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samedi, 12 avril 2014

L'aube et la nuit

S’épuiser à chercher le secret de la mort

fait fuir le temps entre les plates-bandes

des jardins qui frémissent

dans leurs fruits rouges

et dans leurs fleurs.

L’on sent notre corps qui se ruine

et pourtant sans trop de douleurs.

L’on se penche pour ramasser

quelque monnaie qui n’a plus cours

cependant que s’entendent au loin

des cris de fierté ou d’amour.

Le bruit fin des râteaux

s’accorde aux paysages

traversés par les soupirs

des arracheuses d’herbes folles.

JEAN FOLLAIN  in  "Exister", Gallimard, collection blanche, 1947

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Le premier mouvement du printemps, une éclosion, surprise dans la fraîcheur de l'aube, jusqu'au profond silence de la nuit et ses hymnes, qui garde avec les fleurs, nos joies perdues, ce qu'il faut redouter, apaiser et enfouir...

 

 

Au jardin : © Frb 2014

jeudi, 20 juin 2013

Color me gently

Sous son pinceau, sous ses doigts, les couleurs, la glaise, le bronze, le métal se pliaient à sa force. Il matait les femmes et la matière pour en faire ses esclaves.

MARINA PICASSO in "Grand père", éditions Gallimard, 2003.

 

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Photos : Modèles vivants simples et dociles en quatre couleurs. Déploiement hors saisons suivant la partition, thématique en voeu pieux (?) gentiment after-punk, je cite:

Que la nature nous protège des taches de peinture, des puissances de la glaise, du métal et du bronze. 

C'est de Dante, je crois  - le manuscrit reste introuvable -  mais on a retrouvé celui-ci :

 

 

Nel mezzo del cammin di nostra vita

mi ritrovai per una selva oscura,

ché la diritta via era smarrita.

 

 

A suivre, peut-être...

 

 

 

Là bas : © Frb 2013

lundi, 20 mai 2013

Une histoire sans parole (ou presque)


Hana no kage

aka no tanin wa

nakari keri

 

ISSA alias Kobayashi Issa. La traduction se trouve au terme de la balade. Si vous êtes trop pressés vous pouvez oublier le printemps et retrouver une saison (de saison), ICI. 

 

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À l’ombre des fleurs

même un parfait étranger

ne l’est déjà plus

 

 

Photo :  Le dire avec des fleurs, dans un jardin, c'est mieux...

 

 

Là bas : © Frb 2013.

mardi, 16 avril 2013

La fleur bleue de Novalis

Je n’ai jamais rien éprouvé de pareil : c’est comme si j’avais vécu en songe jusqu’à présent, ou encore comme si j’étais passé en dormant dans un autre monde ; car dans celui où je vivais d’ordinaire, qui donc aurait prêté attention aux fleurs ? Quant à une passion aussi insolite pour une fleur particulière, je n’en avais jamais entendu parler auparavant.

NOVALIS : extr. Henri d’Ofterdingen, traduit de l’allemand par Marcel Camus, éd. GF Flammarion, Paris, 1992. 

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Tout commence ainsi :

le fils de baron Friedrich Von Hardenberg, alias Novalis nom de plume, décrit un rêve de jeune homme, dans son sommeil, il découvre un bassin aux ondes chatoyantes :

Aussitôt, un souffle intérieur le parcourut tout entier, le réconfortant et le désaltérant. Pris d’un irrésistible désir de se baigner, il se dévêtit et descendit dans le bassin. […] Une sensation céleste inonda son cœur […] Et chaque vague de l’adorable élément se pressait contre lui comme une gorge amoureuse.

Le jeune homme s'ouvrit à l'illumination et dans sa nuit rêveuse, eût une autre vision

Il se trouvait à présent étendu sur une molle pelouse au bord d’une source qui jaillissait dans les airs et semblait s’y consumer. Non loin de là, s’élevaient des roches bleuâtres aux veines diaprées. Le jour qui l’entourait lui parut plus clair, plus doux que de coutume ; le ciel, bleu noir, était d’une pureté absolue. Mais ce qui l’attira d’une manière irrésistible, ce fut, dressée au bord même de la source, une grande Fleur d’un bleu éthéré qui l’effleurait de ses hauts pétales éclatants ; autour d’elle se pressaient des milliers de fleurs de toutes les couleurs et dont les suaves parfums embaumaient l’air. Lui, ne voyait que la Fleur bleue, et longtemps il la contempla avec une indicible tendresse. Mais quand il voulut enfin s’approcher d’elle, elle se mit à frémir et à changer d’aspect. Les feuilles, de plus en plus brillantes, se serraient contre la tige qui croissait à vue d’œil ; la Fleur se pencha vers lui : parmi les pétales qui formaient une sorte de collerette bleue, flottait un tendre visage… Son émerveillement grandissait avec cette étrange métamorphose quand soudain la voix de sa mère le réveilla et il se retrouva dans la chambre familiale que dorait déjà le soleil du matin.

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Je me garderai de vous livrer les interprétations des métaphores sublimes nées dans l'esprit du rêveur Henri d’Ofterdingen, dont vous pourrez apprécier plus vastes scintillements ICI ; je n'étriperai pas d'analyse sigmundienne ou jungienne, ces passages de pure grâce afin de ne pas dévoyer ni trahir la beauté suggestive insufflée par l'auteur, et que vienne à chacun cette folle idée d'unir sa vie à ce printemps portant nos figures pâles dans la campagne fraîche. Puissions nous pressentir la puissance alchimique qui bouleverse les coeurs au point qu'il n'est plus d'autre façon d'imaginer vivre autrement que couché au milieu des fleurs, qui sont toutes bleues quoiqu'on dise, sauf peut-être le myosotis qui est rouge comme le sang offert au saccage pictural des chants surréalistes, ils vénéreront avec d'autres, bien plus tard, la grande modernité des romantiques allemands et les oeuvres visionnaires de Friedrich Von H. alias Novalis, du bleu de la fleur au bleu lumineux de la nuit dont nous nous parerons sans doute.

 

Nota : Les conditions impérieuses du petit monde du myosotis se devant toutes d'êtres remplies, par défaut d'entrer dans le rêve du vieux siècle romantique, nous pouvons prier pour la fleur afin qu'elle ne s'étiole pas trop tôt entre nos mains frondeuses, ou dans nos coeurs gros et avides. 

 

Photo : corolle ouverte, accueillants mais farouches et bizarrement difficiles à photographier, Les mini coquelicots de l'Himalaya ont aimablement posé sur ma pente (et pour vos cimes, en tout bien, tout honneur), si par chance là où qu'il soit, (avec des si), Novalis, feu poète nous faisait la fleur (qui tient notre malheur) de nous rêver au profond de ses nuits plus impérissables que nos jours... Je ne termine pas la phrase, le mystère a son charme.

 

Nabirosina : © Frb 2013

dimanche, 24 juin 2012

Le premier mouvement de l'été

J'ai déjà laissé entendre que rien de ce que l'on peut dire n'est tout à fait juste, mais on peut toujours essayer d'approcher.

JACQUES ABEILLE : "Le cycle des Contrées / "Les jardins statuaires" /  éditions Attila, 1982/ 2010.

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été.jpg feuille.jpgle premier mouvement de l'été,jacques abeille,les jardins statuaires,éléments,ailleurs,jardin,jean louis murat,fugue,été,retrait,s'en aller

 

 

Liens :

Un extrait des Jardins Statuaires, une voix à écouter:

http://www.liberation.fr/culture/06012535-les-jardins-sta...

Le dernier mouvement de l'été, selon la ritournelle :

 http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/09...

 

Photos : Là bas. Au jardin juste après l'orage...

 

© Frb 2012

jeudi, 24 mai 2012

Et la pluie...

Empreintes de pas
sur la plage se prolonge
le jour printanier

SHIKI

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Photos : Plage nabirosinaise, saisie à la saison des pluies, après une nuit de violent orage. On pourrait presque imaginer Masaoka Shiki (正岡子規)  croisant Erik Satie entre deux massifs de corail...

 

 

Printemps © Frb 2012.

samedi, 06 août 2011

Où vont les fleurs ?

Je vous convie donc à voir seulement. Je vous prie de tout oublier à l'entour ; de ne rien espérer d'autre ; de ne regretter rien de plus.

VICTOR SEGALEN, extr. "Peintures", éditions gallimard, 1983.

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Doc Watson § David Grisman : "Summertime"
podcast

Photo : Où vont les fleurs ? Question.

Pigments et parfums naturels ou balade au jardin un matin d'été doux.

© Frb 2011.

dimanche, 01 mai 2011

Envoi (de fleurs, evidemment)

Je vends tout. Accepte mon offre,
Lecteur. Peut-être quelque émoi,

Pleurs ou rire, à ces vieilles choses
Te prendra. Tu paieras, et moi
J’achèterai de fraîches roses.

CHARLES CROS, extr. préface à "Le coffret de Santal, (1879), éditions Poésie Gallimard 2007.

 Pour le dire vraiment avec des fleurs, mets ta souris dans les pétales.envoi (de fleurs evidemment),fleurs,printemps,sentiments,massifs,jardin,jacques rebotier,a tribute to,dites le avec des fleurs,charles cros,poésie,lyon presqu'île

Lien pas forcément utile mais assez agréable :

JACQUES REBOTIER

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http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/03/26/mi...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/09/09/le...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/04/20/le...

Photos : Un "bouquet" champêtre des villes, variations de couleurs sur pétunias vues aux premiers jours du printemps, en traversant le très beau (et cultissime) marché du quai St Antoine situé le long des quais de Saône à Lyon côté Presqu'île.

© Frb 2011.

mardi, 12 avril 2011

Le retour du printemps

Ce que je suis en train de voir n'est pas ce que j'ai vu.

MINOR WHITE

Minor White aurait t-il raison? Pour savoir, il suffit de cliquer sur les images.

printemps0203.jpg"L'homme est un un être doué de saison" me disait un oiseau de Lyon revenu des Amériques, quand goûtant une oisiveté (relative), j'eus la joie de me taire (enfin !), puis surtout d'écouter. Je traversais les champs de graminées (toxiques) du Parc de la Tête d'Or, un livre d'Abeille sous le bras (pourtant ce n'était pas l'été), et puis c'est sous les yeux un livre que ça met, pas sous les bras (quoique celui de Téléf(é)ric Levèrfe peut rester sous les bras, il est aussi bien pratique pour caler les chaises à trois pieds, ça marche extra, j'ai essayé) mais je m'égare, de trames en tram' j'abordais mentalement les peintures d'Avril (Armand) me soufflant sa jeunesse éternelle tandis que je cherchais la mienne et qu'Avril me disait avec la douceur du sorcier et l'accent des Charpennes : "surtout petite ! cours pas après le succès, fais ce qui te plait, prends ton temps"... Un grand voyage à bicyclette sans bouger de mon banc, de Bonnières (sur Seine) au Mont st Clair en passant par la Croix-Paquet, remonter les escaliers de la Colbert, bifurquer sur la Vaucanson, trouver les micocouliers (de Provence) un petit peu maigrichons sur le boulevard de la Croix-Rousse en guise de platanes centenaires, (Lyon n'est pas la Provence, he non !), s'apitoyer sur les pensées (petit bac vers la pharmacie pas loin de la Place des tapis) elles ont l'air tellement moribondes ces pensées, qu'on dirait des soucis, (de Lyon, sont les soucis, comme on dit chez la mère Brazier, comprend qui peut). Dans ma rue il y avait des glycines qui pendaient là, comme tous les ans sur un petit mur séparant le jardin de melle C professeur de piano (rue Denfer), de ma petite cour sur la colline. Sept ans, de lettres à Elise... Et pas une à la perfection, malgré des heures et des heures de patience qui s'écoulaient au métronome. Une petite fille en robe blanche sortait penaude de la leçon. Pendant ce temps là à l'autre bout de la France, printemps toujours...

Sophie, (j'ose, le bon mot) = "empruntant" le plus beau tee shirt du monde superbement porté par un boy de la Mère Castor, Sophie toujours peignant des tas de girafes, tandis que j'enfilais des perles (de pluie ?) en rêveries automnales venues d'un pays où pour mon grand malheur, il ne pleut pas, il ne pleut plus, (Pourquoi il ne pleut pas ? Pleuvra-t-il ? La pluie aurait-elle disparu pour toujours ?). Je me demandais ce qu'elle avait fait (toujours Sophie) de sa grenouille ? vestale d'une TBB (très belle bibliothèque) au secret des archives que je ne retrouve plus. C'est mon jour de promenades dans les très belles bibliothèques, je vais chez les gens, je surveille les livres (ordre du président ! patrouilleuse, un métier d'avenir), ça faisait longtemps que je rêvais de chourrer un escabeau, j'en trouve un qui me tente un appel, puis révélation : dans un petit salon, apparition du plus bel escabeau dans l'univers d'Hozan Kebo, sorry, je n'arrive pas à le lier, il se cache aux lieux dits, l'escabeau, dans les pages du Roger (Lahu sans T !) en cherchant bien, le lecteur adoré (et malin) le retrouvera sûrement (ce sera notre petit jeu de printemps)... Formidable escabeau derrière lequel dansaient de mystérieux lutins à bonnets rouges (Hozan, éclairez moi, qui sont ces gens ?). Digression : Je me demande pourquoi il y autant de possesseurs de livres sur cette terre? Y'en a des, qui rangent certains livres à l'horizontale alors qu'il y aurait tout à fait la place de les poser à la verticale pourquoi certains livres sont à l'horizontale et pas les autres ? Pourquoi tout le monde ne range-t-il pas ses livres bien comme il faut ? Mais encore, je m'égare... Roger et son dessin beau comme une plage aux pastels frêles versées dans le fleuve Grosne, mares de Bourgogne et gnôle pour bigarreaux, à deux pas, on s'allonge sous des voûtes romanes. Plus loin Jean me remuait encore l'esprit avec sa Polonaise, (Ne me demandez pas si c'est une fille, allez donc lire vous même). Iron Ikunst, épuisant les atlas et les dictionnaires se cueillait du lilas mauve et blanc pour lui même et devant ma question (stupide, j'avoue) "Pour quoi  faire ?" me répondait, sans hésiter : "parce que les fleurs c'est joli et que ça sent bon" (une telle réponse ça vous coupe le sifflet tout de même). J'en suis restée comme deux ronds de flan, d'une évidence à en décoiffer un Jacques Brel. L'autre garçon qui s'offrait des fleurs à lui même (c'est assez rare pour être souligné) c'était mon voisin de palier, un peintre étroclite vivant à la Modi, avec des couleurs et des chats (son dernier, égyptien ressemblait à Néfertiti, et portait un petit nom évoquant à la fois le temple de Bubastis et le bruit du train dans un film de Kurosawa). Il s'offrait des lys blanc (pas le chat,le peintre !) des lys blancs et incas "Alstromeria" ou "martagons" il en plantait partout dans des vases transparents. Et même qu'il m'en donnait. Parfois, la nuit ça illuminait notre immeuble sur deux étages, éblouissant ! ils sont partis (le chat, le peintre et les lys blancs) sans dire au revoir, un jour où moi-même je n'y était plus. Allers-retours ? Printemps toujours, là où je ne suis pas. Et mes excuses pour le silence.

fleur0052.JPG Au cours d'Avril toujours, j'appris qu'il y avait des figuiers dans le sud de la France, et aussi qu'Angoulême n'était pas en Bretagne, (on nous cache on nous dit rien) quand soudain, un lapin avec des grandes oreilles comme celles de feu Paranthoën (dont je reparlerai un jour) déboula d'un pré des Ardennes, c'était un lapin qui faisait du porte à porte, (en free style), un lapin qui ne se posait pas, un lapin avec des antennes et des airs échappés des horloges, il avait le béguin pour moi, le lapin (je vous en prie, chers lecteurs, vérifiez, faudrait pas tout gober non plus, bloguer est une fanfaronnade) ; c'est vraiment pas ma veine, moi qui n'ai d'yeux que pour Murat, pas le maréchal d'Empire, très bien aussi mais je préfére l'autre, (marié, père de famille, hélas ! hélas!) mais quel artiste ! Beau comme un vrai coureur cycliste, avec des mains larges, mille palettes qui plantent des cordes de guitares au jardin, glissent aux fourrés une tige d'or picorée d'oiselles, l'oxymore à la sève et des pétales de myosotis voltigeraient dans le coeur des filles. Ce serait ça ou rien...

On apprend de ces nouvelles... Pendant que Dieu créait la femme, (et rendait de plus en plus irresistibles tous les Jean-Louis), Michèle (qui n'avait pas attendu Dieu) inventa la TGBP : la très grande bibliothèque Pambrunique, autant dire qu'à côté, Babel s'effondrait comme un vacherin de chez Tricatel. A la TGBP, je découvrais (non sans surprise) mes propres livres, enluminés à l'or fin, à lire au coupe-papier dans la collection "Rouge et Or Souveraine", illustrés par Julien Doré ou Gustave ! c'est pareil - on n'est pas fille pour rien - pourvu que ce soit doré - ! mille ouvrages (pas moins) en bonne place à côté de Beckett et Cioran, (Michèle ! vous êtes inrcoribrilge ! (je suis sûre que si on vous confiait notre pays, vous feriez chanter "Madame rêve" à tous nos soldats). Certains mots ne lâchent pas, et me voilà à reprendre du service, devant la grande pointeuse (pointilleuse ?) de certains jours, j'ai ma trousse, ma gomme, le carnet d'esquisses, les herbiers brodés d'étamines (ou bordés, comme il vous plaira)... Détraboulage de vélo, jusqu'aux berges du Rhône, en doublant les vélos d'amour (V lov'!). Sur les quais je feuilletais un livre "Comment choisir un rosier sans se tromper ?", "à qui offrir des fleurs ?" (sélection sur dossier). Je pensais à "La rhétorique fabuleuse" mais non ! dans ce contexte la rhétorique, c'est pas un mot bien compliqué, signée Dhôtel (André) maître des balades hasardeuses, entre "Le grand rêve des floraisons" et "Le Vrai mystère des champignons", l'histoire de Stanislas Peucédan et l'improbable belle de onze heures... Je ne résume pas (minute papillon) je n'ai pas fini le livre...

Et moi Stanislas Peucédan, je dis qu'inconcevable à jamais et surnaturel, c'est du pareil au même.

Le postulat est à la fois scientifiquement invérifiable, métaphysiquement vrai. Elles ont un sacré toupet toutes ces fleurs et confirment à nos sens (médusés ?), la présence d'un "rêve impossible avec une évidence insoutenable".

Lve in8.JPGLe promeneur rêverait t-il la même chose que sa fleur ? Au retour du printemps, il y a toi, il y a moi, il y a le monde aberrant, nous sommes ailleurs, dans les fleurs et, pareils aux oiseaux de Thaïlande qui ne meurent pas dans la légende" (comme chacun sait) nous roulerons dans l'herbe molle, et sous nos doigts les coeurs de Marie rougiront comme des jupes espagnoles, après quoi, ne devrait surgir que l'éblouissement de l'amour absolu (et ses préludes émouvants). On s'émerveillera par avance sachant pourtant ce qu'il en coûte, couché sur de grandes vénéneuses, (mais non, ce n'est pas ce que vous croyez) titillements, vrille chercheuse des pois, antennes et reflets d'abdomen, tout cela pourrait nous faire songer à ces êtres qu'on ne nommera pas, aux alchimies secrètes qui attirent les abeilles et nous respirent (faites entrer : messieurs les abeilles, en costume traditionnel. Virez moi ce bourdon (qui ne meurt pas après avoir piqué), ce frelon (et ses grosses mandibules), ces guêpes laborieuses.

"Abusés, par tant de beautés les abeilles se poseront sur les coeurs, pour copuler".

C'est écrit dans le ciel. On rit de ce malheur, on en pleure, (c'est ça les filles, ça rit, ça pleure !), ô pernicieux printemps ! que de beautés et dire soeur Anne, que je ne voyais rien venir ! fus-je, (fussé-je) donc si aveugle ? Ne jurant que par le vent d'Octobre, par le spleen anglais de monsieur Paul, on oubliera les roux voltigeurs de Septembre, pour une fois... Fleurs en coeurs du tilleul, cordifronts, vous m'en direz ! pas une seule des fleurs en photo ne sera clairement nommée. Si vous humez, vous humerez...  On m'annonce que la note expire. Dommage ! juste au moment où j'allais vous faire découvrir le monde secret des exsudats, vous dessiner l'humus, vous traduire, en latin charmillon tout le langage des fleurs, (d'après le livre de Madame Charlotte de la Tour), mais j'ai mieux... Dandelion, euphorbia, black tulip etc ...

"A thousand flowerettes in the sky just for you." Enjoy !

Photos : Au doux langage des fleurs.

photo 1 : Ceci n'est pas une pinte de coucou, La belle jaune à houpette a sûrement quelque chose à nous dire... Ca a l'air compliqué. Ou sinon une idée de coiffure de printemps ? (Espoir)

Photo 2 : Timide comme la violette bleue, mais ceci n'est pas une violette bleue, ou de l'inconvénient des slows avec les haricots. Trop grands pour elle. (Chagrin).

Photo 3 : Ce que vous voyez est-il ce que j'ai vu ? Mais peut-être pas ? (Persévérance ) ...

© Frb 2011.

lundi, 03 janvier 2011

Sur le banc du Marquis

Si l'imaginaire risque un jour de devenir réel, c'est qu'il a lui-même ses limites assez strictes et qu'il prévoit facilement le pire parce que celui-ci est toujours le plus simple qui se répète toujours.

MAURICE BLANCHOT : extr. "Après coup", éditions de Minuit, 1983.

Pour le lecteur qui désirerait lire sur un banc plus frais, il suffira de cliquer sur l'imagebanc du marquis.JPG

Sur le banc du Marquis, je me suis réveillée ce matin et je me suis aperçue que tous les chiffres de l'année avaient été changés sans que je n'en sache rien. La neige avait fondu mais le banc demeurait alcestien, plus que jamais, tout entier, situé en un point précis quelquepart entre "La Quiétude" et les monts du Lyonnais. Sur le banc du Marquis, je me disais qu'il serait bon de ne plus penser à rien, comme il est de coutume sur les bancs. Le froid invitant à plus de lascivité à la mesure du temps et de la neige qui fond jour après jour mais au fil de ce souhait, me venaient à l'esprit des tas de trucs et des tas de machins que je ne pouvais empêcher, malgré ma volonté d'atteindre cet état inséparable de l'être qu'on appelle le vide.

Sur le banc du Marquis, j'ai pensé aux feuilles plissées de l'héllébore, à ce petit jardin d'iris jouxtant, dans la banlieue de Lyon, un immense incinérateur à ordures. J'ai pensé à la loutre marine qui posséde l'une des fourrures les plus précieuses au monde et qui a une manière amusante de faire la planche en écrasant des coques de palourdes contre un galet pressé sur sa poitrine tout en portant à sa gueule le meilleur de ces fruits de mer. J'ai pensé que la loutre marine ferait un excellent casse noix ou un gros casse-noisette qui pourrait épater les copains. Sur le banc du marquis j'ai pensé aux jeux décourageants, de patience, de Max Jacob dans "Le cornet à dés", et puis aux disques de Pierre Henry qui remplissent l'air de rock n'roll. 

 

PIERRE HENRY "Teen Tonic"
podcast

 

J'ai pensé à tous les imbéciles qui composent des musiques rien qu'en tapant sur des casseroles, à Napoléon qui ne se trompe jamais, aux mystères non révélés de la boule de gomme. J'ai pensé aux atomes qui s'entrechoquent et au "Miracle du Saint accroupi" dans "Les minutes de sable mémorial". Sur le banc du Marquis j'ai pensé aux triomphes de la psychanalyse, à cet arbre penché qui penche depuis longtemps à cause du vent, j'ai pensé que je ne savais pas si fallait couper l'arbre ou supprimer le vent. Sur le banc du Marquis, j'ai pensé à ces politesses extrêmes qui cachent les plus grandes agressivités, j'ai pensé à l'irrationnel, aux héros qui ne meurent jamais, sur le banc du Marquis j'ai pensé que je pourrais être marquise ou duchesse réincarnée grâce aux voyages dans le passé, (en servante à la harpe en Egypte par exemple). J'ai pensé aux soucoupes volantes qui perdraient leur attrait si on apprenait qu'elles ont été fabriquées par des ingénieurs de l'aéronautique terrienne, j'ai pensé à ces gens qui n'existent qu'en fonction de l'autorisation de ceux qui se proclament leurs supérieurs, à ces autres gens qui se lamentent à propos de petits problèmes et ne s'en prennent jamais à eux mêmes. J'ai pensé au cauteleux, au figé, aux lézardes et à l'opulence, aux tumulus sableux et aux tombes trapézoïdales. Sur le banc du marquis j'ai pensé à ces "pointilleux" qui ont peur d'abîmer leur voiture. J'ai pensé aux voyages en ville en tramway, aux cacahuètes bouillies, aux sonates et aux interludes. Sur le banc du Marquis, j'ai pensé au Marquis qui posséde les clés d'un langage oublié, à la pierre de Rosette et aux mérites de Ptolémée. Sur le banc du Marquis j'ai pensé, à l'exaltation de la volonté jusqu'à sa désintégration finale, menant à l'imagination la plus anachronique et la plus débridée, j'ai pensé à la noblesse du banc malgré l'absence de particule. Aux redondances du menuet qui navigue entre les billets. Sur le banc du Marquis, j'ai pensé encore aux sonates et aux interludes...

 

JOHN CAGE/ JOHN TENNEY : Sonatas and Interludes
podcast

 

Sur le banc du marquis j'ai soudain cessé de penser, j'ai dû rêver que les chiffres étaient devenus équivalents, peut-être insignifiants et que par conséquent le monde aurait peut-être une forme très différente si personne ne savait compter. J'ai pensé que l'année prochaine aurait lieu avant cette année mais en l'ignorant bien, nul d'entre nous ne devrait pour l'heure s'en soucier. Sur le banc du Marquis j'ai pensé...

Photo : Le banc du Marquis, situé entre la quiétude et les monts du Lyonnais près des dunes et de la forêt (enchantée) jouxtant le château de Montrouan, quelquepart en recoin d'un jardin d'hiver, bien caché au fond au Nabirosina. Photographié aux derniers jours de December.© Frb 2010.

vendredi, 31 décembre 2010

Jour de blanc

 Or ne trouverent ilz point là, sur l'heure, de croye ou de terre blanche pour marquer, à raison de quoy ilz prirent de la farine.

JACQUES AMYOT 

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BEN KAMEN : "Clouds and snow"

podcast

 

Le monde est tellement blanc qu'on se croirait presque au jour de l'an. On pourrait même se souhaiter une bonne année si on osait... Mais je crois qu'on va attendre le retour des animaux... (A suivre)

Photo: Un léger saupoudrage. Neige et fonte des neiges au jardin du Marquis. Nabirosina. Dernier jour de December. © Frb 2010

mercredi, 08 septembre 2010

Requiem pour une feuille pas morte

25 secondes de mouvement perpétuel (ou presque)

 




Nota : Ce modeste antifilm est un clin d'oeil minimal à l'artiste JEAN TINGUELY. (Voir plus précisément le lien ci-dessous) :

http://jeantinguely.artblog.fr/173706/Analyse-Requiem-pour-une-feuille-morte/

Bonus : La musique (de saison), se trouve par ICI. C'est un incontournable, vous pouvez me remercier, je vous ai épargné Yves Montand, (j'ai toujours eu horreur d'Yves Montand ! :)

jeudi, 12 août 2010

La mort en ce jardin

L'idée de faire une peinture ou une sculpture de la chose telle que je la vois ne m'effleure plus. C'est comprendre pourquoi ça rate, que je veux.

GIACOMETTI

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Aujourd'hui est un jour de tristesse et de découragement. Les pavots de Californie sont morts. Les pétales sont jolis au milieu de la cour. Comme quoi la mort peut être assez jolie, parfois.

Photo: Eschscholzia (ou Pavot de Californie). Nabirosina. Août 2010. © Frb.

jeudi, 29 octobre 2009

Echapper bien

"Les bois de hêtres sous ce qui leur reste de feuilles dorées font luire au soleil leurs branchages blancs. Les bouvreuils s'imaginent que midi c'est l'été. Ils se rengorgent et paradent sur les aubépines, mais l'ombre s'est déjà installée pour l'hiver au nord des pentes, les inquiète. Ils vont la voir de près d'un vol rapide, reviennent, s'interrogent, s'essayent à de petits vols d'alouette comme pour s'assurer de la présence du soleil. Les corbeaux s'organisent en grandes allées et venues. L'herbe des près déjà rousse à sa pointe se feutre et s'aplatit. L'homme qui râtelait son regain et est allé dîner a de la chance d'avoir pu gratter encore un peu. Je vis en bonne intelligence avec ce qui m'entoure."

JEAN GIONO "Les grands chemins", editions Gallimard 1951.

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Des chasseurs s'amusent avec une peau de chien. La poste n'ouvrira désormais qu'un jour sur trois. La petite rue est déserte, la grande aussi. "Au royaume de la chaussure" on vend des bottes en daim. On note la fermeture définitive de quatre magasins. Ici, il y a trois docteurs, huit salons de coiffure. Le petit casino est vide, l'intermarché est plein. Dans la vitrine de l'échoppe du fabricant d'huile, quatre immortelles débiles dans un pot en étain. On a fermé le château après le concours hippique. Des hollandais ont racheté la maison du notaire. Le chef de gare a pris une année sabbatique. La femme du Joanny court avec le Clotaire. Au cinéma on rejoue "les chtis". Des gamins ont tagué le portail du cimetière. On prévoit quelque randonnée sur le chemin des chouettes. Le baromètre descend. On a vu la Paulette. Le banquet des conscrits aura lieu à midi. L'usine en a encore licencié trente. Deux femmes causent à la pharmacie du neveu de mademoiselle Branche. :

"Il disait qu'il voyait des amours blancs dans la Bourbince. Ils l'ont emmené à La Cellette. Des amours blancs offerts par Marguerite-Marie, sa femme est repartie vivre à "La coquille"".

"Le pauvre homme ! Le pauvre homme, y doit se sentir bien seul"

"Ah oui ! c'est malheureux, c'est malheureux! finir comme ça !"

Je remonte le chemin entre Montrouan et Ozolles. Un panier d'osier à mon bras. Le marquis souhaiterait me montrer des girolles qui poussent dans les bois. Des girolles ou Girole, roussote, jauniré, ou même gallinace, chanterelle orangée. Le marquis est jovial, il arrive en poney. Les plis de la girolle me font beaucoup d'effet. Le marquis souhaiterait me montrer des bolets. (Boletus splendidus, à chapeau gris, ou rose ; boletus satanas, le monstre à pied renflé). Nous marchons gentiment sur des feuilles mouillées. Je sais que les bolets ne poussent qu'en été, ou bien à la rigueur au début de l'automne mais dans les régions chaudes. Le marquis me prend par la taille. Il s'arrête pour me dire des choses avec les yeux. Des choses qui ne se disent pas avec le langage. Marguerite-Marie flotte dans mes cheveux. Il y a des écureuils qui jouent sur les noyers. Des écureuils, et des chatons. Des chemins par milliers. La brume me rappelle mes vacances aux Ardennes, sous le pis des nuages, les Ardennes au mois de Mai. Un nuage s'en va, un bois de hêtre vient. Dans les champs, Marguerite moissonne des bleuets. Je vois des bolets blancs fondre sur les genêts. J'esquisse un pas de danse sur une pomme d'amour. "Je vis en bonne intelligence avec ce qui m'entoure".

Photo : Ce jardin. Nabirosina. Octobre 2009.© Frb.

mercredi, 26 août 2009

Battre la campagne (1)

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Cet argotisme est certainement une corruption de battre la campane (campana) battre la cloche. En effet, "les sonneurs ne s'entendent plus parler quand ils sonnent les cloches à toutes volées".
Cette expression aura passé du propre au figuré pour désigner un homme étourdi, ou égaré (?) ne sachant plus ce qu'il dit. Peut-être l'expression étourdi n'a-t-elle pas d'autre origine. Peut-être un vent étourdi aura tant battu les brésars, que les feuilles ne s'entendant plus bruisser, sont tombées dans un traquenard ?

Cela dit si vous n'aimez pas battre la campagne pourquoi ne pas rouler du gris et battre le pavé ICI ?

Photo : Au jardin juste après l'orage. Quelques feuilles d'automne égarées sur un sol d'été. Reste à savoir si le gris bleu traquenard mangera la minorité ocre ? Réponse dans quelques mois. Nabirosina, Août 2009.© Frb

samedi, 04 juillet 2009

Des attraits

"Mademoiselle Ferrand (1) sentit la nécessité de considérer séparément nos sens, de distinguer avec précision les idées que nous devons à chacun d'eux, et d'observer avec quels progrès ils s'instruisent, et comment ils se prêtent des secours mutuels".

ETIENNE BONNOT DE CONDILLAC. (1714-1780) Extr de "Allégorie de la statue" in "Traité des sensations" (1754).

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Il fait à Lyon, presque 35°, (malgré ce jour antidaté, il fait presque toujours + de 35° à Lyon, l'été). Les jeunes filles (et les vieilles aussi ! ah ça !) vont se rafraîchir au jardin, doucement elles longent les arcades, où les statues en petites tenues (voire sans tenue du tout) tentent toujours (avec l'énergie du désespoir de la statue) d'attirer le regard des passants, des passantes surtout et à défaut d'amour, d'affection, elles espèrent, (comme si une statue espérait), être vues et que peut être ailleurs, on parle d'elles. (Là, je me fais l'impression de ces gens qui sans vergogne mettent des manteaux à leurs teckels et font parler leur chat à la première personne du singulier, mais les statues c'est pire que les animaux, quand ça vous regarde c'est froid et pourtant ça vous regarde), foin de poncifs. C'est pourquoi il a très bien fait CONDILLAC d'imaginer une statue qui serait admettons, organisée à l'intérieur tout comme nous et même mieux qui sait ? ... C'est donc ainsi, amollie, par le souffle suave, (Hozan, ne lisez pas ! :) de mon contemporain, recherchant son point d'eau, son bol d'air, dans cette chaleur crasse, ainsi qu'en promenade avec Mademoiselle Ferrand (1) (Une grande amie d'Etienne), nous cherchions, nous aussi notre coin: des balancelles, une pergola, ou simplement l'ombre au jardin du palais St Pierre, en quête d'un brin de fraîcheur pour manger nos bichons au citron de chez la mère Machin qui en fait des bien bons par la rue Ferrandière. Tandis que Melle Ferrand me parlait de la vie, de la mort, de la paix, de la guerre, tandis je rêvais de frimas, de brouillards et d'abominable homme des neiges, au moment où lassée par tous les boniments de Melle Ferrand (elle est gentille mais quelle pipelette!) ; excédée et levant les yeux vers le ciel ; je croisais, (comme pour me faire ma fête), le regard lubrique et le geste cru d'une statue aussi fanfaronne que muette... "Oh my god!" hurla melle Ferrand outragée qui se sauva en courant, laissant choir son bichon dans l'herbe. "A t-on déjà vu chose pareille ?" murmurai je, toute tourneboulée par l'outrecuidance du goujat qui me dévisageai hardiment sans pourtant battre des paupières.

Mais peut-être s'agit il de tout autre chose ? Car ici la chaleur rongeant notre surmoi (si féroce, d'ordinaire), il ne reste plus que les affres (de la chair ! quelle horreur !), et les élans de l'âme ne parviennent plus à se hisser au dessus de la ceinture. Mais, est-ce inconvenant ? Ne dit-on pas que les statues ont aussi leur métamorphose ?... D'ailleurs me vient une toute autre question, comment dit-on "statue" au masculin ?

Sur ce, amis lecteurs, je vous laisse avec la question. J'avais prévu de vous raconter l'histoire de "dindonne et dindon", mais l'esprit vaque ailleurs (vacailleur ?) en ces lourdes chaleurs je retourne à l'Adam de Rodin qui attend de pied ferme son couple (déjà !) mythique (Monsieur Solko au bras de Mademoiselle Camay, pour la bonne cause évidemment, n'allez pas croire...) armés de gants de toilette, de serviettes parfumées pour faire mousser la pomme de l'Adam de Rodin, sous "la savonnette de juillet".

Photo : Une statue pas comme les autres. Une statue un petit peu "marseillaise" dirait-on. Photographiée en mangeant mon bichon, Sous les arbres au jardin du musée St Pierre. Pour connaître la suite, (le futur) il suffit de caresser l'image.

 

Lyon © Frb 2009