vendredi, 29 mai 2009
Des rideaux et des colibris (Hozan KEBO's remix)
COLLECTION PRINTEMPS/ ETE 2009 - BOUTIQUES de VOILAGES de LUXE - par le grand couturier HOZAN KEBO :
"Avez vous déjà essayé mesdames, nos fameux "colibris-rideaux" ? Ils protégent efficacement des U.V, ventilent efficacement vos pièces, sont très efficaces contre tous les insectes et rajoutent une touche très féminine à vos fenêtres."
HOZAN KEBO (Fournisseur officiel en "colibris-rideaux" since 1732, président directeur général des boutiques de voilages de luxe HK's enterprises, international designer in colibri's management and colibrisation concepting). Extr: "Colibri is good for you". Edition "La Picorée universelle" 2009.
témoignage Monsieur MALLOY (rue Bonnet-Lyon 4 em arr.) :
" Avec mon épouse, nous nous disputions sans arrêt, grâce aux "colibris-rideaux" des boutiques de voilages de luxe de Monsieur HOZAN KEBO nous avons retrouvé l'harmonie conjugale et sexuelle de nos 20 ans. D'autrepart, avant d'installer dans notre chambre les fabuleux "colibris-rideaux", j'étais sujet aux insomnies ou à d'horribles cauchemars et depuis que j'ai adopté les fabuleux "Colibris-rideaux", je dors bien et je fais des rêves merveilleux et je me réveille le matin en chantant, ainsi je suis toujours d'excellente humeur et je peux honorer ma femme plus de cinq fois par jour. de plus, un jour après avoir acheté les fabuleux "Colibris-rideaux", j'ai gagné au loto sans même avoir joué. Je suis si épanoui et heureux que les femmes dans la rue se retournent sur mon passage..."
Témoignage de Madame MALLOY (rue Bonnet Lyon 4em arr.) :
"Depuis que mon mari m'a offert les merveilleux "Colibris-rideaux" des boutiques de voilages de luxe de monsieur HOZAN KEBO, il me semble vivre dans un conte de fée, mon mari est gentil avec moi, il m'offre tout ce que je veux et m'apporte le petit déjeûner au lit tous les matins avec une rose. Les moustiques ne me piquent plus et j'ai maigri de 6kg une semaine après avoir acheté les merveilleux "colibris-rideaux". Mes amies envient ma beauté et ma bonne humeur, et j'ai beaucoup de succès auprès des hommes. Sans compter qu'au quotidien, les "colibris-rideaux" rajoutent une touche très féminine à mes fenêtres. Et ce n'est pas rien. En vérité, je vous le dis, passer à côté des "Colibris-rideaux", c'est véritablement passer à côté du bonheur. Il faut être bien bête pour vivre sans..."
Pensez y ! Si vous z'aussi, vous êtes fatigués de la vie que vous menez, dites "J'en veux !". Il suffit de demander et les "Colibris-rideaux" viendront à vous ! Pour remplir le bon de commande demandez Nicole à l'accueil. (Nicole Hibrie, c'est la secrétaire ... Ben oui !)
Photo : "Colibris-rideaux". Collection "printemps-été 2009, conçue et réalisé en Mai 2009 par (HK/LR) des boutiques de voilages de luxe : HOZAN KEBO's enterprise's sarl (au capital de 98705630,99 euros, seulement !).
22:25 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs !, Tapis rouge ! | Lien permanent
Le plaisir n'est pas tout. (Hozan KEBO's recadrage)
Le grand couturier Hozan KEBO nous a expressément demandé d'intervenir auprès de Madame MALLOY, afin de lui signaler que le renouveau de sa vie sexuelle avec son époux, ne doit pas la détourner des taches ménagères ordinaires !
Voilà qui est dit ! (et bien dit !)
Une bonne épouse étant avant tout une bonne ménagère (ça c'est moi qui rajoute), nous remercions monsieur Hozan KEBO d'avoir su prendre la mesure convenable entre les plaisirs de l'Amour et les véritables devoirs d'une épouse envers son mari.
Nous prions donc expressément Madame MALLOY de se remettre au boulot, si elle ne veut pas que son mari se lasse et parte en voir une autre...
"Voilage ne veut pas forcément dire volage !" ( Ah mais ! Il ne manquerait plus que ça !)
Image : produced and réalised by the great couturieer Hozan KEBO's enterprise (des boutiques voilages et dévoilages de luxe, international designer in colibri's ménages and déménagements. Intervention sponsorised by Serpitou, gratounette, bonsavon, frottidoux, O' Cédra le balai qu'il vous faut, Maison nette. . réalisation "Hozan KEBO" (since 1732) concepted in Mai 2009 .
21:35 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Impromptus, Mémoire collective, Tapis rouge ! | Lien permanent
mardi, 26 mai 2009
Fête des voisins (do it yourself !)
"Le voisin est un animal nuisible assez proche de l'Homme"
PIERRE DESPROGES.
J'ai nettoyé mon casque à pointe (au mirror), je suis allée chercher ma Kalashnikov cachée tout en haut du placard à balai, j'ai enfilé mes rangers, et ma combinaison de justicière (cela existe pour fille en métal avec lance-flammes intégré et petites fronces à la taille, d'un effet redoutable). J'ai mis à chauffer (thermostat maximum), une grande gamelle d'huile bouillante. J'ai pris la tronçonneuse pour les travaux de finition. Voilà. Je suis prête pour la fête des voisins (de ma voisine du dessus, surtout, ah ah ! ). N'oublions pas le marteau, pour péter ses versions technos de Britney Spears et de "La bamba". Tout est parfait. Il ne me reste plus qu'à aller chercher mon véhicule...
Ah... J'oubliais la musique ;-)
Arto Lindsay and Toni Nogueira "buy-one"
Lien utile :
http://www.troublesdevoisinage.com/
Photo: Ma nouvelle voiture modèle "Antivoisin 3000". Photographiée dans ma cuisine à Lyon en Mai 2009. ©Frb
00:47 Publié dans Art contemporain sauvage, De visu, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
dimanche, 24 mai 2009
Entre l'abîme et les cieux...
Comme un dimanche.
"Des Dieux ? ... - Par hasard j'ai pu naître,
Peut-être en est-il par hasard...
Ceux-là, s'ils veulent me connaître,
Me trouveront bien quelquepart ..."
TRISTAN CORBIERE. Extr. "Raccrocs. In "Les Amours jaunes". Editions Gallimard 1973.
"L'abîme et les cieux plein de noirceur" de HUGO ont croisé ce dimanche, les "raccrocs" de Tristan CORBIERE, sous les pas foulant presque en silence le gravier pastel du cimetière d'un village Moyen-Ageux.
Parmi les cinq poètes auxquels Paul VERLAINE a consacré quelques études (1884) sous le titre "Poètes Maudits", Tristan CORBIERE figure en tête. Peut-être s'agissait il de mettre les noms seulement par ordre alphabétique, mais cet ordre tombait juste. CORBIERE resta longtemps en France, le "Maudit" par excellence au sens où l'entendait VERLAINE c'est à dire le plus méconnu, (ou mal connu) et le plus secret. On avait prêté à VERLAINE, quelques jours seulement, ce livre rarissime : "Les Amours jaunes" (avec l'édition de LE GOFFIC, grand celtisant et lettré scrupuleux). Cette édition (introuvable aujourd'hui) montrait aussi une photo de CORBIERE en dandy. La vie si brève de CORBIERE apparaît comme une obstinée dérobade, non pas involontaire, mais désirée, maintenue avec une curieuse énergie. L'état maladif du poète lui interdisait toute activité utilitaire. CORBIERE mena toute sa vie le conflit avec le fait de n'être que ce qu'il était, un duel glissant presque dans la passion. Sa pensée se désarme et soumet à une sorte de vertige l'orgueil et l'humilité, les menant à l'extrême (cf. le dernier groupe de poèmes personnels "Paria") :
"Ma pensée est un souffle aride :
C'est l'air. L'air est à moi partout
Et ma parole est l'echo vide
Qui ne dit rien- et c'est tout."
Il semble que ces vers aient été écrits après que la surdité eût coupé CORBIERE de toute communication normale avec ses semblables. Il entre désormais dans le domaine où La paradoxale "Rapsodie du sourd" nous le montre comme précipité par une trahison de la vie.
Tout cela serait assez glorieux, si CORBIERE n'était pas touché par une grâce ironique qui désarme à son tour les "grands mots". Une pirouette bouffonne accompagne l'évocation des gouffres et la tourmente cosmique où toute existence humaine particulière finit toujours par se perdre.
"Je voudrais être point épousseté des masses,
un point mort balayé dans la nuit des espaces,
... et je ne le suis point !"
Le point résiste à la l'évaporation des sens. Sur ce, la plume de Victor HUGO passe, "Seul débris qui resta des deux ailes de l'Archange englouti"...
et caressant à peine le point endolori. Referme le couvercle sans s'en apercevoir.
Source: Extr de la préface par Henri THOMAS , à l'édition 1973 des "Amours jaunes" de TRISTAN CORBIERE.
Photo : De l'autre côté du mur, l'étrange sensation d'être suivie... Une Croix (avec vue) semble narguer le bord des routes, tandis que nous longeons le cimetière hébergeant les anciens boscomariens du village médiéval de Bois Ste Marie. (Les boscomariens est l'appelation générique des habitants de la commune de Bois Ste marie). Un lieu dont je vous reparlerai sans doute un (certain) jour, si je parviens à capturer, sous les voûtes de l'église romane, l'image cruelle, troublante, d'un de ses chapiteaux nommé "Le châtiment du bavard", hummmmm... A suivre. Un signe donc, en zone intermédiaire, vu dans le Brionnais fin Avril 2009 © Frb
18:26 Publié dans A tribute to, Balades, Certains jours ..., Ciels, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 23 mai 2009
Gamberges
"Parler même quand on parle de soi, c'est toujours prendre la place de quelqu'un, à la place de qui on prétend parler et à qui on refuse le droit de parler"
GILLES DELEUZE. Extr. "Pourparlers". Editions de Minuit 1990.
Je lisais cette phrase, assise sur un muret au bord du fleuve Rhône. (Oui, on vous montrera, un certain jour, le muret - avec quelqu'un d'autre assis dessus-), et je trouvais DELEUZE curieusement "Shadokéen". Comme chacun sait l'ancienne géométrie Shadok repose sur un postulat immortel:
"La ligne droite est le plus long chemin d'un point à un autre"
Après quoi, je me suis sentie en droit de me demander où allaient tous ces gens ...
