lundi, 15 juin 2009
Fleuves
La confondante réalité des choses
Est ma découverte de tous les jours.
Chaque chose est ce qu'elle est
Et il est difficile d'expliquer à quiconque à quel point cela me réjouit,
Et à quel point cela me suffit.
ALBERTO CAEIRO. Extr "poèmes désassemblés" in FERNANDO PESSOA "Poèmes païens" (de ALBERO CAEIRO et RICARDO REIS). Editions Christian Bourgois,1989.
Comme un lundi (cogitant)
Nous pourrions mettre en parallèle cet extrait de poème d'Alberto CAEIRO (un des nombreux hétéronymes de Fernando PESSOA), avec un texte de Clément ROSSET, (extrait d'un commentaire sur "Les chimères" de Gérard de NERVAL), dont je vous livre un court extrait:
"Le présent est, à chaque instant, l'addition de tous les présents ; cette expression de "présent" devant s'entendre ici dans son double sens de don de l'instant (don de ce présent-ci) et d'offrande absolue (don de tout "présent", c'est-à-dire de toute durée)"
C. ROSSET comme A. CAEIRO, approuvent la réalité des choses, de toute réalité donnée, c'est à dire : à recevoir comme un don. L'approbation n'a pas besoin d'espoir et il ne s'agit en aucun cas de faire l'apologie de la résignation, du renoncement ou de la soumission, pas même non plus, de louer l'indifférence.
L'approbation du réel serait peut-être, dans ce sens précis un préambule à sa transformation : Agir de telle sorte que l'empreinte de l'être dans le réel soit en même temps une reconnaissance de son irréductible réalité. Comme si en approuvant le réel, en n'y renonçant pas, en ne l'écartant pas, le surgissement de quelque chose que l'on souhaite pouvait être possible. Je cite encore Clément ROSSET :
"[Le réel] est insolite par nature : non qu'il puisse lui arriver de trancher sur le cours ordinaire des choses, mais parce que ce cours ordinaire est lui-même toujours extraordinaire en tant que solitaire et seul de son espèce".
Le cours des choses est inéluctable, infini comme le fleuve, jamais deux instants ne se répètent ou rarement, jamais ils ne se chevauchent, ni ne s'échangent, Ce qui est est. Ce qui est fait est fait. Tautologie, (il faut bien ça).
Chez Clément ROSSET, la joie n'est que la savante approbation du réel mais cette joie est une exigeante : on n'approuve qu'inconditonnellement. Du réel rien n'est à jeter pour le sage tragique, il accepte, approuve tout, les malheurs et les joies. Et il y a encore de cette espèce de joie dans les "poèmes païens" de F. PESSOA.
"Quant à la joie elle a deux causes ou deux non-causes: celle d'être sans objet, et d'autre part d'être suscitée par le fait que le réel ne manque de rien" (Cf. N.DELON in "le cours de la réalité" in "l'atelier Clément ROSSET"). Ce monde parce qu'il est unique, se suffit à lui même ; tandis que la mélancolie regrette que le monde ne soit pas autre, et, inlassablement recherchera en vain, son paradis.
La joie est folle, certes, mais la joie est lucide, du moins telle est la disposition à la joie, capable de se représenter le retour éternel, identique de toutes choses et c'est là précisément notera Clément ROSSET la plus grande force de la joie, triomphant des pires peines. (Il ne s'agit pas de joie béate bien entendu, mais de la plus lucide joie). C. ROSSET nous renvoie également au petit secret de NIETSZCHE dans les dernière pages de son "Zarathoustra", où le héros, au détour d'une promenade nocturne lâche enfin :
"Lust ist tiefer noch als Herzeleid" / "La joie pèse plus lourd que le chagrin"...
ou plus "profond" si l'on veut s'en tenir à une traduction plus précise. Peu importe, cette joie est plus lourde d'assimiler plus que la peine. Il est donc paradoxalement beaucoup plus difficile de supporter la joie. Il ne s'agit pas exactement de la "joie de vivre" qui a quelquechose d'encore assez fantômatique. "La Musique pourrait illustrer cette joie paradoxale et sans objet. Quelque soit la tristesse qu'on cherche à dire, on dispose d'un prétexte pour chanter". Paradoxe de la joie. La musique est pour ROSSET d'essence joyeuse.
