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mardi, 14 avril 2009

L'origine s'oublie...

"Dire le nom c'est commencer une histoire"

SAMUEL MAKIDEMEWABE cité in "Partition rouge". "Poèmes et chants des indiens d'Amérique du Nord". Florence DELAY / Jacques ROUBAUD. Editions du Seuil 1988.

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" 1872 : Dans la grande vision où Elan-Noir trouve son nom il y a le Grand-père de l'Ouest, le Grand-père du Nord, Le Grand-père de l'Est, le Grand-père du Sud, le Grand-père du Ciel, le Grand-Père de la Terre, douze chevaux noirs avec des colliers de sabots de bison, douze chevaux blancs entourés d'une troupe d'oies sauvages, douze chevaux alezans, avec des colliers de dents d'élan, douze chevaux fauves, un aigle tacheté, une coupe d'eau, un arc ,une baguette fleurie, une pipe sacrée ou calumet etc ...

1919: Dans la vision où Cerf-Boiteux trouve son nom il n'y a plus qu'un arrière Grand-père : le sien. Après quatre jours et quatre nuits passés seul sur la colline, sans eau, sans nourriture, dans la fosse de voyance, il entend certes la voix du peuple des Oiseaux mais il ne voit rien... Jusqu'à ce que, dans le brouillard tourbillonnant, une forme se dresse devant lui : "Je reconnus mon arrière Grand-père, Tahca Ushte, Cerf-Boiteux le vieux chef des Minniconjous. Je pouvais voir le sang s'écouler de sa poitrine, là où un soldat blanc l'avait tué. Je compris que mon arrière Grand-père souhaitait que je prenne son nom. J'en conçus une joie indicible."

Source : extr. de "dire le Nom" in "partition rouge".

Photo : Il y a un trésor dans la forêt d'à coté mais qui ne se voit pas. On le devine parfois juste après la pluie, quand au moment de l'éclaircie, on se trouve là, sur le petit chemin bordant le grand lac romantique où le canard colvert nargue son promeneur d'un mystérieux cancanement...

Parc de la tête d'Or. Lyon. Avril 2009. Frb ©

Le canard dans tous ses états ...

"C'est des façons de s'embarquer
qui vous font toujours remarquer"

PAUL-JEAN TOULET (Sur quelques tableaux)

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Rien à voir avec les canards, direz-vous, de ces rimes de Paul-Jean TOULET à propos de "L'enlèvement d'Hélène" par Pierre PUGET. Rien à voir avec les canards que "l'enlèvement d'Hélène" de Pierre PUGET sinon cet excès de rêverie qui nous glisserait au pire dans toutes sortes de candeurs, lieux de la procrastination, idéal du rêveur, où toute les pentes du monde (ce que nous lisons, là dans les journaux, ce que nous croyons voir ici dans une télé, se fondraient dans une même écoute toute flottante et toute autre, qui nous ramènerait toujours à ces flots où nous pourrions tout à la fois aimer et maudire ce canard, avoir envie de le plumer, lui qui retarde, par je ne sais quel outrecuidant pouvoir, le cours de nos activités.

Aujourd'hui: un canard. Quand croisant au hasard, un ami qui demanderait mais qu'as tu fait de ta journée ? Nous pourrions répondre bêtement mais le plus sincèrement du monde : "- Ben euh, je suis allée au parc et j'ai vu un canard !" et l'ami très compatissant, avec ce ton plein de pitié, qu'il pourrait prendre lui même pour de la gentillesse nous dirait doucement, en regardant sa montre vite fait:" - Ah bon ? tu as vu un canard ? c'est bien ça ! et où l'as tu vu ? ce canard ?" Alors, le plus simplement du monde, nous serions contents d'annoncer à cet l'ami si bienveillant "- j'ai vu le canard au "parc de la Tordette", c'est une abréviation du parc de la tête d'or en charmillon" "- Bien, bien... dirait l'ami, le charmillon tu m'expliqueras un autre jour, j'suis désolé mais faut que je te laisse...j'ai un rv là, avec un gros client , tu comprends". Nous serions très compréhensifs mais là tout seuls au milieu d'un trottoir, nous nous ferions bousculer par la foule à la sortie d'une bouche de métro tandis que l'immuable image du canard naviguant sur les flots reviendrait en surimpression et nous glisserait comme dans un écrin plein de ouate, nous protégerait avec bonté de l'affreux tourbillon. Il y aurait encore cette phrase de la princesse SHIKISHI ( illustre fille comme chacun sait de l'empereur GO SHIRAKAWA): "Les canards sauvages sont sur la rive de la baie ..." Comme un mot posté sur une porte. Certains affichent bien sur leur porte, l'éternel: "je reviens dans cinq minutes". Pourquoi ne pas mettre à la place "Les canards sauvages sont sur la rive de la baie" ? Voilà donc l'ultime vérité, la chose à dire quand rencontrant cet autre ami, agrégé de philosophie qui sortirait d'une librairie avec un DEBORD sous le bras nous demanderait : "- Qu'as tu fait de ta vie ?", nous n'aurions pas d'hésitation à lui répondre "- J'ai vu un canard sur les flots et j'ai compris et je peux te dire mon vieux, que les canards sauvages sont sur la rive ..." mais L'agrégé nous couperait " - Excuse moi de t'interrompre, mais t'es sûre que tu vas bien là ? (toujours avec cette même pitié gentille): "Si t'as besoin d'un psy, je suis là. J'en connais un très bien". Alors nous penserions très fort au verbe "Canarder"= faire feu ou lancer des projectiles à partir d'un lieu où l'on est protégé"... Tandis que l'agrégé nous tendrait sa bonne grâce en souriant. Le canardage serait muet. Synonyme de "canarder" = bombarder. Je canarde, tu canardes, nous canardons... Plus fascinant encore son imparfait du subjonctif : " fallait-il que je canardasse, que vous canardassiez ?" Et l'ami s'inquiéterait toujours en souriant "Tu dis rien ! ça va pas ? Tu veux que je te raccompagne chez toi ?  Profite z'en ! je suis venu en 4X4." Nous penserions un instant, à cet impératif urgent : "Canardons" : "canardons Camarade ! le vieux monde est derrière nous".

Nous rentrerions chez nous, seuls et tristes comme toujours, et à pieds, rédiger un billet pour notre blog, (ah ! notre blog !). Nous parlerions d'abord à nos lecteurs du "Canard" façon wiki : "Les canards sont des oiseaux aquatiques, au bec caractéristique, domestiqués ou non", imaginez  tout ça dans le ciel : "les sarcelles, les tadornes, les brassemers" à en découronner  NOVARINA . Nous noterions que le canard le plus connu c'est le canard Colvert, très chic non ? Le canard Colvert du nom savant "Anas platyrhynchos" plus vulgairement : "canard de surface" (on penserait tout de suite, au canard qui serait "technicien de surface", ou au canard superficiel. Mais que nenni !), on décrirait les moeurs étranges du canard mandarin dit canard forestier, du canard carolin dit branchu, (oui! un canard comme un arbre, avec des branches à la place des ailes, des branches cachées en fait), on évoquerait bien joliment le canard forestier, un canard, oui, mais d'Amérique du Nord. On raconterait que "le canard colvert et le canard de barbarie sont souvent hybridés pour produire "le canard Mulard". Et, on s'extasierait le reste de la nuit sur "le canard-à- bosse bronzé" avec des termes vrais, des termes qui font rêver : ( et il y a de quoi s'extasier : une petite bosse sur le nez, mais pas plus bronzé que moi, et quand même bien d'un pur genre beau-bizarre). On apprendrait que les canards caquettent, cancanent ou nasillent... On donnerait à ouïr un extrait qui nous rappelerait que certaines gens ont parfois des voix de canard et cela n'est pas très glaroum.

podcast

Enfin quoi...C'est assez extraordinaire une journée avec un canard. Je reçois un courrier à l'instant, un charmillonneur en balade me dit qu'il est Brest en train de photographier des cygnes... Son état vire à l'extatique quand il me parle du lac aux cygnes de Brest (lui parler de mon "canard colvert" je n'ose, he quoi ! c'est un peu misérabiliste). Je relie tout cela l'histoire vermeilleuse du "vilain petit canard" peut-être que je vis dans le passé ? et que Brest c'est l'avenir ? L'avenir c'est quoi ? C'est de ça qu'on parle sur France-Trois. J'ai mis en fond une télé, par acquis de conscience, depuis les horaires d'été renouées avec le Parc de la tête d'or, je ne sais plus ce qui se passe dans le monde. C'en est honteux ! Il faut dire qu'en 2001, trop occupée à regarder mon chien, s'amuser avec sa cloclotte, j'ai oublié la fin du monde. Maintenant je fais attention. Donc je mets la télé. Une fille aux yeux très bleus dit que la loi Hadopi c'est pas ça, il faut lire le "Canard enchaîné"; (Nous y revoilà !) Un monsieur (un expêêêrt) vient expliquer tout ça . Et tout ça sans rapport avec Pierre Puget, ni avec l'enlèvement d'Hélène, aucun rapport avec Paul-Jean TOULET, ni avec la princesse SHIKISHI, (sinon "le canard japonais" : Pure merveille née coiffée!) dont elle rafolait. (Ca, c'est moi qui rajoute). Et JEAN ROCH DE LIMA ferme la porte de la cuisine, il me regarde bizarrement. Puis repart en chantant,  il est très fière de son brillant poème : "Le sonnet du canard, thermostat 8":

"Parfois j’entends ta voix par le trou des serrures fermées.
Je fais des ronds dans l’eau comme un canard japonais.
Il y a trop longtemps que j’ai avalé les clés.

Est-ce que tu veux me voir courir ? Hein ?" LA SUITE ICI

Je lis son poème en entier... Tandis qu'arrivent en file indienne les premiers invités. Quinze gros bougres affalés sur le click clack devant un paquet de tucs, humant le fumet du "laqué". J'entends vagrement l'expression "on va se régaler!". Je n'ai jamais trop eu de sympathie pour ces gens qui se frottent les mains avant de manger. Pas plus que je n'en ai ce soir, pour la nature humaine. Vilaine morfale...

Photo: Canard Colvert sur les flots impavides (oui, j'aime cet adjectif !) du parc de la Tête d'Or à Lyon... Filant des jours tranquilles au lac de LAMARTINE (Je vous épargne le poème). Lyon. Avril 2009. © Frb.

Ici bas...

"En pleine mer
Vers les quatre-vingts îles
A la rame je vogue.
Dites le au pays,
Bateaux de pêcheurs !"


ONO NO TAKAMURA (802-852) in "Anthologie de la poésie japonaise classique". Ed. Poésie/ Gallimard. Unesco 1971.

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Un peu plus intimiste que le lac de LAMARTINE, beaucoup plus chatoyant que l'étang de Montrouan, voici un coin gentil où j'ai choisi de vivre. Sur ma barque, au printemps...

 

Gabriel Fauré "Ici bas" op 8 N° 3

podcast

 

Photo : Parc de la tête d'Or. Entre la grande allée pas si loin de la roseraie, et le lac romantique (celui de Lamartine) juste un petit chemin sous les ombrages, avec vue sur le pacifique. Lyon. Avril 2009. © Frb

lundi, 13 avril 2009

Ce que dérive dit... ( part I )

"Ce soir, quelle est ma méprise,/ Qu'avec tant de tristesse,/ tout me semble beau (...)"

ARTHUR CRAVAN : "J'étais cigare". "Extr. Revue "Maintenant". Collection "le désordre" n°11. Editions Eric Losfeld 1971

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Voilà ce que pensait peut-être, le poète, boxeur ARTHUR CRAVAN avant de disparaître au large du golfe du Mexique, en 1918...

Une hypothèse dit qu'un corps, aux mensurations de CRAVAN aurait été retrouvé à la frontière du Mexique aux Etats Unis. D'autres racontent que le poète (aussi boxeur) aurait été aperçu en train de peaufiner quelques crochets et uppercuts sur une orque femelle.

Certains nouveaux artistes revendiquent (tout comme Cravan s'était proclamé "neveu d'Oscar Wilde"), une filiation directe avec le poète : Sébastien MONTAG lui même professeur de boxe se déclare officiellement, "arrière petit-fils d'Arthur CRAVAN", et le plasticien de Bora-Bora : PASKUA (qu'on surnomme aussi le "Tahua" littéralement en tahitien "celui qui voit", "traîne-savate note-t-il encore, d'un art qui ne dit pas son nom"), lui aussi se sait corps et âme, je cite : "arrière petit-fils de CRAVAN" (et donc "arrière petit-neveu d'Oscar Wilde"). Quant à Guy DEBORD, ni neveu, ni arrière petit-fils, il aurait simplement aimé en être l'ami, comme il l'écrivit dans son "Panégyrique" tome premier (1989) :

"Les gens que j'estimais plus que personne au monde étaient Arthur CRAVAN et LAUTREAMONT, et je savais parfaitement que tous leurs amis, si j'avais consenti à poursuivre des études universitaires, m'auraient méprisé autant que si je m'étais résigné à exercer une activité artistique ; et, si je n'avais pas pu avoir ces amis-là, je n'aurais certainement pas admis de m'en consoler avec d'autres."

Ainsi vont les plus belles dérives... Me disais-je en lachant les deux mains du guidon de mon vélo, qui croisait sur le pont Morand, les berges de l'intranquille fleuve Rhône, par une hauteur laissant monter la dimension d'un autre style de voyage, (celui dont tout cycliste rêve en prenant de la vitesse) ; tandis que la géographie plus que jamais palpable, soudain se troublerait et paradoxalement, effacerait le point précis du plan de Lyon. Passé le pont Morand, il y aurait l'Amérique, Une tête haut perchée, surmontée d'un chapeau fait en plumes de dindons, un vernissage dans un musée, où devant des "huiles" fines, en une révérence aimable, j'oserais enfin me présenter sous mon vrai nom et jurer à la cantonade que je suis la petite-fille (mais la vraie !) d'Arthur CRAVAN et aussi la filleule préférée d'OSCAR WILDE. (Oui, je sais c'est assez tarabiscoté mais il faut au moins ça pour "rester jeune et cigare" dixit l'ami CRAVAN )...

Il me tient à coeur de dédier ce billet à ALEX : le fils caché (bien sûr ;-) d'Arthur CRAVAN, (et "cigare" à ses heures), que je ne remercierai jamais assez pour avoir glissé sur mon chemin, les admirables feuilles de "J'étais cigare" ainsi que quelques pages d'écriture d'un grain assez farouche à moudre. Merci encore à toi, ALEX !

Autre lien à propos d'A.CRAVAN et de la revue "Maintenant", voir ci-contre : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/03/05/co...

Photo: Le cousin Germain de CRAVAN, fait sa culture pas moins qu'au trot... En direction du Parc de la Tête d'Or. La dérive semble ici linéaire mais il ne faut jurer de rien... Vu (sans être vue) tout en haut du Pont Morand à Lyon. Un soir d'Avril 2009. © Frb

Ce que dérive dit... ( part II )

Comme un Lundi fériant ...

"On peut dériver seul, mais tout indique que la répartition numérique la plus fructueuse consiste en plusieurs petits groupes de deux ou trois personnes parvenues à une même prise de conscience, le recoupement des impressions de ces différents groupes devant permettre d’aboutir à des conclusions objectives. Il est souhaitable que la composition de ces groupes change d’une dérive à l’autre. Au-dessus de quatre ou de cinq participants, le caractère propre à la dérive décroît rapidement, et en tout cas il est impossible de dépasser la dizaine sans que la dérive ne se fragmente en plusieurs dérives menées simultanément. La pratique de ce dernier mouvement est d’ailleurs d’un grand intérêt, mais les difficultés qu’il entraîne n’ont pas permis jusqu’à présent de l’organiser avec l’ampleur désirable."

GUY DEBORD Extr. "Théorie de la dérive"

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... Et la dérive m'amène à suivre là, quelques ombres, ou la mienne au bras droit qui porte à l'oeil sa prothèse et me devance...

Dans "In girum imus nocte et consumimur igni" à traduire par "Nous tournons en rond dans la nuit et sommes consumés par le feu", GUY DEBORD écrivait magnifiquement, à propos de l'errance :

"La formule pour renverser le monde, nous ne l’avons pas cherchée dans les livres, mais en errant. C’était une dérive à grandes journées, où rien ne ressemblait à la veille ; et qui ne s’arrêtait jamais."

Pour G. DEBORD en effet, la "psychogéographie" permet de situer le poétique non plus dans les livres ou les tableaux mais dans un art purement situationniste, elle prend forme avec de nombreuses expériences de dérives, réalisées par les situationnistes ou leurs prédecesseurs lettristes. La dérive n'est ni voyage, ni promenade ; juste "une technique du passage hâtif à travers des ambiances variées". Les lieux privilégiés pour de telles expériences sont les villes : Paris, Amsterdam, Londres et de préférence les quartiers, les moins touristiques, les plus peuplés d'étrangers, et les moins prestigieux. Parallèlement les situationnistes élaborent les plans de nouvelles villes aménagées non plus en fonctions des nécessités vitales et commerciales mais en fonction du désir et du jeu : Villes suspendues mobiles en perpétuelles construction/ déconstruction faites d'espaces infiniment communicants. L'un des exemple sera  "La nouvelle Babylone" de l'artiste néerlandais CONSTANT qui en 1956, entreprit de conceptualiser un nouvel environnement urbain. Sa "nouvelle Babylone" version de la  ville planétaire de l'avenir est un lieu habité par les nomades futurs qui dégagée des limites conceptuelles et matérielles du travail, serait complètement mobile pour faire écho à la constante mobilité de ses habitants. Une ville en état de changement perpétuel qui pourrait exister partout et nulle part à la fois et ne se trouverait ni dans le passé ni dans l'avenir. (Echapperait-elle aux filets de la "Google map" ? l'artiste n'eût pas le loisir de le prévoir) mais, j'en devine déjà qui sourient à l'évocation de telle improbable utopie...  N'est-il pas vrai pourtant, que l'une des plus anciennes formes de l'environnement bâti fût justement l'architecture mobile ? Les indiens des plaines par exemple avaient reconnu les possibilités de ce détachement. La plus grande particularité de leurs maisons était leur impermanence. Il y eût plus tard, chez nous et plus près vers 1920 environ,  les caravanes qui font toujours office d'architecture de l'évasion (aujourd'hui, dirons-nous, d'une évasion plus "confortable", climatisée, embourgeoisée, s'il faut tout dire...) Mais revenons à nos... (non, surtout pas moutons, "dindons" peut-être ?), à Guy DEBORD, (Drapons Guy!),et sa "théorie de l'errance", DEBORD, on le sait, est à peu près de toutes les dérives, et surtout très actif, au niveau de la critique. il critique  l'urbanisme dominant (cf. "L'internationale situationniste" et surtout "La société du spectacle"), où sa critique de l'urbanisme, constitue un réquisitoire radical contre l'isolement social, et la confiscation de l'espace public opérés par le pouvoir au moyen de l'urbanisme officiel et autres. La psychogéographie est une technique de réappropriation de la ville, une tentative de reconquête de ce que le pouvoir ne cesse de tenter de confisquer. La psychogéographie, les théories de la dérive, ont existé avant DEBORD, bien sûr. On peut relire certains récits relatés par André BRETON dans "L'amour fou" ou Nadja", chez ARAGON "Le paysan de Paris", dans les mémoires de P. SOUPAULT et avant eux : Gérard DE NERVAL Nous reviendrons sur ce sujet un certain jour... Quant à G. DEBORD, il est sans doute celui qui a su le mieux théoriser (tout en marchant), le terme de "Dérive" avec quelque longueur d'avance, sur ce qui existe aujourd'hui et n'existe pas encore, du moins est il déjà permis d'en rêver, voire d'en émettre à notre échelle très simplement humaine quelques premiers balbutiements, (à bon entendeur !)  :

"Les difficultés de la dérive sont celles de la liberté. Tout porte à croire que l’avenir précipitera le changement irréversible du comportement et du décor de la société actuelle. Un jour, on construira des villes pour dériver. On peut utiliser, avec des retouches relativement légères, certaines zones qui existent déjà. On peut utiliser certaines personnes qui existent déjà."

GUY ERNEST DEBORD extr. "Théorie de la Dérive" publiée dans "les lèvres nues n° 9" décembre 1956 et "Internationale situationniste N° 2 publiée en 1958.

Ref. remerciements : à "La revue des ressources" d'où sont tirés les extraits de textes de G.DEBORD.

Photo: Ce ne sont pas toujours ceux qui ont l'air en dérive qui dérivent le plus...  C'est que je me suis dit, ce jour en parcourant des kilomètres, subjuguée par le tangage des démarche conjuguées, inhabituelles, que je n'arrivais pas à doubler, malgré l'apparente désynchronisation des  âges. Alors j'ai brisé tout mon rythme, en suivant presque sans y penser, ceux qui devant moi me portaient à une destination que je me réjouissais d'ignorer ; jusqu'à me faire semer, à quelques kilomètres du cours Vitton d'où fût prise cette photo, dans un quartier inconnu du côté de la rue Baratin à Villeurbanne Cusset (qui existe bel et bien et n'est pas encore trop mobile comme rue = La preuve est dans la carte et la carte n'est pas du tout psychogéographique!) Lyon, Avril 2009.© Frb

dimanche, 12 avril 2009

Comme un dimanche (d'opaques)

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Une belle apparition immobile et dorée, semble pourtant flotter dans l'un des deux bassins disposés en miroir, de la belle esplanade, place Lazare Goujon située entre l'hotel de ville et le TNP. Non loin du "jardin vertical" (avec ses pergolas agrémentées de plantes grimpantes, que l'on peut voir, en passant, de la rue Verlaine, on vous les montrera un jour, c'est presque une promesse). Vue à Villeurbanne. Comme un dimanche d'opâques (et d'Amour ?). Avril 2009. © Frb.

dimanche, 05 avril 2009

Before my birth

COMME UN DIMANCHE AU XV em SIECLE ET AILLEURS...

"Enfin je puis quitter ce pays plein de bruit.
D'innombrables fouets claquent, parfois seuls, parfois tous ensembles. Ils claquent jour et nuit.
Un vent furieux souffle sans cesse et fait battre la grandiloquence des drapeaux et des fanions du pays qui portent des crécelles.
A tout cela s'ajoute encore l'étrange habitude de faire éclater constamment d'énormes sacs gonflés d'air à craquer. Avec des borborygmes incongrus le vent se décharge des sacs qui se déchirent en chiffons
Comment suis-je donc venu dans ce pays niais, tapageur ?
Je franchis la frontière, accompagné de chants stupides, déclamatoires.

Je cours. Enfin je pénètre dans le loin, dans l'insonore bleu des nostalgies."

JEAN ARP (1886-1966) in "Jours effeuillés" 1938. Editions Gallimard 1966

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Effeuillage des jours au bleu de science silencieuse. Tel est le paradoxe de Jean dont le nom fait encore écho aux couleurs qui se pincent du bout des doigts.

Et l'insonore des nostalgies se glissera dans le bruit... Tel le "Lux Aeterna" du "Requiem" de Michel CHION ...

Blues éternel des esplanades vides, fondu sur les maisons où jadis, de bruyantes machines remontaient le temps à coups de manivelle...

Photo : Des ombres noires du XVem siècle coupent et collent les "ciels", pas très loin de la tour de Charles le Téméraire où le silence, pèse encore de sa terrible histoire. Tapage qui ne se dit. Quand le bleu qui revient nous mène après la course, au seuil de l'horizon, où commence l'endroit, qu'ARP nomme : "dans le loin"...

Et sur la balustrade, comme une peau de chagrin, je reconnais, plus près, (mais toujours "dans le loin"), cette chose oubliée  il y a tant d'années : mon petit sac à main dont j'ai perdu le son.

Vu à Charolles. En avril 2008.© Frb

samedi, 04 avril 2009

Démons folâtres

"Ce qui me repousse,
Dans cette maison délabrée et livrée aux chardons,
C'est que je l'ai vue, pendant un bref instant,
Envahie par les démons !"

ARIWARA NO NARIHIRA.

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Délabrement imaginaire et faux chardons floués sur la route qui borde le grand Auditorium de Lyon. Quand les démons (un peu bleus, assez verts) glissent en l'esprit du promeneur, telle l'esquisse extra lucide d'un avenir peut-être gris ; qui reviendra dans le décor finalement ordinaire de l'aurore (l'horreur ?), en déroulant un petit ruban de personnages, chacun entrant par la grande porte (laborieuse, bien sûr!) de la noirte cité administrative, elle même peuplée de vrais démons. (Voilà, ça en est fini de la phrase, en fait, gros brin outrecuidante et fi !vilain broshing à Proust, décoiffé sur le grand topeau, où s'acchatte, mon divin lové, par nuits d'errance charmillonnée. Si Marcel veut bien me pardonner, je ferai mon drapon - dragon ? - comme la Salogène !). Foin d'égarement...

Notre démon attend.

Qu'en fût t-il (réellement ?) de NARIHIRA et de ses textes opaques ?  Personnage entouré d'un halo légendaire, petit fils d'empereurs par son père et sa mère qu'on regarde tel un héros de roman. Les "ISE MONOGATARI" compilation disparate de contes d'origine diverse avaient, dès le début du Xem siècle, recueilli nombres d'histoires relatives à ses frasques amoureuses et autres... (Authentiques ou inventées). Si bien que NARIHIRA fût souvent identifié à "l'homme anonyme" des contes, (une sorte de Don Juan japonais). A retenir : ses Amours avec l'Impératrice dite "de la deuxième avenue", ou avec une princesse d'Ise, son récit de voyage, peut-être celui d'un exil ? Et sa description de la lande sauvage qui deviendra le site de Tokyo. Ce personnage très populaire inspira aussi de nombreux peintres. Mais souvent ses poèmes paraissent un brin cryptés au lecteur occidental. Il faut dire que notre pensée occidentale effectue souvent un mouvement qui va du noir à la lumière. Raison solaire, objective, inspirée par DESCARTES tandis que le Japon, depuis des siècle, a cultivé l'Amour de l'ombre, des chemins détournés : la vraie voie mène aux aires de brume, lunaires, au blanc parfois. Infiniment plus intérieurs. Les sentiments n'ont plus de formules énonçables capables d'en livrer la beauté. Ainsi l'art d'éplucher un fruit, de couper une branche de cerisier, ou même de prononcer la phrase "Aï Shiteru" (= "je t'aime"), y est précieusement soumis à des contraintes formelles qui assimilent la moindre action, à un instant de vérité absolue. Nous vivons grâce aux morts dans un monde où les démons, les animaux imaginaires, les femmes ensorcellées et surtout les divinités, font la cour aux humains...

Nota: Quant aux Contes D'ISE, ils se présentent sous la forme de 209 poèmes des tankas en 5 vers de 31 syllabes, qui sont groupés par 2, parfois par 3 et enchâssés par quelques lignes de prose pour constituer 125 anecdotes, dont un grand nombre pourtant attribuées à NARIHIRA n'ont aucun auteur connu à ce jour. L'auteur, cet anonyme, aura peut-être puisé dans la poésie de NARIHIRA mais cela reste encore mystérieux...

Une de mes estampes japonaises préférées, le concernant, est celle qui représente le poète et une courtisane contemplant "L'eau rougies des feuilles" de la rivière Tsatsuda. (Désolée, je n'ai pas retrouvé de format plus propice à la contemplation, dommage ! mais cela vous donnera peut-être un léger aperçu)...

Autre lien, celui-ci plus "contemporain" à propos de Monogatari: http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/09/06/le...

Photo : Le Grand Auditorium, une nuit délabré, hanté par les démons et livrés aux dits (j'allais dire doux) des "chardons", ces imposteurs... Mais tout ne peut pas être toujours vrai, ni doux, n'est-ce pas ?

Souffrons en secret, les démons...

Vu à Lyon, pas loin de la Cité administrative, et près du centre commercia(b)le de la part-Dieu (côté diable), une nuit d'hiver 2009. © Frb.

Nuiter

Un amant se trouve après un an au lieu où il a aimé une femme, mais tout a changé à ses yeux.

"La lune ? ce n'est plus la même,
Le printemps ? Ce n'est plus
Le printemps d'autrefois
Moi seul
N'ai pas changé."

ARIWARA NO NARIHIRA (825-879) in "Anthologie de la poésie japonaise classique". Traduction, préface et commentaires de J. Renondeau. Edition Poésie-Gallimard Unesco 1971

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Pour nuiter ailleurs, remonter le courant voir le lien ci dessous  :http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/09/25/nu...

Photo : Plus de lune à la fenêtre où vivait jadis l'Aimée. Plus de fenêtre et plus d'Aimée. Juste les reflets bleus d'une télé (?) sur un gros bâtiment moderne... L'Auditorium vu une nuit, en marchant près des tours, entre la cité administrative et le cours La Fayette, au mlieu de nulle part ou quelquepart dans le troisième arrondissement de Lyon. Avril 2009 © Frb

vendredi, 03 avril 2009

Enfiler des perles...

"Avril dont l'odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure"

PAUL JEAN TOULET  Extr. "Les contrerimes" in "Paul Jean TOULET qui êtes-vous ?" par Pierre-Olivier WALZER . edition "La manufacture". 1987.

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Aucune loi n'existe qui postule nécessairement la participation des poètes aux remous des évènements et qui exige d'eux qu'ils chaussent quotidiennement le cothurne pour voler au secours d'un monde en perdition. Paul VALERY dît à ce propos :

" A chaque terrible époque, on a toujours vu un monsieur assis dans un coin qui soignait son écriture et enfilait des perles "

Au plus fort des guerres de religion, RONSARD s'il lui arrive de lancer l'anathème contre quelque ministreau de Genève, entreprend clairement de chanter les charmes (douteux d'ailleurs ;-) d'HELENE DE SURGERES et c'est pendant que crépitent les mitraillettes de Verdun que naît l'intemporelle beauté de "la jeune Parque" . Dans le même temps P.J TOULET polit ses contrerimes (patience ! nous y reviendrons). Jusqu'en 1920 (date de sa mort), le poète restera un homme de 1900. Il est vrai que le siècle avait fort bien commencé. 1900,  Luxe emplumé, légereté oisive, après les années de pénitence qui suivirent la défaite de 1870, Paris reprend goût  à la vie, à ses plaisirs, à ses déboires. le commerce français prospère, les étrangers affluent à l'exposition, le modern style triomphe. La littérature qu'on lit est représentée par A. FRANCE, ZOLA, BOURGET, BARRES, COPPEE, CAPUS, PREVOST, MIRBEAU, BRUNETIERE, LEMAITRE et l'on ne met personne au dessus de ROSTAND. L'écriture artiste étale ses prétentieux enchantements dans les oeuvres de Jean LORRAIN ou du SÂR PELADAN. Ailleurs, DOSTOIEVSKI, TOLSTOÏ, IBSEN, BJÖRNSON, NIETSZCHE sont sur le point d'être promus écrivains. Quant à la littérature qu'on ne lit pas, elle trouve refuge dans les revues, ("La Plume", L'Ermitage", "la Vogue","L'Occident", "Le festin d'Esope", "Le mercure" ) où se découvrent les signatures de P. FORT, FAGUS, P. LOUŸS, GIDE, APOLLINAIRE et tout ce qui comptera en 1925. L'importance de la révolution qui impose le règne de la machine et qui reste le plus angoissant problème du siècle échappe complètement à P.J TOULET de même que les problèmes sociaux qu'elle a engendrés. La première Panhard roulant dans les rues de Paris n'est pas un spectacle amusant pour lui, et le premier coup de canon de la guerre de 1914 ne lui donnera pas non plus l'impression d'entrer dans une époque nouvelle. Il a beau mettre dans ses vers "La laideur sans espérance de la tour Eiffel", les bars, les taxautos (ce fût le 1er nom des taxis) ce ne sont là que des touches de modernisme vaguement utiles à son art. Le pittoresque le touche plus que l'essentiel, et il se refuse à chanter les couplets louant le génie inventif de l'Homme, tout comme à tenter de deviner les pesantes questions que posera aux habitants de la planète le déclenchement de l'ère mécanicienne. Pourtant il vit la fin d'une époque. Les solides pharisaïsmes, les cadres sociaux rigides hérités du XIX em siècle sont sur le point de se fissurer mais tout se passe comme si PAUL-JEAN TOULET ne s'en apercevait point ...

"Comme je lui levais sa jupe, curieux
De voir son bas plus rose où le jarret l'affleure
- "Fumez plutôt, mon cher. Fleurter ce n'est pas l'heure ;"
Me dit -elle immobile, et "soyons sérieux"...

Photo : Fleurtons... Enfilons, premières perles (roses) du printemps, celles qui sont sur les arbres fruitiers, tandis que le monde agonise... Vues tout près du chateau du Marquis de Montrouan (un ami du cher Carabas) dans le brionnais en ce beau mois d'Avril 2009.© Frb

Notes : d'après P.O. WALZER "Paul-Jean TOULET qui êtes vous ?"

Tandis que nous fleurtons...

"...Non plus ton parfum, violier
Sous la main qui t’arrose,
Ne valent la brûlante rose
Que midi fait plier..."

PAUL-JEAN TOULET "Contrerimes"

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Le Désenchantement maître mot de P.J.TOULET parle son langage propre et commande le choix des mots des "Contrerimes", il y a du RONSARD chez TOULET, souvenez vous  du poème : "Mignonne, allons voir si la rose..." dédié à Cassandre :

" Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté."

Ainsi, comme chez RONSARD, toutes choses aimées sont niées au profit d'une seule mais la plus éphémère. telle la "Brûlante rose que midi fait plier" dans le poème de TOULET, et qui n'est autre ici, qu'une fleur de pommier à l'existence encore plus brève... Rien ne subsiste solidement des sentiments, des objets, des amours... Toutes ces choses qui intéressent le coeur ou la curiosité de l'Homme un temps...Et P.J. TOULET Rapproche les images, les magnifie, tirant de la contemplation de la nature ses plus belles comparaisons, harmonisant les gestes d'une créature aimée avec le décor et tissant des liens émouvants entre l'humain, le végétal, le féminin, les paysages... Le tout, perçu, ressenti simultanément sur le seul plan de l'imagination. Une comparaison seule mène tout à l'unité. Le poète coordonne les choses après avoir redonné à chacune son exacte valeur. Exemple : Il n'y a plus au jardin, une fleur épanouie, sur le plancher, un gant tombé là ; il n'existe plus que ce gant qui fait penser à "un pétale de fleur". Les choses sont pourtant bien reçues une à une, mais c'est le charme P.J. TOULET de nous les restituer toutes ensemble.

On sait depuis HERACLITE que notre vie s'écoule comme un fleuve, HORACE délicatement, BOSSUET plus pompeusement ont fait des eaux courantes le symbole de nos destinées ; ce thème est aussi récurrent dans "Les Contrerimes".

"Le temps passe et m'emporte à l'abyme inconnu,
Comme un grand fleuve noir, où s'engourdit la nage"
(Coples, LIII)

Mais P. J. TOULET en tire maintes variations faisant pleurer les arbres, les fontaines, les fleurs ... Faisant chanter les adieux à toutes les espèces de liquides pour évoquer (nous rappeler peut-être ?) cette fuite éperdue de tout ...

Il arrive aussi que les images, au lieu d'invoquer l'invincible glissement du temps, résistent au contraire à cette fatalité, pour fixer en un sublime éclair, l'émotion de l'instant. En cet art, TOULET est aussi virtuose pour laisser goûter aux mortels, une minute de félicité qui ne saurait pas s'entendre autrement que dans une parfaite étreinte avec la nature. Contrerimes baroques, pourrait-on dire, déjouant la stabilité dans ce constat un peu amer qu'il n'est rien de très saisissable sous le soleil. En dépit de la forme solidement resserrée et fermée sur elle-même, les images fulgurantes de la poésie de Toulet en font des pièces ouvertes :

"On descendrait, si vous l'osiez
d'en haut de la terrasse,
Jusques au seuil, où s'embarrasse
Le pas dans les rosiers"
(Contr. ; LI)

Un instant ici est fixé. Mais le bruit peut continuer. "Le pas dans les rosiers". Et les silences seront portés au compte de la poésie...

Source (notes de lecture) : "PAUL-JEAN TOULET qui êtes vous ?" par P.O WALZER. Editions "La manufacture. 1987.

Photo : Fleurs au verger du Marquis de Montrouan aux premiers jours du printemps. vues dans le brionnais près du chateau de Montrouan (le bien nommé). Avril 2009. © Frb.

jeudi, 02 avril 2009

La chose et les carnets

"L'amant est attiré par l'objet aimé, comme le sens par ce qu'il perçoit ; ils s'unissent et ne forment plus qu'un. L'oeuvre est la première chose qui naît de cette union. Si l'objet aimé est vil, l'amant s'avilit. Si l'objet avec lequel il y a eu union est en harmonie avec celui qui l'accueille, il en résulte délectation, plaisir et satisfaction. L'amant est-il uni à ce qu'il aime, il trouve l'apaisement ; le fardeau déposé, il trouve le repos. La chose se reconnaît avec notre intellect"

LEONARD DE VINCI. Extr "Carnets, tr. * 9a in LEONARD DE VINCI "Prophéties, précédé de philosophie et aphorismes", traduits de l'italien par Louise Servicen. Editions Gallimard 1942.

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Voilà donc, sur la trame de nos parcours tendres, le secret révélé en cette courte phrase achevant mine de rien l'impertubable logique amoureuse de ce bon Léonard ( Homme pratique, pas fleur bleue pour un sou), si nos lecteurs, lectrices, s'en désolent, ils se consoleront bien vite en cliquant une fois sur l'image :

"La chose se reconnaît avec notre intellect"

"-Quoi, quelle chose ?" me répondit Rosie Pomponnette quand je lui certifiais (en revenant bredouille d'une soirée "Cerceau Disco" donnée au Macumba" de Vaise), que l'intellect (voire l'intellectuel ;-)) était un facteur érotique, tandis qu'elle relevait doucement ses jupons sur une diabolique guêpière, dans l'unique but de se faire emmener en Vespa par Léonard... Sans se soucier d'affinités (intellectuelles bien sûr!). "- Quoi ? L'intellectuel est un facteur ? J'comprends rien !" grogna t-elle en grimpant joyeusement sur le porte-bagage du scooter ailé de Léonard ("ailé", oui. Léonard aimait bricoler il avait customisé son scooter, et greffé méticuleusement des ailes de chauve-souris géantes derrière la selle qui pouvaient se déplier à mesure que l'engin prenait de la vitesse)  Pendant ce temps là, la phrase, fameuse et belle, faisait son chemin dans ma tête. Evidemment je ne savais pas que cet homme, ce génie de la Renaissance avait énoncé la chose avant moi. "- quelle chose ?" demanda encore Rosie Pomponnette tandis que Léonard faisait ronfler le moteur de son puissant scooter, non seulement ailé mais pourvu d'un moteur d'avion "Antoinette" à huit cylindres avec refroidissement par évaporation, (celui là même qu 'ALBERTO SANTOS DUMONT utilisa pour la première fois en 1906)...  Mais je fus bien ravie de le lire noir sur blanc que "La chose se reconnaît avec notre intellect" trois fois, oui ! (cela s'appelle enfoncer le clou). Ainsi, je décidai de finir la nuit seule, à parcourir ça et là, la traduction de quelques uns des carnets du peintre et savant . Des manuscrits curieux dans tous les sens du terme, au format et au contenu varié, certains si petits qu'ils se glissent comme rien dans une poche (les grands malades atteints de carneïte aigue, et Dieu sait qu'ils sont nombreux ! apprécieront, les pick pockets en rêveront...). Ces carnets contiennent des notes, des croquis, des ébauches de traités sur toutes sortes de sujets dont certains n'ont pas encore perdu leurs mystères. La bibliothèque de L'institut de France en a conservé douze datant de 1487 à 1508. Ces carnets sont écrits en italien mêlé de dialecte Lombard et l'écriture en est inversée (on appelle ça une écriture "spéculaire" ou en miroir, sans rapport avec notre "nolbe et marchant Charmillon"), elle se lit de droite à gauche car LEONARD était gaucher. A la fin du XVIII em s., ces carnets furent distingués au moyen de lettres de A à M qui les caractérisent toujours. Quelques 13000 pages d'écritures et de dessins, des notes mises à jour quotidiennement, et aussi durant ses voyages. L'artiste observait le monde. Fier et conscient. Il se définissait lui-même comme "un homme sans lettres". Plus étonnant, on y trouve, aussi ses listes de commissions de quelconque épicerie, ou notes à l'usage de ses débiteurs. Des compositions de peinture, des études de détails et de tapisserie,des études de visages, d'émotions, des animaux, des dissections, des études botaniques, géologiques, mécaniques, des machines de guerre, des machines volantes et des travaux d'architecture. Ces carnets, initialement "feuilles volantes" (ça laisse songeur, non ?) furent légués à ses amis puis compilés (sous différentes formes de carnets après sa mort) ils ont trouvé leur place dans des collections importantes (au chateau de Windsor, au musée du Louvres, bibliothèque Nationale d'Espagne, bibliothèque Ambrosienne de Milan etc ...). Ces carnets auraient pu être destinés à la publication, car le mode d'organisation semblent avoir été conçu pour en faciliter l'édition et la raison pour laquelle ils n'ont pas été publiés du vivant de VINCI n'est pas vraiment connue, mais certains estiment que la société de l'époque n'était pas prête à les recevoir, notamment L'Eglise qui aurait été fort choquée par les travaux anatomiques.

"(…) Mais j’ai voulu aussi passionnément connaître et comprendre la nature humaine, savoir ce qu’il y avait à l’intérieur de nos corps. Pour cela, des nuits entières, j’ai disséqué des cadavres, bravant ainsi l’interdiction du pape. (…) Ce que j’ai cherché finalement, à travers tous mes travaux et particulièrement à travers mes peintures, ce que j’ai cherché toute ma vie, c’est à comprendre le mystère de la nature humaine (…)" LEONARD DE VINCI. Extr. "Carnets".

La nuit passait. Le jour se levait presque. J'en étais là de ma lecture, quand j'entendis claquer la porte, et vis entrer presque aussi vite mon amie Rosie Pomponnette en larmes. "Hé bien Rosie ! que t'arrive-t-il ? Je croyais que tu passais la nuit chez Léonard. (lui dis je). Rosie (les bas en tire-bouchon, et la guêpière aussi) me regardait tristement : "Leonard c'est un gros connard ! j'ai tout essayé tu sais, j'ai dansé, j'ai chanté, j'ai relevé mes jupons, et puis même la guêpière, un con! rien ne l'interessait. Et au lieu de ça, tu sais quoi ? il m'a montré, "une tondeuse pour drap de laine!" qu'il avait dessinée pis des "shémas de roulements à bille" ! j'te jure ! et le reste de la nuit,  il m'a parlé de "la rotation de l'aile de l'oiseau quand un oiseau vole par rapport au vent"... Pis là, j'ai baillé, il l'a vu, il voulait me dessiner en train de bailler j'ai dis non, pis voilà."

Je refermai patiemment les "carnets" un à un, en choisit un et le tendit doucement à Rosie Pomponnette: "Tiens, tu devrais lire ça!" puis je lui montrai le passage, celui qui parle de "la chose": "L'amant est attiré par l'objet aimé ..... délectation, plaisir , satisfaction etc ... Une fois le fardeau déposé... gnagna" puis je lisai la dernière phrase à haute voix:

"La chose se reconnaît avec notre 'intellect"...

Rosie acquiessa, en secouant d'un hochement les dernier kikis roses qui rebiquaient autour de la grosse couette qu'elle s'était faite au sommet de sa tête. Elle essuya, tout en reniflant, avec son mouchoir "Snoopy", sa dernière grosse larme. Il y eût un long silence. J'entendis un bruit de plastique de petite quincaillerie douce, (le bruit que toute fille fait quand elle fouille dans son sac à main") et Rosie Pomponnette en sortit son portable très joliment pourvu d'une housse en forme de coeur "Naf Naf"... Elle avait l'air, (grâce à la phrase de l'inventeur, pensai je) tout à fait éclairée.

"ben ouaich! elle est mortelle c'te phrase ! chui trop conne, t'as raison ! j'vais changer de fringues et je vais vite rappeler Léonard !" puis elle courût guillerette, dans sa chambre pour chercher son body lamé et ses baskets à talons ; sous l'oeil mystérieux de Mona au salon qui comme toujours ne pipait mot...

Abréviation : tr * = Codice Trivulziano.

Photo : Les toutes premières fleurs en émoi printanier bordant la forêt Brionnaise, pas très loin de l'étang des clefs... (Et qui n'ont pas besoin de l'intellect pour se faire remarquer ; Elles !). Avril 2009 © Frb

mercredi, 01 avril 2009

Les bonnes blagues de Marilyn...

marylin aime les calembour.JPGLe lecteur plein de sagacité, supposera que la dame de l'institut de beauté s'appelle "Anne" parce que si elle s'appelait "Gisèle" ou "Berthe", l'effet désopilant de l'enseigne (Vermot quand tu nous tiens !) en deviendrait tout à fait disgracieux. Ainsi,"Anne" sans doute, naquît prédestinée à devenir esthéticienne, pour le rire (et fou-rire) des grands et des petits. Et Marilyn, qui aime bien rigoler (on peut être belle et rigolotte, non ?), décida de finir sa vie dans la vitrine de l'institut "peau d'Anne" à pouffer éternellement... Ce qui en passant sur la piste cyclable 16, me laissera toujours seule avec un sourire bête (que je cache sous une cape, evidemment, l'honneur est sauf...)

Photo : Incontournable humour d'enseigne, lu et approuvé par Marilyn (la marrante), "L'institut Peau d'Anne" longe la piste cyclable de la rue de Sèze (c'est écrit en tout petit ), côté rive gauche trottoir de droite en partant du Pont Morand, direction Villeurbanne-Charpennes. Vu d'un vélo, à Lyon, le 1er Avril 2009. © Frb

Ceci est bien un 1er Avril ( ou presque )

Comme un mercredi de 1er Avril avec BERAUD à la pharmacie de Vaugneray :

beraud plan004_2.JPG"Avril : C'est le mois du renouveau, imitez la nature en vous revivifiant aux premiers rayons de soleil. Mais méfiez vous des changements de température ! conseillez surtout aux dames et aux jeunes filles de ne pas trop se découvrir, car c'est la pleurésie... Et toutes ses longues et dangereuses suites. Ce renouveau active toutes les fonctions vitales et souvent se produisent des manifestations cutanées  très désagréables. Evitez les ! préservez vous par une cure dépurative. prenez des laxatifs. Contre les démangeaisons, la pommade cadique mentholée est justement réputée en raison de son action calmante ; contre l'eczéma la pommade au soufre et au baume du Pérou (ndlr: attention!) est anti-prurigineuse et cicatrisante. Contre la furonculose le rob dépuratif est un véritable arrache-clous par son action diurétique, appliquez de la toile résolutive pour attirer le pus et lavez ensuite avec une solution antiseptique ozonée, formolée ou iodée. Les dames continueront encore ce mois-ci leur cure de jouvence à l'ovaire ou elles prendront de l'elixir d'hamamélis."

Extrait : "Almanach François" 1932 (offert par Monsieur BERAUD pharmacien à Vaugneray, Rhône)

Je dédie tout particulièrement ce billet à Solko, (Le bien nommé), éminent spécialiste de BERAUD devant l'Eternel (et les ravis blogonautes). Je l'ai croisé au charmé de la Croix-Rousse ce matin, et n'ai pu m'empêcher de lui accrocher ce billet dans le dos... Lui qui n'aime pas plus que moi le 1er Avril et toutes ces blagues stupides, nous voilà dans de beaux draps ! comme l'écrivait Guy DEBORD, (le vétérinaire de Brignais)

"Dans un monde réellement renversé le vrai est un moment du faux"

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Donc nous sommes d'accord. Sauf que mon soit-disant faux BERAUD fût quand même un moment du vrai quand il offrît en 1932, à Madeleine Lacroix (une vieille amie à moi) son "Almanach François". souvenons-nous qu'en 1932 BERAUD sortait "Les lurons de Sabolas" (un cataplasme extra) mais la société du spectacle, elle, n'existait pas encore (enfin, pas vraiment sous cette forme là ...)

Quant à VIALATTE (le confiseur de l'île Barbe) vous le retrouverez ICI pour recadrer harmonieusement, le sujet qui nous occupe .

