samedi, 16 janvier 2010
Mes nuits sans Georges
"Nous avions trop bu de bourgogne nous bûmes du champagne nature"
ROBERT DESNOS "Voyage en Bourgogne". Editions Roblot 1975
Georges passait toutes ses nuits auprès de mes amies.
C’était au prix de telles frayeurs qu'on pouvait se sentir en vie. Tout cela semblait peu de chose. Une saveur sur un faisan bleu. Un peu de mercure sur la langue. Et, moi avec tous les amis de Georges, je glissais dans les mauvais lieux, pour commander des vins d’Alsace ou de Bourgogne. Les bonnes compagnies usurpaient ce que l’être (parfaitement spongieux), absorbait d’empathie. Il nous venait sans y songer, un brin de vague à l’âme. Libres, enfin sans soucis, nous picorions jusqu’à l’aurore, des moitiés de glaçons dans de grands verres aux reflets sombres et des vitraux vermeils tombaient sur la rigole. Nous plongions là, nos lèvres entre les flammes d’une bougie pour humer sur les terres du hameau de Brouilly tout le fruit du vignoble.
Georges passait toutes ses nuits à jouer au frisbee.
Et moi, avec tous les amis de Georges, je glissais dans les mauvais lieux pour casser le frisbee de Georges, le transformer en confettis.
Il y avait là, des musiciens qui nous tapaient dans l’oeil et des machines affreuses soudain reprenaient vie. Des Nagras, des poulies, et des marteaux piqueurs nous broyaient gentiment en déterrant nos morts quoique depuis longtemps ils fussent portés au loin. Il nous venait encore sous ces moulures d’or, l’idée qu’il n’était pas vain de jeter, une fois, un dernier dé, avant demain.
Georges passait toutes ses nuits à lire Maïakovski.
Et moi, avec tous les amis de Georges, je jouais à la coinche sous la frisette ornée de décalcomanies dans un pub irlandais à trois villes de chez Georges. Les regards d’autrefois qui nous accompagnaient n’aimaient plus la splendeur du monde, et les penchants secrets, suppliaient sous la lune : "que la brume de Janvier nous transforme en toupies !". Nous étions mécontents des bonnes compagnies, et l’arcane manquant au jeu de l’imagier, nous l’avions remplacé sans la moindre vergogne. Titubant sur les planches et entre les tapis, je tombais dans les bras de Lancelot et D’Hector en rêvant d’Alexandre et pour l’amour de Georges.
Georges passait toutes ses nuit à prendre des taxis.
Et moi avec tous les amis de Georges, je croquais des olives et puis des cornichons affalée sur une sorte de lit à tête d'ange. La télé diffusait des extraits d'explosion. Par terre, la vie s'empressait sur les coeurs, les yeux fermés dans la bouclette, nous embrassions des nus idiots, des têtes de chats, des rouflaquettes, et en relief, les épais croisillons des revêtements de sol tatouaient notre peau. Ces douceurs me semblaient d’autant plus éprouvantes qu’elles m’étaient infligées par Georges. Dans la cuisine, sans electricité, valsaient des casseroles qui ressemblaient, on aurait dit, à des petits bateaux .
Georges passait toutes ses nuits à écouter Claude Debussy.
Et moi, avec tous les amis de Georges, j’allais finir aux caves de l'Opéra Mundi ou à la Scala de Vaise. Les estampes, les danseuses de Delphes hantaient les touches du piano. Les cornes de brumes des caravelles qui revenaient de l’île barbe sonnaient aigues comme des crécelles. Pour dix euros on avait mis la liqueur en bonbonne, qu’on blottissait dans les bras des vieux beaux, qui payaient tout et nous emmenaient en auto, jusqu’au bord de la mer. Nous donnions dans le sable des petits coups de pelles, qui faisaient rire les mouettes, et les vagues moussaient sur nous comme du champagne chanté par des baleines.
Photo : La valise à remonter le temps. Photographiée dans une vitrine de la rue Terme, très exactement. Lyon. Janvier 2010.© Frb.
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jeudi, 14 janvier 2010
La rue de nuits de nuit...
Dans la nuit
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
A la nuit sans limites
A la nuit
HENRI MICHAUX : "Dans la nuit" in "Plume". Edition Gallimard 1963.
"L'Aru denu ivud enui : petite musique d'INUIT
Rue de nuits = le S a son secret qui vous glacera le sang ➞ ICI
Ouïr le son de la nuit ➞ HERE
Photo : Deux nuits . Lyon, Croix-rousse. 2009.© Frb.
vendredi, 25 décembre 2009
Certains jours vous souhaitent un merveilleux Noël...
Fait maison
C'est joli ! non ?
dimanche, 04 octobre 2009
Et vogue !
"Le vrai courage ne se laisse jamais abattre."
FENELON
Le pigeon "petit voyageur" est venu tranquillement faire la conversation à Monsieur JACQUARD, tous deux puissamment privés de leurs privilèges Croix-Roussiens, broyés par le roulis un peu fou de la vogue ("aux marrons"), plus fourbie en machineries funky qu'en cornets de marrons.
L'Auguste a son ange sur sa tête, ainsi il ne risque plus rien, (croit-on). Les deux ne peuvent plus vraiment s'en aller. Sinon il manquerait aux fervents du plateau, quelque félicité...
Le pigeon "petit voyageur", n'allant jamais bien au dessus du nez de l'inventeur, envisage toujours son Octobre en ascension de tête savante. Cette tête est aussi son royaume, du moins tant que dureront les festivités.
Jamais un élan d'albatros. Pas même un penchant migrateur comme l'outarde ou la bernache, qui forment en automne des grands V dans le ciel... Balbuzard pêcheur, milan noir, faucon hobereau, cigogne blanche, pluvier guignard, chevalier stagnatile, sternes pierregarin, autant de migrateurs au long cours que le pigeon "petit voyageur" n'arriverait pas à suivre. Et l'autre ! l'oiseau vogueur animal agité, cet odieux spoliateur qui ne cesse de criarder sur sa piste remuée : "Allez tout le monde s'amuse ! c'est la fête ! amusez vous ! allez ! allez ! "
Quant à JACQUARD l'austère, (dit "bienfaiteur des ouvriers lyonnais"), comme chaque année pendant la vogue, il ronge son frein, dans sa vieille redingote râpée, avec ce con de "petit voyageur ", tout gris plombé, qui fera désespérément, pendant un mois, le pied de grue sur sa tête. Tous deux exilés de la bonne place. Relégués comme au purgatoire d'une brocante. Figures anachroniques telles qu'on en voit parfois dans les dessins de Sempé. Pour une vogue dite de tradition, c'est presque un comble.
Près de moi, dans la foule, un enfant, contemple une enseigne exhibant son monstre globuleux vaguement crapaud-cyclope. L'enfant lève la tête, montre du doigt "là haut", et tire brutalement sa mère par la manche, lui glissant la bonne question :
- "Dis, Maman c'est qui ce vilain bonhomme avec un aigle sur la tête ?"
- "Euh ben... J'sais pas ! c'est la statue de Louis XIV, je crois..."
Et vogue ... !
Ceux qui suivent la tradition trouveront les horaires de la vogue aux marrons de Lyon : ICI
Photo : L'auguste JACQUARD en disgrâce, (L'Auguste je l'ai écrit mille fois, ici, ne s'appelle pas Auguste, mais Joseph-Marie, né à Lyon en 1752, mort à Oullins 1834. Il inventa le métier à tisser semi automatique). Ici pris dans le tohut bohu de la vogue, accompagné de son vieux copain, un pigeon complètement idiot qui s'installe là, comme chaque année, au moment de la vogue. Allez savoir pourquoi ? Vu à Lyon, place de la Croix-Rousse. Octobre 2009. © Frb.
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mardi, 22 septembre 2009
Les automnales de St Nizier
"Semis de Saint Maurice récolte à ton caprice"
Dicton du jour
Le 22 Septembre est le 265 ème jour de l'année au calendrier grégorien. (Plus que 100 jours avant les cotillons). On rend grâce aux Maurice par une géante courge chaussée de coloquintes qui défile dans les rues sur des parachutistes rousses.
Le 22 Septembre. C'est le 29ème jour de la Vierge, folle de sa saison, rêvant place St Nizier d'une gelée de coings-grenades à emporter dans son panier pour manger tout de suite, ou déguster après, sous les parasols vermillon de la Manille, à Tupin.
Le 22 Septembre, Edouard 1er, roi d'Angleterre s'en alla de terre Sainte pour la neuvième croisade, ses esclaves portant au calife, une jarre d'un nectar de raisin de Gloucester (l'équivalent anglais des "tulipes de Juillet du Nabirosina") piqué d'un poison d'amanites vireuses dont le chapeau couleur blanc crème, pourvu d'un mamelon centré, séduisit diablement notre courge qui passant du orange au rouge en effraya le fragon petit houx.
Le 22 Septembre pieds nus sur les pelouses, qui bordent la grande roseraie du parc de Tête d'or, quelques enfants sautent à pieds joints sur des bogues de châtaignes.
Photo : Le 22 Septembre l'année dernière, le vieux Georges, ajustait la rime à son verbe moyenâgeux. Le 22 Septembre, cette année, le magasin des belles personnes aux doigts verts et autres dames jardinières, oeuvre en façade à la nature morte flamande... Il faut croire que la saison des labours inspire. Heureux, qui comme l'automnal, a savouré en léger décalé, un retard qui s'éternise... Il suffit d'une petite boutique d'art floral. Si cette sublime composition n'était pas si consciencieusement étiquetée, j'enverrais volontiers (par pneumatique) un bouquet d'héliantes divariqués au virtuose étalagiste (on peut quand même le remercier). Vu à Lyon, place St Nizier, juste en face de la belle église du même nom et de surcroit assez gothique. Septembre 2009. © Frb
00:29 Publié dans Affiches, panneaux, vitrines, Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 12 septembre 2009
Sauver le monde
"Plus on est informé, plus on est prêt pour la propagande"
JACQUES ELLUL cité par J.L. PORQUET : "Jacques ELLUL, l'homme qui avait presque tout prévu". Editions le Cherche-midi 2003.
