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La pieume du Nabirosina (V.O.)

En Afrique on dit que quand un vieillard disparaît, c'est une bibliothèque qui brûle, peut-être en est-il ainsi de certains dialectes ? Le parler provincial, je veux dire, le patois, qui était jadis un dialecte, a cessé d'être cultivé, jusqu'à se déliter et parfois subir un dénigrement tel, qu'on ne vit plus en lui qu'un parler pauvre, parfois grossier. En fouillant dans de vieilles malles, j'ai retrouvé des fragments de journaux nabirosinais, des articles découpés, dont une petite histoire issue d'une rubrique cultissime publiée dans le journal local "La renaissance", datant des années 1990, 1991, (peut-être avant ? Les dates n'étant pas spécifiées, j'émets quelques réserves, en attendant de vérifier). Cette rubrique était signée "Le père Mathurin", et je crois que partout, dans les chaumières, (surtout celles de "Tçarolles" et ses environs),  on aimait bien le lire, ce "billet du Père Mathurin" comme pour retrouver ce temps où les nouvelles n'allaient pas si vite, et où il était bien agréable "d'causer l'long d'la route"...

Voici un petit extrait du travail d'Mile (retrouvé par "le Père Mathurin" qui n'était point curé), et si vous ne savez pas qui est l' Mile, on vous le dira demain, tout en éclairant votre lanterne sur cette histouère de "tsateugnes et de pouèle"...

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"Y'éto vé les anhnées vingt cinq, le fils - l'ancien tcheulé d'la Vavre - s'en v'ni veilli avec sa feune, la Génie, apeu leu feuille, la Guite. Y'éto la rendue. Nos avins été vé z'eu la fin d'l'anhnée passée. L'temps m'deuro qui z'arrivint pas...To p'un coup les v'là. Nous les entend chapter p'la co, posant leu chabots à la pôrte vé l'potadzi. Chtez vo l'tour du pouèle, mettez voté pi su la tablette ou dans l'fornio si vous ai fré. Et n'y v'là parti su la guerre, de Ham à la forêt de Paroy - des histouères à faire des livres, évacuation des blessés, entendues cent coups. Avec men père, au l'éto d'la classe 93, l'aute d'la 94 et trop vieux, y z'avint été veursés dans les territoriaux. Un moment après, ma mère a mis les tsateugnes su l'fu, apeu le mieux, y'est l'saucisson qu'cueillot à ptché fu, qu'envio un goût à faire baver un tsin tellement qu'y chintot bon.  Mais v'là ti pas qu'd'un coup, le gros tsin na se manque avec le gros matou gris, qu'étint coutsi d'so l'pouèle , et à coup de dents a peu d'griffes. L'coyer du tsin s'prend dans n'un boulon qu'bridot l'pouèle et le v'là parti avec l'garlot su l'dos p'la maijon, les teuyaux san d'sus d'sos, un gros feurdzin, les deux casseroles renveursées qu'fan eune femère autant qu'eune chaudgère. Men père a arrêté l'tsin à grands coups d'chabot su l'crâne, à la pôrte d'la maijon. Après la peu passée, y'a fallu to mettre en piesse, y fallo prendre des m'tinhnes pe pas s'breuler les das, apeu balier la cheurre sus les carreaux. C'ment y'éto à peu près queu, nous s'sen mis à tabye c'ment si y'avo ren ézu. Y'avo minhme pas enl'vé l'appétit. Après l'fromadze, l'café, la goutte a peu ma fois, à l'arvoyeure et à l'anhnée qu'vint !"

Photo : Sur la grande route de la maison du fils d'l'ancien tcheulé de la Vaivre quelquepart entre Montrouan et le hameau des "Combes"... Juillet 2009. © Frb

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mercredi, 29 juillet 2009 | Lien permanent | Commentaires (31)

La pieume du Nabirosina (V.F.)

"Dze sais pas si vos connaissi l'Mile : aul a passé pas loin de quarante ans à la coopérative de Tçarolles, aul a entendu causi du patois de totes les acabies et vu qu'aul avot pas ses oreilles dans sa potce apeu qu'yetau pas un beurdin, aul a pensi que si eu peurnot le temps d'y écrire, y servot comme qui dirot d'pense-bête à tous tcé là qu'aimant not' chti pays, apeu qu'sant contents d'se rappeler la façon de causer vé nos (...) Apeu surtout y seur'vra a rév'lli vot' patois, et ça y vo fr'a point d'mau".

"LE PERE MATHURIN" extr. du Billet publié dans le journal local "la Renaissance" du 26/01/1991.

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L'Mile oeuvra si bien à son petit bouquin, (son petit dictionnaire), que le Père Mathurin proposa à la "Renaissance", (journal local, l'équivalent du "Monde" au Nabirosina,) de publier l' boulot du Mile, sous forme de petits récits, qu'il découpa, pour que les gens puissent les déguster bien "comme y faut". Durant plusieurs années le pays tout entier se demanda qui était ce fameux "Père Mathurin" qu'on lisait à voix haute et dont chacun se faisait passer les petits billets de maison en maison... Quant à l'identité du patoisant, je la laisse au secret. Et comme promis précédemment, voici la traduction de cette histoire bien sympathique "de chataîgnes et de poêle"...

Nota : une promesse pour un lendemain qui se retrouve avant hier ? Il faut noter qu'en nos hameaux, le temps se ralentit tellement, que même "certains jours" nous échappent. Puissiez vous lecteurs (des villes et des campagnes) être un brin éclairés.

Traduction :

"Cà se passait vers les années 1925, celui qu'on appelait "le fils", l'ancien tuilier de la Vaivre, était venu veiller avec sa femme Eugénie et leur fille Marguerite. C'était la rendue (1). Nous étions allés chez eux l'année précédente. J'étais impatient de les voir arriver. Soudain, les voilà ! On les entend marcher bruyamment dans la cour, puis ils vont poser leurs sabots à la porte près du réchaud à bois. Asseyez vous près du poêle, mettez vos pieds sur la tablette ou dans le four si vous avez froid ! Et voilà la conversation partie sur la guerre, de Ham à la forêt de Paroy, des histoires à écrire des livres, évacuation des blessés, entendues cent fois. Avec mon père, il était de la classe 93, l'autre était de la classe 94 et, trop vieux, ils avaient été versés dans les territoriaux . Un moment après, ma mère a mis les châtaignes sur le feu, mais le meilleur, c'était le saucisson qui cuisait à petit feu et qui envoyait une odeur à faire baver un chien tellement çà sentait bon. Mais d'un seul coup, voilà-t-il pas que le gros chien noir se querelle avec le gros matou gris - tous deux couchés sous le poêle - à grands coups de dents et de griffes. Le collier du chien s'accroche dans un boulon qui tenait le poêle, et le voilà parti avec sa chaudière sur le dos à travers la maison, les tuyaux sens dessus dessous, à grands bruits, les deux casseroles renversées qui font de la fumée comme une chaudière. La peur passée, il a fallu tout mettre en place, il fallait prendre des gants pour ne pas se brûler les doigts, et balayer la cendre sur les carreaux. Comme c'était à peu près cuit, nous nous sommes mis à table comme s'il n'y avait rien eu. Tout çà n'avait même pas enlevé l'appétit. Ensuite vint le fromage, le café et l'eau de vie, et puis ma foi, au revoir et à l'année prochaine ! "

(1) Invitation en retour d'une précédente.

Photo : Toujours sur la grande route de la maison du fils de l'ancien tullier de la Vaivre, quelquepart entre le hameau des"Combes" et le Pays de Montmelard. Juillet 2009. © Frb

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mardi, 28 juillet 2009 | Lien permanent | Commentaires (4)

Arrive que pyante !

Y z'y a eun'an, tot l'monde d'jot qu'2012 s'rot pas terrible mais qu'y irot mieux en 2013. A çt'heure nos entend dère qu'y s'rot putôt en 2014 et encore, qu'y pourrot s''arrandzi. Y m'fait penser à la Mère Martin qu'fayot avancer sa bourrique en li pendant eune carotte d'vant le nez. Mais la pourre bête arrivot dzamais à la rattraper... Dze crais qu'si nos arrivains à faire ç't'année tot c'que nos ans pas pu faire l'an passé, y s'rot dj'à bié.

Extr . des Libres propos du PERE MATHURIN, extr entretien in "La renaissance" hebdomadaire régional N° du 4 Janvier 2013, n°4062 (1,50 euros seulement, à la maison de la presse de votre bourg)

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Nota primau :D'zai mis le tçépiau à pieume et les sabots d'zai fait un pt'chet discours en patois tçarolais "ordinaire" par la voix du père Mathurin, comme nos dit audzord d'audzord'heu,  p'amusé l'monde y p'faire le pendant au biogue du Drolan mieux connu sous la pieume de Solko, que fait des voeux du tonnerre en patois lyonnais et tot le monde z'ya le droit d'y lire, tant que c'est à l'oeil tot le monde peut y faire en y cliquant dans le bitonio (qu'éto un mot pas de souche patoise ni tçarolaise ni lyonnaise mais que s'adresse au monde qui sait causer dans les gougueilles ou qu'y z'y touitau ou les amis qui vont dans la tête de bique comme les gognants du tsarmillon s'en vont le mardi au marché de la queue rousse.

Le lien qu'étau par dessous faut appuyer dessus un chti coup avec vot' manivelle ou le traque-pattes et :"qui l'aura beau le montrera".

 

 http://solko.hautetfort.com/archive/2012/12/31/qui-l-aura...

 

Nota deuziau: si z'y en a un bon tas qu'mant fait savoir qu'z'y étaint pas bin contents, ou se faison du souci dipeu la fin l'andouze pis l'début de l'antraise où d'zai trainiaudé d'zai dit y'a pas mal d'années qu'ici y'étot que du tç'antier et de la trainiauderie, rin d'autre, y'étot pas autrement dze dis ç'que d'zvoux quand d'zen ai envie y sera pareil à l'antraise mais si un dzeu d'zarrive à êt' moins faignante d'ze ferai t'sonner la cloche, mais d'zm'ai dit qu'au pouyot y faire bié d'boulot d'pu que la bête arrivot dzamais à rattraper ct'engin d'malheur qu'a tchu, et que marchot moins bien que ma bourrique. Mais y m'fait todzos piaisi à y causer aux feunnes et aux gars, à tot l' monde qui irot farfouiller sur ctu biogue depuis un bon moment y'm fait piasi d'autant que si z'y farfouillon pas, n 'y aurait pu rin du tout.

Tant qu'on peut y faire à not' guise qu'on nous donne pas des coups de triques, srot djà bié, mais ct'antraise nos se laisseron pas martsi sur les pieds, srot pas plus mal ainsi.

à toutes et toutes j'y t'chouette 

Bonne Année de l'antraise (et surtout la chantée)

(et n'allez confondre les beaux voeux avec les beaux viaux, même si l'viau doux est toujours d'bout) (j'y r'note un aut'coup, ça veut rin dire c'est juste pour faire une fantaisie) 

Notatreziau : J'ajoute en français (c'tu coussi) que si le patois tç'arolais du Père Mathurin est d'un patois "ordinaire" très correct le mien est approximativement bricolé, m'en excuse auprès des puristes, "y faut bin faire d'z'erreurs avant que de y être parfait" a dit le gars qui a construit le bacarouler du côté de Vendenesse, comme c'est pas si facile de tout y faire entrer d'un coup dans notre serre-veau, je vous laisse ci-dessous des liens si le parler patoisant vous intéresse, vous trouverez là, un atelier de recherche linguistique très sérieux à cliquer ci-dessous : 

http://www.publibook.com/librairie/livre-universitaire.ph...

http://aune.lpl.univ-aix.fr/lpl/personnel/rossi/marioross...

 

Traduction du titre : "Arrive que Pyante" signifie "advienne que pourra", (sous entendu: peu importe ce qui en résultera). ex : "Faut pas s'laissi aller à l'arrive que pyante".

photo: Y'a des quoues d'vatses dans l'cié, i va pyoure d'ici deux dzos.  (Il y a des traînées nuageuses dans le ciel, il va pleuvoir dans les deux jours.). Saisie dans la rue principale du bourg boscomarien qui n'est pas exactement racholais mais nabirosinais faut quand même pas tout y confondre

Very special dedicace et autres précisions : Merci à celles et ceux qui ont participé durant l'andouze à ce blog, évident qu'ils seront bienvenus à l'antraise. Mes excuses assez plates aux amis, lecteurs et commentateurs auxquels je n'ai pu répondre dans un délai raisonnable à cause d'un beugue dans la boîte à maille qui dure depuis des mois, enfin une pensée pour mon ami Jacques qui pédale à cette heure quelque part entre les ch'mins du Sud et les brumes sournoises du Nabirosina. 

 

Bois Ste Marie © Frb 2013.

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mardi, 01 janvier 2013 | Lien permanent | Commentaires (11)

La vie, l'espoir ...

tant que.JPGVoilà le nécessaire. Un titre + une image. Je vous laisse le tout en pièces détachées. On y gagnera un adage. Une panacée, qui donnera force et courage, emplira le coeur de volonté, fera même revenir l'être aimé, (à ce qu'on dit)...  Le tout très efficace. Avec quatre mots, un verbe, grosso modo, on vient à bout de l'adversité. Je ne vous dirai pas combien de gens ont été sauvés par cette phrase. Pas avant que vous ayez trouvé. Un nombre très en deçà de la réalité. Car peu d'entre eux osent avouer, surtout pas à eux mêmes (Toujours à ce qu'on dit), les prodigieuses vertus de cette phrase.

J'aurais pu aussi vous coller en titre de billet: "La cruche, et l'eau", "Le tiens! et la chose promise", "le bon bruit et la grâce acquise","Le vent tournant qui chet en brise", pour faire plaisir à monsieur VILLON. A ce propos, je ne résiste pas à la volupté de vous livrer un bien beau lien où vous découvrirez, si ce n'est déjà fait, la "ballade des proverbes" du François en ancien français :

http://muze15.canalblog.com/archives/2008/12/29/9790201.h...

J'aurais pu titrer : "métiers et besaces", histoire d'embrouiller nos affaires. Ou vous laisser sur cette phrase, ô combien fascinante, mais un brin emberlificotée (pour des esprits peu initiés). Oyez un peu :

"Dominique, prends une femme, et après dors TANT QUE tu voudras, car elle aura assez de soin de t'esseiller".

Ca laisse songeur tout en produisant son effet... Ou j'aurais pu vous rapprocher des plaisirs merveilleusement phonétiques de la "COUZONNAISE" (patois de Vaise)  en vous glissant en vieux français :

"Elles en ont tant porte de grans qu'elles n'en scauroyent plus porter des petits".

Après quoi, la messe serait dite. Mais comme à "Certains jours", on ne baisse jamais les bras, même dans les causes les plus désespérées (surtout dans ces causes là), j'aurais pu vous glisser un de ces proverbes plein de bon sens, qui vous lit toutes les lignes de la main en deux coups de cuillère à pot, toujours sur un air de "patois de Vaise", version (attention ! âmes sensibles s'abstenir) "sabotière pour les nuls". Ou polka cancaillotte :

"Fais l'amour TANT QUE tu peux, tu pourras plus quand tu seras vieux".

Oui, je sais, ça fait très mal. C'est ça, le bon sens. Ou bien, j'aurais pu vous l'offrir, pragmatique au terroir :

"Il faut puiser TANT QUE la corde est au puits"

précédé d'un "Ouh ben!" aux accents bourguignons (dont je reparlerai un jour)... Pragmatique toujours, mais brut de décoffrage, à prononcer de préférence avec une gitane maïs (éteinte) collée en coin de lèvre inférieure, le genre de phrase qui sent la sueur, et l'obstination forcenée de la "valeur-travail" des ânes bâtés nés durs à cuir, fiers de l'être, élevés à coups de pieds où on sait, vantant les joies du martinet pour leurs propres enfants:

" Il faut travailler TANT QUE la peau du cul dure".

Ou bien pragmatique (on n'en sort pas), d'une sagesse prudente économe (féminine et vénale ?), à l'antiromantisme assumé :

"Il ne s'en faut aller du bain TANT QUE la bourse nage sur l'eau".

Quant à la prétention qu'ont certains de se croire plus importants que les autres, la sagesse populaire a tranché avec une chute digne de chez Jean DE LA FONTAINE, mais cependant fort d'actualité :

"Ils vont tant haut, TANT QUE pour finir ils tombent le nez dans la flaque".

C'est là, tout ce qu'on leur souhaite...( Epargnez qui vous voulez ;-)

Enfin, elle aurait été belle, la note mystérieuse en lettres majuscules, un titre dénudé, le dicton tout entier et puis rien. L'érudition portée au point de béatitude que je n'aurais même pas été capable d'expliquer, (à quoi bon ?). Un "TANT QUE" plus sonnant que toutes les musiques. L'énigme du "TANT QUE" jamais élucidée. Dicton clair comme le filet d'eau naissant à la première source du premier jour du monde, fulgurant au passage les sagesses de tous les adages, comme l'ouragan balaye la plage, nous laissant tous (ou presque), tels larrons dégrisés, qui, tombés à quatre pattes sur la révélation, ne savent même plus danser la "Couzonnaise", mais tâtant le monolithe, avec des grosses pattes, en cherchent l'ouverture, oeil torpide, bouche bée, relisent mille fois, dix mille fois sans comprendre... La naissance du proverbe, tout autant que sa quintessence. Accrochez vos ceintures, j'amène la chose :

"TANT nyolate QUE pleut, TANT l'aforhlye, QUE s'evaie"

Voilà pourquoi, "la vie, l'espoir", au fond, ce n'est pas plus mal, même en pièces détachées...

Photo: Un début (?) lu sur les marches du grand escalier, qui longe le jardin de la Grande Côte, juste en montant là haut sur l'esplanade à deux pas du plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Février 2009. © Frb

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lundi, 09 février 2009 | Lien permanent | Commentaires (15)

Haïku Nabirosinais

DSCF8901.JPGLes Haikus ne sont connus en Occident que depuis le début du XXem siècle. Les écrivains occidentaux ont tenté de s'inspirer de cette forme de poésie très brève la plupart du temps, ils ont choisi de transposer le Haïku japonais qui s'écrivait sur une seule colonne sous la forme d'un tercet de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes pour les haïkus occidentaux. quand on compose un Haïku en français, on remplace en général les mores par des syllabes, "mais c'est quoi les mores exactement ?" se demandera notre lecteur chéri (à supposer qu'il ne sache pas...) Et comme je fais désormais les questions et les réponses, je vous dirai qu'il ne faudra pas craindre celle-là (de réponse ! suivez un peu, vous irez vous baigner après), et donc, la more est un son élémentaire émis lors de la phonation. Son nom provient du latin "Mora" signifiant "retard" ou "délai". Comme beaucoup de termes spécifiques à la linguistique, sa définition exacte est contestée, mais bon, grosso-modo, sans rentrer dans les discussions, il s'agit d'une notion plus fine que celle de syllabe. Dans les langues syllabiques, chaque syllabe est constituée d'une ou plusieurs mores, qui en déterminent le poids, ce dernier déterminant à son tour l'accent tonique du mot, ou son rythme. Dans certaines langues, dites "moriques", la notion de syllabe, d'ailleurs, n'existe pas, une syllabe qui contient une seule more est appelée "monomorique" ou "monomoraïque", si elle est composée de deux mores elle est appelée "bimorique" ou "bimoraïque". La langue japonaise est connue pour sa structure en mores. La plupart des dialectes utilise les mores (haku en japonais) plutôt que les syllabes comme fondement de son système phonique. Une syllabe française peut contenir jusqu'à trois mores, ce qui engendre des poèmes irréguliers. Quant à la notion de more, si elle existe en Nabirosina, le nabirosinais considère qu'il n'est guère besoin de se casser la tête avec ça, ce n'est déjà pas mince affaire de traduire tant bien que mal le patois nabirosinais (dit rachollasi) en bon français moderne, on pourra donc considérer que le Haïku nabirosinais est peut-être l'un des seul Haïku au monde à n'obéir qu'à sa propre loi.

Photo : Offert par la boulangère du village, ce poème-Haïku chanté par Ricky Vacance (et sa cornemuse à pain) ravira vos matins, vos midis, vos soirées, (j'ai testé pour vous).  Un fragment de pure poésie vue au Nabirosina doux.

© Frb 2011.

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jeudi, 04 août 2011 | Lien permanent | Commentaires (7)

Là où nous ne sommes pas

A vendre les Corps, les voix, l'immense opulence inquestionnable, ce qu'on ne vendra jamais. Les vendeurs ne sont pas à bout de solde ! les voyageurs n'ont pas à rendre leur commission de si tôt !"

ARTHUR RIMBAUD : extr "Solde" in "Illuminations". Librairie Générale française 1984.

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Pour lui plus activement, j’utilisais mon influence en l’aidant à porter le plus lourd bonheur au sublime. Une fine vapeur, et je crus voir s’ouvrir le ciel, des années de jeunesse, un premier mot dont je réalisais qu’il était de la plus grande importance. En louanges serrées, dans cet aimable lieu où les roses griffaient les murs, me revenait toujours le son volumineux d’un adage pendu aux fresques de Janvier. De toiles lues dans l'ombre en descriptions de runes, je vis venir la nuit dévorer le matin. Une vision où l'espace balayé par les brumes traînait des fusées lentes et des flacons de vin.

Pillage et contrebande, paradis sans cépage, coupé tout net à la racine. Pour lui plus activement je remuais les trains en m’étonnant qu’ils glissent ensemble sur tant de lignes à la même heure et en même temps. Des cahiers de jeunesse d’un goût très raffiné s'effeuillaient dans la moleskine. “puisque vous êtes si bête, enfin... me disait il... il serait doux de nous trouver bêtes en même temps, un jour, ou deux, entre ces lignes".

En attendant, j'apprivoisais sous les voûtes romanes des animaux bizarres à ventres de fourrure. Tout cela paraissait de l’ordre du devoir et du travail bien fait.

Pour elle plus activement, avec des gants blancs de jardin, il remuait le ciel, la terre en s'amusant, et je renversais tout sur un nid de serins où se liaient patiemment les digitales brunes.
Ensuite je rentrais au logis. Il y avait les horaires des trains et ceux de la toilette du troupeau d’élandins qui dans mon esprit se mêlaient, c’est ainsi que souvent, je mettais la ligne après le point, et le chapeau du i sur les ê. Les trémas restaient dans ma main. Pour ne pas me faire prendre j'accentuais les graves.

”Puisque des jours ne t’ont laissé qu’un peu de cendre dans la bouche” (1) ...

Pour lui plus activement, je mélangeais mes cigarettes aux fumées des usines, mes poumons me semblaient plus grands. Les bons amis assis sur des petites chaises conversaient de nous au salon.

Pour lui plus activement, je déposais dans la rivière des gros cailloux, des petits bonbons effervescents, tout enrobés de réglisse et de zan qui pétillaient dans l'océan. Les trains transportaient des ébats et des sacs à dos en peau de chèvre. Dans cet aimable lieu, des baisers de géants explosaient les séries de chaises. “La vie est donc éparse à ce point !", nous disions-nous gaiement. Les amis tombés de leurs chaises trouvaient qu’on ne tournait plus très rond, et dans le wagon Treize du rapide “Rhône-La mer”, des hommes chargeaient les épuisettes des pêcheurs de petits bonbons.

Ainsi tout de travers, j’entrais sous une chappe pour lui dans ce silence
qui régnait au salon. Elle repeignait les chaises, et je vis notre rêve renaître doucement :

Tous les gens du salon, se transformaient en chèvres.

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Nota (1) : Cet extrait cité plus haut, a été emprunté au poète Paul-Jean TOULET

Photos : Un des murs des menus plaisirs ou des pires lamentations, (tout dépend des jours), vu au coeur de la Baraban (pour les gens), "pissenlit" en patois, (pour les bêtes). Quand en hiver, les murs racontent l'histoire de l'art ou celle de la peinture... Photographié l'année dernière, rue Baraban du côté de Paul Bert à Lyon © Frb.

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dimanche, 31 janvier 2010 | Lien permanent | Commentaires (44)

Excentricité

EXCENTRICITes.jpg

Au temps où l'on croyait que la terre était un disque plat, entouré par le ciel à l'horizon, chacun devait imaginer qu'il était le véritable centre du monde. Une certaine résistance s'opposa à l'idée que le centre de la terre pouvait se trouver en un lieu relativement éloigné de nos propres pieds. Aussi les anciens juifs étaient tous persuadés que Jérusalem était le centre de la terre et en situaient le centre exact à l'intérieur du temple. De la même façon, les grecs étaient persuadés que Delphes était le centre de la terre et avaient placé le point central là où la pythie inhalait des vapeurs et proférait des sons incompréhensibles traduits en prophéties. Ce petit jeu dût cesser lorsqu'on comprit que la terre n'était pas plate mais sphérique. Pas exactement sphérique d'ailleurs (mais ne soyons pas mesquins, oublions les accidents de surface, arrondissons...)

Or, nous répète le grand Isaac ASIMOV : "la surface d'une sphère n'a pas de centre, le véritable centre, le centre mort est équidistant de chaque point de la surface, le centre de la terre se trouve à 6371 km de la surface quelque soit l'endroit où vous vous trouvez". (Cette thèse est d'ailleurs contestée ICI, mais soit ! restons dans l'univers du "comme si" et suivons (sans broncher, svp), I. ASIMOV, ce qui nous permettra de passer de la centro-centricité à l'excentricité puisque tel est notre sujet d'aujourd'hui (et d'hier ;-) ...

En considérant que la terre est une sphère et une sphère parfaite et en ignorant donc les renflements équatoriaux et les quelques irrégularités de surface (broutilles!), personne d'entre nous n'est plus proche de ce centre ou plus éloigné qu'un autre, de manière significative. Ainsi conclut (certes un peu cavalièrement) ASIMOV, mais l'idée quoique controversée a le charme d'un monde plus juste et quelque peu réenchanté, je cite :

"Si nous sommes excentriques au sens littéral du terme, nous le sommes tous au même degré"

Source : Isaac ASIMOV : "X comme inconnu". Editions Londreys 1984.

Retour sur Isaac ASIMOV. Revoir "les lois de la robotique" : ICI

Photo : Il est (presque) au milieu. (Comme vous et moi, n'est ce pas ?). Centro centrique mais excentrique quand même, (exactement au même degré, y'a pas de raison ;-) le petit bonhomme des "hauts de Saône", tourne infiniment sur lui même, vu sur un mur, au coeur de la cruci-rousse colline d'où l'on voit par temps clair, un tout autre centre du monde, (chef-lieu de notre beau patois lyonnais entre autres, nombril incontestable des tavernes au Morgon bien chambré), j'ai nommé Vaise, sa Scala, son Hyper-Rion, sa médiathèque, son bric à brac du père Chevrier. etc.. Mais ceci est une histoire qui sera peut être au centre d'un autre certain jour, (si d'aventure, je me risquais à ce très grand voyage) ... Lyon, colline (baladeuse). Octobre 2009. © Frb.

Nota : Pour des raisons évidemment indépendantes de ma volonté (de "connexion instable", dirons nous,) je vous prie de bien vouloir m'excuser de ne pouvoir visiter comme je le souhaiterais vos blogs, ô kamarades ! je fais donc mon possible, en espérant bientôt un retour à des configurations propices...

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samedi, 10 octobre 2009 | Lien permanent | Commentaires (14)

Le chant des champs

A travers ce que tu entends, laisse-toi aller à la dérive sur un radeau instable, livré aux glissements d'espace et de temps, au pluriel des présences, à la multiplicité des points d'écoute.

RENE FARABET : "Bref éloge du coup de tonnerre et du bruit d'ailes" (Phonurgia)

VACHES1811G BRUNES.png

Les bergers comme l'imagine LUCRECE, ont pu apprendre à chanter et à siffler en écoutant le vent. A moins que ce fût par les oiseaux. VIRGILE dit que PAN a montré au berger, "comment ajuster des roseaux à la cire pour converser avec la nature". Les bergers se jouaient mutuellement de la flûte et chantaient pour que passent les heures de solitude. La forme en dialogue des "Idylles" de THEOCRITE et des "Bucoliques" de VIRGILE, le montre, la musique délicate de leurs chants constitue peut-être le premier, le plus durable des archétypes sonores crées par l'homme. Des siècles de pipeau ont engendré un son de référence qui aujourd'hui encore, alors que disparaissent tant d'images et de formes littéraires traditionnelles évoquent toujours la sérénité des pâturages. Les bois en solo sont les instruments de la pastorale, par excellence, à tel point qu'un compositeur aussi porté sur l'emphase que BERLIOZ réduit son orchestre à un corps anglais et à un hautbois pour emmener l'auditeur doucement en duo vers la campagne.

A écouter : H. BERLIOZ "Scène aux champs" : ICI

Dans le paysage calme de la campagne, les notes claires et caressantes du pipeau des bergers se paraient de pouvoirs miraculeux. La nature écoutait puis répondait en sympathie :

"Silène les chante, l'écho des vallées les renvoie jusqu'aux astres, jusqu'au moment de rassembler les moutons au bercail et de rendre l'appel au signal de Vesper apparu dans l'Olympe marri" (Extr. VIRGILE  (bucoliques VI), traduction E. de St Denis. editions : Les belles lettres 1970)

THEOCRITE fût le premier à faire converser la nature avec la flûte des bergers et depuis les poètes pastoraux l'imitent :

"Tu essaies un air silvestre sur un mince pipeau [...] Nonchalant, sous l'ombrage tu apprends aux bois à redire le nom de la belle Amaryllis". Extr. VIRGILE  (Bucoliques I)

Pour retrouver ce pouvoir miraculeux de la musique, il faudra attendre les Romantiques et le XIXèm siècle. La rencontre entre la ville et les prés est joliment rendue par ces quelques lignes de Thomas HARDY qui ne manqueront pas de faire rêver les habitants de nos grandes villes dans leur boites fermées à clefs, bardés de digicodes, portes blindées, alarmes...

"Le berger sur la colline située à l'est pouvait lancer par dessus les cheminées de la ville des nouvelles de l'agnelage au berger de la colline ouest et cela sans grande gêne pour sa voix, si proches étaient les pâturages pentus des jardins urbains. Et la nuit, au coeur même de la ville, il était possible d'entendre, dans leur enclos natal au bas des prairies, le doux meuglement des génisses de la ferme et leur souffle profond et chaud". Extr. Thomas HARDY in "Fellow Townsmen", Wessex tales. Londres 1920.

Source : R.MURAY SCHAFFER : "Le paysage sonore", extr. "Les sons de la pâture"; Editions Lattès 1979.

On imagine assez les habitants de la colline (les "cruci-roux" chers à chr Bohren et à Solko) lançant par dessus les toits de la Pouteau des nouvelles de la Biquette qui rumine au Caillou, ce chant léger et beau dévalerait la Colbert puis par St Sébastien rejoindrait la vallée, de l'Opéra à Chenavard et jusqu'à la Grenette, tout le monde attraperait la colline au ragot, puis traversant la Saône, le Rhone, et La Fayette, les nouvelles ayant enfin toutes fait le tour, elles remonteraient, par un vieux caquelon pétillant chez Tante Paulette sa belle odeur de  volaille cuite dans du Pouilly Fuissé (et non dans du fouillis puisé comme j'allais l'écrire bêtement), tout ça mettrait les hommes en joie, ils chanteraient alors avec des dames une paillarde de Vaise, comme de bien entendu, en patois de Couzon le tout flotterait jusqu'aux alpages de St Bruno, en passant sous le pli d'une soutane à carreaux. Doucement s'échapperait le secret des grattons, un cervelas truffé, quelques pieds de mouton et l'odeur d'un groin d'âne sur ses petits lardons enverrait des baisers de Soulary à la Tordette soufflé par les naseaux de la Biquette jusqu'au sommet des Echarmeaux.

Remerciements à Dorothy Fuldheim de nous avoir signalé des liens intéressants à propos de Thomas Hardy, permettant ainsi une appréciable mise à jour.

Photo : Véchas Crésas (rachiollases) posant aux pâturages à l'entrée de Montmelard, presque au pied du majestueux Mont St Cyr (771 m. d'altitude), l'un des plus haut sommet de la Bourgogne du Sud d'où l'on peut contempler par temps clair les cîmes neigeuses du Mont blanc et des Alpes, les Monts du Forez, de l'Autunois, du Beaujolais et du Mâconnais.

Nabirosina 2009 © Frb.

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samedi, 31 octobre 2009 | Lien permanent | Commentaires (12)

La pantoufle d'hiver

Sa Marraine, qui était fée, lui dit : "Tu voudrais bien aller au bal, n'est-ce pas ?"...

CHARLES PERRAULT (1628-1703) : Extr. "Cendrillon ou la petite pantoufle de verre".

pantoufle de vair.JPG

Nous retrouvons quelques années après, CENDRILLON, rue de la République à Lyon, s'apprêtant à marcher sur le coup de grâce, avec ses pantoufles d'hiver. Vous allez me dire, en plein été, quelle idée (saugrenue) de se promener avec des pantoufles d'hiver ? (et je vous répondrai qu'en effet, ça paraît bien étrange mais que ne ferait-on pas pour distraire son lecteur ?). Et puis, nous sommes dans un conte, n'est-ce pas ? Et la marraine de CENDRILLON, (la fée !) qui est immortelle, voyant les pieds de CENDRILLON gonfler, s'abîmer, (avec l'âge, les trajets pour aller au travail, tous ces escaliers à monter afin de rejoindre au donjon, son vieux mari (le Prince charmant !), la marraine fort compatissante, confectionna avec de la peau de ver luisant (nommé lampyre), une magnifique paire de pantoufles d'hiver dorées, (au fourrage intérieur 100% astrakan) pour les pieds de sa chère CENDRILLON. Mais comme avec la fée c'était toujours "donnant-donnant", les pantoufles d'hiver furent livrées à CENDRILLON à une seule condition : que CENDRILLON ne les quitte jamais et les porte chaque jour, été comme hiver. Sinon, il arriverait un grand malheur à la planète, une chose tellement épouvantable, que je ne peux la révéler ici.

Ce fût donc sous serment que Cendrillon chaussa ses pantoufles d'hiver... Aussi, s'en souvient-on, CENDRILLON était tête en l'air, et c'est bien pour tenter de corriger ce bien vilain défaut, que sa marraine (la fée), mit à l'épreuve sa filleule qui par ailleurs, aimait tout ce qui brillait (comme toute femme qui se respecte). Renoncer aux pantoufles d'hiver était bien impossible à CENDRILLON tout comme il eût été impossible naguère de renoncer d'aller au bal en pantoufles de verre. Ici je vais faire une petite halte sur ces fameuses pantoufles de verre qui perturbèrent le cours de mon enfance, parce que comme tous les enfants, je me demandais comment on pouvait arriver à marcher avec, (déjà, en 1978 sur les chaussures à talons de ma mère, mais je m'égare...). Ensuite c'est la maîtresse, melle Pugeolle, qui nous apprît que la penttouffle, pantoufle n'était pas en verre, mais en vair. Ce qui compliquait tout dans notre tête. Ce fût deux ans après que Madame Breux, nous raconta que "désolée, de contredire Melle Pugeolles (qu'elle détestait car melle Pugeolle était très belle) mais il fallait qu'on sache que Charles PERRAULT avait bien écrit "verre" n'en déplaise à BALZAC qui optait pour le vair parce qu'il était clair clerc de noterre notaire et que marcher avec des souliers en verre, dans l'esprit d'un clerc de notaire c'est une chose qui n'existe pas. (Cela dit je n'ai rien contre les clerc de notaires, bien au contraire j'en rafole).

On tenta donc de négocier des pantoufles en laine de verre (avec un petit peu de poil à gratter dedans), mais madame Breux, (qui manquait cruellement d'humour) nous fît copier 100 fois, "Je dois le respect à Cendrillon". La vérité : c'est qu'on était très contrarié, le vair c'était la fourrure de Bouly notre écureuil préféré, la star du parc de la Tordette, dont nous adorions gratter le dos gris et chatouiller le ventre blanc, alors massacrer notre Bouly pour faire des escarpins à une princesse qu'on ne connaissait même pas, ça nous mettait le coeur à l'envers. De toute façon question pratique, la pantoufle de vair fourrée tout écureuil est surement plus pratique qu'une pantoufle en verre (essayez de faire marcher vos enfants, (ou vos amis) en leur mettant aux pieds des verres à moutarde adaptés et vous verrez bien le résultat) mais quand même, admettons... Il suffirait d'un seul prodige. Un seul exceptionnel. Un ou une CENDRILLON...

Que les rationnalistes du XIXem siècle aient changé l'inconfortable pantoufle de verre contre la pantoufle de vair plus praticable, on peut comprendre, pourtant une autre question se pose : était-ce bien élégant de se rendre au bal avec des chaussons en fourrure ? Pour le pied léger, délicat de la belle Cendrillon seule une pantoufle en verre pouvait convenir et puis Charles PERRAULT était conteur, pas vendeur chez Myris (le poète grec). Enfin voilà quoi, je pourrais vous parler des frères Grimm, ou de ces contes écossais, irlandais où l'on retrouve des chaussures en cristal sans parler de ces chevaliers, où le héros peut aller de par le monde dans des chaussures en fer !!! (Il n'y en plus des comme ça, ma bonne dame, tout fout le camp).

Voilà c'est l'heure, les petits enfants. Le marchand de sable va pas tarder. Wiki (l'hérudit térisson) me souffle un truc à l'oreille on dirait même du patois de Vaise, mais c'est de l'occitan celui dont les conteurs se servaient comme conclusion, un petit épilogue disons, en vers :

"Cric-crac ! Mon conte es acabat / Abió un escloupoun de veire / Se l'abio pas trincat / Aro lou vous farió veser"

. (Cric-crac, mon conte est achevé / J'avais un petit sabot de verre / Si je ne l'avais pas brisé / Je vous le ferais voir.)

cendrillon.gif

 

 

 

 

 

 

Quant à notre CENDRILLON aux pantoufles d'hiver, je l'ai rattrapée de justesse elle voulait essayer des bas. Je lui ai dit : "mais tu te rends compte CENDRILLON ? Si t'enlèves tes pantoufles d'hiver, de ce qui arrivera à la planète ? Elle m'a juste dit: "Ah ben ! heureusement que t'es là ! j'avais oublié mon serment" et puis elle est repartie, à petits pas, (à une vitesse d'environ 299 792 458 m/s) en direction de Jupiter.

