quelques liens utiles sur la "Boule Lyonnaise" : http://www.ffsb.asso.fr/chapitre/FFSB/histo.htm

Et la"pétanque" (avec un petit peu de boules quand même ;-) : http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9tanque

lundi, 26 janvier 2009

Le parking de la rue Burdeau

Comme un lundi

" C'est tout de même dur de quitter la campagne pour aller travailler. Quand je pense que dans quelques heures nous serons dans les embouteillages ... "

CHRISTINE ANGRIS : "Quitter la campagne". Editions Graciles. Paris, 2006.

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Photo : Ma petite voiture violette, (une Twingo téléguidée, je ne sais pas conduire), vue sur le parking (n'est ce pas qu'il est charmant?), de la rue Burdeau à Lyon. Ce parking est évidemment le plus beau des parkings de Lyon. C'est pourquoi il est voué à la destruction : bientôt (enfin, je suppose) à cet emplacement, une résidence (grand luxe) se construira, (avec terrasses, digicodes, ascenseurs, garage. etc...) et donc, le trou (vert) c'est pour ça. Image volée entre les grilles d'un échafaudage, un lundi de janvier 2009. © Frb.

dimanche, 25 janvier 2009

Le soleil de la rue Pouteau

Comme un dimanche

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Il y a du soleil sur les pentes. Et le reste n'a pas d'importance. Même par temps gris, le soleil de la rue Pouteau brille d'un beau rouge feu (couleur rouge "Pouteau-vermillon"), sur un mur qu'on pourrait peut être peindre en "or" (comme dans la Collection des livres d'enfants "rouge et or"). Le ciel est dégagé. C'est dimanche, il fait beau. Deux soleils luisent en ce jour à Lyon, décidément, on l'aime beaucoup cette rue Pouteau... Mais comme je déteste le vrai soleil, cet été, c'est décidé, je planterai ma tente sous le soleil timide de Pouteau...

Photo : Est-il utile de répéter ? Tout est dans le titre, n'est ce pas ? Qu'est ce qu'on peut dire encore sur la rue Pouteau à part qu'elle est mi-rue mi-escalier ? (ce qu'on a déjà beaucoup signalé par ailleurs), qu'elle a deux restaurants, une boucherie, une alimentation, un prothésiste, et une cabine téléphonique (on vous la montrera un jour avant que les cabines téléphoniques ne capitulent face au règne du "tout au portable"). Qu'elle se situe aussi à l'angle de la rue Burdeau, où l'on trouve deux salles dédiées à la musique qui se font face dont "le bec de Jazz" (adressé rue Burdeau), plus haut, il y a le "Phoebus"(au numéro 22) qui est un café-concert. A part un HLM (affreux) bâti en 1980, les immeubles datent presque tous du XIXem siècle, ils sont sobres, assez hauts (6 étages environs avec des façades sobres, parfois très bien taguées (comme ici). Les bâtisses ont de nombreuses fenêtres qui permettaient à l'origine d'éclairer les métiers à tisser. Le nom de la rue est dédiée à un chirurgien de l'Hôtel Dieu (hôpital ô combien lyonnais qu'on aperçoit du haut de la rue), une autre version plus légendaire dit que "Pouteau" est une altération de "pute" ou "putain" en raison du grand nombre de cabarets qui s'y trouvaient jadis. La photo été prise un dimanche de Janvier 2009 en début d'après midi. Ah, j'oubliais... La Rue Pouteau, est dans le premier arrondissement de Lyon et pour le reste peut être qu'un jour M. Rivière, grand spécialiste des rues de Lyon (devant l'éternelle (?) blogosphère) vous en racontera plus précisément l'histoire, en attendant, il y a d'autres rues sur son blog qui méritent vraiment qu'on s'y arrête. Le lien est ci dessous, pour les curieux :

http://ruesdelyon.blogspirit.com/

samedi, 24 janvier 2009

Vieux hibou

" J'ai pour voisin de brousse, un vieux que la mort semble dédaigner. son tatouage le rend effrayant ainsi que sa maigreur. il fût condamné autrefois pour anthropophagie. puis on le vit revenir avant l'expiration de sa peine. un farceur de capitaine italien, me voulant du bien, lui raconta que c'était moi, autrefois tout puissant, qui avait intercédé en sa faveur : je ne démentis pas le mensonge et cela me fût utile. Car le vieux, qu'on n'a jamais pu baptiser chrétien, reste pour nous un sorcier; et il a mis sur ma personne et ma maison, le tabou, c'est à dire que je suis sacré. Quoique ayant appris des missionnaires toutes les superstitions que ces religieux leur apprennent, ils conservent encore leurs anciennes traditions. Ce vieux et moi nous sommes des amis et je lui donne du tabac sans que pour cela il s'en étonne. Je lui demande quelquefois si la chair est bonne à manger; c'est alors que sa figure s'illumine d'une infinie douceur (douceur toute particulière aux sauvages) et il me montre son formidable ratelier. J'eus la curiosité de lui donner un jour une boîte de sardines : ce ne fût pas long. Avec ses dents, il ouvrît sans se faire de mal la boîte et il mangea le tout rubis sur l'ongle. Comme on le voit, plus je vieillis, moins je me civilise."

PAUL GAUGUIN  Extr. "Second séjour en Océanie In "Oviri" (écrits d'un sauvage), textes choisis et présentés par Daniel GUERIN. Editions Gallimard 1974.vieux hibou.jpg

Photo:  "Ibou" le jeune, élève (?) dissipé de GAUGUIN (oui, enfin... Il ne faut pas tout croire non plus;-), pose son île citadine en gestes abstraits archisauvages sur les murs de la rue Ozanam dans le premier arrondissement.(Ozanam fait un peu nom d'île non ? sauf que l'île Ozanam s'appelait Frédéric et que c'était un pionnier du catholicisme social mais bon...) La fresque a été vue à Lyon au début du mois de Janvier 2009.

Lien utile : PAUL GAUGUIN biographie : http://www.impressionniste.net/gauguin.htm

Les pigeons sont des cons

IMG_0061.JPGPoids des mots, choc des photos. Alors que nous, gentils humains, cherchons avec bonté (et propreté) à leur apprendre à lire, en leur laissant à terre, ici et là quelques journaux, ou des papiers à entêtes du boucher (ou du boulanger) pour qu'ils se familiarisent un peu avec les lettres de l'alphabet. Eux; ils ne pensent qu'à bouffer... En les regardant parfois je me demande, comment Dieu (s'il existe, à contempler ces bêtes, on en doute) a-t-il pu créer de tels monstres ?

Cependant, si vous les aimez, vous pouvez les aider, (on ne va pas les tuer tout de même!) : http://www.spa.asso.fr/906-pigeons.htm

ou bien vous renseigner :  http://www.sciencepresse.qc.ca/node/21700

Ou si le sujet vous indiffére, visionner ce joli film d'animation signé Samuel TOURNEUX qui n'offre des pigeons qu'une version métaphorique... Conte poétique ficellé à merveille, recommandé par la maison  : http://vids.myspace.com/index.cfm?fuseaction=vids.individ...

Photo: Horde de pigeons affamés. Vus à la fin du marché sur le boulevard de la Croix-Rousse à Lyon. Janvier 2009. © Frb.

vendredi, 23 janvier 2009

Journal d'une dame de pierre (extr.)

IMG_0055.JPG"Matin gris. Il va sûrement pleuvoir. Les génies dorment encore. Le kiosque à fleurs vient d'ouvrir. Le jardinier a taillé les arbres hier, d'une drôle de forme pyramidale. Personnellement je trouve ça affreux. Un monsieur passe avec son journal, il salue la dame d'Interflora. C'est très rare les messieurs qui saluent encore en ôtant leurs chapeaux. Personnellement je trouve ça très beau. Je ne sais pas si je me fais couler un bain, en fait, je ne sais pas dans quel bassin... Et s'il pleut c'est idiot. Je vais rester sur mon socle encore un moment, j'aime bien ces moments là. Le problème c'est ma robe, vraiment trop longue. Et quand les oiseaux viennent, ça me fait peur, je sursaute et j'ai peur de me prendre les pieds dedans et de tomber. Comme ma collègue, la Vénus. Et l'autre qui passe sa vie sur mon épaule. Je crois qu'il est amoureux de moi, il vient tous les jours, soit disant qu'il attend ses copains. Il est parti en éclaireur, enfin c'est ce qu'il m'a dit, et quand ses copains seront là, ils feront un grand rassemblement sur la colline d'où paraît il, on voit le jardin du Luxembourg ... C'est là bas qu'il ira avec ses copains. Peut-être qu'il ment ? Cette colline je ne l'ai jamais vue, ni aucun des deux fleuves. Je ne comprends pas trop ce qu'il veut dire par " jardin du Luxembourg" et je n'aime pas cette façon qu'il a de se coller à moi. Il faudrait que je lui explique qu'entre lui et moi c'est une histoire impossible mais j'ai peur de lui faire de la peine. Il est si jeune ! Tiens ! les génies se réveillent... Je vais laisser passer tous ces gens et puis j'irai faire chauffer de l'eau pour le thé."

Extr. du "Journal d'une dame de pierre". Editions "Statues de Minuit". 2008-2009.

Carnet de route

a tir d'ailes.JPG "Matin gris en direction du fleuve. Déjà les premiers arbres. D'ici nous pouvons apercevoir un kiosque avec des fleurs, des arbres taillés bizarrement, une statue... Le voyage est agréable malgré la pluie. Bientôt, nous retrouverons l'éclaireur. Puis nous irons sur les hauts de Saône, rejoindre les autres. Ce soir si tout va bien nous dînerons dans les jardins du Luxembourg..."

Extr. du "Journal intime de l'oiseau". Editions "Plumes de minuit". 2009.

jeudi, 22 janvier 2009

Primum vivere, deinde philosophari

D'abord vivre, après (et seulement après) philosopher...

Ce précepte des Anciens, conseille d'accepter la vie avec toutes ses conséquences pratiques et morales avant de se livrer à des études purement spéculatives. Il s'applique à ceux qui discuttent à perte de vue, en oubliant parfois l'essentiel. Ce qui fera dire à KARL MARX : "Nous avons trop pensé le monde, il faut maintenant le transformer". Personnellement je préfère encore la formule "chimique personnelle" d'ARTHUR RIMBAUD (archiconnue, et modulable à l'infini ): "changer la vie". Mais bon. Pour l'heure, inutile d'en débattre.

Taisons-nous et vivons !

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Photo : Les hauts de Saône sont de prodigieux labyrinthes. Culs de sac, impasses, voies sans issues, villas comme cloîtrées, voies riveraines nullement souveraines etc ... Je m'y suis perdue un soir en suivant précisément ce panneau ("toutes directions", ça ne veut rien dire) planté au milieu de nulle part. (Vu l'inclinaison de la chose, j'aurais dû me méfier...). Heureusement, il y avait un coucher de soleil pourpre sur les splendeurs du Grand Vaise et les murs contre lesquels je me suis heurtée jusqu'à tourner bourrique et perdre mon latin me dévoilèrent quelques uns de leurs plus secrets ornements. Promis ! je vous montrerai tout cela un jour, (un certain jour ;-) Comme les "grands de ce monde", ici on ne transforme pas, on ne change rien. On promet.

Qui vivra verra...

A suivre donc...

Mine de rien...

IMG_0015.JPGCe qu'il fallait montrer (ou démontrer)... Certaines promenades se suivent et nous rassemblent, combinant imperturbablement la logique au hasard de notre présence. Notre lot ? Cela scotcherait net si nous n'étions pas saturés d'images plus séduisantes les unes que les autres (Ah ! les soldes!). Mais ce graff là, à croquer sans attendre; sorti du petit monde à la mine de plomb (le plus beau) d'un graffeur anonyme, dont le tracé manuscrit semble fragile, est particulièrement touchant vu d'une rue où tout s'inscrit officiellement en gros. Emouvant peut être aussi par la grâce de ces deux mots qui changent tout, ce chaleureux : "Allons amis"...

Après le crayon à papier, il faudrait bien songer à un "crayon à mur" ou comme le proposait ALEX à un retour des petites ardoises (avec craies) à disposition de tous, dans les rues ou plus précisément sur les murs. Je profite de la bonne aubaine pour dédier amicalement ce billet à Alex et son grain à moudre si cher à certains jours.

P.S : Alex, de notre "fief" de Lyon, nous transmettons ta proposition à monsieur le maire... S'il ne veut pas nous voir écrire sur les murs (et il ne voudra pas ), s'il trouve trop couteux "le plan ardoises de Lyon 2009", peut-être pourrons-nous lui proposer qu'il mette à disposition de son peuple, des feuilles volantes et quelques petits pots de colle ? Ca tombe bien il s'appelle "Colomb" (Et chez nous on ne prononce pas le b final). Prenons ça pour une injonction...  Tout de suite, là, maintenant ! Amis, allons...

Photo: Surface tout aussi fraternelle qu'une page écrite sur un cahier de brouillon. On imagine presque derrière ce mur, la table de multiplication classiquement jointe au verso des dits cahiers. Vu Rue Pizay dans la presqu'île de Lyon. Aujourd'hui. 22 Janvier 2009. © Frb.