Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 02 juin 2015

Refuges

La bonne heure, si il en reste sur cette terre, elle est dans la patience de l’arbre qui n’a pas d’intestin et qui souvent inquiète l’homme, ce sale animal qui a tant de besoins.

CHOMO (alias Roger-Edmond Chomeaux)

refuges,chomo

Dans les bois d’Achères, Roger-Edmond Chomeaux alias Chomo (1907-1999) fils d'un marchand d'articles de pêche, et digne héritier d'une tante spirite, a imaginé et bâti des constructions étranges pour abriter le peuple de ses sculptures. Chomo le solitaire perdu en Seine et Marne, initiateur d'une forêt préludienne avait écrit le parcours de son domaine qui s'ouvrait par ces quelques mots, simples et grinçants:

Vous qui entrez ici, vous n'êtes pas certains d'en sortir.

Des petites phrases de ce genre, orthographiées phonétiquement, Chomo en parsema au coeur de son domaine où se trouvaient, ses sculptures et ses bâtiments étiquetés "Art Brut"Chomo, lui s'est autoproclamé (à juste titre) l'inventeur d'un environnement dévoué au vivant en toutes ses formes d'enchantements, qu'il baptisa "Art préludien". Depuis la disparition de l'artiste, la forêt s'en est peu à peu retournée au silence, du moins elle a perdu les petites phrases manuscrites disposées en ces nombreux chemins, où l'on trouvait parfois de naïfs questionnements tel celui-ci (retranscrit ici en orthographe "normale"):

Quelle empreinte auras-tu laissé sur la terre pour que ton Dieu soit content ?

Les descendants de Chomo ont aujourd'hui rangé à l'abri de multiples sculptures afin qu'elles ne soient ni volées, ni dégradées, il reste encore à voir trois lieux dont les noms ouvrent à la délectation de cet étrange royaume: "Le sanctuaire des bois brûlés", "l'Eglise des pauvres""Le refuge". Tous, sont des témoignages de quarante ans d'un ouvrage jouissif et patient, érigé en proposition de vie. L'ordinaire de Chomo c'est la transmutation du lien précieux avec les éléments qui rendent à l'environnement sa part de magie initiale, et peut-être émettront longtemps plus tard (avec notre permission) de fines ou dérisoires lueurs de paradis perdu.

Chomo n'était pas un artiste d'art brut comme certains inspirés de visions sublimes dictées par la folie, au contraire très conscient de ce qu'était le monde de l'art, Chomo avait appris, il avait acquis une formation rigoureuse à l'école des beaux arts de Paris, raflant les premiers prix de sculpture, il avait même gagné sa croûte (si j'ose dire) assez bien au début de sa vie en taillant des pierres tombales, conseillant la clientèle dans une maison de laine, dessinant des tapis etc, il fût aussi très marqué par la guerre qui l'emporta en Pologne où emprisonné au stalag il revint par miracle, avec quelques dessins très rares. Son oeuvre, "le sanctuaire des bois brûlés" porte sans doute cette mémoire d'un jour affreux où Chomo avait vu un camion rempli de soldats carbonisés au napalm.

Dans les 60's, Chomo exposa à Paris et il fût remarqué par des artistes reconnus prêts à le promouvoir, Jean Cocteau (que Chomo injuria copieusement), S. Dali, A. Breton, H. Michaux (lequel, dit-on, entendit Chomo lui dire en style-Chomo, qu'il "puait le cadavre"), Anaïs Nin, et Picasso furent eux aussi enthousiastes devant les oeuvres de Chomo qui n'avait rien à faire de voir des artistes confirmés lui assurer que ses oeuvres pourraient connaître un grand succès, Chomo envoya tout balader la promo future, le beau relationnel, y compris les acheteurs, il ruina volontairement les négociations les plus prometteuses, fit annuler les ventes, son premier et dernier galeriste Jean Camion rapporte les réactions spontanées de Chomo qui observait d'un oeil extra-lucide le commerce et les ronds et jambes du petit monde de l'art engueulant son galeriste. Extrait pas piqué des hannetons:

 - Nom de Dieu, Camion, tu fais le marchand de fromages ? Foutez-moi le camp, Monsieur !

Voilà, ça c'est Chomo, lequel dans la foulée virera une prestigieuse Rothschild, mécène de la galerie qui aurait bien voulu lui acheter cinquante dessins. Ces vives réfutations certes facétieuses n'étaient pas de ces poses d'artistes qui font un coup d'éclat publiquement pour jouir d'un statut singulier ou sur quelque posture ou impostures exposées insolentes y engraissent les tirelires et la réputation ; d'autre part, le "statut" d'artiste maudit, quelque statut tout court, était le dernier des soucis de Chomo, cette histoire de classement ne l'intéressait pas, (et nous non plus). Chomo était un homme libre et entendait simplement le rester toute sa vie pour combler son désir, rien qu'oeuvrer à sa guise, et cela d'une façon irréductible, il se posa très vite contre l'institution en balançant ses phrases, il se montra constamment scandalisé que des collectionneurs souhaitent encore acheter ses ouvrages, il pestait, un éclat noir dans les yeux, une démarche nerveuse, grand corps sec, élégant dans son genre, Chomo n'avait pas besoin des critiques pour mener son royaume. Il n'était pas, non plus un ermite coupé de toute humanité, au contraire il accueillait les gens très bien, qui parfois le week end, visitaient son antre fantastique, s'il faut entendre par antre ce qui plus certainement s'appelle "une forêt". Mais si Chomo paraissait fou, ses idées ont toujours été bien précises quant aux fonctions de la création artistique:

L'art n'est pas fait pour être vendu

on ne vend pas ses prières,

une femme ne vend pas ses enfants.

Artiste d'art brut, ou simplement artiste pur (sans notion de puritanisme, of course) Chomo l'était à part entière pour ce désintéressement total au commerce, son tempérament artistique était irréductible d'une nature avec laquelle il créait ses merveilles, là, où d'autres se lamentent des laideurs de ce monde Chomo l'embellissait, en créant du nouveau, il désirait oeuvrer selon ses rites ancien, en symbiose avec les éléments, il voulait honorer la matière et tous les arts possibles créer son écriture, ouvrir d'autres univers à partir des rejets, écolo avant l'heure Chomo ne cessait de recycler, il désirait aussi se "décrotter des académismes", se faire initiateur de son art préludien sans trop de manuels théoriques il partageait aussi ses dons de guérisseur, Chomo à temps perdu soignait quelques voisins, il avait appris sérieusement ces bienfaits, et s'était passionné de chamanisme avec sa bonne tatan spirite.

Las des remous de la ville, des galeries et de la bienséance, il partit s'installer dans une bicoque au milieu des arbres, du côté de Fontainebleau, où sa femme possédait un terrain, en 1964, il créa un centre total d'art préludien aidé d'un voisin ingénieur en bâtiment, en 1966 Chomo décida de ne plus retourner à Paris, il passa son premier hiver dans la forêt, récupéra encore des objets et des matériaux sur les décharges, fit fondre des plastiques, en fût intoxiqué, et malgré quelques vives réticences alentour, il érigea un sanctuaire afin d'abriter ses sculptures sur un modèle d'anciennes maisons à colombages à l'aide de matériaux de récupération. Dans les murs Chomo sertissait des tessons, il imagina des vitraux où le soleil de sa forêt éclairait l'intérieur de reflets fantastiques, il édifia une église des pauvres ornée d'une rosace de fortune logeant des personnages bras en croix réalisés avec des bouts de verre recyclés, puis il créa "Le refuge", qui ressemblait à un navire échoué en forêt, il glana des tambours de machine à laver et sur le toit agença des capots d'automobiles.

Ici, en son refuge, les visiteurs du samedi et dimanche achevaient leur balade gaiement autour d'un pot voilà encore Chomo offrant l'hydromel (Hudromeli ou eau de miel en Grec) inspiré de ses abeilles car au delà de l'amour que Chomo vouait à ses ruches, l'hydromel n'est sans doute pas un choix si hasardeux. Pour piqûre de rappel, on sait que l'hydromel fût l'une des toutes premières boissons alcoolisées que l'homme ait bu sur terre. Chez les romains, le miel venait du paradis sous forme de rosée que les abeilles collectaient sur les fleurs, de même, dans le paradis celte coulait une rivière d'hydro­mel, enfin souvenons nous que les Walkyries remplissaient les cornes d'hydromel, durant le festin des dieux et les dieux- au pluriel- sont aussi chers à Chomo que l'humanité merveilleuse qui émane de ses oeuvres. L'artiste outré par le consumérisme vécut donc selon ses purs souhaits dans un dénuement absolu, et par ses dons de guérisseur, confectionnait des pansements au miel à ceux qui en avaient besoin, les abeilles l'aimaient bien semble-t-il, le galeriste (Roger Camion, toujours) mentionne dans le catalogue de l'exposition de la Halle Saint-Pierre ce jour de rite initiatique, où, la tête plongée dans une ruche, il entendait Chomo murmurer à ses insectes :

Zzzzzzz... Mes chéries, ne piquez pas mon ami Jean Camion, ne le piquez pas, soyez sages ! Zzzzzz...

Si les arbres morts et les matériaux de récupération entre les mains de Chomo semblent habités d'esprits, c'est que l'homme libre au milieu de ses arbres - verts, secs, humides, ou brûlés - avait trouvé pour vivre une seule planche de salut acceptable: le rêve, nourri de ces présences, merveilleuses, fantastiques ou troublantes, Chomo encore aujourd'hui laisse à ses visiteurs, de quoi fouiller "ses mondes", de quoi inspirer le désir d'en poursuivre les sentiers de diverses façons, afin de préserver la force de réaliser sur la terre ce qui sied à la fantaisie humaine. Laissant affluer pour de vrai son "prélude", Chomo restituait aux visiteurs la capacité d'en saisir l'évidence, il devait la traduire avec des mots très simples, qui toujours s'accordaient aux actions, de quoi donner à nos pavanes une joyeuse paire de claques. Ceci n'est pas une conclusion, je cite:

Je ne crée pas pour vendre. Je crée pour m’étonner.

