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mercredi, 16 janvier 2013

Tronche de neige vue par HK/RL

Allez zyoup faisons trembler la tronche de neige !

HK/RL : extr. de "tout un tremblement", éditions des Fondus de Manège, 2013.

 

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Montage : Les correspondances derviches (for myope's people only).

 

© HK/RL 2013. Production le Marc® (Mouvement d'Art Rural Contemporain®)

dimanche, 30 septembre 2012

Les errances du modèle (I)

Je suis vague comme la mer ; je flotte comme si je ne savais où m'arrêter.

LAO-TSEU, extr. Livre I -XX, in "Tao Tö King" (ou Tao Te king ou  Tao Teh Ching) "Le livre de la voie de la vertu", traduit par Stanislas Julien à découvrir intégralement ICI

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 Il allège, il s'abrège, il marche sur les sentines embaumées d'aromates, il prend le large saute la haie une feuille de houx sur les lèvres il marche pour un appeau affine les frontières il marche entre les phares il marche à pas chassés il marche sur ses collègues.

Il marche pour des sommets, il marche sans s'arrêter un fleuve hante son geste même s'il ne paraît pas demeurer sur la rive même s'il paraît s'y perdre il marche dans un musée il part à la recherche d'un secrétaire perpétuel.

Il marche sur des falaises pour le bruit du ressac troublé de vents contraires poussé par la galerne contemple les traînières il marche sur des ressorts pour voir bouger le nerf dans les filets de pêche de cent mugilidés.

Il a dit : "je serai l'homme qui marche" qui titube et perd pied il s'éloigne il arrache ses racines les disperse autrepart il marche sur des quais par les rues encombrées sa marche est inventaire il passe entre les creux d'un lit prisant les feux ou fragmente son verre contre un cri de colère brisant les rondes aimables puis il se radoucit.

Il prend sur lui la pluie les brumes et la tempête il marche dans l'oeil pugnace qui le prend pour un autre il contourne le rire de ces foules les bourrades il marche loin de ces langues qui morcellent le jour tenant encore l'injure pour une délivrance.

Il marche fuit les truelles les engins à chenilles  vibrantes et compactées qui tourmentent l'univers l'entaillent le plissent l'emboutissent il marche jusqu'à ces temples qui cimentent le ciel avec la terre  il marche pour se défaire des torchis de leurs guerres il tourne les talons à ces pieds alignés caressant les moquettes au salon.

Il marche dans la salle à manger dans la chambre dans un hall il marche dans la cuisine à la recherche d'un paquet de chips il marche près des buvettes au milieu des canettes il marche sur les franges des rideaux d'un hôtel et sur les perles roses d'une fille menée par le tempo il marche près des massifs des jardins impériaux il porte à son blason un céleste vitrail marche dans sa lumière

Il marche pour le présent grisé par la promesse "du petit bout de chemin ensemble" il marche de la vie contre la mort pipant en travers elle avant qu'elle le reprenne il marche solitaire dans la blessure la mort de l'autre qui le fera payer courir rire et pleurer il marche sans retenir ceux qui lui portaient peine et ceux qui l'ont aimé ou l'aimeront à nouveau il marche dans sa reine sous un dôme de trois cent quatre vingt quinze mètres il marche sur des fossiles marche comme on se relève d'un sommeil troublé par des monstres aux poumons secs cousus de gueules avides transpirantes.

Il marche dans un tunnel juste après l'accident marche comme un enfant que le premier pas émerveille il marche dans un couloir entre deux infirmières.

Il marche dans la combine marche avec ceux qui règnent marche à pas d'échassiers il marche sur un autel il marche de Bellême à Couronne, dans la forêt d'Ecouves pour voir un éperon rocheux repartir aussitôt il marche pour le schiste bitumineux il marche dans la question qui tournera longtemps il marche devant tout le monde pour se poser devant un drôle de monochrome la marche pourrait cesser ici. Pourtant.

Il marche sous des voûtes gardées par une fraternité d'hommes qui doutent il marche sur des prières qui redresseraient son corps s'il les savait par coeur il marche pour fuir cela il marche une pochette en carton sous le bras jusqu'à la librairie de la rue de Belfort il marche comme un soldat au delà des fossés trop larges il marche entre les arcades d'une cité universitaire rêvant de perdre la parole marche pour disparaître voudrait réapparaître là où on ne l'attend pas il marche il aimera ses arpents plus que le soleil.

Il marche au bras des égouttiers qui ronronnent sur la ville en roulant des salives aux reflets d'arc en ciel il marche sur une route il marche comme Gulliver il marche sur des plages par les cours d'eau tranquilles foulant des coquillages, à l'affût des sirènes. Il marche pour ces naufrages qui n'en n'ont jamais l'air il marche contre l'aisance pour l'exception qui passe ne s'efface pas ne sait promettre promet effacera il marche loin des cloisons cerclées de minimoog il marche chez les pop dans les pipes et la poudre.

Il marche pour revoir les contrées que l'été n'a pas pu assécher il marche pour approcher ce qui ne peut se dire il marche sur des pays qui se détruisent dès lors qu'on les traverse il marche contre ce mot roulant dans les tranchées jusqu'aux plis de la paume qui caresse en secret des marges infrangibles.

Il marche sur l'Espagne et ses auberges tristes il marche aux côtés d'un ami insolvable et cupide il marche sur des croustines beurrées avec amour il marche dans sa meurette portant son CV d'homme-sandwitch  tourne autour d'un bordel avec des idées noires.

Il marche vers la mer crachant des étincelles tire son char jusqu'aux digues où se meurent les hétérocères il marche pour des sauteries arrangées de cocktails il marche pour le champagne il marche dans ces pailles aspirant les framboises et le jus des sanguines marche au mât de cocagne marche cherchant son île percée par des soleils empestés de furies il marche sur l'eternit marche comme la souris chassait entre les huis d'une geôle le mauvais rêve

Il marche derrière l'amour comme l'agneau s'abreuvait aux lèvres de la petite il marche dans la fontaine marche pour la rouquine qui se perd dans la foule marche pour une fausse blonde vêtue comme une tigresse marche pour une brune sympa qui tapine en Lancia il marche pour une princesse découvrant sous son pois des mires délicieuses il marche les yeux fermés il marche entre les bornes kilométriques tramant l'attaque d'un train de marchandises.

Il marche sur un passage sans ménager son âge il marche de l'impasse aux sentiers à l'aguet de la menthe du thym de l'aubépine il marche à la campagne dans la laine jonquille des épervières en cyme.

Il marche sur l'ardeur comme un faisan blessé perd ses plumes dans ces baies goûte la mûre cède au buisson entier marche sur les bouquets fanés entre les tombes s'y dore près de ce père qui lui apprenait à marcher il marche bercé par le son brut d'une locomotive dans la prospérité des fleurs des plantes des animaux il marche par ces travées pour y faire l'inventaire de ceux qui marcheront sans but il marche sur des tisons battant l'air à brûler un fourneau de miel de bleuet dans sa pipe il marche dans les billettes et les goussets d'azur il marche comme s'il pouvait marcher sur le déluge naviguer dans la terre sur des patins d'osier.

Il marche dans la tête une pointe de plomb fixée sur la verticale épurée d'un plan de monastère
, il marche sur l'histoire il marche sur ses ancêtres et tandis 
qu'il s'allège marche pour confirmer la dispersion il marche pour qui l'approche participe au mouvement céleste, ainsi le verrait-on inexplicablement marcher dans les nuages.

Il marche déjouant la durée il marche comme un page au guet des servitudes marche pour l'approbation marche chemin faisant il marche brouillant ses traces marche en petits fragments détachés parmi d'autres peut-être semblables  
il marche comme l'ange tombé hier de son balcon anônnait un chapelet de prières glossolales il marche jusqu'au péage rêvant d'épargner ses forces vitales pour marcher au delà marcher toujours encore et ne pas s'effondrer au prochain portillon.

 

 

 

 

Nota : Pour retrouver la suite des errances du modèle il suffit simplement de cliquer dans l'image.

Photo : Fragment de filatures, et autres vies modèles, le modèle en partance a été un instant saisi marchant, sur la rue penchée de la république (c'est pas complètement faux qu'elle penche la république et la rue aussi ça va ensemble peut-être) un léger flag' de fugue aux heures hyper-pointées, Le modèle est un poème-fleuve, il ne faudra pas l'oublier si d'aventure vous en suiviez un quelquepart il vous mènerait à coup sûr au pays qui ne s'arrête jamais. CQFD...

 

Lyon-Presqu'île © Frb

mercredi, 04 juillet 2012

Rouler les mécaniques

Le vélo est une machine à remonter le temps

Ce n'est pas H.G Wells qui l'a dit, c'est un autre, bien après notre Georges. Lequel ? Perec ! voyons ! c'est pas Perec non plus, c'est de Eric Fottorino, auteur d'un petit livre vigoureux approuvé par la Rossinante, on ne sait sur quelle départementale.  Vu que c'est la saison du tour, et des congés payés, j'ai la présomption de recommander ce petit livre aux lecteurs, je ne fais pas souvent des recommandations, au moins pour conjurer les bouchons ! nous pouvons nous offrir cette noble ascension, la petite reine y sera vénérée, le livre s'appelle "Petit éloge de la bicyclette", il coûte pas cher, juste 2 euros, il a été édité chez Gallimard en 2007. A noter sur le même braquet, la parution du Paul Fournel avec son "Anquetil tout seul" aux éditions du Seuil à un prix raisonnable, mais hormis l'effeuillage de pages régalantes dans la douce atmosphère de la librairie "Passages", je n'ai pas encore lu le Paul Fournel en entier, toutefois je crois que ce n'est pas un abus de le re-préciser : chez Paul Fournel, il n'y a rien à jeter... Par la grâce de l'archive, sur le sentier battu du "je me souviens", j'installe la Youkette et invite les lecteurs, (ceux qui ne sont pas sur la plage), à prendre place sur dans le porte-bagage panier à côté de la Youkette, afin de roder ce beau vélo Mercier, et le Kway de la Janine, flambant comme un soleil, les sandalettes dans les cale-pieds,  et hop ! en route pour le passé.

velo_0014.JPGJe me souviens des routes pentues de La Chalosse, et plus encore des Pyrénées, je me souviens du pignon fixe qui oblige à pédaler sans jamais se mettre en roue libre, je me souviens de Eddy Mercks et du beau castillan Ocana, je me souviens des voix de ces gars à chapeaux en cartons griffés "Dauphiné-Libéré" criant "Allez Poupou !", (mais je croyais que c'était pour bibi à l'époque j'allais en poussette), je me souviens de l'affaire Festina en 1998, et des larmes de Virenque, je me souviens des voitures-balai et des klaxons à l'italienne, je me souviens de notre Bernard régional dit "Nanard" (est-il frère de... ? C'est un mystère) né au lieu-dit (ça ne s'invente pas) du "Guidon" à St Julien de Civry, en Nabirosina, je me souviens de cette phrase de l'Emile (lequel ?) Cioran, pardi ! hénaurme grimpeur dès ses premiers ouvrages Cioran, "philosophe et cycliste" qui parcourait la France en pédalant, et disait le plus sérieusement du monde "on pense à vélo", ça a l'air tellement bête à lire qu'on dirait chouïa du Michel Drucker (je n'ai pas dit que Michel Drucker était bête, ah non ! non ! n'allez pas mal interpréter, je n'ai pas les moyens ni l'estime de moi assez sûrs pour vous instruire sur la bêtise d'autrui) mais n'empêche qu'en le pensant de concert ("à l'insu de leur plein gré") Cioran et Drucker avaient drôlement raison, je me souviens que Cioran (je le préfère à Drucker, y'a pas photo, si, justement !) il écrivait à vélo, d'autres petites choses guillerettes pas piquées des vers (si j'ose dire). Extrait :

Du temps que je partais en vélo pour des mois à travers la France, mon plus grand plaisir était de m'arrêter dans des cimetières de campagne, de m'allonger entre deux tombes, et de fumer ainsi des heures durant. J'y pense comme à l'époque la plus active de ma vie.

("De l'inconvénient d'être né")

Je me souviens de la première étape du Midi-Libre en 2001 qui s'appellait, "Gruissan-Saint Cyprien", elle faisait 181 km, et puis je me souviens de la deuxième étape, Saint Cyprien-Pézenas, elle faisait 190 km, (tout le monde s'en fout, n'est ce pas ? Tant pis je suis partie, comme le coureur qui a déjà tout perdu,  continue, vaguement de rouler pour le panache, les cyclistes comprendront.)  Je me souviens du (vieux) nouveau vélo de Nicolas Sarkozy (comme c'est pas un vélo couché, on va pas s'étendre sur le sujet), juste peut être regarder le prix, histoire de relativiser avec mon pijot millésimé "Junior 1993", que j'ai touché pour 20 euros aux magasins de sport humanitaires une recyclerie nommée  Bric à brac des sans abris, ("maouahaaaah !" répondrait l'inimitable Sophie K. que j'aimerais tellement voir un jour bricoler mon vélo), je me souviens du réparateur (de vélos, eh ben oui !) un minuscule local baroque, qui n'était pas loin de la gare des Brotteaux, tenu par un pépé, il prenait pas trop cher, il avait un commis troublant qui réparait bien les vélos (surtout le mien, pas le commis, le vélo, que dis je ?), ce souvenir me tuera, aux yeux bleus de braise, (pas le souvenir, le commis) tout nu sous sa combinaison en suédine bleu pétrole (houla Gisèle ! cte corrida!) bon, j'arrête là. Je me souviens de mon grand ami et poète, le Maréchal Olive Prince de sa Rossinante, partant faire le Paris-Berlin dans la neige, il n'y a pas si longtemps et je me souviens toujours du même, avec sa petite reine étincellante (Rossinante, on a dit, suivez un peu !) arrivant sur le cours Emile (si c'est pas le cours Emile Cioran c'est donc l'autre), lors d'un Paris-Espagne ou le contraire, avec les vraies fleurs espagnoles dans son pédalier assorties à ses chemises balinaises (c'est un peu compliqué, je sais, nous en reparlerons, bien que ce soit pas écrit dans le ciel), je me souviens de Dino Buzzati (le Ka...masutra du vélo) suivant le Giro 1949 (enfin pour tout ça je n'étais pas encornée mais je me souviens quand même) comparant la finesse des boyaux des vélos à des serpents.

Je me souviens de la crème "Musclor Relax" et puis du "Liniment Sloan" produit-miracle ("good for man and beast") que feu mon père, le plus élégant coureur cycliste du système solaire, utilisait en surabondance, je me souviens que le Liniment sentait si fort la térébenthine que pendant des semaines toutes les affaires dans la maison, nos yeux, nos cheveux, les aliments, semblaient avoir été trempés dans des citernes géantes de "Liniment Sloan", je me souviens du col de Menté depuis le pont de l'Oule (1349 Mètres, seulement) et je me souviens d'Alfred roi du cyclotourisme, et j'y pense, mais dites, moi, vous qui buvez ces paroles religieusement et roulez à vélos depuis la tendre enfance, en est-il un seulement parmi vous qui pourrait me dire s'il se souvient de ce brave Arsène Millocheau ?...  (Ne répondez pas tous en même temps s'il vous plaît, eh ! eh... !).

Nota : Je remercie E. Fottorino de m'avoir soufflé ça et là un ou deux vrais et faux-vrais souvenirs via le "Petit éloge de la bicyclette". Vous saurez peut-être prochainement pourquoi j'ai choisi de traiter le sujet à la mode de Perec, bien qu'on soit loin de rassembler 480 "Je me souviens" sur le thème du vélo, sans vouloir me vanter, en cherchant bien et en collectant les souvenirs des uns et des autres je crois qu'on pourrait y arriver haut la main...  Je coupe le billet en deux, (même là, je sens que c'est encore trop) parce je sais qu'au début du col de l'été en pleine période de soldes c'est difficile de lire, des billets aussi intellauds surtout quand il y en a des tartines, (en hiver aussi ? Ah bon ?) et pour me faire pardonner, je glisse dans vos musettes à côté du gateau de semoule, quelques liens salutaires dans le désordre :

 

En écho avec le billet suivant ou précédent (suivant la logique de chacun):

http://videos.arte.tv/fr/videos/luc_moullet_eloge_de_la_b...

Incontournable :

http://tour-de-france.sport.francetv.fr/?gclid=CJHW6o31_K...

Pratiques et utiles :

http://www.on-avance.fr/fr/dernieres-nouvelles/articles-d...

http://www.pignonsurrue.org/spip.php?rubrique45

L'indispensable du vélocipédiste lyonnais:

http://www.lavilleavelo.org/

Autre idée de lecture:

http://www.franceculture.com/oeuvre-ubu-cycliste-de-alfre...

Georges est formidable:

http://issuu.com/editionsgrainsdesel/docs/apercu_velo?mod...

Les copains d'à côté aussi:

http://chatmouettes.fr/

S'il y a un billet à lire ou relire avec attention, c'est sûrement celui-ci:

http://off-shore.hautetfort.com/archive/2010/05/22/jarry-...

 

 Photo: La Jeanine Longueaux et la Youquette, en préparatifs du mythique tour de Lyon, photographiées sur l'esplanade René Vietto... à... ???

Je laisse Monsieur André Robert Raimbourg vous le confirmer.

 

 

 

 

 

Remerciements : Vous pouvez me remercier,  je vous ai épargné l'effroyable Yves Montand, avec Paulette, c'est dommage que ce soille lui qui chante parce que bon, la chanson en elle-même serait pas mal enfin ...

 

Lyon © Frb 2012.

samedi, 10 mars 2012

Des fourmis plein la tête (part 4)

A propos de quelques questions recueillies au hasard dans les livres et dans les magazines. La suite...

Pour accéder aux séries précédentes, il suffit de cliquer sur l'imagefourmis.jpg

Les jeux sont ils faits ? 1 milliard est égal a combien de milliers ?  Qu'est-ce qu'un instant décisif ? Le bicarbonate de soude peut-il remplacer un bon dentifrice ? Avez-vous eu une enfance normale ? Le philosophe pense t-il lorsqu'il descend les poubelles ? Madame Bovary  est ce vous ou moi ? Croyez-vous à la métempsychose ? La mélatonine supprime-t-elle le décalage horaire ?  Les extraterrestres sont ils parmi nous ? Où se se situe l'ailleurs d'où l'on ne peut s'enfuir ? Comment la pensée va-t-elle se contraindre à ne pas pouvoir rester indemne à l'indifférence qu'elle risque de susciter ? Est ce qu'il y a un ailleurs ? Un jeune qui tue ses parents est-il fou ? Faut-il bloquer les prix, voir les encadrer ? Qui est luc Brossolet ? Dois je me laver les mains avant de toucher mes yeux ? En quoi la ghréline est elle l'antagoniste de la leptine ? Ai-je mérité mon sort ? Ou vont les fleuves ?  Vivons nous pour comprendre ? La percussion est-elle forcément musicale ?  Qu'est ce qu'un mécanisme de solidarité à distance ? Qui a peint le plafond de l'opéra de Paris ? Tromper son mari est-il bon pour le moral ? Comment dépasser l'art ? A quel moment doit-on cesser d'aider quelqu'un ? Peut-on tabler sur des valeurs sûres ? Pourquoi cette palabre sur la structure ? Combien d'argent dépense-ton en une vie pour son confort ? Quelle est la difference entre les termes de "race" ou "d'espèce" ? Qu'est ce que la chromatographie sur couche mince ? Que faire quand on traverse une mauvaise passe ? Vous sentez-vous trahis par François Hollande ? La contraception masculine, on en est où ? Quelle est la différence entre "la variation" et "la variation infinitésimale" d'une quantité de chaleur ? Comment me procurer la liste de tous les produits agricoles qui existent ? Que serait l'homme sans l'angoisse ? Comment factoriser 2a+2b-2c  ? Faut-il éplucher les coings pour faire une bonne gelée ? Sur quel tableau de Dali peut-on voir Lénine ? Est-il possible de suivre la cinétique des acides gras volatiles dans une fève de cacao ? Qui travaillerait pour rien ? Dans quelle ville se trouve l'Ermitage ? Le syringa est-il une fleur ? Et si les banquiers faisaient la sourde oreille ? Pourquoi les autres occuperaient-ils une plus grande place dans notre coeur que dans notre budget ? A partir de quand vous êtes vous aperçu que votre femme vous trompait ? Qu'est ce qui est impossible au poète ? Quel vin boire avec un magret ? Pour ou contre les maisons closes ? Comment peut-il en être ainsi ? Comment peindre le bleu ? Quel est le rapport (vu sous l'angle du processus) entre l'hypnose et la méditation ? Quel préfixe indique-til la privation ?  Le lynx est il un  animal protégé ? Qu'est ce qu'un mentat ? Comment dois-je m'y prendre pour fabriquer des fringues avec des sacs papiers ? Ecrit-on  "s'en sonner" ou "sans sonnets" ? Comment passer d'une formule topologique, à une formule semi-développée ? Pourquoi n'y a -t-il pas de "e" à la fin de "en aparté" ? Si un siamois meurt est ce que son frère siamois meurt aussi ? Qui décide des abréviations ? Sommes nous enfin entrés dans la campagne présidentielle ? L'enthousiasme est-il suffisant ? Qu'est ce que la mystagogie ? Pardon

 

 

Photo : Métamorphose du castor, qui s'est déguisé en cravate de Gilbert Bécaud, à l'envers (pas Gilbert Bécaud, les pois de la cravate) pour passer inaperçu, le lecteur plein de sagacité l'aura deviné, enfin bref, ceci n'est pas une fourmi, ni une pipe qui revient du ski, quoique de loin... lézardant - on ne se refuse rien - sur une sorte de plaque ornementale, à peu près ras les pâquerettes (des milliers, bien sûr, à venir, que nous cultivons avec soin, hors champ). Ce street-art est peut-être en pochoir, n'est ce pas ? Et je remercie l'artiste au passage, d'avoir remis ça un petit peu partout dans la ville. J'ai photographié la bestiole, place du Maréchal Liautey, dans les quartiers chics à Lyon (6em arrondissement) près de la mythologique "Forêt Morand. Mythologique ? Non. Par respect pour Monsieur Marcel Rivière, j'écrirai "photographié près de la mythique". Ne soillons point tout trop cuidants.

 

© Frb 2012.

jeudi, 16 février 2012

Ici c'est ici

Offerte à la nuit qui de toutes parts déborde et envahit le jour lui même à cette nuit qui nous dessine et nous allonge ici toute chose se tient debout sur son ombre entre un envol toujours futur toujours déçu et la chute vertigineuse ici c'est ici

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que les solitaires qui se cherchent les peuples déchirés les astres volants en éclats se rejoignent et se passent le mot sans le comprendre ici sur le seuil de ce temple au fronton écroulé autrefois résonnant de conseils aujourd'hui plus éloquent encore d'être muet nous savons qu'il n'y a rien à connaître sinon l'enchaînement fatal des questions lancées à tous les murs d'où ne revient que leur écho et que tout est à redouter des ruses de l'espace car ce triomphe à l'horizon étincellant ce gage l'espérance enfoui dès l'origine au fond de notre espèce n'est plus qu'un vaste oubli d'or et de feu où les poussières de la vie et de la mort  pareilles aux nombres-tourbillons dans le creuset des machines géantes ont enfin démasqué cet ordre illusoire ce séjour inutile et superbe sans raison condamné à retourner toujours et toujours sur lui-même cendre et brasier fuite et fureur comme une phrase ressassée.

JEAN TARDIEU, "Ici, c'est ici" in "Le voyage sans retour", extr de "Les tours de Trébizonde", éditions Gallimard 1983.

Les portes ont -elles une âme ? Pour le savoir il suffit de cliquer ci-dessous :

http://www.ina.fr/fresques/artsonores/liste/recherche/lie...

Photo :  Ceci n'est pas une porte-fenêtre. Quoique... Photographiée par Paul, là bas, plus loin / - ça paraît loin, soeur Anne !  / - mais pas plus loin qu'ici, mon enfant !  / - alors loin c'est ici ? qu'on demande / - bof bof, j'y sais ni trop ! qu'a nous fait / - eh ben, moi, j'insiste pour que les portes soient fermées, chaque pièce, doit avoir son usage propre, délimité. Ma topique subjective est la fois celle des fenêtres ouvertes et de la chambre à soi et toc !" qu'il rajoute, Jean-Bertrand sitôt virtualisé, sitôt transformé en Jean Baptiste par la plume assurée des gougueuilles (et la cnaf perturbateur since 1789) qui osent toutes les métamorphoses auxquelles on croit dur comme fer comme à rien.

© paul / frasby 2012.

lundi, 03 janvier 2011

Sur le banc du Marquis

Si l'imaginaire risque un jour de devenir réel, c'est qu'il a lui-même ses limites assez strictes et qu'il prévoit facilement le pire parce que celui-ci est toujours le plus simple qui se répète toujours.

MAURICE BLANCHOT : extr. "Après coup", éditions de Minuit, 1983.

Pour le lecteur qui désirerait lire sur un banc plus frais, il suffira de cliquer sur l'imagebanc du marquis.JPG

Sur le banc du Marquis, je me suis réveillée ce matin et je me suis aperçue que tous les chiffres de l'année avaient été changés sans que je n'en sache rien. La neige avait fondu mais le banc demeurait alcestien, plus que jamais, tout entier, situé en un point précis quelquepart entre "La Quiétude" et les monts du Lyonnais. Sur le banc du Marquis, je me disais qu'il serait bon de ne plus penser à rien, comme il est de coutume sur les bancs. Le froid invitant à plus de lascivité à la mesure du temps et de la neige qui fond jour après jour mais au fil de ce souhait, me venaient à l'esprit des tas de trucs et des tas de machins que je ne pouvais empêcher, malgré ma volonté d'atteindre cet état inséparable de l'être qu'on appelle le vide.

Sur le banc du Marquis, j'ai pensé aux feuilles plissées de l'héllébore, à ce petit jardin d'iris jouxtant, dans la banlieue de Lyon, un immense incinérateur à ordures. J'ai pensé à la loutre marine qui posséde l'une des fourrures les plus précieuses au monde et qui a une manière amusante de faire la planche en écrasant des coques de palourdes contre un galet pressé sur sa poitrine tout en portant à sa gueule le meilleur de ces fruits de mer. J'ai pensé que la loutre marine ferait un excellent casse noix ou un gros casse-noisette qui pourrait épater les copains. Sur le banc du marquis j'ai pensé aux jeux décourageants, de patience, de Max Jacob dans "Le cornet à dés", et puis aux disques de Pierre Henry qui remplissent l'air de rock n'roll. 

 

PIERRE HENRY "Teen Tonic"
podcast

 

J'ai pensé à tous les imbéciles qui composent des musiques rien qu'en tapant sur des casseroles, à Napoléon qui ne se trompe jamais, aux mystères non révélés de la boule de gomme. J'ai pensé aux atomes qui s'entrechoquent et au "Miracle du Saint accroupi" dans "Les minutes de sable mémorial". Sur le banc du Marquis j'ai pensé aux triomphes de la psychanalyse, à cet arbre penché qui penche depuis longtemps à cause du vent, j'ai pensé que je ne savais pas si fallait couper l'arbre ou supprimer le vent. Sur le banc du Marquis, j'ai pensé à ces politesses extrêmes qui cachent les plus grandes agressivités, j'ai pensé à l'irrationnel, aux héros qui ne meurent jamais, sur le banc du Marquis j'ai pensé que je pourrais être marquise ou duchesse réincarnée grâce aux voyages dans le passé, (en servante à la harpe en Egypte par exemple). J'ai pensé aux soucoupes volantes qui perdraient leur attrait si on apprenait qu'elles ont été fabriquées par des ingénieurs de l'aéronautique terrienne, j'ai pensé à ces gens qui n'existent qu'en fonction de l'autorisation de ceux qui se proclament leurs supérieurs, à ces autres gens qui se lamentent à propos de petits problèmes et ne s'en prennent jamais à eux mêmes. J'ai pensé au cauteleux, au figé, aux lézardes et à l'opulence, aux tumulus sableux et aux tombes trapézoïdales. Sur le banc du marquis j'ai pensé à ces "pointilleux" qui ont peur d'abîmer leur voiture. J'ai pensé aux voyages en ville en tramway, aux cacahuètes bouillies, aux sonates et aux interludes. Sur le banc du Marquis, j'ai pensé au Marquis qui posséde les clés d'un langage oublié, à la pierre de Rosette et aux mérites de Ptolémée. Sur le banc du Marquis j'ai pensé, à l'exaltation de la volonté jusqu'à sa désintégration finale, menant à l'imagination la plus anachronique et la plus débridée, j'ai pensé à la noblesse du banc malgré l'absence de particule. Aux redondances du menuet qui navigue entre les billets. Sur le banc du Marquis, j'ai pensé encore aux sonates et aux interludes...

 

JOHN CAGE/ JOHN TENNEY : Sonatas and Interludes
podcast

 

Sur le banc du marquis j'ai soudain cessé de penser, j'ai dû rêver que les chiffres étaient devenus équivalents, peut-être insignifiants et que par conséquent le monde aurait peut-être une forme très différente si personne ne savait compter. J'ai pensé que l'année prochaine aurait lieu avant cette année mais en l'ignorant bien, nul d'entre nous ne devrait pour l'heure s'en soucier. Sur le banc du Marquis j'ai pensé...

Photo : Le banc du Marquis, situé entre la quiétude et les monts du Lyonnais près des dunes et de la forêt (enchantée) jouxtant le château de Montrouan, quelquepart en recoin d'un jardin d'hiver, bien caché au fond au Nabirosina. Photographié aux derniers jours de December.© Frb 2010.

samedi, 20 novembre 2010

November (Version poétique)

Petite balade sentimentale et sensuelle à travers le champ lexical des poésies de Paul Verlaine aux doux titres de "Chair", "Chanson pour elle" et "Parallèllement"...

Les personnes terre à terre s'y retrouveront plus sûrement en cliquant sur l'image.autiste.JPG

Amour, diable, ange, impitoyable, méchant, redoutable, loup, beaucoup, hou ! hou !, cou,  roucoulant, métamorphoses, lèvres, rouges, moues, finir, blanche, lys, blonde, perfide, onde, vide, beaux, sein, braise, fortune, foutaise, lune, fraise, châtaine, chose,  turlutaine, ébène, femme, reine, toi, moi, brûlant, moqueur, mignon, Styx, vainqueur, chevelure, longue, encolure, repas, lèvres, ivresses, diaboliques, multiples, rallier, seul, fatigué, paraître, fol, arc, parc, cibles, rosâtres, flocon, trahir, secret, blâmer, roi, photographie, sage, libertin, fredaine, crime, nom de Dieu !, galopine, vrille, ce jourd'huy, soixante treize, ardent, appât, appétent, fressure, tête, émouvante, outre vit, lascif, muscles, amusante, zut !, bergère, saccager, peluche, solitaire, dormir, maligne, délétère, se taire, coi, paix, pourquoi ?, question, pleine, plaise, jeux, Waterloo, Paris, énerve, tableau, joie, faveur, tromper, ta proie, reprochée, grande maîtresse, j'adore, coeur amoureux, papefiguière, à l'encontre, mieux, grâce, harmonie, mol, aboutissant, venelles, richement, ondoie, incessamment, frisotté, copeaux, abîmé, béant, peur, entrée, danse, variation, caverne, fraude, hic et nunc, divine, dépit, outre, parbleu, possible, plume, plaindre, mourir, tocs tocs, tics tacs, trac, mon Dieu, ennui, entrailles, braves, graves, pleurer, cadavres, vive, pire, navre, estropié, roué, coups de poing, dégoût, hormis, fog, fade, clair, Leicester, Londres, square, savoureux, hagard, retenir, elle, m'aime, vertueuse, possède,  intelligents, indulgents, seize ans, vingt ans, corsage, clabaudant, si ça te plaît, accessible, valet, soufflet, proverbes, alentour, caresses, le soir, définitif, seul témoin, te baise, embrasse, aime moi !, sans toi, gueux, doigts, sous-sols, royaume, gaîté, à nos nuits, tes bras, vaillance, vin, science, gonfler, qu'importe ! pardon, je t'étreins, zut au monde, jaser, te fuir, poète, derniers jours, poudre d'escampette, nigaud, un quart d'heure, mendigot, autans, grosse bête, en dépit de tout, factice, qui supplie, crocs blancs, désir fou, tu pardonnas, aimons !, exprès, simplicité, flûte, basse, pièges, desseins, alarmes, champignon, cerfs, lestes, je fais l'âne, la défense, les us d'été, le frisson, pelotonne, morose, dormons !, corps et âmes, jamais, ta façon, ivoirine, perverse, ma chair, ma parole, nom d'un chien !, madame, on profite, éterniser, bécots, biaiser, insomnie, bénie, consoler,  terrible, chérie, esprit, lutter, luth, bien se faire, m'amante, tu bois, hideux , honteux, soumis, tigresse, cochon, cabochon, en sus, fainéantise, obstination, humeur de dogue, baisons nous, désordres, coeur infidèle,  voilette, mes cieux, la tournure, caricature, somptueux, robe, cache, charmes, cher délice, mollets, autel, obstacle, soir et matin, armure, ad hoc, blancs, gras, tout nus, vêtement, mode, cambrés, parfums, sa croupe, plis de batiste, bousculer, à côté, humble, hiver, défavorable, réchauffâmes,  campagne, glacés, intruse, opulence, crois-moi, gueuserie, tu te piques, hypocrite, duperie, moineaux, vertement, soyons scandaleux, sinon, cyniques, oubli, veux-tu ?, lanterne, Sauterne, vieux coeur, au feu, tout flamme, sacré, galbe, souvenirs, collège, tes hanches, mangeurs, marc de café, grands jeux, grands yeux, jours néfastes, heures bleues, nuits blanches, tu cherches, c'est rigolo, deux seins, bredouille, sottement, infructueuse, mille poses, tas de choses, bouche pleine, val ou plaine, élasticité, haleine, âge d'homme,  criarde, criard, révoltant, un peu, aveu, coureur, encore,  nos instants, exquis, confiants, coquins, mesquins, la femme, l'idéal, à genoux, tyrannique, satanique, cocodette, flemmes, gamine, dégoise, petite oye, grammaire, mettres, oreille, loisible, fâcheux,  antique, roi déchu, fleuve lent, faune, somnolent, naïade,  galant, suranné, opéra, destinée, hirondelles, cheveux de jais, peignoirs, asphodèles, lune, émotion, moite, couple, balcon, sombre, mélodrames,  ambre, or blond, valses, innocence, mousseline, lueur, opaline, mollement, rieuse, argentine, enlace, esseulée, rousse, émoustillée, charmille, arrosée, pâmée, pantelante, bien aimée, gorge, stigmate, maturité, louve,  rêves, victimes, phaon, dédaignées, immenses, vierges, encor', flamboyante, paupières, cascatelles, crinière, moire, noire, pâle, laide, poudre, allure, débaucher, mienne, toison, chantre, rare, suave, lait, cuisses, ventre, sens, lit, toujours, oreiller, draps fous, nue, canapé, jaune, presque nue, dentelles, délirante, impérieuse, méchante, clair de lune, coude, sourcils, caprice, adore, ébats, orgueil, fesses, bleu, dur, volée, cierges, angélus, sacrements, boniments,  boire, remords.

Photo : La feuille d'automne du Paul tombée sur un vitrage opaque fixé au sol entre deux dalles, photographié à Lyon presqu'île, par un jour pluvieux de November. © Frb 2010

dimanche, 14 novembre 2010

Plus loin

Ce texte part d'une variation antonymique du texte "Loin", que vous pouvez retrouver en cliquant sur l'image, autrement dit, une autre forme de fiction s'appuyant sur le détraquage du texte original, les procédés utilisés n'ont pas été strictement respectés, (loin s'en faut ) l'anticipation ayant pris le pas sur l'exercice de style, seule la trame narrative du texte "Loin" a servi d'ossature à ce texte "Plus loin"... (comprend qui peut :)

oxy0044.JPGElle regardait les tableaux d'une ville, les photos d'un tableau qui s'arrêtait ici même, peuplé de figures familières qu'elle semblait connaître depuis toujours. Il y avait les mêmes, ceux du désordre et du répit qui trahissaient leurs amitiés les plus récentes et ignoraient tout de la musique (des silences compliqués évoquaient la disparition, jusqu'aux silences des forêts, on avait supprimé bien sûr, l'usage des instruments à vent). Il y avait des bougies dans les chambres et des violons discrets, le programme, toutes ces cabanes en verre fumé fabriquées par les habitants et des jeux de lumière à venir, un peu sinistres. La terre ne donnait rien, sous le ciel uniforme nul ne semblait appartenir à l'univers. Il y avait des espaces inhabités à entretenir et des hommes, aucun Dieu, et pas de souvenir de ceux qui avaient précédé. Elle trouva dans le tableau le signe que des choses avaient dû exister avant. Le fleuve comme une grande mer d'huile, désolait la population, au pire, il finirait par s'assècher. Chaque vie tournait en rond dans un espace plat, horizontal, organisé par strates. Les strates servant à maintenir un climat tempéré, tout était divisé, achevé. Les strates hâtaient la mort de toute chose vouant leurs vertus à la ligne droite jusqu'à ce que survienne l'extinction .

Il y avait le monde vulgaire, les violons, les grelots, plus rarement, les banjos, cela générait chaque jour, des attroupements sur les places mais les hommes passaient rapidement, vite fatigués de ces mélodies à la mode. Elles étaient devenues trop simples pour attirer l'attention, la joie provoquée dans un premier temps, ne durait pas assez  et les grelots qui ne se mélangeaient pas à d'autres sons, étaient des signaux de cadence, utiles à la population, quoique très lancinants, à force... Parfois un orchestre, était invité et jouait des chansons accompagnées à la guitare ou au banjo, chacun pouvait assister au concert gratuitement par la grâce des écrans qu'on avait installé partout, et tout s'arrêtait là, passant avec le reste dans l'indifférence générale. L'homme désormais dépossédé de son esprit d'observation n'était plus maître de ce monde qui s'achevait lentement dans la résignation d'une majorité qui ne semblait ni contente, ni mécontente. Quand parfois, revenait le bruit, hormis les grelots qui tintaient toutes les heures, c'étaient des gémissements de vieillards égarés au milieu de la ville, ils demandaient de l'aide. Les jeunes mettaient longtemps à réagir, les vieux pouvaient rester des jours entiers, voire des semaines plantés, là au milieu du bruit, gémissant seuls, ignorés, livrés à ces flux trop rapides pour eux. Cette lenteur à réagir ne présageait plus aucun combat vraiment sérieux, pas la moindre vélléité de résister à l'extinction promise. En regardant cette cohue de petits vieux, on savait que ce n'était pas une danse macabre, mais plutôt son évitement, tout se feutrait et s'annulait dans le bruit des grelots, qui durait, puis enfin, revenait le silence imposé par des gens de bien et de bon sens qui s'occupaient à faire tourner les existences de chacun sans remous, toutes à leur avantage autour de valeurs pragmatiques, de divertissements adaptés aux besoins de chacun afin que tout le monde s'y retrouve. On les avait tous coupé de leur passé, tous ignoraient la valeur de génération, de transmission ou d'héritage, cela permettait au peuple d'aborder sans trop d'appréhension, le futur proche. Il n'était pas question de futur éloigné. Il y avait l'immobilité, qui veillait sur le bien de tous. Les êtres ne choisissaient plus grand chose. Il n'était plus permis de jouer ni de travestir à sa guise la réalité, l'art avait été mis de côté nul n'en souffrait, il suffisait de se divertir, pour cela il y avait les violons, et les grelots pouvaient remplir ce rôle, entre tout, le silence recouvrait un petit tableau qui s'arrêtait ici.

Elle, rien ne l'amusait. A la fin elle quittait sa chambre, sans même s'intéresser au devenir de son prochain qui malgré sa continuelle présence et tous les points de convergence désignés par des traits sur les places, ne lui disaient plus rien. Chacun promenait une grosse tête pleine de culture horizontale, jouait par coeur le violon devant ses maîtres aux semblants doux, attentionnés, qui en douce cultivaient la condescendance ou quelque sentiment honteux bien camouflé, laissant chacun seul à sa place. Il n'était pas permis que les rôles s'inversent. On attendait tranquillement le jour, où il n'y aurait plus rien à apprendre. Chacun dans sa vie devenait de plus en plus dépendant et maladroit pour la défendre. On imaginait qu'il y aurait dans les motivations prochaines, des cerveaux vierges de tout souvenir, attachés aux valeurs du jour, à l'effort du travail bien fait et quelques récompenses pourraient leur être attribuées, en fin d'année qu'on présenterait comme des cadeaux. On prévoyait  pour le futur proche que les corps ne bougeraient plus trop, et les esprits sans illusions, n'auraient même pas à en pâtir. Plus tard de cet effort qui tend vers le mouvement habituel et bienheureux du papier à musique, on s'arrangerait  avec les scientifiques pour que celui-ci devienne un élan naturel, tout pareil à l'inclinaison des âmes, chacun gérant son minuscule domaine, on s'occuperait  ensuite, d'apaiser ses humeurs négatives. C'était là, sur papier l'idéal, pour tenir jusqu'aux temps annoncés de l'extinction... Mais au fond, il y avait une faille. On sentait que déjà, nul ne tenait en place, tous rêvaient de débordement, du désalignement des strates, du démembrement des grelots. Les gens allaient, venaient, impavides entre des milliers de grelots, balayant le pays du nord au sud par des lignes d'organisation, le droit aux transports en commun, des assurances autos, pour les couches supérieures, l'abonnement gratuit aux revues distrayantes, hebdomataires ou mensuelles, pour les couches moyennes, la télévision sur les places assurait l'occupation du temps libre, tout autant que l'éducation manuelle et morale des couches les plus modestes.

Elle reprenait alors le livre du pays qui s'arrêtait là ; écoutait grincer dans la rue les grelots des tricycles ou le frottement des autoluges qui fermaient le jour en hiver. Des hommes remplissaient des poubelles, et c'était une grande communion, à la même heure, chacun vidant les mêmes ordures, dans des grands containers, c'était le seul moment où chacun trouvait de quoi se se relier à un autre. Le ciel était toujours parfaitement uniforme, la parole de chacun paraissait claire, compréhensible mais il n'en ressortait que des échanges de politesse gentils ou serviables, sans plus. Pour la première fois ils virent tous que la nuit n'était plus stratifiée mais dessinait un cercle, qui tournait sur lui même apportant des milliers de lettres, des paperasses ou prospectus comme tombés de la lune. Plus tard elle ne croisa pas le facteur sur son engin agrée par le centre des véhicules postaux de la Nation. L'engin pouvait se reconnaître à ses bruit de sirènes stridents comme ceux des fourgonnettes des fonctionnaires qui distribuaient toutes les bougies, le soir, dans les maisons. Pourtant elle avait bien reçu ses lettres, trop de lettres en une seule journée; elle se demanda qui les lui avait apportées. Elle crût voir là, le signe du dernier jour après quoi il n'y aurait plus d'attente possible, ce serait peut être la fin de tout, mais il n'y aurait pas de panique puisque depuis longtemps, c'est à cela qu'on les préparait.

Elle alla au centre de loisir pour ramasser les bons de loisirs qu'on lui devait, le stagiaire les distribuait toujours avec plaisir. Il aimait son métier. Elle marcha sur des strates amollies, eût presque honte de ressentir tout l'effet érogène d'un sol aussi doux sous ses pieds, les corps qui traversaient en même temps qu'elle, la grande place, d'ordinaire réservée aux fourgonnettes, ressentaient sous leurs pieds exactement le même effet. Elle entendit pour la première fois chanter ensemble l'anvette et l'aspireau. Les oiseaux n'avaient pas disparu comme on le racontait dans les livres. Et peut-être les oiseaux avaient-ils existé bien avant les grelots ? En réalité, elle n'en savait rien. Elle comprît que plus rien ne pourrait mourir désormais tel qu'on le lui avait appris dans le programme d'éducation pour filles de couche supérieure. Sous la peau il y avait un refrain qui semblait désarmer tous les êtres de l'intérieur. Partout des drôles de fleurs apparaissaient dans les esprits  et puis des fruits, comme ceux d'une vision ancienne dans un jardin où quelque chose s'était produit. Elle comprit que cette vision ouvrait sur un grand labyrinthe d'apparence merveilleux, mais il fallait se méfier, des conséquences, elle résista à la tentation d'entrer à l'intérieur, comme le faisaient les autres, elle se rendit d'abord rue de la Petite Monnaie dans les quartiers modestes, pour récupérer des papiers de grande valeur afin de partir au plus vite, cette parenthèse qu'elle devinait d'ores et déjà très brève, lui permettrait de s'exiler sur une autre planète, en offrant ses bons de loisirs, au pilote d'une fusée elle pourrait peut être dormir ce soir sur la base 7. Après quoi, elle serait en zone libre, tandis qu'elle esquissait quelque plan d'avenir, elle s'aperçût qu'elle ne se souvenait plus des calculs d'algorythmes qu'on lui avait enseigné au centre d'orientation pour décoder les numéros d'immatriculation exigés avec la signature sur des papiers qui permettent normalement de quitter son quartier en validant son code dans la machine. Impossible de rejoindre la base 7, sans doute les calculs d'algorythmes étaient  pure invention tout comme le reste, pour tous les retenir ici. Elle marcha un peu pour oublier que c'était sur la base 7 qu'on trouvait tous les livres, ceux qui disaient la vérité, la base 7 interdite, stockait les fichiers sur les origines certifiant les identités. Elle croisa des gens avec des corbeilles de fruits éclatés et juteux, d'autres soufflaient dans des ballons, mais toute cette euphorie, cette joie, malgré les expressions ravies, se faisait encore en silence. Elle s'aperçut que toutes les horloges dans la nuit s'étaient bizarrement déréglées, aucune d'elles n'indiquait l'heure exacte, et de cette horizontalité, ne subsistait que les ruines, les strates se décollaient plus rien n'était calé, plus d'heure pile, rien à sa place, pas même monsieur Jouvenot qu'elle rencontra plus loin à la place d'un autre qui devait se trouver là avant lui. Monsieur Jouvenot, assis à un autre bureau ne lui serra  même pas la main comme d'habitude, soulagée elle ne fût pas obligée de lui sourire, en retour,  telle la charte de bonne entente l'indiquait sur tous les panneaux dans les couloirs. En regardant au plafond pendre des fils, des  milliers de fils et des sphères métalliques débranchées, elle sut que l'heure était venue d'être enfin libre, de composer rapidement un nouveau paysage avec cette liberté, puis vivre. C'était l'occasion, ou jamais... Devant la débâcle imprévue au programme, on vit déserter tous les maîtres. Les gens désormais ne seraient plus surveillés. Leur joie très vive, pourtant restait encore muette.Tous auraient dû ensemble s'en réjouir depuis le temps qu'ils attendaient d'être libérés sans pouvoir se le dire à cause de ces yeux qui partout les suivaient, les dénonçaient. Ils pourraient entendre à leur guise le souffle des forêts, et puis autoriser peu à peu les instruments à vents à revenir, interdits formellement depuis que les grelots avaient pris le pouvoir sur la musique.

De retour, sans ses papiers, par le boulevard silencieux, alors qu'elle retrouvait l'espoir de faire peut être partie de l'élite, elle s'aperçut que rien n'avait changé et qu'il faudrait maintenant s'attendre à quelque chose de pire. N'ayant plus aucun maître afin de rassurer l'ensemble des habitants, chacun pour soi encore plus replié s'effrayait à présent de cet appel d'air trop vif. Dans le souvenir de l'odeur du maître, les plus forts décidèrent ensemble de bien organiser le temps qu'il leur restait à vivre. Il fût voté à l'unanimité que ce temps serait désormais employé, à réparer les caméras hypersensibles.

 



 

Photo : Plus loin c'est un petit bout de la "Tour Oxygène" drôle de nom pour une tour (c'est pas nous qu'on a trouvé ce nom), un gratte-ciel de 28 niveaux et de 115 m de haut, avec 45670 escalators ➝ (je plaisante ! voyons !), situé dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon, inauguré il y a peu le 2 Juin 2010. Elle fait partie du projet "Oxygène" (c'est pas de Jean Michel Jarre non plus, quoique...)  elle comprend également la construction d'un centre commercial, le "cours Oxygène". Le cours "oxygène" des choses me va comme un incendie, enfin  bref le Drang Nyol dans toute sa splendeur. Photographié en hiver dans un lointain passé.© Frb 2009

dimanche, 02 août 2009

L'heure du thé

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MRCIEN : "Less anxious ?"
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