Photo: Les berges du fleuve-Rhône sont impénétrables (le samedi ), berges aux marches grégaires, de pont en pont, la fourmillière. C'est pourquoi on est beaucoup mieux assis sur un muret. (J'allais écrire : "assis sur un billet" ; mais les positions de recueillement se réservent pour le billet suivant ou précédent selon la logique de chacun).
Berges du Rhône soliloquant à voir ici ↓
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/06/03/mo...
Vu à Lyon. Un samedi de Mai 2009. © Frb
07:02 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
vendredi, 22 mai 2009
Un billet sur la rue
Il y eût un jour un mot pour une rue :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/08/20/la...
Voilà un billet sur la rue. Je ne saurais rien vous dire plus.
Photo: A Paray le Monial (ville très pieuse), on s'agenouille dans la rue Billet pour sanctifier la blogosphère qui aura désormais son lieu de pélerinage, (et la rue Billet, son billet). La rue Billet est située non loin de la rue Dame Dieu et tout près de la rue de la Visitation (où se trouve la célèbre Chapelle des apparitions de Ste Marguerite-Marie Alacoque). Vue en Avril 2009. © Frb
00:37 Publié dans Affiches, panneaux, vitrines, Chiffres/ Lettres/ Mots, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
jeudi, 21 mai 2009
Increvable (1 an après)
L'année dernière exactement le 18 Mai 2008, je découvrais sur le chemin de la "Tordette", une affiche qui était déjà là depuis un an et sept jours. Soit en Mai 2007, si mes calculs sont bons et les images ne mentent pas. Choc des photos, je vous convie à cliquer pour un petit rétropédalage attestant du vrai de toute cette histoire, (petite histoire, bien sûr ;-) :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/05/19/in...
J'avais promis à mes lecteurs (chéris) que je retournerais en 2009, prendre des nouvelles de notre "increvable" DALIDA. Un an ce n'est rien dans une vie d'Homme, direz vous, certes ! mais un an pour une vie d'affiche livrée à tous les vents et autres hivers et printemps ... (quand on sait que certains graffs vivent une demi-journée à peine) bref. J'avais promis, et pour une fois (vous pouvez me remercier), je tiendrai ma promesse. Je suis donc retournée le 18 Mai 2009 sur les lieux de notre increvable. Juste pour voir...
Rien que du petit ordinaire qui n'empêchera certes pas, la naplète de tourner. Mais on dirait que ça serait comme une métaphore (du temps qui passe). Et ça serait comme si DALIDA s'accrocherait... Pour combien de temps encore ?
Rendez-vous donc le 19 MAI 2010 si l'on survit à DALIDA. Il serait tout de même impensable qu'elle nous survive ! Il va falloir encore attendre. Je sais c'est long mais bon...
Patience ! Patience...
A venir très bientôt (sur vos écrans) "Increvable 2098" remixed by Hozan Kebo. A suivre ici ou là...
Photo : Affiche du "Show Dalida 2007". Vue sur la place (dont j'ai encore oublié le nom !) tout près du parc de la Tête d'Or à Lyon. Ce qui s'appelle résister... Ou insister. Je vous laisse le libre choix du verbe, c'est la moindre des choses et surtout ne comptez pas sur moi pour vous coller ici une chanson de DALIDA. Ah ça ! non ... DALIDA, never, never. © Frb.
20:55 Publié dans A tribute to, Affiches, panneaux, vitrines, Balades, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
INCREVABLE 2098, ou le futur révélé par HOZAN KEBO
19:40 Publié dans ???????????, Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs !, Tapis rouge ! | Lien permanent
Voix et volutes
"J’appelle à moi les tornades et les ouragans
les tempêtes les typhons les cyclones
les raz de marée
les tremblements de terre
j’appelle à moi la fumée des volcans et celle des cigarettes
les ronds de fumée des cigares de luxe
j’appelle à moi les amours et les amoureux
j’appelle à moi les vivants et les morts ... "
ROBERT DESNOS. Extr. "La voix de Robert DESNOS" (14 dec 1926), in "Corps et biens". Editions Gallimard 1953.
Ros(s)er la vie en grises volutes. Les cigarettes de Robert D. ne connaîtront jamais, (on l'espère !), le sort de "la pipatati"... Desfois qu'il "leur" vienne à l'idée d'effacer carrément du poème, ces "ronds de fumée", et autres volutes Desnosiennes, pour livrer l'oeuvre enfin, nettoyée des scories, à nos chers têtes blondes. On enlèvera aussi peut-être des manuels, que Robert DESNOS était un mauvais élève, enfin, il n'aimait pas les cours, (ce n'est pas pareil), ni le patriotisme qui s'apprend dans les écoles, préférant lire des bandes dessinées, les revues "l'épatant", "l'intrépide" les feuilletons populaires, (dont Fantomas). Tout ce que les surréalistes nommeront plus tard : le merveilleux dans la naïveté populaire ou plus précisément encore je cite : "la poésie involontaire".
Les poèmes de R. DESNOS, de la fin des années 20's et des années 30's se sont inspirés de cet imaginaire très enfantin. Héros grandiloquents, Far West, et autres invincibles fous d'aventures. Les surréalistes reprocheront à DESNOS certaines oeuvres, oubliant que DESNOS fût d'abord un autodidacte à la vaste culture mais jamais un lettré, ni un savant. Il est vrai que quand DESNOS se lance dans l'alexandrin, celui ci a parfois treize pieds. Quelle importance ? Le treizième n'est peut-être (qui sait ?) qu'un petit vers offert par la maison et jeté par dessus les fagots comme il l'écrira avec belle conscience :
"Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas métaphysicien ... Et j'aime le vin pur".
Ah ! l'imprudent ! après la cigarette, les cigares de luxe, le vin pur ! Il faudrait coller un avertissement sur ses livres : "Lire DESNOS nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage". Juste par acquis de conscience. Pas interdire. Prévenir nos jeunes ;-)
DESNOS, L'enfant terrible, le fou de liberté, appelant par sa voix, à minuit triomphant, les breffrois et les peupliers pour les plier à son désir. DESNOS se laissant adorer par des femmes qu'il n'adore pas, qui viennent à lui et obéissent. DESNOS faisant rougir sur ses lèvres les ouragans, gronder à ses pieds les tempêtes...
(Voilà ce qui arrive quand on boit trop de vin pur, quand on fume trop. Plus de bon sens !)
DESNOS appelant les fossoyeurs, les assassins, les bourreaux, les pilotes, les maçons, les architectes. DESNOS invoquant même la chair. (de sa chère) :
J’appelle la chair
j’appelle celle que j’aime
j’appelle celle que j’aime
j’appelle celle que j’aime...
DESNOS invoquant les vieux cadavres, les jeunes chênes coupés, les lambeaux d'étoffes pourrissant, le linge sèchant aux alentours des fermes, DESNOS par sa voix ressucitant les vieux cadavres, DESNOS rendant la verdure aux jeunes chênes coupés, DESNOS recevant les baisers d'ivresse des cyclones, DESNOS revêtant les vapeurs des fumées des volcans...
"Et Les ronds de fumée des cigares me couronnent".
Toujours par le pouvoir presque invincible d'une voix.
Ainsi monte l'appel. Et dans la nuit, la ritournelle, triture son fil*. DESNOS sait pourtant où il va. ( "Yvonne"* !). Il en appelle à tout ce qui existe, existera, gronde ou subsiste. Jusqu'au chaos. La solitude la plus extrême. Ce qui est effrayant dans le chaos, ce n'est pas la menace même, mais l'absence de tout repère fixe. Il y en a un pourtant. Yvonne. La seule que sa voix n'atteint pas. Unique chère (de sa chaire). Cette unique qui n'entend pas :
"Les maçons ont le vertige en m’écoutant
les architectes partent pour le désert
les assassins me bénissent
la chair palpite à mon appel
celle que j’aime ne m’écoute pas
celle que j’aime ne m’entend pas
celle que j’aime ne me répond pas."
http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/05/2...
Photo : Les rôle s'inversent sur cette affiche qui fait un peu penser à certains graphismes fin 60's début 70's, (à certaines images situationnistes entre autres). Supposons que ce soit Yvonne...
"Attendre que quelqu'un veuille bien m'écouter, que quelqu'un veuille bien me comprendre... Ils ne peuvent accepter une idée qui ..."
Une idée qui... Quoi ?
Attendre. Ne pas entendre... A quelques lettres près. Mondes en instance. Irréciprocités. Loi de l'offre et de la demande. Quête incessante... Ici l'affiche épouse le grain du mur. Un visage toise le promeneur d'un sourire mitigé. Des questions sont posées. Essentielles. Vu rue de Crimée (la belle graffée) sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Mai 2009. © Frb.
18:07 Publié dans A tribute to, Affiches, panneaux, vitrines, Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
mercredi, 20 mai 2009
Surveiller et punir
"Quoi d'étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hopitaux qui tous ressemblent aux prisons"
MICHEL FOUCAULT "Surveiller et punir". 1975. Editions Gallimard, (réedition : 1993)
Les Visiteurs du mercredi...
Le quotidien régional Sud-Ouest a révélé jeudi, une affaire qui même parmi d'autres du même tonneau de plus en plus fréquentes ne manquera pas d'inquiéter le bon (ou le moins bon) citoyen de la belle France d'après. En plein coeur de nos provinces à Floirac en Gironde, deux garçons âgés de 6 et 9 ans (ou 10 ans selon les sources) ont été interpellés à la sortie de leur école et longuement interrogés dans une supposée affaire de vol de vélos. Selon des témoins, deux véhicules et 6 fonctionnaires de police (Oui ! six ! je vous le mets en toute lettre, il n'y a pas de faute de frappe, si j'ose dire...) sont venus chercher à la sortie de l'école, les deux enfants, deux cousins, que la mère d'un autre élève (une rapporteuse !) avait dit avoir vus aux guidons de vélos lui ayant été dérobés. Les deux enfants sont restés deux bonnes heures dans les locaux de la police en attendant que les parents fournissent quelques explications ; c'est à dire les preuves, que les vélos n'avaient pas été volés ! L'école au doux nom de Louis ARAGON, a vu son directeur assez choqué, par la mobilisation d'un tel dispositif policier, qu'il a jugé "inadmissible" je le cite :
"Ils auraient pu s'adresser à la famille sans attendre la sortie de 200 enfants pour interpeller devant leurs petits camarades deux élèves de neuf et six ans"
Ils auraient pu. Oui... De l'autre côté (non pas des barricades, mais dans un autre monde disons), le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Albert DOUTRE a apporté bien sûr tout son soutien aux policiers, voilà ce que dit monsieur Doutre :
"Je soutiens entièrement et j'assume entièrement jusqu'au bout ce qui a été fait. Estimant que tout avait été fait dans le cadre "des lois de la République".
Voilà ce qui s'appelle une belle décomplexion rhétorique "assumer entièrement jusqu'au bout", tant il est vrai que "les lois de la République" sont les lois, (même si la République est parfois plus ou moins la République - ça c'est moi qui rajoute -) et les lois n'ont que faire de se préoccuper de prévenance aux sorties des écoles, ni même d'un peu (oh pas beaucoup) de délicatesse. Chacun sa case, et chacun son boulot. Pour la délicatesse il y a des psychologues, voire des pédopsychiatres enfin quoi ! si on mélange les torchons les serviettes, Dieu sait où ira le pays ! comme chacun sait depuis longtemps : "qui vole un oeuf vole un boeuf", on ne remerciera jamais assez la police d'interpeller publiquement des enfants dès 6 ans devant leurs petits camarades, (bon pour l'exemple !) avant qu'ils ne deviennent les dangereux délinquants de demain, avant qu'ils ne se retrouvent à 20 ans au volant de vos propres autos qu'ils saccageront et brûleront peut être, ("Qui vole un vélo, vole une auto") chapardant tous vos biens mes chers compatriotes. Cela s'appelle tout simplement la prévention, la sécurité, la protection du citoyen (honnête, bien sûr). On pourrait voir ça comme ça. Au lieu de faire des vagues. On pourrait aussi vivre dans le monde du "comme si"... Contournant par là l'inquiétude, d'être à tout moment, suspectés, interpellés, voire accusés à propos de tout et n'importe quoi (par digression voire la récente et ubuesque affaire du "Sarkozy, je te vois" qui fait couler à flot l'encre et secoue l'internet dans le sens de l'indignation). Et c'est tant mieux ! car quelque soit la nature de l'indignation, quelque soit l'incertitude, au moins il est des signes... Et nombreux sont les citoyens qui ne parviennent pas tout à fait à considérer comme "normales" les dérives et violences policières, tout l'attirail sécuritaire déployé parfois démesurément, toutes ces nouvelles dispositions prises à l'égard des enfants et des plus grands etc... qui doucement gagnent du terrain, tandis qu'au même endroit, presque invisiblement, des tas de petites libertés s'éteignent. Oh, nous avons encore la liberté, pour le concept, il y a de la marge... Mais ces tas de petites libertés, mine de rien, sur le terrain, sont aussi le moyen de ne pas plier avec nos peines. Une restriction progressive de ces petites libertés aurait tôt fait de dégommer le genre humain, laissant aux individus leur droit des allées et venues certes, mais dans la crainte du "mauvais chemin" même s'il n'est "mauvais" que dans le relatif d'un système aberrant qui prendrait alors ses dispositions dès la petite école, pour formater dans les esprits tout le bon et le mauvais de nous. Difficile alors de savoir quand la crainte, installerait en nous ses dispositifs (d'auto-censure ou d'autoprotection), pour nous mettre petit à petit en allégeance...
Quant au thème des enfants, la tolérance zéro pour les mineurs, ne date pas de "la France d'après", puisque c'est en 2002 qu'elle fût décrétée par Lionel JOSPIN. Résultat : à partir d'un dépôt de plainte, ou d'une constatation directe, les policiers n'ont plus aucune marge d'appréciation. Et si aujourd'hui en 2009, l'attitude de plus en plus répressive de la police est chaque jour constatée, c'est sans doute que dans l'infernal fonctionnement hiérarchique, les policiers sous pression, subissent des demandes de chiffres considérables qui les transforment en shériffs. Ils sont "sécuritaires dans leur tête" et peuvent à tout instant déraper. Ce qui oblige (un comble) le citoyen à être de plus en plus vigilant.
Bien sûr, cette interpellation d'enfants pour des vélos soit-disant volés, ce n'est pas l'evènement du siècle. Juste un de ces petits faits qui se rajoute à d'autres, de plus en plus nombreux, dans le même style et usant du même genre de procédés. Loin de moi l'idée de soulever une polémique qui nous mènerait sans doute à quelques débats et constats trop stériles. Il s'agit juste parfois poser l'évènement, comme un polaroïd, comme pour dire : "nous en sommes là". Comme on apporterait du grain à moudre... Libre à nous de soumettre le grain ou d'en faire autre chose. Pourvu que subsiste encore ce mot "libre"...(enfin encore, ou quelquepart... ). Et pour la liberté, la vraie la belle, on ne tirera pas ce soir des plans sur la comète philosophique, mais qui sait peut être un de ces jours, un certain jour...
liens utiles ici :
http://www.sudouest.com/accueil/actualite/article/596246/...
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1390
http://www.france-info.com/spip.php?article297589&the...
Photo 1 : Trois petits terroristes qui ne sont pas passés en face alors que le panneau est formel, il est bien écrit "piétons passez en face". La planète entière est témoin. Que nos lecteurs se rassurent. Ces voyous seront mis en examen très bientôt. Très forte récompense à ceux qui nous fourniront les noms de ces trois malfrats, afin d'aider les forces de l'ordre à démanteler leur gang. Vus à Villeurbanne. Près d'un chantier de construction face à la place Wilson. Mai 2009. ©
Photo 2 : Sur les marches des escalier du jardins de la Montée de la Grande Côte, une image qui parle toute seule. Poids des mots (on vous épargne le choc des photos, (parce pendant ce temps là, il est des mondes enchantés (affectueux, sucrés) comme celui des roi et des reines... Ames sensibles, s'abstenir)... Donc notre photo c'est un pochoir rouge sang, un pochoir mécontent, foulé chaque jour par des milliers de pieds. Vu début Mai 2009 à Lyon. © Frb
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lundi, 18 mai 2009
Blues rouge
"Ouvrez moi cette porte où je frappe en pleurant."
GUILLAUME APOLLINAIRE in "Alcools". Editions Gallimard 1971.
La petite épicerie était fermée ce lundi. J'avais perdu les clefs de chez moi. J'étais fermée entre deux mondes. Je me languissais de l'épicier et puis surtout, j'avais la dalle...
http://noniouze.blogspot.com/2009/05/dalle.html
"Tango from Force of circumstance"
Photo : Petite boutique fermée le lundi. Vue quelquepart près de la rue du chariot d'Or, sur le plateau de la Croix-Rousse.
Lyon © Frb 2009
00:59 Publié dans Art contemporain sauvage, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
dimanche, 17 mai 2009
Mur du son
"Un son de silence à l'oreille surprise"
EDGAR ALLAN POE, "Al Aaraaf"
Comme un dimanche ...
Il était autrefois des sanctuaires protégés où tous ceux que le bruit avait épuisés se retiraient pour retrouver la paix de l'âme. Ce pouvait être au fond des bois, en pleine mer, ou sur les pentes d'une colline, (qui ce jour, ne travaillait pas). On levait les yeux vers le ciel. On sentait une pluie à peine et l'on se trouvait intérieurement désarmé, (en plein milieu de l'esplanade), par l'intensité du silence. Ce silence venu d'en haut entrait en partition sur le mur d'à côté. Et la couleur tangible, le signe vertical semblaient jouer horizontalement avec cette suite molle de nuages et réciproquement. A en perdre la notion du temps et de l'espace. Une pluie tout à fait silencieuse. Du moins, on pouvait croire... Mais sur la partition sans cesse harmonisée de la surface parfaitement carrelée qui bordait l'escalier, quelquechose nous prouvait encore que le silence n'existait pas. Ca devenait une certitude. Pourtant les oreilles avaient du mal à capter le son. Quel son ?
Y avait-il encore une vie sur terre ?
Le vide venait ici comme un ancien message; arrêté quelquepart en occident, pur extrait du monde persan venu de chez DJALAL AL-DIN RUMI, à la recherche de ce point "où la parole est sans lettres ni sons" :
"Garde le silence comme les points de l'espace, car le roi a effacé ton nom du livre de la parole".
Plus loin on aurait pu voir des bédouins assis en cercle, silencieux, sur l'herbe des jardins. En cercle silencieux... Mais voilà, le silence n'existait pas. C'était juste le calme qu'on appelait silence. Car même obscurément, même sous la pluie discrète. Même très confusément. Le silence était son et l'on ne pouvait rien en dire...
Jeese Glass and Rod Summers "Silence forever"
Pour voir le mur sans le son; cliquez ci-dessous :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/02/11/in...
Photo : Mur partitionné par l'averse. Vu ce dimanche sur l'esplanade à quelques pas du haut plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Mai 2009. © Frb.
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samedi, 16 mai 2009
Allez un pt'i coup de rose !
Rose aisselle a vit
Rr'ose, essaie là, vit.
Rôts et sel à vie
Rose, S, L, have I
Rosée, c'est la vie
Rrose scella vît.
Rrose sait la vie
Rose, est-ce, hélas, vie ?
Rrose aise héla vît.
Rrose est-ce aile, est ce elle ?
Est celle
avis.
ROBERT DESNOS. "Rrose Selavy etc..." In "L'aumonyme" (1923) . Extr. "Corps et biens". Editions Gallimard 1953.
"Rrose Sélavy au seuil des cieux, porte le deuil des Dieux"
Rose fêle à vie. Badinant les fées de glacis... Rose, frêle avis, patinant sous l'effet ...
Rose même. Au même endroit même heure. Allez savoir pourquoi ...
Rose fendu buissonnier fait maison juste en un pt'i coup de tête vu un mercredi 13. "Des cheveux ivres" dits par Robert pas très loin du marchand de sel... La tête contre les murs, on peut voir les effets lents roses, les flamands, les hippopotames et d'autres bêtes, même des gens, tous plus ou moins rosés ...
Robert DESNOS : "Description of a dream" 1938
"Si le silence est d'or, Rrose Sélavy abaisse ses paupières et s'endort"...
11:30 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, De visu, Impromptus, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
vendredi, 15 mai 2009
C'est pas rose tous les jours !
Une image juste.
Dans un pays qui ne l'est pas.
Seule la barotte à deux roues semble rose chez cette vieille dame, qui, à la fin du grand charmé (de conille), effectue son petit marché "off". Un petit marché de rien du tout...
Cela s'appelle le système D.
Ici devant une cagette d'oranges espagnoles elle hésite, prend le temps de choisir. Ce sera au moins ça de pris. Au moins ça que les poubelles n'auront pas. Il suffit juste de se baisser. Il suffit juste...
se baisser ce n'est pas interdit
N'est-on pas en démocratie ??? Hum ? ....
Photo : La fin du marché. Vieille dame faisant ses courses sur le boulevard de la Croix-Rousse à Lyon. Mai 2009. © Frb.
22:35 Publié dans Actualité, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Mémoire collective | Lien permanent
mardi, 12 mai 2009
Les corps du Poème
"L'émancipation commence quand on remet en question l'opposition entre regarder et agir, quand on comprend que les évidences qui structurent ainsi les rapports du dire, du voir et du faire appartiennent elles-mêmes à la structure de la domination et de la sujétion. Elle commence quand on comprend que regarder est aussi une action qui confirme ou transforme cette distribution des positions. Le spectateur aussi agit, comme l'élève ou le savant. Il observe, il sélectionne, il compare, il interprète. Il compose son propre poème avec les éléments du poème en face de lui."
JACQUES RANCIERE , "Le spectateur émancipé". Edition "La fabrique" 2008.
On dit de Jacques RANCIERE qu'il est un "perçeur de fenêtres", déjà, le thème nous plaît assez. Et le penseur éclaire les brèches dans un monde des idées pris en étau entre cynisme détaché et listes de diagnostics sur les maux de notre société. Quelque soit le thème abordé, J. RANCIERE cultive déjà depuis plusieurs années une seule philosophie qui est celle de l'émancipation. Le philosophe est singulier (je vous épargne l'adjectif fourre-tout "Atypique", non, RANCIERE n'est pas un "atypique" !), Pour lui chaque mouvement est un évènement qu'aucune vérité ne domine. "Emancipation", est le mot du penseur qui refuse d'être un maître, et met à notre charge l'invention des formes de nos libertés. J. RANCIERE se situe donc toujours "sur les frontières" du politique, "sur les frontières" ne voulant pas dire "à côté" de la politique mais "de là on peut la voir naître et mourir, se différencier ou s'y confondre à nouveau". Ses livres renvoient, aussi aux sources philosophiques, aux grecs, précisément, à l'histoire, voire au lexique, afin de réveiller, convoquer à nouveau les termes. L'auteur mit par exemple en valeur le mot "Démos" pour nous rappeler que ce n'était pas un mot inventé par les démocrates, mais par les adversaires des démocrates, "démos" est un concept polémique litigieux dès le départ, le "démos" ce sont les gens de rien, ceux qui n'ont pas à être comptés et qui ont la prétention d'être tout de même de la collectivité. Il était important pour l'auteur de littéraliser à nouveau, les métaphores de la politique :
"L'homme dans la cité, le citoyen, ce sont des choses dans lesquelles on nage, mais qu'est ce que cela veut dire ? Si on parle de démocratie, essayons de saisir ce qu'il y a de puissance dans ce mot, de puissance non banale, littéralement extraordinaire, originellement scandaleuse (...)"
Dans "Le spectateur émancipé", le philosophe démonte quelques clichés comme "la valeur critique de l'art", l'utilité des intellectuels, ou l'opposition entre parole et image. Ainsi cherche t-il plus subtilement à ajuster notre vision... A partir des années 1960, 70 , on pensait qu'en montrant certaines images du pouvoir (Comme chez GUY DEBORD, par exemple) lors de la dénonciation de "la société du spectacle", qu'en montrant les amoncellements de marchandises, ou les starlettes à Cannes, on ferait naître chez le spectacteur la conscience du système de domination, donc, l'aspiration à lutter contre. Selon J. RANCIERE cette tradition de l'art critique s'est essouflée depuis quelques décennies. Montrer ce qu'on dénonce s'essouffle certes, et surtout ça ne suffit pas ! Au XVII em siècle, au XVIII em, montrer le vice et la vertu au théâtre, était imaginé déjà pour inciter les gens à fuir le vice, honorer la vertu. Pourtant Jean-Jacques ROUSSEAU montra que cela ne marchait pas. Si le spectateur prend plaisir à la représentation du vice, on imagine mal qu'il s'en détourne au sortir du spectacle et s'il a plaisir à voir sur scène s'appliquer la vertu, cela ne signifie pas qu'il l'appliquera dans sa vie. Peu à peu on a mis à l'évidence qu'il y a bien peu d'effet direct entre l'intention de l'artiste et la réception du spectateur. Aujourd'hui les images "critiques" sont omniprésentes dans l'environnement du spectateur...
"quel effet révélateur pourraient-elles encore produire puisque le monde est aujourd'hui conscient que la marchandise est partout ?"
Jeff KOONS à versailles, c'est très beau, mais qu'est ce d'autre, sinon une grosse entreprise artistique accueillie par la grosse entreprise culturelle de l'état ? L'art "critique" étant devenu "officiel" c'est à dire "deux entreprise qui traitent de puissance à puissance".
Et RANCIERE de s'interroger (comme nous d'ailleurs, enfin j'espère...) :
"S'il n'y a rien à révéler, à quoi sert l'art critique ?"
J. RANCIERE reste persuadé que les formes de domination sont aussi solides aujourd'hui qu'hier mais il conteste cette idée de BAUDRILLARD (et co.) que "tout est apparence", qu'il n'y a rien à sauver, J. RANCIERE au contraire, ne pense pas que tout est "écran" ou "communication", c'est le système d'explication du monde qui a perdu sa crédibilité, pour lui, aujourd'hui, un art critique doit encore être possible à condition de bouleverser la distribution des rôles.
"Quand je regarde la télévision – et plus précisément les informations –, je vois beaucoup de gens qui parlent, et très peu d'images, au fond, de la réalité. C'est le défilé des experts, des gens venus nous dire ce qu'il faut penser du peu d'images qu'on voit ! Il suffit de voir l'importance que le mot "décrypter" a prise dans les médias. Et que nous disent ces experts ? A peu près ceci : "Il y a trop d'images intolérables, on va vous en montrer un tout petit peu, et surtout on va vous les expliquer. Parce que le malheur des victimes, n'est-ce pas, c'est qu'elles ne comprennent pas très bien ce qui leur arrive ; et votre malheur à vous, téléspectateurs, c'est que vous ne le comprenez pas plus. Heureusement, nous sommes là."
La posture "parole contre image" est aussi celle du discours dominant, l'important reste le statut des corps mis en images, des corps mis en discours. Art ou information, je cite :
"Il faut savoir de quelle humanité on parle et à quelle humanité on s'adresse, soit on montre les autres comme une masse visuelle indistincte et souffrante, soit on les montre comme des individus avec une histoire un corps capable de parler ou de se taire d'exhiber ou non les marques de ses peines et de ses souffrances"
Face aux discours des experts, des intellectuels, devenus spécialistes des symptômes, diagnosticiens, déplorant et jouant les oracles mais ne soignant plus rien; une question doit être (encore !) posée :
qu'apporte la philosophie ?
Pour J. RANCIERE elle n'est en aucun cas féconde en posant des diagnostics. Elle devrait plutôt devenir cette activité entière qui déplacerait les compétences et les frontières, mettant en question le savoir des gouvernants, des sociologues, journalistes etc... et tenterait de traverser ce champ clos sans jouer avec les experts, car qui dit "compétents" suppose implicitement (ou explicitement) le rejet de ceux qu'on a classés "incompétents".
Il faudrait donc sortir d'un vieux shéma intellectuel relevant de la tradition qui consiste à "expliquer à ceux qui ne comprennent pas". A sortir de ce système d'interprétation du monde, l'Art, de la crise (de la crise dans le monde, ou dans l'Art) qui s'effectue sur un mode médical, voire expertisé. Pour J. RANCIERE il n'y a pas de "crise de la démocratie", mais "un "déficit de la démocratie". Sortir de ces explications, c'est aussi remettre en valeur partout ce qui s'invente comme forme de vie, de discours, de création. J. RANCIERE prend pour exemple le groupe "CAMPEMENT URBAIN" , un collectif fondé en 1997 qui cherche à décloisonner les pratiques artistiques et les savoirs pour les mêler aux habitants, aux acteurs urbains et qui a pris la question des banlieues à revers, en partant du constat que le problème n'était pas le manque de lien social dans les banlieues, mais le manque de lien social "libre". De liens sociaux dit ce collectif il y en a trop, se proposant aussi de réveiller "la possibilité d'être seul". Ils ont donc travaillé à la création d'un lieu où chacun puisse reste seul. Dans le beau livre "Le maître ignorant", RANCIERE relate l'expérience pédagogique de Joseph JACOTOT qui enseigna la liberté à ses élèves. Mais qui, parmi nous connaît à ce jour J. JACOTOT ? La tradition s'est débarrassé de cet encombrant souvenir selon la règle tacite qui commande de faire disparaître tout ce qui promet une anticipation...
Mais je vous laisse à la suggestion de ce livre qui se passera allégrement de mes explications, (n'est-ce-pas ?)
Sources : Télérama 3074 "entretien Jacques RANCIERE", (propos recueillis par O. P. MOUSSELARD) / revue "Vacarme 09". Automne 1999 (entretien Jacques RANCIERE (propos recueillis par M. POTTE-BONNEVILLE et I. SAINT -SAENS).
Photo 1 : "Le(s) spectateur(s) émancipé(s)" vu par ... Hantant les champs libres de l'esplanade de l'Opéra (côté "grille-pain") à Lyon.
Photo 2: "Savoir de quelle humanité on parle", je vous le demande... Et pourtant, elle marche ! Vu cours Vitton à Lyon début mai 2009. © Frb.
08:27 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Arts visuels, Balades, Ciels, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
lundi, 11 mai 2009
Allez un pt'i coup de blanc !
Aujourd'hui à Lyon, le blanc était mis...
Pour ceux qui veulent un p'ti coup de rouge
IL FAUT ALLER ➔ ICI
Un air de vieille romance et d'élégance classique passe sur les grands boulevards, côté mairie en revenant de "la soierie". (Je ne suis pas tout à fait sur la ligne blanche, juste cachée derrière l'arbre). C'est ce qu'on appelle au pays des Canuts (et des Canettes) : "une filature charmillonnée"...
Entre blanc de Conille et rouge de Lutèce, à vous de choisir. Mais peut-être est-il préférable, (pour la santé) d'envisager le p'ti coup de rouge avant le blanc. Comme dit le proverbe :
"Blanc sur rouge, rien ne bouge. Rouge sur blanc, tout fout l'camp."
Fin de notre interlude. C'est tout pour aujourd'hui.
http://www.deezer.com/track/291132
Photo : La "blanche" vue un lundi (Jour terrible du sans-marché) sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Mai 2009. © Frb.
01:03 Publié dans Balades, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent