mardi, 24 mars 2009
Poème du bréchet de l'oiseau...
"Une fois j'étais fatigué d'être jeune.
Alors je voulus me changer en vieillard.
Mais j'étais mourant !
Les enfants se rassemblèrent autour de moi
en disant :
"Ne meurs pas.
Sortons, ayons encore un jour.
Regarde ! La lune nous pardonne
Avec un nouveau soleil"
Mais j'étais en sueur et je dis :
"Il est temps.
Ce tronc s'est creusé de lui-même
et m'attend.
Ma vieille âme a déjà enfilé ses chaussures."
Alors je rampai jusque dans le tronc
tandis que la lune commençait juste
à me pardonner."
Extr : "Poèmes de l'os magique" in "Partition rouge". Poèmes et chants des indiens d'Amérique du Nord. Florence DELAY § Jacques ROUBAUD. Ed.du Seuil 1988
Jacob NIBENEGENESABE; vécut 94 ans au nord est du lac Winnipeg au Canada, il fût un grand conteur qui racontait les histoires sacrées de WICHIKAPACHE, le Coyote cree, L'écornifleur, mais il inventa aussi à l'interieur de la tradition un nouveau cycle de "joueurs de tours" : "Les poèmes de l'os magique" que recueillit HOWARD A. NORMAN. L'os magique dont il s'agit ici n'est autre que le bréchet de l'oiseau (Le bréchet de l'oiseau pour les novices est aussi appelée "crête sternale" ou "quille du sternum" et c'est chez les oiseaux l'organe préeminent sur lequel s'insèrent les puissants muscles pectoraux et supracoracoïdiens, nécessaires au vol ; il est donc présent chez tous les oiseaux (sauf - comme chacun sait ;-) chez les Kalapos - un psittacidae - ou chez les struthioniformes, c'est à dire les espèces incapables de voler... Ou encore, le bréchet, (une pensée en passant pour notre ami de Vaste blogue*) : désigne cette fourche délicate* du sternum qu'enfants, on cherchait dans le poulet : Une fois le blanc de poulet mangé, à deux on le tenait chacun par un bout en tirant, quand l'un cassait, l'autre avait gagné et formulait un voeu. Le voeu inlassable du poète cree est l'instrument de métamorphose qui permet de devenir un "joueur de tours" capable de se trouver lui même dans toutes sortes de situations et de faire exister les choses en les désirant...
Source : "Partition rouge" (Notes : F. DELAY/ J. ROUBAUD)
Photo : La planque D'ALCESTE retrouvée, par la grâce de WICHIKAPACHE, (par un hasard des plus bizarres) lors d'une ballade dans le brionnais, au Clos Bôteret exactement. Mars 2009 © Frb
07:39 Publié dans A tribute to, Balades, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
De la locomotion des arbres...
"Brusquement il se leva, s'avançant en oscillant comme un arbre que le vent fouette."
"Lectures pour tous" (extr.) Janvier 1908 in "Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement" par G. BETCHEL et J.C. CARRIERE. Editions Robert Laffont 1981.
Nul ne saurait arrêter les arbres, quand, ils s'élancent dans le vent aux premiers jours du printemps...
A t-on jamais vu chose pareille ?
Des arbres à la démarche fière, venus de la forêt Morand traversant la place des Terreaux, montant les escaliers du palais St Pierre, pour faire une halte au jardin, le temps d'un merengue avec la statue de Rodin. Avant de repartir, en file indienne, oscillant tous d'un même pas jusqu'au café des voyageurs où ils gouteront enfin un repos bien mérité.
Photo : De la locomotion des arbres au jardin du musée St Pierre. (Preuve par l'image). Vus à Lyon, un jour de mars
Lyon © Frb 2009
02:59 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
Mon nom est personne (s)
"L'effarante réalité des choses
est ma découverte de tous les jours
Chaque jour elle est ce qu'elle est,
et il est difficile d'expliquer combien cela me réjouit
Et combien cela me suffit."
FERNANDO PESSOA. Extr. "poèmes désassemblés" in "Le gardeur de troupeaux et autres poèmes d'ALBERTO CAEIRO". Traduction Armand GUILBERT. Editions Gallimard 1960.
Fernando PESSOA, était un homme "riche d'humeur, tout à la fois obscur et rayonnant" (cf. Le biographe). Le poète se définit ainsi lui même :
"Je ne suis rien n'est pas une parole complice du pauvre Job mais un rappel de ce "Nada" ibérique, qui est au principe de l'être et à sa terminaison"
Trois vers après le "Je ne suis rien" survient une antithèse :
"Je porte en moi tous les rêves du monde"...
F. PESSOA est un nom qui dans sa langue se traduit par "personne", mais ce n'est pas le "Nemo" latin qui gomme toute identité, ce serait plutôt le "Personna" dans l'acceptation de "Masque"...
"Masque ?" drôle d'idée pour illuster des arbres nus ?... Mais pas tant. Car dans le recueil "Le gardeur de troupeaux et autres poèmes", on découvre ces quelques mots, de DRIEU LA ROCHELLE, écrits en 1935, (année de la mort de F. PESSOA), limpides comme les bleus "suprakleiniens" du ciel de Mars et peut-être un brin "Alcestiens" :
"vous dites que je suis double, mais non, je suis immense...
J'ai toujours cru à tout. Dieu et le démon je les confonds
dans mon coeur...
Je ne suis pas dans la société, je suis dans la nature."
