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Des fourmis plein la tête (part 4)

A propos de quelques questions recueillies au hasard dans les livres et dans les magazines. La suite...

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Les jeux sont ils faits ? 1 milliard est égal a combien de milliers ?  Qu'est-ce qu'un instant décisif ? Le bicarbonate de soude peut-il remplacer un bon dentifrice ? Avez-vous eu une enfance normale ? Le philosophe pense t-il lorsqu'il descend les poubelles ? Madame Bovary  est ce vous ou moi ? Croyez-vous à la métempsychose ? La mélatonine supprime-t-elle le décalage horaire ?  Les extraterrestres sont ils parmi nous ? Où se se situe l'ailleurs d'où l'on ne peut s'enfuir ? Comment la pensée va-t-elle se contraindre à ne pas pouvoir rester indemne à l'indifférence qu'elle risque de susciter ? Est ce qu'il y a un ailleurs ? Un jeune qui tue ses parents est-il fou ? Faut-il bloquer les prix, voir les encadrer ? Qui est luc Brossolet ? Dois je me laver les mains avant de toucher mes yeux ? En quoi la ghréline est elle l'antagoniste de la leptine ? Ai-je mérité mon sort ? Ou vont les fleuves ?  Vivons nous pour comprendre ? La percussion est-elle forcément musicale ?  Qu'est ce qu'un mécanisme de solidarité à distance ? Qui a peint le plafond de l'opéra de Paris ? Tromper son mari est-il bon pour le moral ? Comment dépasser l'art ? A quel moment doit-on cesser d'aider quelqu'un ? Peut-on tabler sur des valeurs sûres ? Pourquoi cette palabre sur la structure ? Combien d'argent dépense-ton en une vie pour son confort ? Quelle est la difference entre les termes de "race" ou "d'espèce" ? Qu'est ce que la chromatographie sur couche mince ? Que faire quand on traverse une mauvaise passe ? Vous sentez-vous trahis par François Hollande ? La contraception masculine, on en est où ? Quelle est la différence entre "la variation" et "la variation infinitésimale" d'une quantité de chaleur ? Comment me procurer la liste de tous les produits agricoles qui existent ? Que serait l'homme sans l'angoisse ? Comment factoriser 2a+2b-2c  ? Faut-il éplucher les coings pour faire une bonne gelée ? Sur quel tableau de Dali peut-on voir Lénine ? Est-il possible de suivre la cinétique des acides gras volatiles dans une fève de cacao ? Qui travaillerait pour rien ? Dans quelle ville se trouve l'Ermitage ? Le syringa est-il une fleur ? Et si les banquiers faisaient la sourde oreille ? Pourquoi les autres occuperaient-ils une plus grande place dans notre coeur que dans notre budget ? A partir de quand vous êtes vous aperçu que votre femme vous trompait ? Qu'est ce qui est impossible au poète ? Quel vin boire avec un magret ? Pour ou contre les maisons closes ? Comment peut-il en être ainsi ? Comment peindre le bleu ? Quel est le rapport (vu sous l'angle du processus) entre l'hypnose et la méditation ? Quel préfixe indique-til la privation ?  Le lynx est il un  animal protégé ? Qu'est ce qu'un mentat ? Comment dois-je m'y prendre pour fabriquer des fringues avec des sacs papiers ? Ecrit-on  "s'en sonner" ou "sans sonnets" ? Comment passer d'une formule topologique, à une formule semi-développée ? Pourquoi n'y a -t-il pas de "e" à la fin de "en aparté" ? Si un siamois meurt est ce que son frère siamois meurt aussi ? Qui décide des abréviations ? Sommes nous enfin entrés dans la campagne présidentielle ? L'enthousiasme est-il suffisant ? Qu'est ce que la mystagogie ? Pardon

 

 

Photo : Métamorphose du castor, qui s'est déguisé en cravate de Gilbert Bécaud, à l'envers (pas Gilbert Bécaud, les pois de la cravate) pour passer inaperçu, le lecteur plein de sagacité l'aura deviné, enfin bref, ceci n'est pas une fourmi, ni une pipe qui revient du ski, quoique de loin... lézardant - on ne se refuse rien - sur une sorte de plaque ornementale, à peu près ras les pâquerettes (des milliers, bien sûr, à venir, que nous cultivons avec soin, hors champ). Ce street-art est peut-être en pochoir, n'est ce pas ? Et je remercie l'artiste au passage, d'avoir remis ça un petit peu partout dans la ville. J'ai photographié la bestiole, place du Maréchal Liautey, dans les quartiers chics à Lyon (6em arrondissement) près de la mythologique "Forêt Morand. Mythologique ? Non. Par respect pour Monsieur Marcel Rivière, j'écrirai "photographié près de la mythique". Ne soillons point tout trop cuidants.

 

© Frb 2012.

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samedi, 10 mars 2012 | Lien permanent | Commentaires (4)

Des accords

Il ne s'agit pas d'être là, il s'agit d'être le là.

JEAN-LUC NANCY

des acco.JPG


Tous les corps animés, inanimés, cette juxtaposition des extériorités, (un trottoir, un poteau, un clavier, une personne, un passant, homme, femme, enfant, chien, etc...)

Tous les corps qui veulent dire ce qui est dehors en tant que dehors à côté auprès avec un "autre" (corps), au corps à corps dans la disposition

ressentir dans la réalité la proximité des êtres à distance.

Etre touché.

Ressentir cette infime différence entre ce qui touche et ce qui est touché, le toucher - le tact - est infiniment discret, Jean Luc Nancy l'a écrit dans "Calcul du poète" 

le toucher est discret ou il n'est pas.

L'être n'est pas enfermé en lui même, on ne peut totalement jouer à se l'approprier comme une chose car il est déjà ouvert au regard de l'autre et déjà imprégné ou même "contaminé" par les présences des corps, tous les corps des autres en mouvement.

le toucher est concret et abstrait.

On pourrait évoquer cette logique du toucher via le mythe d'Ulysse et les sirènes . On pourrait évoquer ici même les Sirènes, par un truchement aussi lointain qu'intemporel,

chacun sait que ces êtres féminins instillent un chant irrésistible qui a envoûté chaque marin qui passait à proximité, (les sirènes symbolisant les âmes des morts montrées à l'origine en figures d'oiseaux à tête humaine puis en femmes à queue de poisson). Elles étaient des divinités de la mer postées dans le récit d'Ulysse à l'entrée du détroit de Sicile, sur une île entre l’île d’Aea et celle des monstres Charybde et Scylla, mais il existe d'autres lieux de leur séjour comme le cap Pélore, l'île d'Anthémuse, les îles de Sirénuses, ou Caprée. Bref, elles charmaient de leur voix mélodieuse afin d'entrainer les marins vers une vaste prairie, couverte d'ossements et de chairs asséchées. 

Mais le chant des sirènes n'ensorcelle pas les marins de passage par sa beauté, il ensorcelle parce qu'il contient en lui une promesse d'un savoir absolu.

Capturés par ce chant, les marins trouvaient inévitablement la mort sur des récifs qui entourent l'île des sirènes, et Ulysse fut le seul à dépasser les sirènes parce qu'il s'était attaché au mât pour pouvoir écouter ce chant et précisément, se préserver une distance nécessaire, ainsi aura-il pu aborder le chant des sirènes et être touché par lui.

Cette intrication paradoxale de la distance et de la proximité (par un détour qui semble étrange mais pas si étranger), évoque justement le motif ambivalent du distinct.

Dans ce mot se trouvent rassemblées les significations de la distance - du différent - ce serait une indication sur ce qui ne peut être touché ou peut l'être, mais sans contact corporel.

Ce qu'un trait retire et tient à l'écart en le marquant de ce retrait.

selon J.L. Nancy il serait impossible de toucher le distinct, non pas parce qu'il est intouchable mais parce qu'il est impalpable, c'est à dire inaccessible.

La singularité plurielle de l'être est la condition qui rend possible tout rapport éthique, même si le toucher ou le tact ne sont pas exactement considérés comme une catégorie éthique.

