samedi, 26 avril 2014
Sublimation
B. PERET meets SUNNS ou les correspondances imaginaires...
C'est le "Grand Désir" qui unit le Corps à l'Esprit, longtemps au-delà de l'union des corps dans "le petit désir" . Le "Grand Désir" enraciné dans la condition humaine, exprime cette tension de l'homme vers le bonheur total qu'il attend de la suppression de son déchirement, celle-ci ne devenant possible que si les causes en ont été découvertes. L'amour sublime seul satisfait ce "Grand Désir", alimenté et grandi par la satisfaction du "petit désir" charnel. La reconnaissance de l'universalité du désir, de sa signification cosmique - et de ses manifestations chez l'homme réclame à la fois sa sublimation et celle de l'objet de ce désir. Tandis qu'en dehors de l'amour sublime l'être humain - l'homme surtout - ne s'abandonne guère au désir que dans la mesure où il le ramène à son état le plus primitif, dans l'amour sublime les êtres saisis par son vertige n'aspirent qu'à se laisser emporter le plus loin possible de cet état. Le désir, tout en demeurant lié à la sexualité, se voit alors transfiguré. Il s'incorpore, en vue de son assouvissement, tous les bénéfices que sa sublimation antérieure, même la plus complète, lui avait procurés et qui provoquent sa nouvelle exaltation. Hors de l'amour sublime, la sublimation du désir entraîne en quelque sorte sa désincarnation puisque, pour obtenir satisfaction, il doit perdre de vue l'objet qui l'a suscité. Ainsi se maintient chez l'homme un état de dualité, à la faveur duquel la chair et l'esprit restent opposés. Au contraire dans l'amour sublime cette sublimation n'est possible que par le truchement de son objet charnel et tend à rétablir chez l'homme une cohésion inexistante auparavant. Le désir, dans l'amour sublime, loin de perdre de vue l'être de chair qui lui a donné naissance, tend donc, en définitive, à sexualiser l'univers.
BENJAMIN PERET: extrait "Le noyau de la comète", introduction à "l'Anthologie de l'amour sublime", Editions Albin Michel, 1956, p. 21-22, Oeuvres complètes, éditions José Corti, tome 7, p. 261, 262.
Photo : antagonismes / Ce clair-obscur objet du désir ...
Nuit en forêt / Frb © 2013.
23:55 | Lien permanent
mercredi, 23 avril 2014
Nature est découverte
Et à cet instant de triomphe sur sa lâcheté et son abattement [...] on voit sur le visage de l’individu à la peau en effet bien lustrée par les crèmes de soin et les compléments nutritionnels, s’esquisser l’ombre d’un sourire, l’air de dire en super-forme : "D’ailleurs, regardez-moi, ai-je le genre d’une pauvre créature aliénée ?" ; qu’il argumente en résumé : "si être libre c’est de vivre à sa guise, et si cette société me plaît après tout comme elle est, où est le problème ?".
BAUDOIN DE BODINAT in "La vie sur terre, réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes", extrait du tome 2, éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 1999.
Tout en haut de la ville. Un cube noir miroite comme un diamant solitaire. A sa base une antenne semble créer des images virtuelles ressemblant étrangement à des nuages.
C’est le pas dans le vide.
A moins d’une seconde de voyage entre le ciel et le sol, les spectateurs ont levé le yeux et contemplé le générateur de nuées durant un long quart d'heure, il n'ont rien vu mais ça leur plait.
Quelques lambeaux d'écume sur fond bleu pacifique, les spectateurs légèrement courbaturés à force de contempler en altitude, cèderont la place à d'autres qui font déjà la queue au guichet où pour 5 euros, un poète dans une guérite attaché sur deux planches récite le "bateau ivre", dans la position du naufragé, ce qui fait gagner au public une vingtaine d’étages en cumulonimbus depuis la moquette imitant à la perfection un gazon. Surpris, ils risquent un premier pas osé (mais prudent), vers l'infini.
Puis au son d'une sirène, ils s'écrasent sur la terre tout petits et sourient en se relevant comme ils peuvent, heureux de l'évasion, ils laissent place à une autre fournée de spectateurs, curieux, qui, pour deux euros de plus, se feront photographier à côté du poète naufragé.
Photo : Mon sucre le roi Merlin sur un manche à balai, générateur de clahoudes, avec l'aimable participation du Mars (musée d'art rude § sauvage) et l'aimable soutien de Guy Dubord, agitateur de poésie since 1973, et illustre PDG de la Scala de Vaise.
01:12 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, Ciels, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 12 avril 2014
L'aube et la nuit
S’épuiser à chercher le secret de la mort
fait fuir le temps entre les plates-bandes
des jardins qui frémissent
dans leurs fruits rouges
et dans leurs fleurs.
L’on sent notre corps qui se ruine
et pourtant sans trop de douleurs.
L’on se penche pour ramasser
quelque monnaie qui n’a plus cours
cependant que s’entendent au loin
des cris de fierté ou d’amour.
Le bruit fin des râteaux
s’accorde aux paysages
traversés par les soupirs
des arracheuses d’herbes folles.
JEAN FOLLAIN in "Exister", Gallimard, collection blanche, 1947
Le premier mouvement du printemps, une éclosion, surprise dans la fraîcheur de l'aube, jusqu'au profond silence de la nuit et ses hymnes, qui garde avec les fleurs, nos joies perdues, ce qu'il faut redouter, apaiser et enfouir...
Au jardin : © Frb 2014
mardi, 01 avril 2014
L'horizon
Un homme parle à des animaux, c’est-à-dire à des êtres sans réponse [...] Un homme parle à des animaux et ainsi il leur parle des choses dont on ne parle pas : de ce que nous vivons par exemple, quand nous sommes portés à nos extrêmes, écartelés, dans la plus grande obscurité et pas loin d’une lumière, sans mots et proches d’un dénouement.
Extr. présentation du "Discours aux animaux" de V. NOVARINA, publié chez P.O.L. en 1987
Lecteur, si tu veux faire une bonne action tu peux libérer des oiseaux en cliquant sur toutes les images.
Pour ceux qui ont loupé le début ils trouveront une sorte de résumé: ICI
Nota : J'ose espérer que le lecteur (adoré) aura la bonté de me pardonner la qualité quelque peu désolante de ces clichés, mais je n'ai pas de téléobjectif (envoyez vos dons !) et comme ce blog n'est pas un blog photographique, je ne vois pas pourquoi je ne vous montrerai pas (malgré tout), les oiseaux de notre presqu'île. C'est tellement rare de les approcher de si près. un jout, je tenterai, de vous ramener des galoupes, des aspireaux et peut-être deux ou trois pinsons... (Allain-Bougrain Dubourg sors de ce corps !)
Photos : Oiseaux rébarbatifs ou scènes de la vie d'un couple (?) d'oucardes tigrées, photographiées tout près de la mythique "Buvette St Antoine", sur le quai St Antoine à Lyon, après l'heure du marché, aux alentours de 14H00 du matin, en ce beau mois de Novembre :))
Lyon presqu'île © Frb 2010.
05:32 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent