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jeudi, 16 août 2012

Vitrailler (I)

Oh n'est-ce pas mon Christ, mieux valait l'esclavage,
Les terreurs et la lèpre et la mort sans linceul,
Et sous un ciel de plomb l'éternel Moyen-Age,
Avec la certitude au moins qu'on n'est pas seul !

Jules LAFORGUE, extr. "Certes ce siècle est grand !" in "Poésies complètes", (références incomplètes).

vitrail &.jpgLe temps allé, nos corps se trouvèrent suspendus, il fallait bien choisir entre le haut ou le bas. Nous sommes demeurés dans cette position indécise, un peu voûtés comme les  plafonds en voûte d'arêtes du petit édifice.

L'assemblée est debout, ramassée dans son cercle, elle sommeille.

Quand viendra l'heure de rentrer, il sera difficile de rejoindre les bruits. Entre la solitude et cette clameur là bas, il y a l'ombre d'un homme qui vient chercher la somme déposée dans les troncs, c'est la recette des cartes postales à cinquante centimes pièce. Il marche sur la pointe des pieds, il a fait le signe de croix, c'est une sorte de vicaire. Et toi tu vis de ça, du regard porté sur l'original au milieu des imitations, de l'envie allant au plus simple esquivant les complications de la vie ordinaire, elle aussi, a fini par te coller une lucarne dans l'oeil et tu t'enfuis là haut saisir les éclats de couleurs. La volonté de tout saisir a fait de toi un courant d'homme qui court et court sans cesse après quelque chose de nouveau, même si cette nouveauté reproduit avec précision un savoir millénaire, cela ne rencontrait pas ton rêve. Tu te promènes en touriste comme tout le monde. Un vitrail te sidère. Ta voix veut s'y loger.

A cette heure, tu devrais être avec les autres, sur la plage et tu ris de toi même, toi, le fauve à genoux, l'incrédule amusé qui s'en revient lustrer son corps sur cette pierre. Tu es tombé ici et tu tais ce hasard. Un voeu de Moyen-Âge traverse ton histoire. Tu t'es dit un instant qu'il serait temps peut-être, d'abandonner le reste, si tu le peux encore.

L'assemblée s'est tournée vers toi, elle met un doigt sur ta bouche, comme une seule émission elle te prie. La voix baisse c'est à peine, se taire, tu ne sais pas.

Tu croyais aux rictus de ces diables surgis des chapiteaux, et encore tu t'exclames, pour ce peu de silence...

Pourrais-tu leur reprendre ?

C'est le même rictus qu'autrefois. Ils t'intriguent ces vieux, avec le même dos rond qui passe en communion, quand ils baissaient les yeux à cause du jugement.

Ils t'effrayaient parfois, au delà de leur âge, il y avait autre chose. Tu n'as pas tout compris. Voulaient-ils te prévenir quand toi aussi un jour, tu marcherais voûté et monterais là haut ?

C'était inadmissible de semer la terreur dans l'esprit des enfants de faire d'eux des petits vieux avant l'heure. A présent l'assemblée ne te juge pas, elle rêve, entrée dans ses prières qui vont avec les pleurs et tout ceux que l'on pleure déjà nous pétrifient.

Tu aimes cette clarté du choeur et des travées contre l'obscurité du bas côté où le visage repeint de la Vierge-Marie semble attendre que l'on répare aussi l'enfant blotti contre les plis d'un voile cœruleum. La statue a été soigneusement inclinée derrière une pancarte qui demande une faveur : "prière de ne pas toucher / restauration en cours". 

Par l'allée principale les figurations de l'enfer ne te semblent pas plus sérieuses que ta tête quand elle sort de la nuit, ébouriffée, broyant dans une image une foule illuminée qui disait les messes basses et troublait ton sommeil. C'est comme au cinéma, ça tourne, ça se répète, ça rejoue d'autres scènes: les sentences arbitaires, l'improbable veau d'or... Un sacré beau désordre : il grouillait de bonhommes qui criaient au miracle, de gouailleuses parigottes s'entichaient d'un sauveur et Robert Le Vigan prenait son rôle à coeur,  dans la chair mortifiée d'un Jésus aberrant guidant un peuple élu qui ne peut s'y retrouver. Cette mémoire revient noire de monde...

Ils montent le long de la colline,
Chacun le front couvert d'épines...
Par centaines...

Toi, tu étais enfant, ces vieux jetaient au ciel les cailloux qu'ils trouvaient en chemin, ça leur faisait des têtes de perpétuels orphelins. Ils revenaient parfois ramper sous forme de bêtes, elles peuplaient les armoires dans la maison austère d'une cousine Charliendine ou d'une tatan chartraine. Les têtes de fouines glissaient sur des manteaux immenses qui ne sortaient que le dimanche. On te prenait la main. On t'emmenait à la messe. Tu trottais derrière eux. Tu aimais ces vitraux qui rappelaient les cubes ou les étoiles de mer avec ton imagination tantôt géométrique tantôt bercée de sphères. Déjà tu ne savais plus  comment faire pour choisir entre le haut, le bas. Le mieux eût été de demeurer toujours ainsi, pendu dans l'air...

Tu ris parce que ces vieux sont devenus d'hier. Ils ne te font plus peur à présent. Ils prient, ils pensent à eux. Ils se consolent entre eux. Ils ont peur des cailloux qui rouleront dans ta bouche, quand tu les chasseras. Ils savaient bien pourtant qu'au temps venu personne ne peut passer son tour. Ils croient que l'heure est proche, ça les hante, ces comètes, les pôles à la dérive, la barbarie, les guerres. C'est écrit dans le livre et même dans les vitraux, des genres d'apocalypse...

Tu contemples ces simples qui mettent des croix partout : aux chemins des calvaires, aux murs des crucifix...  tu ris un peu de tout, avec ta science qui pèse, ton jugement qui claque mais ne flambe pas les mitres. Viserais tu le haut avec tes rimes en raout ? Tu te crois tellement libre de savoir lier ton verbe à ces sortes de vrilles que tu finis aussi par mettre des croix partout : dans des cases, sur des plans sur les gens, sur le blanc, parfois sur tes amours, et ta bouche énumère comme ils faisaient hier, tout un tas de hantises. Tes images nous délivrent. Tes fidèles adoreront un jour ta face de chèvre. Nous te regardons rire sans savoir quoi penser, quoi tirer de nous mêmes. Pour apprécier pleinement la lumière du dehors entrée par les vitraux, peut-être faudrait-il nous crever les yeux puis en fabriquer de nouveaux qui ne soient pas tentés de nous refléter dans tes images.

Au milieu de l'allée, tu as ouvert un sac, tu as sorti des miniatures d'outils afin de mobiliser l'objectif sur ce noyau de vieux, tu les prends, tu les cadres, les traques et les mitrailles comme si tu désirais que l'image te révèle le verrou de leur Dieu. Le ciel t'appartiendrait. Tu nous libérerais avec cet air badin qui voit dans un vitrail, un produit idéal. Capturant l'éternel, tu pressens la tendance, le charme vaste et mystique de nos prochaines vacances. Cet air ne mange pas de pain, il multiplie les êtres postés en file indienne entre les cars multicolores et les modillons minuscules qui veillent sur le jardin de l'ancien presbytère. La place est pleine de monde espérant l'ouverture du choeur par un portail, une excursion bancale sur un rai de lumière. Comme il pèse à présent ce chant des vieux qui tardent dont le silence se perd encore dans la question.

What are you doing after the apocalypse ?

 

 

 

 

Photo : Récemment restauré par l'artiste Rachid ben Lahoucine, ce vitrail magnifique a été photographié en la petite église de Bois St Marie (voir billet suivant ou précédent ICI). Le rendu des couleurs du vitrail n'a pas été modifié par quelque procédé photographique, seuls les murs déjà très sombres de l'église ont été un peu assombris. Pour mieux voir vous pouvez cliquer sur l'image.

Là bas © Frb 2012

lundi, 22 août 2011

Topo d'ici ...

La toponymie n'a pas seulement pour but de retrouver l'étymologie des noms de lieux, les toponymes sont en effet des témoins précieux du passé et permettent à ce titre de reconstituer et l'histoire du peuplement et celle du paysage, qui lui est associée. Les noms de lieux-dits, par exemple, sont liés à la végétation d'une époque particulière et sont de ce fait les témoins d'une double histoire.

ALBERT DAUZAT, cité par MARIO ROSSI in "Les noms de lieux du Brionnais-Charolais", éditions Publibook-Université ou (EPU), 2004.

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Le ciel du soir est comme une aube d'été. Les récits des anciens ici, s'écoutent sans y penser, autour de grandes tables sous les arbres, l'apéro peut se prolonger longtemps et tard dans la soirée, ce sont eux, les anciens, qui illuminent par une mémoire parfois un peu romancée, les légendes minuscules, les faits divers  les  existences probables et improbables de ces gens dont on dit qu'ils étaient des "figures" le tout enrobé d'anecdotes dont il est difficile de vérifier l'authenticité. Les histoires sont allées de maison en maison, les vieux, ils les connaissent sur le bout de la langue, déclinées en patois plus ou moins fidèle à l'original, en français plus ou moins "arrangé". Par leur voix, on retiendra vaguement une liste, les noms des personnes qui ont existé, existent encore et la vie des familles ayant donné leur noms à des hameaux : "les Brancion", "les Desmurs", "les (nombreux) Corneloup" du village bienheureux de Saint Racho, (prononcer St Raco, que les gens d'ici abrègent oralement en "Saracco", et dont les habitants que ceux des villes environnantes appellaient pour "charrier" "les Saracottis"  sont simplement des St Rachois, St Rachoises), digression un instant pour préciser que si vous passez dans cette région, il faudrait visiter une ravissante chapelle érigée sur la montagne de Dun à St Racho (un endroit aux légendes merveilleuses). Cette chapelle est dédiée à l'evêque St Racho d'Autun (ou Rachonis ou Rognabertus) qui fût le premier Franc à occuper ce siège épiscopal, (ça vous donnera une petite idée de l'ancienneté des lieux).

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Certains hameaux portent aussi le nom des rivières locales : "La Genette" ou "La faux", (d'un mot "gaulois" signifiant "hêtre"), les noms des villages sont parfois ceux des arbres "Châtenay" par exemple (extension ancienne du mot "Châtaignier"), d'autres noms de lieux relatent les formes du relief vallonné, par exemple : "La pouge" (rampe, montée), de même le mot de "Brionnais" pourrait provenir du mot "Brie" signifiant "terre grasse et spongieuse". On pourrait parler des étangs, tous naturels qui occupent des creux ou vallons, la présence de l'eau est rappelée par quantité de toponymes : "La Saigne" (mot provenant du bas latin et signifiant "marais bourbeux"), "Le palluet" (du latin "Palus" signifiant "le marais"), "Les mouillières" ou plus explicite "Les étangs". Certains noms de lieux, ici, par leur origine celtique ou latine prouvent aussi l'ancienneté de la présence humaineEn ce qui concerne le Charolais et le Brionnais, (impossible d'aborder ce thème en détail car il faudrait je crois y consacrer un blog entier mais je ne peux m'empecher de citer et recommander vivement à ceux qui sont intéressés par ce sujet, l'ouvrage remarquable de Mr Mario Rossi éminent professeur, qui a pour titre  "Les Nom de lieux du Brionnais-Charolais - Témoins de l'histoire du peuplement et du paysage" (voir références plus haut sous notre photo).  Pour terminer sur le thème un peu élargi, on notera aussi que Mr Mario Rossi a désiré que les droits d'auteurs de ce livre soient affectés à la sauvegarde du patrimoine de Montceaux l'Etoile, dont l'église datant du XIIem siècle est absolument à visiter, surtout pour son portail sculpté datant de 1120-1125 (environ), qui représente l'Ascension du Christ dans une mandorle, qui tient dans sa main droite, le bois de sa croix, au milieu des Apôtres, entouré par deux anges. De source sûre, l'ayant vu de mes yeux, ce portail est considéré, à  juste titre comme un chef-d'œuvre de sculpture d'art roman, je suis un peu étonnée en fouillant dans les archives de CJ de ne pas retrouver un billet qui aurait pu vous le montrer je ne manquerai donc pas, (un certain jour) d'en reparler ; en attendant vous pourrez encore mieux l'admirer en grand format  ICI.

Je signale et recommande encore vivement un autre ouvrage tout à fait passionnant de Mr Mario Rossi, pour les gens qui sont intéressés par les dialectes, et l'étymologie ou plus généralement la langue, l'excellent "Dictionnaire étymologique et ethnologique des parlers brionnais"

Autre lien plus vaste, toponymique aussi, d'ouvrages très bien référencés :

http://jeantosti.com/noms/biblio.htm

A propos des noms de familles (et des évolutions juridiques de la généalogie)

http://www.guide-genealogie.com/guide/noms-famille-nouvel...

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Nota  : La balade peut encore se poursuivre (en mode lecture ultralight) il suffit de cliquer sur les images (pour ceux qui ont la flemme de lire le long topo, on aura tout prévu, c'est ti pas formidable ?)

Photos : parcours flêchés, et saisis à la volée, quelques noms de hameaux nabirosinais, photographiés au hasard d'une balade à vélo en chemins buissonniers.

Photos © Frb 2011.

mercredi, 12 août 2009

Page d'échos

"Sur les tablettes des cheminées ou des radiateurs (l'on considérera toutefois que la chaleur peut, à la longue, se révéler quelque peu nocive), entre deux fenêtres, dans l'embrasure d'une porte condamnée, sur les marches d'un escabeau de bibliothèque, rendant celui-ci impraticable (très chic, cf. Renan), sous une fenêtre, dans un meuble disposé en épi et séparant la pièce en deux parties (très chic, fait encore meilleur effet avec quelques plantes vertes)."

GEORGES PEREC : "Endroits d'une pièce où l'on peut disposer des livres" in "Penser Classer". Editions Seuil 2003.

modillon0195 BC.jpg

Peut-être l'image aurait-elle plus de sens au chapitre suivant : "Choses qui ne sont pas des livres et que l'on rencontre souvent dans les bibliothèques" avec les fleurs séchées, les verres à pieds, les pyrophores garnis et les photographies dans les cadres en laiton doré... Je laisse à son lecteur (pourvu de quelques rayonnages de livres), le bon soin de nous communiquer aimablement et s'il le souhaite, la liste de ses petites bimbeloteries personnelles que nous livrerons telles, à la planète et qui étofferont la liste des choses citées dans le beau livre de PEREC.

L'important étant l'ordre : celui-ci un brin monastique, après les livres fantastiques de la très grande bibliothèque de Vareilles (la TGBV), vous racontera que le modillon a quelquechose du livre (ça c'est moi qui rajoute) ou quelque chose de l'ornement sublimant le rayonnage. Quand la mode du Bouddha en série lassera, viendra celle du modillon-bougeoire et bourgeois, (en véritable cire d'abeille), trônant devant les livres de bête bégueule ou de Bralo, de Le Clézio, son lecteur (fin observateur;-) remarquera côté-déco que les plantes y trônent déjà, c'est un petit miracle dont je ne peux expliquer l'origine. (A moins que ce soit ces étranges et fameux choux boscomariens qui furent à l'origine du non moins fameux modillon, (qui du chou ? qui du modillon ?). Le roman est bien né de la rose, dit-on. Comme l'affirmait une dame défendant l'attachement obsessionnel (au modillon) de quelques fêlés archéologues médiévistes: "le modillon est une personne". Et je crois qu'elle avait raison. Mais on en sait trop peu sur l'histoire "du peuple menu des modillons" (sic). Cela vaut quelques précisions...

Le modillon roman est un bloc de pierre sculpté finement ou grossièrement, placé sous les corniches, et l'illusion d'optique pourrait même nous faire croire qu'il les supporte. Il relève de l'art populaire, illustre autant la vie courante que l'imaginaire médiéval le plus fantastique. Il peut être décoratif, (on revient à nos fleurs séchées), à motifs géométriques; ou plus figuratifs, végétal, animal etc...) La finesse ou la grossiéreté des figures dépend surtout des matériaux dont disposaient les sculpteurs jugés artistiquement naïfs et gauches mais qui ne manquaient pas de créativité, les plus riches ornementations furent ciselées dans le calcaire, les roches granitiques, volcaniques donnant une sculpture plus sévère. En l'absence de sources historiques laissées par les sculpteurs romans, on a déduit qu'il n'y avait pas de projet symbolique global émanant de ces modillons (n'a pas encore été trouvé le grand modillon d'Alexandrie ou de Babylone), pas de programme iconographique entier, comme on en découvre sur les tympans ou sur les chapiteaux médiévaux. Pourtant il semble que certains modillons considérés séparément ne soient pas sans message... On a souvent tendance devant un modillon, "à voir trop ou trop peu". Nul besoin d'être historien pour déceler dans ces sculptures, tous les efforts qu'accomplissait une société pour tenter de se raconter, se parfaire, et surtout perpétuer ses légendes.

Peut-être qu'un jour, sur quelque autre chemin roman, (si je le croise), je vous parlerai de "l'homme vert", ou bien faudra-t-il que j'accepte enfin, cette invitation en Dordogne (merci mon troll !) pour croquer ces masques feuillus d'époque romane, motifs que l'on  peut contempler partout en Europe, voire jusqu'à Istanbul. Il en existe datant du 2em siècle de notre ère, à Périgueux, avec des bonnets de feuillages comme dans les églises d'Espagne et, à L'église de Colombiers en France (datant du XIIes) où l'on peut admirer des têtes de personnages aux oreilles remplacées par des oisillons auxquels d'insolites oiseaux donnent la becquée. Peut-être chasserons-nous le feuillu jusqu'en Grande Bretagne, où il s'en trouve qu'on appelle bêtement "The Green man", figure déjà connue avant la Rome antique pour être le gardien des bois et l'Esprit des anciennes forêts. Il faudrait chercher à "masque feuillu" en France, peu étudié, la documentation est parfois fantaisiste, le plus souvent insuffisante...

Pour en revenir au modillon, on peut être parfois étonné de remarquer dans les motifs, certaines obscénités, voire des cruautés. Il ne faut pas oublier que quelques-unes de ces coutumes figurées remontent à des cérémonies païennes transformées par l'église en cérémonies "acceptables" pour les premiers chrétiens. Le modillon obscène représentait aussi, des personnages, (parfois religieux, ou architectes...) dans des postures dégradantes. Il semblerait qu'ils aient été conçus par esprit de vengeance à une époque où les ouvriers soi-disant payés à la pièce pouvaient aussi ne pas être payés du tout. Ainsi, les ouvriers n'ayant que ces pierres là pour exprimer leur rancoeur, pouvaient encore façonner à leur guise leur créditeur en le ridiculisant. Une fois que la pierre était posée à 15 ou 20M de hauteur, il était difficile de l'en déloger. Il y eût sans doute des modillons obscènes issus de quelques bonnes blagues de chantier comme à Chambonas en Ardèche l'un des modillons de l'église romane représente une belle paire de fesse, que des mains écartent pour afficher un anus sans défaut, (hélas pour vous, je n'ai pas d'image, tant pis ! hé hé !). Si la blague n'est pas historiquement prouvée, elle est assez probable. J'espère que nous trouverons matière à développer tous ces sujets, l'été prochain, si quelque épidémie de peste nouvelle ou autres démons bleus ne nous emportent pas.

Pour revenir au pays qui nous tient, il y a en cette merveilleuse petite Eglise de Bois- Ste-Marie, certains vestiges d'inspiration païenne (difficiles à photographier), comme ces modillons trop haut perchés. Celui qui ouvre cette page étant sage comme une image sainte, je refermerai ce billet sur la terrible figure d'un modillon moins catholique : on peut dire un démon. (Mais à Nevers, on a vu pire). On raconte qu'il mange les livres, qu'il ronge l'écran liquide, et qu'il transforme en pierre celui qui le regarde, (on vous aura prévenus). Sur cette pierre, (où reposera ton âme, ô lecteur adoré), je construirai une autre église ! (c'est ma folie en ce moment !), j'y scellerai des modillons et ainsi de suite... L'Histoire n'étant qu'éternel recommencement. A moins que par une flemme assez contemporaine, je sois tentée par le très bas, l'argent facile, qui consisterait à faire fabriquer à la chaîne, (en sous-traitance, bien sûr), des bougies-modillons, des cales-livres en balsa (merci Sophie K.) à simili têtes de dragons, et pourquoi pas ? des modillons un peu coquins en médaillons. Il ne me resterait plus qu'à les vendre (très cher) pour que vous en orniez vos rayonnages. Ainsi tirant par les cheveux mon petit homme vert jusqu'au bureau de tri de l'ami Perec, pourrais-je ajouter ces babioles à votre catalogue d'échos et tenter d'épuiser sous le poids de cette poussière nos esprits compactés du très haut au très bas. L'autre sens étant obsolète voire impensable...

modillon16.JPG

Maudits liens : http://chantecoucou.over-blog.com/article-28883031.html

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/09/15/co...

Photo 1 : Modillon à figure d'ange ou veilleur de troupeau et son chou (?) merveilleux quasi miraculeux vus sur la façade de l'église romane du village de Bois Ste Marie.

Photo 2  : Zoom sur un modillon végétal orné d'une tête de démon (?) ou d'animal (?). Mais je ne crois pas que ce soit "Green man". Vu à l'Eglise romane de Bois Ste Marie. Nabirosina. Août 2009. © Frb.

dimanche, 09 août 2009

Comme un dimanche

"Un peu après l'an Mil, il arriva que les basiliques furent reconstruites dans presque tout l'univers, et principalement en Italie et en Gaule. Bien que la plupart fussent très convenables et n'eussent à peu près besoin de rien, une grande émulation saisît chaque peuple chrétien de l'emporter sur l'autre en magnificence. On eût dit que le monde secouant et rejetant sa vieillesse, revêtait partout, la blanche parure (1) des églises"

RAOUL GLABER : Chroniqueur clunisien, XI em siècle.

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Sur la route des églises romanes en Nabirosina, se trouve une petite merveille dont la beauté (nul besoin d'être croyant), invite au recueillement. Personnellement, dès que je quitte la ville, c'est là que je retourne à pieds, pas les chemins buissonniers jusqu'au village de Bois Ste Marie, dont l'ancien nom "Sanctua Maria de Bosco", rappelle que ce petit bourg se trouvait autrefois dans une zone fortement boisée. Le nom de Bois Ste Marie, apparaît pour la première fois en 998 dans une charte du cartulaire de Cluny. A l'origine, il avait eu un prieuré de moines bénédictins, qui fût détruit au XVI em siècle lors des guerres de religions. A l'époque médiévale cette petite ville était entourée d'un rempart percé de trois portes. Bois Ste Marie, dont la population était plus importante qu'aujourd'hui était alors le siège d'une châtellenie royale et le centre d'un archiprêtré de 32 paroisses. Elle possédait une prévôté et un hôtel des monnaies (dont je vous montrerai le bâtiment un jour, puisque l'hôtel même, aujourd'hui ne se visite plus, hélas!).  L'endroit fût affecté par les ravages terribles de la part des Armagnacs en 1420, et des calvinistes en 1567. Concurrencée par le bourg voisin de La Clayette, à partir du XV em siècle, son rayonnement déclina peu à peu, seule l'église subsista, témoin de cette ancienne prospérité. Et quelle église ! (un véritable petit bijou), finement restaurée, une des plus belles églises de la région. Elle fût sauvée in extremis de la ruine au XIXem siècle, et restaurée de fond en comble par les soins de l'architecte MILLET disciple de VIOLLET-LE-DUC. Elle est classée monument historique depuis 1862.

L'été dernier déjà, et plus tard, hors saison je vous avais montré quelques vues de ce lieu admirable qui se trouve à moins de 100km de Lyon. Si vous passez par là, n'hésitez pas à visiter ce minuscule village qui n'a pas encore subi les affres du tourisme de masse. Les derniers commerces ont fermé, de même que le dernier bistrot. Ici, on ne rencontre presque personne. Il n'y pas de boulangerie, ni épicerie, pas de bureau de tabac, juste des vieux, des vieux partout qu'on ne voit pas... Et des pierres, vieilles aussi, qui semblent raconter toujours la même histoire, celle d'un Moyen-Age et de ses légendes, peuplées de chevaliers, d'anges et de démons. J'espère rester encore quelques jours dans cette région pour vous montrer l'intérieur de l'église, (s'il est possible), la lumière y est splendide mais difficile à saisir fidélement, au moins, vous montrer le déambulatoire ou les chapiteaux de la nef dont l'un cruel est fascinant (et je ne cesse d'en parler, c'est un comble !)  il a pour nom "Le châtiment du bavard".

A suivre peut être un certain jour...

(1) :Cette métaphore "cultissime" a subi au cours du temps quelques variations toujours liées à l'habit voire l'ornement, ici l'on traduit en "blanches parures des églises" ailleurs on trouve "la blanche robe", mais la métaphore la plus connue toujours attribuée au contesté Raoul GLABER est le fameux "blanc manteau d'églises". Si vous connaissez d'autres versions ayant trait à cette métaphore, n'hésitez pas à nous faire signe. Qui sait si certains jours ne fera pas un petit  nuancier autour de la phrase Glaberienne...

Photo: L'église romane de Bois Ste Marie du moins, une des façades que l'on peut apercevoir juste en arrivant dans le village. Vue d'une petite place qui sert à garer les autos, (celles-ci confiées à la garde indulgente d'une discrète Sainte Vierge cachée dans la verdure). Dimanche 09 Aôut 2009. © Frb.

dimanche, 14 septembre 2008

Comme un dimanche

" Ce qui est dit, couvre ce qui est tû "

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C'est promis, nous passerons cette fois sous silence, ou presque "la laïcité positive", encore une de ces perles dont seuls les théologiens de l'Eglise Uèmepienne ont le secret (inspirés sans doute par les théories de la chanteuse Lorie et par sa "Positive attitude"). Quand nous parlions de novlangue avec Saint Olivier, je crois que nous touchions déjà un petit sommet de cette Gaule de demain où flottent en toute décomplexion la corne et les pépites qui vont bon train labourer les terres du Seigneur avec l'oxymoron, voire le pléonasme ou la tautologie, comme évangiles de la nation et quelques Saints Patrons pour les chanter. Comme si (après nous, le shopping! ), la rupture tranquille, ("perle de chez perle") n'avait pas suffi. Alors peut être pour oublier, remonterons nous un peu le temps, aux alentours de l'an mille, cela nous permettra, comme le précise le père Victor(1), d'apprécier le génie humain, qui au Moyen âge, inscrivait dans la pierre, toute sa pensée. Cela nous distraira un brin, et me permettra de vous présenter peut -être un jour (un certain jour), mon "bestiaire intranquille" fait de dragons, de fauves et de monstres semi-humains qui eux au moins ne pêcheront pas leurs origines dans les tonitruants missels du showbiz-bling théologique.  CLICK

(1) cf: Victor HUGO dans le texte : "Au Moyen- âge, le génie humain n'a rien pensé d'important qu'il ne l'ait écrit dans la pierre".

Notre photo : Modillons supportant l'entablement des corniches sur le flanc sud de l'Eglise Romane d'Anzy le Duc ( Fin XIem s- début XIIem ). Deux figures sculptées à contempler éternellement...

Nycticorax, hydres et dragons...

"le vol noir du corbeau sur nos plaines, la langue de vipère, l'oeil de lynx, jeunes loups et blanches colombes, ma chatte, mon lapin..." Tout un bestiaire familier pénètre notre phraséologie quotidienne, abstrait, figé, sans valeur de référence, ou possédant encore une puissance d'image, il nous intègre dans un univers qui déguise l'homme sous une parure animale, nous place dans un univers zoomorphe expressif, plus directement lisible que nos  physionomies peintes au naturel. mais cela n'est pas nouveau.varenn-arconss-8.jpg

Le terme de bestiaire apparaît au début du XIIem siècle (On en trouve un premier exemple chez Philippe DE THAON)  CLICK . Le bestiaire désigne des ouvrages en prose ou en vers utilisant la description de certains animaux, réels ou légendaires, interprétés symboliquement, en vue d'un enseignement moral ou religieux, la moralisation se réduit à quelques grands thèmes répétés illustrant, les vertus chrétiennnes fondamentales, et  l'explication des mystères de l'incarnation et de la rédemption. Elle dépeint un monde manichéen, déchiré en permanence entre les forces antagonistes du bien et du mal, entre Jésus et le Démon. Les bestiaires moralisés latins se rattachent tous plus ou moins directement à une compilation alexandrine du IIem siècle le Physiologus, dont le nom désigne un auteur anonyme "le naturaliste". Très  tôt on a extrait du physiologus, un bestiaire consacré aux seuls animaux que l'on désigne communément sous le nom de "Bêtes" à savoir, animaux terrestres surtout, à quatre pattes ou serpents et quelques animaux marins. De la matière originelle subsistent cependant quelques fragments de lapidaire et de volucraire (ou traité consacré aux oiseaux). Aux animaux réels s'adjoignent aussi des animaux fabuleux comme l'hydre, le dragon ou la serre (poisson volant réputé pour éventrer les navires) ou encore la cultissime licorne.CHAPITO-AZD-nb.jpg

Dans le physiologus, comme dans les bestiaires médiévaux, la structure des articles est binaire : énoncé d'une "nature" de l'animal, signification religieuse ou morale de cette nature . Mais en réalité, il y a à chaque instant, imbrication de la description et de son explicitation symbolique. Du physiologus latin, Philippe DE THAON dans le premier tiers du XIIes donne le premier une version rimée, un peu fruste de plus de trois mille vers que l'on situe entre 1121 et 1135, le siècle suivant voit apparaître, la version en prose de Pierre de BEAUVAIS, (avant 1217), et les adaptations versifiées de Guillaume LE CLERC (1210 ou 1211) et de GERVAISE (première moitié du siècle). Vers le milieu du XIIIem s. un bestiaire original d'inspiration courtoise, systématisant ce qui ne se trouvait qu'en germe chez troubadours et trouvères introduit un renouvellement des règles de fonctionnement du symbolisme animal. Richard DE FOURNIVAL utilise les le systèmes de relations symboliques mis en oeuvre dans le bestiaire pour illustrer une philosophie  de la conquête amoureuse, présentée sous la fiction d'une aventure personnelle d'amour. Richard DE FOURNIVAL marque sa prédilection pour des animaux familiers humbles comme le grillon, le merle, la taupe, l'araignée, ou l'hirondelle ...mais  le bestiaire d'inspiration courtoise est une toute autre histoire, que nous aborderons peut-être un jour (un certain jour), quand nous croiserons sur notre chemin, un grillon, une taupe, une araignée ou tout simplement l'hirondelle. Sait on jamais...

Notes de lectures d'après : "Bestiaires du Moyen Âge" mis en français moderne par Gabriel BIANCIOTTO  Editions stock -1980-

F. MCCULLOCH "Medieval latin and French bestiaries, chapel Hill, univ. of N. Carolina Press -1960-

Photos : 1- Tympan du portail latéral sud de l'église de Varenne L'arconce dans le Brionnais, représentant l'agneau de Dieu
2- Un chapiteau sculpté parmi les 40 que l'on peut voir en l'Eglise romane paroissiale d'Anzy le Duc, toujours dans le Brionnais.

samedi, 09 août 2008

Intérieurs / Exterieurs

clocher-oct-partiel-azd.jpgL'Eglise Romane d'Anzy le Duc située en Saône et Loire a été construite à la fin du XIem et au début du XIIem siècle. Son clocher octogonal à trois étages qui s'élève au dessus de la nef est un des plus beaux de Bourgogne. L'édifice est simple et quelque soit les convictions du promeneur(croyant ou non), la sérénité des lieux,  l'impression d'harmonie, de belle tranquillité, s'impose, tandis que le regard est attiré vers le haut, sinon vers Dieu, mais juste là, où le cycle naturel, immuable des choses dépasse l'être, invite au silence ... Les pierres de calcaires jaunes se détachent  en particulier dans la lumière d'été. J'espère un jour les revoir au soleil couchant, pour vous en ramener des images... L'architecture est telle qu'à l'extérieur, on peut deviner l'agencement intérieur... De loin, la tour octogonale se détache, au milieu du paysage modelé en légère dunes verdoyantes. Dans cette atmosphère recueillie, au pied de la colline, goûtant à l'éternel présent, loin des siècles passés et des Saintes oeuvres d'Hugues de Poitiers, les boeufs Charollais mâchent leur herbe, sans répit, posant quelquefois un bon regard idiot sur le pieux édifice...

samedi, 02 août 2008

Loin des bruits

Rendons grâce au vitrail qui a été photographié en l'Eglise D'Anzy-le-Duc, par un bel après midi d'été, dans un village complètement désert, loin du bruit, des agitations ...

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Du malheur ...

« Il n'est rien à quoi communément les hommes soient plus tendres qu'à donner voix à leurs opinions : où le moyen ordinaire nous fait défaut, nous y ajoutons le commandement, la force, le fer et le feu. Il y a du malheur d'en être là, que la meilleur touche de la vérité, ce soit la multitude des croyants en une presse où les fous surpassent de tant les sages en nombres... »

MONTAIGNE: Extr: "Les Essais" (Livre III, Chapitre XI)

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vendredi, 01 août 2008

Art Roman, Art Monastique

"Après l'An Mille, le monde se couvrît d'une blanche robe d'églises" Raoul Glaber


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On a cru longtemps que la joie d'avoir franchi cette année fatidique qui devait être celle des derniers jours du monde était à l'origine de cet élan créateur mais nous savons aujourd'hui que les prétendues terreurs de l'an 1000 n'arrêtèrent aucune entreprise et que des églises se construisirent les dernières années du Xem Siècle. C'est aux moines et à leurs abbés qu'il faut attribuer ce sublime renouveau de l'architecture et des arts qui l'accompagnaient .
Depuis les temps mérovingiens jusqu'au milieu du XII siècle ,il n'y eût pas d'autre école d'art que les monastères. Si les artistes de ce temps n'appartiennent pas tous à l'ordre monastique, c'est dans les monastères qu'ils étaient formés.
Le monastère bénédictin était un monde qui se suffisait à lui même, tout y était ordonné avec un art savant.
Tous les arts,toutes les sciences qui avaient pu être sauvés s'enseignaient dans l'Abbaye à l'abri de ses fortes murailles .
Au dehors, commençait la barbarie.
L'abbaye apparaissait aux moines comme un lieu de sécurité profonde, comme un port aussi; et l'on donnait à ces lieux, des noms inspirant une forte impression de paix: Bonport, Beaulieu, Charlieu ...ruines-cisteriennes.jpg

jeudi, 31 juillet 2008

L'église de Bois Sainte Marie

face-romane-0.jpgLe nom du village de Bois Sainte Marie apparaît pour la première fois en 998. Le village fût dévasté  par les Armagnacs en 1420 et par les Calvinistes en 1567 et connut alors la décadence.
L'église se trouva en pitoyable état après les dommages subis en 1567 mais aucune restauration importante ne fût entreprise avant le XIX em siècle. Grâce à la générosité de Mme de Rocca, des travaux de restauration purent commencer et être menés à bien de 1849 à 1854.
Le mur septentrional fût refait ainsi que celui du déambulatoire, les voûtes,la toiture et les piliers furent repris, plusieurs chapiteaux de nouveau sculptés.
Un nouveau perron et la tour d'accès au clocher furent construits.
La croisée de transept est couverte d'une coupole octogonale. la nef principale est voûtée en berceau brisé sur arcs doubleaux et éclairée directement par des fenêtres en plein cintre, les collatéraux sont voûtés d'arêtes sur doubleaux. La plupart des chapiteaux du transept et de la nef sont d'un signe évolué et datent du XIIe siècle. J'espère que nous pourrons vous montrer bientôt l'intérieur de cette église avec ses chapiteaux parfois inquiétants et je vous donnerai une vue plus générale de ce village étrange  qui fût plus récemment habité d'orphelins (orphelinat aujourd'hui remplacé par un asile de vieillards)

Le silence cache aussi d'inavouables fantômes...

mercredi, 30 juillet 2008

Comme un mercredi

prisons.jpg "Voir sans être vu", comme le rêvait  monsieur Epistolaire ( lire les commentaires)...  Dans la tour cernée de murailles aux pierres dorées, caressantes ...

C'est aussi sur le blog "EPISTOLAIRE" que vous découvrirez un beau billet fort en thème à propos de l'Ecclésiaste (et de Montaigne) à goûter simplement, pour le plaisir du doute ...

Ici, Nous ne sommes pas dans la tour du précédent billet, mais à l'intérieur d'un édifice tout aussi Roman d'où il est agréable de regarder filer les nuages entre les barreaux d'une cage presque adorée...dont nous sortirons presque indemnes...Le plus beau restant à venir...

mardi, 29 juillet 2008

Péché Originel

eche-originelazd-prieure.jpgFragment de décor sculpté, du portail du prieuré d'Anzy-Le-duc, la scène évoquée d'une manière beaucoup plus rudimentaire que sur le tympan du portail occidental, représente ici le péché originel, à bien y regarder ,"le mal" vient d'être consommé. L'ensemble du décor sculpté raconte l'histoire du salut de l'humanité.

Prieuré

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Photographié à Anzy le Duc, le Prieuré et sa façade massive datant de l'âge roman, renvoyant toujours au soleil la couleur sublime de ces pierres qui ont résisté aux siècles. Non loin de là, une des plus belles églises romanes de France , l'Eglise d'Anzy le Duc présente un portail, avec un tympan magnifique que je vous montrerai au premier CLICK...

dimanche, 27 juillet 2008

Comme un dimanche

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