La discrétion du rapport entre les êtres n'est possible que parce qu'ils co-existent, parce qu'ils sont toujours déjà ensemble.

Subsisterait alors, l'unique moment où nous pourrions être touchés par un regard, simple ouverture au monde adressée, qu'on ouvre à d'autres en se dépassant.

Regard jeté devant et hors de soi.

Ces choses là sont si bien ajustées qu'on ne peut les fonder sur la seule connaissance ou l'intelligence.

Elles ne dépendent sans doute que d'une coïncidence.

Comme les sirènes dont la juste distance ne se dévoile que dans la mort, celui qui cherche, et crée, (Nancy, dit "le poèteon pourrait élargir) :

[...] doit tel Ulysse prudemment ou même avec une certaine lâcheté approcher ce qui ne peut être approché".

La mesure la plus juste serait le langage poétique, la mesure d'y mettre au lieu de mots toujours encombrés d'histoires personnelles, un rythme, quelque chose sans mesure laissant advenir la possibilité d'une coupure nécessaire. :

La continuité ininterrompue du sens vivant ne peut être "sensible" que dans son interruption".

Sujet peut-être à suivre, sur le thème de la ville pour les gens de l'été - ceux qui restent - qui battront le pavé très loin des bords de mer.

Photo et notes évasées et facultatives : La place est sur mon mur, séparant et reliant deux mondes distinctement, autre ligne de fuite filée par le canon, rien que du pacifique, des passants d'une rue s'apprêtent à rejoindre l'esplanade, c'est un corps de ballet autant de chorégraphes livrés qui se délivrent, à ce moment précis de l'obligation d'en débattre. Concentrés à leur seule façon singulière d'envisager la traversée, la possibilité d'une ville (d'une île, d'une aile, d'une houle, de huées d'hirondelles, de z'hiboux ou que sais je) se déploie en une polyphonie discrète pour mille têtes, mille nombrils et autant de chairs tièdes ou brûlantes jouant avec les pieds sur le clavier (plus ou moins tempéré) de certains jours, (cette interprétation fort contestable se passera de toute présomption pour s'unir à une sorte d'indulgence universelle (j'espère):  

"on ne traverse pas une chaussée la bouche ouverte" a dit le sage chinois (à la barbe d'Héraclite*)

"Unis sont tout et non tout, convergent et divergent, consonant et dissonant; de toutes choses procède l’un et de l'un toutes choses"*.

c'est là, (à nos gamberges, "easy") une condition suprême pour arriver (au moins) vivant de l'autre côté du piano, et ainsi me relier à toi, ô mon ami, mon frère ! unis sur l'esplanade où déjà avant toi ont chanté tous les choeurs et les voix des intempestifs - ceux-là, plus cléments et plus inoffensifs que les sirènes d'Ulysse. 

Moralité : y'en a pas.

Le poète Li Tou dans la soute à charbon, effeuillant de Nancy à Homère, les possibilités d'une ville passera par le sourire (autre énigme) du sphinx ammoniacal dit "le""caillou", (un caillou certes, mais pas un caillou comme les autres) de la bonne colline (de Madame la Croix-Rousse), figuré en Bouddha impassible donc, bienveillant pour ses gens, lire ici, son ambassadeur en émissaire pratix aidant la traversée: "l'habitant du caillou contenant un fragment de chacun d'entre nous", (notre philo-facile) via l'expert-géologue de C.J posté dans la guérite (ça fait un paquet de mondes) d'ores et déjà fondus sous le pandémonium de la traversée du lendemain, je décline à nos vagues par un conseil du jour

de grâce, soyez prudents, par les rues, on the road, (on vous aura prévenus)

La possibilité d'une esplanade en ville, n'allant pas sans dangers ni menaces, on vous réservera (il faut ça), 4'33" de silence pour la mise à distance, si rude voie sous telle chappe (ô patience). Et, si il y parvient l'égoïste semblable, pourrait bien fusionner avec la petite chorale des fourmis en vacances et autres collectionneurs de valses, de sauveurs d'harmoniums, j'en oublie et j'en passe ; alors avec des si, une multitude de si on aura peut-être une chance (j'avoue qu'elle est très mince) d'être le là ? (Vermot, sponsor). Avant de se faire broyer par un nid de pattes qui nous ferait un crochepied (évidemment involontaire), la chute finale (mourufin-loumunif) est remise à plus tard bien qu'on prévoit des bottes, desfois que ça arriverait, même si les traversées ne sont pas toutes écrites à l'avance (la chagesse, sur un pied), Héraclite dans la rue en dos d'âne jusqu'à Caluire et Cuire a testé, les chevaux de bois, en sandales, (du distinct / indistinct à se perdre pour s'y retrouver)

 La route qui monte et qui descend est une seule et la même. 

Voilà.

Sources : "Sur l'irréalité du touché poétique chez J.L. Nancy par Aukje Van Rooden.

Remerciements : aux groupies du pianiste et autres amateurs d'instruments de musique installés sournoisement dans nos villes (on nous cache tout ...) aux pianos, en freestyle installés, bien visibles, eux, dans nos  gares expérience des possibles avec de belles surprises, certaines vraiment touchantes, on y reviendra peut-être un certain jour, et enfin aux joyeux rabats-joie ceux qui n'aiment pas la plage (même pas celle des vraies villes avec un vrai faux sable) à ceux qui sont malheureux sous le soleil, à ceux qui ne traversent les ruelles que lorsque vient le soir, (crin-crin offert d'air provisoire qui peut même se jouer à la flûte traversière, la nuit, à la fenêtre).

 


podcast

 

 

Grand piano avec et sans bretelles accueillant ses artistes... vu à Lyon par... © Frb 2015

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samedi, 20 décembre 2014 | Lien permanent

Sur le banc de neige

Viens
allons voir la neige
jusqu’à nous ensevelir !

BASHÔ, extr: "Haïku. Anthologie du poème court japonais",
Gallimard, 2002.

Si ce banc vous déplaît en cliquant sur l'image, vous gagnerez sûrement un autre banc. banc de neige647 b.jpg

 Sur le banc de neige je me suis allongée ce matin pour y dormir jusqu'au lendemain. Le banc avait des airs d'ermitage alcestien, quand je m'y suis réveillée, le froid m'engourdissait les mains alors j'ai pris la position du penseur (de Rodin), pour penser à des tas de trucs, à tout un tas de machins. Sur le banc de neige j'ai pensé...

Aux journées à la mer, au bord des lacs et des rivières, aux trouées du vieux Blaise sur des feuilles luisantes et caoutchoutées, j'ai pensé qu'on pourrait monter la route en lacets sur des bottes luisantes et caoutchoutées, j'ai pensé aux tours carrées des villes qui vues de loin paraissent rondes, j'ai pensé que nous regardons les jours diminuer tandis que les nuits deviennent longues, j'ai pensé à ces hommes célèbres qui ne sont pas encore nés, à ces talents ignorés, cette multitude d'artistes pourtant doués qui mourront sans avoir connu un quart d'heure de célébrité, j'ai pensé aux ateliers culinaires de Jean Luc Rabanel, sur le banc de neige, j'ai pensé aux îles flottantes, aux dé-collages d'Asger Jorn, à la taille prodigieuse d'une force dépassant tout ce qu'on peut imaginer, j'ai pensé à Ariane dans l'île de Naxos, gémissant sur l'abandon et l'ingratitude de Thésée, j'ai pensé à la vérité du monde qui n'est pas notre vérité, sur le banc de neige j'ai pensé...