Et les "beaux draps" capables de zigouiller le poisson dans les élixirs les plus doux, (et les plus fous), ils flottent à l'air libre au dessus des champs de coquelicots qui s'étendent à perte de vue dans le domaine du Sieur Solko sous les cerisiers en fleurs dont on fait "l'eau de vie des lavandières" qui se boit au printemps et se chante en hiver. Tout ça très bon pour ton poil, ô lecteur... Et c'est ici que le premier Avril prend fin ou clame rageusement "ceci n'est pas un premier Avril" (en fait il ne clame plus ça du tout, il pousse "un cri sauvage"allez savoir pourquoi? , je le soupçonne d'avoir bidouillé son titre, du coup ça m'oblige à tout un tas de manoeuvres compliquées c'est malin, ça !. Remerciements particuliers à Solko pour ses délicates attentions et son hommage en passant à Isidore ISOU (mort dans l'indifférence général le 28 juillet 2007). Pour I.ISOU, ici un petit lien, une passerelle de blog à blog, c'est la moindre des choses. Vous avez remarqué, comme ce premier avril cette année ressemble à une cérémonie des Césars, que du beau linge n'est ce pas ? ...

Photo : "L'almanach François" de 1932. Archives personnelles agrées par la pharmacie de famille, monsieur BERAUD, pharmacien et la picolinette. Avril 2009 © Frb

jeudi, 26 mars 2009

Où est le mal ?

"Où me laissé-je emporter, insensé que je suis ? Pourquoi marcher à l'ennemi la poitrine découverte ? Pourquoi me dénoncer moi- même ? L'oiseau n'enseigne pas à l'oiseleur les moyens de le prendre ; la biche n'apprend pas à courir aux chiens qui se jetteront sur elle. Que m'importe mon interêt ? Je poursuivrai loyalement mon entreprise et donnerai aux femmes de Lemnos * des armes pour me tuer"

OVIDE. Extr: "Laisser croire aux amants qu'ils sont aimés" in " L'Art d'Aimer". Société d'édition "Les belles lettres" 1960.

co mercredi.JPG

"L'Art d'Aimer" d'OVIDE (un petit peu détourné), a fortuitement croisé une image problématique au coeur de la presqu'île près de ces petites rues qui bordent Saint Nizier (et son église de style gothique flambloyant). Ce quartier fût jadis, celui des dames aux moeurs légères qui offraient aux messieurs en l'échange de quelques francs anciens et nouveaux, toutes sortes d'illusions, des plus sophistiquées aux plus élémentaires... Certains d'entre-eux, me raconta Christine, (une pute affranchie, tapinant dans sa rue mais aussi, excellente voisine de palier à cette époque désormais révolue), ne venaient que pour s'asseoir à côté d'elle, ressentir la chaleur humaine et écouter quelques mots doux, qui, pour un tarif un petit peu plus élévé, pouvaient être murmurés jusque dans l'oreille ! Certaines de ses collègues, moins compatissantes, surtout moins affranchies, laissaient les bougres dans l'escalier, et n'acceptaient de recevoir que les gars pour la bagatelle, à l'abattage, vite fait, bien fait. Il était sans doute plus compliqué pour elles d'offrir à leurs clients un mensonge habillé, écouter ou parler, juste cela, plutôt que de coucher sans la moindre empathie au prix d'une prestation choisie. C'était donc, Christine cette doyenne, "affranchie au grand coeur", qui recevait les malheureux ; dont certains exigeaient qu'elle leur fasse des... promesses, tarifées bien sûr et jamais tenues. D'autres encore, les mal mariés, les esseulés, abandonnés, venaient la "consulter" (certains même, une fois par semaine, comme chez la coiffeuse ou le psy) pour être simplement consolés. Cela leur suffisait. Et puis ils repartaient heureux, de quoi "tenir" quelques jours, ou un très court instant, peut-être, s'imaginer, aimés... Enfin , c'est ce que nous racontait Christine, une fois sa journée terminée, tandis qu'elle nous offrait le thé, dans cette chambre à la fois miteuse et coquette, au plafond délavé orné de frises adhésives en forme de roses, dans cette pièces à l'odeur indéfinissable, dont les fenêtres qui fermaient mal avaient été camouflées, par de jolis voilages organza floqués fleurs où mille secrets d'Amour et de misère humaine semblaient peser plus lourd que toute la fornication, les vices, ou simplement le sexe, en ces vagues virées éphémères... Fin de partie croisée, digression pour OVIDE : "Laisser croire aux amants qu'ils sont aimés"...

Quant aux femmes de Lemnos * dit la légende, sous le règne de HYPSIPYLE (petite fille de DYONISOS), elles furent punies par APHRODITE pour avoir négligé son culte, la déesse offensée, les affligea d'une odeur insupportable, ce qui inspira aux maris le dessein de les abandonner. Les Hommes préférèrent suivre les belles captives de Thraces et les femmes de Lemnos (les lemniennes) indignées, se vengèrent à leur tour en faisant égorger une nuit, tous les Hommes de leur île. Sauf un ... Mais ceci est une autre histoire. Celle des femmes de Lemnos, nettement moins "fleur bleue" que la pourtant triste vie de Christine en sa presqu'île à Saint Nizier... Les deux sans correspondances spéciales; sinon vaguement l'Art d'aimer... Et si ce n'est pas de l'Art, qu'est ce que c'est ? ...

Photo : Collage à motifs symboliques, posé sur cette saleté de mal (et de mur) où le mauvais sang glisse, comme la bile noire dans tous les genres de mondes où vivent l'Homme et les Femmes. Géant carapacé d'armure, unique et fort portant sur une lame deux petites créatures nues, innocentes et fragiles (évidemment...)  A noter au passage le fameux coup de crayon ;) de l'artiste. Merci à lui. Vu à Lyon, je ne sais plus si c'est rue de la Fromagerie, de la Poulaillerie ou bien rue Longue, (encore 3 mondes assez distincts, baptisés sans chichis) ; au début du mois de janvier 2009. © Frb.

mercredi, 25 mars 2009

Comme un mercredi (un peu fou)

le fou voir - onirique.JPGLe "fou" possédé du chaos, et tatoué de guerre, décolle les murs de "la Burdeau", cette rue des pentes de la Croix-Rousse, où l'art contemporain sauvage s'affiche au jour le jour. Merci au collagiste pour cet électron délivré. La créature ailée (et peignée), mi-homme, mi-oiseau (lyrique mais pas lyre), déroule son poème sous le ciel mitigé de la ville (tant de mystères... ) Le passant enivré par effet de surprise, retrouvera dans le mouvement inspiré de cette création, toute la liberté de Dada, les élans de Fluxus, et ce je ne sais quoi d'invention, qui (heureusement), n'a toujours pas de nom...

FOLIES DOUCES. (Un peu givrés) :

ECOUTER : ASTOR PIAZZOLA "BALADA para un loco"

VOIR : "PEEK-A-BOO-JESUS"

PARTIE DE SCRABBLE : (wakkt, zzzzz, pfifui, zuzifftzzz etc...)

PIERRICK SORIN = Jean-Louis = 2

CHAOS. (Complètement timbrés) :

VOIR : Des nouvelles du PRINCE D'ANDORRE

ECOUTER /VOIR : "A COEUR VAILLANT TOUT EST POSSIBLE" sauf pour François FILLON qui paraît tout de même "un petit peu gêné". (Oreilles sensibles s'abstenir!)

"CACAPHONIE C'EST PAS FINI "

DE LA LIGNE DROITE DES CORPS

Entre autres...

Photo: Collage du "fou" (qui vole et qui écrit). Vu rue Burdeau. Lyon. Février 2009. © Frb.