Il est clair que "sauver le monde à notre niveau" comme on le lit ici et là, s'avérera insuffisant. Maintenant quasi tout le monde, chacun à sa façon, le sachant, fait assez semblant de l'ignorer. Ce qui ne change rien à notre problème. Je ne dis pas qu'on ne peut pas accomplir un petit quelquechose, à son niveau, chacun à sa façon... Encore faudrait il savoir exactement ce que signifie "son niveau", tout autant que "sa façon". (Bonjour PIRANDELLO !). Après on peut relire I.ILLICH (1926-2002) et son concept de contre productivité, de "convivialité" ou son ami J.ELLUL (1912-1994), qu' A.HUXLEY (1894-1963) ("On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables"), nous fît mieux découvrir, avec quelques questions se posant face à l'évolution de "la technique", notamment. (Je résume grosso modo, il s'agit ici d'une rubrique "offre d'emploi", innovant le premier sommet utilitaire de Certains jours, et sans doute le dernier, pas d'un billet philo, que cela soit bien clair entre nous !) ELLUL (Jacques), était l'ami de CHARBONNEAU (Bernard), ne pas confondre avec Jean-Pierre, urbaniste consultant, (là on s'éloigne de notre sujet). Bernard CHARBONNEAU qu'on peut relire aussi, oeuvra avec J. ELLUL à réfléchir (entre autres) aux conséquences de la "mue" des populations de moins en moins rurales, dans notre société. A noter Qu'ELLUL écrivît des choses assez interessantes sur le phénomène de la "propagande" au sein de nos mêmes sociétés (cf. le maître livre "Propagandes" 1962), mettant en relief les propagandes dites sociologiques (par opposition aux plus perceptibles propagandes politiques), ELLUL, militant anarchiste, interessé par la démarche situationniste proposa même un jour, à notre Guy chéri, une collaboration, que le philosophe refusa pour la raison que le christianisme d'ELLUL était peu engageant. No future donc ! ILLICH, ELLUL, DEBORD et tous les autres, n'ayant pu s'accorder pour sauver le monde d'une même voix, son lecteur pourra peut être s'en remettre au "Grand soir", histoire de s'informer un peu d'une autre manière, on ne peut pas sauver le monde, en regardant l'ennui (bien que fort sobre) d'une blonde sur téfin défilant ses infos un peu comme on lit l'annuaire, ni en plaçant tout à fait notre confiance dans les infos de France 2, 3, etc... (de la télévision républicaine, of course), je n'insiste pas sur la critique, "Arrêt sur image" est bien plus compétent que moi. Pas plus qu'on ne pourra croire aujourd'hui, que les femmes parviendront à sauver le monde à elles toutes seules, ou par la force des balconnets. Même si l'idée est fort jolie. Pardon, Loulou, pour ceux qui aiment la belle poisie aroumeuse engagée, voire chantée, mais "la femme avenir de l'homme", d'une part ce n'est pas encore prouvé à 100%, (sinon juste biologiquement), d'autre part, c'est un peu lourd pour nos frêles épaules (je sais de quoi je parle, moi qui adore que ces messieurs m'ouvrent les portes, et aident à porter mes cabas). Aussi, il existe des dames, des vedettes, qui en ce moment enlèvent le haut dans "Elle" et le "Marie Rose" pour la bonne cause, (on est déjà loin de l'ingénue "Margot" qui de son plein gré, mais au delà du bien et du mal, exhibait un tétin discret, pour l'amour des chats du vieux Georges ou de quelques copains de la bande à Lucien). Autant GEORGES, ELLUL, CHARBONNEAU et les autres, (allez hop ! j'amalgame), nous les savons très investis, tout autant "ELLE", "Marie Claude", j'hésite à cautionner (heureusement, personne ne me le demande ;-), pour la bonne cause ! que ne ferait on pas ? Et puis si ce n'est que le haut, il n'y a pas à en faire un drame. Mais parfois, je me dis que je préfère une voiture qui enlève le haut pour rien. "C'est plus franc" comme dirait Lucien. Et les voitures c'est bien connu, "c'est comme les femmes", ça enlève le haut comme rien. Voilà ce calamiteux certains jours virant vers la rubrique "auto"... Que ne ferait on pas pour attirer du monde ? dans un but, toujours le même : la bonne cause. Ca y'est ? Ca commence à rentrer ? En radio, on appelle ça clairement le matraquage. Loin de moi, l'idée d'une polémique, si ce parti-pris (de vedettes enlevant le haut pour aider le dépistage) aide un peu, c'est tant mieux. Ce qui me gêne ce n'est pas tant l'effeuillage, mais ce showbiz, mêlé au monde de la médecine et de la maladie, ce titillement de la peur, grand classique unanime, trifouiller aux entrailles, de la crainte collective, sous prétexte d'informer. Comme si, encore pour ça, pour la bonne cause (dit-on), les protagonistes et les dames qui s'y prêtent (et ne sont pas mauvaises filles, au fond) désiraient nous faire oublier dans leur enthousiasme pétri d'intentions louables, qu'il s'agit encore de spectacle, enfin pas tout à fait l'oubli, "se servir du spectacle, pour aider une bonne cause", cela est entendu, assumé, clamé même ! les dames elles savent, "elles se servent" disent elles de "leur notoriété", mais il y a comme qui dirait un petit décalage entre le monde de la notoriété se déboutonnant pour la photo (même si c'est de la photo-réalité) et celui de cette inconnue qui a rendez-vous avec l'imagerie médicale pour de vrai. Je ne suis pas sûre que les deux exemples, se situent sur la même planète. Ce que ce cher Gilles ou un certain Jean-Luc, appeleraient (peut-être ?) "Les puissances du faux"(?). Ou de l'indistinction ici presque inquiétante, entre le document et la fiction. Et dans ce cas, je ne sais pas s'il faudra enlever le bas pour sauver ce principe de contradiction. Quoi qu'on en dise, tout semblera incorrect, avec ou sans notre façon au regard de l'autre principe, belle noble cause incontestable. Surtout, lorsque d'autres images toujours (pour la bonne cause, "mains propres et tête haute") affichent clairement l'obscénité y compris idéologique, aux arrêts de bus et de métro, voire aux sorties des écoles. Une vieille idée pestilentielle, qui semble remonter d'assez loin, à côté de laquelle ces courageuses filles qui dégrafent leurs corsages aux portes des pharmacies, paraissent bien innocentes (enfin presque) venues offrir encore une part d'humanité à peu près acceptable (quoique). Nous faisant oublier, quoi ? Quelques secondes, à peine, dans la dramaturgie, (une déclinaison de gestes, gestes simples, ceux de tout le monde, le doigt près de la boutonnière, par delà le spectre du cancer, de la chimio, et de la mort peut être ?) tout cet univers de la com', des concepteurs, rois de la tendance, autres viseurs, ô cibles que nous sommes ! et nous nous trouvons surpris d'entrevoir, les dessous moins avantageux, d'une pensée qui râcle les fonds, et réinvente le quotidien avec un balai de chiotte. On s'en étonne, "Ils ont osé mais oui !". Là, le "réflexe mains propres", parfaitement odieux, (il y en a quelques autres du genre, vous n'aurez pas trop de mal à les (re)trouver), pas vraiment du même grain, que nos vedettes déboutonnées, mais passant toujours par le même canal. Voilà un peu le hic. Tout ce qui entre fait ventre ? Et ils ont pour métier de nous intéresser, nous émouvoir, de nous prévenir pour tout dire, de nous mo-ti-ver quitte à nous effrayer ? Pourquoi pas ? Si c'est pour la bonne cause, hein ! allez ! comme le bon père qui dresse son fils au martinet, en lui disant "c'est pour ton bien !" ou comme personne, pour rien, sortes de choses à vide (en 2 ou 1 seul mot). on peut bien bousiller un petit peu les nerfs de nos masses, un petit peu plus, un petit peu moins... Déjà qu'ils sont bien laminés. On sait que les gens s'habituent à tout. Jusqu'à un certain point... La méthode de surcroît étant parfaitement indolore, (au moins, apparemment), pourquoi se priver ? Et puisque ces réalités là, vraies ou fausses, on nous les colle sur notre chemin, au fond quelle importance ? Nous on ne croisera toujours que des images mais tellement reversées, renversées sur nos corps, qu'elles en deviennent la réalité. Nous voilà faits comme des rats ? la critique étant impuissante, elle se débat dans tous ces flux, sitôt parus et sitôt disparus, et voilà qu'on assiste à cette noyade, le mot est beau "déliquescence", en jetant de nostalgiques oeillades, à l'Ami Ricoré (dont je croyais pourtant à une époque qu'on ne pourrait pas vraiment faire pire) et aux redoutables enzymes gloutons, fin des années 60's, qui terrorisèrent tellement les français, dit-on, qu'on dût retirer la lessive, les enzymes étant représentés par des petites tête méchantes (ancêtre, sans doute, du mythique Pacman) avec une grande bouche pleine de dents, on frôla presque la psychose, tant les français eurent peur que les enzymes dévoreurs de saleté, engloutissent aussi leur chemises, pantalons et autres gentilles lingeries. En roue libre, l'imaginaire ! Nous nous arrêterons deux secondes afin de poser bien à plat les problèmes, (là haut sur la colline, sous un vieux saule pleureur, nous contemplerons le panorama); avant de retrousser nos manches, pour l'affaire qui nous interesse: sauver le monde. Pressons ! avant que tous ces gens ne donnent à leurs enfants les (pré)noms des voitures de la maison Renault... Là encore, je n'invente rien. Une publicité dégueulasse, a hanté les villes, attaquant cette rentrée par une toute autre maladie, l'affiche se glisse maintenant partout, (partout où je vais, elle s'y trouve). En attendant que je vous ramène quelques images, (ou pas), vous pouvez lire Boudou. Colère à vif.
Plusieurs centaines de milliers d'années pour inventer la roue, et quelques décennies pour en arriver là, le vertige, à très grande vitesse: l'invention de la brouette, du char à cerf-volant, du grand bi, puis de la Citroën, artiste, la C4,"Grand Picasso" jusqu'à la navette spatiale et ses autres produits dérivés. Je ne parlerai pas de Ron Hubbard "Je ferai de vous des esclaves heureux" (tout un programme ! mais il nous reste un peu de marge, n'est ce pas ?) je ne soufflerai pas un mot à propos de la future ambassade de Raël et je n'entrerai pas dans le détail d'autres héros plus rigolos, à défaut d'un monde complètement sauvé il y aura des élus sous condition bien sûr... (Envoyez vos dons ! qui ne tentera rien, n'aura rien.)
Nota : Pour notre offre d'emploi, il s'agira avant tout de travailler plus, sans être payé du tout (ah ah ! Certains jours devient visionnaire ;-) "le futur vient te chercher chez toi, sans que tu aies à bouger de ton fauteuil, tente ta chance, ô lecteur !", pas d'hésitation, la cause est archi-noble. Messieurs, prenez vos plus belles plumes, vos boucliers, vos arbalètes, n'oubliez pas la petite photo, j'attends de pied ferme, votre CV.
Photo : Une affiche étonnante, détournement vu rue de Sève ! ça ne s'invente pas, (c'est à croire qu'ils le font exprès). La rue de Sève se situe presque en haut du plateau de la Croix-Rousse. Il s'y trouve, hors de l'apocalypse, (loin des fluides anti-peste et des bébés-turbos), quelques fenêtres fleuries comme en voit peu dans nos villes. Un lueur d'espoir ? Qui sait ? A suivre peut être un certain jour... Lyon, fin de l'été 2009. © Frb
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lundi, 07 septembre 2009
Duchesse
Que dire en effet à une femme qui ne croit pas à l'Amour ?
1 - Laissez moi vous prouver combien je vous aime.
2 - Laissez vous posséder.
3 - Le haut prix que vous attachez à vous même, me montre que je ne dois pas en attacher un moindre.
4 - Si votre bonheur vous est si pénible sacrifice, alors n'en parlons plus.
5 - Seulement, vous pardonnerez à un homme de coeur de se trouver humilié en se voyant pris pour un épagneul.
HONORE DE BALZAC in "La duchesse de Langeais" 1834, éditions Nathan 2008
La duchesse de Langeais voulût "que cet homme ne fût à aucune femme et n'imagina pas d'être à lui", c'est ainsi que BALZAC la présenta. Voilà le point précis du drame tout autant que sa trame presque comique : La quête féminine de la preuve de l'Amour éternel. Je ne vous conterai pas tout à fait l'histoire du général Armand de Montriveau et d'Antoinette de Navarreins, la bien nommée duchesse de Langeais. Je vous conseillerai plutôt d'aller goûter ces parties de pure comédie (ou tragédie) humaines, au coeur du livre de BALZAC. Un petit goût de reviens z'y quand même : Armand séduit, insiste, empresse son désir en présence de sa belle, tandis que la duchesse manoeuvre à souhaits. L'Amour entre eux alors se traîne, en longues conversations et en droit que la dame accorde au prétendant (qu'elle nomme "son amant"), de lui caresser la nuque ou légèrement les pieds. Entre eux, impavide, le regard de Dieu, ou disons s'immiscant, le très "noble" argument de la religion, qui permet de ne point céder tout en faisant durer le plaisir (entendez, celui de l'intrigue). Argument de fond émis par la duchesse : Si elle se donne il y a risque certain qu'elle soit abandonnée par son "fervent". Ainsi exigera t-elle un Amour sans troubles, ni craintes. Quelle plus belle preuve d'Amour peut on donner que celle d'aimer sans se donner ?
Montriveau, fou d'Amour averti par un proche que la duchesse ne cédera jamais et découvrant l'ampleur de sa propre crédulité, change de stratégie. Il décide d'ignorer cette dame qui mesurera alors qu'elle a perdu le plus grand Amour de sa vie. Il organise sa vengeance et fait enlever la dame. Il veut lui marquer le front au fer rouge et qu'ainsi à jamais, Antoinette soit perdue. Retournement de situation, c'est à lui, à son tour d'exiger une preuve ! Mais Antoinette est prête désormais, et ce qu'elle veut à jamais, c'est d'être marquée au fer rouge ! la vengeance D'Armand fera le bonheur d'Antoinette tel est le charivari qui vient à l'esprit plein de sagacité du malin Honoré. Nous retrouvons plus loin l'Antoinette, implorant cette marque, s'écriant, en suppliant, d'appartenir au maître : " Je ne vois que clémence et pardon, que bonheur éternel dans ta vengeance" mais Montriveau, cachant ses larmes, renoncera à sa vengeance, (souvent hommes varient ?), et renoncera aussi à cet Amour. La duchesse sera alors prête à fournir toutes les preuves, s'adonnant à des conduites qui ne sont pas celles du faubourg, entendez l'atmosphère parisienne, du faubourg St Germain, brillante, très aristocratique, où chaque sourire, chaque attitude sont "règlés" selon un code commun. Antoinette ira jusqu'à faire penser qu'elle a dormi chez son amant. Une rumeur court et grandit. Tout le faubourg se trouve au courant de l'inconduite de l'amoureuse. Tout le faubourg, sauf Armand. De là, elle lui écrit une lettre bouleversante où elle s'offre à lui pour toujours. Elle lui donne même un rendez vous et s'il ne s'y rend pas, elle jure qu'elle quittera ce monde. (Plus finemement, entre les lignes on comprend "quittera" comme un retrait du style couvent, grand dénuement, et parfaite abnégation). Le général Armand de Montriveau, hélas ! lira la lettre quelques minutes trop tard...
Et après ? Savez vous ce qu'il arriva ?
Je prendrai à ce point précis du billet le plus grand soin possible afin de bien réitèrer ma suggestion. Il est très beau ce livre, vous ne le regretterez pas. Cet avant-goût n'étant qu'un début ; (bien que le début du roman de BALZAC ne commence pas tout à fait par le début. Allez comprendre !) Il faut savoir, que BALZAC data "La duchesse de Langeais" (ne pas confondre avec l'adorable Catherine Langeais qui fut dit on la première maîtresse d'un "Dieu ?" dont Gala raconte qu'il fût assez mordu, mais je m'égare... ), ce récit donc, fût daté, non pas du jour où BALZAC l'écrivit, mais du jour où Madame Hanska devînt sa maîtresse. En lisant la suite du roman "La duchesse de Langeais", vous comprendrez peut-être mieux pourquoi, BALZAC grand trousseur de jupons devant l'éternel, semble nous indiquer assez clairement que les Amours ne sont pas uniques, mais se comptent. Toute la tragédie comédie de l'Amour étant là : Dans la preuve par la perte, pourrait-on dire. La Duchesse de Langeais prouvant l'Amour, non en donnant ce qu'elle n'a pas, mais en perdant ce qu'elle a.
Sur ce, un ange (chouia déchu) passe. Melle branche, (une amie de Madame Montriveau mère) ouvre en grand la fenêtre. Jacques LACAN, sort du placard à balai et traverse en quinconce le salon où sont assis les belles personnes, écrasant négligemment sa cigarette sur le divan. il marmonne à voix basse un truc tellement lumineux que personne n'ose s'accorder le droit de se laisser si brutalement éblouir. Je tente un timide : "- qu'est ce que vous dites m'sieur Jacques ?" Il répéte avec son phrasé bien caractéristique. "Je dis :
Il n'y a pas de rapport sexuel. pourquoi ? car la jouissance de l'Autre prise comme corps est toujours inadéquate".
"Oh lala ! ça va pas recommencer !" ronchonne la vieille, très vieille Duchesse de Langeais (du fond de son fauteuil relax). La bonne arrive : "Le dîner est servi". Monsieur Armand, est là, qui nous regarde avec ses yeux doux. Quant à moi, je n'ai pas envie de conclure tout de suite mais bon.
Nota : Je suggère au lecteur qui ne saurait pas quoi faire de ses journées de s'amuser (ça, ou les mots croisés) à complèter la liste commencée par msieur Honoré : "Que dire en effet à une femme qui ne croit pas en l'Amour ?". Je suis sûre que son lecteur, masculin surtout, (la lectrice n'étant pas pour autant exclue) abondera en idées généreuses...
Photo : A peine une suggestion un peu goujate (qui se prononce). Un de ces babillages contemporains qui se disent avec les copains quand une dame se refuse. Ou un mur qui se lit peut être à la manière d'un VILLEGLE ? Décolleur d'affiches sur cités. Puis un voile se déchire. La façade se met en état(s). Et tout simplement resteront à voir les dessous meurtris de la façade, flottant sur une ravissante tapisserie d'alcôve telle qu'on en trouve encore, au secret d'appartements anciens. Vus rue René Leynaud, juste en bas des pentes de La Croix-Rousse, bien avant de franchir la colline, (travailleuse, mais pas seulement). Lyon. Septembre 2009. © Frb.
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samedi, 29 août 2009
2012 ?
Qui osera ?
Photo : Maison inhabitée (peut-être à vendre), avec vue imprenable sur la petite église romane du village de Vareilles (anc "Varelyae"), un arbre centenaire entouré de roses trémières, + un coin de jardin et un petit banc. Nabirosina. Août 2009. © Frb
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vendredi, 21 août 2009
Du pareil au même
Photo : Fin des vacances. L'itinéraire est même flêché sur la pierre de l'église de Châtenay sous Dun. Cependant on a le choix. (Je n'ose dire l'embarras du choix). Nabirosina. Août 2009. © Frb
Si toutefois vous trouviez le choix un peu "limité", je vous conseille vivement d'aller défier le hasard en suivant d'autres flêches du côté des nuages... Vous ne le regretterez pas , (tout y très bien indiqué) :
http://les-nuages.hautetfort.com/archive/2009/08/27/le-ha...
A suivre... Billet ci-dessous ↓
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Où allons nous, quand nous ne sommes plus vacants ?
HOZAN KEBO'S REMIX :
"Battre la campagne" VS "Battre le pavé" (Version novlangue)
L'encer et le fiel étant pavés ...
http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/08/2......
... de mauvaises directions.
Original remix : Hozan Kebo's enterprise. Août 2009. (HK/LR©)
lundi, 22 juin 2009
La vie sur terre ( part II )
Comme un lundi...
8H00. Le désert avance bien.
Photo : rue Melzet. Et sans autre légende. Permis de démolir photographié (sans permis de photographier), près de la place Wilson (devenu le parking Wilson, sauf les jours de marché), à Villeurbanne en Avril 2009. © Frb.
06:48 Publié dans Affiches, panneaux, vitrines, Certains jours ..., De visu, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
Et au ciel ...
Radical Colibrisation rue Melzet ou les oiseaux d'Hitchcock revisités par Hozan K. redessinent le plan d'un quartier, ils iront plus loin s'il le faut...
Il n'est plus "interdit d'interdire", le slogan désormais démodé se décline à l'air libre. L'enfer planifié rue Melzet sera colibrisé ou ne sera plus.
Alfred Hitchcock n'a qu'à bien se tenir. Il se va se passer quelquechose...
Un nid géant fait de brindilles et de pétales de roses ?
Il est permis de ne pas en douter.
Photo : La maison de la rue Melzet à Villeurbanne. Permission accordée par Hozan KEBO et ses colibris. Juin 2009. (HK/LR).
05:11 Publié dans Affiches, panneaux, vitrines, Art contemporain sauvage, Balades, De visu, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs !, Tapis rouge ! | Lien permanent
mercredi, 03 juin 2009
Esquisse d'un programme pour les élections européennes de l'an 2666
"Quand l'Homme a voulu des hommes-Dieux, il a fallu qu'il entassât des générations en une personne, qu'il résumât en un héros les conceptions de tout un cycle poétique"
J. MICHELET "Avant propos à l'oeuvre de VICO (1)" 1827 (Cité par J. VILLEGLE sur son site personnel que je vous recommande et à qui cette affiche rend un peu hommage).
En Juin 2666 soit deux ans et un mois après la révolution (réussie) de Mai 2664, je me présenterai en tête de liste pour des élections européennes supranovatrices. Mon projet, en toute humilité : La Frasbysation de l'Europe à l'échelle interplanétaire suivie du bonheur pour tous par l'abolition du travail. (Voir ci-dessus mon programme est très clair). J'espère (chers compatriotes et lecteurs adorés) que vous serez très nombreux à me choisir. Vous ne le regretterez pas. Je vous le promets.
Note à benêts :
(1) VICO était un philosophe napolitain, qu'il ne faut pas confondre avec le roi de la pomme de terre. Même si en 2666, il y a fort à craindre que les deux ne feront plus qu'un (le Roi de la pomme de terre, évidemment!). Mais je me battrai jusqu'au bout, (c'est dans mon programme, si vous lisez bien) pour sortir VICO le Napolitain, de cette situation très regrettable).
Photo : Comme (ou presque) un VILLEGLE, l'affiche overkillée. Un programme visionnaire et toujours à venir, doublé de la carte du tendre des années 60 (de l'ère 2600, bien sûr !), papiers collés et décollés sur fond noir, évènements éclatés et autres contorsions fantômatiques, (avec la collaboration de je ne sais qui)... Vus sur un mur de la presqu'île, un presquemur à Lyon, en presque Juin 2009. © Frb.
vendredi, 22 mai 2009
Un billet sur la rue
Il y eût un jour un mot pour une rue :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/08/20/la...
Voilà un billet sur la rue. Je ne saurais rien vous dire plus.
Photo: A Paray le Monial (ville très pieuse), on s'agenouille dans la rue Billet pour sanctifier la blogosphère qui aura désormais son lieu de pélerinage, (et la rue Billet, son billet). La rue Billet est située non loin de la rue Dame Dieu et tout près de la rue de la Visitation (où se trouve la célèbre Chapelle des apparitions de Ste Marguerite-Marie Alacoque). Vue en Avril 2009. © Frb
00:37 Publié dans Affiches, panneaux, vitrines, Chiffres/ Lettres/ Mots, De visu, Le vieux Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
jeudi, 21 mai 2009
Increvable (1 an après)
L'année dernière exactement le 18 Mai 2008, je découvrais sur le chemin de la "Tordette", une affiche qui était déjà là depuis un an et sept jours. Soit en Mai 2007, si mes calculs sont bons et les images ne mentent pas. Choc des photos, je vous convie à cliquer pour un petit rétropédalage attestant du vrai de toute cette histoire, (petite histoire, bien sûr ;-) :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/05/19/in...
J'avais promis à mes lecteurs (chéris) que je retournerais en 2009, prendre des nouvelles de notre "increvable" DALIDA. Un an ce n'est rien dans une vie d'Homme, direz vous, certes ! mais un an pour une vie d'affiche livrée à tous les vents et autres hivers et printemps ... (quand on sait que certains graffs vivent une demi-journée à peine) bref. J'avais promis, et pour une fois (vous pouvez me remercier), je tiendrai ma promesse. Je suis donc retournée le 18 Mai 2009 sur les lieux de notre increvable. Juste pour voir...
Rien que du petit ordinaire qui n'empêchera certes pas, la naplète de tourner. Mais on dirait que ça serait comme une métaphore (du temps qui passe). Et ça serait comme si DALIDA s'accrocherait... Pour combien de temps encore ?
Rendez-vous donc le 19 MAI 2010 si l'on survit à DALIDA. Il serait tout de même impensable qu'elle nous survive ! Il va falloir encore attendre. Je sais c'est long mais bon...
Patience ! Patience...
A venir très bientôt (sur vos écrans) "Increvable 2098" remixed by Hozan Kebo. A suivre ici ou là...
Photo : Affiche du "Show Dalida 2007". Vue sur la place (dont j'ai encore oublié le nom !) tout près du parc de la Tête d'Or à Lyon. Ce qui s'appelle résister... Ou insister. Je vous laisse le libre choix du verbe, c'est la moindre des choses et surtout ne comptez pas sur moi pour vous coller ici une chanson de DALIDA. Ah ça ! non ... DALIDA, never, never. © Frb.
20:55 Publié dans A tribute to, Affiches, panneaux, vitrines, Balades, De visu, Mémoire collective | Lien permanent
Voix et volutes
"J’appelle à moi les tornades et les ouragans
les tempêtes les typhons les cyclones
les raz de marée
les tremblements de terre
j’appelle à moi la fumée des volcans et celle des cigarettes
les ronds de fumée des cigares de luxe
j’appelle à moi les amours et les amoureux
j’appelle à moi les vivants et les morts ... "
ROBERT DESNOS. Extr. "La voix de Robert DESNOS" (14 dec 1926), in "Corps et biens". Editions Gallimard 1953.
Ros(s)er la vie en grises volutes. Les cigarettes de Robert D. ne connaîtront jamais, (on l'espère !), le sort de "la pipatati"... Desfois qu'il "leur" vienne à l'idée d'effacer carrément du poème, ces "ronds de fumée", et autres volutes Desnosiennes, pour livrer l'oeuvre enfin, nettoyée des scories, à nos chers têtes blondes. On enlèvera aussi peut-être des manuels, que Robert DESNOS était un mauvais élève, enfin, il n'aimait pas les cours, (ce n'est pas pareil), ni le patriotisme qui s'apprend dans les écoles, préférant lire des bandes dessinées, les revues "l'épatant", "l'intrépide" les feuilletons populaires, (dont Fantomas). Tout ce que les surréalistes nommeront plus tard : le merveilleux dans la naïveté populaire ou plus précisément encore je cite : "la poésie involontaire".
Les poèmes de R. DESNOS, de la fin des années 20's et des années 30's se sont inspirés de cet imaginaire très enfantin. Héros grandiloquents, Far West, et autres invincibles fous d'aventures. Les surréalistes reprocheront à DESNOS certaines oeuvres, oubliant que DESNOS fût d'abord un autodidacte à la vaste culture mais jamais un lettré, ni un savant. Il est vrai que quand DESNOS se lance dans l'alexandrin, celui ci a parfois treize pieds. Quelle importance ? Le treizième n'est peut-être (qui sait ?) qu'un petit vers offert par la maison et jeté par dessus les fagots comme il l'écrira avec belle conscience :
"Je ne suis pas philosophe, je ne suis pas métaphysicien ... Et j'aime le vin pur".
Ah ! l'imprudent ! après la cigarette, les cigares de luxe, le vin pur ! Il faudrait coller un avertissement sur ses livres : "Lire DESNOS nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage". Juste par acquis de conscience. Pas interdire. Prévenir nos jeunes ;-)
DESNOS, L'enfant terrible, le fou de liberté, appelant par sa voix, à minuit triomphant, les breffrois et les peupliers pour les plier à son désir. DESNOS se laissant adorer par des femmes qu'il n'adore pas, qui viennent à lui et obéissent. DESNOS faisant rougir sur ses lèvres les ouragans, gronder à ses pieds les tempêtes...
(Voilà ce qui arrive quand on boit trop de vin pur, quand on fume trop. Plus de bon sens !)
DESNOS appelant les fossoyeurs, les assassins, les bourreaux, les pilotes, les maçons, les architectes. DESNOS invoquant même la chair. (de sa chère) :
J’appelle la chair
j’appelle celle que j’aime
j’appelle celle que j’aime
j’appelle celle que j’aime...
DESNOS invoquant les vieux cadavres, les jeunes chênes coupés, les lambeaux d'étoffes pourrissant, le linge sèchant aux alentours des fermes, DESNOS par sa voix ressucitant les vieux cadavres, DESNOS rendant la verdure aux jeunes chênes coupés, DESNOS recevant les baisers d'ivresse des cyclones, DESNOS revêtant les vapeurs des fumées des volcans...
"Et Les ronds de fumée des cigares me couronnent".
Toujours par le pouvoir presque invincible d'une voix.
Ainsi monte l'appel. Et dans la nuit, la ritournelle, triture son fil*. DESNOS sait pourtant où il va. ( "Yvonne"* !). Il en appelle à tout ce qui existe, existera, gronde ou subsiste. Jusqu'au chaos. La solitude la plus extrême. Ce qui est effrayant dans le chaos, ce n'est pas la menace même, mais l'absence de tout repère fixe. Il y en a un pourtant. Yvonne. La seule que sa voix n'atteint pas. Unique chère (de sa chaire). Cette unique qui n'entend pas :
"Les maçons ont le vertige en m’écoutant
les architectes partent pour le désert
les assassins me bénissent
la chair palpite à mon appel
celle que j’aime ne m’écoute pas
celle que j’aime ne m’entend pas
celle que j’aime ne me répond pas."
http://kl-loth-dailylife.hautetfort.com/archive/2009/05/2...
Photo : Les rôle s'inversent sur cette affiche qui fait un peu penser à certains graphismes fin 60's début 70's, (à certaines images situationnistes entre autres). Supposons que ce soit Yvonne...
"Attendre que quelqu'un veuille bien m'écouter, que quelqu'un veuille bien me comprendre... Ils ne peuvent accepter une idée qui ..."
Une idée qui... Quoi ?
Attendre. Ne pas entendre... A quelques lettres près. Mondes en instance. Irréciprocités. Loi de l'offre et de la demande. Quête incessante... Ici l'affiche épouse le grain du mur. Un visage toise le promeneur d'un sourire mitigé. Des questions sont posées. Essentielles. Vu rue de Crimée (la belle graffée) sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon. Mai 2009. © Frb.
18:07 Publié dans A tribute to, Affiches, panneaux, vitrines, Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent