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mardi, 24 novembre 2009

Les belles f(r)ictions

"Ceux qui n'ont pas exigé, un jour au moins, la virginité absolue des êtres et du monde, tremblé de nostalgie et d'impuissance devant son impossibilité, ceux qui, alors, sans cesse renvoyés à leur nostalgie d'absolu, ne se sont pas détruits à essayer d'aimer à mi-hauteur, ceux-là ne peuvent comprendre la réalité de la révolte et sa fureur de destruction."

ALBERT CAMUS. "L'homme révolté". Editions Folio 1995.

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Une nuit, au moins, en fouillant sous le ventre d'un caillou, vint une rumeur de vies anciennes, au cratère, des lamentations, et l'odeur encore fraîche de quelques corps calcinés après un combat révolu (disait-on) dont l'ultime précision, quelques détails réels, se délitaient à mesure que nous classions par ordre de grandeur chacune de nos révolutions. Une nuit, au moins, je sentis ces démons brûler méthodiquement la terre, rouler doucement sous les maisons, se rassasier des chairs que nous laissions tomber avec nos ombres. Vieilles canines de chiens, rêves lunaires, anciennes peaux...

Sous une pluie malodorante passaient les amours mortes. Et là, juste au dessus de ma tête, le crin crin d'un libre électron pris dans le tournis de son cercle remisait l'avenir de l'homme, avec sa femme. Tous deux, penchés sur la rambarde du balcon de la maison moderne, me regardaient tisonner les pierres, frictionner cette tombe d'où remontaient quelques aïeux entourés d'elfes noirs... Dans l'enclos de cette rue bordée comme un jardin, de cyclamens pâles et de géraniums sanguins, j'imaginais les grands espaces. Des musiques muettes inventant le feu à l'archet. De quoi griller la mémoire courte... De quoi remuer le vieux bois, de quoi inviter les revenants à se coucher dans le lit des vivants. Coeurs ignifuges à dégommer d'une caresse épouvantable, fine comme du papier argent. La nuit n'offrant pas d'autre spectacle, l'homme et la femme s'en contenteraient.

Photo : Rue de l'Auguste, la nuit. Au hasard d'un chantier, cinq pavés se réveillent au fond d'un gouffre immense, ou, sur la colline qui travaille (et qui crie aussi), les fantômes, (ces anciens soulevés), préparent l'ex-futur incendie. Vu à Lyon, Croix-Rousse. Novembre 2009.© Frb

mardi, 10 novembre 2009

Passer à côté de l'amour

A une petite seconde près....


vendredi, 06 novembre 2009

Dada doux

"Âne. Le lapin devenu grand"

JULES RENARD :  Extr. "L'âne" in "Histoires naturelles". Editions Flammarion 1999.

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"Parfois l'âne, à cause d'un chardon qu'il flaire, ou d'une idée qui le prend, ne marche plus.
Jacquot lui met un bras autour du cou et pousse. Si l'âne résiste, Jacquot lui mord l'oreille.
Ils mangent dans les fossés, le maître une croûte et des oignons, la bête ce qu'elle veut.
Ils ne rentrent qu'à la nuit. Leurs ombres passent avec lenteur d'un arbre à l'autre.
Subitement, le lac de silence où les choses baignent et dorment déjà, se rompt, bouleversé.
Quelle ménagère tire, à cette heure, par un treuil rouillé et criard, des pleins seaux d'eau de son puits ?
C'est l'âne qui remonte et jette toute sa voix dehors et brait, jusqu'à extinction, qu'il s'en fiche, qu'il s'en fiche."


Klaus GROH : "Dadadance"

podcast

 

A écouter un petit clin d'oeil (glamouroso) à l'âne, extrait du magnifique album "Spazio" de Fabio VISCOGLIOSI : http://www.deezer.com/listen-222718

A découvrir : Le merveilleux baudet du poitou. Le plus beatnik des ânes. (Une very spéciale dédicace à Liam, en passant) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Baudet_du_Poitou

Photo : Auprès de mon âne. (Equus Asinus), à la robe grise, aux yeux très doux, j'entends les sons de la montagne en multistéréo. Photographié dans un grand champs près de Montmelard. Nabirosina. Octobre 2009. © Frb.

vendredi, 30 octobre 2009

Haute fidélité

"Il fût tiré de sa méditation par un grincement venant de la remise. C'était la girouette qui tournait sur le toit. Et ce changement de vent annonçait une pluie diluvienne".

THOMAS HARDY : "Far from the madding crowd". Editions : Oxford university press, 2002.

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La campagne est généralement plus hi-fi que la ville. (Il y a deux termes, hi-fi et lo-fi). Dans l'environnement hi-fi, le signal bruit est satisfaisant. Le paysage sonore hi-fi est celui dans lequel, chaque son est clairement perçu en raison du faible niveau sonore ambiant. Dans un paysage sonore hi-fi les sons se chevauchent moins fréquemment. On a chez Alain FOURNIER dans "le Grand Meaulnes" plusieurs exemples, d'images qui donnent précisément une idée de l'acoustique de la campagne française à son époque : "Le bruit d'un seau sur la margelle du puits et le claquement d'un fouet au loin". Le calme d'un paysage sonore hi-fi, permet donc d'entendre plus loin, de même qu'un paysage rural offre généralement des panaromas plus vastes. La ville a réduit les possibilités d'audition et de vision opérant ainsi l'une des modifications les plus importantes de l'histoire de la perception. Dans un paysage sonore lo-fi, les signaux acoustiques individuels, se perdent dans une surabondance de sons. Il n'est plus réellement possible d'entendre un son clair. La perspective, dans une cité moderne, s'évanouit à un carrefour. La distance est abolie, seule reste la présence car il y a des interférences sur tous les circuits. Les sons ordinaires devront être de plus en plus amplifiés. Dans un paysage sonore hi-fi, le moindre changement peut transmettre une information vitale ou intéressante, l'oreille humaine est en alerte comme celle des animaux. Dans la nuit silencieuse, la vieille dame paralysée d'un récit de TOURGUENIEV entend les taupes creuser sous la terre. "C'est bon signe, n'y pensons plus" se dit-elle, mais ces bruits lui rappellent aussi le poète, GOETHE, l'oreille collée au sol :

"[...] Que mon coeur sent de près l'existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable de vermisseaux et de moucherons, dans toutes formes, que je sens la présence du tout puissant qui nous a crées à son image [...]" (Extr. GOETHE, "Les souffrances du jeune Werther).

De près comme de loin, l'oreille répond avec une sensibilité de sismographe. Du temps où les hommes vivaient très souvent isolés ou se regroupaient par petites communautés, les sons ne se gênaient pas les uns les autres. Chacun restait au sein d'un halo de silence, et le berger, le bûcheron, le paysan, savaient lire dans le paysage, le moindre changement.

Vous aussi, (grâce à certains jours), vous pouvez comme en pleine campagne écouter la chouette hulotte chanter depuis un grand arbre (tout en surveillant le passage du moindre petit mulot. Pas vous, voyons ! la chouette ! quoique...). Pure Hi-fi par ICI.

Ou découvrir le chevreuil (capreolus capreolus), monologuer dans la forêt sous les grands feuillus : ICI encore.

Et enfin (un exemple parmi d'autres), découvrir qu'il n'y a pas une différence si énorme entre les très urbains Résidents et autres animaux des champs, des bois et de la ferme, dont notre sanglier : ICI enfin.

Sources tirées de : R. MURRAY SCHAFER: Le paysage sonore". Editions Lattès 1970. (A suivre...)

Autre lien puisé à la bonne source de R.MURRAY SCHAFER : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/10/17/2f...

Photo: Au bout d'un chemin, une vieille maison, (côté grange ou remise). Vue au hameau dit "les clefs", longeant un étang du même nom (traversé entre les bruissements par de microscopiques insectes). Nabirosina. Octobre 2009. © Frb.

mardi, 20 octobre 2009

Encres perdues

Je descendis de cheval ; je lui offris le vin de l’adieu,
Et je lui demandai quel était le but de son voyage.
Il me répondit : Je n’ai pas réussi dans les affaires du monde ;
Je m’en retourne aux monts Nan-chan pour y chercher le repos.
Vous n’aurez plus désormais à m’interroger sur de nouveaux voyages,
Car la nature est immuable, et les nuages blancs sont éternels

WANG WEI :  "En se séparant d'un voyageur"

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WANG WEI (vers 701-761 ?) fût un illustre poète chinois de la dynastie T'ANG. Peintre, calligraphe, musicien, "paysagiste", il fût considéré comme le maîtres le plus doué de la poésie lyrique. Il intégra le paysage dans la peinture chinoise du paysage, comme un sujet à part entière. On sait qu'il occupa plusieurs postes de prestige, d'autres moins, il appartenait aux "officiels" et fût incarcéré lors d'une rebellion dans la capitale, obligé de travailler pour les rebels puis accusé de collaboration lors de la reconquête de la capitale, il sauva sa tête par la grâce d'un poème loyaliste écrit en prison.

On lui attribue plusieurs innovations techniques, notamment un style qui utilisait l'encre monochromatique dont l'effet dépendait uniquement d'un emploi expressif et rigoureux de lavis d'encre noire ou grise projetée. Il est considéré comme l'un des plus grands peintres de la Chine, mais comble du paradoxe, on ne possède aucune peinture de ce grand maître. elles ont toutes disparu au fil des siècles. Sa peinture n'est donc connue qu'à travers quelques gravures sur pierre réalisées à partir de son célèbre rouleau Wang-chuan et des copies de ses peintures par les artistes qui lui succédèrent (telles que "Eclaircie après une chute de neige", collection Ogawa, Kyoto). On pense que la famille impériale mandchoue conserva un original intitulé "Paysage sous la neige". Les informations sur son œuvre nous viennent principalement de sources littéraires. On raconte que ceux qui ont jadis eu la chance d'apercevoir la peinture de WANG WEI se sont exclamés : "On ne peut aller plus loin, plus haut : l’art du paysage dit ici son dernier mot.". Quant à la poésie chinoise, s'il faut nommer trois grands poètes, les trois plus grands, on nommera souvent : LI-PO, DU FU (Thou fou) et WANG WEI... Ce dernier adepte du tch'an (bouddhisme) cherche à approcher un état de communion presque amoureux avec la nature, le regard du poète se mêle au vide de la montagne", à la barque du pêcheur, au bleu des saisons, comme s'il les avait lui même inventés : "Je vais jusqu’au lieu où la source s’épuise, et contemple la naissance des nuages. Voici le semeur de forêts : Nos plaisanteries n’ont pas souci du temps."

Le poète et peintre SU TUNG PO écrira assez musicalement, à propos des oeuvres de WANG WEI :

Savourant un poème de Wang Wei, dans son poème
une peinture
savourant une peinture de Wang Wei, dans sa peinture
un poème

Dans la poésie de WANG WEI, il n'est jamais question d'effusion personnelle, celle ci est d'autant moins présente que les verbes en chinois ne se conjuguent pas et que les articles sont absents. L'être humain pourrait se fondre presque dans la totalité du monde, et le lecteur occidental se confronter à des traductions qui n'ont pas toujours le ton juste ni l'esprit du mouvement de WANG WEI. On pourra cependant apprécier les oeuvres de Wang WEI dans les ouvrages suivants :

Wang WEI, Les Saisons bleues : l'œuvre de Wang Wei poète et peintre, éd. et trad. Patrick Carré, Paris, Phébus, 1989 / " Libretto ", 2004.

Wang WEI, Paysages : Miroirs du cœur, trad. Wei-penn Chang et Lucien Drivod, Paris, Gallimard, " Connaissance de l'Orient. Série chinoise ", 1990.

Wang WEI, Le Plein du vide, trad. Hervé Collet, Cheng Wing-fun, callig. Cheng Wing-fun, Millemont, Moundarren, 1985.

A noter qu'un jour, un recueil de poésies chinoises fût offert à GUSTAV MALHER qui, pour composer "Le chant de la terre" ("Das lied von der Erde") sélectionna sept pièces dont une de WANG WEI. Le sujet du chant de la terre peut se croiser ci dessous.

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/03/15/ca...

Le compositeur a un peu "arrangé" le poème de WANG WEI , mais comme sa composition musicale, est un chef d'oeuvre magistral, on fermera les yeux sur cette petite occidentalisation.

Photo : retour des encres plus ou moins chinoises juste au dessus de la voie du caillou. Vu au hameau des Clefs. Nabirosina. Octobre 2009.© Frb.

vendredi, 16 octobre 2009

Marcher sous la lune

"Et les refuges lointains succèdent aux gîtes proches."

LI PO : "Sur l'air des barbares bodhisattva" in "Les yeux du dragon", (Anthologie de la poésie chinoise trad. Daniel Giraud). Editions Le bois d'Orion 1993.

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LI PO (connu aussi sous les noms de LI-BAI, LI TAI PO, LI TAI PE etc..) , fût l'un des poètes chinois les populaires de la grande époque des T'ang. Riche et pérégrin, il fût tout autant viveur proclamé, que promeneur méditatif, amateur de femmes et de beuveries. L'un des poèmes les plus connus étant celui où le poète boit du vin avec son ombre :

Au milieu des fleurs un pichet de vin
je bois seul, sans compagnon
levant ma coupe je convie la lune claire
avec mon ombre nous voilà trois

Surnommé "un immortel en exil", il se désignait lui même comme "l'ambassadeur des trente six cieux".

Une parenthèse très approximative quant à ce nombre impressionnant de cieux. Cette connaissance par les chiffres du Tao (ineffable et incommensurable) est en alchimie taoïste, le ressort caché du cosmos : "Sur une grande échelle, le Ciel et la Terre, et sur une petite, le corps en son entier ont tous des nombres du régime du feu naissant et se parachevant". 36 serait le nombre des provinces des maîtres célestes, qui entretient un rapport avec les 360 jours de l'année. Pour d'autres encore, le cosmos s'abolit tous les 36 billions ou trillions d'années. Mais cet aspect étant un peu trop vertigineux pour l'heure et ma nature ayant horreur du chiffre, je referme la parenthèse, et retrouve LI PO le poète magnifique, qui dit-on se serait adonné à l'alchimie, comme un millénaire auparavant son camarade et illustre poète QU YUAN.

LI PO passa la plus grande partie de sa vie à voyager à travers la Chine, sans souci, sur un mode incompatible avec le système confucéen. Sa personnalité fascina. On lui offrit un poste à l'académie Hanlin comme poète au service de l'empereur, puis il fût remercié pour indiscrétion, ensuite il erra, le reste de sa vie. Il rencontra DU FU (THOU FOU) à l'automne 744 et puis l'année suivante, deux seules rencontres qui ont pourtant associé les deux poètes pour très longtemps dans les mémoires. Cette amitié intense, se lit encore dans certains poèmes, particulièrement ceux de DU FU. LI PO fût exilé pour s'être révolté contre l'empereur, mais il fût pardonné avant d'avoir atteint son lieu d'exil. La légende raconte qu'il se serait noyé en essayant d'embrasser l'image, réfléchie de la lune dans une rivière. Nous esquiverons volontairement l'hypothèse d'une fin plus réaliste, tant mourir en embrassant le reflet de la lune semble une mort, sinon rêvée, la plus douce des morts possibles.

Je chante, je chante la chanson du vent qui souffle à travers les pins,
Et ma verve ne s’épuise qu’à l’heure où s’efface la voie lactée.
J’ai perdu ma raison et cela excite encore votre gaieté, mon prince ;
Nous oublions tous deux, avec délices, les préoccupations de la vie réelle.

Autre lien de Chine et de lune : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/08/11/pleine-lune.html

Et, par contraste, à contempler, une lune urbaine sur le tard : http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/10/3...

Photo : La lune ou presque, au dessus du chemin qui longe les prairies et les pépinières à la tombée de la nuit (ou presque). Nabirosina. Octobre 2009.© Frb.

mercredi, 14 octobre 2009

La vogue indifférente

dimanche, 11 octobre 2009

Souviens toi, barbe à papa...

Il pleuvait sur Lyon ce jour là.

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Encore un tour à la vogue sous un ciel moins clément mais dans les senteurs folles des sucres parfumés, près du nuage rose, improbable cocon, sur une autre ancienne route de la soie, celle ci comestible, un pastel odorant remué par une dame aux belles mains ouvragées ; ( on apprécie autant la "petite cuisine" que "barbe à papa mobile"). Ces brassées franches osent l'excès des petites folies de l'enfance, travaillent la réminiscence au corps même des passants plus âgés, et de ces petits vieux, superbes, insolents de santé qui vont à l'onctuosité, comme jadis à la kermesse. Un souvenir de demoiselles en robes Vichy, paletots à cols froufroutés, celles à qui l'on offrait des chouchous et cette friandise fameuse sur la place promise, une générosité qui souvent se troquait en  baisers...

Pour ma part, je trouve la barbe à papa, plus jolie à regarder qu'à manger, un peu comme la meringue, écoeurante et fade au palais (mais tous les goûts étant dans la nature), je laisse le lecteur ("barbe à papaphage"), envier l'aubaine des cruci-roux qui chaque jour, partant et revenant de leur travail peuvent se coller la bouche (et les doigts, et la tête...) dans l'opulence trompeuse de ce fil à fil adoré. Pour le plaisir des mots, rappelons au lecteur, reluqueur de friandises, quelques autres péchés mignons du même genre : Berlingots, calissons, fraises tagada, carambars, niniches de Quiberon, bêtises de cambrai, nougats, rigolette, pommes d'amour... Bien de quoi se consoler par ces temps quelque peu acides.

Lien gourmand pour les incorrigibles  :http://www.euro-info-tourisme.com/France/barbeapapa.html

Photo : Rien n'est plus beau que "les mains de la dame dans la barbe à papa" encore plus fascinantes que "les mains d'une femme dans la farine" glorifiées par Claude Nougaro. Vu, Boulevard de la Croix-Rousse en plein coeur de la vogue (aux marrons), entre Jutard et Chanteclerc. Lyon Octobre 2009. © Frb.

mercredi, 07 octobre 2009

Les crocs d'Icare

Comme un mercredi, sur le grand manège...

ICARE51.JPGReprenons l'étude aux bruits d'une vogue qui convulse et rassemble, paraît aussi jeter au ciel quelques aventuriers, bien décidés à se trouver pendus, tête à l'envers, jambes pendantes (et réciproquement), sous nos visages levés, nos bras ballants (et pas réciproquement)... Une machine paradoxale. La plus métaphysique sans doute de cette vogue. Un de ces engins qui aurait bien pu inspirer un SCHOPENHAUER  ?

"On n'est libre qu'en étant seul " (in "Ma vogue avec Schopenhauer"). Editions Plon 2009.

un CIORAN ?

"Au zoo toutes ces bêtes ont une tenue décente, hormis les singes. On sent que l'homme n'est pas loin." in "Le manège à Mimile". Editions du néant, 2004.

ou plus certainement un MONTAIGNE :

"Tout ce qui branle ne tombe pas", in "Montaigne saute à l'élastique". Edition Ushuaïa 1984.

Un Univers de "cons flambloyants" (dont je suis, et, pardonnez-moi, dont nous serions tous un peu, selon mon chien aussi, inclus n'est ce pas ? A qui je rends un hommage mérité en passant, ainsi qu'à tous les autres)... Un de ces mondes comme on en rêve depuis qu'on est resté enfant, et dont on ne s'arracherait pas si aisèment pour partir sur une île déserte avec son bouquin préféré (Nathalie SARRAUTE ? "L'ère du soupçon" ?) ou "sa" petite musique préférée (Michel Fugain ? (en minuscules) "Fais comme l'oiseau" ? (Je vous mets le lien ? Allez ! juste pour les costumes, la vie est courte ! soyons fous !). Plus jamais d'île déserte, que nenni ! on est mieux là, assis par terre (pas attaché sur le manège ! vous n'y pensez pas, malheureux !). Juste là. Ras les pâquerettes. A faire Zazen comme des petits bouddhas dissipés, à respirer ce merveilleux pralin d'humanité qui va et vient tout au milieu du ciel et qui nous met les tripes à l'air, rien qu'à le regarder.

Voilà un manège qui fascine sans doute parce qu'il dévore ses gens, qu'il broie menu, sangle les membres de ses passagers, (tous consentants, la camisole de force au milieu de la fête, c'est encore un mystère), avant de les monter un peu plus haut que les toits, dans le fracas assourdissant des overbass du pire dancefloor de la terre. Adrénaline, chocottes totales à ceux du ciel. Pour ceux du bas le plaisir est immense. Surtout quand le forain stoppe toute sa machinerie. Et laisse de longues minutes ses otages immobiles, attachés tout en en haut. Interminable apesanteur ou pesanteur, au choix. S'ensuit alors un suspens insoutenable où le temps entre en expansion, et peut-être l'univers aussi...

A écouter "le courage des oiseaux" : ICI

A voir le mouvement de la petite histoire : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/11/05/la...

Et pour un manège plus "humain", plus enfantin, disons, c'est juste à l'étage au dessous..

Photo : le manège le plus insensé de la vogue et peut-être le plus technoïde, installé sur une petite place pas loin de la Mairie (Sorry, j'ai oublié le nom,), longeant le boulevard de la Croix-Rousse, vu avec ses volontaires en pleine partie de jambes en l'air, (pas du tout ce que vous croyez, messieurs-dames !). "Vogue aux marrons" encore et toujours à l'heure d'été, en presque début de roisée. Lyon. Octobre 2009. © Frb.

lundi, 05 octobre 2009

Flash in the night

22 secondes de tournis


vendredi, 02 octobre 2009

Un hémisphère dans une chevelure

"Laisse moi respirer longtemps, longtemps, l'odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l'eau d'une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l'air.

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j'entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique.

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Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l'espace est plus bleu et plus profond, où l'atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.

Dans l'océan de ta chevelure, j'entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d'hommes vigoureux de toutes les nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l'éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs de longues heures passées sur un divan, dans la chambre d'un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.

Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l'infini de l'azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure, je m'enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l'huile de coco.

Laisse moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs."

Charles BAUDELAIRE (1821-1867)"Un hémisphère dans une chevelure", (posthume, 1869).. Extr. "Petits poèmes en prose- le spleen de Paris" Editions, poésie Gallimard, 1973.

 

A.S. Dragon : "Un hémisphère dans une chevelure", (lyrics, C. Baudelaire)
podcast

 

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Depuis quelques jours déjà, ce poème de Charles BAUDELAIRE, me hante et s'impose comme une ritournelle. Puisant (sans épuiser), sa musique indolente dans les parfums extrêmes d'une forêt apprivoisée, dite Parc de la Tête d'or.

Ici, l'automne, à peine existe, muselé par la persistance d'un été indien désolant. En cette ville où chaque soirée braille, où chaque fête ressemble à la mise à mort de la moindre rêverie possible. L'automne pourtant, consent à entrer par cette faille, une brise entre les nuages conviant des feuilles à demi-mortes, à descendre parmi les humains.

Un pur condensé d'aromates, au souvenir, nous vient. Près des bancs qui bordent le lac, sous les ombres d'arbres centenaires, devant les facéties d'un cygne, ou la dernière barque. Des images d'étreintes révélées. Un espoir de débauche peut-être ? Au sentier du lac ou ailleurs, sur une place à flonflons où tourne un impuissant manège, l'amante d'autrefois contemple le visage d'un vieil amant devenu chauve, riant du rire heureux de l'homme dévidant sa mémoire.

Plus loin, le quidam de la vogue, finit à la taverne, l'oeil plongé dans les mousses molles, quand la ville s'emporte. Plus près, dans l'herbe on s'embaumerait au sacre de ces heures, à convoler sous l'incendie. Doucement on plongerait les mains dans ce décor, puissant d'une fragilité. Des fragrances boisées épouseraient l'humidité, une effusion de tubéreuses, allumeraient cette mèche...

Photo 1 : Premières rousseurs automnales prises en hauteurs à deux pas de la place Liautey qui longe un peu les quais mènant aux universités ou au Parc de la Tête d'Or, selon...

Photo 2 :  Le Parc de la Tête d'Or, (cheveux bruns à reflets auburns sur un crépuscule bleu rosé), qui déploie chaque jour au coucher du soleil, en plus des ombres folles, d'éprouvantes odeurs de lianes et de terre remuée. Vu au dessus de l'enclos des biches. Lyon. Octobre 2009. © Frb.

jeudi, 01 octobre 2009

Prélude à l'après midi d'une fauve

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Madame Octobre sillonne la ville portant le mois à l'apogée de ses couleurs : coiffe orangée, veste ceinturée ocre, chaussures châtaigne parcourant le sol de lune qui longe la place Liautey, territoire ordinairement (ou extraordinairement) réservé à la Dame de pierre, qui boude, (un brin Junon, statue jalouse ? ) et redoute peut-être, que cette nouvelle beauté  (Madame Octobre, dans ses habits de fête) ne lui ravisse la vedette. Hautaine Dame de Pierre, au vilain caractère, plus blanche que le poète qui vint à sa rencontre et termina sa vie enseveli dans sa forêt... Tandis que le mois roule ses ombres et ses rousses, plus loin mais de l'autre côté, un écureuil, animal splendide, déguste sa noisette au sommet d'un grand hêtre.

Plus tard vers midi trente, Madame Octobre a traversé le pont Morand et j'ai suivi son pas jusqu'à la rue de Sèze, où devant la vitrine d'une pâtisserie-confiserie, Madame Octobre a regardé des flans au caramel, et les meringue roses floconneuses comme neige... Elle est rentrée dans la boutique, a un peu hésité et puis elle est ressortie. Devinez ce qu'elle a pris ? Un flan au caramel pardi ! moelleux comme les feuillages qui caressaient la lune, un flan au caramel assorti à l'habit. Ensuite, Madame Octobre s'est engouffrée dans une allée, je l'ai perdue de vue. Mais depuis que je sais, j'ai planté mon tipie rue de Sèze, et très assidûment je guette la sortie, (s'il est possible de rêver), de cette merveille d'homme : Monsieur Octobre... (Dont la légende raconte qu'il est repérable à sa puissante chevelure poil de carotte et à ses yeux noisette... )

"Ah ! Que le temps vienne !" ...

Photo : Allégorie d'Octobre, ou la femme faite saison (et réciproquement), vue au sortir du Pont Morand, et filée discrètement le long de la place Liautey, jusqu'à la rue de Sèze. Belle augure du premier jour d'Octobre. Le Gnomon de la Bacchante ne marquant toujours pas la date exacte, on attend. J'ose espérer, (toutefois) que ce petit retard sur les jours saura paresseusement rajeunir son lecteur (et sa lectrice) et les harmoniser au premier jour d'un temps qui s'éternisera sans doute encore un peu, à volonté. Lyon, rive gauche. Premier jour d'Octobre 2009. © Frb

lundi, 28 septembre 2009

Le moindre possible

"Le moindre possible pour se réaliser demanderait quelque temps. Mais ce temps qu'il faudrait pour la réalité s'abrège tant qu'à la fin tout s'émiette en poussières d'instants. Les possibles deviennent bien de plus en plus intenses mais sans cesser d'être, sans devenir du réel, où il n'y a en effet d'intensité que s'il y a passage du possible au réel. A peine l'instant révèle-t-il un possible, qu'il en surgit un autre, finalement ces fantasmagories défilent si vite que tout nous semble possible, et nous touchons alors à cet instant extrême du moi, où lui même n'est plus qu'un mirage"

SOREN KIERKEGAARD : "Traité du désespoir". Editions Gallimard 2006.

sol diamant.JPGAprès une période de déréglements qui par la suite, devait nourrir de  remords sa profonde nature mélancolique, après s'être senti frôlé par la folie, S. KIERKEGAARD se donna pour mission de fondre en une harmonie personnelle les élans contradictoires de son être : insouciance et gravité, frivolité et mélancolie. Ce travail intérieur fît de lui un solitaire. Il se sentait isolé, mal compris. Il rompît même ses fiançailles avec une jeune fille enjouée, d'humeur gaie parce qu'il ne se sentait pas capable d'exercer une fonction quelconque dans la vie. Le contraste était à ses yeux trop violent entre l'aisance légère avec laquelle les autres prenaient l'existence, et la lutte où il se débattait contre les côtés sombres de sa propre vie. Cette obscure et patiente élaboration personnelle, S.KIERKEGARD l'a décrite sous cette image très poétique, qui vaut mille fois plus que toutes méthodes allant aux instruments bien résonants et raisonnés :

"Je suis aux écoutes de mes musiques intérieures, des appels joyeux de leur chant et de leurs basses notes graves d'orgue. Et ce n'est pas petite tâche de les coordonner quand on n'est pas un organiste, mais un homme qui se borne, à défaut d'exigences plus grosses envers la vie, au simple désir de se vouloir connaître".

Photo : Champ du moindre possible ? Qui sait ? Vu sur un sol gris serti de diamants bleus. Une poussière dans l'oeil venue aux accidents, quelquepart rue Roussy (comme le bord de la feuille)...  La nuit, quand la colline s'endort, le pavé s'ouvre et l'on voit apparaître, une fantasmagorie. La seule boutique d'orfèvrerie ouverte après minuit dans cette ville. Lyon, Septembre 2009. © Frb.

mardi, 15 septembre 2009

Les folles nuits de la Tabareau

"Sur la place Tabareau, un bocage délicieux, se trouve un trône tout serti de pierres précieuses...  Autour de lui fleurissent des arbres de toutes essences, dont les branches s'inclinent vers la terre sous le poids des corolles et dans lesquels chantent les oiseaux. Là des abeilles butinent le miel qui coule de ces arbres ; là le paon et la paonne dansent en faisant la roue..."

Petite Adaptation serponnelle d'après CHANDIDASA : "Les Amours de Radha et de Krichna". Editions Stock 1927.

ocres.JPGSi vous avez loupé l'épisode précédent c'est ICI

LUI - Ô  Rhada ! Douce paonne ! ma bien aimée ! Qu'attends tu pour franchir ce muret, et t' approcher de moi, n'entends tu pas mon chant d'Amour, quand soupire le croissant de lune ?

ELLE - Ô Krichna, mon krichna ! quelle folie que tout cela ! Ton feu m'attire, pourtant je ne puis franchir ce muret, j'ai presque peur en vérité.

LUI - Ô Rhada ! un baiser seulement, par delà ce muret, que nos coeurs s'unissent ! Laisse toi aimer, ma douce !

ELLE - Par tous les Dieux cachés dans ta prunelle fauve, ce mur qui nous sépare est si haut ! aide moi !

LUI -  Et bien soit ! pour que vive cette nuit la puissance de notre Amour, j'escaladerai ce muret sur l'instant, que ne ferai-je pas pour te prendre dans mes bras et d'étreindre entièrement ? Ô ma Rhada ! et quand enfin réunis, le désir nous mettra aux anges... Je t'emmenerai là bas, au pied du platane majestueux de notre Tabareau, et je nous ferai une couche, pour t'honorer toute la nuit...

ELLE - Ô Krichna ! mon aimé ...

LUI - Chuut ! ne dis rien ...

Quelques minutes plus tard, au pied du platane majestueux de la Tabareau...

les aroumeuses bis.jpg

LUI - Là. Voilà... Ici, on sera très bien, ô ma Rhada !

ELLE - Euh... Tu es sûr, mon Krishna, que personne ne nous voit ?

LUI - Mais non, voyons ! quelle question ma Rhada ! je te le jure sur le brasier de ma prunelle. Fais moi confiance. Ne t'inquiète pas ...

(A suivre ...)

Que CHANDIDASA me pardonne, mais il y a le feu sur la Tabareau. Quant aux véritables "Amours de Rhada et de Krishna", cette légende venue du Bengale, (autre foyer, d'une toute autre ardeur), ce sera peut être le sujet d'un autre (certain) jour... Le Dieu Krichna, qui exprime la vie universelle est une des incarnations humaines de Vichnou (Vishnu, 4 bras seulement), source de l'intelligence, de la beauté et de l'Aroum. En lui sont rassemblées toutes les joies offertes aux Hommes. Comme nos feuilles pas tout à fait mortes, J'ose espérer que le choc des photos (et le poids des mots doux), vous en aura persuadés. Du moins ferons-nous un petit peu plus attention, quand à l'avenir nous marcherons près des feuilles (pas si mortes), de ne pas trop massacrer ce joli petit monde ... (Avec ces rouleaux compresseurs qui nous servent parfois de "souliers", ces ignares du microcosme, assassins à talons ou à lourd crêpe plat). Mais je m'égare...

Quant à Rhada, fille d'un roi. (La notre, fille d'un puissant brésar), était une princesse aveugle. Jusqu'au jour où krichna vint vers elle.

"Alors ses yeux s'ouvrirent. Elle le vit avant de voir le monde et l'aima parce qu'il représentait la Création, l'Infini..."

Photo : Dans les secrets de la Tabareau, quelques scènes de la vie nocturne. D'une première esquisse, (dérobée par une ombre intruse : photo 1), jusqu'aux chuchotements, de l'entremise à l'entreprise, ("on ne mégote pas avec l'Aroum" : photo 2), la nuit remue à la Croix-Rousse. Le vrai Grand Lyon et ses mystères, surpris (sans le faire exprès) dans la nuit du 14 au 15 septembre 2009. © Frb.

lundi, 14 septembre 2009

Que votre ombre grandisse...

Comme un lundi place Tabareau.

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A Solko et son ami Alceste.

En cette dérive enfin consentie, la légéreté tient du miracle. La lumière de Septembre pose à la fin de l'été les conditions de la couleur. L'anthracite roule sur la "tabareuse" des étoiles, aux iris châtaignes. Un semblant d' immobilité, offert à ces glaneuses, donne à lire une saison de vies. Les rousses arrivent. Un sillon d'or tracé entre la nuit et la journée. Sous la semelle, d'onctueuses rainures craquent des allumettes. Ici, un projet de brasier, là, quatre feux follets. Du bruissement léger sous le pas des bourreaux, à l'écrasant pied du bouliste portant ses lunes argentées, courtisées par un cochonnet ; nul ne songera un instant à s'immoler dans ces pépites. Il y aura pourtant une foule, penchée sur les sorcières, quelques bonnes fées aussi... Tous ces trésors échappés du fenier de l'Alceste, révèleront un tracé luisant comme la monnaie, ni sonnante ni trébuchante, mais légèrement ombrée quand le soir nous saisit. Si la lumière trébuche aux sillons de la rousse il ne faut pas douter que notre ombre grandira. Tout comme il est écrit (quelquepart, dans le ciel, probablement) que les éphélides hermaphrodites se reproduisent par milliers. Il est certain que d'ici quelques semaines, ou quelques jours à peine, elles recouvriront toute la terre.

Photo : Les premières rousses, posant place Tabareau dans un après-midi de fin d'été. Photographiées à Lyon, sur le plateau de la Croix-Rousse, Septembre 2009. © Frb.

mardi, 25 août 2009

Rêverie au bord de l'eau

Iles
Iles
lles où l’on ne prendra jamais terre
Iles où l’on ne descendra jamais
Iles couvertes de végétations
Iles tapies comme des jaguars
Iles muettes
Iles immobiles
Iles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais
bien aller jusqu’à vous

BLAISE CENDRARS "Feuilles de route" (1924) in "Au coeur du Monde", éditions Gallimard 1968.

chanson.JPGCela pourrait aussi s'appeler "chanson pour celui ou celle qui ne veut pas partir". Rentrer. Le mot est lâché. Aller rebattre le pavé, au pays de "Monsieur bronzé, madame bronzée", les revenus. Rallumer les télés, retrouver la Roselyne dans un tailleur rose bonbon noir, avec une vraie moue de circonstance. "On va tous vous piquer, La France est prête" Rentrer. Sous le préau melle Pugeolles, tapant des mains : "Allez hop ! tous en rang, on va tous vous piquer les enfants !".

C'est pour votre bien. Ainsi soit ile !

"Entrez tous dans la classe ! en file indienne, asseyez vous ! je ferme la porte, je ferme la fenêtre. Et prenez vos cahier en silence ! contre la marge notez ! juste en dessous de la date : Blaise Cendrars : "Feuilles de route", vous soulignez en rouge ! Blaise Cendrars ! en bleu ! feuilles de route ! je dicte l'énoncé : Expliquez le verbe partir. Quelle est la différence entre le verbe partir et le verbe quitter ? ... Mais euh ! oh ! hein !

Qui osera balancer sa chaussure par dessus bord (c'est à dire dans la gueule à Melle Pugeolles ?) Qui ? Et quoi ? (dans la gueule à ...) Qu'entends je ? Que je ferais de l'incitation à la violence ? Mais qui se moque t-on ?

Il y a des rêveries di ffi c-îles...

Photo : Eaux tranquilles au lieu-dit des Grands Moulins. Nabirosina. Août 2009. © Frb