 

 

Sites sur le thème:

l'incontournable mine: 

http://animulavagula.hautetfort.com/archive/2009/09/13/ch...

+ un détour au plus près de Chomo, par celui qui fût à la fois son ami et par ses écrits, un passeur idéal pour faire découvrir l'art préludien à beaucoup de gens qui en revinrent émerveillés, (et, j'en suis, grand merci à mister Danchin) à lire ci-dessous un entretien de Chomo avec Laurent Danchin, pour ne pas oublier qu'il est aussi le correspondant français de l'excellente revue "Raw vision", je relie ci-dessous un fragment d'entretien qui vaut vraiment le détour.

http://www.mycelium-fr.com/#/chomo-un-reve-2/3727863

 

Photo : au refuge de 'mes bois", pas tous brûlés, ou pas encore...

Là-bas © Frb 2015

mardi, 20 mai 2014

Cloudscape

Qu'est-ce qui fait qu'il est parfois difficile de déterminer dans quelle direction nous allons marcher ? Je crois qu'il y a un magnétisme subtil dans la Nature qui, si nous y cédons inconsciemment, nous indique la bonne direction. Il n'est pas indifférent pour nous de savoir quel chemin nous empruntons. Il y a un bon chemin, mais nous sommes très assujettis à l'insouciance et à la stupidité, et nous sommes enclins à emprunter le mauvais. Nous emprunterions volontiers ce chemin que nous n'avons encore jamais emprunté dans ce monde réel, qui soit parfaitement symbolique du chemin que nous aimons suivre dans le monde intérieur et idéal ; et parfois, pas de doute que nous trouvions difficile de choisir notre direction, parce qu'elle n'existe pas encore distinctement dans notre esprit.

cloudscape,marcher,henry david thoreau,de la marche,errance,respirer,hasard,domination,parler,règner,lâcher,paradigme,questions,flottement,directions,chemins,choisir,idéal,compulsions,flou,respiration,nuages,traces,anticipation,conquêtes,attendre,échouer,certitudes,doute,inattendu

  

Photo: des pas perdus.

 

St Clair © Frb 2013

samedi, 10 novembre 2012

Vers l'idéal...

L’avenir n’est pas encore venu, le passé est déjà bien loin [...]

Il me plaît de marcher de travers ne gêne pas mes pieds. C’est le moment de laisser faire.

ZHUANG ZI : "Oeuvre de Tchouang-Zeu"

interlude,saison,le répit,laisser faire,marcher,s'éloigner,distance,lazy river,léon redbone,indice,marcheurs,fleuve,hommes,cygnes,rives,berges,lyon,rhône novembre,partir,chemins,phenix,et d'aventures,le large,humanités,errances,paresses

 

Adage : Quand les hommes s'en retournent au pays des Anatidés, ça veut dire que l'hiver ne va pas tarder

Bonus : L'affirmation du jour se multipliera sous l'image et la métamorphose sera presque achevée...

Photo : Saisir à la volée du haut (pas trop) d'une falaise lyonnaise (?) une pêche miraculeuse sur les berges du Mississipi qui ressemblent (étrangement ?) à celles de la Saône, par endroits...

 

Mississipi ou presque © Frb 2012

mardi, 06 novembre 2012

Panier (by HK/RL)

"Je les vois se dorer ventre à l'air vos chanterelles d'abord dans une petite mousse grosnienne émeraude bordée de feuilles de chênes ocres puis bercées dans votre panier d'osier"

écrivez vous dans votre commentaire

d'où la photo ci-jointe pour vous prouver que votre "vision" est très exacte (retour d'une longue balade-cueillette en forêt des Trois Monts)"

HK/RL: extrait d'une correspondance automnale et gourmande, (ce n'est pas la première). Vous pouvez  retrouver LR chez nos amis de Lieux dits (en ouvrant la fenêtre) ou vous pouvez rester ici en offrant votre corps et votre âme à ce divin panier pour en jouir sans entraves.

RIMG0002.jpgRIMG0003.jpg

 

 


podcast

 

 

Musique: A very special dédicace to HK/LR, de correspondance en correspondances: John Cage était aussi un fin mycologue allumé par l'art des cueillettes il s'est tôt aperçu que "Music" et "Mushroom" se  touchent dans plus d'un dictionnaire. Ci-dessus, un extrait de  "Mushroom Haïku, excerpt from Silence".

 

Photos: Un panier de chanterelles et des parfums boisés, pour un monde attachant où l'or croît au grand air, se cueille à pleines brassées puis s'attache à nos lèvres. De quoi  passer l'hiver très loin du CAC 40  dans la délectation insolente des plaisirs simples et gais, à humer sans vergogne un  petit vin de région.  Le cueilleur de champis (qui est aussi un marcheur, chercheur patient et silencieux), pourrait  bien se laisser tenter au retour par un de ces Chinon de 10 ans d'âge, un salaire sans la peur,  dans le crépitement  des fricassées, nous lèverons nos verres à la terre, tant qu'elle tourne,  (comme un plat de chanterelles), et trinquerons au tableau merveilleux qu'on pourrait appeler "le repos du  cueilleur". Et ce n'est qu'un début...