On est en droit de s'interroger... Et la nature ? si "authentiquement naturelle", elle avance peut-être masquée ? Admirez l'art de l'enchaînement ;-) → telle ces statues vaudous reprisées par GIACOMETTI, déguisées en arbres ordinaires posant au pied du Mont Blanc (4810,90 mètres), ce qui doit correspondre à la page du mois de janvier de l'almanach des PTT 1973 ayant appartenu à Madeleine Lacroix dont le vrai nom n'est pas Madeleine Lacroix. C'est comme ce cher Alceste, on le soupçonne vaguement de circuler en nos domaines sous un faux nom... Par conséquent, hormis, le biographe, et DRIEU LA ROCHELLE (qui n'était pas de LA ROCHELLE), tous auraient circulé sous de fausses identités dans ce billet, Frasby incluse... Mais que nenni. Nous sommes multiples n'est ce pas ? "Comment nous assurer que nous ne sommes pas dans l'imposture ?" (cf. J.LACAN "Le séminaire" 1973. "Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse") ...
VISIONNAGES : Autres multiples § camouflages : http://www.designboom.com/weblog/cat/10/view/3189/camoufl...
"PESSOA PESSOA ":http://www.youtube.com/watch?v=G4Ia1TYr61w&feature=re...
A VOIR : Une variation fluviale sur le même thème : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/06/20/la...
Photo: Les arbres nus, ou totems aux longs bras tachetés de neige (?) tourmentent le ciel d'un premier vrai jour de printemps. Vus cours Vitton, dans le sixième arrondissement de Lyon, en revenant du Pont Morand, pas très loin du café "Rive gauche. Mars 2009. © Frb.
A moins que ce ne soit qu'une reproduction de la photo du mois de Janvier de l'almanach des postes 1973 ayant appartenu à © Madeleine Lacroix. "Chamonix en hiver". Ce qui est également possible...
02:55 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
lundi, 23 mars 2009
Les mimosas de Lyon
COMME UN LUNDI PRINTANIER
"Mal nommer les chose c'est ajouter au malheur du monde"
ALBERT CAMUS
N'en déplaise à CAMUS, BOILEAU, à tous les botanistes. Je n'échangerai pas mes "mimosas de Lyon" contre aucun nom ; parce que des mimosas, à Lyon, on n'en voit pas. Alors, peut-être suffira t-il de les nommer pour qu'ils existent ? D'ailleurs, les mimosas de Lyon, ce ne sont pas les mimosas. Et si on me demandait pourquoi. Je répondrai ce que me répondait en cours de mathématique mon professeur, (monsieur Chanut) quand il commençait l'exercice par : "Supposons que x..." et que, presque simultanément, au fond de la classe, près du radiateur quelques voix s'élevaient (choeur des cancres) : "msieur ! msieur ! Pourquoi x ?" et bien, monsieur Chanut, à la question, il nous répondait toujours que : "parce que x c'était comme ça , et qu'il n'y avait pas de pourquoi." Donc, pour le "mimosa de lyon" c'est pareil. Il n'y a pas de pourquoi. Une évidence ! à la croisée des réponses de Monsieur Chanut, et de la pensée de LAO TSEU parce "c'est cela", "mi-mots ça." soufflerait Jacques L. accoudé au comptoir de la brasserie du parc..."Voilà la grande erreur, toujours s'imaginer que les êtres pensent ce qu'ils disent" (sic)...
Fin du premier tableau.
Deuxième tableau : la nature s'éveille. Les sens sont en émoi. Le mimosa de Lyon croisé pour la deuxième fois presque la même semaine, devient "Mimosa de Vitton". Le précédent était de Denfert-Rochereau, mais on le nomma humblement "mimosa de Lyon". Maintenant, on attend les jonquilles, bientôt les myosotis, les bleuets pour le miel, (ils garderont leur nom, peut-être...). Devant un tel spectacle (Dame-Nature très en beauté), on fait silence. On applaudit. Et c'est justement là, en ne nommant plus rien, que surgit tout le malheur du monde: tandis que nous tapons joyeusement des 2 mains, ébaubis par tout ce bleu, ce jaune. Etat de grâce...
... Le fantome de Monsieur Chanut traverse soudainement la scène, (de long en large), avec sa grande blouse grise en se grattant la tête, puis se tournant vers l'assemblée, il pose sa question :
"Quand deux mains applaudissent, quel est le bruit d'une main ?"
"Est ce que ça porte un nom ?"
Fin du deuxième tableau.
Photo: "Mimosa de Vitton", vu cours Vitton (eh oui!). Pas très loin du cinéma Astoria et presque en face d'un magasin de musique. Lyon, Sixième arrondissement. Ce lundi 23 mars 2009.© Frb
06:09 Publié dans ???????????, Certains jours ..., Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 22 mars 2009
Exécution de la douceur
Comme un dimanche
Charles CREPY dit la Douceur, fût un jour l'objet d'un arrêt de la cour du parlement collationné par Massieu et signé par Lecousturier et qui disait ceci :
"Vu par la Cour le procès criminel fait par le Lieutenant Criminel du Bailliage d'Orléans, à la requête du Substitut du Procureur Général du Roi audit Siège, demandeur et accusateur, contre Charles GOUPY dit Paul ou la Douceur, lequel a dit en la cour s'appeler Charles CREPY, (ci-devant condamné, sous ce dernier nom, au fouet, à la marque et aux Galères à perpétuité, par arrêt du 22 juin 1779)(...) La Cour condamne ledit Charles CREPY à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'ensuive, par l'Executeur de la Haute-Justice, à une potence qui, pour cet effet, sera plantée dans la place publique du Martroy de la ville d'Orléans ; déclare tous les biens dudit Charles CREPY acquis et confisqués au Roi (...) Ordonne qu'à la requête du Procureur Général du Roi, le présent Arrêt sera imprimé, publié et affiché, tant dans la ville d'orléans et lieux circonvoisin, que dans la ville, faubourg et banlieue de Paris, et partout où besoin se fera ; et, pour le faire mettre à exécution, renvoie ledit Charles CREPY prisonnier par-devant le Lieutenant Criminel dudit Bailliage d'Orléans."
Fait en Parlement le seize mars mille sept cent quatre-vingt-un."
STEPHANE AUDEGUY. Extr. "Exécution de la douceur" in "Petit éloge de la douceur". Editions Gallimard 2007.
Ceci n'est pas l'exécution de Charles CREPY, mais un souvenir antérieur, d'une autre exécution de la douceur...
Quant à Charles CREPY, mon ami Charles (D'orléans) l'a croisé une nuit sur Facebook. Resurrection de la douceur ? Il faut croire...
Photo : Un fragment de crucifixion, vu un dimanche entre les tombes du cimetière d'un village médiéval où les couleurs tendres cotoient un je ne sais quoi de ténèbres... Bois-Ste-Marie. Février 2009. © Frb.
05:45 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, Certains jours ..., Ciels, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective, Pépites | Lien permanent
samedi, 21 mars 2009
Liberté chérie
" Comment donc se peut-il que l'affaire de la liberté et du libre arbitre ait excité tant de passion, et animé tant de disputes sans issue concevable ? C'est que l'on y portait sans doute un tout autre interêt que celui d'acquérir une connaissance que l'on n'eût pas. On regardait aux conséquences. On voulait qu'une chose fût et non point une autre; les uns et les autres ne cherchaient rien qu'ils n'eussent déjà trouvé. C'est à mes yeux le pire usage que l'on puisse faire de l'esprit qu'on a."
PAUL VALERY. Extr. "Fluctuations sur la liberté" in "Regards sur le monde actuel et autres essais". Editions Gallimard 1945.
"Le temps du monde fini commence..."
Ecrivait en son temps avec une modernité quasi prophétique; PAUL VALERY, poète. Son recueil, "Regards sur le monde actuel" était et reste encore, sans doute dédié aux personnes qui n'ont point de systèmes, sont absentes des partis, et qui, "par là, sont libres encore de douter de ce qui est douteux, et de ne point rejeter ce qui ne l'est pas". L'auteur n'a voulu que rendre plus nettes les notions qu'il avait reçues de tout le monde, ou qu'il s'était formées comme tout le monde, et qui servent à tout le monde à penser aux groupes humains, à leurs relations réciproques, à leurs gênes mutuelles... Paul VALERY se pose en regardeur, en amateur (dit-il modestement) mais sa pensée née d'une observation quotidienne, vigilante se meut avec une telle lucidité qu'elle pourrait bien gêner encore quelques "professionnels" de la liberté (Comment les appelle-t-on déjà ?) ou du "bien vivre ensemble" (encore une grande idée), et, faire mentir les belles rengaines des renards du "prêt à penser". Chacun y allant par le même chemin, à quelques variations syntaxiques près, la langue étant toujours de bois... Ainsi le chanteur à succès, l'animateur vedette, l'artiste, journaliste, militant, vous, moi, et bien sûr l'homme ou la femme dits "politiques". Ceux qui commencent leurs phrases par "écoutez !" ou la pire injonction qui soit : "écoutez moi !". Chacun y va, à son idée, du bon usage de sa ou (ses) liberté(s), de son combat pour "La" liberté, plus chic, au vaste singulier... N'en déplaise à BENITO MUSSOLINI, dont je vous livre l'extrait d'une vision quelque peu troublante qui a fourni ses tristes preuves malgré l'éloquent énoncé :
"Il y a des libertés, la liberté n'a jamais existé."
Liberté : le concept semble inaltérable, c'est un sujet de conversation extra auquel nous tenons comme à la prunelle de nos yeux; (et, heureusement, car même si on ne cesse de barboter ( "liberté-barboter" : nous y reviendrons en fin de billet ), on ne va tout de même pas se mettre à louer l'enfermement ? ( zut, un poncif ! désolée, dès qu'on parle de liberté, on a du poncif dans la voix ;-) ... Le politique exulte même à nous livrer, clefs en mains, son idée de la liberté comme s'il en était le très digne délégué... Certains ont de ces "phrases au concept "fédérateur," comme on dit, formules bien balançées, "la liberté facile" qui, par delà les clivages nous mettraient tous dans le même bateau (nous y reviendrons aussi à la fin de ce billet), je veux dire qu'on serait tous d'accord. Par exemple : "liberté et fécondité", ces deux mammelles d'humanité. Sans se concerter, on serait d'accord. D'ailleurs je vous invite à goûter par vous mêmes, (en vous détournant un instant du regard malin de PAUL VALERY), la nuance subtile d'une pensée (parmi bien d'autres, d'un tonneau dernier crû, servant d'embrocation à notre malaise ("de civilisation" ;-) et qui ne saurait provoquer le moindre petit remou de contestation dans notre esprit... Puisque nous serons émerveillés devant la justesse voire même l'intelligence de la formule. C'est donc avec un brin de perfidie (un brin seulement), que je livre la devinette, au lecteur avisé, qui saura comparer et choisir (qui de Paul VALERY, qui de "l'autre"?) énonce la liberté avec le plus d'"authenticité" (autre mot dont le sens se perd). Variations sur le même thème, donc ... "L'autre" justement, le voilà ! par la grâce de notre jeu-concours du printemps, (la récompense pour le gagnant, sera une citation du baron de COUBERTIN, ainsi qu'une poignée de main chaleureuse de la maîtresse de maison). Je vous le demande à vous, lecteurs, qui n'êtes pas dupes (ô onctions !), en me délectant par avance à l'idée que vous allez trouver tout de suite, grâce à l'indice que je vous livrerai à côté de l'étoile*, pour l'Amour de la liberté...
Venons en à notre question : qui a dit ? ...
"Je crois que la liberté est plus féconde en création de richesses que toutes les empilations de réglementation que l'on peut inventer"
*Indice : L'auteur n'est pas poète. Mais il est convulsif ;-)
Fastoche !
Ceux qui n'aiment pas les devinettes, ni l'apéro, ni la liberté, et ceux qui veulent juste s'informer, trouveront de quoi moudre ci-dessous : un demi-tour sur la question, le point de la situation, deux ou trois exemples pour euh ... l'exemple ! Quelques broutilles entre autres ...
http://www.dailymotion.com/video/x7zv5k_hadopi-une-loi-li...
http://www.actualite-sciences.com/actualite/2009-03-09-as...
http://www.service-public.fr/actualites/00385.html
Révision de quelques classiques ICI
Enfin pour les libres penseurs que les thèses sur la liberté n'effleurent pas, qui prennent leurs aises, toujours et en tous lieux, et ne feraient point mentir le bel adage de PICABIA :
"Un esprit libre prend des libertés même à l'égard de la liberté"
Je leur propose, en attendant l'été, un extrait du désopilant film de Bruno PODALYDES : "Liberté-Oléron"... "Les grands espaces". "Homme libre toujours..." Bien de quoi barboter. Liberté chérie, nous y sommes. Séquence évasion :
http://www.dailymotion.com/video/x7i6jj_liberte-oleron_fun
Photos : Une affiche : "La liberté pour l'apéro ? ". Et pourquoi pas ? Entre deux cacahuètes salés et un verre de porto, la liberté est un bien passionnant sujet de conversation pour nous autres, excellentes personnes ;-) Vue à Lyon. Sur les pentes. Un samedi de février 2009.© Frb
18:35 Publié dans A tribute to, Affiches, panneaux, vitrines, Art contemporain sauvage, De visu, Mémoire collective, ô les murs !, Pépites | Lien permanent
vendredi, 20 mars 2009
L'art est à la roue (libre)
" Depuis toute la vie et pour toute la vie, je pédale. Sur les routes et déroutes qui vont de l'enfance à l'âge qu'on croit adulte, avec un petit vélo dans la tête qui n'en finit pas de me faire tourner en rond sur la terre toute ronde, comme si la vocation première de la bicyclette était d'arrondir les angles du monde (...) C'est une des magies de la bicyclette que de me ramener en arrière pendant que j'avance, toujours pas très vite, mais avec entrain. Eloge premier, fondateur éternel : le vélo est un jeu d'enfant qui dure longtemps. Je me revois sur des bécanes trop grandes pour moi, selle trop haute, guidon trop loin m'obligeant à prendre la ridicule position du crapaud sur une boîte d'allumettes (...) Sur le vélo grésille une bien nommée roue libre dont l'apaisante musique ne me quitte pas même quand je redeviens piéton, sédentaire,immobile et prisonnier du temps des autres."
ERIC FOTTORINO : Extr. Prologue à : "Petit éloge de la bicyclette". Editions Gallimard 2007.
J'ose espérer que les lecteurs me pardonneront ce titre un peu "Vermot", illustrant une image désastreuse hélas très coutumière (voir ICI) de ces vélos qui chaque jour dans presque toutes les grandes villes, sont retrouvés mutilés, (quand on les retrouve) et qui ne pourraient passer trois nuits dehors sans finir en pièces détachées... L'art est dans la roue libre comme le chante (oui ,c'est une louange) Eric FOTTORINO, dans ce petit ouvrage admirable de 135 pages, que je conseille aux doux amateurs de vélo et autres coureurs cyclistes, on y parle, de la grande boucle, d'Eddy MERCKX et du midi libre, on y croise Antoine BLONDIN, HEMINGWAY, Fausto COPI, même Sami FREY... Pendant ce temps là, "la roue tourne et la route aussi" ... Comme le dit un ami très cher vélocipédiste (recordman du poids de sac à dos sur vélo parcourant de très longues distances) qui se reconnaîtra entre tous...
Je dédie ce billet à tous les fervents de la roue libre, et plus particulièrement à J.B de L'Olive ainsi qu'à mon cher père.
Photo : Petit saccage ordinaire (bande de salauds!). La rue n'est pas si libre quand elle s'en prend à la roue de vélo "la bien nommée roue libre". Vu (hélas !) rue Saint Polycarpe dans le premier arrondissement de Lyon, un soir de février 2009. © Frb
23:55 Publié dans A tribute to, De visu, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
La vie devant soi
"Ce que je vois devant moi continue t-il d'exister lorsque je détourne le regard ?
A chacun sa réponse, mais prenez votre temps tout de même, y compris pour en faire l'expérience à l'air libre, s'il vous venait l'ombre d'un doute... Quant à moi, cette vision de "barotte à carreaux" m'obsède tant aux retours de chaque marché (sur la colline, le marché, c'est chaque jour sauf le lundi), que j'ai déjà pour réponse, un semblant de petite idée... Les roues tournent sans cesse au retour du marché une parmi toutes, et Dieu sait qu'elle y vont nombreuses, ces satanées barottes (unies, à carreaux, ou motifs chamarrés), les magasins de la colline ne vendent que cela. Celle-ci de style anglais, façon (écharpe en cachemire de Burberry) m'a invitée (de force ;-) au parcours le plus lent du monde, pour rejoindre un inaccessible banc de petits fruits de saison (pas moins de 15 minutes, 10 mètres à franchir tout au plus). Malgré une volonté de distraction, les yeux en l'air, contemplant les nuages, la forme des enseignes, trépignant sur moi même, détournant au possible, le regard de cette si peu ambulante "bête à chagrin", je crois être en mesure d'affirmer que ce que j'ai vu devant moi (pardon madame, ce n'est pas vous, mais votre barotte... Ahlala !) a bien continué d'exister (d'insister, diable !) tandis que mon regard ne faisait que s'en détourner. Cela étant, peut-être notre lecteur (avisé) retournera en tous sens la question jusqu'à faire mentir ma réponse (très approximative), que je livre sans jugeotte (ni barotte) au tout venant, ou bien, nous menant aux secrets d'une expérience vue, vécue, se fera très compassionnel... Ou encore, on l'espère, élévera le débat en des sphères plus philosophiques... ;-)
Photo : Au retour du marché de la Croix-Rousse à Lyon. Filature (pour la photo) de cette satanée barotte, insistant dans la trajectoire jusqu'à l'inaccessible destination... Vue (et revue) ce vendredi, ce 20 mars 2009. © Frb
23:50 Publié dans ???????????, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Mémoire collective | Lien permanent
jeudi, 19 mars 2009
On croyait l'art à la masse mais non...
"L'art est à la rue"... Et les artistes aussi !
Cela étant, je laisse au lecteur avisé le soin de la double lecture, la situation étant grave mais pas désespérée, n'est-ce pas ?
Photo : Les escaliers de la butte ( finale ?) sont désormais très rude aux miséreux (c'est à dire aux artistes et à tous les autres, les très nombreux...).
Des mots justes, croisés montée de la Grande Côte à Lyon. (Merci et bravo aux graffeurs). Un conseil aux balladeurs lyonnais, ou à ceux de passage : Pour bien voir cette série (car il y a série tout comme une banderolle), il faut marcher la tête en bas (encore plier l'échine, baisser les yeux, comme toujours) et, au niveau d'un petit mur, longeant une terrasse, presqu'en face du "Trokson" (qui fait bureau de tabac très tard, salle de concert parfois, avec accueil très chaleureux)... Tout en bas, donc, sur votre droite, vous trouverez "à la rue" un peu de rouge, un peu de bleu ,un peu de rouge, un peu de bleu etc... Mots bleus pour une alerte rouge, vus, à la remontée de la pente qui mène au bon plateau de la colline travailleuse, ce jeudi 19 mars 2009. © Frb
22:09 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
mercredi, 18 mars 2009
Métamorph'ose
Comme un mercredi
"De mon village je vois de la terre tout ce qu'on peut en voir
De l'univers...
C'est pour cela que mon village est aussi grand qu'un autre
Pays quelconque
Parce que je suis de la dimension de ce que je vois
Et non de la dimension de ma propre taille"
FERNANDO PESSOA in "Le gardeur de troupeaux" VII. Extr. "Le gardeur de troupeaux et autres poèmes d'ALBERTO CAIERO" traduction d'Armand GUILBERT. Editions Gallimard 1960
Toujours plus haut ! le graffeur "OSE" (que l'on suit fidélement depuis ses timides débuts) grimpe aux arbres du côté de la rue Jacquard, et se paye un quartier d'orange entre l'ancien et le nouveau. A noter qu' "OSE" s'affirme de de plus en plus rondement, en grossissant au fil du temps. "Magicien D'OSE" ? ... Où s'arrêtera -t-il ???
Je dédie ce billet à Laurence qui m'a glissé la "bonne chanson" :
http://www.dailymotion.com/related/x32tyl/video/x32nwb_so...
Histoire à suivre...
Quant à FERNANDO PESSOA osant moults hétéronymes, nous en reparlerons bientôt, plus en détails dans quelques jours...
Photo : Un monde osé comme une orange ? Vu sur le beau plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Mars 2009. © Frb
22:05 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, Certains jours ..., De visu, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
mardi, 17 mars 2009
Prélude
" La beauté du prélude, chez les plus grands auteurs, (Fauré, Debussy) est que justement, il ne prélude à rien, se suffit à lui même c'est une forme brève, qui ne s'impose pas à l'oreille, mais propose ses finesses, ses hésitations, ses nuances, inépuisablement..."
STEPHANE AUDEGUY. Extr. "Préludes" in "Petit éloge de la douceur". Editions Gallimard 2007
De retour du "charmé", rencontre inattendue avec un tout petit buisson; déjà les fleurs ? Et je me suis glissée dans cette jungle d'or en songeant au poème de S.Mallarmé, à ce point toujours flou où se meuvent les désirs d'un faune dans la chaleur d'un bel après-midi... (Non, pas d'été !)
"Ô bords siciliens d’un calme marécage
Qu’à l’envi des soleils ma vanité saccage,
Tacites sous les fleurs d’étincelles, CONTEZ (...)"
200 milliards d'étoiles ouvrent un livre : 110 alexandrins illustrés par MANET. Mis en musique par DEBUSSY...
Une clef. Combien de notes ?
http://www.mallarme.net/site/Mallarme/LApresMidiDUnFaune
chorégraphiés par V. NIJINSKI. Le tout dans l'effeuillage :
http://www.dailymotion.com/video/x7vxa6_nijinsky-lapresmi...
"Ces nymphes, je les veux perpétuer
Si clair,
Leur incarnat léger, qu'il voltige dans l'air
Assoupi de sommeil touffus ..."
Prélude.
Et le N°3, dans l'esprit de FAURE, volant comme un pollen...(un poème, j'veux dire!)
http://www.youtube.com/watch?v=oDwElky0Adc
Doux préludes.
Photo : Les premiers "Mimosas de Lyon" (toujours imités, jamais égalés), cueillis rue Denfert-Rochereau pas très loin d'une auberge nommée "Les enfants du Paradis", à deux pas de la Tabareau. Des fleurs, des feuilles et puis des branches. Il y a des jours presque parfaits où tout est luxe, calme, etc... Vu à Lyon sur la colline travailleuse le 17 mars 2009. © Frb
04:37 Publié dans A tribute to, Balades, De la musique avant toute chose, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
lundi, 16 mars 2009
Comme un lundi (très galactique)
"Aujourd'hui notre Univers, contient pas moins de cent milliards de galaxies qui, elles-mêmes, comptent cent à deux cent milliards d'étoiles. Il faudrait plus de 1982 milliards de vies humaines pour les énumérer toutes, à raison d'une demi seconde par étoile et une espérance de vie de 80 ans !"
Source: Michel WALTER d'après un article lu sur le site de l'association "Terre sacrée"
Evidemment à cette échelle, on perd le nord.
80 années
29200 jours
700800 heures
42048000 minutes
2522880000 secondes
5045760000 étoiles comptées dans une vie
(2 étoiles/seconde) soit 5 milliards
5,05E+09
100E+9 100 milliards d'étoiles dans 1 galaxie
100E+9 100 milliards de galaxies
10000E+18 étoiles
1982E+9 SOIT 1982 milliards de "vie" nécessaire
Comme le calcul est tout de même assez compliqué à envisager. Je vous propose de vous exercer à compter les cailloux, à raison d'1/2 seconde par caillou, et par personne. Je vous souhaite bon courage !
Photo: Cailloux. Vus sur une humble tombe au cimetière du village médiéval de Bois-Ste-Marie. Février 2009. © Frb.
21:31 Publié dans Certains jours ..., Chiffres/ Lettres/ Mots, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 15 mars 2009
Comme un dimanche
" Je n'ai rêvé du ciel que comme
d'un lieu de repos,
Car j'ai tant pleuré que je n'y vois qu'à peine.
L'enfer n'est qu'une étincelle à côté
de ce qu'a subi mon âme
Et je ne crois au paradis que lorsque je goûte
un instant de paix. "
OMAR KHAYYAM : Extr "Quatrains - XXXII - editions Mille et une nuits 1995- Traduit du persan sur le manuscrit de la Bodleian Library d'Oxford par Charles Golleau.
Les portes du ciel sont de ce monde surtout pour Omar KHAYYAM qui ne croit pas aux revenants. A ses yeux, l'Homme n'a pas besoin de lieu dédié pour vénérer son Dieu, et la fréquentation des sanctuaires religieux, n'est pas une garantie du contact avec Dieu, ni un indicateur du respect des disciplines intérieures. Il écrit. (CLIX) :
"Je vais toujours m'asseoir dans les mosquées,
où l'ombre est propice au sommeil."
Ses poèmes sont appelés "Rubaïyat" (ce qui signifie "quatrains" en persan). Le "roba'i" (au pluriel "roba'iyat") est un genre poètique typiquement persan. Toujours Omar KHAYYAM y fait l'éloge de la liberté individuelle, de l'individualité face au destin. Le vin, coule à flot tout au long de ses poèmes, la compagnie d'agréables jeunes femmes n'est pas boudée, la fréquentation des tavernes fort appréciée. Pendant des siècles, Omar KHAYYAM fût considéré comme un paiën qui s'adonnait à la boisson, se perdait dans les jouissances les plus diverses. Libre penseur, proche de "l'hérétisme" aux yeux des religieux, des occidentaux et du reste du monde, les profanes n'ont sans doute pas vraiment compris que les termes de "vin", "taverne" ou "ivresse", pouvaient cacher un sens mystique très éloigné du sens premier, mais les esprits cotoyant la mystique soufie ont toujours considéré KHAYYAM comme un maître. Les traductions furent délicates à entreprendre, et souvent contestées. Car pour traduire au plus près, Omar KHAYYAM, il faut d'abord maîtriser le persan dans sa forme ancienne, et aussi, peut-être, connaître bien la symbolique soufie. OMAR ALI SHAH avait livré une traduction nouvelle en anglais de 111 quatrains dont la paternité est attestée et surtout qui fût appréciée pour son inspiration nettement soufie. Les images, les comparaisons temporelles d'état mystique rappelle celle employée par les grands mystiques chrétiens, tels St JEAN de la CROIX, Ste THERESE D'AVILA, (qui, avait eu connaissance de la mystique soufie par les écrits de Raymond LULLE). Le vin et l'ivresse chantés par KHAYYAM dans la traduction de OMAR ALI SHAH, retrouvent une signification mystique, plus proche semble-t-il de l'esprit du poète. A noter que certaines traductions tombent dans le moralisme et les quatrains prennent des allures de "donneurs de conseils" ou pire, posent un esthétisme de bazar du style "la rose et les épines" et j'en oublie (!) qui éloignent le lecteur de l'esprit de O.KHAYYAM. J'espère que nous pourrons disposer bientôt de cette traduction de OMAR ALI SHAH (éditions Albin Michel), pour vous livrer d'autres "rubaïyat", afin que vous puissiez comparer, apprécier par vous mêmes. Et, qui sait ? plus tard (un certain jour) passerons-nous un peu de temps avec Thérèse D'AVILA, St JEAN de la CROIX ou les Soufis; afin de contempler les textes et les pensées qui manquent tant à nos jours (et nos nuits). Comme c'est dimanche et que le Seigneur m'ordonne de ne point trop en faire ;-) je vais aller me promener, trouver l'ombre et la paix sous les voûtes en anse de panier de l'église ST Bruno, puisque je n'aime pas le soleil. Et quand la nuit viendra, j'irai dans un café aux allures de taverne. Le peuple des collines y vénère le St Jo, et le boit dit-on, jusqu'à l'aube, à même le tonneau...
Photo: Lieu de repos, hâvre céleste, ou boiseries de la "jungle anglaise", (terme sur mesure inspirée par l'auteur de Vaste blogue). Ou encore comme dirait Alceste hibernant, (on attend son retour au printemps) : "Voici des branches, des branches et des branches et puis voici mon coeur qui ne bat que pour elles"... Vues à deux pas de l'Orangerie du Parc de la Tête d'Or à Lyon en Février 2009.© Frb
23:39 Publié dans A tribute to, Balades, Certains jours ..., De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 14 mars 2009
Madame rêvait
ALAIN BASHUNG : 1947-2009
Merci à lui...
18:02 Publié dans A tribute to, Ciels, De la musique avant toute chose, Mémoire collective | Lien permanent
jeudi, 12 mars 2009
Chanson à boire de la misère du monde
Déjà le vin fait signe dans la coupe d'or
Mais ne buvez pas avant que je ne vous chante une chanson !
Le chant du souci
vous sonnera dans l'âme comme un rire clair
Quand le souci approche,
Déserts sont les jardins de l'âme,
La joie, le chant se fanent meurent
Sombre est la vie, sombre la mort...
GUSTAV MAHLER. Extr : "Le chant de la terre" d'après un poème de LI BAI in "La flûte chinoise".
Le "Chant de la terre" est l'avant-dernière oeuvre achevée de Gustav MAHLER, cette "symphonie avec voix", marque pour son compositeur un retour à la vie après une série de drames personnels. Dureté de la condition humaine, besoins essentiels de l'homme, consolation. Les thèmes abordés touchent au plus proche de humanité. Le recueil de poèmes chinois "La flûte chinoise" que Theobald POLLACK, ami de MALHER lui fît découvrir, n'est pas une oeuvre littéraire, plutôt une compilation construite à partir d'éléments divers mais MAHLER y trouva l'inspiration et la force de s'engager dans un nouveau projet. Choisissant, quelques poèmes, il les réarrangea et composa à partir de cette source, l'une des plus sublimes musiques que l'on puisse imaginer. "Le chant de la terre" composé de six poèmes articulés, les thèmes abordés (dont certains d'entre eux, rappellent étrangement ceux d'Omar KHAYYAM) sont : l'oubli dans le vin, la vanité de la vie, le poète observant un monde où il n'est déjà plus, la superficialité de la beauté et de l'Amour, la petitesse de la condition humaine face à un monde éternel, la douleur de l'âme cherchant l'oubli et le repos. Les titres et thèmes dans l'ordre de la composition s'agencent ainsi : 1) "Das Trinklied vom Jammer der Erde" ("Chanson à boire de la douleur de la terre"), 2) "Der Einsame im Herbst" ("Le Solitaire en automne"), 3 ) "Von der Jugend" ("De la jeunesse"), 4) "Von der Schönheit" ("De la beauté "), 5) "Der Trunkene im Frühling" ("L’Ivrogne au printemps"), 6) "Der Abschied" ("L’Adieu"). G. MAHLER n'était pas écrivain, mais il a trouvé le ton juste, sobre, une simplicité, qui rend plus poignante la douleur de l'Homme. Son "chant", c'est le poème de la condition humaine, du détachement des apparences qui rejoint l'éternité de la terre...
Il y a quelquechose de "soufi", dans cette quête du "chez-soi" et dans celle de l'ami (thème cher encore au poète persan, O. KHAYYAM et à certains orientaux). Composé lors de l'été 1908 "Das lied von der Erde" ("Le chant de la terre") témoigne d'un chemin immense parcouru vers la paix intérieure. Cheminement, peut être, car le bout du chemin ne sera atteint qu'un an plus tard avec la composition de la neuvième symphonie, sublime hymne d'Amour au monde et à la vie. Par sa forme de lieder avec orchestre (voix humaine mêlée à l'orchestre symphonique), par la beauté des textes, par cette couleur unique qui fait vivre la douleur tout près de la consolation, le "Chant de la terre" est une oeuvre absolue dont la beauté sidère. MALHER la qualifiait lui même de "symphonie" mais par prudence, il la nommait: "une malédiction de la symphonie". Ainsi le "chant de la terre" ne porta pas clairement le nom de symphonie. MAHLER, superstitieux, craignait d'aborder le chiffre 9, fatal aux compositeurs. BEETHOVEN mourût avant de mener à bien sa Dixième symphonie, BRÜCKNER n'eût pas le temps d'achever sa neuvième, et souvenez vous: SCHUBERT ! Comme l'écrivit A. SCHOENBERG en des propos qu'on croirait puisés chez LOVECRAFT :
"Il semble qu’il ne soit pas possible d’aller au-delà d’une Neuvième : celui qui s’y essaie doit quitter ce bas-monde. C’est comme si chaque Dixième Symphonie devait nous dispenser un message qu’il nous est interdit de recevoir, parce que nous ne sommes pas encore prêts. Ceux qui écrivent une Neuvième Symphonie se trouvent déjà trop près de l’Au-delà (...) Peut-être les énigmes de ce monde seraient-elles résolues si l’un de ceux qui savent pouvait écrire une Dixième Symphonie, mais probablement cela ne doit pas être.»
L'ensemble du chant de la terre, dure 60 mn environ, ce qui autoriserait l'appellation de "symphonie", au fond, c'en est une... Une "vraie fausse" symphonie. "Vraie-fausse" neuvième, qui restera pourtant inséparable de la vraie neuvième symphonie ;-). Peut-être G. MAHLER sorti vivant du "Chant de la terre" qu'il appréhendait tant, pût enfin créer sereinement sa neuvième symphonie sans y craindre ce mystérieux fatum touchant les compositeurs-musiciens ? Il acheva bien "le chant de la terre" puis, ensuite sa "neuvième symphonie, mais il ne pût jamais assister à leur création. Il mourût le 18 mai 1910, et "Le chant de la terre" fût crée à Munich le 20 novembre 1911, (puis la "Neuvième, le 26 juin de l'année suivante) par Bruno WALTER.
Quant à "la Dixième symphonie"... Hélas !
Ecouter un extrait du "chant de la terre" : ICI
ou encore un peu plus loin ci dessous: (Non seulement, pour les images), mais surtout pour la très émouvante voix de KATHLEEEN FERRIER (1912-1953), qui interpréta pour la première fois "Le chant de la terre" au festival d'Edimbourg en septembre 1947, sans parvenir à chanter l'Adieu, (le "ewig") "Eternellement... Eternellement" (dernier lied du "Chant de la terre") tant elle était bouleversée. Quand elle vint s'excuser auprès du chef BRUNO WALTER, celui ci lui répondit, "Si nous avions tous été aussi artistes que vous, nous aurions tous été en larmes comme vous". Elégance !
http://films7.com/videos/kathleen-ferrier-gustav-mahler-l...
Vous pouvez aussi découvrir KATHLEEN FERRIER sur le blog de Solko qui lui consacra en décembre 2008, un très bel article à lire sans modération: http://solko.hautetfort.com/archive/2008/12/12/a-la-voix-...
Photos: Promenade entre terre et ciel au parc de la Tête d'Or, dans un matin d'hiver très gris. Lyon. Janvier © Frb 2009.
05:55 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, De la musique avant toute chose, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mercredi, 11 mars 2009
Comme un mercredi qui te dit cent fois...
"Cette intelligence qui rôde dans les chemins du Ciel
Te dit cent fois par jour :
"A cette minute même, comprends donc
Que tu n'es point
Comme ces herbes qui reverdissent après
avoir été cueillies."
OMAR KHAYYAM extr. "Quatrains". XLIX. Editions Mille et une nuits. 1995.
OMAR KHAYYAM (avec un accent sur le deuxième A, que mon clavier occidental n'a pas ;-) est né à Nichapour en Perse en 1048, on ne connaît qu'approximativement les dates et évènements de sa vie. Le nom complet du poète est OMAR IBEN IBRAHIM EL-KHAIAMI qui signifie OMAR fils d'ABRAHAM, fabricant (vendeur) de tentes. La coutume en Orient voulant que les poètes se donnent un surnom, OMAR opta pour celui qui indiquait la profession de son père et la sienne: KHAYYAM. Si l'Occident l'aborde en tant que poète, l'Orient pendant longtemps le découvrît comme savant. Dès 1074, il se fît connaître comme mathématicien, auteur d'un traité d'algèbre qui fût publié et traduit en français en 1851. Il fût également géométre, auteur d'un traité de physique sur le poids spécifique des métaux précieux; et astronome appelé par le sultan qui le chargea de la réforme du calendrier persan. Enfin, il laissa deux ouvrages de métaphysiques sur "L'existence" et sur "L'être et la capacité légale" avec des thèmes de réflexion que l'on retrouve dans les "quatrains". Plus tard, sa renommée poétique s'imposa dans tout l'Orient, ses poèmes, pessimistes, sceptiques et souvent blasphématoires circulèrent mais discrètement dans tout l'Orient car les autorités islamiques réprimaient la libre pensée. Les "Quatrains" pour bon nombre d'entre eux, furent inventés dans des moments privilégiés, où KHAYYAM (entourés d'amis qui cherchaient l'extase dans la contemplation avec lui); organisait sur la terrasse de sa maison, des soirées amicales agrémentées de vin à volonté de musiques et de danses pendant lesquelles il proclamait à ses convives ses derniers vers. Préférant les plaisirs de l'éphémère aux dogmes dictés "vérités suprêmes", OMAR KHAYYAM symbolise la liberté absolue honnie tant par le religieux que par le politique. Il fascina beaucoup d'artistes dont Marguerite YOURCENAR qui finalement choisit (entre lui et Hadrien), d'écrire une biographie d'Hadrien, manquant de temps pour se consacrer à KHAYYAM. Le poète est aussi évoqué par AMIN MAALOUF dans le roman "Samarcande"; mais ce sont surtout les artistes du XIXem siècle (versés dans l'orientalisme) qui contribuèrent à mieux le faire connaître en le citant comme référence. Théophile GAUTIER dans un article paru dans "le moniteur universel" en 1867 écrivit : "On est étonné de cette liberté absolue d'esprit, que les plus hauts penseurs modernes égalent à peine, à une époque où la crédulité la plus superstitieuse régnait en Europe... "
Eléments d'une biographie d'Omar KHAYYAM ICI : http://www.bibmath.net/bios/index.php3?action=affiche&...
+ un retour sur les "Quatrains" à découvrir chez "VASTE BLOGUE" (le bien nommé) dans une traduction( ô combien !) différente toute en subtilités. Retour et détours (pour l'Amour de KHAYYAM ;-) infiniment recommandés par la maison :
http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...
http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...
http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...
http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...
http://tangleding.hautetfort.com/archive/2008/11/20/omar-...
Photo 1 : La Dame n'est point comme ces herbes qui reverdissent après. Elle qui se meurt encore et toujours sous son cadre au palais, avec son bout de nez cassé et sa petite couette rebelle dont se moque bien l'Eternité autant que les buveurs de vin du "Moulin" d'à côté...
(pour voir sous une autre lumière cliquez sur cette image )
Photo 2 : Vivre ou mourir sous les arcades ? Deux temps. Deux mouvements. Ou peut-être un instant pour vivre et mourir en même temps. Aperçu d'une promenade au Musée St Pierre, place des Terreaux à Lyon en février 2009. © Frb.
00:52 Publié dans A tribute to, Arts visuels, Certains jours ..., De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent