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mercredi, 14 octobre 2009

La vogue indifférente

dimanche, 11 octobre 2009

Souviens toi, barbe à papa...

Il pleuvait sur Lyon ce jour là.

souviens toi, barbapapa.JPG

Encore un tour à la vogue sous un ciel moins clément mais dans les senteurs folles des sucres parfumés, près du nuage rose, improbable cocon, sur une autre ancienne route de la soie, celle ci comestible, un pastel odorant remué par une dame aux belles mains ouvragées ; ( on apprécie autant la "petite cuisine" que "barbe à papa mobile"). Ces brassées franches osent l'excès des petites folies de l'enfance, travaillent la réminiscence au corps même des passants plus âgés, et de ces petits vieux, superbes, insolents de santé qui vont à l'onctuosité, comme jadis à la kermesse. Un souvenir de demoiselles en robes Vichy, paletots à cols froufroutés, celles à qui l'on offrait des chouchous et cette friandise fameuse sur la place promise, une générosité qui souvent se troquait en  baisers...

Pour ma part, je trouve la barbe à papa, plus jolie à regarder qu'à manger, un peu comme la meringue, écoeurante et fade au palais (mais tous les goûts étant dans la nature), je laisse le lecteur ("barbe à papaphage"), envier l'aubaine des cruci-roux qui chaque jour, partant et revenant de leur travail peuvent se coller la bouche (et les doigts, et la tête...) dans l'opulence trompeuse de ce fil à fil adoré. Pour le plaisir des mots, rappelons au lecteur, reluqueur de friandises, quelques autres péchés mignons du même genre : Berlingots, calissons, fraises tagada, carambars, niniches de Quiberon, bêtises de cambrai, nougats, rigolette, pommes d'amour... Bien de quoi se consoler par ces temps quelque peu acides.

Lien gourmand pour les incorrigibles  :http://www.euro-info-tourisme.com/France/barbeapapa.html

Photo : Rien n'est plus beau que "les mains de la dame dans la barbe à papa" encore plus fascinantes que "les mains d'une femme dans la farine" glorifiées par Claude Nougaro. Vu, Boulevard de la Croix-Rousse en plein coeur de la vogue (aux marrons), entre Jutard et Chanteclerc. Lyon Octobre 2009. © Frb.

samedi, 01 août 2009

Billet d'août

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette du saule noir
Où le vent pleure...

Rêvons, c’est l’heure.


PAUL VERLAINE. Extr : "La lune blanche" in "La bonne chanson".

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Si vous avez loupé l’épisode précédent...

Les vingt et une pièces qui composent "la bonne chanson" ont été spécialement composées pour Mathilde MAUTE DE FLEURVILLE avec laquelle VERLAINE vient juste de se fiancer. Une jeune fille âgée de seize ans, bourgeoise, naïve, pas spécialement attirée par la poésie, mais qui lit les poèmes de son bien-aimé avec les yeux de l’Amour. Aussi déclare-t-elle : "qu’ils sont peut-être... Trop forts pour elle". De crainte de ne pas être bien compris par sa jeune fiancée, le poète va amener tout son style à une plus grande simplicité. Certains critiques ne liront dans "la bonne chanson", qu’une simplification, un art de la rime banale, très "en deça", sur le plan strictement poètique, des recueils précédents. Il faut dire que "La bonne chanson" paraît en 1870 , après "les Poèmes Saturniens" ( 1866) : des "eaux fortes" ou tableaux, dans le goût du Parnasse, et les "Fêtes galantes" (1869) : vingt deux poèmes inspirés de WATTEAU évoquant les plaisirs élégants d'une société frivole. Mais dans  "La bonne chanson" le message est sincère, l’Amour vient... Ce n’est pas un rêve ! VERLAINE, clame tout son bonheur, imagine une vie conjugale rien que tranquille :

Le foyer, la lueur étroite de la lampe ;
La rêverie avec le doigt contre la tempe
Et les yeux se perdant parmi les yeux aimés ;
L’heure du thé fumant et les livres fermés ;
La douceur de sentir la fin de la soirée [...]

VERLAINE souhaite ardemment chasser les forces maléfiques qui tentent sa chair, tourmentent son âme (l’alcool, son attirance pour les jeunes garçons). La destinée maudite l’emportera sur cette simple vie d'homme, sur l'harmonie d'un couple si tendrement rêvé . La trop jeune et fraîche Mathilde, dans l’innocence de ses seize ans ne saura pas apaiser les tourments de son fiancé, ni le protéger. L'illusion se délitera. Mais "La bonne chanson" joue encore les sons de la balade. L' Amour se voue à l’heure exquise, porte son chant à l'élément. Tandis que, pas très loin, la silhouette sombre d'un saule annonce le déclin. La belle saison s'étire encore un peu dans les reflets. Quelquechose doute...

Photo : Fin d'après-midi aux reflets de l'étang des clefs, à l'ombre d'un arbre (plus ou moins saule) qui augure majestueusement premier billet d'Août 2009. © Frb.

vendredi, 29 mai 2009

Des rideaux et des colibris (Hozan KEBO's remix)

COLLECTION PRINTEMPS/ ETE 2009 - BOUTIQUES de VOILAGES de LUXE - par le grand couturier HOZAN KEBO :

"Avez vous déjà essayé mesdames, nos fameux "colibris-rideaux" ? Ils protégent efficacement des U.V, ventilent efficacement vos pièces, sont très efficaces contre tous les insectes et rajoutent une touche très féminine à vos fenêtres."

HOZAN KEBO (Fournisseur officiel en "colibris-rideaux" since 1732, président directeur général des boutiques de voilages de luxe HK's enterprises, international designer in colibri's management and colibrisation concepting). Extr: "Colibri is good for you". Edition "La Picorée universelle" 2009.rideau colibri.jpg

témoignage Monsieur MALLOY (rue Bonnet-Lyon 4 em arr.) :

" Avec mon épouse, nous nous disputions sans arrêt, grâce aux "colibris-rideaux" des boutiques de voilages de luxe de Monsieur HOZAN KEBO nous avons retrouvé l'harmonie conjugale et sexuelle de nos 20 ans. D'autrepart, avant d'installer dans notre chambre les fabuleux "colibris-rideaux", j'étais sujet aux insomnies ou à d'horribles cauchemars et depuis que j'ai adopté les fabuleux "Colibris-rideaux", je dors bien et je fais des rêves merveilleux et je me réveille le matin en chantant, ainsi je suis toujours d'excellente humeur et je peux honorer ma femme plus de cinq fois par jour. de plus, un jour après avoir acheté les fabuleux "Colibris-rideaux", j'ai gagné au loto sans même avoir joué. Je suis si épanoui  et heureux que les femmes dans la rue se retournent sur mon passage..."

Témoignage de Madame MALLOY (rue Bonnet Lyon 4em arr.) :

"Depuis que mon mari m'a offert les merveilleux "Colibris-rideaux" des boutiques de voilages de luxe de monsieur HOZAN KEBO, il me semble vivre dans un conte de fée, mon mari est gentil avec moi, il m'offre tout ce que je veux et m'apporte le petit déjeûner au lit tous les matins avec une rose. Les moustiques ne me piquent plus et j'ai maigri de 6kg une semaine après avoir acheté les merveilleux "colibris-rideaux". Mes amies envient ma beauté et ma bonne humeur, et j'ai beaucoup de succès auprès des hommes. Sans compter qu'au quotidien, les "colibris-rideaux" rajoutent une touche très féminine à mes fenêtres. Et ce n'est pas rien. En vérité, je vous le dis, passer à côté des "Colibris-rideaux", c'est véritablement passer à côté du bonheur. Il faut être bien bête pour vivre sans..."

Pensez y ! Si vous z'aussi, vous êtes fatigués de la vie que vous menez, dites "J'en veux !". Il suffit de demander et les "Colibris-rideaux" viendront à vous ! Pour remplir le bon de commande demandez Nicole à l'accueil. (Nicole Hibrie, c'est la secrétaire ... Ben oui !)

Photo : "Colibris-rideaux". Collection "printemps-été 2009, conçue et réalisé en Mai 2009 par (HK/LR) des boutiques de voilages de luxe : HOZAN KEBO's enterprise's sarl (au capital de 98705630,99 euros, seulement !).

mardi, 14 avril 2009

L'origine s'oublie...

"Dire le nom c'est commencer une histoire"

SAMUEL MAKIDEMEWABE cité in "Partition rouge". "Poèmes et chants des indiens d'Amérique du Nord". Florence DELAY / Jacques ROUBAUD. Editions du Seuil 1988.

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" 1872 : Dans la grande vision où Elan-Noir trouve son nom il y a le Grand-père de l'Ouest, le Grand-père du Nord, Le Grand-père de l'Est, le Grand-père du Sud, le Grand-père du Ciel, le Grand-Père de la Terre, douze chevaux noirs avec des colliers de sabots de bison, douze chevaux blancs entourés d'une troupe d'oies sauvages, douze chevaux alezans, avec des colliers de dents d'élan, douze chevaux fauves, un aigle tacheté, une coupe d'eau, un arc ,une baguette fleurie, une pipe sacrée ou calumet etc ...

1919: Dans la vision où Cerf-Boiteux trouve son nom il n'y a plus qu'un arrière Grand-père : le sien. Après quatre jours et quatre nuits passés seul sur la colline, sans eau, sans nourriture, dans la fosse de voyance, il entend certes la voix du peuple des Oiseaux mais il ne voit rien... Jusqu'à ce que, dans le brouillard tourbillonnant, une forme se dresse devant lui : "Je reconnus mon arrière Grand-père, Tahca Ushte, Cerf-Boiteux le vieux chef des Minniconjous. Je pouvais voir le sang s'écouler de sa poitrine, là où un soldat blanc l'avait tué. Je compris que mon arrière Grand-père souhaitait que je prenne son nom. J'en conçus une joie indicible."

Source : extr. de "dire le Nom" in "partition rouge".

Photo : Il y a un trésor dans la forêt d'à coté mais qui ne se voit pas. On le devine parfois juste après la pluie, quand au moment de l'éclaircie, on se trouve là, sur le petit chemin bordant le grand lac romantique où le canard colvert nargue son promeneur d'un mystérieux cancanement...

Parc de la tête d'Or. Lyon. Avril 2009. Frb ©

Le canard dans tous ses états ...

"C'est des façons de s'embarquer
qui vous font toujours remarquer"

PAUL-JEAN TOULET (Sur quelques tableaux)

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Rien à voir avec les canards, direz-vous, de ces rimes de Paul-Jean TOULET à propos de "L'enlèvement d'Hélène" par Pierre PUGET. Rien à voir avec les canards que "l'enlèvement d'Hélène" de Pierre PUGET sinon cet excès de rêverie qui nous glisserait au pire dans toutes sortes de candeurs, lieux de la procrastination, idéal du rêveur, où toute les pentes du monde (ce que nous lisons, là dans les journaux, ce que nous croyons voir ici dans une télé, se fondraient dans une même écoute toute flottante et toute autre, qui nous ramènerait toujours à ces flots où nous pourrions tout à la fois aimer et maudire ce canard, avoir envie de le plumer, lui qui retarde, par je ne sais quel outrecuidant pouvoir, le cours de nos activités.

Aujourd'hui: un canard. Quand croisant au hasard, un ami qui demanderait mais qu'as tu fait de ta journée ? Nous pourrions répondre bêtement mais le plus sincèrement du monde : "- Ben euh, je suis allée au parc et j'ai vu un canard !" et l'ami très compatissant, avec ce ton plein de pitié, qu'il pourrait prendre lui même pour de la gentillesse nous dirait doucement, en regardant sa montre vite fait:" - Ah bon ? tu as vu un canard ? c'est bien ça ! et où l'as tu vu ? ce canard ?" Alors, le plus simplement du monde, nous serions contents d'annoncer à cet l'ami si bienveillant "- j'ai vu le canard au "parc de la Tordette", c'est une abréviation du parc de la tête d'or en charmillon" "- Bien, bien... dirait l'ami, le charmillon tu m'expliqueras un autre jour, j'suis désolé mais faut que je te laisse...j'ai un rv là, avec un gros client , tu comprends". Nous serions très compréhensifs mais là tout seuls au milieu d'un trottoir, nous nous ferions bousculer par la foule à la sortie d'une bouche de métro tandis que l'immuable image du canard naviguant sur les flots reviendrait en surimpression et nous glisserait comme dans un écrin plein de ouate, nous protégerait avec bonté de l'affreux tourbillon. Il y aurait encore cette phrase de la princesse SHIKISHI ( illustre fille comme chacun sait de l'empereur GO SHIRAKAWA): "Les canards sauvages sont sur la rive de la baie ..." Comme un mot posté sur une porte. Certains affichent bien sur leur porte, l'éternel: "je reviens dans cinq minutes". Pourquoi ne pas mettre à la place "Les canards sauvages sont sur la rive de la baie" ? Voilà donc l'ultime vérité, la chose à dire quand rencontrant cet autre ami, agrégé de philosophie qui sortirait d'une librairie avec un DEBORD sous le bras nous demanderait : "- Qu'as tu fait de ta vie ?", nous n'aurions pas d'hésitation à lui répondre "- J'ai vu un canard sur les flots et j'ai compris et je peux te dire mon vieux, que les canards sauvages sont sur la rive ..." mais L'agrégé nous couperait " - Excuse moi de t'interrompre, mais t'es sûre que tu vas bien là ? (toujours avec cette même pitié gentille): "Si t'as besoin d'un psy, je suis là. J'en connais un très bien". Alors nous penserions très fort au verbe "Canarder"= faire feu ou lancer des projectiles à partir d'un lieu où l'on est protégé"... Tandis que l'agrégé nous tendrait sa bonne grâce en souriant. Le canardage serait muet. Synonyme de "canarder" = bombarder. Je canarde, tu canardes, nous canardons... Plus fascinant encore son imparfait du subjonctif : " fallait-il que je canardasse, que vous canardassiez ?" Et l'ami s'inquiéterait toujours en souriant "Tu dis rien ! ça va pas ? Tu veux que je te raccompagne chez toi ?  Profite z'en ! je suis venu en 4X4." Nous penserions un instant, à cet impératif urgent : "Canardons" : "canardons Camarade ! le vieux monde est derrière nous".

Nous rentrerions chez nous, seuls et tristes comme toujours, et à pieds, rédiger un billet pour notre blog, (ah ! notre blog !). Nous parlerions d'abord à nos lecteurs du "Canard" façon wiki : "Les canards sont des oiseaux aquatiques, au bec caractéristique, domestiqués ou non", imaginez  tout ça dans le ciel : "les sarcelles, les tadornes, les brassemers" à en découronner  NOVARINA . Nous noterions que le canard le plus connu c'est le canard Colvert, très chic non ? Le canard Colvert du nom savant "Anas platyrhynchos" plus vulgairement : "canard de surface" (on penserait tout de suite, au canard qui serait "technicien de surface", ou au canard superficiel. Mais que nenni !), on décrirait les moeurs étranges du canard mandarin dit canard forestier, du canard carolin dit branchu, (oui! un canard comme un arbre, avec des branches à la place des ailes, des branches cachées en fait), on évoquerait bien joliment le canard forestier, un canard, oui, mais d'Amérique du Nord. On raconterait que "le canard colvert et le canard de barbarie sont souvent hybridés pour produire "le canard Mulard". Et, on s'extasierait le reste de la nuit sur "le canard-à- bosse bronzé" avec des termes vrais, des termes qui font rêver : ( et il y a de quoi s'extasier : une petite bosse sur le nez, mais pas plus bronzé que moi, et quand même bien d'un pur genre beau-bizarre). On apprendrait que les canards caquettent, cancanent ou nasillent... On donnerait à ouïr un extrait qui nous rappelerait que certaines gens ont parfois des voix de canard et cela n'est pas très glaroum.

podcast

Enfin quoi...C'est assez extraordinaire une journée avec un canard. Je reçois un courrier à l'instant, un charmillonneur en balade me dit qu'il est Brest en train de photographier des cygnes... Son état vire à l'extatique quand il me parle du lac aux cygnes de Brest (lui parler de mon "canard colvert" je n'ose, he quoi ! c'est un peu misérabiliste). Je relie tout cela l'histoire vermeilleuse du "vilain petit canard" peut-être que je vis dans le passé ? et que Brest c'est l'avenir ? L'avenir c'est quoi ? C'est de ça qu'on parle sur France-Trois. J'ai mis en fond une télé, par acquis de conscience, depuis les horaires d'été renouées avec le Parc de la tête d'or, je ne sais plus ce qui se passe dans le monde. C'en est honteux ! Il faut dire qu'en 2001, trop occupée à regarder mon chien, s'amuser avec sa cloclotte, j'ai oublié la fin du monde. Maintenant je fais attention. Donc je mets la télé. Une fille aux yeux très bleus dit que la loi Hadopi c'est pas ça, il faut lire le "Canard enchaîné"; (Nous y revoilà !) Un monsieur (un expêêêrt) vient expliquer tout ça . Et tout ça sans rapport avec Pierre Puget, ni avec l'enlèvement d'Hélène, aucun rapport avec Paul-Jean TOULET, ni avec la princesse SHIKISHI, (sinon "le canard japonais" : Pure merveille née coiffée!) dont elle rafolait. (Ca, c'est moi qui rajoute). Et JEAN ROCH DE LIMA ferme la porte de la cuisine, il me regarde bizarrement. Puis repart en chantant,  il est très fière de son brillant poème : "Le sonnet du canard, thermostat 8":

"Parfois j’entends ta voix par le trou des serrures fermées.
Je fais des ronds dans l’eau comme un canard japonais.
Il y a trop longtemps que j’ai avalé les clés.

Est-ce que tu veux me voir courir ? Hein ?" LA SUITE ICI

Je lis son poème en entier... Tandis qu'arrivent en file indienne les premiers invités. Quinze gros bougres affalés sur le click clack devant un paquet de tucs, humant le fumet du "laqué". J'entends vagrement l'expression "on va se régaler!". Je n'ai jamais trop eu de sympathie pour ces gens qui se frottent les mains avant de manger. Pas plus que je n'en ai ce soir, pour la nature humaine. Vilaine morfale...

Photo: Canard Colvert sur les flots impavides (oui, j'aime cet adjectif !) du parc de la Tête d'Or à Lyon... Filant des jours tranquilles au lac de LAMARTINE (Je vous épargne le poème). Lyon. Avril 2009. © Frb.

mardi, 24 mars 2009

Poème du bréchet de l'oiseau...

"Une fois j'étais fatigué d'être jeune.
Alors je voulus me changer en vieillard.
Mais j'étais mourant !
Les enfants se rassemblèrent autour de moi
en disant :
"Ne meurs pas.
Sortons, ayons encore un jour.
Regarde ! La lune nous pardonne
Avec un nouveau soleil"
Mais j'étais en sueur et je dis :
"Il est temps.
Ce tronc s'est creusé de lui-même
et m'attend.
Ma vieille âme a déjà enfilé ses chaussures."
Alors je rampai jusque dans le tronc
tandis que la lune commençait juste
à me pardonner."

Extr : "Poèmes de l'os magique" in "Partition rouge". Poèmes et chants des indiens d'Amérique du Nord. Florence DELAY § Jacques ROUBAUD. Ed.du Seuil 1988

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Jacob NIBENEGENESABE; vécut 94 ans au nord est du lac Winnipeg au Canada, il fût un grand conteur qui racontait les histoires sacrées de WICHIKAPACHE, le Coyote cree, L'écornifleur, mais il inventa aussi à l'interieur de la tradition un nouveau cycle de "joueurs de tours" : "Les poèmes de l'os magique" que recueillit HOWARD A. NORMAN. L'os magique dont il s'agit ici n'est autre que le bréchet de l'oiseau (Le bréchet de l'oiseau pour les novices est aussi appelée "crête sternale" ou "quille du sternum" et c'est chez les oiseaux l'organe préeminent sur lequel s'insèrent les puissants muscles pectoraux et supracoracoïdiens, nécessaires au vol ; il est donc présent chez tous les oiseaux (sauf - comme chacun sait ;-) chez les Kalapos - un psittacidae - ou chez les struthioniformes, c'est à dire les espèces incapables de voler... Ou encore, le bréchet, (une pensée en passant pour notre ami de Vaste blogue*) : désigne cette fourche délicate* du sternum qu'enfants, on cherchait dans le poulet : Une fois le blanc de poulet mangé, à deux on le tenait chacun par un bout en tirant, quand l'un cassait, l'autre avait gagné et formulait un voeu. Le voeu inlassable du poète cree est l'instrument de métamorphose qui permet de devenir un "joueur de tours" capable de se trouver lui même dans toutes sortes de situations et de faire exister les choses en les désirant...

Source : "Partition rouge" (Notes : F. DELAY/ J. ROUBAUD)

Photo : La planque D'ALCESTE retrouvée, par la grâce de WICHIKAPACHE, (par un hasard des plus bizarres) lors d'une ballade dans le brionnais, au Clos Bôteret exactement. Mars 2009 © Frb

jeudi, 12 mars 2009

Chanson à boire de la misère du monde

Déjà le vin fait signe dans la coupe d'or
Mais ne buvez pas avant que je ne vous chante une chanson !
Le chant du souci
vous sonnera dans l'âme comme un rire clair
Quand le souci approche,
Déserts sont les jardins de l'âme,
La joie, le chant se fanent meurent
Sombre est la vie, sombre la mort...

GUSTAV MAHLER. Extr : "Le chant de la terre" d'après un poème de LI BAI in "La flûte chinoise".

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Le "Chant de la terre" est l'avant-dernière oeuvre achevée de Gustav MAHLER, cette "symphonie avec voix", marque pour son compositeur un retour à la vie après une série de drames personnels. Dureté de la condition humaine, besoins essentiels de l'homme, consolation. Les thèmes abordés touchent au plus proche de humanité. Le recueil de poèmes chinois "La flûte chinoise" que Theobald POLLACK, ami de MALHER lui fît découvrir, n'est pas une oeuvre littéraire, plutôt une compilation construite à partir d'éléments divers mais MAHLER y trouva l'inspiration et la force de s'engager dans un nouveau projet. Choisissant, quelques poèmes, il les réarrangea et composa à partir de cette source, l'une des plus sublimes musiques que l'on puisse imaginer. "Le chant de la terre" composé de six poèmes articulés, les thèmes abordés (dont certains d'entre eux, rappellent étrangement ceux d'Omar KHAYYAM) sont : l'oubli dans le vin, la vanité de la vie, le poète observant un monde où il n'est déjà plus, la superficialité de la beauté et de l'Amour, la petitesse de la condition humaine face à un monde éternel, la douleur de l'âme cherchant l'oubli et le repos. Les titres et thèmes dans l'ordre de la composition s'agencent ainsi :  1) "Das Trinklied vom Jammer der Erde" ("Chanson à boire de la douleur de la terre"), 2) "Der Einsame im Herbst" ("Le Solitaire en automne"), 3 ) "Von der Jugend" ("De la jeunesse"), 4) "Von der Schönheit" ("De la beauté "), 5) "Der Trunkene im Frühling" ("L’Ivrogne au printemps"), 6) "Der Abschied" ("L’Adieu"). G. MAHLER n'était pas écrivain, mais il a trouvé le ton juste, sobre, une simplicité, qui rend plus poignante la douleur de l'Homme. Son "chant", c'est le poème de la condition humaine, du détachement des apparences qui rejoint l'éternité de la terre...

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Il y a quelquechose de "soufi", dans cette quête du "chez-soi" et dans celle de l'ami (thème cher encore au poète persan, O. KHAYYAM et à certains orientaux). Composé lors de l'été 1908 "Das lied von der Erde" ("Le chant de la terre") témoigne d'un chemin immense parcouru vers la paix intérieure. Cheminement, peut être, car le bout du chemin ne sera atteint qu'un an plus tard avec la composition de la neuvième symphonie, sublime hymne d'Amour au monde et à la vie. Par sa forme de lieder avec orchestre (voix humaine mêlée à l'orchestre symphonique), par la beauté des textes, par cette couleur unique qui fait vivre la douleur tout près de la consolation, le "Chant de la terre" est une oeuvre absolue dont la beauté sidère. MALHER la qualifiait lui même de "symphonie" mais par prudence, il la nommait: "une malédiction de la symphonie". Ainsi le "chant de la terre" ne porta pas clairement le nom de symphonie. MAHLER, superstitieux, craignait d'aborder le chiffre 9, fatal aux compositeurs. BEETHOVEN mourût avant de mener à bien sa Dixième symphonie, BRÜCKNER n'eût pas le temps d'achever sa neuvième, et souvenez vous: SCHUBERT ! Comme l'écrivit A. SCHOENBERG en des propos qu'on croirait puisés chez LOVECRAFT :

"Il semble qu’il ne soit pas possible d’aller au-delà d’une Neuvième : celui qui s’y essaie doit quitter ce bas-monde. C’est comme si chaque Dixième Symphonie devait nous dispenser un message qu’il nous est interdit de recevoir, parce que nous ne sommes pas encore prêts. Ceux qui écrivent une Neuvième Symphonie se trouvent déjà trop près de l’Au-delà (...) Peut-être les énigmes de ce monde seraient-elles résolues si l’un de ceux qui savent pouvait écrire une Dixième Symphonie, mais probablement cela ne doit pas être.»

L'ensemble du chant de la terre, dure 60 mn environ, ce qui autoriserait l'appellation de "symphonie", au fond, c'en est une... Une "vraie fausse" symphonie. "Vraie-fausse" neuvième, qui restera pourtant inséparable de la vraie neuvième symphonie ;-). Peut-être G. MAHLER sorti vivant du "Chant de la terre" qu'il appréhendait tant, pût enfin créer sereinement sa neuvième symphonie sans y craindre ce mystérieux fatum touchant les compositeurs-musiciens ? Il acheva bien "le chant de la terre" puis, ensuite sa "neuvième symphonie, mais il ne  pût jamais assister à leur création. Il mourût le 18 mai 1910, et "Le chant de la terre" fût crée à Munich le 20 novembre 1911, (puis la "Neuvième, le 26 juin de l'année suivante) par Bruno WALTER.

Quant à "la Dixième symphonie"... Hélas !

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Ecouter un extrait du "chant de la terre" : ICI

ou encore un peu plus loin ci dessous: (Non seulement, pour les images), mais surtout pour la très émouvante voix de KATHLEEEN FERRIER (1912-1953), qui interpréta pour la première fois "Le chant de la terre" au festival d'Edimbourg en septembre 1947, sans parvenir à chanter l'Adieu, (le "ewig") "Eternellement... Eternellement" (dernier lied du "Chant de la terre") tant elle était bouleversée. Quand elle vint s'excuser auprès du chef BRUNO WALTER, celui ci lui répondit, "Si nous avions tous été aussi artistes que vous, nous aurions tous été en larmes comme vous". Elégance !

http://films7.com/videos/kathleen-ferrier-gustav-mahler-l...

Vous pouvez aussi découvrir KATHLEEN FERRIER sur le blog de Solko qui lui consacra en décembre 2008, un très bel article à lire sans modération:  http://solko.hautetfort.com/archive/2008/12/12/a-la-voix-...

Photos: Promenade entre terre et ciel au parc de la Tête d'Or, dans un matin d'hiver très gris. Lyon. Janvier  © Frb 2009.

jeudi, 05 mars 2009

Place du manège

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C'est tout en haut, sur la colline, après avoir longé la tapisserie de la boulangerie, et remonté patiemment, la rue des Pierre-Plantées (voir billet précédent ou du jour suivant), qu'à la nuit tombée, on voit tourner au loin, un rutilant manège, nommé "carrousel 1900", portant son plus beau véhicule : le Nautilus (Petit rappel ICI). Peut-être y croiserez-vous Nemo ou le vieux Jules sur sa drôle de machine ? Ou bien, une portée de pains-chocolats au yeux de pauvres chiens, mangée sur les chevaux de bois par des ogres sans compassion ? Sait-on jamais avec le hasard ...

Photo: Vu place de la Croix-Rousse à Lyon dans la lumière presque mauve d'une fin d'hiver. Mars 2009. © Frb.

samedi, 28 février 2009

L'enfer c'est "mon autre"...

"Il y a quelque chose en moi
Au fond de moi, au centre de moi
Quelque chose d'infiniment aride
Comme le sommet des plus hautes montagnes
Quelquechose de comparable au point mort de la
rétine
Et sans echo
Et qui pourtant voit et entend;
Un être ayant une vie propre, et qui, cependant
Vit toute ma vie et écoute, impassible,
Tous les bavardages de ma conscience"

VALERY LARBAUD . Extr " Le don de soi-même" in  "Les poésies de A.O BARNABOOTH". Editions Gallimard 1966.

 

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Mystificateur et démystifiant à la fois, Valery LARBAUD fût-il conscient de tout ce qu'il mettait du plus vrai de lui même en s'appliquant à créer un personnage qui lui fût dissemblable ? A.O. BARNABOOTH est le mystérieux narrateur de ses frasques, le milliardaire, enfant gâté mais c'est aussi Valery LARBAUD lui-même, héritier d'une famille aisée, le mystificateur, narrateur passionné de la vérité. Valery LARBAUD renonce à sa signature et feindra d'être aux ordres d'un capricieux nabab dont il écrira le portrait proche de la caricature. Ainsi pourra-t-il se laisser aller sans vergogne à ses désirs littéraires, dans le pastiche comme dans l'anarchie. "Rarement l'audace a su aussi bien user de la timidité" écrira Robert MALLET en 1966, dans sa préface aux "Poésies de A.O. BARNABOOTH"

L'idée du personnage A.O. BARNABOOTH semble avoir pris naissance dès son enfance à la lecture d'un livre de Louis- Henri BOUSSENARD "Les secrets de Monsieur synthèse". Ce "Monsieur Synthèse" est un homme si riche qu'il peut du jour au lerndemain acquérir "la propriété foncière du globe". V. LARBAUD, enfant, rêve (comme beaucoup d'enfants) de cette omnipotence., il en rêve aussi à la lecture de "L'histoire Romaine de Victor DURUY lorsqu'il découvre les empereurs de la décadence dont l'extrême jeunesse dispose du pouvoir absolu.

En 1902 BARNABOOTH prend vie réelle dans l'esprit de V. LARBAUD, lors d'un voyage à Londres avec un camarade très fortuné qui s'offre tous ses caprices. V. LARBAUD crée son personnage à l'aide d'une localité proche de Londres "Barnes" et du mot "Booth" enseigne des pharmacies anglaises à succursales multiples.

Le "BARNABOOTH" "réel" ne paraîtra qu'en 1908, après une première ébauche dès 1902 à la faveur d'un tour d'Europe et autres séjours à l'étranger. Les matériaux qui serviront à V. LARBAUD à composer les écrits de son personnage sont amorçés; le 4 juillet 1908, paraissent à ses frais 100 exemplaires d'un volume où sont réunies ce qu'il nomme "Les oeuvres françaises de M. BARNABOOTH". A savoir, un conte "Le pauvre chemisier" + les poèmes". Il fait précéder cette oeuvre d'une "Vie de BARNABOOTH" attribuée à X.M TOURNIER DE ZAMBLE. En 1913, après la spontanéité qui défoule, vient la réflexion qui épure, la suppression de la biographie est plus que compensée par "Le journal". 15 pièces sont éliminées et d'autres raccourcies".

BARNABOOTH est l'image même de la puissance que donne la fortune et des limites assignées à cette puissance par des réalités morales ou physiques sur lesquelles l'argent n'a pas de prise.

A.O. BARNABOOTH est lucide. Il ne changera pas le monde tout seul. Il sait qu'il faudrait que le monde fût transformé par les masses, mais il n'a  ni le courage ni les moyens de se faire l'apôtre de l'insurrrection alors il se laisse emporter par sa fantaisie.

Ainsi dira t-il de lui même :

" Vous voyez en moi  un homme que le sentiment de l'injustice sociale et de la misère du monde a rendu complètement fou".

Sources : " Les poésie de A.O BARNABOOTH - Préface  de Robert MALLET.

Photo: Une ouverture entre les murs; pas très loin de la "Chapelle des apparitions" vue à Paray le Monial. Février 2009. © Frb.

vendredi, 27 février 2009

Forcément subliminal ...

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Dans les beaux ralentis d'un TER entre deux villes, quand le voyage dure trop longtemps et que le léger cahotement du train plonge le passager dans un demi-sommeil ou d'apesanteur attentive, il vient toujours un temps où la trop longue immobilité ordonne de refermer le livre, pour contempler contre la vitre, le défilement des reflets voir un exemple ici Alors un monde de signes imprime sur la rétine, (trop rapidement peut-être), des images dont le sens malgré l'effort de volonté, ne pourra persister; dont la rapidité ruine toute possibilité de réflexion. Le voyageur pris dans le rythme, devient alors étranger à lui même.Son imagination, happée par le dehors, se fragmente, mais ne peut suivre, attentivement ses propres pérégrinations, incrustée dans le paysage, elle flotte jusqu'à dissolution. Parfois, entre ces maisons et ces lignes, ces toits fumants, entre deux nuances de ciment, le sens se réveille en sursauts. "Et quoi ?" se dit le passager " il me semble que je connais ce mot ?". Clivage ultime: Le train est lent, tout va trop vite. Le sens va plus fort que le signe et tout se range dans l'étau quelque soit l'image qui suit, l'aperçu rapide du mot précédent se précise. Un graff sur la rétine endigue toute rêverie, appose le "bon sens" tout près de la maison.

Simple formalité : "bring back reality" : http://www.youtube.com/watch?v=i4k5bvYtozI

Photo : Arrivée à Lyon. Entre deux gares. Persistance rétinienne ? Image subliminale ? Vue du train express régional en provenance D'orléans, le jeudi 26 février 2009. © Frb.

vendredi, 13 février 2009

Jardin d'hiver

amants.jpgLes amants délaissés errent au jardin d'hiver. Au moins trois... (Pardon, monsieur ;-) Loin des breloques hideuses de la Saint Valentin.

Photo: Les jardins du musée St Pierre sont en plein coeur de Lyon, juste au niveau de la place des Terreaux, pas loin de la fontaine, du crédit agricole, et des fastes prestigieux (?) de l'Hotel de ville. Visités, ce vendredi 13 février 2009. © Frb

mercredi, 11 février 2009

Les regrets

Du mercredi.

Et peut-être aussi des autres jours ...

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Là, une maison abandonnée, ici, quelques feuilles mortes, entre les deux un mur, et dans un coeur très délavé : "pour toujours", en anglais...

Photo: résonance éternelle sur la promenade d'un chemin buissonnier, en haut de la colline, (au lieu dit "les hauts de Saône"), vue un mercredi après midi de février 2009 à Lyon © Frb

jeudi, 05 février 2009

Ravissement près de la fontaine ( Part I )

dame d.jpg Une dame indolente, à peine voilée de plomb, accompagnée d'un douloureux enfant, siège discrètement entourée de chevaux, qui semblent livrer bataille mais contre quoi ? Le mystérieux contraste des genres (humains et animaux), happe le regard, tout autant que le bruit des flots gris de cette fontaine, la même que l'autre nuit, dite de BARTHOLDI. Sur cette place traversée d'allées et venues où l'oeuvre ne tourmente plus l'habitué des lieux, il y a comme un hiatus entre la dame et son milieu.

Photo: Fontaine de BARTHOLDI, vue à Lyon, place des Terreaux, un jeudi de février 2009, vers deux heures de l'après midi. © Frb

lundi, 02 février 2009

Comme un lundi

IMG_0155.JPGLe petit bus descend de la montagne en cahotant par les rues étroites des pentes de la Croix-Rousse à Lyon (Pouteau évidemment, entre autres !). Il a pour numéro le 6, et un joli Guignol à l'arrière train (qui sourit aux cyclistes) ce qui est un brin charmant quand, à l'arrière des bus (des gros) il y a plutôt à l'ordinaire des pubs du genre "optic machin" ou "burgerking". Mais le 6 n'est pas un gros bus, plutôt une voiturette marrante, une sorte "baby bus" qui est moitié moins long que les autres et jamais trop bondé. Enfin, je vous décris ça d'une bicyclette parce que je ne suis jamais montée dedans mais c'est un rêve que je caresse autant que celui de faire un tour de soucoupe volante sur un manège de la grande vogue. Tellement ce bus ne parait pas vrai, tellement il ressemble à un bus destiné aux sept nains ou au Petit Poucet...

Il y a quelques années, le 6 était encore plus beau, d'un modèle très ancien, (aujourd'hui, on dirait "vintage"), du style vieille dauphine, il paraissait encore moins vrai, comme sorti d'un vieux film français du genre de Julien Duvivier.  Enfin voilà... Le 6 est le poème du transport en commun lyonnais, il a, grâce à ce quelque chose en moins, un petit quelquechose en plus... Peut être pas pour ceux qui le prennent tous les lundis, mais pour ceux qui le suivent à vélo, (et qui ne sont pas pressés, parce que les pentes, quelque soit le véhicule c'est aussi délicat à descendre qu'à monter). Son allure de jouet, à peine grandeur nature nous ramène au monde du légo, au peuple de play mobil (que quelquepart nous sommes non ?) mais le bus est sérieux ... Et en plus il fonctionne dimanche et fêtes. Pour ceux qui ont testé, le voyage de l'intérieur, vos impressions sont évidemment les bienvenues...

Photo: Toujours rue Pouteau (la bien nommée) et s'apprêtant à tourner à droite le plus court bus de Lyon vu d'une bicyclette, ce lundi 02 Fevrier 2009. © Frb

vendredi, 23 janvier 2009

Journal d'une dame de pierre (extr.)

IMG_0055.JPG"Matin gris. Il va sûrement pleuvoir. Les génies dorment encore. Le kiosque à fleurs vient d'ouvrir. Le jardinier a taillé les arbres hier, d'une drôle de forme pyramidale. Personnellement je trouve ça affreux. Un monsieur passe avec son journal, il salue la dame d'Interflora. C'est très rare les messieurs qui saluent encore en ôtant leurs chapeaux. Personnellement je trouve ça très beau. Je ne sais pas si je me fais couler un bain, en fait, je ne sais pas dans quel bassin... Et s'il pleut c'est idiot. Je vais rester sur mon socle encore un moment, j'aime bien ces moments là. Le problème c'est ma robe, vraiment trop longue. Et quand les oiseaux viennent, ça me fait peur, je sursaute et j'ai peur de me prendre les pieds dedans et de tomber. Comme ma collègue, la Vénus. Et l'autre qui passe sa vie sur mon épaule. Je crois qu'il est amoureux de moi, il vient tous les jours, soit disant qu'il attend ses copains. Il est parti en éclaireur, enfin c'est ce qu'il m'a dit, et quand ses copains seront là, ils feront un grand rassemblement sur la colline d'où paraît il, on voit le jardin du Luxembourg ... C'est là bas qu'il ira avec ses copains. Peut-être qu'il ment ? Cette colline je ne l'ai jamais vue, ni aucun des deux fleuves. Je ne comprends pas trop ce qu'il veut dire par " jardin du Luxembourg" et je n'aime pas cette façon qu'il a de se coller à moi. Il faudrait que je lui explique qu'entre lui et moi c'est une histoire impossible mais j'ai peur de lui faire de la peine. Il est si jeune ! Tiens ! les génies se réveillent... Je vais laisser passer tous ces gens et puis j'irai faire chauffer de l'eau pour le thé."

Extr. du "Journal d'une dame de pierre". Editions "Statues de Minuit". 2008-2009.