Photo: Filature discrète rue de la République (on dit la "ré"). Juste là où ça brille. Lyon, à la fin du printemps 2009. © Frb

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mardi, 30 juin 2009 | Lien permanent | Commentaires (48)

Topo d'ici ...

La toponymie n'a pas seulement pour but de retrouver l'étymologie des noms de lieux, les toponymes sont en effet des témoins précieux du passé et permettent à ce titre de reconstituer et l'histoire du peuplement et celle du paysage, qui lui est associée. Les noms de lieux-dits, par exemple, sont liés à la végétation d'une époque particulière et sont de ce fait les témoins d'une double histoire.

ALBERT DAUZAT, cité par MARIO ROSSI in "Les noms de lieux du Brionnais-Charolais", éditions Publibook-Université ou (EPU), 2004.

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Le ciel du soir est comme une aube d'été. Les récits des anciens ici, s'écoutent sans y penser, autour de grandes tables sous les arbres, l'apéro peut se prolonger longtemps et tard dans la soirée, ce sont eux, les anciens, qui illuminent par une mémoire parfois un peu romancée, les légendes minuscules, les faits divers  les  existences probables et improbables de ces gens dont on dit qu'ils étaient des "figures" le tout enrobé d'anecdotes dont il est difficile de vérifier l'authenticité. Les histoires sont allées de maison en maison, les vieux, ils les connaissent sur le bout de la langue, déclinées en patois plus ou moins fidèle à l'original, en français plus ou moins "arrangé". Par leur voix, on retiendra vaguement une liste, les noms des personnes qui ont existé, existent encore et la vie des familles ayant donné leur noms à des hameaux : "les Brancion", "les Desmurs", "les (nombreux) Corneloup" du village bienheureux de Saint Racho, (prononcer St Raco, que les gens d'ici abrègent oralement en "Saracco", et dont les habitants que ceux des villes environnantes appellaient pour "charrier" "les Saracottis"  sont simplement des St Rachois, St Rachoises), digression un instant pour préciser que si vous passez dans cette région, il faudrait visiter une ravissante chapelle érigée sur la montagne de Dun à St Racho (un endroit aux légendes merveilleuses). Cette chapelle est dédiée à l'evêque St Racho d'Autun (ou Rachonis ou Rognabertus) qui fût le premier Franc à occuper ce siège épiscopal, (ça vous donnera une petite idée de l'ancienneté des lieux).

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Certains hameaux portent aussi le nom des rivières locales : "La Genette" ou "La faux", (d'un mot "gaulois" signifiant "hêtre"), les noms des villages sont parfois ceux des arbres "Châtenay" par exemple (extension ancienne du mot "Châtaignier"), d'autres noms de lieux relatent les formes du relief vallonné, par exemple : "La pouge" (rampe, montée), de même le mot de "Brionnais" pourrait provenir du mot "Brie" signifiant "terre grasse et spongieuse". On pourrait parler des étangs, tous naturels qui occupent des creux ou vallons, la présence de l'eau est rappelée par quantité de toponymes : "La Saigne" (mot provenant du bas latin et signifiant "marais bourbeux"), "Le palluet" (du latin "Palus" signifiant "le marais"), "Les mouillières" ou plus explicite "Les étangs". Certains noms de lieux, ici, par leur origine celtique ou latine prouvent aussi l'ancienneté de la présence humaineEn ce qui concerne le Charolais et le Brionnais, (impossible d'aborder ce thème en détail car il faudrait je crois y consacrer un blog entier mais je ne peux m'empecher de citer et recommander vivement à ceux qui sont intéressés par ce sujet, l'ouvrage remarquable de Mr Mario Rossi éminent professeur, qui a pour titre  "Les Nom de lieux du Brionnais-Charolais - Témoins de l'histoire du peuplement et du paysage" (voir références plus haut sous notre photo).  Pour terminer sur le thème un peu élargi, on notera aussi que Mr Mario Rossi a désiré que les droits d'auteurs de ce livre soient affectés à la sauvegarde du patrimoine de Montceaux l'Etoile, dont l'église datant du XIIem siècle est absolument à visiter, surtout pour son portail sculpté datant de 1120-1125 (environ), qui représente l'Ascension du Christ dans une mandorle, qui tient dans sa main droite, le bois de sa croix, au milieu des Apôtres, entouré par deux anges. De source sûre, l'ayant vu de mes yeux, ce portail est considéré, à  juste titre comme un chef-d'œuvre de sculpture d'art roman, je suis un peu étonnée en fouillant dans les archives de CJ de ne pas retrouver un billet qui aurait pu vous le montrer je ne manquerai donc pas, (un certain jour) d'en reparler ; en attendant vous pourrez encore mieux l'admirer en grand format  ICI.

Je signale et recommande encore vivement un autre ouvrage tout à fait passionnant de Mr Mario Rossi, pour les gens qui sont intéressés par les dialectes, et l'étymologie ou plus généralement la langue, l'excellent "Dictionnaire étymologique et ethnologique des parlers brionnais"

Autre lien plus vaste, toponymique aussi, d'ouvrages très bien référencés :

http://jeantosti.com/noms/biblio.htm

A propos des noms de familles (et des évolutions juridiques de la généalogie)

http://www.guide-genealogie.com/guide/noms-famille-nouvel...

topodici

Nota  : La balade peut encore se poursuivre (en mode lecture ultralight) il suffit de cliquer sur les images (pour ceux qui ont la flemme de lire le long topo, on aura tout prévu, c'est ti pas formidable ?)

Photos : parcours flêchés, et saisis à la volée, quelques noms de hameaux nabirosinais, photographiés au hasard d'une balade à vélo en chemins buissonniers.

Photos © Frb 2011.

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lundi, 22 août 2011 | Lien permanent | Commentaires (13)

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