Aux rochers suspendus au dessus de la mer éternellement rongés par le sel de ses eaux, aux corps qui ne semblent pas connaître l'érosion, aux âmes sans agitations, aux esprits qui renversent tout à la moindre contrariété, sur le banc de neige j'ai pensé à la porte de Saint Ouen, au prince de Monaco, et au Panathénées. J'ai pensé aux machines à polir et culotter les grains de cafés, au grallator, au térébinthe, sur le banc de neige j'ai pensé au visage de ce nègre qu'on crût longtemps barbouillé d'encre et aux joues gonflées du père Louis faisant corps avec sa trompette. J'ai pensé aux amants qui n'auront le droit de s'épouser qu'en 2797, au tracé rectiligne qui coupe la forêt Morand jusqu'à ces feuilles géantes qu'on espérait de bananier mais qui portent un nom trop savant pour un effet assez médiocre,  j'ai pensé au lac de Saint Point envahi par les crustacés, au grallator fuyant le térébinthe. Sur le banc de neige j'ai pensé que l'on fondrait peut être à la place de la neige si on avait la certitude qu'elle ne fonde plus jamais, j'ai pensé aux amis malheureux qui cherchent à tout se dire, et ne trouvent pas moyen. J'ai pensé à "l'heure bleue", à "la petite robe noire" de Delphine Jelk, à ces notes de coeur citronnées, de tête au macaron framboise, à cette note de fond au thé fumé, j'ai pensé  à des volets qui s'ouvrent, dans une auberge de Méditerranée avec vue imprenable sur un verger d'agrumes,  j'ai pensé aux formules poétiques courtes mais de grande densité, à l'interminable haiku d'ISSA :

Être là,
tout simplement,
au milieu de la neige qui tombe.

Aux questions imprudentes de SHIKI (Masaoka)

Il y a bien longtemps,
je l'interrogeais sur
la profondeur sans fond de la neige.

Sur le banc de neige, j'ai pensé aux diverses déformations de la volonté jusqu'à l'exaltation ou l'excentricité puis à toutes les craintes qu'elles inspirent, j'ai pensé aux éternels hivers d'hyperborée, à l'humidité qui attaque le bas des murs, aux moisissures qui se glissent entre les poils d'un col de ragondin, et aux paupières tristes comme des pétales fanés de ceux qui ne savent pas où aller. Sur le banc de neige j'ai pensé qu'au lieu de penser sur un banc on pourrait tout autant penser la même chose sur une luge, qu'il suffirait peut être de décoller le banc et puis le bricoler de façon à le rendre plus mobile. J'ai pensé que ce banc ne serait beau que blanc, qu'il nous le faudrait blanc tout le temps mais que ce serait absurde de peindre la neige en blanc du fait qu'on aurait peine à trouver le même blanc et qu'il serait d'ores et déjà vain de s'évertuer à chercher un rendu plus fondant. Sur le banc de neige j'ai pensé qu'on penserait peut être différemment si l'on était bercé par les jeux vocaux des inuits, qui battraient la mesure en tapant sur le banc, mais ça n'empêcherait pas de penser aux mêmes trucs, et aux mêmes tas de machins, et que, moralité:  il n'est pas possible de battre le banc sans abîmer la neige. Sur le banc de neige j'ai pensé.

 

INUIT- Throat-Singing

 



podcast

 

Photo : Le banc de neige, longeant les berges du Rhône quelquepart entre le pont De Lattre de Tassigny et le Parc de la Tête d'Or à Lyon. Photographié dans les premières et volumineuses neiges du premier jour de December.© Frb 2010.

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mercredi, 01 décembre 2010 | Lien permanent | Commentaires (15)

November (version réaliste)

Petite balade pragmatique et mentale à travers le programme d'information continu émis par une radio (d'information continue), écoutée toutes les heures...

flaque.JPG Parapluies, actualité, Europe, avenir, manifester, les constructions navales, se positionner, les vivants, les projets, la pression, l'agriculture,  le monde, dialoguer, le reste du monde, le journaliste du "Monde", la programmation, la politique, Sarkozy, les occupations, gérer, la catastrophe, les députés, les ressortissants, le spectacle, les réseaux, la séparation des pouvoirs, les préoccupations des français, un projet d'envergure, les propositions, le dollar, le G20, la vérité, se qualifier, Brice Hortefeux, les formalités, PSG, alpha, en bas de l'échelle, les affaires, l'état, les averses, restructurer, témoignages, refroidissement, potiche, convaincre, 40% des français, renoncer, la réforme des retraites, la Jordanie, erreur, mortier, Groupama, l'amendement, les préjudices, torpiller, les impôts, Laurent Blanc, explosion, revalorisation, fiscalité, le sérieux, viser, promulguer, maussade, moratoire, constructions, la compétitivité, les Etats-Unis, les experts, un carnage, préserver l'espèce, l'humidité, la capacité, la marge, la rigueur, le chef de l'état, les syndicats, l'Irak, la grandeur de la France, les pourparlers, se repérer, Dominique de Villepin, Eurodisney, oméga 3, le scepticisme, la voiture, la qualité, croire, tennis, internet, grossesse, saisir, familles, peur, adolescents, identité, 13500 tonnes, réalité, nouveau coup dur, surplus, révélation, les finances, les mesures, les magistrats, Edouard Balladur, le financement illicite, les dommages collatéraux, le tribunal de grande instance, l'inflation, la brutalité, l'histoire, Martine Aubry, l'incitation, porter plainte, feu vert, faiblesse, F.C Barcelone, souscrire, les points communs, aéroports, emplois, globalement, les économistes, Airbus, la Birmanie, purger, Roselyne Bachelot, le gaz carbonique, se connecter, plein essor, bonus malus, les partenaires, France-Télecom, les paradis fiscaux, le prix des appartements, le chiffre d'affaire, le tourisme, une note confidentielle, sans 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gouffres, Microsoft, 65000 km2, consulter, le moment venu, la feuille de route, statu quo, bilan, plomb.

 

MD SO SO : Box machine 
podcast

 

Photo : Une grande tour d'affaires ouvragée en plaques miroitantes se reflète dans une flaque pas ouvragée elle aussi miroitante. photographiée dans les couleurs plus ou moins argentées du premier jour de November entre Charpennes et République sur le cours Emile Z. à Villeurbanne. © Frb 2010.

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lundi, 01 novembre 2010 | Lien permanent | Commentaires (18)

Dans la nuit mince et blanche

Nuit blanche 14b.png

Dans la nuit mince et blanche, dorment les grands connaisseurs de la réalité, qui forment en rêve à leur image le derniers fils de la famille, pour mieux le noyer au matin.

Dans la nuit mince et blanche, je me lie à Vitrac au dessus d’un bordel de fringues
 ou le corps pris sur l’étendage, un hamac laid comme une filoche pendu sur un bec de mésange.

Dans la nuit mince et blanche, j'effeuille un almanach, datant de la fin des années 30, "la maison du papier gommé", un article documenté sur la vie du scaphandrier. Plus loin, en d'autres pages, (une revue de 1960), il y a des cathédrales vivantes, le détail d’une voûte romane, l’énoncé d’un paquet de chocos. Des palets d’or rampent sur les plinthes, l’engagement (Lu) du "sachet-fraîcheur" avec une pointe de sucre roux et 3,0 gr. d’amidon. Tout ça court sur la croûte terrestre en brulant longtemps les étapes: la Perse, l ’Assyrie et Byzance, jusqu’aux formes octogonales qui se combinent dans les absides désordonnées d'un pur style hybride ogival du genre pré-Nabirosinais.

Dans la nuit mince et blanche de gigues et de pavanes, j’accepte la place offerte.
 Par la voix tonnante de l’ancêtre qui illumine à coups de bêche, ce coeur qui se trouve sous ton pied.

Dans la nuit mince, je mange. Et goûte aux vins d'Etienne, à la faveur des jours qui passent, quand d’un paradis entrevu de l’autre côté du vitrail, nous ne glissons plus que des neiges fondues sous un coin d'oreiller. (Or la petite souris qui n’est pas dupe, ni plus folle que la guêpe, continue de nous tarauder), et nous trinquons à sa santé :

"A la tienne Etienne, à la tienne mon vieux !" .

Dans la nuit blanche, j’en pince pour les boiseries poncées mais je hais la frisette à teindre. J’y décloue ta mèche obsolète, tôt remplacée par l’accroche coeur d’un joli moniteur de luge.

Dans la nuit mince et blanche, le lis amer réinjecte son trac, naît ou meurt selon. Pénètrant le sillon, un tourne-disque carossé tombe dans la SPX. Il ne restera plus qu'à tirer les cordes du piano, à les frotter longtemps, au papier à musique. J’aime l'art acousmatique : John Cage dévoré des limaces, la flêche de Denis l'endrômé, Michel, qui n'arrête plus le regret et les doigts du grand Luc caressant les étoiles. Plus tard, les autres viendraient, (des bons copains aussi), avec d'étranges boîtes...

Dans la nuit mince et blanche, une masse de bouc a siphoné ma plume de paon ou de dindon, et je ne m’en porte pas plus mal. "Mieux vaut dindons que paons" a dit le Duxo Yaka Charmillon. Et nous revoilà une fois encore sur "le chemin des poneys !" mon talon d'archimidinette, se tort un peu sur les cailloux mais s'il retombe dans les fougères, il sait s'en contenter. "Un rien, Madame, vous rend si belle". (Giroflées, trèfles doux, émouvantes noisettes). Dix balles de billes à faire rouler sur le toit d'une chapelle, l’éclat doré du solitaire comme une chiure de coucher de soleil épousant les tonalités des grands yeux fendus en amandes de l'élandin.

Dans la nuit mince et blanche, Lord Jim erre de port en port. Et je me demande si je ne préfère pas les braves types aux grands seigneurs. Si je ne préfère pas le sanglier au porc, si je ne préfère pas le modillon au Sacré Coeur. Et s'il fallait vraiment choisir (quelle connerie, cette supposition), pourquoi choisir "entre les choses", pourquoi ne pas choisir "un peu de tout" ?

Dans la nuit blanche, pyramidale, je ris seule parmi des objets d'une stupidité qui m'agrée et de nombreuses soucoupes volantes portent plus loin les présomptions. Orné de trois pépins d'orange et d'une bonne quinzaine de mégots, l'oeil-bouton de l'ours Pitou tiendra bien jusqu'à demain soir. Un grain perdu au centre d'un pot (dont je n’arriverai jamais à calculer la circonférence avant l’aube). Soudain, j'ai  besoin de vacance, (se pourrait-il d'absence ?), ou de disparitio...

Dans la nuit mince et blanche, j’entends les perroquets et la belle de Croisset qui écarte les jambes. Le voyou qui fuyait son petit chien me relance. tout ce que j'ai à lui dire tient sur un tas de cendres au fond d'une boîte à thé.

Dans la nuit mince et blanche, je me surprends à aimer Jack Palance. Et Brigitte qui s’envole dans les bras d’un idiot, de Capri vers la mort, après, quand c’est fini, on retrouve le silence. Puis à 6 h00, reviennent les camions des poubelles, la nuit qu'on cambriole, la fin des haricots. Les dés sont rejetés. Alors naît l'envie folle de construire une pirogue. Ou de partir en catastrophe dans une petite auto.

Du genre Rolls Royce.

IMG_0262.JPGPhoto 1 : La neige blanche et mince photographiée la nuit entre la route qui mène au Mont St Cyr, et le "Chemin des Poneys"...

Photo 2 : Un drôle d'être humain dans une drôle de petite auto. Vu au petit jour, sur le chemin  dit de la "Grande Terre" ou de la "Belle Neige". Nabirosina. Janvier 2010. © Frb.

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mardi, 12 janvier 2010 | Lien permanent | Commentaires (16)

Tous, un, chacun

Hier à l'heure la plus silencieuse le sol m'a manqué : le rêve commença. L'aiguille s'avançait, l'horloge de ma vie respirait, jamais je n'ai entendu un tel silence autour de moi : en sorte que mon cœur s'en effrayait [...]

FREDERIC NIETZSCHE : "Ainsi parlait Zarathoustra" (1). Editions Flammarion 1996.

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Lundi, dix neuf heures trente. Nous sommes chaque jour plus sûrs de nous. Dans un monde plein d'images, la notre est dépourvue. Une procession de silencieux sous les "Bose" invisibles. Dissolution en tissus mous des ailes d'ange. Une empreinte animale dans un mouchoir en soie, de l'achat sur les murs et des fleurs fraîches dans les bras de Monique Vandroux, (voir notre photo : troisième personne au fond à droite) à côté de monsieur (assis en face). Et tous ces gens, bacaroulés, le nez dans les pistils safrans d'un bouquet sidérant.

Première merveille du monde : venir à eux sans hésiter, venir à eux, c'est tout, et savoir leur parler. Toute l'innocence des cordes vocales, dans un "je vous en prie, s'il vous plaît". C'est une station longue, atonale. Un crépuscule minier. De la tourbe et beaucoup de sable dans ce chariot achalandé de chairs pures et véritables. Des lèvres pourpres. Des poitrines gonflées. Ici des paniers de salade, là un luminaire empaqueté. A terre quelques publicités en forme de cylindre. Quelques minutes d'un seul tenant, sans jamais respirer. Et l'odeur de la pluie répand, celle du vieux chimpanzé.

Chaque souci dans son enclave. Au signal assuré, à station Foch, le riche est là, Philibert de Saint B. (Cinquième personne à gauche), ensemble tweed, manteau de cuir blanc pour la star Vanessa Coco (styliste cool, assise au bord). Une place à part à son spectacle, Melle Branche (hors champ), qui n'aime pas bien les étrangers, entend chanter a capella "svalutation", par des arabes : "Ils mettent LEURS pieds sur NOS fauteuils, c'est NOUS qu'on paie, quelle déchéance !" et sans cesser de tricoter, jette un oeil sur monsieur Grenier (debout, au centre, en blouson beige) qui baille en moue de vieil enfant. "S'il avait voulu, seulement...". Rêves de jeunes filles. Fiel d'ingrate. Il n'y a que mailles... Des bras s'emparent. Un monsieur à son avantage frotte un genou ingénu contre la cuisse d'une dame d'un âge. La mode est à la bigarade.

Perdus au fond, Juliette et Gilles, (le nez contre la vitre hors champ) en tandem ipodés, découvrent "Diamonds are forever" dans une reprise d'Arctic Monkeys. A l'extase stéréophonique, Monsieur Broix, professeur de lettres, recopie sur un bloc rhodia (16), une note rapide de Jacques Vaché traversant le ciel de la guerre, avec une hâte catastrophique puis s'anéantit doucement, fondu au comité des sucres du réseau TCL, une voix d'hôtesse à cajoler, énumère chaque station juste avant l'ouverture des portes, (automatiques, on s'en doutait) : Hôtel de ville-Louis Pradel, Foch, Masséna puis Villeurbanne-Charpennes, correspondance pour Jean Macé, l'ancien terminus de la ligne B, une sortie en vue imprenable sur la rue Elie Rochette pas loin d'Athènes et des trois pierres. Ou, mettons, prenons le sens inverse : Charpennes-Villeurbanne, Masséna, Foch, Hôtel de Ville-Louis Pradel, correspondance Croix-Rousse, Hénon, Cuire. Là, on emprunterait l'escalier déroulant un traité de bave (sans même une trace d'éternité), mais à discrépances variées. Deux minutes de descente, à retomber dans un cul de sac, pour courir après une ficelle. A cet instant, je règle ma vie sur ton pas, camarade ! et je cours, (court, toujours !), une tortue à cet horizon qui se restreint et m'exacerbe. Madame Lantier avec sa canne (a refusé de figurer). Il m'importe de ne pas louper l'aérienne Croix-paquet, ("cruci-paquet" pour les intimes), station de charme, une forêt de courants d'airs et de chaises alignées. La radio collective abreuve ses passagers, un coup de jet dans les pavillons. Souchon, Voulzy, Cloclo, Maurane. Le plan d'urgence est abordé : ipodage immédiat. Jean-Luc Béraud, (arrière petit cousin de...) pose un oeil consterné sur le corps bleu de ma prothèse. Le tunnel se coltrane. Monsieur Broix, ferme son cartable. Jacques Vaché, pose une grenade sous un drôle de stylo. Monsieur Broix salue monsieur Guy. Et le jeu recommence. Dix neuf heures cinquante six.

Nous étions vingt, nous voici trente. Nous étions des milliers, nous voici vingt ou cent. Ils étaient trois garçons, nous étions deux amants. Vingt cent mille ânes. Et cent-vingt rois. Ils étaient des millions. Six mille huit cent quatre vingt huit milliards. Nous étions trois petits chats...

[...] Soudain j'entendis l'Autre qui me disait sans voix : "Tu le sais Zarathoustra." —
Et je criais d'effroi à ce murmure, et le sang refluait de mon visage, mais je me tus.
Alors l'Autre reprit sans voix : "Tu le sais, Zarathoustra, mais tu ne le dis pas !" —
Et je répondis enfin, avec un air de défi : "Oui, je le sais, mais je ne veux pas le dire !"
Alors l'Autre reprit sans voix : "Tu ne veux pas, Zarathoustra ? Est-ce vrai ? Ne te cache pas derrière cet air de défi !" —
Et moi de pleurer et de trembler comme un enfant et de dire : "Hélas ! je voudrais bien, mais comment le puis-je ? Fais-moi grâce de cela ! C'est au-dessus de mes forces !"
Alors l'Autre repris sans voix : "Qu'importe de toi, Zarathoustra ? Dis ta parole et brise-toi !"

F. NIETZSCHE. "Ainsi parlait Zarathoustra".(2)

Photo : Comme un lundi à l'assaut d'une rame. Métro Lyon, (je ne sais plus précisément où. Ici ou là, dans une rame c'est toujours un petit peu pareil, non ?). Novembre 2009. Dernière.© Frb.

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lundi, 30 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (35)

Koyaanisqatsi

"On ne peut pas créer une société juste avec des moyens injustes. On ne peut pas créer une société libre avec des moyens d'esclaves. C'est pour moi le centre de ma pensée."

JACQUES ELLUL, cité par Patrick Troude-Chastenet in "Jacques ELLUL penseur sans frontières". Editions l'esprit du temps" 2005.

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Jacques ELLUL (1912-1994) occupe une place singulière dans la critique de la modernité. Auteur d'une soixantaine d'ouvrages, il s'est appliqué au cours de sa carrière à poursuivre un seul but : affirmer et défendre la liberté de l’homme face aux périls qui la menacent. Franchement hostile à ses contemporains (les leaders de droite) et à leurs idées, il s'est appliqué également à critiquer ceux de son camp, (la gauche), au risque de constants malentendus. Dans ses textes de 1935, soit quatorze ans avant les premières conférences d'HEIDEGGER sur le sujet, ELLUL considère déjà que c'est la technique et non le politique qui se trouve désormais "au cœur des choses". ELLUL a toujours refusé cette filiation intellectuelle avec Martin HEIDEGGER dont il connaissait dès 1934, l'engagement nazi. Résolument hostile aux "soldats politiques" fabriqués par le nazisme et le stalinisme, sans pour autant se reconnaître dans l'individualisme libéral à l'américaine, le jeune ELLUL a lui aussi cherché une troisième voie. J. ELLUL a traversé un monde terrible, impossible de comprendre son rapport au politique en faisant l'impasse sur ce contexte historique traumatisant : deux guerres mondiales, les horreurs de la guerre d'Ethiopie, la guerre civile en Espagne, la Shoah, la guerre totale combinant des techniques de destruction toujours plus sophistiquées avec le tréfonds de la barbarie humaine. Et partout le triomphe de l'état-Moloch.

La proposition émise par le sociologue Lewis MUMFORD (1895-1990) et Georges STEINER (sur un mode plus romanesque), selon laquelle "HITLER a bien gagné la guerre", fût déjà été suggérée par J. ELLUL en 1945, elle n'eût rien d'une affirmation de circonstances puisque J.ELLUL la réitéra tout au long de son oeuvre. Le modèle nazi, selon lui s'est répandu dans le monde entier, qu'est ce à dire ? Sinon que pour vaincre le régime hitlérien, les démocraties se sont moralement condamnées à vouloir vaincre le mal par le mal, autrement dit en s'engageant sans réserve dans le culte de la puissance technicienne. Ici se trouve le noyau de sa pensée : la technique, lisez, la recherche du moyen le plus radicalement efficace dans tous les domaines, constitue la clef de nos modernités. En substance, l'homme moderne est devenu l'instrument de ses instruments (comme dirait BERNANOS). En croyant se servir de la technique, l'homme moderne en est devenu le serviteur. Le moyen s'est transformé en fin, la nécessité s'est érigée en vertu. Pour J. ELLUL nous ne vivons pas dans une société post-industrielle mais dans une société technicienne. Si J. ELLUL se livre régulièrement à une analyse critique non pas de la technique en soi, mais de l'idéologie techniciste, on peut trouver dans son oeuvre quelques éléments pouvant conforter sa réputation de technophobe, il s'agit alors d'une technique personnifiée, hypostasiée, assimilée à une puissance voire à un monstre. Mais J. ELLUL parmi les techniques intégra le sujet de la propagande dont on pourrait retrouver aujourd'hui certains traits sous le nom de communication. En tant que sociologue, il la décrivait comme absolument nécessaire à l'intégration de l'homme dans la société technicienne, en que chrétien, il la considèrait comme un obstacle au règne de "la Parole". La Propagande, en effet, introduit la politique dans le monde des images et tend à transformer le jeu démocratique en exercice d'illusionnisme. La distinction classique entre l'information (la vérité) et la propagande (le mensonge) pour être rassurante n'en n'est pas moins très fragile. L'information est même la condition de la propagande, puisque l'opinion publique n'est qu'un artefact et qu'elle est fabriquée par l'information avant de servir de support à la propagande, cela, ELLUL l'écrivit dès 1952. En 1962, il publiera un ouvrage fondateur "Propagandes", où il met en exergue ce phénomène pas si connu et souvent mal interprété afin de briser les lieux communs qui associeraient systématiquement la propagande aux régimes totalitaires ou autoritaires. Il met en avant la nécessité pour n'importe quel régime de faire de la propagande. Ce livre écrit en pleine période de guerre froide voit s'affronter deux systèmes idéologiques qui ont recourt à la propagande. Déjà, ELLUL dénonce cette idée de propagande à visage unique, pour lui, la propagande est multiple et ne se résume pas à l'usage politique. Aujourd'hui on décrypte mieux les mécanismes de cette publicité, pire même, qu'elle soit aussi une propagande, on le sait presque désespérément ! (ce qui, au final, n'est pas si différent que lorsqu'on l'ignorait...). Mais à l'époque, il y avait quelque chose de très novateur à analyser plus profondément ce sujet. En cela, ELLUL fût très en avance sur son temps, et tout particulièrement dans l'étude de la relation étroite qui existait entre le propagandiste et le propagandé.

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Jean Luc PORQUET pense discerner les vrais héritiers de Jacques ELLUL dans la revue et la maison d'édition "L"encyclopédie des nuisances" qui développe une critique radicale et libertaire de la société technicienne. On y relève quand même quelques points de divergences avec la pensée Ellulienne, au sujet de la pédagogie de la peur (entre autres). Les Elluliens sont par ailleurs nombreux et variés mais il semble que l'on puisse les classer au moins en deux catégories : ceux qui se sont inscrits dans le sillage de l'oeuvre sociologique, et ceux qui se sont attachés à l'homme de foi ; mais ce qui caractérise l'oeuvre plus généralement d'ELLUL est le rapport qu'il entretient avec ses lecteurs, qu'il ne ménagera jamais. Tout lecteur fasciné par son oeuvre a pu parfois s'en trouver provoqué, irrité, notamment par de nombreuses contradictions. Pour exemple, ELLUL s'avèrait un grand pourfendeur de l'état dans ses cours et dans de multiples livres, mais c'était son statut d'enseignant qui lui permettait de vivre et d'écrire. Le penseur assumait ce paradoxe avec talent :

"Nous voulons être payés par la société pour contester cette société. Fonctionnaires de la représentation de la liberté"

De même, le couple "anarchiste et chrétien" pouvait faire désordre aux yeux de ses lecteurs, tout comme le binôme (!) "anarchiste-fonctionnaire"... Encore plus fort, ELLUL, étant un travailleur acharné ne ménageait pas ses efforts pour se faire l'avocat d'une éthique de la paresse ! Au delà de ses contradictions c'est la logique même de l'écriture d'ELLUL qui séduisit ses lecteurs assidus franchissant avec lui deux ou trois seuils de radicalité ils ressentaient sans doute, une certaine jouissance à lire ce qui n'avait jamais été écrit jusqu'alors.

Je laisserai à G. BERNANOS un espace ouvert en guise d'épilogue + une petite phrase sans concession, qui pourrait nous ramener (si l'on cherche bien) quelque part sur les pas de J.ELLUL :

"Les voix libératrices ne sont pas les voix apaisantes, les voix rassurantes. Elles ne se contentent pas de nous inviter à attendre l'avenir comme on attend le train."

Enfin, et tel un contrepoids à ces lourds constats et perspectives, je vous propose (pour aérer) quelques vers de VIRGILE, issus d'un monde où nagent tranquilles dans des ruisseaux bleus et limpides des milliers de truites sauvages. Ces vers évoquent un monde intouché, bucolique, incompatible avec toute forme de technique, à cette infime exception près qu'ils nous parviennent ici, maintenant, chez vous, par la grâce (perfide) de la technique. (Que faudra il penser alors ? ) ...

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Allez, troupeau jadis heureux, chèvres mes chèvres
Vous ne me verrez plus, couché dans l’ombre verte,
Au loin, à quelque roche épineuse accrochées.
Vous ne m’entendrez plus, vous brouterez sans moi
Les cytises en fleurs et les saules amers.

Nota : Le titre de ce billet cite un film de Godfrey REGGIO ("Koyaanisqatsi") qui rend hommage à J. ELLUL dans son générique de fin, comme l'un des cinq inspirateurs du film (voir bande annonce ci dessous, accompagnée d'une bande-son magistrale signée Phil GLASS

http://www.youtube.com/watch?v=PirH8PADDgQ

Voir, écouter J. ELLUL, (une vidéo Hi tech et science). Avertissement : pour accéder aux propos passionnants de J. ELLUL, il va falloir probablement (?) que vous vous tapiez une petite pub niaise et ravie (propaganda !) qui réduira presque à néant toutes nos bonnes entreprises...

http://www.dailymotion.com/video/k4Q0swEwEoLQbzuUCb

Pour la beauté du titre, de l'écho, et du blog, découvrir un supra bienveillant envers ELLUL au domaine plus qu'ami ci-dessous :

http://solko.hautetfort.com/archive/2009/11/28/desesperem...

Relire la propagande du komitbüro de C.J. citant ELLUL à son porche d'entrée :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/09/19/sa...

Photo 1 : La tour "Oxygène", Lyon part-Dieu .

Photo 2 : Le tour (de mâchoire ?) sans oxygène. Terrain vague, (plus pour longtemps), vu du côté de l'avenue Salengro à Villeurbanne.

Photo 3 : L'oxygène tout court. Lyon, colline par l'esplanade ex.canute, ex-condate, (merci Solko !). Novembre 2009. © Frb.

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jeudi, 26 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (37)

Ne t'efface pas

Il semble que la vie restera toujours inachevée. Mais on demande une chance supplémentaire.

André DHOTEL : extr. "Le pays où l'on n'arrive jamais" éditions Pierre Horay, 1995.

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C'est entre deux temps, l'un volontairement ralenti que je trouvais dans une valise, quelques fragments d'un livre de André Dhôtel, un auteur magistral, dont l'esprit merveilleux à chaque lecture semble nous restituer un pan secret de l'univers. En ouvrant quelques pages du livre à l'aveuglette, je tombais pile sur cet extrait, il semblait que cela pouvait convenir à ce point de l'année (ou de la précédente) grosso-modo à la croisée, de l'heure et du retard, jeu de broderie là bas, et ici ravaudant entre la fin du monde, et les petits commencements coutumiers, des suites à griffonner sur des vitres où le ciel et la terre sont au mieux une image, au pire, un idéal.

A part ça, quelquefois, on ne peut que broder. Il n'y a plus de frontière dans le calendrier. On profite des grisailles, on ne veut rien louper de cette heure quand des brumes tirent les personnages là, au milieu du ciel, dieux du flou, parenthèse incomplète, allant à l'opposé de nos jours saturés, de nos voix vivant moins en nous qu'au dehors - autant d'yeux/ d'autres voix ne cherchent plus entre elles à se persuader qu'elles seraient plus réelles qu'une parole, remueraient ciel et terre pour un mot déplacé, vérités comme une masse à la fin capturée, c'est un seul homme qui clame - je suis vrai- je suivrai la parole d'autres mêmes - et la mienne effacée, se dissout dans l'espace, il n'en reste qu'un trait, un peu de brume encore. Des petits trains muets longeant la voie ferrée, croisant quelques remblais. Ensuite ça redémarre. Toujours on dérivait. On voyait quelques hommes qui passaient leurs mains par la fenêtre, faisaient des moulinets devant l'expostion des tableaux alignés, variés ou tous pareils. Est ce que ça importait ? Vues d'un train, des clôtures aux fenêtres, arrimées à ces lettres: un verrou par sujet, gardant la citadelle. C'était là, le pays où l'on arriverait.

Le cantonnier qui balayait les dernières feuilles est venu ramasser les sapins de Noël. C'est comme l'année dernière, à quelques détails près. Puis l'an d'après ça rebelote : automne hiver printemps été...

On aura trouvé de l'agrément à chercher simplement un quai, dans un endroit paumé sans panneau, ni frontière, pour s'offrir une escale au pays où l'on n'arrive jamais. Moins qu'une formule désespérante ça demeurera toujours un supplément discret ou de la nonchalance et parfois un peu d'ombre nous retrouve en silence. 

Le cantonnier qui volait dans le ciel avec les feuilles mortes ne dévoila pas les secrets que nos coeurs emportaient, son pas l'invitant à marcher sous les arbres, juste avant le passage qui va de l'ombre à la lumière, une étincelle, à peine, tenant encore le reste.

On n'aurait aucun mal à se pavaner tranquillement d'une rue bien pavée jusqu'à l'étendue paisible autonome des fourrés, des forêts et des étangs sauvages pour y cacher son faix, se fondre à l'épopée, retourner cahoter, aborder les sentiers afin d'éprouver les limites de ces foules, de ce corps roulant comme la feuille entre les joncs bleutés, longeant un peu les baies, là bas où l'on se dore, jouant dans les reflets d'une barque retournée à l'envers.

On ramène des images sans chercher à savoir qui tournera la page, s'échouera à moitié, tourne ou sera tourné. On entendra les cornes de brume: un son qui ne dure guère, dont l'écho s'éternise et ne vaut pas qu'on laisse ainsi cingler l'espace.

On serait heurt / spectateur, dans cette marge exsangue retenant l'échappée, elle prend de si loin l'objectif, fait exprès de rater son but, aborde le vieux singe qui se perd sous son arbre. On continue à vivre dans la réalité - je vous jure que tout est vrai, ma bouche, mes yeux, mon nez ! et mes chaussures de marche qui marchent dans ce pays, pour serrer le vieux singe et ses gros doigts carrés, s'il referme sa patte, le pays disparaît.

Toi tu dis - c'est pas vrai ! ça ne peut pas exister, tu parles comme une toupie, on va pas tout gober/ utilité d'un mot allant à l'objectif, louant celui qui joue le rôle de s'échiner, des mots pour amuser. La galerie nous enflamme, quand on veut converser c'est un fragment du bruit. On peut tout laisser dire. On entendra les cornes, un paysage de brume, nous mènerait à l'impasse, désolant comme l'ennui. On s'étonne. Que sais-tu, de l'ennui ? De celui qui l'éloigne ? Qui parle aux animaux et voudrait faire sa vie au pays où l'on n'arrive jamais.

Tu n'es pas étranger près de cet étranger, il paraissait tenu par un autre défi, on voudrait essayer de déjouer l'oubli d'un partage advenu.

Il resterait longtemps assis là, sur sa borne, à attendre, on ne peut pas signifier qu'on s'était lentement perdu dans le langage / ou le plus simple mot/ butant sur cette ronde qui invite à marcher/ la tête dans les épaules. Tout brillait si gaiement, vu d'en bas chargé d'armes, contre les jours maussades, il y a des parades. Faut-il s'en contenter ?

Lui, il conserve sa part, il n'alignera pas ce peu de force vive pour s'égayer d'un bruit, qui va dans les objets émettra le bruit grave de les accumuler ; des peuples s'y enivrent, ces voix dont le prestige est un terrassement encore abstrait, détruiront le réel, on ne sait pas comment, ces voix colleront sur nos bagages un label "qualité" après quoi on pourra s'enfuir, ou bien l'on se retire, et le point de départ sur le point d'arrivée, n'est qu'un pas de côté pour se griller la place. Le corps embarrassant, nous bâterait comme un âne qui voulait lui aussi trottiner sous les arbres au pays où l'on n'arrive jamais.

Quel diable les possédait à vouloir s'évader ? C'est bien pour nous aider qu''un jour ils nous rattrapent / aider ? / ah ? / réussir ? / mais réussir quelles vies ?  

On libérera le livre, il flottera sur l'eau calme pour les cent mille ans à venir. Il passera de main en main, d'aussi près qu'il paraissait n'ouvrir sur rien de précis. Une empreinte animale contre une tête d'homme usée se couronnera de phrases annonçant le déclin de nos civilités.

Des signes extraordinaires dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les peuples paralysés de frayeur devant le fracas d'une mer démontée./ (Luc 21.25-27). Là où l'histoire s'arrête, n'en retiendrait-on rien ? 

Ou si peu de nous réunis, s'il n'y avait pas ailleurs un sourire dans les yeux du passeur, posant son galurin près de nous sur la rive, nous voyant à genoux et avançant sa barque, chuchotera encore :

Il y a dans le même pays plusieurs mondes véritablement.  

Le présent, le souvenir, cent mille ans à venir. Laissera-t-on filer l'homme embarqué comme l'enfant parti on ne sait quand avec quelques copains allés si loin, qu'il revient seul, presque au point de départ. Encore si près de nous qu'on croit l'avoir déjà rencontré quelquepart, quand d'autres pourraient jurer qu'ils l'ont vu chaque jour, seulement tourner en rond, depuis les cent mille ans qui ont passé, si vite, et autant à venir.

C'est peu, pensera-t-on, en guettant sur l'horloge l'heure de ce rendez-vous, des milliers de secondes à raconter l'attente. A ne penser à rien ou bien à regarder ces foules au coeur du monde se faire une place au soleil. Quelques cornes qui grondent et la monnaie sonnante dira que tout va mal/ ça ira mieux demain. Rien que de l'ordinaire. Cent mille mots de conquêtes à la fois fausses et vraies, aucune qui n'ait pas balisé d'avance nos trajets. Cent mille jours de silence rendant force à ce souffle dont l'immédiateté repousserait un instant celui de s'effacer, ne pourrait rien connaître de ce patient retour qui toujours nous retient. Où est notre mémoire ? Qu'y'a t-il après rien ? / Que dire pour que tu saches ? / Une terrasse de café/ simplement/ presque rien/ des années-lumière/ une seconde/ où mon pas se glissait/ dans le tien/ pour aller regarder les étoiles.

 

 

  

 

 

photo: Là bas. Une image embarquée. Buisson flottant et des coraux.

 

Nabirosina © Frb 2013

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vendredi, 04 janvier 2013 | Lien permanent | Commentaires (6)

Sauver le monde

"Plus on est informé, plus on est prêt pour la propagande"

JACQUES ELLUL cité par J.L. PORQUET : "Jacques ELLUL, l'homme qui avait presque tout prévu". Editions le Cherche-midi 2003.

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Il est clair que "sauver le monde à notre niveau" comme on le lit ici et là, s'avérera insuffisant. Maintenant quasi tout le monde, chacun à sa façon, le sachant, fait assez semblant de l'ignorer. Ce qui ne change rien à notre problème. Je ne dis pas qu'on ne peut pas accomplir un petit quelquechose, à son niveau, chacun à sa façon... Encore faudrait il savoir exactement ce que signifie "son niveau", tout autant que "sa façon". (Bonjour PIRANDELLO !). Après on peut relire I.ILLICH (1926-2002) et son concept de contre productivité, de "convivialité" ou son ami J.ELLUL (1912-1994), qu' A.HUXLEY (1894-1963) ("On ne peut avoir une civilisation durable sans une bonne quantité de vices aimables"), nous fît mieux découvrir, avec quelques questions se posant face à l'évolution de "la technique", notamment. (Je résume grosso modo, il s'agit ici d'une rubrique "offre d'emploi", innovant le premier sommet utilitaire de Certains jours, et sans doute le dernier, pas d'un billet philo, que cela soit bien clair entre nous !) ELLUL (Jacques), était l'ami de CHARBONNEAU (Bernard), ne pas confondre avec Jean-Pierre, urbaniste consultant, (là on s'éloigne de notre sujet). Bernard CHARBONNEAU qu'on peut relire aussi, oeuvra avec J. ELLUL à réfléchir (entre autres) aux conséquences de la "mue" des populations de moins en moins rurales, dans notre société. A noter Qu'ELLUL écrivît des choses assez interessantes sur le phénomène de la "propagande" au sein de nos mêmes sociétés (cf. le maître livre "Propagandes" 1962), mettant en relief les propagandes dites sociologiques (par opposition aux plus perceptibles propagandes politiques), ELLUL, militant anarchiste, interessé par la démarche situationniste proposa même un jour, à notre Guy chéri, une collaboration, que le philosophe refusa pour la raison que le christianisme d'ELLUL était peu engageant. No future donc ! ILLICH, ELLUL, DEBORD et tous les autres, n'ayant pu s'accorder pour sauver le monde d'une même voix, son lecteur pourra peut être s'en remettre au "Grand soir", histoire de s'informer un peu d'une autre manière, on ne peut pas sauver le monde, en regardant l'ennui (bien que fort sobre) d'une blonde sur téfin défilant ses infos un peu comme on lit l'annuaire, ni en plaçant tout à fait notre confiance dans les infos de France 2, 3, etc... (de la télévision républicaine, of course), je n'insiste pas sur la critique, "Arrêt sur image" est bien plus compétent que moi. Pas plus qu'on ne pourra croire aujourd'hui, que les femmes parviendront à sauver le monde à elles toutes seules, ou par la force des balconnets. Même si l'idée est fort jolie. Pardon, Loulou, pour ceux qui aiment la belle poisie aroumeuse engagée, voire chantée, mais "la femme avenir de l'homme", d'une part ce n'est pas encore prouvé à 100%, (sinon juste biologiquement), d'autre part, c'est un peu lourd pour nos frêles épaules (je sais de quoi je parle, moi qui adore que ces messieurs m'ouvrent les portes, et aident à porter mes cabas). Aussi, il existe des dames, des vedettes, qui en ce moment enlèvent le haut dans "Elle" et le "Marie Rose" pour la bonne cause, (on est déjà loin de l'ingénue "Margot" qui de son plein gré, mais au delà du bien et du mal, exhibait un tétin discret, pour l'amour des chats du vieux Georges ou de quelques copains de la bande à Lucien). Autant GEORGES, ELLUL, CHARBONNEAU et les autres, (allez hop ! j'amalgame), nous les savons très investis, tout autant "ELLE", "Marie Claude", j'hésite à cautionner (heureusement, personne ne me le demande ;-), pour la bonne cause ! que ne ferait on pas ?  Et puis si ce n'est que le haut, il n'y a pas à en faire un drame. Mais parfois, je me dis que je préfère une voiture qui enlève le haut pour rien. "C'est plus franc" comme dirait Lucien. Et les voitures c'est bien connu, "c'est comme les femmes", ça enlève le haut comme rien. Voilà ce calamiteux certains jours virant vers  la rubrique "auto"... Que ne ferait on pas pour attirer du monde ? dans un but, toujours le même : la bonne cause. Ca y'est ? Ca commence à rentrer ? En radio, on appelle ça clairement le matraquage. Loin de moi, l'idée d'une polémique, si ce parti-pris (de vedettes enlevant le haut pour aider le dépistage) aide un peu, c'est tant mieux. Ce qui me gêne ce n'est pas tant l'effeuillage, mais ce showbiz, mêlé au monde de la médecine et de la maladie, ce titillement de la peur, grand classique unanime, trifouiller aux entrailles, de la crainte collective, sous prétexte d'informer. Comme si, encore pour ça, pour la bonne cause (dit-on), les protagonistes et les dames qui s'y prêtent (et ne sont pas mauvaises filles, au fond) désiraient nous faire oublier dans leur enthousiasme pétri d'intentions louables, qu'il s'agit encore de spectacle, enfin pas tout à fait l'oubli, "se servir du spectacle, pour aider une bonne cause", cela est entendu, assumé, clamé même ! les dames elles savent, "elles se servent" disent elles de "leur notoriété", mais il y a comme qui dirait un petit décalage entre le monde de la notoriété se déboutonnant pour la photo (même si c'est de la photo-réalité) et celui de cette inconnue qui a rendez-vous avec l'imagerie médicale pour de vrai. Je ne suis pas sûre que les deux exemples, se situent sur la même planète. Ce que ce cher Gilles ou un certain Jean-Luc, appeleraient (peut-être ?) "Les puissances du faux"(?). Ou de l'indistinction ici presque inquiétante, entre le document et la fiction. Et dans ce cas, je ne sais pas s'il faudra enlever le bas pour sauver ce principe de contradiction. Quoi qu'on en dise, tout semblera incorrect, avec ou sans notre façon au regard de l'autre principe, belle noble cause incontestable. Surtout, lorsque d'autres images toujours (pour la bonne cause, "mains propres et tête haute") affichent clairement l'obscénité y compris idéologique, aux arrêts de bus et de métro, voire aux sorties des écoles. Une vieille idée pestilentielle, qui semble remonter d'assez loin, à côté de laquelle ces courageuses filles qui dégrafent leurs corsages aux portes des pharmacies, paraissent bien innocentes (enfin presque) venues offrir encore une part d'humanité à peu près acceptable (quoique). Nous faisant oublier, quoi ? Quelques secondes, à peine, dans la dramaturgie, (une déclinaison de gestes, gestes simples, ceux de tout le monde, le doigt près de la boutonnière, par delà le spectre du cancer, de la chimio, et de la mort peut être ?) tout cet univers de la com', des concepteurs, rois de la tendance, autres viseurs, ô cibles que nous sommes ! et nous nous trouvons surpris d'entrevoir, les dessous moins avantageux, d'une pensée qui râcle les fonds, et réinvente le quotidien avec un balai de chiotte. On s'en étonne, "Ils ont osé mais oui !". Là, le "réflexe mains propres", parfaitement odieux, (il y en a quelques autres du genre, vous n'aurez pas trop de mal à les (re)trouver), pas vraiment du même grain, que nos vedettes déboutonnées, mais passant toujours par le même canal. Voilà un peu le hic. Tout ce qui entre fait ventre ? Et ils ont pour métier de nous intéresser, nous émouvoir, de nous prévenir pour tout dire, de nous mo-ti-ver quitte à nous effrayer ? Pourquoi pas ? Si c'est pour la bonne cause, hein ! allez ! comme le bon père qui dresse son fils au martinet, en lui disant "c'est pour ton bien !" ou comme personne, pour rien, sortes de choses à vide (en 2 ou 1 seul mot). on peut bien bousiller un petit peu les nerfs de nos masses, un petit peu plus, un petit peu moins... Déjà qu'ils sont bien laminés. On sait que les gens s'habituent à tout. Jusqu'à un certain point... La méthode de surcroît étant parfaitement indolore, (au moins, apparemment), pourquoi se priver ? Et puisque ces réalités là, vraies ou fausses, on nous les colle sur notre chemin, au fond quelle importance ? Nous on ne croisera toujours que des images mais tellement reversées, renversées sur nos corps, qu'elles en deviennent la réalité. Nous voilà faits comme des rats ? la critique étant impuissante, elle se débat dans tous ces flux, sitôt parus et sitôt disparus, et voilà qu'on assiste à cette noyade, le mot est beau "déliquescence", en jetant de nostalgiques oeillades, à l'Ami Ricoré (dont je croyais pourtant à une époque qu'on ne pourrait pas vraiment faire pire) et aux redoutables enzymes gloutons, fin des années 60's, qui terrorisèrent tellement les français, dit-on, qu'on dût retirer la lessive, les enzymes étant représentés par des petites tête méchantes (ancêtre, sans doute, du mythique Pacman) avec une grande bouche pleine de dents, on frôla presque la psychose, tant les français eurent peur que les enzymes dévoreurs de saleté, engloutissent aussi leur chemises, pantalons et autres gentilles lingeries. En roue libre, l'imaginaire ! Nous nous arrêterons deux secondes afin de poser bien à plat les problèmes, (là haut sur la colline, sous un vieux saule pleureur, nous contemplerons le panorama); avant de retrousser nos manches, pour l'affaire qui nous interesse: sauver le monde. Pressons ! avant que tous ces gens ne donnent à leurs enfants les (pré)noms des voitures de la maison Renault... Là encore, je n'invente rien. Une publicité dégueulasse, a hanté les villes, attaquant cette rentrée par une toute autre maladie, l'affiche se glisse maintenant partout, (partout où je vais, elle s'y trouve). En attendant que je vous ramène quelques images, (ou pas),  vous pouvez lire Boudou. Colère à vif.

Plusieurs centaines de milliers d'années pour inventer la roue, et quelques décennies pour en arriver là, le vertige, à très grande vitesse: l'invention de la brouette, du char à cerf-volant, du grand bi, puis de la Citroën, artiste, la C4,"Grand Picasso" jusqu'à la navette spatiale et ses autres produits dérivés. Je ne parlerai pas de Ron Hubbard "Je ferai de vous des esclaves heureux" (tout un programme ! mais il nous reste un peu de marge, n'est ce pas ?) je ne soufflerai pas un mot à propos de la future ambassade de Raël et je n'entrerai pas dans le détail d'autres héros plus rigolos, à défaut d'un monde complètement sauvé il y aura des élus sous condition bien sûr... (Envoyez vos dons ! qui ne tentera rien, n'aura rien.)

Nota : Pour notre offre d'emploi, il s'agira avant tout de travailler plus, sans être payé du tout (ah ah ! Certains jours devient visionnaire ;-) "le futur vient te chercher chez toi, sans que tu aies à bouger de ton fauteuil, tente ta chance, ô lecteur !", pas d'hésitation, la cause est archi-noble. Messieurs, prenez vos plus belles plumes, vos boucliers, vos arbalètes, n'oubliez pas la petite photo, j'attends de pied ferme, votre CV.

Photo : Une affiche étonnante, détournement vu rue de Sève ! ça ne s'invente pas, (c'est à croire qu'ils le font exprès). La rue de Sève se situe presque en haut du plateau de la Croix-Rousse. Il s'y trouve, hors de l'apocalypse, (loin des fluides anti-peste et des bébés-turbos), quelques fenêtres fleuries comme en voit peu dans nos villes. Un lueur d'espoir ? Qui sait ? A suivre peut être un certain jour... Lyon, fin de l'été 2009. © Frb

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samedi, 12 septembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (16)

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