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vendredi, 25 décembre 2009

Certains jours vous souhaitent un merveilleux Noël...

Fait maison

C'est joli ! non ?

dimanche, 20 décembre 2009

Notes givrées 2

J'ai ardemment souhaité partir mais j'ai peur.
Une vie, encore neuve, pourrait fuser
Hors du vieux
mensonge en feu sur le sol
Et, crépitant dans l'air, me laisser à demi aveugle [...]

DYLAN THOMAS (1914-1953) extr: "J'ai ardemment souhaité partir" in "Ce monde est mon partage et celui du démon". Editions Points 2008.

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Un grand poème de Walt Whitman fait pousser des prés sous la neige. Dans les magasins surchauffés on devine les mondes d'Orwell. Sur le sol, les pieds patinent. Et au dessus, un soleil gris, redessine les créatures. Tout l'être s'adonne au désir de la difficulté. Se mouvoir est une aventure. N'importe qui, n'importe quand, peut se prendre une boule dans la gueule. Lignes brisées sur le cristal. Des envers de manteaux en peluches, quatre doigts coupés dans une moufle, des nains à nez rouges, et à bonnets larges tendent leurs bras sur le pays. Il faudrait jouer avec ce feu. Quand il fait si froid les mains brûlent. En deçà du ciel, sous les arbres, le roux de la feuille s'éternise, la Tabareau se fossilise. On foule aux pieds, une nervure. Un trèfle, à quatre feuilles d'or, travaille au sommet le brésar dans la forêt Francis Popy et le Clos Jouve se rétrécit quand les boulistes, naguère fêtards, se retrouvent frappés d'amnésie.

L'être fondu à son mouvement très lentement rétropédale. Revêtir la trace du pas d'un passant ordinaire, s'y glisser pour y faire son nid. Attendre la tempête. Le froid qui vient. L'homme dit "Je l'endure".  C'est un défi. Des signaux de fumée, de buée sont envoyés dans la vallée. Quand le froid aura bien mordu, le monde se disposera d'une toute autre manière. Croit-on.

Les yeux bruns visant les agates, une luge sera offerte à tous les animaux. Les yeux bleus butinant la neige. Des pas de biches courant sur la lune. Il y aura des souvenirs. Des continents glacés sous l'illumination. Ce froid qui en mordant remet tout à zéro ira bien au delà d'une révolution.

"Icebergs, sans garde-fou, sans ceinture, où de vieux cormorans abattus et les âmes des matelots morts récemment viennent s'accouder aux nuits enchanteresses de l'hyperboréal [...]"

Un hiver éternel glissé dans la peinture, et un enduit fondant sur le toit des maisons. Il y aura un combat pour chasser les vigiles, ils secoueront à l'infini la boussole et la boule, pour voir la neige tomber de la cage du téléphérique. Des pantins ridicules, hors des vitrines choyées, porteront les cadeaux dans la benne à ordure puis des engins viendront pour balancer des sacs de sable rose sur la ville.

En attendant, que dire de ces nains à nez rouges, ces nains à bonnets larges qui prennent de l'altitude, par milliers puis s'envolent, tels des étourneaux ? On les regarde partir, on les retrouvera plus haut, au royaume des luges, hilares sur des traineaux, vouant un culte intraduisible à ce bonhomme jovial, qui compose le futur, une carotte entre les deux yeux, et des boutons de culotte piqués à l'ours Pitou.

A la place des monuments, mille bras porteront sur l'eau, la transformation à venir, des igloos mous voguant à la place des péniches, des radeaux transparents pour fixer la couleur dans l'eau. Le sentiment humain ne trouvera plus son mot. Plus un seul mot à dire, pas un qui n'ait subi dans l'exquise météo, ce désordre : l'absence enfin, de notre son. Alors comme là bas, le soleil ne se lèvera plus qu'une seule fois par an, et sur plusieurs semaines on verra s'étirer, toutes les beautés du crépuscule.

Qui dira, en ce monde détintinabulé, où se trouve "la Noël", et quel mois pour le jour de l'an ? La neige masquera le chrono. La terre plate sera stationnaire. La lune jettera son auréole au dessus de nos têtes cuites, et le soleil, ce cimetière, peuplé des anciens luminaires, réchauffera notre dîner. Juste des bulbilles et des baies...

Le monde, à partir d'aujourd'hui, ne bougera plus d'un millimètre.

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Photos : L'enfance est solitaire à Croix-Rousse sous la neige. Quelques bribes d'un pays blanc, et des pavés vus (et parcourus) à quelques jours de Noël. (Noël ? Vraiment ?). A Lyon. Décembre 2009. © Frb.

mardi, 24 novembre 2009

Les belles f(r)ictions

"Ceux qui n'ont pas exigé, un jour au moins, la virginité absolue des êtres et du monde, tremblé de nostalgie et d'impuissance devant son impossibilité, ceux qui, alors, sans cesse renvoyés à leur nostalgie d'absolu, ne se sont pas détruits à essayer d'aimer à mi-hauteur, ceux-là ne peuvent comprendre la réalité de la révolte et sa fureur de destruction."

ALBERT CAMUS. "L'homme révolté". Editions Folio 1995.

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Une nuit, au moins, en fouillant sous le ventre d'un caillou, vint une rumeur de vies anciennes, au cratère, des lamentations, et l'odeur encore fraîche de quelques corps calcinés après un combat révolu (disait-on) dont l'ultime précision, quelques détails réels, se délitaient à mesure que nous classions par ordre de grandeur chacune de nos révolutions. Une nuit, au moins, je sentis ces démons brûler méthodiquement la terre, rouler doucement sous les maisons, se rassasier des chairs que nous laissions tomber avec nos ombres. Vieilles canines de chiens, rêves lunaires, anciennes peaux...

Sous une pluie malodorante passaient les amours mortes. Et là, juste au dessus de ma tête, le crin crin d'un libre électron pris dans le tournis de son cercle remisait l'avenir de l'homme, avec sa femme. Tous deux, penchés sur la rambarde du balcon de la maison moderne, me regardaient tisonner les pierres, frictionner cette tombe d'où remontaient quelques aïeux entourés d'elfes noirs... Dans l'enclos de cette rue bordée comme un jardin, de cyclamens pâles et de géraniums sanguins, j'imaginais les grands espaces. Des musiques muettes inventant le feu à l'archet. De quoi griller la mémoire courte... De quoi remuer le vieux bois, de quoi inviter les revenants à se coucher dans le lit des vivants. Coeurs ignifuges à dégommer d'une caresse épouvantable, fine comme du papier argent. La nuit n'offrant pas d'autre spectacle, l'homme et la femme s'en contenteraient.

Photo : Rue de l'Auguste, la nuit. Au hasard d'un chantier, cinq pavés se réveillent au fond d'un gouffre immense, ou, sur la colline qui travaille (et qui crie aussi), les fantômes, (ces anciens soulevés), préparent l'ex-futur incendie. Vu à Lyon, Croix-Rousse. Novembre 2009.© Frb

vendredi, 06 novembre 2009

Dada doux

"Âne. Le lapin devenu grand"

JULES RENARD :  Extr. "L'âne" in "Histoires naturelles". Editions Flammarion 1999.

ANE861.JPG

"Parfois l'âne, à cause d'un chardon qu'il flaire, ou d'une idée qui le prend, ne marche plus.
Jacquot lui met un bras autour du cou et pousse. Si l'âne résiste, Jacquot lui mord l'oreille.
Ils mangent dans les fossés, le maître une croûte et des oignons, la bête ce qu'elle veut.
Ils ne rentrent qu'à la nuit. Leurs ombres passent avec lenteur d'un arbre à l'autre.
Subitement, le lac de silence où les choses baignent et dorment déjà, se rompt, bouleversé.
Quelle ménagère tire, à cette heure, par un treuil rouillé et criard, des pleins seaux d'eau de son puits ?
C'est l'âne qui remonte et jette toute sa voix dehors et brait, jusqu'à extinction, qu'il s'en fiche, qu'il s'en fiche."


Klaus GROH : "Dadadance"

podcast

 

A écouter un petit clin d'oeil (glamouroso) à l'âne, extrait du magnifique album "Spazio" de Fabio VISCOGLIOSI : http://www.deezer.com/listen-222718

A découvrir : Le merveilleux baudet du poitou. Le plus beatnik des ânes. (Une very spéciale dédicace à Liam, en passant) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Baudet_du_Poitou

Photo : Auprès de mon âne. (Equus Asinus), à la robe grise, aux yeux très doux, j'entends les sons de la montagne en multistéréo. Photographié dans un grand champs près de Montmelard. Nabirosina. Octobre 2009. © Frb.

samedi, 17 octobre 2009

Parler au caillou

"C'est en discutant avec un caillou
qu'on a le plus de chance

de se rendre compte des limites de la conversation".

PIERRE-YVES MILLOT : in "La conversation"/ "Pour en finir avec le rien".

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DISCUTER : Nature : v. a. Prononciation : di-sku-té

Etymologie : Lat. discutere, dissiper, secouer, et figurément, examiner, discuter, de dis.... préfixe, et cutere, frapper.

conjugaison du verbe discuter : ICI

CAILLOU : Nature : s. m. Prononciation : ka-llou, ll mouillées, et non ka-you Etymologie : Berry, chillou, chaillou, caille ; caillotte, chillotte, petit caillou ; Saintonge, chail ; picard, cailleu ; wallon, caie ; namurois, caiau rouchi, caliau ; provenç. calhau ; portug. calhão. Mot difficile. Diez, faisant ressortir l'analogie entre cailler et durcir, propose cailler, acceptable pour le sens ; mais, si caillou avait même origine que cailler, on trouverait parfois dans les anciens textes coaillou (voy. l'historique de cailler) ; ce qui n'arrive jamais. Grandgagnage le tire du flamand kai, kei, caillou. À cause du sens, on ne peut guère, jusqu'à présent du moins, admettre que calculus ; d'où, par suppression de l'u bref, calclus ; d'où chail ou chaille ; d'où, avec un suffixe ou, caillou ou chaillou. Ce suffixe ou et au dans le provençal fait difficulté ; car représentant la finale latine avus (clavus, clou), on ne voit pas comment il s'est joint à cail. Au reste les suffixes ont varié : il y a eu ot, otte, eul, iel, tous suffixes qui vont beaucoup mieux au primitif cail que le suffixe avus. Le celtique cal, dur, a été indiqué.

Conjugaison du verbe caillouter : ICI

(Sources : dico divers, Web).

Avant de courir (via liens) sur les textes épatants de P. Y. MILLOT,  on tirera des parallèles entre le verbe discuter et le caillou, par la voix de PLUTARQUE évoquant un instant la "vie de DEMOSTHENE", qui, (d'une autre manière), discutait avec des caillou(x) (plein la bouche), comme quoi, (c.f P. Dac) :"tout est dans tout et réciproquement". Extrait :

"Sa voix était faible, son élocution peu nette et son souffle court, ce qui obscurcissait le sens de ses paroles par le morcellement des phrases. [...] Il se fit, dit-on, aménager une salle d'études souterraine; [...] il y descendait tous les jours sans exception pour s'exercer à l'action oratoire et cultiver sa voix; souvent même il y restait deux ou trois mois de suite, se faisant raser un seul côté de la tête, afin d'être empêché de sortir, même s'il en avait grande envie, par le respect humain. [...]
Il parvint par ses efforts à se défaire de sa prononciation vicieuse et de son zézaiement et à articuler nettement en se mettant des cailloux dans la bouche tout en déclamant des tirades. Pour exercer sa voix, il parlait en courant et en gravissant des pentes, et prononçait d'un seul trait, sans reprendre haleine, des discours ou des vers. Enfin, il avait chez lui un grand miroir en face duquel il se plaçait pour s'exercer à la déclamation".

Je ne me résigne pas à suivre P. Y. MILLOT dont je vénère pourtant l'écriture. Cette idée de limite (surtout de la conversation) me sape le moral. Il faut bien accepter cependant, chemin faisant, et entrer en matière avec le caillou. De quoi discuterons nous ? De rien. Ou presque. Parfait. Happée par la douce érosion de l'élément, je résiste au silence de mon caillou. J'essaye d'amadouer, de lui faire quelques compliments. Rien à faire. Au moment où le désespoir viendrait, à force de patience, se joue un étrange déplacement. Je m'aperçois que très naturellement je partage plus de choses avec le caillou qu'avec certaines personnes. Nos points communs ne sont pas rien, le caillou ne regarde pas la télévision, le caillou ne va pas au cinéma, ni aux musées, ni au théâtre. Le caillou est tout seul, le caillou ne porte pas de costard (et je l'en remercie). Le caillou en dit long. Pour le reste il se fout à peu près de tout y compris que tout soit dans tout, même réciproquement. Mais ce qui m'attire et m'invite disons au surpassement (ça marche aussi avec les gens), c'est ce point justement où il n'y a plus rien de commun. Altérité, on dit. Sur son corps inspiré, se lisent des oxymores : impassible douceur. Une idée de la ruine de toutes les connaissances, de l'acquis, de l'inné et j'en oublie. Sa voix (?) en vient à me timbrer passablement. L'étrange étrangeté excelle. Le silence du caillou devient assourdissant. Il convoque les morts. Ses lisses rugosités, sa bienveillante indifférence me liquéfient. Il a gagné. Nous avons dépassé la limite de la discussion et pourtant le flux ne s'interrompt pas. Ce présumé silence était un leurre. Je disparais mangée par le chemin, portant à bout de force une question quasi godardienne. "Qu'est ce qu'il y a au delà de la conversation ? Et comment ça s'appelle ?"...

Quant à P.Y. MILLOT, quand on lui demande "Pourquoi écrivez vous ?" il répond, "Il faudrait adresser cette question à un psychanalyste". C'est ce que nous ferons ! décidément certains jours, même avec les meilleures intentions du monde, on n'y arrive pas. ("Même en mettant les bouchées doubles" me glisse Démosthène sur dans l'oreillette, ah c'est malin !).

En attendant je ne peux que vous conseiller de découvrir P. Y. MILLOT à travers ces truculents petits liens aimablement glanés par la maison. Je vous promets que c'est un chouette lot de consolation, (vous pouvez me remercier).

http://pymillot.chez.com/

http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/moderne/millot/...

http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/moderne/millot/...

Photo : Caillou du Nabirosina (énorme, superbe, teinté de quartz bleuté et rose), entouré de sa famille et de quelques amis. Vu sur le chemin du hameau dit "des Clefs", là bas. Octobre 2009. © Frb.

mercredi, 07 octobre 2009

Les crocs d'Icare

Comme un mercredi, sur le grand manège...

ICARE51.JPGReprenons l'étude aux bruits d'une vogue qui convulse et rassemble, paraît aussi jeter au ciel quelques aventuriers, bien décidés à se trouver pendus, tête à l'envers, jambes pendantes (et réciproquement), sous nos visages levés, nos bras ballants (et pas réciproquement)... Une machine paradoxale. La plus métaphysique sans doute de cette vogue. Un de ces engins qui aurait bien pu inspirer un SCHOPENHAUER  ?

"On n'est libre qu'en étant seul " (in "Ma vogue avec Schopenhauer"). Editions Plon 2009.

un CIORAN ?

"Au zoo toutes ces bêtes ont une tenue décente, hormis les singes. On sent que l'homme n'est pas loin." in "Le manège à Mimile". Editions du néant, 2004.

ou plus certainement un MONTAIGNE :

"Tout ce qui branle ne tombe pas", in "Montaigne saute à l'élastique". Edition Ushuaïa 1984.

Un Univers de "cons flambloyants" (dont je suis, et, pardonnez-moi, dont nous serions tous un peu, selon mon chien aussi, inclus n'est ce pas ? A qui je rends un hommage mérité en passant, ainsi qu'à tous les autres)... Un de ces mondes comme on en rêve depuis qu'on est resté enfant, et dont on ne s'arracherait pas si aisèment pour partir sur une île déserte avec son bouquin préféré (Nathalie SARRAUTE ? "L'ère du soupçon" ?) ou "sa" petite musique préférée (Michel Fugain ? (en minuscules) "Fais comme l'oiseau" ? (Je vous mets le lien ? Allez ! juste pour les costumes, la vie est courte ! soyons fous !). Plus jamais d'île déserte, que nenni ! on est mieux là, assis par terre (pas attaché sur le manège ! vous n'y pensez pas, malheureux !). Juste là. Ras les pâquerettes. A faire Zazen comme des petits bouddhas dissipés, à respirer ce merveilleux pralin d'humanité qui va et vient tout au milieu du ciel et qui nous met les tripes à l'air, rien qu'à le regarder.

Voilà un manège qui fascine sans doute parce qu'il dévore ses gens, qu'il broie menu, sangle les membres de ses passagers, (tous consentants, la camisole de force au milieu de la fête, c'est encore un mystère), avant de les monter un peu plus haut que les toits, dans le fracas assourdissant des overbass du pire dancefloor de la terre. Adrénaline, chocottes totales à ceux du ciel. Pour ceux du bas le plaisir est immense. Surtout quand le forain stoppe toute sa machinerie. Et laisse de longues minutes ses otages immobiles, attachés tout en en haut. Interminable apesanteur ou pesanteur, au choix. S'ensuit alors un suspens insoutenable où le temps entre en expansion, et peut-être l'univers aussi...

A écouter "le courage des oiseaux" : ICI

A voir le mouvement de la petite histoire : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/11/05/la...

Et pour un manège plus "humain", plus enfantin, disons, c'est juste à l'étage au dessous..

Photo : le manège le plus insensé de la vogue et peut-être le plus technoïde, installé sur une petite place pas loin de la Mairie (Sorry, j'ai oublié le nom,), longeant le boulevard de la Croix-Rousse, vu avec ses volontaires en pleine partie de jambes en l'air, (pas du tout ce que vous croyez, messieurs-dames !). "Vogue aux marrons" encore et toujours à l'heure d'été, en presque début de roisée. Lyon. Octobre 2009. © Frb.

lundi, 05 octobre 2009

Flash in the night

22 secondes de tournis


jeudi, 17 septembre 2009

Le duplex de Malévitch

"J'ai débouché dans le blanc, camarades aviateurs, voguez à ma suite dans l'espace sans fin."

KASIMIR MALEVITCH (1878-1935)

le duplex de malevitch.JPG"Débouché dans le blanc," On a retrouvé MALEVITCH (Kazimir Sévérinovitch exactement). Des signes qui ne trompent pas."Carré noir sur fond blanc", (peint en 1913, montré en 1915), explose l'art ancien. En 1923, MALEVITCH réalise une esquisse de vêtements, conformément à une peinture murale... MALEVITCH écrit :

"L'harmonisation des formes architecturales, quelque style d'architecture industrielle que ce soit [...] exigera le remplacement du mobilier, de la vaisselle, des vêtements, des affiches et des peintures existants. Je prévois que le mouvement de l'architecture va avoir d'une façon significative, une harmonie suprématiste de formes fonctionnelles".

Cet extrait de texte alerta sérieusement les agents d'expertise de la "manufacture art et cycles de certains jours" qui ne mirent pas longtemps à découvrir le "pot aux roses". MALEVITCH était bien vivant. L'artiste, non content d'avoir explosé l'art ancien en 1923, récidivait en 2009, et très insolemment, doublait la mise sous les yeux d'un Emile Zola médusé, quelque part en banlieue entre Gratte-ciel et la Tordette. Tout le monde se souvient (n'est-ce pas ?) qu'en 1925, MALEVITCH s'était mis à construire des "architectons", compositions suprématistes spatiales... Ainsi tout concordait : Le duplex de MALEVITCH constituait bien le chaînon manquant entre "le carré noir sur fond blanc" et les "architectons". Du moins ce fût la conclusion de nos agents d'expertise de la M.A.C.C.J. qui pour en avoir le coeur net, envoyèrent une convocation à Monsieur K. MALEVITCH. On attendit. Monsieur K. MALEVITCH ne se présenta pas. Une enquête de voisinage menée tambour battant par les agents de la cellule de vérification des arts et cycles de certains jours (C.V.A.C.C.J.) ne pût tout à fait obtenir les résultats souhaités. Certains voisins affirmèrent de source sûre, qu'effectivement Monsieur K. MALEVITCH habitait bien ce duplex, d'ailleurs il avait dérangé les gens sous prétexte de petites rénovations sur la façade côté cours. D'autres furent certains qu'ils n'avaient jamais entendu ce nom là. Seul, un psychiatre réputé, l'éminent Docteur S. Drufe vivant dans la maison d'en face, jura sur la tête de sa femme, de sa mère et de ses patients que ce duplex n'existait pas, sinon dans l'esprit dérangé d'un bon nombre de gens. Il fallût donc revérifier. Les contre-experts de la C.V.A.C.C.J. s'invitèrent dans l'appartement du Docteur S. Drufe, et se mirent à la fenêtre avec des téléobjectifs pour tenter d'arracher la preuve que MALEVITCH était vivant et résidait à Villeurbanne. Auquel cas, il faudrait signaler au gouvernement (à monsieur Ribec, particulièrement) l'existence de ce terroriste (afin de vérifier si ses papiers ... enfin bref !). Seulement voilà... Ce que virent les contre-experts s'avèra tout à fait incompréhensible et confirma irréfutablement les arguments du Docteur Drufe : "Le duplex de MALEVITCH" n'existait pas, pas plus que MALEVITCH ne pouvait être vivant. On touchait au néant : "Carré blanc sur fond blanc"...

le duplex de malevitchXX2.JPGLes experts de la C.V.A.C.C.J. ne voulurent pas admettre la vérité qui pourtant résidait dans cette sorte d'énigme dépourvue de paramètres. Cette figure sans trame, ce duplex sans fenêtres qui obsédait, taraudait, désintégrait les hypothèses, posait au milieu des mondes habités un aberrant seïsme d'une puissance de type immobile. Nos contre-experts  pas plus que nos experts, ne pourraient désormais s'arracher de cette surface sans éprouver cette sensation de nudité, ou pire encore la suspicion que ce K. MALEVITCH (bien qu'introuvable), avait pris possession de leurs cerveaux et bientôt attaquerait leurs corps...

Bien calé dans son siège "Colombo", le docteur S. Drufe attendait patiemment que ces messieurs quittent la pièce. Tripotant une statuette ramenée de Laponie par son amie Anna de Sandre, le docteur écoutait. Depuis l'irréfutable surgissement de la preuve, les agents de la cellule de vérification, ne tournaient plus très rond. L'un disait : "Je suis sûr que MALEVITCH habite dans ma tête", un autre complètement fou faisait de grands gestes d'exorcisme en hurlant "Kasimir, je t'en supplie, sors de ce corps". Le docteur Drufe, très intrigué fit parler le troisième: "Mais que ressentez vous, au juste, mon ami, si je puis vous aider ?", l'expert cherchait ses mots, il ne les trouvait plus. Il était sûr que c'était ce MALEVITCH qui les lui avait pris. Il demanda au docteur une dernière petite faveur : "Pourriez vous fermer les rideaux s'il vous plaît ? Ce duplex, vous savez, je ne peux plus le voir en peinture !". (Rire du Dr Drufe) "Ah ! Ah ! en peinture ! non ! ça, mon ami, en peinture, ça ne risque pas !". La nuit tombait, le docteur Drufe savait. Le duplex de MALEVITCH ayant existé dans la tête des messieurs, on ne pourrait plus désormais les persuader du contraire. Ces hommes devraient vivre à jamais avec une idée fixe. Le duplex était un rectangle MALEVITCH l'avait vu carré, déjà à l'origine, tout partait sur de mauvaises bases. Le Docteur caressa sa barbe, une idée formidable se formait dans sa tête. Si le carré était un rectangle, c'est qu'il y avait eu glissement ? A en observer le comportement de ces experts, mis à l'épreuve non d'une réalité, mais de la vérité, le duplex était devenu complexe. Le docteur Drufe eût cette vision furtive, son idée traverserait l'avenir. Il murmura : "Des couilles en or". Il venait de découvrir ce qui bouleverserait irrémédiablement la perception de l'homme du XXIIem siècle et rendrait définitivement muette toute tentative de pouvoir l'expliquer voire même l'analyser. Il sortit un carnet tout neuf, et à la première page nota : "Le complexe de MALEVITCH, chapitre 1". Une nouvelle ère commençait...

En attendant vous pouvez être (do it yourself !) vous mêmes ! un MALEVITCH. (Profitons c'est pas tous les jours !) en cliquant sur ce lien, (architectons, avant qu'il ne soit trop tard, camarades !) : http://www.beamalevich.com/

Photo 1 : Le duplex de MALEVITCH  vu cours Emile Zola, à Villeurbanne en Septembre 2009.

Photo 2 : Le complexe de MALEVITCH  vu le même jour, à la même heure, au même endroit, en Septembre 2009. © Frb.

lundi, 07 septembre 2009

Duchesse

Que dire en effet à une femme qui ne croit pas à l'Amour ?

boudin.JPG1 - Laissez moi vous prouver combien je vous aime.

2 - Laissez vous posséder.

3 - Le haut prix que vous attachez à vous même, me montre que je ne dois pas en attacher un moindre.

4 - Si votre bonheur vous est si pénible sacrifice, alors n'en parlons plus.

5 - Seulement, vous pardonnerez à un homme de coeur de se trouver humilié en se voyant pris pour un épagneul.

HONORE DE BALZAC in "La duchesse de Langeais" 1834, éditions Nathan 2008

La duchesse de Langeais voulût "que cet homme ne fût à aucune femme et n'imagina pas d'être à lui", c'est ainsi que BALZAC la présenta. Voilà le point précis du drame tout autant que sa trame presque comique : La quête féminine de la preuve de l'Amour éternel. Je ne vous conterai pas tout à fait l'histoire du général Armand de Montriveau et d'Antoinette de Navarreins, la bien nommée duchesse de Langeais. Je vous conseillerai plutôt d'aller goûter ces parties de pure comédie (ou tragédie) humaines, au coeur du livre de BALZAC. Un petit goût de reviens z'y quand même : Armand séduit, insiste, empresse son désir en présence de sa belle, tandis que la duchesse manoeuvre à souhaits. L'Amour entre eux alors se traîne, en longues conversations et en droit que la dame accorde au prétendant (qu'elle nomme "son amant"), de lui caresser la nuque ou légèrement les pieds. Entre eux, impavide, le regard de Dieu, ou disons s'immiscant, le très "noble" argument de la religion, qui permet de ne point céder tout en faisant durer le plaisir (entendez, celui de l'intrigue). Argument de fond émis par la duchesse : Si elle se donne il y a risque certain qu'elle soit abandonnée par son "fervent". Ainsi exigera t-elle un Amour sans troubles, ni craintes. Quelle plus belle preuve d'Amour peut on donner que celle d'aimer sans se donner ?

Montriveau, fou d'Amour averti par un proche que la duchesse ne cédera jamais et découvrant l'ampleur de sa propre crédulité, change de stratégie. Il décide d'ignorer cette dame qui mesurera alors qu'elle a perdu le plus grand Amour de sa vie. Il organise sa vengeance et fait enlever la dame. Il veut lui marquer le front au fer rouge et qu'ainsi à jamais, Antoinette soit perdue. Retournement de situation, c'est à lui, à son tour d'exiger une preuve ! Mais Antoinette est prête désormais, et ce qu'elle veut à jamais, c'est d'être marquée au fer rouge ! la vengeance D'Armand fera le bonheur d'Antoinette tel est le charivari qui vient à l'esprit plein de sagacité du malin Honoré. Nous retrouvons plus loin l'Antoinette, implorant cette marque, s'écriant, en suppliant, d'appartenir au maître : " Je ne vois que clémence et pardon, que bonheur éternel dans ta vengeance" mais Montriveau, cachant ses larmes, renoncera à sa vengeance, (souvent hommes varient ?), et renoncera aussi à cet Amour. La duchesse sera alors prête à fournir toutes les preuves, s'adonnant à des conduites qui ne sont pas celles du faubourg, entendez l'atmosphère parisienne, du faubourg St Germain, brillante, très aristocratique, où chaque sourire, chaque attitude sont "règlés" selon un code commun. Antoinette ira jusqu'à faire penser qu'elle a dormi chez son amant. Une rumeur court et grandit. Tout le faubourg se trouve au courant de l'inconduite de l'amoureuse. Tout le faubourg, sauf Armand. De là, elle lui écrit une lettre bouleversante où elle s'offre à lui pour toujours. Elle lui donne même un rendez vous et s'il ne s'y rend pas, elle jure qu'elle quittera ce monde. (Plus finemement, entre les lignes on comprend "quittera" comme un retrait du style couvent, grand dénuement, et parfaite abnégation). Le général Armand de Montriveau, hélas ! lira la lettre quelques minutes trop tard...

Et après ? Savez vous ce qu'il arriva ?

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Je prendrai à ce point précis du billet le plus grand soin possible afin de bien réitèrer ma suggestion. Il est très beau ce livre, vous ne le regretterez pas. Cet avant-goût n'étant qu'un début ; (bien que le début du roman de BALZAC ne commence pas tout à fait par le début. Allez comprendre !) Il faut savoir, que BALZAC data "La duchesse de Langeais" (ne pas confondre avec l'adorable Catherine Langeais qui fut dit on la première maîtresse d'un "Dieu ?" dont Gala raconte qu'il fût assez mordu, mais je m'égare... ), ce récit donc, fût daté, non pas du jour où BALZAC l'écrivit, mais du jour où Madame Hanska devînt sa maîtresse. En lisant la suite du roman "La duchesse de Langeais", vous comprendrez  peut-être mieux pourquoi, BALZAC grand trousseur de jupons devant l'éternel, semble nous indiquer assez clairement que les Amours ne sont pas uniques, mais se comptent. Toute la tragédie comédie de l'Amour étant là : Dans la preuve par la perte, pourrait-on dire. La Duchesse de Langeais prouvant l'Amour, non en donnant ce qu'elle n'a pas, mais en perdant ce qu'elle a.

Sur ce, un ange (chouia déchu) passe. Melle branche, (une amie de Madame Montriveau mère) ouvre en grand la fenêtre. Jacques LACAN, sort du placard à balai et traverse en quinconce le salon où sont assis les belles personnes, écrasant négligemment sa cigarette sur le divan. il marmonne à voix basse un truc tellement lumineux que personne n'ose s'accorder le droit de se laisser si brutalement éblouir. Je tente un timide : "- qu'est ce que vous dites m'sieur Jacques ?" Il répéte avec son phrasé bien caractéristique. "Je dis :

Il n'y a pas de rapport sexuel. pourquoi ? car la jouissance de l'Autre prise comme corps est toujours inadéquate".

"Oh lala ! ça va pas recommencer !" ronchonne la vieille, très vieille Duchesse de Langeais (du fond de son fauteuil relax). La bonne arrive : "Le dîner est servi". Monsieur Armand, est là, qui nous regarde avec ses yeux doux. Quant à moi, je n'ai pas envie de conclure tout de suite mais bon.

Nota : Je suggère au lecteur qui ne saurait pas quoi faire de ses journées de s'amuser (ça, ou les mots croisés) à complèter la liste commencée par msieur Honoré : "Que dire en effet à une femme qui ne croit pas en l'Amour ?". Je suis sûre que son lecteur, masculin surtout, (la lectrice n'étant pas pour autant exclue) abondera en idées généreuses...

Photo : A peine une suggestion un peu goujate (qui se prononce). Un de ces babillages contemporains qui se disent avec les copains quand une dame se refuse. Ou un mur qui se lit peut être à la manière d'un  VILLEGLE ? Décolleur d'affiches sur cités. Puis un voile se déchire. La façade se met en état(s). Et tout simplement resteront à voir les dessous meurtris de la façade, flottant sur une ravissante tapisserie d'alcôve telle qu'on en trouve encore, au secret d'appartements anciens. Vus rue René Leynaud, juste en bas des pentes de La Croix-Rousse, bien avant de franchir la colline, (travailleuse, mais pas seulement). Lyon. Septembre 2009. © Frb.

dimanche, 06 septembre 2009

Comme un dimanche

Après une franche repue,
J’eusse aimé, toute honte bue,
Aller courir le cotillon
Sur les pas de François Villon,

Troussant la gueuse et la forçant
Au cimetière des Innocents,
Mes amours de ce siècle-ci
N'en aient aucune jalousie...

GEORGES BRASSENS "Le moyenâgeux"

christ brisé bis - copie 1.png

Dans la langue médiévale le mot "église" ne désignait pas seulement les batiments de l'église mais aussi l'espace tout entier qui l'entourait. Pour la coutume de Hainaut, l'église "paroichiale" (paroissiale) est "assavoir la nef, le clocher, et le chimiter" (cimetière). On prêchait, on distribuait le sacrement aux grandes fêtes, on faisait les processions dans la cour de l'église, réciproquement, on enterrait à la fois dans l'église, contre ses murs et aux alentours. Le mot "cimetière" désigna plus particulièrement la partie extérieure de l'église, l'atrium ou "aître"... Aussi, étrangement qu'il sonne à nos oreilles, le mot "aître" était l'un des deux mots utilisés dans la langue courante pour désigner le cimetière. Mais le mot "cimetière" appartint plutôt jusqu'au XVem siècle, au langage des clercs. Il y avait un autre mot employé en français synonyme d'aître : le charnier. On le trouve déjà dans "la chanson de Roland". "Carnier" est resté dans sa forme la plus ancienne, la plus proche du latin "carnis", (dans notre parler populaire, "une vieille carne"), et sans doute appartenait-il déjà avant "la chanson de roland" à une sorte d'argot pour désigner ce que le latin classique ne nommait pas et que latin d'église désignait d'un mot grec et savant : "cemeterium". Dans les mentalités médiévales, l'espace clos qui enfermait les sépultures comptaient plus que le tombeau. A l'origine, si "charnier" était synonyme d'"aître", à la fin du Moyen-Age, il désignait seulement une partie du cimetière, c'est à dire, les galeries qui couraient le long de la cour de l'église et qui étaient surmontées d'ossuaires.

Le fait que les morts étaient entrés à l'église et dans sa cour, n'empêcha ni l'une ni l'autre, de devenir des lieux publics. La notion d'asile et de refuge, est à l'origine de cette destination non funéraire du cimetière. Pour certains lexicographes, le cimetière n'était pas toujours nécessairement le lieu où l'on enterre, il pouvait être indépendamment de toute destination funéraire un lieu d'asile et il était défini par la notion d'asile : "azylus circum ecclesiam". Ainsi dans cet asile intitulé cimetière, qu'on y enterre ou qu'on n'y enterrât pas, on prît le parti de construire des maisons et de les habiter. Le cimetière désigna alors, sinon un quartier, du moins un îlot de maisons jouissant de certains privilèges fiscaux et domaniaux. Enfin, cet asile devînt un lieu de rencontre et de réunion, comme le forum des romains, la Piazza major, ou le corso des villes méditerranéennes, pour y faire commerce, y jouer, ou tout simplement pour le plaisir d'être ensemble. Le long des charniers, s'installèrent parfois boutiques et marchands. Au cimetière des innocents à Paris, les écrivains publics offraient même leurs services.

christ brisé m - copie.jpg

En 1231, le concile de Rouen, défend de danser au cimetière ou à l'église sous peine d'excommunication; un autre concile de 1405, interdira de danser au cimetière et d'y jouer à un quelconque jeu. Il défendra également aux mimes, aux charlatans, aux musiciens et autres montreurs de masques d'y exercer "leur métier suspect". Un texte de 1657, montre qu'on commençait à trouver un peu gênant ce rapprochement en un même lieu, des sépultures et des "cinq cents badineries que l'on voit en ses galeries [...] au milieu de cette cohue, écrivains publics, lingères, libraires, revendeuses à la toilette, on devait procéder, à une inhumation, ouvrir une tombe, et relever des cadavres qui n'étaient pas encore consommés, où, même dans les grands froids, le sol du cimetière exhalait des odeurs méphitiques [...]"

Si à la fin du XVII e s. on commence à apercevoir des signes d'intolérances, il faut admettre que pendant plus d'un millénaire on s'était bien accommodé de cette promiscuité entre les vivants et les morts. Les ossements cotoyés, à la surface des cimetières, n'impressionnaient pas plus les vivants que l'idée de leur propre mort. Ils étaient aussi familiers avec les morts que familiarisés avec leur mort.

Source : Philippe ARIES "Essais sur l'histoire de la mort en occident", (du Moyen Âge à nos jours), éditions du seuil 1975.

Photo : Ce qu'il reste... Vestiges d'un "Jésus au bras coupé", vus en traversant les allées du cimetière de Charlieu, cité médiévale au blason échiqueté d'argent et de sable), et "cher lieu "Carus Locus" autant qu'un paisible refuge sable et argent (où on ne boit pas, on ne fume pas, on ne danse pas. Tenue correcte exigée. Tout bien comme il faut). Fin Août 2009. © Frb

Le temps qu'il fera mardi

cloud84.JPGIl est rare que le bulletin météo m'attendrisse à ce point. C'est ainsi, en tournant la molette de mon poste TSF, que je tombai sur je ne sais quelle radio m'annonçant le temps prévu pour la semaine à venir. Et, ce qui me charma tout à fait fût l'annonce du temps prévu pour ce prochain mardi 8 septembre 2009. Je vous la livre telle qu'elle me me fût donnée :

"Ciel beau partout, hormis en Lorraine, où on notera la venue d'un nuage."

Un nuage en Lorraine ! N'est ce pas adorable ? Seul et unique nuage qu'on pourra voir en France ce jour là. Je ne vous cache pas que je serai assez prête à faire l'aller-retour Lyon-Lorraine dans la journée pour voir ça. Je raffole de ces petites exceptions qui empêchent le ciel de tourner au bleu uniforme et tout le reste en rond. Peut-être, demanderai-je à une lorraine de ma connaissance de me ramener quelque clichés, mais selon le bulletin de l'heure qu'il est (et qui m'échappe toujours), je crois qu'elle se trouve justement à Lyon...

Nota : Le temps prévu partout du mardi 08 septembre 09 étant grosso modo celui du 31 août 09, (sauf en Lorraine), je ne vois même plus pourquoi on s'attarderait à écouter quelque bulletin météo à la radio, puisque on a tout sur la blogo, dans le désordre, et avec un peu d'organisation, on peut avoir la prévision qu'on veut y compris celle d'hier avec l'heure et l'adage ensuite il suffit de transposer et on retombe sur nos pattes tout en décoiffant KLEIN en deux coups de cuillère à pot.

Photo : Ciel du dimanche sur la colline. Comme celui d'un lundi sous le ciel de la Tabareau. Lyon. Septembre 2009. © Frb

samedi, 29 août 2009

2012 ?

Qui osera ?

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Photo : Maison inhabitée (peut-être à vendre), avec vue imprenable sur la petite église romane  du village de Vareilles (anc "Varelyae"), un arbre centenaire entouré de roses trémières, + un coin de jardin et un petit banc. Nabirosina. Août 2009. © Frb

lundi, 24 août 2009

Comme un lundi

Vingt secondes et puis rien .


 

vendredi, 21 août 2009

Du pareil au même

PARKING020AA.jpgPhoto : Fin des vacances. L'itinéraire est même flêché sur la pierre de l'église de Châtenay sous Dun. Cependant on a le choix. (Je n'ose dire l'embarras du choix). Nabirosina. Août 2009. © Frb

Si toutefois vous trouviez le choix un peu "limité", je vous conseille vivement d'aller défier le hasard en suivant d'autres flêches du côté des nuages... Vous ne le regretterez pas , (tout y très bien indiqué) :

http://les-nuages.hautetfort.com/archive/2009/08/27/le-ha...

A suivre... Billet ci-dessous 

jeudi, 20 août 2009

Tracer

"Quand j'aurai cent dix ans, je tracerai une ligne et ce sera la vie."

HOKUSAÏ KATSUSHIKA, (北斎), (1760, 1849)

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Une écriture naît sur la route, quelques points de suspension, telle la mise en demeure de la ligne d'horizon. C'est tout en bas de la page que commencent les grands voyages. Ils se remontent comme les fleuves dit-on, et voilà que le voyageur se prend pour un saumon... Du labour viendra la métamorphose, ils ont tracé la route, ne reste plus qu'à suivre. Le mouvement envoûte. D'autres incisent encore la terre avec la lame bleue des faux, mais ils sont de plus en plus rares. Au mouvement précis du devoir régulier, tâchons bien et traçons. Abreuvons le sillon du sang de l'aventure. Et que le pas s'élève, et que s'inscrive un peu de sueur dans cette mûe. Le devoir de contradictions. Nous voilà à ce point, rendus et gratifiés. L'outil offrant la symétrie, nous travaillerons au salut de la ligne. Un grand nombre de traits reste à réaliser, plus nous irons à l'épaisseur, plus nos jours seront prévisibles. Nous joindrons par des ligatures, nos traces, et les organiserons. Tout cela formera des phrases vouées à la ligne de fuite, aussi fastes que des murailles, plus mouvantes que le marécage. Et nous peindrons par terre d'hallucinants messages, nous les coucherons sur la route. Nous apprendrons les signes qui vont apprivoiser. Nous occuperons tous les espaces, nous les refermeront. Un à un. Ailleurs, il y aura des calligrammes ouvragés, sur le marbre. Et une ligne horizontale, bel écheveau de nos destins, livrera aux oracles, les déliés, le trop plein, où ne se perçoivent plus les destinations idéales. Où serons nous demain ? Un champ vide ouvrira la page. (Page du latin "Pagus" = "Champ"). Une série inépuisable de combinaisons, entrera en ligne de compte. Des comptabilités, toute une paperasse. Comme à chaque fois, les signes s'en retourneront à la ligne et se déploieront d'un point à un autre. Etc...

A écouter : http://www.deezer.com/listen-2238985

Photo : La ligne blanche, sur la grande route du Nabirosina, celle qui mène aux villes, comme partout. Géométrie urbaine en milieu rural avec St Cyr en ligne de mire (hors champ). Vue en Aôut 2009 du côté de Vicelaire. © Frb

dimanche, 16 août 2009

Comme un dimanche

"Ce jourd'hui 7 Août 1766, en vertu des pouvoirs qui m'ont été accordés par Mgr l'Evêque de Mâcon, je soubsigné, curé de Varennes et la Clayte ay béni une cloche du poids de 421 livres au prix de 618 livres, pour être placée dans le clocher de Sainte Avoye, dudit La Clayte, à laquelle cloche a été donnée le nom de Marie-Charlotte [...]"

"Bénediction de la cloche de Sainte Avoye". 7 Août 1766. Source : "La Clayette, hier et aujourd'hui" par F. NADEL, 1989.

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Les cloches ne sont plus ce qu'elles étaient. Il est très loin le temps où l'on donnait des noms aux cloches. Très loin le temps, où quand sonnait le glas, une rumeur incontestable courait de maison en maison, et l'on disait de source sûre: "Quelqu'un est mort, c'est la Marie-Charlotte qui me l'a dit."

La Marie-Charlotte, hélas, je ne peux pas trop vous en parler, je ne sais pour l'heure rien d'elle précisément , et je ne peux pas non plus vous la montrer, invisible et trop haut perchée, pas plus que je ne peux vous montrer les peintures murales de cette église (on dit chapelle) qui ont été retrouvées, en assez mauvais état, difficiles à dater, mais dont la plus ancienne, semble être originaire du XVem siècle. Onze personnages sont représentés et une liste de noms et prénoms féminins ont été trouvés, 20 dont 16 seulement sont lisibles. L'histoire ne nous dit pas si la Marie Charlotte y figure. Mais l'enquête se poursuit...On retrouva aussi quelques blasons, des noms de saints et une vasque d'où s'échappe un bouquet de fleurs...

Nous reviendrons sur ce sujet un jour, quand je pourrai accéder à l'intérieur de la Chapelle Ste Avoye, pour essayer d'attraper quelques fresques (ce qu'il en reste) et les amener à la surface de certains jours.

avoyes049.JPGQuant au nom (et au son) des cloches qui constituèrent pendant plusieurs siècles (quand même) le principal moyen d'information de masse, elles ne pouvaient sonner, ni être affectées au culte, encore moins être placées dans le clocher sans avoir été préalablement bénites. Chaque cloche portait alors un nom qui lui était attribué lors de la "Bénédiction des cloches". Mais ce n'est pas tout... A cette occasion, elle était revêtue d'une aube blanche parée de dentelles, lavée à l'eau bénite, ointe et parfumée par l'officiant. Entourée d'un parrain, et d'une marraine, elle portait les noms inscrits sur sa robe. Son nom de baptême était plus ou moins lié à celui de son généreux donateur. Je ne ferai pas mon Vermot quant à la manière qu'a aujourd'hui notre société de traiter ses cloches car elles ont souffert bien avant, (hop là ! trêve de digression, on enchaîne !). A la révolution, on décida de les "faire taire", après qu'on eût bien martellé les visages ou les mains du Christ et des apôtres au tympans des églises. On enleva les cordes des cloches et quelques unes furent enterrées. Nul ne raconta jamais comment se passa l'enterrement des cloches... C'est sans doute parce que l'histoire nous revient toujours avec plusieurs sons de...  ?

Photo : La Chapelle St Avoye côté parvis. Des pierres roses, une façade fragile, qui respire encore l'abandon mais plus pour très longtemps... Au clocher on devine la présence de Marie-Charlotte, veillant en douceur sur les ruines. Nul ne sait si cette fenêtre s'appelle Marie-Antoinette, ou Gertrude...Difficile de vêtir une fenêtre d'aube blanche et de si loin, l'oindre.

La Clayette. Août 2009. © Frb.