Tout est prétexte de joie puisque rien n'en n'est le motif. La joie d'exister est offerte par surcroît, c'est la seule consolation à espérer du réel. La légereté somptueuse du créateur, un agrément gracieux.
"Nul besoin d'outre-monde, d'arrière, d'autre monde"... Tout est là .
Sources: Les documents, éléments de réflexion et autres fragments de textes concernant Clément ROSSET, partiellement reproduits ici, sont tirés d'un domaine remarquable : "Atelier Clément ROSSET", site entièrement consacré à Clément ROSSET, que je vous conseille, voir lien ci-dessous :
http://clementrosset.blogspot.com/
A voir : Une variation (à peine céleste), sur le même thème : http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/03/26/co...
Photo : Deux êtres en joie regardant plus loin sur les berges (hors champ ou presque...) quelques agglutinés sur les berges d'un fleuve. Lyon. Autre rive. Juin 2009. ©Frb.
05:38 Publié dans A tribute to, Balades, Certains jours ..., De visu, Le monde en marche, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 14 juin 2009
Les agglutinés
Comme un dimanche au bord de l'eau
Sur les berges du Rhône aujourd'hui ré-aménagées, on se presse. C'est même assez tendance. Les Lyonnais (et les autres, de passage) y ont trouvé leur panacée. Les péniches sont devenues des cafés où l'on traîne tard le soir. Et le samedi, le dimanche, on s'agglutine, en ces contrées tonitruantes, bling bling à souhaits, anti-Alcestiennes à en crever. Ces berges, nouvellement investies s'avèrent l'été, infréquentables. Elles ont leur charme vu d'un pont, (une ambiance sympathique quasi méridionale). Quand on s'y trouve la première fois, on se laisse porter par cette impression de plein air ou plutôt de centre aéré. Ensuite ça fait un peu "vitrine", "nous on n'a pas la mer, mais on a des idées". Nul ne s'en plaint...
Tant que les bas-fonds ne remontent pas à la surface...
Photo: Berges du Rhône un dimanche, vu du pont Bonaparte (je crois), les péniches-bars. Une ambiance estivale faite de joie permanente,(tapas, soleil, etc...). Tout est prévu pour ça, votre joie. Peut-être n'est-ce encore qu'un cauchemar climatisé de plus ? (C'est vrai qu'à C.J. on est un peu bégueule ;-). Rive gauche, photographiée à Lyon, en Juin 2009. © Frb
23:48 Publié dans Balades, Certains jours ..., De visu, Le nouveau Monde, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
samedi, 13 juin 2009
Les insouciantes
"Et si les bas-fonds remontaient à la surface ?"
Question inspirée par J.B. PONTALIS ("traversée des ombres"), après avoir passé des heures à regarder le fleuve.
Photo : Deux insouciantes sur les berges de la Saône vues du quai St Antoine à Lyon, en Juin 2009. © Frb.
21:28 Publié dans ???????????, Balades, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
Foules
Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude: jouir de la foule est un art; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Multitude, solitude: termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.
CHARLES BAUDELAIRE : extr : "Les foules" in "Petits poèmes en prose" suivis de "Le spleen de Paris" Editions Garnier 1997.
"Le spleen de Paris" est un recueil en prose de BAUDELAIRE, qui ne fût publié que deux ans après sa mort.
Ce "Spleen" pourrait être celui de partout mais BAUDELAIRE posséda Paris comme personne et son appréhension magistrale de la ville n'est pas si datée qu'on se l'imagine. "Les foules" de 1864, ne sont donc pas si éloignées des foules du citadin du XXI em siècle. Et pas si différentes, des foules de partout. Ambiguité des séductions; entre errance anonyme, égarement, sentiment compressé par le pouvoir des masses. Et puis intemporelles, Les déambulations parfaitement synesthésiques sont griffées à l'unique patine "Baudelairienne". Par ce trait de fascination du mouvement, ces visions d'abondance que seule la ville permet. Baudelaire cherche ce point "n'importe où hors du monde" quand tout lieu ressemble à l'exil et toute foule à un champ de possibles ou de ruines :
."Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme."
Cf. "N’importe où hors du monde" in "Le Spleen de Paris", 1864.
BAUDELAIRE s'exila d'ailleurs plusieurs fois dans sa ville natale mais sans s'y contenter : les fantômes de Paris, son goût urbain, les murmures de la cité foisonnnante, ne lui laissèrent aucun répit. L'emprise de la capitale le tenait corps et âme asservi, charmé sous un joug très contradictoire, la foule, les épanchements, la retraite dans la multitude, l'anéantissement . BAUDELAIRE flâneur explore, construit et déconstruit l'ivresse, dérive en tous lieux, au nom de la poétique errance et puis bien sûr, pour "échapper"... (Notamment à ses créanciers - autre foule donc ! - les nombreux déménagements de BAUDELAIRE ne furent pas en particulier voués à des passions d'homme libre). Il est rare que BAUDELAIRE cite les lieux de façon très précise, chez lui ni monuments, ni places ... (une fois peut-être dans "Le cygne", (cf. "les "Fleurs du mal" 1857) où sont évoqués le Louvre et le Carroussel.
"Aussi devant ce Louvre une image m’opprimme
Je pense à mon grand cygne avec ses gestes fous
Comme les exilés, ridicule et sublime
Et rongé d’un désir sans trêve ! et puis à vous..."
BAUDELAIRE fût l'un des premiers à faire l'expérience de la modernité des espaces urbains, où le flâneur doucement vient presque sans réfléchir, désirer ou se laisse ravir, tout en n'ignorant pas dans ce foisonnement combien l'âme, le corps s'en trouveront au final tristement consommés. Mais le prix de cette ivresse en tous points délicieuse, de cet anonymat aux spectres déguisés, ne saurait s'échanger contre rien d'autre ... Le poète ne saurait exister et ne pas se confondre qu'en des lieux remués et toujours noirs de monde .
"Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant ; et si de certaines places paraissent lui être fermées, c’est qu’à ses yeux elles ne valent pas la peine d’être visitées.
Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des jouissances fiévreuses, dont seront éternellement privés l’égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente." Extr suite : "les foules" in "Petits poèmes en prose" suivis de "Le spleen de Paris"
Photos : Foules comme de vraies fleurs cueillies sur l'espace d'un parking arboré à proximité d'un supermarché, situé quelquepart aux environs de Lyon. Photographiées d'un marchepied. Mai 2009. © Frb.
18:33 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
jeudi, 11 juin 2009
Fluidités (I)
Tu es seul le matin va venir
Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues
La nuit s'éloigne ainsi qu'une belle Métive
C'est Ferdine la fausse ou Léa l'attentive
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie
GUILLAUME APOLLINAIRE (1880 -1918)
Extr : "Zone" in Alcools. Edition Gallimard 1913.
Quand le soleil ouvre à St Georges, le fleuve déforme l'aube. Si l'on se fie aux couleurs, c'est un soir de juillet. Presque au dessus, sur la passerelle il y a des gens. Ceux qui se grisent encore de leurs victoires de boîtes de nuit. Ceux qui braillent en donnant des coups de pieds aux canettes, des slogans sans objet du genre : "on a gagné !" ou "on est les champions !". Les champions de quoi ? Ils triturent l'onomatopée sur des airs de tubes démodés : "Born to be alive", "Où sont les femmes ?"... Les voix s'éraillent. Et puis s'éloignent.
Il n'y a plus de laitiers.
Sur le quai parallèle commence la ronde. Des autos lentement passent du rouge au vert, qu'en sais je ? De loin toutes pareilles. J'entends le pas d'une femme qui marche sur des talons hauts. (Au son, on pourrait quasi les mesurer, ces talons... Au moins 5 cm). Si je lève la tête, je m'aperçois qu'elle est suivie par d'autres gens, allant du même pas. De loin très cadencés. Ils vont tous au boulot, c'est comme un défilé.
Les berges sont désertes. L'eau de vie abonde. Sur la pierre je peux lire la carte de la terre. Il est 7H00. J'attends les mouettes.
Hier, ailleurs : La voix de son maître.
Des fleuves visiter. La Saône vue en automne d'un peu plus loin :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/19/co...
Le Rhône impétueux, sous les nuages de Juin, l'année dernière :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/06/17/fl...
Photo: Berges de la Saône, côté rive droite quartier St Georges, au pied de la colline on l'on prie. Extrait des fluidités du monde vue de près à Lyon en Juin 2009. Frb©
04:51 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mercredi, 10 juin 2009
Eloge de la fuite 1
J’ai ardemment souhaité partir
Loin des sifflements du monde usé
Et du cri incessant des vieilles terreurs,
Plus terribles à mesure que le jour
Passe la colline et plonge dans la mer profonde.
J’ai ardemment souhaité partir
Loin de la répétition des saluts
Car il y a des âmes dans l’air
Et des échos d’âme sur ma page
Et le tonnerre des appels et des notes ...
DYLAN THOMAS (1914-1953). Extr : "J’ai ardemment souhaité partir" in "Vingt-cinq poèmes" (1936).
Carnet du mercredi 10/06/2009 :
J'ai ardemment souhaité partir. J'ai pris un train. Et voici que déjà, il me faut revenir, là où le décor ne tient plus en haleine. Comme si de ce décor j'avais maintenant fait le tour et qu'il me fallait tout de suite sans regret, m'en séparer. Avec cette impression que de cette décision, une vie entière pourrait dépendre, qu'il y aurait, même, en partant le plus loin possible, de belles choses à retrouver. Un peu comme en Amour, quand on sait qu'on a fait le tour et qu'il ne dépend pas de l'autre de modifier quoi que ce soit dans sa façon d'aimer. J'ai ardemment souhaité partir voilà que je reviens. des "Echos d'âme sur ma page", des fourmis dans le corps entier...
Photo : Entre deux. Intervalle sans lieu-dit. Certains parlent du "milieu de nulle part" vu derrière la vitre d'un TER en direction de Lyon cité caniculaire. Juin 2009 © Frb
19:47 Publié dans Balades, Certains jours ..., Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective, Transports | Lien permanent
mardi, 09 juin 2009
Eloge de la fuite 2
L'herbe des champs
Libère sous mes semelles
Son parfum.
SHIKI MASAOKA (1867-1902) / (Haïku).
SHIKI MASAOKA poète, critique et journaliste japonais, a débuté dans l'univers des haïkus en critiquant le maître BASHO MATSUO. Dans son essai écrit en 1893 "variétés sur BASHO" / (Basho Zatsudan), il reprochait aux haïkus de BASHO de manquer de pureté poétique, d'être encore trop explicatifs. Il se sentait plus proche d'un autre grand faiseur de haïkus : BUSON YOSA, encore méconnu à l'époque et dont il admirait la finesse technique, et l'aisance à transmettre des impressions nettes aux lecteurs. Goûtez plutôt l'épure :
Soir du printemps.
À l'encens à moitié éteint,
J'en ajoute encore. (BUSON YOSA)
Après avoir découvert la philosophie occidentale, SHIKI MASAOKA, convaincu que les descriptions laconiques des faits et paysages étaient une voie d'efficacité poétique et picturale, insista sur l'importance du "Shasei" ou encore "description d'après nature". Il trouva un style simple pour décrire ce qu'il voyait. Son oeuvre renouvella le monde du haïku qui à son époque s'épuisait un peu, modernisant les formes traditionnelles du Waka et du haïku. SHIKI MASAOKA mourût très jeune, à l'âge de 35 ans.
A noter qu'il cotoya à Tokyo, l'admirable écrivain NATSUME SOSEKI qui rédigea aussi un ouvrage de haikus et des romans. Je vous conseille "le pauvre coeur des hommes" (1914) ou "les herbes du chemin"(1915), (entre autres)... Avant de reparler, ici, un jour (un certain jour ?) plus particulièrement de NATSUME SOSEKI.
Pour ceux qui n'aiment pas le Japon ni les couleurs du printemps, un russe vous offre son haïku :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/09/05/ru...
Pour ceux qui devant un ciel bleu (avec ou sans nuages) se sentent pris de vertige, C.J. vous fournit la question :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/05/16/qu...
Photo : La perle du monde. Ciel et nuages au dessus d'un champ de bleuets vus dans un accueillant paysage que nous appelerons : "Là bas" ou "là haut" ? Juin 2009. © Frb
01:44 Publié dans A tribute to, Balades, Ciels, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
World
"Ne désespérez jamais, faites infuser davantage"
HENRI MICHAUX
N'espérez pas. Faites infuser...
Ici le ciel, le soleil et peut être l'écume de quelque océan incrée, (pour peu que l'on s'en persuade) ...
Là bas toujours. Ailleurs, où, renversé dans les nuages, patiemment infusé, le promeneur se fait cueillir.
Accueillir par le paysage.
Photo : La perle du Monde, sur le chemin de terre entre le Mont St Cyr et le domaine du marquis de Montrouan, visitée en Juin 2009. © Frb
Bonus : à voir, autres perles du Monde, issues des vergers du château de Montrouan :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/04/04/en...
Comment faire infuser les nuages dans un étang, (mode d'emploi) :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/29/30...
00:55 Publié dans Balades, Ciels, De visu, Impromptus, Le vieux Monde | Lien permanent
lundi, 08 juin 2009
Lignes de fuite
"Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n'a pas d'ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer.
C'est le désespoir et ce n'est pas le retour d'une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre.
Ce n'est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire...
Je connais le désespoir dans ses grandes lignes.
Le désespoir n'a pas de coeur, la main reste toujours au désespoir hors d'haleine, au désespoir dont les glaces ne nous disent jamais s'il est mort. Je vis de ce désespoir qui m'enchante.
J'aime cette mouche bleue qui vole dans le ciel à l'heure où les étoiles chantonnent.
Je connais dans ses grandes lignes le désespoir aux longs étonnements grêles, le désespoir de la fierté, le désespoir de la colère. Je me lève chaque jour comme tout le monde et je détends les bras sur un papier à fleurs, je ne me souviens de rien, et c'est toujours avec désespoir que je découvre les beaux arbres déracinés de la nuit.
Je connais le désespoir dans ses grandes lignes.
C'est comme le vent du rideau qui me tend la perche. A-t-on idée d'un désespoir pareil !
Tas de sable, espèce de tas de sable!
Dans ses grandes lignes le désespoir n'a pas d'importance.
C'est une corvée d'arbres qui va encore faire une forêt, c'est une corvée d'étoiles qui va encore faire un jour de moins, c'est une corvée de jours de moins qui va encore faire ma vie."
ANDRE BRETON. Extrait : "Le revolver à cheveux blanc" in "Clair de terre". Poésie/Gallimard 1966.
VIRULENT VIOLINS "Alentejo train"
Eloge de la fuite : le désespoir dans ses volutes. Voir ci-dessous :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/06/24/pa...
Photos : Le désespoir dans ses grandes lignes. Un fragment de la perte du monde : (Photos 1, 2) . Alentours aux couleurs de rouille, vieilles carcasses à l'abandon, entre deux villages, juste après la haute vallée d'Azergues et puis, soudain entre les lignes (photo 3) : la perle du monde... Trois vues saisies derrière la vitre du train 16846 à destination de LCB. Juin 2009. © Frb.
22:59 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
dimanche, 07 juin 2009
Comme un dimanche (chancelant)
"L'Europe ne peut être tranquille tant que la France n'est pas contente."
VICTOR HUGO
Pour lire cliquez 2X sur la vidéo.
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/les-resultats-...
http://www.france24.com/fr/20090608-abstention-record-vic...
http://www.lemonde.fr/elections-europeennes/article/2009/...
Vue animée : Le drapeau européen livré à lui-même. Ou peut-être une prémonition ? Mini-filmée, à deux pas du pont Morand à Lyon, deux jours avant les élections européennes de Juin 2009. © Frb
01:34 Publié dans Actualité, Certains jours ..., Ciels, De visu, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mercredi, 03 juin 2009
Esquisse d'un programme pour les élections européennes de l'an 2666
"Quand l'Homme a voulu des hommes-Dieux, il a fallu qu'il entassât des générations en une personne, qu'il résumât en un héros les conceptions de tout un cycle poétique"
J. MICHELET "Avant propos à l'oeuvre de VICO (1)" 1827 (Cité par J. VILLEGLE sur son site personnel que je vous recommande et à qui cette affiche rend un peu hommage).
En Juin 2666 soit deux ans et un mois après la révolution (réussie) de Mai 2664, je me présenterai en tête de liste pour des élections européennes supranovatrices. Mon projet, en toute humilité : La Frasbysation de l'Europe à l'échelle interplanétaire suivie du bonheur pour tous par l'abolition du travail. (Voir ci-dessus mon programme est très clair). J'espère (chers compatriotes et lecteurs adorés) que vous serez très nombreux à me choisir. Vous ne le regretterez pas. Je vous le promets.
Note à benêts :
(1) VICO était un philosophe napolitain, qu'il ne faut pas confondre avec le roi de la pomme de terre. Même si en 2666, il y a fort à craindre que les deux ne feront plus qu'un (le Roi de la pomme de terre, évidemment!). Mais je me battrai jusqu'au bout, (c'est dans mon programme, si vous lisez bien) pour sortir VICO le Napolitain, de cette situation très regrettable).
Photo : Comme (ou presque) un VILLEGLE, l'affiche overkillée. Un programme visionnaire et toujours à venir, doublé de la carte du tendre des années 60 (de l'ère 2600, bien sûr !), papiers collés et décollés sur fond noir, évènements éclatés et autres contorsions fantômatiques, (avec la collaboration de je ne sais qui)... Vus sur un mur de la presqu'île, un presquemur à Lyon, en presque Juin 2009. © Frb.
lundi, 01 juin 2009
Un jour vu par ... Hozan KEBO
Dites la avec beaucoup de fleurs !
Photo: Jardin secret d'Hozan KEBO. Intervention Mai 2009. (HK/LR).
05:20 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Impromptus, Mémoire collective, ô les murs !, Tapis rouge ! | Lien permanent
dimanche, 31 mai 2009
Comme un dimanche avec Melle Branche
C'est sur le Boulevard de la Croix-Rousse au milieu de l'après-midi, que nous retrouvons l'héroïne de nos dimanches, au patronyme si Alcestien : Melle Branche. (Souvenez vous, cet hiver elle faisait son marché place Wilson en tâchant de ne poser sa canne qu'en de savants calculs), nous l'aperçûmes, (depuis elle a changé de coiffeuse), un autre dimanche, sur la presqu'île devant le magasin "Jolidon"). Avec les beaux jours, elle a chaussé des souliers confortables. Elle a marché longtemps afin de rejoindre la colline et puis sur le boulevard, elle a enfin trouvé son banc pour lire un peu à l'ombre sous un arbre. Le boulevard a cet avantage de ne pas avoir omis les bancs. Il y en a partout, près du café de la Mairie, devant la mairie, devant le square (Bernard Frangin), mais elle, elle préfère s'éloigner un peu là où il y a encore des arbres, des vieux, dans la direction des Charteux. Et la voilà, tranquille, face à la pharmacie elle lit l'ouvrage "Comment rajeunir" du Docteur HELIAN JAWORSKI (Un livre prêté Melle Lacroix, "un livre qui s'appelle Revient", a cru bon de préciser Melle Lacroix, qui ne prête que rarement ses livres...). Melle Lacroix, après avoir lu ce livre, c'était incroyable ce qu'elle avait rajeuni ! "c'est un "livre-miracle", écrit par un "docteur miracle", ça donne beaucoup d'espoir" avait dit la Denise qui avait été la première à l'acheter après avoir assisté à une conférence de connaissance du monde où le Dr HELIAN JAWORSKI avait causé des heures durant. La Denise aussi, elle avait rajeuni. Melle Branche ne voulait pas que ce soit dit. Ce n'est pas qu'elle aimait lire, elle préférait parcourir des revues comme "Nous deux", ou faire des jeux , mais surtout elle voulait connaître le secret, savoir comment on fait, ce que ça fait. Elle voulait rajeunir. Doucement elle mit ses lunettes, l'ouvrage datait de 1929. Elle se demanda quel âge, avait aujourd'hui le Docteur JAWORSKI.
"L'Homme devait donc atteindre 140 ans. Cette loi n'aurait rien d'absolu puisque certains individus sont arrivés à 150 et même 160 ans ainsi que le célèbre physiologue HALLER au XVIIIe siècle, en rapporte des cas. Celui ci professait du reste que l'homme devait vivre jusqu'à 200 ans."
Melle Branche resta longtemps sur le chiffre 200. 200 ans ! évidemment ça changeait tout ! elle pourrait passer son permis de conduire, apprendre à aller dans les internettes et même faire un emprunt pour acheter sa maison... En parlant de maison, il était déjà plus de 16H00, et sa belle soeur la Marinette devait lui amener tout un tas d'affaires à retoucher, "on peut pas rajeunir et coudre" pensa t-elle... "c'est bête, je n'aurai pas le temps"...
Au loin elle entendit le bruit, ce grincement familier d'une barotte qui trainaît toujours derrière sa belle-soeur : "Ah tiens voilà la marinette" se dit melle Branche dans son for intérieur. Puis elle referma son livre tristement.
Photo: Mademoiselle Branche sur son banc. Vue Boulevard de la Croix-Rousse à Lyon, ce dernier dimanche de Mai 2009. © Frb
23:51 Publié dans Balades, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
Un jour...
Une autre ...
Photo: La peine est bleue rue Pelletier sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Vue le dimanche 31 Mai 2009. © Frb.
06:00 Publié dans Art contemporain sauvage, Chiffres/ Lettres/ Mots, De visu, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
samedi, 30 mai 2009
Mai 2664 ???
Pour terminer le mois de Mai : une vraie note d'espoir :
NOUS FERONS LA REVOLUTION EN MAI 2664 ! (camarades !)
Le temps de digérer 68, (Mai 1968 !), de laisser couler l'encre, l'eau sous les ponts, nos amours, la Seine, la Saône, de réecouter Grateful Dead, Le temps de lire tout Philippe Bralo, Le temps de se refaire un hénné. Le temps de replanter les cerisiers ...
Je vous donne donc rendez-vous en Mai 2664, sur la place où vous savez. On va tout faire péter, on va leur montrer qui on est . (Heureusement que je ne sais pas compter, sinon je ne sais pourquoi ce billet aurait quelquechose de désespérant...)
Mais je ne sais pas compter. Donc tout va bien.
Photo: Objet posant devant son graff, le tout comme un présage. L'avenir se lit au coin de la rue, arrêtons de chercher notre avenir dans la boule de cristal, "tout est là, petit scarabée"(c.f Kung Fû) "Pour comprendre il suffit de regarder" (disait le vieux marchand chinois qui me vendît mon Mogwaï). Enfin quoi ! un graff, une bière, c'est toujours ça et quelques plans sur la comète vus de notre objectif (gnomique), sur un mur de la rue René Leynaud à Lyon en Mai 2009.© Frb.
22:51 Publié dans Art contemporain sauvage, De visu, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
vendredi, 29 mai 2009
Des rideaux et des femmes...
"Il y a une grande réclame de rideaux, chez Holman. De vrais rideaux de dentelles, avec des volants bleus roses. Un dollar quatre-vingt-dix-huit la paire, avec la tringle, les anneaux et le cordon !
Monsieur Malloy se redressa sur le matelas. "Des rideaux ? demanda-t-il, qu'est ce que tu voudrais faire avec des rideaux au nom du ciel ?
- J'aime les belles choses, répliqua madame Malloy. J'ai toujours aimé avoir de belles choses pour toi." Sa lèvre inférieure se mit à trembler.
"Mais ma chérie, s'écria monsieur Malloy, je n'ai rien contre les rideaux, je t'assure que j'aime les rideaux.
- Un dollar quatre-vingt-dix-huit seulement ! tu cherches à me priver de tout pour un dollar quatre-vingt dix-huit !". Elle reniflait, sa poitrine se soulevait.
"Je ne cherche pas à te priver, mais ma chérie, pour l'amour du ciel, qu'est ce qu'on ferait avec des rideaux ? On n'a pas de fenêtres !"
JOHN STEINBECK . Extr. "Rue de la Sardine", (traduit de l'anglais par Magdeleine Paz). Titre original : "Cannery row". Edition Gallimard 1948 (pour l'édition française).
Photo : La maison de monsieur et madame Malloy vue de l'extérieur. Rue Bonnet exactement. Sur le plateau de la Croix-Rousse. Ca fait des mois qu'elle est comme ça. Ca fait des mois que Madame Malloy elle pleure, parce que monsieur Malloy, il ne veut pas lui acheter ses rideaux. Mais "les hommes ne peuvent pas comprendre les sentiments d'une femme, ils n'essaieront jamais de se mettre à la place d'une femme". C'est ce que me dit Madame Malloy, quand je la croise à la boulangerie de la rue Bonnet. Elle a raison. Les Hommes ne comprendront jamais. Les rideaux, pour une femme, ça fait TOUT !
Photographié début Mai 2009 à Lyon. © Frb.
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