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lundi, 07 septembre 2009

Duchesse

Que dire en effet à une femme qui ne croit pas à l'Amour ?

boudin.JPG1 - Laissez moi vous prouver combien je vous aime.

2 - Laissez vous posséder.

3 - Le haut prix que vous attachez à vous même, me montre que je ne dois pas en attacher un moindre.

4 - Si votre bonheur vous est si pénible sacrifice, alors n'en parlons plus.

5 - Seulement, vous pardonnerez à un homme de coeur de se trouver humilié en se voyant pris pour un épagneul.

HONORE DE BALZAC in "La duchesse de Langeais" 1834, éditions Nathan 2008

La duchesse de Langeais voulût "que cet homme ne fût à aucune femme et n'imagina pas d'être à lui", c'est ainsi que BALZAC la présenta. Voilà le point précis du drame tout autant que sa trame presque comique : La quête féminine de la preuve de l'Amour éternel. Je ne vous conterai pas tout à fait l'histoire du général Armand de Montriveau et d'Antoinette de Navarreins, la bien nommée duchesse de Langeais. Je vous conseillerai plutôt d'aller goûter ces parties de pure comédie (ou tragédie) humaines, au coeur du livre de BALZAC. Un petit goût de reviens z'y quand même : Armand séduit, insiste, empresse son désir en présence de sa belle, tandis que la duchesse manoeuvre à souhaits. L'Amour entre eux alors se traîne, en longues conversations et en droit que la dame accorde au prétendant (qu'elle nomme "son amant"), de lui caresser la nuque ou légèrement les pieds. Entre eux, impavide, le regard de Dieu, ou disons s'immiscant, le très "noble" argument de la religion, qui permet de ne point céder tout en faisant durer le plaisir (entendez, celui de l'intrigue). Argument de fond émis par la duchesse : Si elle se donne il y a risque certain qu'elle soit abandonnée par son "fervent". Ainsi exigera t-elle un Amour sans troubles, ni craintes. Quelle plus belle preuve d'Amour peut on donner que celle d'aimer sans se donner ?

Montriveau, fou d'Amour averti par un proche que la duchesse ne cédera jamais et découvrant l'ampleur de sa propre crédulité, change de stratégie. Il décide d'ignorer cette dame qui mesurera alors qu'elle a perdu le plus grand Amour de sa vie. Il organise sa vengeance et fait enlever la dame. Il veut lui marquer le front au fer rouge et qu'ainsi à jamais, Antoinette soit perdue. Retournement de situation, c'est à lui, à son tour d'exiger une preuve ! Mais Antoinette est prête désormais, et ce qu'elle veut à jamais, c'est d'être marquée au fer rouge ! la vengeance D'Armand fera le bonheur d'Antoinette tel est le charivari qui vient à l'esprit plein de sagacité du malin Honoré. Nous retrouvons plus loin l'Antoinette, implorant cette marque, s'écriant, en suppliant, d'appartenir au maître : " Je ne vois que clémence et pardon, que bonheur éternel dans ta vengeance" mais Montriveau, cachant ses larmes, renoncera à sa vengeance, (souvent hommes varient ?), et renoncera aussi à cet Amour. La duchesse sera alors prête à fournir toutes les preuves, s'adonnant à des conduites qui ne sont pas celles du faubourg, entendez l'atmosphère parisienne, du faubourg St Germain, brillante, très aristocratique, où chaque sourire, chaque attitude sont "règlés" selon un code commun. Antoinette ira jusqu'à faire penser qu'elle a dormi chez son amant. Une rumeur court et grandit. Tout le faubourg se trouve au courant de l'inconduite de l'amoureuse. Tout le faubourg, sauf Armand. De là, elle lui écrit une lettre bouleversante où elle s'offre à lui pour toujours. Elle lui donne même un rendez vous et s'il ne s'y rend pas, elle jure qu'elle quittera ce monde. (Plus finemement, entre les lignes on comprend "quittera" comme un retrait du style couvent, grand dénuement, et parfaite abnégation). Le général Armand de Montriveau, hélas ! lira la lettre quelques minutes trop tard...

Et après ? Savez vous ce qu'il arriva ?

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Je prendrai à ce point précis du billet le plus grand soin possible afin de bien réitèrer ma suggestion. Il est très beau ce livre, vous ne le regretterez pas. Cet avant-goût n'étant qu'un début ; (bien que le début du roman de BALZAC ne commence pas tout à fait par le début. Allez comprendre !) Il faut savoir, que BALZAC data "La duchesse de Langeais" (ne pas confondre avec l'adorable Catherine Langeais qui fut dit on la première maîtresse d'un "Dieu ?" dont Gala raconte qu'il fût assez mordu, mais je m'égare... ), ce récit donc, fût daté, non pas du jour où BALZAC l'écrivit, mais du jour où Madame Hanska devînt sa maîtresse. En lisant la suite du roman "La duchesse de Langeais", vous comprendrez  peut-être mieux pourquoi, BALZAC grand trousseur de jupons devant l'éternel, semble nous indiquer assez clairement que les Amours ne sont pas uniques, mais se comptent. Toute la tragédie comédie de l'Amour étant là : Dans la preuve par la perte, pourrait-on dire. La Duchesse de Langeais prouvant l'Amour, non en donnant ce qu'elle n'a pas, mais en perdant ce qu'elle a.

Sur ce, un ange (chouia déchu) passe. Melle branche, (une amie de Madame Montriveau mère) ouvre en grand la fenêtre. Jacques LACAN, sort du placard à balai et traverse en quinconce le salon où sont assis les belles personnes, écrasant négligemment sa cigarette sur le divan. il marmonne à voix basse un truc tellement lumineux que personne n'ose s'accorder le droit de se laisser si brutalement éblouir. Je tente un timide : "- qu'est ce que vous dites m'sieur Jacques ?" Il répéte avec son phrasé bien caractéristique. "Je dis :

Il n'y a pas de rapport sexuel. pourquoi ? car la jouissance de l'Autre prise comme corps est toujours inadéquate".

"Oh lala ! ça va pas recommencer !" ronchonne la vieille, très vieille Duchesse de Langeais (du fond de son fauteuil relax). La bonne arrive : "Le dîner est servi". Monsieur Armand, est là, qui nous regarde avec ses yeux doux. Quant à moi, je n'ai pas envie de conclure tout de suite mais bon.

Nota : Je suggère au lecteur qui ne saurait pas quoi faire de ses journées de s'amuser (ça, ou les mots croisés) à complèter la liste commencée par msieur Honoré : "Que dire en effet à une femme qui ne croit pas en l'Amour ?". Je suis sûre que son lecteur, masculin surtout, (la lectrice n'étant pas pour autant exclue) abondera en idées généreuses...

Photo : A peine une suggestion un peu goujate (qui se prononce). Un de ces babillages contemporains qui se disent avec les copains quand une dame se refuse. Ou un mur qui se lit peut être à la manière d'un  VILLEGLE ? Décolleur d'affiches sur cités. Puis un voile se déchire. La façade se met en état(s). Et tout simplement resteront à voir les dessous meurtris de la façade, flottant sur une ravissante tapisserie d'alcôve telle qu'on en trouve encore, au secret d'appartements anciens. Vus rue René Leynaud, juste en bas des pentes de La Croix-Rousse, bien avant de franchir la colline, (travailleuse, mais pas seulement). Lyon. Septembre 2009. © Frb.

L'enfance du peintre

"Un critique a écrit que mes tableaux n'avaient ni commencement ni fin. Il ne l'entendait pas comme un compliment, or c'en était un. C'était même un beau compliment. Seulement il ne le savait pas."

JACKSON POLLOCK

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"J'ai encore renversé le lait !" s'écria le petit J. POLLOCK en rentrant les mains vides à la maison avec juste l'argent de la monnaie.

" Oh mais c'est pas possible ! s'écria sa maman, je vais finir par croire que tu le fais exprès !"

Si vous voulez vous aussi devenir Jackson POLLOCK, c'est par  ICI

Photo : Rue René Leynaud, à Lyon, les "apprentis POLLOCK" réinventent l'enfance du peintre. Tandis que nous marchons sans souci du lendemain et que la ville suit à la semelle, l'itinéraire de nos petits souliers blancs...  Septembre 2009. © Frb

dimanche, 06 septembre 2009

Comme un dimanche

Après une franche repue,
J’eusse aimé, toute honte bue,
Aller courir le cotillon
Sur les pas de François Villon,

Troussant la gueuse et la forçant
Au cimetière des Innocents,
Mes amours de ce siècle-ci
N'en aient aucune jalousie...

GEORGES BRASSENS "Le moyenâgeux"

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Dans la langue médiévale le mot "église" ne désignait pas seulement les batiments de l'église mais aussi l'espace tout entier qui l'entourait. Pour la coutume de Hainaut, l'église "paroichiale" (paroissiale) est "assavoir la nef, le clocher, et le chimiter" (cimetière). On prêchait, on distribuait le sacrement aux grandes fêtes, on faisait les processions dans la cour de l'église, réciproquement, on enterrait à la fois dans l'église, contre ses murs et aux alentours. Le mot "cimetière" désigna plus particulièrement la partie extérieure de l'église, l'atrium ou "aître"... Aussi, étrangement qu'il sonne à nos oreilles, le mot "aître" était l'un des deux mots utilisés dans la langue courante pour désigner le cimetière. Mais le mot "cimetière" appartint plutôt jusqu'au XVem siècle, au langage des clercs. Il y avait un autre mot employé en français synonyme d'aître : le charnier. On le trouve déjà dans "la chanson de Roland". "Carnier" est resté dans sa forme la plus ancienne, la plus proche du latin "carnis", (dans notre parler populaire, "une vieille carne"), et sans doute appartenait-il déjà avant "la chanson de roland" à une sorte d'argot pour désigner ce que le latin classique ne nommait pas et que latin d'église désignait d'un mot grec et savant : "cemeterium". Dans les mentalités médiévales, l'espace clos qui enfermait les sépultures comptaient plus que le tombeau. A l'origine, si "charnier" était synonyme d'"aître", à la fin du Moyen-Age, il désignait seulement une partie du cimetière, c'est à dire, les galeries qui couraient le long de la cour de l'église et qui étaient surmontées d'ossuaires.

Le fait que les morts étaient entrés à l'église et dans sa cour, n'empêcha ni l'une ni l'autre, de devenir des lieux publics. La notion d'asile et de refuge, est à l'origine de cette destination non funéraire du cimetière. Pour certains lexicographes, le cimetière n'était pas toujours nécessairement le lieu où l'on enterre, il pouvait être indépendamment de toute destination funéraire un lieu d'asile et il était défini par la notion d'asile : "azylus circum ecclesiam". Ainsi dans cet asile intitulé cimetière, qu'on y enterre ou qu'on n'y enterrât pas, on prît le parti de construire des maisons et de les habiter. Le cimetière désigna alors, sinon un quartier, du moins un îlot de maisons jouissant de certains privilèges fiscaux et domaniaux. Enfin, cet asile devînt un lieu de rencontre et de réunion, comme le forum des romains, la Piazza major, ou le corso des villes méditerranéennes, pour y faire commerce, y jouer, ou tout simplement pour le plaisir d'être ensemble. Le long des charniers, s'installèrent parfois boutiques et marchands. Au cimetière des innocents à Paris, les écrivains publics offraient même leurs services.

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En 1231, le concile de Rouen, défend de danser au cimetière ou à l'église sous peine d'excommunication; un autre concile de 1405, interdira de danser au cimetière et d'y jouer à un quelconque jeu. Il défendra également aux mimes, aux charlatans, aux musiciens et autres montreurs de masques d'y exercer "leur métier suspect". Un texte de 1657, montre qu'on commençait à trouver un peu gênant ce rapprochement en un même lieu, des sépultures et des "cinq cents badineries que l'on voit en ses galeries [...] au milieu de cette cohue, écrivains publics, lingères, libraires, revendeuses à la toilette, on devait procéder, à une inhumation, ouvrir une tombe, et relever des cadavres qui n'étaient pas encore consommés, où, même dans les grands froids, le sol du cimetière exhalait des odeurs méphitiques [...]"

Si à la fin du XVII e s. on commence à apercevoir des signes d'intolérances, il faut admettre que pendant plus d'un millénaire on s'était bien accommodé de cette promiscuité entre les vivants et les morts. Les ossements cotoyés, à la surface des cimetières, n'impressionnaient pas plus les vivants que l'idée de leur propre mort. Ils étaient aussi familiers avec les morts que familiarisés avec leur mort.

Source : Philippe ARIES "Essais sur l'histoire de la mort en occident", (du Moyen Âge à nos jours), éditions du seuil 1975.

Photo : Ce qu'il reste... Vestiges d'un "Jésus au bras coupé", vus en traversant les allées du cimetière de Charlieu, cité médiévale au blason échiqueté d'argent et de sable), et "cher lieu "Carus Locus" autant qu'un paisible refuge sable et argent (où on ne boit pas, on ne fume pas, on ne danse pas. Tenue correcte exigée. Tout bien comme il faut). Fin Août 2009. © Frb

Le temps qu'il fera mardi

cloud84.JPGIl est rare que le bulletin météo m'attendrisse à ce point. C'est ainsi, en tournant la molette de mon poste TSF, que je tombai sur je ne sais quelle radio m'annonçant le temps prévu pour la semaine à venir. Et, ce qui me charma tout à fait fût l'annonce du temps prévu pour ce prochain mardi 8 septembre 2009. Je vous la livre telle qu'elle me me fût donnée :

"Ciel beau partout, hormis en Lorraine, où on notera la venue d'un nuage."

Un nuage en Lorraine ! N'est ce pas adorable ? Seul et unique nuage qu'on pourra voir en France ce jour là. Je ne vous cache pas que je serai assez prête à faire l'aller-retour Lyon-Lorraine dans la journée pour voir ça. Je raffole de ces petites exceptions qui empêchent le ciel de tourner au bleu uniforme et tout le reste en rond. Peut-être, demanderai-je à une lorraine de ma connaissance de me ramener quelque clichés, mais selon le bulletin de l'heure qu'il est (et qui m'échappe toujours), je crois qu'elle se trouve justement à Lyon...

Nota : Le temps prévu partout du mardi 08 septembre 09 étant grosso modo celui du 31 août 09, (sauf en Lorraine), je ne vois même plus pourquoi on s'attarderait à écouter quelque bulletin météo à la radio, puisque on a tout sur la blogo, dans le désordre, et avec un peu d'organisation, on peut avoir la prévision qu'on veut y compris celle d'hier avec l'heure et l'adage ensuite il suffit de transposer et on retombe sur nos pattes tout en décoiffant KLEIN en deux coups de cuillère à pot.

Photo : Ciel du dimanche sur la colline. Comme celui d'un lundi sous le ciel de la Tabareau. Lyon. Septembre 2009. © Frb

dimanche, 30 août 2009

D'une rive à l'autre

"Malheureux humains ! coureurs aveugles ! dans quelles ténèbres, au milieu de quels périls vous passez ce peu d'instants à votre vie ! n'entendez vous pas le cri de la nature ? Elle ne demande qu'un corps exempt de douleur, une âme libre de terreurs et d'inquiétudes"

LUCRECE, cité dans "Epicure et les épicuriens", Presses universitaires de France, 1964 (Textes choisis par jean Brun)

ô lac .JPGUne terre aimée vaut bien la musique de LUCRECE, chantre latin de l'épicurisme, une forme de vieille poésie romaine, un contenu qui vient en droite ligne de la Grèce. Et sa plume tant avisée n'écrit rien qui ne soit infondé, LUCRECE a connu la "guerre sociale" (90, 88), révolte violente des alliés italiens contre Rome, les luttes de Marius et de Scylla, avec les sinistres proscriptions et la terreur qu'elles entrainèrent, la révolte de Spartacus et de ses esclaves (73, 71) dont 6000 furent crucifiés sur la route de Capoue à Rome, la conjuration de Catalina (63), le premier triumvirat (60) où César, Crassus et Pompée, se partagent le pouvoir. Pour résumer, il a grandi et vécu dans une période d'instabilité, de troubles, et de massacres, d'écroulement du système politique républicain, de corruption, et il a vu, si l'on peut dire, s'écrouler le monde autour de lui.

"Rien n'est plus délicieux que d'abaisser ses regards du temple serein élévé par la philosophie, de voir les mortels épars s'égarer à la poursuite du bonheur, se disputer la palme du génie ou les honneurs que donne la naissance et se soumettre nuit et jour aux plus pénibles travaux pour s'élever à la fortune ou à la grandeur"

Voilà ce qui précède l'extrait du texte joint, ici, plus haut. Je vous laisse raccorder vous même les fragments de LUCRECE. Tandis que je traverserai en rêve, l'infime passerelle qui me relie, du Nabirosina, au dernier métro menant à une quelconque gare... Un transistor de poche nasille sur les genoux d'un pauvre monsieur, assis par terre et somnolant dans une rue surpeuplée. J'attends debout, le prochain bacarouler. Près de moi, sur les genoux du monsieur : RTL. le son qui vient nous rassembler. Des voix qui disent nous ressembler. Au téléphone on a Gérard, un auditeur, "Bonjour Gérard ! Gérard, décrivez vous un peu !" -"J'm'appelle Gérard, j'habite Evry, je suis divorcé, j'ai 42 ans, épicurien, j'aime m'éclater, faire la fête, je suis toujours prêt à bouger, chui à fond dans tout, j'adore aller en boîte, même me laisser troubler par les jolies filles oh ! oh ! j'aime la bonne bouffe, les grands restaus et les bars, pour résumer plus y'a du monde et plus je suis dans mon élément..." Intervention de l'animatrice : - "Eh bien Gérard ! dites moi, vous croquez la vie à pleines dents ! vous êtes un vrai épicurien, c'est chouette !". Gérard - "ah oui, un vrai ! c'est ce que me disent les copains"...

Retraversons si vous voulez, l'infime passerelle, nous voilà, non pas chez LUCRECE mais chez EPICURE lui-même. Le bonheur est pour lui, le bien suprême (jusque là, on est tous avec toi, Gérard !), qu'il faut acquérir et conserver, il se confond avec la uoluptas = le plaisir. Mais pas n'importe quel plaisir ! Le plaisir épicurien est pour le corps l'absence de douleur (aponie) et pour l'esprit, absence de troubles, de crainte, le calme, la tranquillité, la sérénité en un mot : l'ataraxie. Il y a donc (toutes mes excuses, Gérard !) tri sévère entre les plaisirs. Je vous passe l'énoncé des catégories de plaisirs, mais on est loin du sensualisme grossier dont se réclament certains de nos "épicuriens d'aujourd'hui", et même s'il est connu que tous les disciples de l'épicurisme à sa grande époque, n'ont pas suivi de si près cet ascétisme, EPICURE (lui même!) avait quelques principes : Pour vivre heureux, il faut vivre de peu, se contenter de l'indispensable et mépriser le reste. Le véritable épicurien en bon maître de ses passions, pratiquera la tempérance, modérera voire calculera ses désirs, ne se laissera pas aller aux excès de la chair. Sur ce thème, EPICURE goûte assez peu la compagnie des femmes, quant aux désirs, qui ne sont ni naturels, ni nécessaires, ils coûtent de trop grands efforts et bien des déceptions attendent celui qui s'y applique. Juste pour le plaisir, claire comme une eau de source nabirosinaise, je vous laisse écouter la musique de LUCRECE. Puissiez vous trouver une légère ivresse (ni naturelle, ni nécessaire) aux plis de cet ascétisme modéré :

"La piété, ce n'est point se montrer à tout instant, couvert d'un voile et tourné vers une pierre, et s'approcher de tous les autels; ce n'est point se pencher jusqu'à terre en se prosternant, et tenir la paume de ses mains ouvertes en face des sanctuaires divins; ce n'est point inonder les autels du sang des animaux, ou lier sans cesse des voeux à d'autres voeux; mais c'est plutôt pouvoir tout regarder d'un esprit que rien ne trouble" (Lucr., V, 1198-1203)

Photo : L'étang des Clefs (de la maison du bonheur d'EPICURE ou de LUCRECE ?). Vu un beau jour d'été, sous un ciel voluptueusement lent. Nabirosina. Fin Août 2009. © Frb

samedi, 29 août 2009

2012 ?

Qui osera ?

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Photo : Maison inhabitée (peut-être à vendre), avec vue imprenable sur la petite église romane  du village de Vareilles (anc "Varelyae"), un arbre centenaire entouré de roses trémières, + un coin de jardin et un petit banc. Nabirosina. Août 2009. © Frb

mercredi, 26 août 2009

Autrement dit

Je suis gaucher. Vous vous en fichez ? Vous avez tort. Il y a là-dessus de quoi penser des pages et des pages. Je n'ai pas dit écrire, ce n'est pas mon jour de clavier, j'ai plutôt une envie de dessiner. Je n'aime pas ma main droite, celle qui écrit - en vieille contrariée qu'elle est - à la plume et tant moins bien que toujours mal. Je préfère "l'autre main", celle que les professeurs ont laissée intacte, qui de dextre à senestre dessine, peint et grave. Des deux mains en même temps, je peux sans effort d'attention particulier faire diverger une phrase à partir d'un point central. Dans le sens usuel avec la maladroite et dans le sens inverse avec l'instinctive - la gamme ascendante et descendante du pianiste - et je me demande : si mes bras s'allongeaient indéfiniment comme dans un rêve, où cela s'arrêterait-il ? à quels horizons ? Vers quelle jonction...

PIERRE ALECHINSKY in "Des deux mains". Editions Mercure de France, 2004

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Pierre ALECHINSKY est né en 1927, l'année où le cinéma devînt parlant. Pierre ALECHINSKY eût envie de rester muet et de peindre. Ses peintures sont à notre guise ou musique ou silence :

"Nous travaillons à écrire des histoires muettes"

Pierre ALECHINSKY aima le jazz tout comme les membres de COBRA (groupe auquel il participa) parce qu'il y a dans le jazz, cette spontanéité que l'on appelle aussi improvisation.

Pierre ALECHINSKY déroule son trait noir "comme un long serpentin cobra", il n'appuie pas sur son pinceau pour ne pas l'abîmer, on dit de Pierre ALECHINSKY qu'il a un geste d'écrivain quand il peint on croirait qu'il écrit avec son pinceau comme les orientaux, d'ailleurs il utilise de vrais pinceaux chinois.

On dit aussi qu'il aime regarder l'écriture dans un miroir, c'est plus beau, plus étonnant quand on ne comprend plus ce qu'elle veut dire.

Pierre ALECHINSKY est un gaucher que l'on a obligé à écrire de la main droite, du coup quand il peint il part de la droite vers la gauche pour se venger...

Pierre ALECHINSKY peint souvent par terre, sur de grands papiers, il en a beaucoup mais préfère les vieux papiers imprimés, ceux qui ont déjà servi, les factures, les cartes routières, les cartes de géographie".

Son art ne saurait faire mentir cette phrase de Paul KLEE :

"Écrire et dessiner sont identiques en leur fond".

Voir lithographies : http://www.galerie-bordas.com/alechinsky2.html

Photos : premières figures d'automne, esquisses, ramifications, vues sur le chemin des acacias, pas très loin de la Chapelle st Avoye à La Clayette. Août 2009.© Frb

Battre la campagne (1)

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Cet argotisme est certainement une corruption de battre la campane (campana) battre la cloche. En effet, "les sonneurs ne s'entendent plus parler quand ils sonnent les cloches à toutes volées".
Cette expression aura passé du propre au figuré pour désigner un homme étourdi, ou égaré (?) ne sachant plus ce qu'il dit. Peut-être l'expression étourdi n'a-t-elle pas d'autre origine. Peut-être un vent étourdi aura tant battu les brésars, que les feuilles ne s'entendant plus bruisser, sont tombées dans un traquenard ?

Cela dit si vous n'aimez pas battre la campagne pourquoi ne pas rouler du gris et battre le pavé ICI ?

Photo : Au jardin juste après l'orage. Quelques feuilles d'automne égarées sur un sol d'été. Reste à savoir si le gris bleu traquenard mangera la minorité ocre ? Réponse dans quelques mois. Nabirosina, Août 2009.© Frb

mardi, 25 août 2009

Rêverie au bord de l'eau

Iles
Iles
lles où l’on ne prendra jamais terre
Iles où l’on ne descendra jamais
Iles couvertes de végétations
Iles tapies comme des jaguars
Iles muettes
Iles immobiles
Iles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais
bien aller jusqu’à vous

BLAISE CENDRARS "Feuilles de route" (1924) in "Au coeur du Monde", éditions Gallimard 1968.

chanson.JPGCela pourrait aussi s'appeler "chanson pour celui ou celle qui ne veut pas partir". Rentrer. Le mot est lâché. Aller rebattre le pavé, au pays de "Monsieur bronzé, madame bronzée", les revenus. Rallumer les télés, retrouver la Roselyne dans un tailleur rose bonbon noir, avec une vraie moue de circonstance. "On va tous vous piquer, La France est prête" Rentrer. Sous le préau melle Pugeolles, tapant des mains : "Allez hop ! tous en rang, on va tous vous piquer les enfants !".

C'est pour votre bien. Ainsi soit ile !

"Entrez tous dans la classe ! en file indienne, asseyez vous ! je ferme la porte, je ferme la fenêtre. Et prenez vos cahier en silence ! contre la marge notez ! juste en dessous de la date : Blaise Cendrars : "Feuilles de route", vous soulignez en rouge ! Blaise Cendrars ! en bleu ! feuilles de route ! je dicte l'énoncé : Expliquez le verbe partir. Quelle est la différence entre le verbe partir et le verbe quitter ? ... Mais euh ! oh ! hein !

Qui osera balancer sa chaussure par dessus bord (c'est à dire dans la gueule à Melle Pugeolles ?) Qui ? Et quoi ? (dans la gueule à ...) Qu'entends je ? Que je ferais de l'incitation à la violence ? Mais qui se moque t-on ?

Il y a des rêveries di ffi c-îles...

Photo : Eaux tranquilles au lieu-dit des Grands Moulins. Nabirosina. Août 2009. © Frb

lundi, 24 août 2009

Comme un lundi

Vingt secondes et puis rien .


 

dimanche, 23 août 2009

Bacarouler

"Le secret pour voyager d'une façon agréable consiste à savoir poliment écouter les mensonges des autres et à les croire les plus possibles. On vous laissera, à cette condition, produire à votre tour votre petit effet et, ainsi, le profit sera réciproque."

F. DOSTOÏEVSKI (1821-1881)

en voiture simon V.jpg

"Le p'ti bus Nabirosinais s'en va dans la campagne... Deux roues solides comme celles des des tubes et la Blanchette, à l'avant. Increvable ! ça coûte moins cher que de payer un cocher. (La Blanchette il faut pas y toucher, c'est la "crésa vécha racholliase"). Pour le trajet, on paie l'aller avec une douzaine d'oeufs, un fromage blanc, ça dépend, du vent, du temps... Le retour on le fait à pied, parce que desfois le p'tit bus Nabirosinais, il se perd dans la forêt, s'embourbe dans la tourbe brune qui dévore les pieds des anges chassés du paradis, aux gargouilles souterraines. (cf. Raoul GLABER " Et soudain, les entrailles de la terre furent vêtues d'un brun jupon de tourbe [...]"). Parfois, le p'tit bus nabirosinais, il sert aussi de corbillard, (on le recouvre d'un tulle noir, parce qu'un corbillard rouge ça ne se fait pas). Et l'été, on le met en "décapotable", et nous voilà partis au village, avec nos chapeaux de paille, assis sur la motte de terre qui fait à la fois office de siège avant, et de banquette arrière... Trois jours trois nuits pour faire l'aller-retour Bois Ste Marie, Vendenesse lés Charolles, on va voir les fours à chaux (En aôut, on dit "les fours à chauds" parce qu'on y fait de belles rencontres). Et puis on grimpe, (tant qu'à faire !) jusqu'au domaine de St Racho, à 552 mètres d'altitude (c'est notre Everest à nous, après le Mont st Cyr, bien sûr). Les habitants de Saint Racho on les appelles "les St raquois" (du nom du "raquois à houpette", un moineau dont la houpette rose sert aussi de boussole aux hérons de Bourgogne. Mais non ! je déconne, comme dit la Pinturault, "faut pas croire tout ce qu'on lit !").

Au début du mois de Septembre, tous les villageois se cotisent pour faire un grand voyage, on monte tous dans le bac à rouler, et on pousse tous dans les montées ou quand la Blanchette fait la tête, certains passagers sont alors obligés d'aller devant pour tirer le petit bus, (rires et fous rires en perspective, surtout dans les tunnels !). Mais en fin de compte le plus important, c'est de bien prendre le temps de contempler le paysage. Et le pt'i bus nabirosinais est un moyen de transport très "bio" comme ils disent, beaucoup moins polluant que le train à vapeur des Cevennes dont le fabricant a copié tout le disagne de notre bus Nabirosinais. (Y 'en a qui manquent pas d'air !). Enfin, cette année, pour ce qui est du voyage c'est décidé, on part le 5 septembre visiter Oran, surnommée la "radieuse" ou la "ravissante" c'est vrai que ça a l'air très beau ! J'espère qu'on sera de retour avant Noël. Mais avant, il faudra bien que je retourne à Lyon, parce que j'ai une très grande nouvelle à vous annoncer : je vends ma voiture à mon beau frère, ça va me faire un peu de sous."

GUY BOUILLON : "Transports et voirie en région nabirosinaise" in "Chroniques villageoises", Editions de la Corne d'Abondance. 1974. Suzy les Charolles.

samedi, 22 août 2009

Cailloux

"Hélas ! mes pauvres enfants, où êtes-vous venus ? Savez-vous bien que c'est ici la maison d'un Ogre qui mange les petits enfants ?

POUCET17.JPGNous étions là, assis par terre sur l'ancienne place de la Grenette à Bois Ste Marie, minés par la chaleur, nous écoutions le Germain Poître nous raconter des histoires d'hydres et de gargouilles, tout un Moyen-Age à faire peur, quand la cloche se mit à sonner. Le son allait lentement, lugubre et revenait presque sans variation. Il semblait que le métal coulait sur les maisons, et que le plomb perché tout en haut du clocher mêlé à la blancheur du ciel, nous ferait perdre la raison. Le Germain Poître murmura à voix basse, "Quelqu'un en moins ! la Marie-Antoinette a parlé". (Marie-Antoinette c'était le nom de la Cloche boscomarienne, celle de La Clayte s'appelait Marie-Charlotte, les deux cloches étaient soeurs dans la vie, je veux dire les deux filles étaient soeurs, filles jumelles du donateur, elles portaient le même prénom que les cloches en hommage, ou le contraire enfin bref...). On chercha parmi tous les vieux lequel aurait pu être "emporté" par les dernières grosses chaleurs (Bois St Marie étant aujourd'hui partiellement transformé en asile, ou plutôt en "long séjour" très honorable, comparé aux mouroirs encore nombreux partout, dont je vous parlerai peut être un jour, Bois Ste Marie, disais je, compte sans doute plus de pensionnaires à son asile que d'habitants, il était donc impossible de savoir pour qui sonnait ce glas).

Deux jours après, l'annonce parût dans le journal "La Renaissance", à la rubrique nécrologique, (c'était la première rubrique qu'on lisait, juste avant le billet du père Mathurin). Un papier signé Guy Bouillon, notre journaliste cantonal, une grande vedette, sorte de Pujadas du Nabirosina. C'était un tout petit article avec une toute petite photo, montrant un tout petit bonhomme entouré de ses sept frères, et de ses parents bûcherons originaire des bois environnants ; une sorte de nain, en somme. Le journaliste avait écrit "un tout petit homme cordial et travailleur, un ouvrier bien sympathique". Le titre, en plus gros caractère affichait "Un orphelin est décédé". Chez nous on dit officiellement "est décédé" pour les gens, "a crevé" pour les bêtes, ce n'est qu'à voix basse qu'on ose le "il est mort", comme dit la Berthe, (la bonne du Germain Poître), "être décédé" ça fait plus propre ! Le Germain Poître, lui, il pense carrément qu'à trop prononcer le mot "mort" ça fait mourir les gens, il dit que c'est comme le vert au théâtre : ça porte malheur ! Le papier signé Guy Bouillon ne tarissait point d'éloges pour vanter les mérites du "défunt". Il évoquait entre parenthèse quelques drames survenus naguère dans cette famille, soulignant "l'enfance malheureuse, toute la pauvreté d'une famille" mais aucun autre détail ne filtra. Notre curiosité en fût lésée.

La seule façon de la satisfaire était de suivre l'enterrement. La cérémonie fût très brève. L'église était vide, hormis le père Prunier qui fit une  homélie incompréhensible à cause de son accent de Palinges, le journaliste-vedette Guy bouillon qui était revenu en "reportage spécial", et nous mêmes, les curieux, plus quelques autres commères. Ce ne fût qu'à la sortie de la messe que nous remarquâmes un très très vieux monsieur qui pleurait toutes les larmes de ses yeux. Il était vêtu à la mode ancienne, une lavallière, des guêtres, une perruque bouclée et poudrée. Il portait sur son dos un gros sac qui faisait un bruit bizarre, de billes entrechoquées... Guy Bouillon vint nous saluer, Le Germain Poître lui demanda si le bonhomme qui pleurait c'était pas le fils du Jean de La Fontaine. Guy Bouillon tapota gentiment l'épaule du Germain Poître : "Non, non , mon vieux, ce n'est pas ça, je crois que vous confondez, avec Jean Pierre Delafontaine (un notaire farfelu de Suzy les Charolles)... Mais ce n'est pas lui non plus !"

Nous partîmes au cimetière. Tous les vieux de l'asile, nous regardaient passer, on pouvait deviner leurs têtes, derrière les volets roulants descendus à mi-fenêtre. Il faut croire que chaque enterrement pour eux était une sorte de fête. C'était "leur" évènement. Aucune animation d'accordéon ou de trompette (menées tambours battants) par Jo Corda (et sa trompette), Ricky Vallin (et son accordéon) ni les concours de "diamino" ne pouvaient surpasser cet élan d'allégresse, que provoquait chez eux, un enterrement, au désespoir du personnel hospitalier qui faisait tout pourtant...

Au cimetière, on ne prononça pas le nom du défunt. On jeta la boite en sapin au fond d'un trou, un employé du cimetière la recouvrît à grands coups de pelle, cela fît une grosse motte de terre, sur laquelle il planta une croix. On récita le "Notre Père". Un signe de croix. Et puis voilà.

DE PROFONDIS4 b.png

L'histoire pourrait s'arrêter là, si je n'avais pas perdu mes clefs dans une de ces allées. Tandis que je grattais la terre entre les tombes, je vis, (et pour mieux voir, me cachai derrière la chapelle du Marquis de Carabas sous Dun), l'homme à la perruque bouclée, s'approcher doucement de la motte de terre. Il prit son sac cliquetant, en déversa le contenu tout autour de la croix. Il pleurait toujours à chaudes larmes. Du sac je vis tomber des milliers de petits cailloux, blancs, gris, roses, tous scintillants dont la tombe fût bientôt recouverte. Puis l'homme se mit à parler seul : "Tu vois, petit, je les ai gardés pour toi... Ces petits cailloux, ils te reviennent, ils sont à toi". Puis il posa soigneusement l'objet : une babiole, ornée d'une belle rose rouge sculptée, et le mot "souvenir" peint à l'encre dorée. "Et ça, Poucet, je te le donne aussi, c'est de la part de Blanche Neige"...

Photos : Une tombe + quelques souvenirs. (Vous savez maintenant pour qui, pourquoi.) vue au cimetière du village médiéval de Bois St Marie. Nabirosina. Aôut 2009. © Frb

vendredi, 21 août 2009

Du pareil au même

PARKING020AA.jpgPhoto : Fin des vacances. L'itinéraire est même flêché sur la pierre de l'église de Châtenay sous Dun. Cependant on a le choix. (Je n'ose dire l'embarras du choix). Nabirosina. Août 2009. © Frb

Si toutefois vous trouviez le choix un peu "limité", je vous conseille vivement d'aller défier le hasard en suivant d'autres flêches du côté des nuages... Vous ne le regretterez pas , (tout y très bien indiqué) :

http://les-nuages.hautetfort.com/archive/2009/08/27/le-ha...

A suivre... Billet ci-dessous 

Où allons nous, quand nous ne sommes plus vacants ?

HOZAN KEBO'S REMIX :

"Battre la campagne" VS "Battre le pavé" (Version novlangue)

HEAVELL1.jpg

 

L'encer et le fiel étant pavés ...

http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/08/2......

... de mauvaises directions.

Original remix : Hozan Kebo's enterprise. Août 2009. (HK/LR©)

jeudi, 20 août 2009

Tracer

"Quand j'aurai cent dix ans, je tracerai une ligne et ce sera la vie."

HOKUSAÏ KATSUSHIKA, (北斎), (1760, 1849)

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Une écriture naît sur la route, quelques points de suspension, telle la mise en demeure de la ligne d'horizon. C'est tout en bas de la page que commencent les grands voyages. Ils se remontent comme les fleuves dit-on, et voilà que le voyageur se prend pour un saumon... Du labour viendra la métamorphose, ils ont tracé la route, ne reste plus qu'à suivre. Le mouvement envoûte. D'autres incisent encore la terre avec la lame bleue des faux, mais ils sont de plus en plus rares. Au mouvement précis du devoir régulier, tâchons bien et traçons. Abreuvons le sillon du sang de l'aventure. Et que le pas s'élève, et que s'inscrive un peu de sueur dans cette mûe. Le devoir de contradictions. Nous voilà à ce point, rendus et gratifiés. L'outil offrant la symétrie, nous travaillerons au salut de la ligne. Un grand nombre de traits reste à réaliser, plus nous irons à l'épaisseur, plus nos jours seront prévisibles. Nous joindrons par des ligatures, nos traces, et les organiserons. Tout cela formera des phrases vouées à la ligne de fuite, aussi fastes que des murailles, plus mouvantes que le marécage. Et nous peindrons par terre d'hallucinants messages, nous les coucherons sur la route. Nous apprendrons les signes qui vont apprivoiser. Nous occuperons tous les espaces, nous les refermeront. Un à un. Ailleurs, il y aura des calligrammes ouvragés, sur le marbre. Et une ligne horizontale, bel écheveau de nos destins, livrera aux oracles, les déliés, le trop plein, où ne se perçoivent plus les destinations idéales. Où serons nous demain ? Un champ vide ouvrira la page. (Page du latin "Pagus" = "Champ"). Une série inépuisable de combinaisons, entrera en ligne de compte. Des comptabilités, toute une paperasse. Comme à chaque fois, les signes s'en retourneront à la ligne et se déploieront d'un point à un autre. Etc...

A écouter : http://www.deezer.com/listen-2238985

Photo : La ligne blanche, sur la grande route du Nabirosina, celle qui mène aux villes, comme partout. Géométrie urbaine en milieu rural avec St Cyr en ligne de mire (hors champ). Vue en Aôut 2009 du côté de Vicelaire. © Frb

mercredi, 19 août 2009

Vermillon

Je décolle souvent et voyage toujours
pour voir si le lieu du leurre
ne se confond pas
avec celui de ma main

NICOLAS DE STAËL à René CHAR, lettre du 12 novembre 1953.

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NICOLAS de STAËL dédia cette phrase à René CHAR en 1953. Deux ans avant sa mort, deux ans après que René CHAR ne le solllicite pour illustrer un livre luxueux avec les textes du "poème pulvérisé". Les deux hommes se rencontrent en 1951 grâce à Georges DUTHUIT qui publie dans les "Cahiers d'art", un article sur N. de STAËL, et sait que celui ci souhaiterait illustrer le poète. Dès le départ, la relation est évidente. Les deux hommes sont entiers, à la fois larges d'idées et chatouilleux, cultivés et sauvages. L'art est pour eux, le combat d'une vie. Tous deux sont aussi chacun engagés dans leur oeuvre, à corps perdu, peut-on dire. Pour R. CHAR, N. de STAËL, (né à St Petersbourg en 1914) vient d'un autre monde, il est : "L'enfant de l'étoile polaire dont Orion s'est épris sur son parcours". Dans l'exergue du poème "Libera II", il compare même leur amitié à celle d'Achille et de Patrocle. Achille le poète s'extasie sur les sons qu'il tire de sa lyre, tandis Patrocle, le peintre l'écoute, silencieux. Le livre qu'ils envisagent de réaliser ensemble se composera de 12 pièces issues du "poème pulvérisé", de 14 bois en noir et d'une lithographie en couleurs. N. de STAËL s'attache à ce travail, avec fougue, il lui consacre les mois d'été 1951, conseillé discrètement par R. CHAR. Dans son atelier parisien, Nicolas DE STAËL choisit la technique du bois gravé et tente d'instaurer un dialogue dans ce rapport des gouges et du bois, avec les écrits de René CHAR. Ce travail commun intitulé "Poèmes" sera exposé le 12 décembre 1951 à la galerie Jacques Dubourg à Paris où seront présents tous les écrivains à la mode : A. CAMUS, M. LEIRIS, G. BATAILLE... N. de STAËL est fier de ce premier livre et s'enthousiasme à l'idée d'en publier d'autres. "Bois de Staël" est la première étude que R. CHAR consacre à la peinture de STAËL. Sa vision des gravures sur bois est celle "d'empreintes de l'homme des neiges"... Ecrira- t-il.

Ce travail commun fût nourri d'une très belle correspondance entre les deux hommes, leur l'amitié fût infrangible. On sait que René CHAR accordait à l'amitié une place immense, il fût fidèle à d'autres très connus, sans démenti, tels BRAQUE, ELUARD, GIACOMETTI, A. CAMUS, mais cette amitié  envers N. de STAËL était exceptionnelle, un sommet, un grand signal qui toucha l'essentiel, non seulement humainement, mais aussi pour la compréhension de leurs oeuvres. Tout cela demeure encore dans ces nombreuses lettres échangées : besoin de rassurer, d'être rassurés, d'exprimer des saturations personnelles et des fragilités. L'échange est absolu, d'une sincérité absolue. N. de STAËL a réduit la peinture aux formes élémentaires comme René CHAR l'a fait pour la poésie, et ces traces font rêver car en proposant une lecture figurative des peinture de N. DE STAËL, René CHAR anticipera le virage que prendra son ami pour amplifier son oeuvre. Il est à noter que cette rencontre réunissait deux géants, tant par l'engagement artistique, que par la taille. Deux solitaires "En exil à la fois dans le ciel et sur la terre". R. CHAR parlait d'un "couple d'êtres", de "Deux passants des cimes". Ce texte sur N. de STAËL sera le point de départ d'une nouvelle entreprise, dans laquelle le peintre et le poète prennent encore engagement : la création d'un ballet dont R. CHAR écrit l'argument tandis que N. de STAËL ébauche des idées de costumes et de décors. Ce sera "L'abominable homme des neiges", un rêve irréalisé, faute de compositeurs. DALLAPICCOLA, STRAVINSKY et MESSIAEN se récusent. Le projet restera sans suite. En 1953, une revue de Montevideo ("Entregas de la licorne" où N. de STAËL a exposé en 1948), publie un texte de R. CHAR intitulé "Nicolas De Staël", il a été inséré dans "recherche de la base et du sommet", entre "bois de STAËL" et "Il nous a dotés...". Tandis que N. de STAËL s'éloigne de la réalité palpable, CHAR nous y ramène. Les pavés des tableaux redeviennent rochers, et les toiles, "des chemises qui claquent au vent". Mais ni le peintre ni le poète ne peindront ce qu'ils voient.

Autre collaboration de René CHAR avec les peintres → ICI

A suivre / ... Des extraits de la correspondance de Nicolas de STAEL et René CHAR. Dans un billet que vous trouverez exactement en dessous de celui-ci.

Photo : Un monde, précédant la palette, les cimes et les cimaises. Nous avons pressé tous les tubes, nous sommes sortis de l'atelier, une couleur approximative a pris le ciel par une fantaisie (fantasy ?) légèrement trafiquée. Après le vermillon, la rouille, et juste avant le bleu cassé, nous n'avons pas trouvé cette couleur idoine. Ce vermillon parfait. Un ciel trop rouge étant un leurre, nous l'avons donc désaturé . Nabirosina. Juillet 2009. © Frb.