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jeudi, 08 novembre 2012

Portrait du poète en chasseur de perdrix et autres fariboles

Suis-moi. sous ces ormeaux ; viens de grâce écouter
Les sons harmonieux que ma flûte respire :
J'ai fait pour toi des airs, je te les veux chanter ;
Déjà tout le vallon aime à les répéter.


ANDRE CHENIER extr. "L'oaristysDaphnis in "Bucoliques. Idylles et fragments d'idylles", (le poème est disponible intégralement ICI)

bouquet.JPG

Ayant tout dit, tout lu, il croyait en avoir soupé des feuilles mortes et le vent de Verlaine tamisait ces farines sous la plume refroidie d'un oiseau. Pendant que l'homme ordinaire roulait à la taverne, le poète à pipe et chapeau découpait les saveurs de la vigne avec de la Volvic puis miroitant ainsi sur ces monts et merveilles promettait de suer sang et eau pour écrire un sonnet à sa poule qui aimait la liqueur de griottes, l'eau de vie des figues et de nos damassons.

Les fruits mûrs grands ouverts glissaient dans ses corbeilles. Cela appartenait au grand monde à présent, le pays privé de soleil en cherchait un nouveau, troussant les rondes saisonnières comme les jupons des rousses qui flottaient sur la terre, on ne sût pas comment cet écrin d'amour éphémère fut dépouillé de son velours, on fît mine de ne pas connaitre l'endroit où la pluie croisa la tempête, une forêt poussée sous la brume miraculeusement épargnée cacha tout: douce gemme, mucus fragile louant hier les saponaires et les longs calices tubulés. Le poète soupçonnait le diable de vivre dans une noisette il la mènerait à la casse avant de la croquer.

A la saison d'automne plus tendre que les autres saisons, on croiserait des poèmes en petits en tas serrés posés sur un bureau bien à l'abri des courants d'air. On parlerait d'une voix grave un stylo d'argent sur l'oreille du "voeu" et de l'oaristys puis les mots muteraient en touffes de poils de martre, ce pinceau barbouilllerait les jaquettes qui vous bradent des couchers de soleil, du clair obscur, l'extase portant cette écume à vos lèvres chuchoterait : "l'automne est là" en nous, profond comme le ciel faisait valser hier, des lingots d'or qui voltigeaient sur la clairière pour se rouler dans la rosée, nulle chasse, nulle pêche d'alors, juste une cueillette histoire de dorer quelques verbes en rougir jusqu'à la consomption.

Le poète dût réapparaître, souriant pipe au vent, avec son braque Sultan seul compagnon fidèle et facile à aimer, il sonna à grand cor l'ouverture de la chasse, et promit qu'il nous ramènerait une étole en fourrure de petit lièvre, un pagne en plumes du faisan vénéré, des porte-manteaux en pied de biche, une bague en genêt d'or. Prêt à tout embraser, le poète sortait de la campagne cachant dans sa veste de chasse sa couronne de laurier, les couleurs incendiaires affolant son plumier, il tira en premier sur les pattes en corail d'Yvette, une jolie perdrix aux yeux rouges, qu'il blessa mais ne pût achever.

Nous ne reçûmes pas l'étole en fourrure, ni le pagne, pas le moindre petit morceau d'un porte manteau en pied de biche et la bague en genêt (pour la beauté du geste) arriva si fanée qu'il n'osa pas l'offrir. Yvette ayant troublé follement le coeur du poète, il lui construisit un nid de broussailles dans un petit bois rouge et or, y fit mettre tout le confort, délaissa sa vieille poule pour s'installer dans l'arbre avec la perdrix.  Ils vécurent heureux d'amour et d'eau fraîche coupée d'une quantité épatante de liqueur de griottes, figues et bons damassons. Ca pourrait finir là.

Epilogue:

En automne les histoires d'amour commençent bien, mais c'est sans parler du coucou, l'affreux coucou à poitrine rousse qui de loin avec ses yeux ocres épiait le petit nid d'amour. Le coucou lui aussi un jour partirait à la chasse - la chasse au nid d'amour - mais par respect pour la ronde des saisons, je vous raconterai la fin de cette tragique histoire au printemps. Si j'y pense.

 

Photo : Dans l'image toujours la même question. Sinon, c'est l'automne au jardin, tardif, plus sûrement à venir (et à suivre) ...

 

 

 Là bas © Frb 2012

dimanche, 10 juillet 2011

Mes champs perdus

Certaines routes n'étaient pas dignes de nous porter.

ROBERT DESNOS, extr. "Voyage en Bourgogne" in "Rue de la Gaîté, Voyage en Bourgogne, Précis de cuisine pour les jours heureux", avec des eaux-fortes par Lucien Coutaud, édition Les 13 épis, 1947.
(Repris dans "Récits, Nouvelles et Poèmes", avec des reproductions de dessins par Robert Desnos et des illustrations par Jacques Rousseau, Éditions Roblot, 1975.

bord etang.JPGNous avons marché au bord de l'eau près des cabanes, longeant les haies, mûrissant les fruits noirs qui grossissaient, nous rendaient autres. Nous sommes allés par les forêts, passé le clos, nous avons rétréci.

Nous ne connaissions personne. Nul n'aurait pu comprendre à quel point nous étions perdus.

Plus tu parlais, plus le ciel était sombre, des mots plus sombres encore nous prenaient de vertige, j'avais peur et pour chasser la peur je faisais semblant d'être gaie. La terre, et les arbres, se sont mis à trembler. Il y avait les mots, la violence, l'orage qui avançait, grondait sur nous au dessus.

Je devenais inaudible. A peine moins qu'une conversation, ennuyeuse, qui allait et venait avec des questions.

Les fleurs auront elles encore du pollen en Septembre ?
A quoi servent les papillons ?"

Nous avons marché autour du point d'eau qui gardait les barques au soleil. Plus tu parlais plus je voyais grandir les ombres et les cornes des branches coupées, jetées sur le bord de la route repoussaient jusqu'à la rivière tout un tas de choses mortes qu'on n'osait plus regarder.

J'insistais à vouloir te distraire, émue par les bruits d'eau, l'éclat de l'écorce et la sève dessinaient un tourbillon sur un autre tourbillon où l'on aurait pu lire l'âge de l'arbre en s'attardant un peu.

L'éclair tordu ruisselé du ciel, scia par le milieu ce tronc, où à la trentième année de l'enfance, nous avions gravé nos prénoms.

Sur ta langue une rage lourde retirait peu à peu les charmes de ces petits plans d'eaux, noyait ce qui était sur le chemin parlant aux fleurs, renversait le poison dans le sirop d'érable, tout si vite, disparu.

Qu'un seul mot retourne la terre il nous exhumerait intacts, figés dans notre joie déchue.

A présent cette fleur classique que j'effeuille me fait marcher à reculons, je n'ose plus revenir à l'endroit, ni même ouvrir les yeux. De la route aux éclats de quartz qu'on suivait par un fil brodé on aperçoit des pierres posées sur de fins gravillons aux couleurs d'obsidienne vitreux comme ces ombres qui ne cessent de hanter les lieux. Plus loin, pendant notre sommeil, l'eau bleue a envahi la route bordée de saules qui pleurent près des cabanes longeant les haies.

Si l'on prend la route à l'envers, pour peu qu'on la dépasse, on trouvera à perte de vue des champs de coquelicots qui ne vivent qu'une heure, une innocence pure comme le son de l'aurore, on damnerait une vie contre une heure à rouler entre ces herbes folles, mais il faudrait encore vendre son âme aux dieux...

Photo : Arbre qui penche mais ne casse pas ou balade en eaux troubles près de étang dit "des Clefs", (un paradis en vérité), situé quelquepart entre le Mont sans Souci et le mont St Cyr, dans le Nabirosina.

© Frb 2011.

mardi, 12 avril 2011

Le retour du printemps

Ce que je suis en train de voir n'est pas ce que j'ai vu.

MINOR WHITE

Minor White aurait t-il raison? Pour savoir, il suffit de cliquer sur les images.

printemps0203.jpg"L'homme est un un être doué de saison" me disait un oiseau de Lyon revenu des Amériques, quand goûtant une oisiveté (relative), j'eus la joie de me taire (enfin !), puis surtout d'écouter. Je traversais les champs de graminées (toxiques) du Parc de la Tête d'Or, un livre d'Abeille sous le bras (pourtant ce n'était pas l'été), et puis c'est sous les yeux un livre que ça met, pas sous les bras (quoique celui de Téléf(é)ric Levèrfe peut rester sous les bras, il est aussi bien pratique pour caler les chaises à trois pieds, ça marche extra, j'ai essayé) mais je m'égare, de trames en tram' j'abordais mentalement les peintures d'Avril (Armand) me soufflant sa jeunesse éternelle tandis que je cherchais la mienne et qu'Avril me disait avec la douceur du sorcier et l'accent des Charpennes : "surtout petite ! cours pas après le succès, fais ce qui te plait, prends ton temps"... Un grand voyage à bicyclette sans bouger de mon banc, de Bonnières (sur Seine) au Mont st Clair en passant par la Croix-Paquet, remonter les escaliers de la Colbert, bifurquer sur la Vaucanson, trouver les micocouliers (de Provence) un petit peu maigrichons sur le boulevard de la Croix-Rousse en guise de platanes centenaires, (Lyon n'est pas la Provence, he non !), s'apitoyer sur les pensées (petit bac vers la pharmacie pas loin de la Place des tapis) elles ont l'air tellement moribondes ces pensées, qu'on dirait des soucis, (de Lyon, sont les soucis, comme on dit chez la mère Brazier, comprend qui peut). Dans ma rue il y avait des glycines qui pendaient là, comme tous les ans sur un petit mur séparant le jardin de melle C professeur de piano (rue Denfer), de ma petite cour sur la colline. Sept ans, de lettres à Elise... Et pas une à la perfection, malgré des heures et des heures de patience qui s'écoulaient au métronome. Une petite fille en robe blanche sortait penaude de la leçon. Pendant ce temps là à l'autre bout de la France, printemps toujours...

Sophie, (j'ose, le bon mot) = "empruntant" le plus beau tee shirt du monde superbement porté par un boy de la Mère Castor, Sophie toujours peignant des tas de girafes, tandis que j'enfilais des perles (de pluie ?) en rêveries automnales venues d'un pays où pour mon grand malheur, il ne pleut pas, il ne pleut plus, (Pourquoi il ne pleut pas ? Pleuvra-t-il ? La pluie aurait-elle disparu pour toujours ?). Je me demandais ce qu'elle avait fait (toujours Sophie) de sa grenouille ? vestale d'une TBB (très belle bibliothèque) au secret des archives que je ne retrouve plus. C'est mon jour de promenades dans les très belles bibliothèques, je vais chez les gens, je surveille les livres (ordre du président ! patrouilleuse, un métier d'avenir), ça faisait longtemps que je rêvais de chourrer un escabeau, j'en trouve un qui me tente un appel, puis révélation : dans un petit salon, apparition du plus bel escabeau dans l'univers d'Hozan Kebo, sorry, je n'arrive pas à le lier, il se cache aux lieux dits, l'escabeau, dans les pages du Roger (Lahu sans T !) en cherchant bien, le lecteur adoré (et malin) le retrouvera sûrement (ce sera notre petit jeu de printemps)... Formidable escabeau derrière lequel dansaient de mystérieux lutins à bonnets rouges (Hozan, éclairez moi, qui sont ces gens ?). Digression : Je me demande pourquoi il y autant de possesseurs de livres sur cette terre? Y'en a des, qui rangent certains livres à l'horizontale alors qu'il y aurait tout à fait la place de les poser à la verticale pourquoi certains livres sont à l'horizontale et pas les autres ? Pourquoi tout le monde ne range-t-il pas ses livres bien comme il faut ? Mais encore, je m'égare... Roger et son dessin beau comme une plage aux pastels frêles versées dans le fleuve Grosne, mares de Bourgogne et gnôle pour bigarreaux, à deux pas, on s'allonge sous des voûtes romanes. Plus loin Jean me remuait encore l'esprit avec sa Polonaise, (Ne me demandez pas si c'est une fille, allez donc lire vous même). Iron Ikunst, épuisant les atlas et les dictionnaires se cueillait du lilas mauve et blanc pour lui même et devant ma question (stupide, j'avoue) "Pour quoi  faire ?" me répondait, sans hésiter : "parce que les fleurs c'est joli et que ça sent bon" (une telle réponse ça vous coupe le sifflet tout de même). J'en suis restée comme deux ronds de flan, d'une évidence à en décoiffer un Jacques Brel. L'autre garçon qui s'offrait des fleurs à lui même (c'est assez rare pour être souligné) c'était mon voisin de palier, un peintre étroclite vivant à la Modi, avec des couleurs et des chats (son dernier, égyptien ressemblait à Néfertiti, et portait un petit nom évoquant à la fois le temple de Bubastis et le bruit du train dans un film de Kurosawa). Il s'offrait des lys blanc (pas le chat,le peintre !) des lys blancs et incas "Alstromeria" ou "martagons" il en plantait partout dans des vases transparents. Et même qu'il m'en donnait. Parfois, la nuit ça illuminait notre immeuble sur deux étages, éblouissant ! ils sont partis (le chat, le peintre et les lys blancs) sans dire au revoir, un jour où moi-même je n'y était plus. Allers-retours ? Printemps toujours, là où je ne suis pas. Et mes excuses pour le silence.

fleur0052.JPG Au cours d'Avril toujours, j'appris qu'il y avait des figuiers dans le sud de la France, et aussi qu'Angoulême n'était pas en Bretagne, (on nous cache on nous dit rien) quand soudain, un lapin avec des grandes oreilles comme celles de feu Paranthoën (dont je reparlerai un jour) déboula d'un pré des Ardennes, c'était un lapin qui faisait du porte à porte, (en free style), un lapin qui ne se posait pas, un lapin avec des antennes et des airs échappés des horloges, il avait le béguin pour moi, le lapin (je vous en prie, chers lecteurs, vérifiez, faudrait pas tout gober non plus, bloguer est une fanfaronnade) ; c'est vraiment pas ma veine, moi qui n'ai d'yeux que pour Murat, pas le maréchal d'Empire, très bien aussi mais je préfére l'autre, (marié, père de famille, hélas ! hélas!) mais quel artiste ! Beau comme un vrai coureur cycliste, avec des mains larges, mille palettes qui plantent des cordes de guitares au jardin, glissent aux fourrés une tige d'or picorée d'oiselles, l'oxymore à la sève et des pétales de myosotis voltigeraient dans le coeur des filles. Ce serait ça ou rien...

On apprend de ces nouvelles... Pendant que Dieu créait la femme, (et rendait de plus en plus irresistibles tous les Jean-Louis), Michèle (qui n'avait pas attendu Dieu) inventa la TGBP : la très grande bibliothèque Pambrunique, autant dire qu'à côté, Babel s'effondrait comme un vacherin de chez Tricatel. A la TGBP, je découvrais (non sans surprise) mes propres livres, enluminés à l'or fin, à lire au coupe-papier dans la collection "Rouge et Or Souveraine", illustrés par Julien Doré ou Gustave ! c'est pareil - on n'est pas fille pour rien - pourvu que ce soit doré - ! mille ouvrages (pas moins) en bonne place à côté de Beckett et Cioran, (Michèle ! vous êtes inrcoribrilge ! (je suis sûre que si on vous confiait notre pays, vous feriez chanter "Madame rêve" à tous nos soldats). Certains mots ne lâchent pas, et me voilà à reprendre du service, devant la grande pointeuse (pointilleuse ?) de certains jours, j'ai ma trousse, ma gomme, le carnet d'esquisses, les herbiers brodés d'étamines (ou bordés, comme il vous plaira)... Détraboulage de vélo, jusqu'aux berges du Rhône, en doublant les vélos d'amour (V lov'!). Sur les quais je feuilletais un livre "Comment choisir un rosier sans se tromper ?", "à qui offrir des fleurs ?" (sélection sur dossier). Je pensais à "La rhétorique fabuleuse" mais non ! dans ce contexte la rhétorique, c'est pas un mot bien compliqué, signée Dhôtel (André) maître des balades hasardeuses, entre "Le grand rêve des floraisons" et "Le Vrai mystère des champignons", l'histoire de Stanislas Peucédan et l'improbable belle de onze heures... Je ne résume pas (minute papillon) je n'ai pas fini le livre...

Et moi Stanislas Peucédan, je dis qu'inconcevable à jamais et surnaturel, c'est du pareil au même.

Le postulat est à la fois scientifiquement invérifiable, métaphysiquement vrai. Elles ont un sacré toupet toutes ces fleurs et confirment à nos sens (médusés ?), la présence d'un "rêve impossible avec une évidence insoutenable".

Lve in8.JPGLe promeneur rêverait t-il la même chose que sa fleur ? Au retour du printemps, il y a toi, il y a moi, il y a le monde aberrant, nous sommes ailleurs, dans les fleurs et, pareils aux oiseaux de Thaïlande qui ne meurent pas dans la légende" (comme chacun sait) nous roulerons dans l'herbe molle, et sous nos doigts les coeurs de Marie rougiront comme des jupes espagnoles, après quoi, ne devrait surgir que l'éblouissement de l'amour absolu (et ses préludes émouvants). On s'émerveillera par avance sachant pourtant ce qu'il en coûte, couché sur de grandes vénéneuses, (mais non, ce n'est pas ce que vous croyez) titillements, vrille chercheuse des pois, antennes et reflets d'abdomen, tout cela pourrait nous faire songer à ces êtres qu'on ne nommera pas, aux alchimies secrètes qui attirent les abeilles et nous respirent (faites entrer : messieurs les abeilles, en costume traditionnel. Virez moi ce bourdon (qui ne meurt pas après avoir piqué), ce frelon (et ses grosses mandibules), ces guêpes laborieuses.

"Abusés, par tant de beautés les abeilles se poseront sur les coeurs, pour copuler".

C'est écrit dans le ciel. On rit de ce malheur, on en pleure, (c'est ça les filles, ça rit, ça pleure !), ô pernicieux printemps ! que de beautés et dire soeur Anne, que je ne voyais rien venir ! fus-je, (fussé-je) donc si aveugle ? Ne jurant que par le vent d'Octobre, par le spleen anglais de monsieur Paul, on oubliera les roux voltigeurs de Septembre, pour une fois... Fleurs en coeurs du tilleul, cordifronts, vous m'en direz ! pas une seule des fleurs en photo ne sera clairement nommée. Si vous humez, vous humerez...  On m'annonce que la note expire. Dommage ! juste au moment où j'allais vous faire découvrir le monde secret des exsudats, vous dessiner l'humus, vous traduire, en latin charmillon tout le langage des fleurs, (d'après le livre de Madame Charlotte de la Tour), mais j'ai mieux... Dandelion, euphorbia, black tulip etc ...

"A thousand flowerettes in the sky just for you." Enjoy !

Photos : Au doux langage des fleurs.

photo 1 : Ceci n'est pas une pinte de coucou, La belle jaune à houpette a sûrement quelque chose à nous dire... Ca a l'air compliqué. Ou sinon une idée de coiffure de printemps ? (Espoir)

Photo 2 : Timide comme la violette bleue, mais ceci n'est pas une violette bleue, ou de l'inconvénient des slows avec les haricots. Trop grands pour elle. (Chagrin).

Photo 3 : Ce que vous voyez est-il ce que j'ai vu ? Mais peut-être pas ? (Persévérance ) ...

© Frb 2011.

vendredi, 02 octobre 2009

Un hémisphère dans une chevelure

"Laisse moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.

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Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.

Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes les nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs de longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.

Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.

Laisse moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs."

Charles BAUDELAIRE (1821-1867)"Un hémisphère dans une chevelure", (posthume, 1869).. Extr. "Petits poèmes en prose- le spleen de Paris" Editions, poésie Gallimard, 1973.

 

A.S. Dragon : "Un hémisphère dans une chevelure", (lyrics, C. Baudelaire)
podcast

 

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Depuis quelques jours déjà, ce poème de Charles BAUDELAIRE, me hante et s'impose comme une ritournelle. Puisant (sans épuiser), sa musique indolente dans les parfums extrêmes d'une forêt apprivoisée, dite Parc de la Tête d'or.

Ici, l'automne, à peine existe, muselé par la persistance d'un été indien désolant. En cette ville où chaque soirée braille, où chaque fête ressemble à la mise à mort de la moindre rêverie possible. L'automne pourtant, consent à entrer par cette faille, une brise entre les nuages conviant des feuilles à demi-mortes, à descendre parmi les humains.

Un pur condensé d'aromates, au souvenir, nous vient. Près des bancs qui bordent le lac, sous les ombres d'arbres centenaires, devant les facéties d'un cygne, ou la dernière barque. Des images d'étreintes révélées. Un espoir de débauche peut-être ? Au sentier du lac ou ailleurs, sur une place à flonflons où tourne un impuissant manège, l'amante d'autrefois contemple le visage d'un vieil amant devenu chauve, riant du rire heureux de l'homme dévidant sa mémoire.

Plus loin, le quidam de la vogue, finit à la taverne, l'oeil plongé dans les mousses molles, quand la ville s'emporte. Plus près, dans l'herbe on s'embaumerait au sacre de ces heures, à convoler sous l'incendie. Doucement on plongerait les mains dans ce décor, puissant d'une fragilité. Des fragrances boisées épouseraient l'humidité, une effusion de tubéreuses, allumeraient cette mèche...

Photo 1 : Premières rousseurs automnales prises en hauteurs à deux pas de la place Liautey qui longe un peu les quais mènant aux universités ou au Parc de la Tête d'Or, selon...

Photo 2 :  Le Parc de la Tête d'Or, (cheveux bruns à reflets auburns sur un crépuscule bleu rosé), qui déploie chaque jour au coucher du soleil, en plus des ombres folles, d'éprouvantes odeurs de lianes et de terre remuée. Vu au dessus de l'enclos des biches. Lyon. Octobre 2009. © Frb.

mardi, 15 septembre 2009

Les folles nuits de la Tabareau

"Sur la place Tabareau, un bocage délicieux, se trouve un trône tout serti de pierres précieuses...  Autour de lui fleurissent des arbres de toutes essences, dont les branches s'inclinent vers la terre sous le poids des corolles et dans lesquels chantent les oiseaux. Là des abeilles butinent le miel qui coule de ces arbres ; là le paon et la paonne dansent en faisant la roue..."

Petite Adaptation serponnelle d'après CHANDIDASA : "Les Amours de Radha et de Krichna". Editions Stock 1927.

ocres.JPGSi vous avez loupé l'épisode précédent c'est ICI

LUI - Ô  Rhada ! Douce paonne ! ma bien aimée ! Qu'attends tu pour franchir ce muret, et t' approcher de moi, n'entends tu pas mon chant d'Amour, quand soupire le croissant de lune ?

ELLE - Ô Krichna, mon krichna ! quelle folie que tout cela ! Ton feu m'attire, pourtant je ne puis franchir ce muret, j'ai presque peur en vérité.

LUI - Ô Rhada ! un baiser seulement, par delà ce muret, que nos coeurs s'unissent ! Laisse toi aimer, ma douce !

ELLE - Par tous les Dieux cachés dans ta prunelle fauve, ce mur qui nous sépare est si haut ! aide moi !

LUI -  Et bien soit ! pour que vive cette nuit la puissance de notre Amour, j'escaladerai ce muret sur l'instant, que ne ferai-je pas pour te prendre dans mes bras et d'étreindre entièrement ? Ô ma Rhada ! et quand enfin réunis, le désir nous mettra aux anges... Je t'emmenerai là bas, au pied du platane majestueux de notre Tabareau, et je nous ferai une couche, pour t'honorer toute la nuit...

ELLE - Ô Krichna ! mon aimé ...

LUI - Chuut ! ne dis rien ...

Quelques minutes plus tard, au pied du platane majestueux de la Tabareau...

les aroumeuses bis.jpg

LUI - Là. Voilà... Ici, on sera très bien, ô ma Rhada !

ELLE - Euh... Tu es sûr, mon Krishna, que personne ne nous voit ?

LUI - Mais non, voyons ! quelle question ma Rhada ! je te le jure sur le brasier de ma prunelle. Fais moi confiance. Ne t'inquiète pas ...

(A suivre ...)

Que CHANDIDASA me pardonne, mais il y a le feu sur la Tabareau. Quant aux véritables "Amours de Rhada et de Krishna", cette légende venue du Bengale, (autre foyer, d'une toute autre ardeur), ce sera peut être le sujet d'un autre (certain) jour... Le Dieu Krichna, qui exprime la vie universelle est une des incarnations humaines de Vichnou (Vishnu, 4 bras seulement), source de l'intelligence, de la beauté et de l'Aroum. En lui sont rassemblées toutes les joies offertes aux Hommes. Comme nos feuilles pas tout à fait mortes, J'ose espérer que le choc des photos (et le poids des mots doux), vous en aura persuadés. Du moins ferons-nous un petit peu plus attention, quand à l'avenir nous marcherons près des feuilles (pas si mortes), de ne pas trop massacrer ce joli petit monde ... (Avec ces rouleaux compresseurs qui nous servent parfois de "souliers", ces ignares du microcosme, assassins à talons ou à lourd crêpe plat). Mais je m'égare...

Quant à Rhada, fille d'un roi. (La notre, fille d'un puissant brésar), était une princesse aveugle. Jusqu'au jour où krichna vint vers elle.

"Alors ses yeux s'ouvrirent. Elle le vit avant de voir le monde et l'aima parce qu'il représentait la Création, l'Infini..."

Photo : Dans les secrets de la Tabareau, quelques scènes de la vie nocturne. D'une première esquisse, (dérobée par une ombre intruse : photo 1), jusqu'aux chuchotements, de l'entremise à l'entreprise, ("on ne mégote pas avec l'Aroum" : photo 2), la nuit remue à la Croix-Rousse. Le vrai Grand Lyon et ses mystères, surpris (sans le faire exprès) dans la nuit du 14 au 15 septembre 2009. © Frb.

lundi, 27 juillet 2009

Ange au mûrier

Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore,
Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit.
L'an sort sans autre but que de sortir : on suit,
Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes,
Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes.
L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec
Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec,
Et son reflet dans l'eau survit à son passage.
C'est tout.

Paul VERLAINE : "La bonne chanson".

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VERLAINE vient de se fiancer avec Mathilde MAUTE, une très jeune fille. "La bonne chanson" évoque presque chronologiquement les évènements de sa vie depuis sa rencontre avec Mathilde, jusqu'au mariage. Les plus beaux poèmes du recueil sont sans doute ceux où il décrit les paysages qui ont accueilli cet amour. VERLAINE y chante sa joie pure, son enthousiasme d'amoureux. Il imagine le bonheur paisible du foyer. La vie tranquille.

La lune qui nimbait de mélancolie le décor des "Fêtes galantes" verse maintenant dans son coeur : "un vaste et tendre apaisement"...

Quelques années plus tard, l'arrière petite cousine de Melle Mathilde, se promène à cheval dans les chemins du Nabirosina, L'air est frais. C'est l'heure exquise, celle où chaque jour, le petit fils du marquis de Montrouan lui donne rendez vous, sous l'hêtre pourpre dans la forêt, juste derrière une haie, où bientôt poussera la mûre...

Photo : Un signe... Vu dans la lumière matinale du Nabirosina. Juillet 2009. © Frb

mardi, 21 juillet 2009

Education sentimentale

S'attacher...

s'attacher6.JPG

Et mourir ...`

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Photos : Certains zooms... Au plus près de l'écorce. La vie et rien d'autre. Vue en forêt, au domaine dit du "Clôt boterêt", pas très loin de la cabane du prince charmant, dans un coin très secret du Nabirosina. En plein coeur de l'été 2009. © Frb

samedi, 14 février 2009

Encor ' et toujours

"Pourtant dans ce brouillard hagard
Ce qu'il faut retenir quand même
C'est, en dépit de tout hasard
que je l'adore et qu'elle m'aime"

PAUL VERLAINE                                                                                                                                                                                       Extr : "Chair" in "Chansons pour elles et autres poèmes érotiques." Editions Gallimard 1962.

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Ici, un roi de coeur vit caché, (donc heureux) à l'abri des colliers de nouilles (en forme de coeur), loin de la rose rouge que tout bon mari ou amant respectable se doit d'offrir une fois l'an. (Il y a de ces perles sur terre :-)

Mais la Saint Valentin n'existe pas un certain jour (ni pour Certains jours). Car la Saint Valentin, pour nous, c'est tous les jours ou rien.

Enfin, cela devrait...

Photo: Dans un coin tout en bas du petit mur qui borde l'esplanade juste à deux pas du boulevard de la Croix-Rousse, j'ai vu une petite chose dessinée d'un seul trait, qui se love à nos pieds (egos very flattés ;-)... Lyon, le 14 Février 2009 © Frb.

vendredi, 13 février 2009

Amours perdus

arcades.jpgRetourner sur les lieux. Et retrouver la dame. Marcher sous les arcades, où jadis il l'avait laissée. Juste un baiser, à peine... Rien de très grave. Mais la dame avait refusé. Il avait insisté, frôlant les plis discrets. Essayer de lever un voile... Il s'était laissé emporter, de l'empressement. Une fringale. Peut-être une brutalité ? Et toujours plus cruel, le refus de la dame. Alors il lui avait demandé pardon, le visage enfoui dans ses cheveux, elle avait un joli chignon et quelque boucles, dont il respira très longtemps le doux parfum d'ylang ylang. Puis, il était parti, la laissant là, comme de marbre, se jurant pour toujours qu'il ne reviendrait plus...

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jeudi, 05 février 2009

Trois pigeons s'aimaient d'amour tendre. ( Enfin tendre ... )

Il suffit de 25 secondes...

Pigeonnette offrant ses charmes à pigeonneaux. Vus un jour avant le déluge, sur une façade de la rue de la Tourette à Lyon. Un instant délicat, pour ouïr avec l'image, la jolie réverbération du monde des pentes de la Croix-Rousse...

J'ai volontairement censuré la suite pour mieux laisser courir votre imagination... (Vous pouvez me remercier ;-))

mardi, 18 novembre 2008

voltigeur au rameau

"Je songeais ce matin que j'étais à l'entrée
Du beau verger d'Amour et qu'un désir ardent
me fit entrer au fond où j'allais regardant
cent arbres inconnus en toute autre contrée

Entre autres un rameau d'un fruit d'or se bravait;
tel que l'Hespérien ainsi qu'on dit avait.
Soudain pour le cueillir dessus l'arbre je monte.

Mais une branche alors se rompit dessous moi;
tellement qu'accroché à l'arbre en grand émoi
je béais à ce fruit avecque peine et honte"

Jean GODARD (1564- 1630). Extr: "Anthologie de la poésie amoureuse de l'âge baroque" (1570-1640).

red tree III.JPG

Jean GODARD est un poète satirique et heroïque, auteur dramatique, linguiste et grammairien ("La langue françoise 1620), Jean GODARD, parisien , a laissé outre des "Mélanges", de belles poésies amoureuses: ("Les prémioces de la flore" 1587), et "La Lucresse ou les secondes Amours" dans "oeuves, 1594), influencé par RONSARD, il aime comme lui, les scènes familières, les glissades sur la Seine gelée, une sieste où la belle dévoile quelques charmes CLICK, et il reprend de nombreux thèmes du lyrisme "mignard", mais sa préciosité est toujours tempérée par un léger humour. Ainsi corrige-t-il la mignardise de thème folâtre par une très discrète ouverture aux thèmes baroques. Les métamorphoses, les songes érotiques et leurs images mouvantes, les déguisements qui troublent l'identité sexuelle CLICK , les jeux de reflets et d'échos. Jean GODARD se contente de dire en sourdine, sans jamais hausser le ton, la terreur que suscite parfois Eros et le délicieux rêve de mutilation qui le hante.

Source: "Anthologie de la poésie Amoureuse et baroque " et notes de Gisèle MATHIEU-CASTELLANI. Librairie générale française 1990

Photo: Un peu plus qu'un rameau de feuilles pourpres dans le jardin, qui conduit en haut de l'esplanade à deux pas du plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Novembre 2008 ©