 

from the Grosne's-Land © HK/RL 2012.

dimanche, 30 septembre 2012

Les errances du modèle (I)

Je suis vague comme la mer ; je flotte comme si je ne savais où m'arrêter.

LAO-TSEU, extr. Livre I -XX, in "Tao Tö King" (ou Tao Te king ou  Tao Teh Ching) "Le livre de la voie de la vertu", traduit par Stanislas Julien à découvrir intégralement ICI

affairist.JPG

 Il allège, il s'abrège, il marche sur les sentines embaumées d'aromates, il prend le large saute la haie une feuille de houx sur les lèvres il marche pour un appeau affine les frontières il marche entre les phares il marche à pas chassés il marche sur ses collègues.

Il marche pour des sommets, il marche sans s'arrêter un fleuve hante son geste même s'il ne paraît pas demeurer sur la rive même s'il paraît s'y perdre il marche dans un musée il part à la recherche d'un secrétaire perpétuel.

Il marche sur des falaises pour le bruit du ressac troublé de vents contraires poussé par la galerne contemple les traînières il marche sur des ressorts pour voir bouger le nerf dans les filets de pêche de cent mugilidés.

Il a dit : "je serai l'homme qui marche" qui titube et perd pied il s'éloigne il arrache ses racines les disperse autrepart il marche sur des quais par les rues encombrées sa marche est inventaire il passe entre les creux d'un lit prisant les feux ou fragmente son verre contre un cri de colère brisant les rondes aimables puis il se radoucit.

Il prend sur lui la pluie les brumes et la tempête il marche dans l'oeil pugnace qui le prend pour un autre il contourne le rire de ces foules les bourrades il marche loin de ces langues qui morcellent le jour tenant encore l'injure pour une délivrance.

Il marche fuit les truelles les engins à chenilles  vibrantes et compactées qui tourmentent l'univers l'entaillent le plissent l'emboutissent il marche jusqu'à ces temples qui cimentent le ciel avec la terre  il marche pour se défaire des torchis de leurs guerres il tourne les talons à ces pieds alignés caressant les moquettes au salon.

Il marche dans la salle à manger dans la chambre dans un hall il marche dans la cuisine à la recherche d'un paquet de chips il marche près des buvettes au milieu des canettes il marche sur les franges des rideaux d'un hôtel et sur les perles roses d'une fille menée par le tempo il marche près des massifs des jardins impériaux il porte à son blason un céleste vitrail marche dans sa lumière

Il marche pour le présent grisé par la promesse "du petit bout de chemin ensemble" il marche de la vie contre la mort pipant en travers elle avant qu'elle le reprenne il marche solitaire dans la blessure la mort de l'autre qui le fera payer courir rire et pleurer il marche sans retenir ceux qui lui portaient peine et ceux qui l'ont aimé ou l'aimeront à nouveau il marche dans sa reine sous un dôme de trois cent quatre vingt quinze mètres il marche sur des fossiles marche comme on se relève d'un sommeil troublé par des monstres aux poumons secs cousus de gueules avides transpirantes.

Il marche dans un tunnel juste après l'accident marche comme un enfant que le premier pas émerveille il marche dans un couloir entre deux infirmières.

Il marche dans la combine marche avec ceux qui règnent marche à pas d'échassiers il marche sur un autel il marche de Bellême à Couronne, dans la forêt d'Ecouves pour voir un éperon rocheux repartir aussitôt il marche pour le schiste bitumineux il marche dans la question qui tournera longtemps il marche devant tout le monde pour se poser devant un drôle de monochrome la marche pourrait cesser ici. Pourtant.

Il marche sous des voûtes gardées par une fraternité d'hommes qui doutent il marche sur des prières qui redresseraient son corps s'il les savait par coeur il marche pour fuir cela il marche une pochette en carton sous le bras jusqu'à la librairie de la rue de Belfort il marche comme un soldat au delà des fossés trop larges il marche entre les arcades d'une cité universitaire rêvant de perdre la parole marche pour disparaître voudrait réapparaître là où on ne l'attend pas il marche il aimera ses arpents plus que le soleil.

Il marche au bras des égouttiers qui ronronnent sur la ville en roulant des salives aux reflets d'arc en ciel il marche sur une route il marche comme Gulliver il marche sur des plages par les cours d'eau tranquilles foulant des coquillages, à l'affût des sirènes. Il marche pour ces naufrages qui n'en n'ont jamais l'air il marche contre l'aisance pour l'exception qui passe ne s'efface pas ne sait promettre promet effacera il marche loin des cloisons cerclées de minimoog il marche chez les pop dans les pipes et la poudre.

Il marche pour revoir les contrées que l'été n'a pas pu assécher il marche pour approcher ce qui ne peut se dire il marche sur des pays qui se détruisent dès lors qu'on les traverse il marche contre ce mot roulant dans les tranchées jusqu'aux plis de la paume qui caresse en secret des marges infrangibles.

Il marche sur l'Espagne et ses auberges tristes il marche aux côtés d'un ami insolvable et cupide il marche sur des croustines beurrées avec amour il marche dans sa meurette portant son CV d'homme-sandwitch  tourne autour d'un bordel avec des idées noires.

Il marche vers la mer crachant des étincelles tire son char jusqu'aux digues où se meurent les hétérocères il marche pour des sauteries arrangées de cocktails il marche pour le champagne il marche dans ces pailles aspirant les framboises et le jus des sanguines marche au mât de cocagne marche cherchant son île percée par des soleils empestés de furies il marche sur l'eternit marche comme la souris chassait entre les huis d'une geôle le mauvais rêve

Il marche derrière l'amour comme l'agneau s'abreuvait aux lèvres de la petite il marche dans la fontaine marche pour la rouquine qui se perd dans la foule marche pour une fausse blonde vêtue comme une tigresse marche pour une brune sympa qui tapine en Lancia il marche pour une princesse découvrant sous son pois des mires délicieuses il marche les yeux fermés il marche entre les bornes kilométriques tramant l'attaque d'un train de marchandises.

Il marche sur un passage sans ménager son âge il marche de l'impasse aux sentiers à l'aguet de la menthe du thym de l'aubépine il marche à la campagne dans la laine jonquille des épervières en cyme.

Il marche sur l'ardeur comme un faisan blessé perd ses plumes dans ces baies goûte la mûre cède au buisson entier marche sur les bouquets fanés entre les tombes s'y dore près de ce père qui lui apprenait à marcher il marche bercé par le son brut d'une locomotive dans la prospérité des fleurs des plantes des animaux il marche par ces travées pour y faire l'inventaire de ceux qui marcheront sans but il marche sur des tisons battant l'air à brûler un fourneau de miel de bleuet dans sa pipe il marche dans les billettes et les goussets d'azur il marche comme s'il pouvait marcher sur le déluge naviguer dans la terre sur des patins d'osier.

Il marche dans la tête une pointe de plomb fixée sur la verticale épurée d'un plan de monastère
, il marche sur l'histoire il marche sur ses ancêtres et tandis 
qu'il s'allège marche pour confirmer la dispersion il marche pour qui l'approche participe au mouvement céleste, ainsi le verrait-on inexplicablement marcher dans les nuages.

Il marche déjouant la durée il marche comme un page au guet des servitudes marche pour l'approbation marche chemin faisant il marche brouillant ses traces marche en petits fragments détachés parmi d'autres peut-être semblables  
il marche comme l'ange tombé hier de son balcon anônnait un chapelet de prières glossolales il marche jusqu'au péage rêvant d'épargner ses forces vitales pour marcher au delà marcher toujours encore et ne pas s'effondrer au prochain portillon.

 

 

 

 

Nota : Pour retrouver la suite des errances du modèle il suffit simplement de cliquer dans l'image.

Photo : Fragment de filatures, et autres vies modèles, le modèle en partance a été un instant saisi marchant, sur la rue penchée de la république (c'est pas complètement faux qu'elle penche la république et la rue aussi ça va ensemble peut-être) un léger flag' de fugue aux heures hyper-pointées, Le modèle est un poème-fleuve, il ne faudra pas l'oublier si d'aventure vous en suiviez un quelquepart il vous mènerait à coup sûr au pays qui ne s'arrête jamais. CQFD...

 

Lyon-Presqu'île © Frb

lundi, 04 juillet 2011

Oublier DSK

Il se pourrait
Qu'à un certain moment
Rien ne bouge,
nulle part

E. GUILLEVIC ,  extr. "Du domaine", éditions Gallimard 1977.

campP2463.JPGP8120098.JPGoublier dsk,chemins,pierres,éloge de la fuite,guillevic,du domaine,paysages,partir,murs,vieux monde,abandon,s'extraire,oubli,pays perdu,tranquillité,silence,maisons,nabirosina,balade,se barrer,loincampagneF5461.JPGcampCF5437.JPG

 

Photos : Du domaine clos assez proche, aux domaines aussi vastes que lointains, quelques lignes de fuite pour s'extraire. Se défaire. Ou se refaire sans s'occuper de rien. "Pas de destin, pas de tragique" écrivait encore Guillevic. A la recherche d'un espace plus lucide plein d'interrogations, de négations et de silence. On parle si peu du vent.  "Moteur d'une perturbation possible" et toujours invisible au monde comme les larmes de Tchekhov. Un peu de vent sur la pierre, exacte, concise, comme la vigilance"... Comme le vent qui n'écrit que l'histoire du vent.

Les billets passent à l'éphémère une langue d'outre pierraille" (dixit Eugène)... Passer entre, passer outre.  Et pour les autres, passez de bonnes vacances.

© Frb 2011

jeudi, 14 octobre 2010

La grande route

Le mensonge est aliéné au secret,
Légitimé, prudent et raffiné ;
Aveugle à tout sauf à son intérêt,
Il forge des fers pour l'esprit [...]

WILLIAM BLAKE extr. "Nouveaux vers gnomiques" traduits de l'anglais par Alain Suied

Pour connaitre le début de cette histoire, vous pouvez cliquer sur l'imageroad.JPG 

Nous regrettions les trottoirs de nos villes, l'absence de vitrines nous flouait peu à peu, exilés à mille lieues de la terre natale nous voulions retrouver l'ouverture mais allions doucement à la sauvagerie sans nous en rendre compte. Nous étions à bout de force, de peines et de chagrins, nul n'avait le droit de se confier à quiconque, afin que nul ne s'affaiblisse, nous portions sur notre dos à tour de rôle des outres remplies à ras bord d'eau de source cela pour continuer d'avancer, continuer sur la grande route. Nous étions sans cesse assoifés. Puis nous ne vîmes plus rien du tout. Un grand pays venait, que l'on ne pouvait connaître. Le ciel fût plus léger nous en savourâmes la fraicheur sous forme de flocons tièdes qui tombaient de petits nuages. Nous avions vaincu les piqûres des becs d'oiseaux, chanté des chansons ridicules et maintenant ceux qui savaient apprenaient aux autres la prière et la dévotion, nous n'avions plus ni père ni mère. Notre mouvement suivait celui d'une mauvaise étoile qui de loin nous paraissait très belle, peut-être plus tard rayonnerait-elle ? Des statuettes d'idoles féroces furent sculptées dans la glaise ou le bois, tout ce que nous trouvions à terre servait à ça. Les plus dévoués d'entre nous les posèrent le long de la route. Ainsi le monde se souviendrait longtemps de notre chemin exemplaire.

 

Photo : La grande route commence ou finit sur les marches d'une petite Chapelle, quelque part (nous gardons le secret), dans une ville, là bas, dont le nom ressemblerait un peu à L'Espagne, (j'ai dit un peu...). October en Nabirosina. © Frb 2009.

samedi, 10 avril 2010

Là bas

"Prenez cette parenthèse et me la tenez ouverte."

BORIS VIAN : extr. "Je voudrais pas crever". Editions J.J Pauvert 1962.

pays.JPGDes champs m'ont emmenée. Ailleurs, des messages s'accumulent, des heures de vie pratique, oubliée. L'art d'aimer dévorant. Un pli corne la page de la prose d'OVIDE. Une rature a suffi. La page en fût détruite et le livre gît en vrille. Pour ne pas le jeter, il calera désormais le pied boiteux de mon étagère poètique. Ainsi va "L'Art d'aimer".

"L'art fait voguer la nef agile ; l'art guide les chars légers: l'art doit aussi guider l'amour."

Des heures de vie pratique à chercher toutes les possibilités d'un voyage sous une tête de lune allumant une passerelle, en plastique démodé, là bas entre Perrache en grève et la rue Casimir Périer. L'art je veux l'oublier. Le mêler au mouvement, à l'inégalité, ou à la précision d'un seul geste, pour déjouer peut-être l'illusion pointue du faussaire qui s'applique gentiment à versifier le monde. Mon savoir est fourbu et mon être s'en plombe, je cherche partout un point, une porte dérobée, une traboule arborée et des clefs molles à pendre au bout d'un mousqueton. Les vitrines de printemps sont accordées à mon dégoût. Il y a trop de musique partout, des robes à fleurs, des hommes bien mis aux ruts pimpants, prêts à offrir aux premières tourterelles, les meilleures tulipes jaunes, le meilleur restaurant, tout ce qu'il y a de meilleur pour fêter le printemps. L'abondance de la ville dégoûte. Je n'aime que l'héllébore, cette fleur qui s'ouvre en plein coeur de l'hiver et fleurit de Décembre à Mai. La légende raconte l'autre nom de l'Héllébore. Nous voici au pied du sapin :

"La nuit de la naissance du Christ, Madelon, une petite bergère qui gardait ses moutons, vit les rois mages et divers bergers, chargés de cadeaux, traverser le champ couvert de neige où elle se trouvait. Les rois mages portaient l'or, la myrrhe et l'encens, les bergers des fruits, du miel et des colombes. Madelon pensa qu'elle n'avait rien, pas même une simple fleur, pour ce nouveau-né d'exception. Un ange voyant ses larmes frôla la neige, révélant ainsi une très belle fleur blanche ombrée de rose : la rose de Noël".

J'aime aussi la tulipe, dont le vaste univers de Gunyat (Ier) nous rappelle qu'elle possède cette étrange majesté que n'ont pas d'autres fleurs. Et c'est là, sans doute, selon l'appréciation (un chouïa triturée, draponnez moi, Drolan !) du drang et novalcique Kloso (Ier, également), que le printemps embrasse l'automne et tout réciproquement. Notre fleur virant à l'antique :

"Tulipe était la fille de Protée (Dieu marin qui changeait de forme à volonté et prédisait l'avenir). Elle fut convoitée par Vertumne, Dieu de l'automne, aux attributs de jardinier, or elle restait insensible à ses assiduités. Vexé de son infortune, Vertumne se changea en chassa et traqua Tulipe jusqu'au fond des bois. Pour la sauver, Diane, soeur d'Apollon (dite la vierge blanche), changea la jeune fille en fleur qui s'épanouit au printemps. Depuis ce temps, chaque année au moment de la plantation, l'automne ouvre son coeur à la Tulipe."

Malheur à l'insouciant aroumeux (printanier ou automnal sans le savoir), qui irait offrir à sa bien aimée, un bouquet de tulipes jaunes, car on dit chez les pops qu'elle signifie "l'amour sans espoir", mieux vaut donc une seule "panachée" plutôt qu'un gros bouquet de jaunes, la panachée prouvera encore l'admiration, la rouge déclarera la flamme (ô souvenir des collections de cartes postales et autres reproductions du genre "langage des fleurs" peintes on ne sait plus par qui).

J'aime aussi les soucis en collision d'homonymie, tandis que la fleur (du souci) se réfère au soleil (encore lui !) vers lequel elle reste tournée tout au long du jour "solsequia", en latin signifie "qui suit le soleil", son pétale se mange en salade, l'autre souci, le sentiment, la préoccupation vient du verbe sollicatare, "tourmenter", "troubler". C'est le souci des rues contre celui des jardins, et le souci des champs bouclant enfin la boucle, tout au bout du chemin. Mes deux ânes en alerte s'appeleront cette année Paul et Charles, ils seront de pelage sombre à légers reflets roux, ils auront le regard très doux et même irrésistible, comme ceux des dames de l'époque Renaissance glissant sous leurs paupières des goutelettes à base de belladone, afin d'obtenir ce regard animal qui séduisait tant les messieurs, les yeux de Charles les yeux de Paul...

Nous sommes à travers champs. Nous avons traversé le monde, je ne sais comment, il y eût un bond, un saut en parachute, tant de sacs à traîner, de fardeaux à jeter, pour arriver ici.

Ici, je n'ai besoin de rien ni de personne. C'est ce que j'imagine. J'ai mon embarcation aux sommets des sapins. Je vis couchée dans l'herbe, les jours sont ours bruns. J'use mes yeux et mes mains à vouloir tout étreindre. La vieille terre se penche et des pensées violettes envahissent les jardins. J'ai les clefs de la barrière. L'horizon est ultime. Je suis ce qui advient. Et de cet intenable, cette querelle des villes d'où survint, impérieuse, la nécessité de partir, il me semble que par la discorde, peut-être par accident, de belles choses reviennent. Sont-elles plus vraies qu'avant ? Je reprends le livre D'OVIDE, devenue cale crétine, l'étagère poétique, à pied boiteux s'écroule, tout le cosmos se déchire page après page, peu importe. On mettra au feu ces fadaises et ces rimes quand l'hiver reviendra. Au feu les poésies d'amour pour que l'amour renaisse, au feu toutes les fleurs pour n'en saisir qu'un seul parfum, au feu les larmes du phénix, pour que son regard s'éblouisse, à l'automne au printemps, peu importe. C'est pareil.

Photo : Le chemin qui mène au sommet du mont St Cyr (Le plus haut sommet de la Bourgogne du sud à 771 mètres d'altitude), de là haut on peut voir les cimes neigeuses du Mont-Blanc, des Alpes, les monts du Forez, de l’Autunois, du Morvan, du Beaujolais et du Mâconnais... Et si l'on tourne à gauche, après les pommiers blancs, c'est la forêt profonde. Balade en Nabirosina. Extrait. Avril 2010.©

lundi, 04 janvier 2010

Appréciation du jour et des saisons

Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue
D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.

CHARLES BAUDELAIRE : "Brumes et pluies" in "Les fleurs du mal", éditions Gallimard 2005.

brouillard A.jpg

Le cycle saisonnier a obsédé le XVIIIem siècle. La fin du XVIIIem siècle et le début du XIXem se sont révélés décisifs. On commence à lire dans les journaux et les carnets, l'accord entre l'être intime, le sentiment du moi et les évènements météorologiques. "Les baromètres de l'âme" pour citer notre ami Jean Jacques qui s'appliquait à capter l'éphémère. Une correspondance s'établit entre la variabilité de l'être et celle de l'état du ciel. Le nuage, la brume ou la pluie affectent profondément l'être. Les carnets de JOUBERT sont un exemple parmi d'autres. Il  nous a légué des pages étonnantes de modernité sur les sentiments éprouvés par l'individu sous l'averse.

Lors d'une enquête réalisée à la fin des années 90 de notre siècle sur le brouillard par Lionnette Arnodin "A la poursuite du brouillard, énigmes et mystères", 275 individus furent interrogés, afin d'analyser la manière dont ils percevaient le brouillard. Pour beaucoup, le brouillard paraît coloré. Les personnes interrogées utilisent fréquemment le suffixe "âtre" (Blanchâtre, grisâtre, bleuâtre), il est perçu sans odeur, tout au plus il peut évoquer l'humus, odeur de terre que l'on croit respirer. Il constitue plutôt un moment pour les hommes et un lieu pour les femmes. Il est apprécié parce que doux, moelleux, ouaté mais aussi esthétique, poétique, silencieux. Il est "L'effaceur de ce que l'on ne veut pas voir". Il n'est pas apprécié, parce qu'il est froid, dangereux, hanté, évoquant les cimetières et la mort, porteur de signes mystérieux qui inspirent la crainte. Il semble plutôt lié au diable qu'à Dieu. On l'associe souvent à la fumée, à la ville de Londres, aux fantômes et aux labyrinthes. Il inspire une peur archaïque parce qu'il isole, masque, étouffe, absorbe. Les enfants détestent le brouillard, les hommes l'apprécient peu, les femmes l'apprécient davantage. Le plus intéressant, c'est qu'il n'existe guère de rapport entre la réalité du brouillard et sa représentation. Par exemple, il est moins fréquent en Bretagne que sur la côte d'azur, il n'est pas aussi présent qu'on le croit en Angleterre  bref ! (je vous épargne la carte du monde). De toute évidence nous nous sommes construits une géographie du brouillard, qui est en fait, une géographie imaginaire issue probablement de nos lectures. On s'imagine qu'il y a du brouillard dans les contes, alors qu'il y en a peu, mais par contre la forêt dans les contes est toujours présente or il nous plaît d'associer le brouillard à la forêt. On s'imagine qu'il y a brumes et brouillard dans les oeuvres de SHAKESPEARE, alors que l'auteur l'a rarement spécifié. Même chose dans les romans de CONAN DOYLE, "Le chien des Baskerville" (pour ne prendre qu'un exemple au hasard) ou pour "Le Grand Meaulnes". Peut être parce que notre esprit se représente toujours SHAKESPEARE avec des fumigènes ? Et que dans un "Grand Maulnes" (du genre vu à la télé, ou au ciné) il y a du brouillard, effectivement. L'appréciation dépend aussi beaucoup du vocabulaire. Celui qui définit les météores en différentes langues n'est pas si précisément transposable. Dans la "Divine Comédie", il est question de "fumi" que l'on traduit tantôt par fumée, tantôt par brume, ou encore par brouillard. Le brouillard est féminin dans certaines langues, masculin dans d'autres. Le brouillard a aussi longtemps été associé à la nuit, figurant le lieu des sorcières. Dans la littérature de HOMERE à nos jours, il symbolise une frontière entre le sacré et le profane. Il augure le passage dans l'au delà. Il sépare la terre du paradis. Il permet l'accès à un monde où se retrouvent ceux qui ont manqué à leur parole, ceux qui ont été infidèles en amour. Enfin, le brouillard nous signifie l'ensevelissement, la pénitence, le châtiment. Mais ce que je préfère dans le brouillard, c'est son aspect délimité sous formes de lambeaux ou nappes, son étrangeté peuplant notre imagination de créatures improbables. Cette béance de la croûte terrestre, ouvrant un monde où les génies, la dame blanche, les lavandières de la nuit... les vaisseaux fantômes,  ou les arbres gommés, quasi pantelants, quêtent un lent supplément à la nuit, et invitent insidieusement l'homme à vouer son âme au purgatoire.

Un certain jour (pas trop promis) je vous parlerai peut-être de la pluie, de l'ouragan, ou de la neige si la Dame blanche ne me mange pas.

Ces notes ont été largement tirées du livre d'Alain CORBIN "L'homme dans le paysage" paru aux éditions Textuels (2001), dont vous trouverez quelques extraits : ICI

Variation sur un même thème, à voir :

http://www.dailymotion.com/video/x24p1i_nuit-et-brouillar...

http://www.youtube.com/watch?v=1djGyCj1vCk

http://www.youtube.com/watch?v=26DRA09tTik

Et comme tout finit par des chansons, à écouter :

http://www.deezer.com/listen-288401

http://www.youtube.com/watch?v=NqlpymCyGu0

Photo: La naissance du brouillard photographiée au pied du mont St Cyr en Nabirosina. Le 04 Janvier 2010 .© Frb.

mardi, 14 avril 2009

Ici bas...

"En pleine mer
Vers les quatre-vingts îles
A la rame je vogue.
Dites le au pays,
Bateaux de pêcheurs !"


ONO NO TAKAMURA (802-852) in "Anthologie de la poésie japonaise classique". Ed. Poésie/ Gallimard. Unesco 1971.

parc rivière.JPG

Un peu plus intimiste que le lac de LAMARTINE, beaucoup plus chatoyant que l'étang de Montrouan, voici un coin gentil où j'ai choisi de vivre. Sur ma barque, au printemps...

 

Gabriel Fauré "Ici bas" op 8 N° 3

podcast

 

Photo : Parc de la tête d'Or. Entre la grande allée pas si loin de la roseraie, et le lac romantique (celui de Lamartine) juste un petit chemin sous les ombrages, avec vue sur le pacifique. Lyon. Avril 2009. © Frb

mardi, 05 août 2008

Tous les chemins mènent à Rome ...

Co-un-lundi-2.jpg

Cour intérieure d'une petite ville en Charollais ...