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jeudi, 12 août 2010

La mort en ce jardin

L'idée de faire une peinture ou une sculpture de la chose telle que je la vois ne m'effleure plus. C'est comprendre pourquoi ça rate, que je veux.

GIACOMETTI

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Aujourd'hui est un jour de tristesse et de découragement. Les pavots de Californie sont morts. Les pétales sont jolis au milieu de la cour. Comme quoi la mort peut être assez jolie, parfois.

Photo: Eschscholzia (ou Pavot de Californie). Nabirosina. Août 2010. © Frb.

mercredi, 11 août 2010

Des pierres et des Hommes

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Tel est le titre choisi pour l’exposition d’été 2010 aux Écuries de Saint-Hugues, organisée par le Centre d’Études Clunisiennes et le Musée d’Art et d’Archéologie de Cluny qui présentent des chefs d’oeuvre méconnus du grand public. Ce titre n’a pas été choisi au hasard, en effet, cette exposition qui s'intitule précisément :

“Des Pierres et des Hommes, la sculpture civile clunisoise XIe-XIVe siècle”

ne se contente pas d’être une exposition de plus sur le patrimoine clunisois, mais elle met particulièrement l’accent sur le travail des artisans du Moyen-Âge qui, à Cluny, ont légué des trésors de sculptures fascinants. Si vous passez dans cette région une halte à Cluny d'une journée, (je crois même qu'il en faut plusieurs), vaut bien le déplacement, pour cette exposition précisément et beaucoup d'autres évènements qui offrent des joyaux rarissimes exposés en l'occasion de Cluny 2010, en l'honneur du 11em centenaire de la fondation de l'abbaye de Cluny, (pour rappel, l'abbaye de Cluny a été  fondée en 910 par le Duc d'Aquitaine, Cluny ayant été la ville symbolique du renouveau monastique en Occident et un centre intellectuel de première importance au Moyen-Âge classique) cela vous donnera une petite idée très sommaire de la grande claque qu'on se prend et qui ressemble à s'y méprendre à un somptueux voyage dans le temps. On revient ébloui. On rêve d'y retourner. L'exposition "Des pierres et des hommes ... " dure jusqu'au 26 Septembre 2010, elle est tout simplement extraordinaire. Vous trouverez tous les renseignements nécessaires à la découverte juste ci-dessous :

http://www.despierresetdeshommes.fr/

Nota : Je tiens à remercier Jean Luc Maréchal (membre du centre d'études clunisiennes) qui a su nous guider à travers l'exposition, et raconter avec  talent et une érudition jamais ennuyeuse l'histoire de cette sculpture civile clunisoise. J.L. Maréchal propose en plus de récits historiques, illustrés par de très belles pièces et d'impressionnants documents (aux écuries St Hugues), une balade dans la ville pour retrouver in situ les pièces vues dans l'exposition (ou les imaginer) cette balade dure trois heures voire un peu plus et le temps passe encore trop vite. Merci à mes amis, Corinne et Jacques Loron et à MMe A. Genette, d'avoir pu chaleureusement m'accueillir, me guider également dans cette ville et de m'avoir invitée à visiter plus confidentiellement, certains intérieurs de maisons datant du Moyen âge jusqu'à la renaissance que, peut- être je vous montrerai ici un jour. A préciser que J.L Maréchal, C. Loron et leurs acolytes ont déjà proposé et proposeront encore des visites très originales et autres manifestations autour de l'architecture civile clunisoise, sous le noms de "Secrets des maisons" juste pour le plaisir je vous cite quelques unes des déclinaisons passées et à venir : "Secrets d'escaliers", "Secrets des rues", "Secrets des ombres"... Tout autre renseignement et documentation est à découvrir ci dessous:

http://www.cluny-tourisme.com/index.php?aid=659

Photo :  Exposition "Des pierres et des Hommes" : tête de femme gothique (provenance inconnue), XIIIem siècle. photographiée aux écuries de St Hugues à Cluny en Août 2010. © Frb

mardi, 10 août 2010

Le minuscule

Au pied du mur. Une falaise de craie, une paroi droite. La route stoppé là, au pied.
Des jours.
La paroi reste. On devient plus léger.
A force, le mur ne surprend plus.
On se dit qu'il fallait bien s'attendre à quelque chose comme ça.

ANTOINE EMAZ in "Caisse claire", éditions Points Seuil, 2007.

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L'âme atteinte, trop soudainement peut-être, au pied du mur, nous prend et nous sommes sidérés par les beautés anciennes. Il faudrait boire la pluie, il faudrait vivre sous la neige pour ne pas s'affamer, s'ensorceller de songes broutant le diamant en ces noces où l'image d'une trempe rituelle ne peut tout à fait s'effacer. La brutalité vient, après le dit de l'aime, une de la pire espèce, qui pousse à reculer, celle qui croit tout donner et reprend tout, prend l'aise, construit des bétaillères pour celles du genre de haine. La maladresse insiste jamais ne disparaît. On ne s'amende plus, l'avenir se délite peu à peu, à présent, plus vite que le passé. On porte la mort en bouquet façon dandy, rose ou pourpre. Fièrement, on se démet. Et les oeillets fanés dans les vases romantiques, n'inspirent plus le moindre regret. Après avoir chéri on s'étend tête froide sur la pierre polie des carrelages. Le son est celui de mille cloches briquées comme des casserole en cuivre qui résonnent en façade. Nous serons exhibés demain ou en Septembre.... Qu'il est doux de verser l'amour fou, ou la haine sous les yeux des indifférents ! fièrement on se pavane. On tire presque gloire de ses peines. Lamento affligeant déguisé en pure joie. Il suffirait pourtant, qu'un doux hasard, du genre humain lève le voile, et nous révèle inconsolables, cela serait moins désolant. On aimerait ce hasard. On plongerait à nouveau. On goûterait l'ornement, le velours, les emphases, celles qui visent plus haut, plus loin que l'insatiable. On se réchaufferait. On inviterait la lune, les étoiles dans les chambres. Elles nous lécheraient les pieds. Un jour, l'offense par accident, à nouveau viendrait nous reprendre. On serait consommé. On reconvoquerait les fantômes et puis on les rassemblerait tous sous la même chair exactement au même endroit. Eternel recommencement...

Photo : Visage humain candide ou effaré. Sculpture civile clunisoise, vue en façade d'une ancienne riche demeure. Cluny. Août 2010. © Frb

dimanche, 08 août 2010

Pays perdu puis retrouvé

Profonde solitude
je bouge mon ombre
histoire de voir


(HOSAÏ)

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Les oiseaux volent bas, annoncent des pluies de fin d'été. Des silhouettes dérobent le soleil, visent les fleurs des champs, les exhibent, puis les plantent dans la mare d'à côté. Ainsi vont lentement les jours, pluies et soleils sur les chemins, un peu de vent dans les prés, des choses mille fois décrites mais pas exactement telles qu'elles peuvent nous saisir. Les silhouettes déambulent cherchent l'ogre aux charmes de ces lieux, la guivre maléfique, un cri d'animal brut, et la louange soufflée que le verbe exécute. Il n'y a plus de boudoirs et plus de vestibules, plus de miroirs sans tain, ni de portes dérobées. L'être humain dans l'air vif, approuve cet état nul, à peine, mais suffisant, et puis, la vacuité toujours éblouissante et encore la forêt qui veille sur les vies antérieures qui n'ont pas été enterrées. Un remuement obscur agite une terre fangeuse, le crapaud aux marais attend son vrai baiser et l'on voit quelquefois passer des promeneurs de retour d'une journée de marche, transfigurés par une clairière. Il faut bien vénérer quelquechose. Ils vont nus pieds, se piquent, sucent la sève des pins, picorent la myrtille qui roule entre leurs doigts violets. Le jour est mûr enfin, le vent fait tourner la girouette d'un clocher de village caché du côté de la Grosne revenue du Mont St Rigaud (qu'on surnomme aussi "toit du monde Rhône"). Il y a des chemins de pélerinage reliant Cluny à St Jacques de Compostelle. Et des érudits en sandales émus devant des chapiteaux datant du XIIem siècle où des monstres à corps d'homme et têtes d'animaux administrent des châtiments (on ne se lassera jamais d'admirer le plus beau d'entre tous "le châtiment du bavard", qui jalonne le pan nabirosinais de certains jours et j'espère vous ramener peut-être bientôt cette image). C'est ainsi que tout nous revient, peu importe la ligne d'arrivée. Que le sort nous épargne les grandes destinations ! les confluents, les termes. Qu'on nous laisse aux chemins, et même à la croisée. C'est ici que la vie commence tout au bord d'un ruisseau qui n'a jamais porté de nom, dans la forêt de Montrouan, près du château, ou dans un champ brumeux à l'aube. Et il faut réapprendre plusieurs fois une seule chose. Terre ou nuages, ce qu'il y a de plus personnel en nous est au dehors, jusqu'à ce que notre esprit rencontre celui des animaux et les imite. On se souvient que les grands ascètes de Syrie broutaient. Dans leur culte et pour vaincre le désert, ils broutaient comme des vaches.

Photo : Nabirosina (Allégorie) : "Un point où le réel et l'imaginaire deviendraient indiscernables...".Vue imprenable. Là bas. Août 2010. © Frb

vendredi, 06 août 2010

Par une grande innocence ...

Le silence est l'élément dans lequel se forment les grandes choses, pour qu'enfin elles puissent émerger, parfaites et majestueuses, à la lumière de la vie qu'elles vont dominer.

MAURICE MAETERLINCK, "Le trésor des humbles", éditions Mercure de France, Paris 1896

La musique est dans les ombrages. Pour l'écouter vous pouvez cliquer sur l'imageforêt.JPG.

Dans un monde de rudesse l'amour pourrait être presque doux. L'amour est tout, si malmené parfois, en s'éclipsant il se révèle mais cela est encore trop simple ou bien trop archaïque, qu'on ne peut si clairement en exposer la thèse et dénouer les fils qui trament les intrigues tant celles-ci se jouent de la coïncidence et du charme des opposés laissant l'homme et la femme impuissants face à leur destin. Nous sommes en 1892, Maurice MAETERLINCK crée "Pelléas et Mélisande", une histoire magnifique mise en musique avec raffinement, par le compositeur Claude DEBUSSY. Le récit reste fidèle, au livret de Maurice MAETERLINCK, c'est une transposition de l'histoire de "Tristan et Yseult, (ou le drame éternel et classique de deux jeunes gens qui, passionnément épris l'un de l'autre, voient la réalisation de leur amour empêchée par la présence d'un vieux mari jaloux et violent, leur amour avéré impossible, ne pourra s'accomplir que dans la mort). Claude DEBUSSY bien qu'employant toutes les ressources du leitmotiv, ne mena pas sa composition de la même façon que WAGNER, il dira à propos de son opéra en 5 actes et 19 tableaux :

"J'ai voulu que l'action ne s'arrêtât jamais, qu'elle fût continue, ininterrompue. La mélodie est antilyrique. Elle est impuissante à traduire la mobilité des âmes et de la vie. Je n'ai jamais consenti à ce que ma musique brusquât ou retardât, par suite d'exigences techniques, le mouvement des sentiments et des passions de mes personnages. Elle s'efface dès qu'il convient qu'elle leur laisse l'entière liberté de leurs gestes, de leurs cris, de leur joie ou de leur douleur."

L'intrigue, nous la résumerons très succintement ainsi : Lors d’une partie de chasse, Golaud, prince du royaume d’Allemonde, se perd dans la forêt et rencontre au bord d’une fontaine une petite fille en pleurs désolée d’une mort déjà annoncée. Golaud la prend pour femme et la ramène au royaume d’Allemonde, sans connaître rien de son passé. Pelléas, demi-frère de Golaud, ne tarde pas à succomber au charme de la douce Mélisande et les deux jeunes gens s’avouent mutuellement leur amour. Golaud les surprend et, sous l’emprise d’une jalousie délirante, surgit par derrière un arbre et, "parce que c’est l’usage", frappe de son épée Pelléas qui tombe près de la fontaine, tandis que Mélisande s'enfuit légèrement blessée. Elle donnera naissance à une petite fille dont le destin s’annoncera tragique. "Vous ne savez pas ce que c'est que l'âme", soupire le vieux roi Arkel, aïeul de Golaud, au chevet de Mélisande. C’est pendant ce discours que Mélisande meurt discrètement. Le vieillard se lamente :"Je n’ai rien vu… Je n’ai rien entendu… Si vite, si vite… Tout d’un coup… Elle s’en va sans rien dire". En profonde détresse, les personnages se taisent ou s’expriment dans des paroles floues ou obscures. "Je ne sais pas ce que je dis" avouera Mélisande. Ces êtres au destin incertain semblent se mouvoir dans un ailleurs, imperceptiblement inscrit en ce monde. Ils n’agissent pas, au contraire ils sont agis et subissent leur sort en silence. Peu de choses sont dites tout n'est que suggéré...

"La parole est du temps, le silence de l'éternité. Il ne faut pas croire que la parole serve jamais aux communications véritables entre les êtres. Les lèvres ou la langue peuvent représenter l'âme de la même manière qu'un chiffre ou un numéro d'ordre représente une peinture de Memlinck, par exemple, mais dès que nous avons vraiment quelque chose à nous dire, nous sommes obligés de nous taire ; et si, dans ces moments, nous résistons aux ordres invisibles et pressants du silence, nous avons fait une perte éternelle que les plus grands trésors de la sagesse humaine ne pourront réparer, car nous avons perdu l'occasion d'écouter une autre âme et de donner un instant d'existence à la nôtre ; et il y a bien des vies où de telles occasions ne se présentent pas deux fois… 
Nous ne parlons qu'aux heures où nous ne vivons pas, dans les moments où nous ne voulons pas apercevoir nos frères et où nous nous sentons à une grande distance de la réalité. Et dès que nous parlons, quelque chose nous prévient que des portes divines se ferment quelque part. Aussi sommes-nous très avares du silence, et les plus imprudents d'entre nous ne se taisent pas avec le premier venu. L'instinct des vérités surhumaines que nous possédons tous nous avertit qu'il est dangereux de se taire avec quelqu'un que l'on désire ne pas connaître ou que l'on n'aime point ; car les paroles passent entre les hommes, mais le silence, s'il a eu un moment l'occasion d'être actif, ne s'efface jamais, et la vie véritable, et la seule qui laisse quelque trace, n'est faite que de silence. Souvenez-vous ici, dans ce silence auquel il faut avoir recours encore, afin que lui-même s'explique par lui-même ; et s'il vous est donné de descendre un instant en votre âme jusqu'aux profondeurs habitées par les anges, ce qu'avant tout vous vous rappellerez d'un être aimé profondément, ce n'est les paroles qu'il a dites, ou les gestes qu'il a faits, mais les silences que vous avez vécus ensemble ; car c'est la qualité de ces silences qui seule a révélé la qualité de votre amour et de vos âmes. 
Je ne m'approche ici que du silence actif, car il y a un silence passif qui n'est que le reflet du sommeil, de la mort ou de l'inexistence. C'est le silence qui dort ; et tandis qu'il sommeille, il est moins redoutable encore que la parole ; mais une circonstance inattendue peut l'éveiller soudain, et alors c'est son frère, le grand silence actif, qui s'intronise. Soyez en garde. Deux âmes vont s'atteindre, les parois vont céder, des digues vont se rompre, et la vie ordinaire va faire place à une vie où tout devient très grave, où tout est sans défense, où plus rien n'ose rire, où plus rien n'obéit, où plus rien ne s'oublie … Et c'est parce qu'aucun de nous n'ignore cette sombre puissance et ses jeux dangereux que nous avons une peur si profonde du silence. Nous supportons à la rigueur le silence isolé, notre propre silence : mais le silence de plusieurs, le silence multiplié, et surtout le silence d'une foule est un fardeau surnaturel dont les âmes les plus fortes redoutent le poids inexplicable. Nous usons une grande partie de notre vie à rechercher les lieux où le silence ne règne pas. Dès que deux ou trois hommes se rencontrent, ils ne songent qu'à bannir l'invisible ennemi, car combien d'amitiés ordinaires n'ont d'autres fondements que la haine du silence ? Et si, malgré tous les efforts, il réussit à se glisser entre des êtres assemblés, ces êtres tourneront la tête avec inquiétude, du côté solennel des choses que l'on n'aperçoit pas, et puis ils s'en iront bientôt, cédant la place à l'inconnu, et ils s'éviteront à l'avenir, parce qu'ils craignent que la lutte séculaire ne devienne vaine une fois de plus, et que l'un d'eux ne soit de ceux, peut-être, qui ouvrent en secret la porte à l'adversaire."
(Maurice MAETERLINCK, extr: "Le Trésor des humbles", Mercure de France, Paris, 1896 )

Photo : Ceci n'est pas la forêt de "Pelléas et Mélisande" mais celle du beau et très puissant Marquis de Monrouan, prince des ombres qui vont aux mondes invisibles. Ici même est "ailleurs", cachant mille secrets, hélas, l'histoire serait assez sublime, et j'aurais bien plaisir à vous la raconter, si la vieille épouse du Marquis (une créature méchante) n'était pas si jalouse ... Or je tiens à la vie, tout autant qu'à son ombre et je vous prie, chers lecteurs, de ne rien divulguer, sinon il arriverait un grand malheur. Nabirosina. Ma forêt. Août 2010. © Frb.

lundi, 02 août 2010

Monts et merveilles

Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes.

LA ROCHEFOUCAULT, Max. 38

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A la fin du XIIIe siècle, les "monts" symbolisaient une grande quantité de choses, au Moyen-Âge, on disait, "promettre les monts et les vaux" (c'est-à-dire les vallées), à ne surtout pas confondre avec les "démons", même si les légendes du Moyen-Âge évoquent souvent "les démons et merveilles". Dès le XVe siècle on utilisait l'expression "conter maux et merveilles" pour raconter des histoires fabuleuses". L'expression s'est ensuite transformée au XVIe siècle en "promettre monts et merveilles". Il s'agit donc de promettre des choses précieuses en grande quantité, choses mirifiques et dans un sens plus figuré : promettre plus qu'on ne peut tenir. Au cours du temps, on a dit aussi "promettre la lune", "chiens et oiseaux", "plus de beurre que de pain"... Mais revenons à cette expression "monts et merveilles" dont l'origine n'est pas anecdotique ; aucun conquérant n'a jamais promis à ses troupes de merveilleux royaumes au-delà des monts, comme le fit le général carthaginois Hannibal, qui fit espérer à ses soldats, du haut des Alpes, la possession de Rome. Un peu plus tard, François Rabelais utilisera "conter monts et merveilles", tandis qu'au XVIIIe siècle, on parlera de "monts d'or" pour évoquer soit des avantages très importants soit des richesses considérables. Dans la suite des temps, par un goût pour la répétition, typique de l'ancien français, l'image a été oubliée et les merveilles ont pris la place des vaux, renforçant ainsi le sens du mot mont, au lieu de le compléter comme précédemment. L'ancien français adorait ces couples de mots, de sonorités voisines et de sens proches. Curieusement, beaucoup nous sont parvenus: bel et bien, sain et sauf, sans foi ni loi, sans feu ni lieu, tout feu tout flamme... On retrouve chez J.J. Rousseau des "merveilles" plus fidèles à la panse rabelaisienne (ça c'est moi qui rajoute). Les "merveilles" sont des rubans de pâte cuits dans le beurre : "La collation fut composée d'échaudés, de merveilles", (cf La nouvelle Héloïse). Ainsi pourrions nous glisser doucement et pour appâter le gourmand lui promettre bien finement "Veaux et merveilles"... Mais cela est une autre histoire cachée entre les terres du Nabirosina et les monts de Genève et je n'en risquerais pas la publication sans m'en aller goûter moi même les merveilles décrites par Rousseau. Quant aux veaux je vous les promets, selon la formule consacrée du poète Auguste Vermeault : "Promettre veaux émerveille". Enfin bon...

Photo : Promenade au bord de l'étang des clefs, (merveille !) et, plus loin, St cyr (mont !) culminant à 771 mètres d'altitude, ce qui nous donne le plus haut sommet de la Bourgogne du sud, où par temps clair, on peut voir les cimes des neiges du blanc (mont) et des Alpes, le Forez, l'Autunois, le Morvan, le Beaujolais et le Mâconnais (Monts), et l'entrée de la cave en croisée d'ogive (Monts et Merveilles !) du poète, (poite ? pouêt ?) Hozan Kebo. Nabirosina. Août 2010.© Frb

dimanche, 01 août 2010

Poisons

Ma commère, il faut vous purger
Avec quatre grains d'ellébore.

JEAN DE LA FONTAINE "Le lièvre et la tortue"

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Il y avait l'inouï à portée, le sable sur les dunes, les arbres et la beauté, la transformation pure biffée sur un trait d'ombres. Il y avait la douleur présente et la douceur passée, les tortures à venir, des gens dans des musées s'étonnant d'art absurde devant des têtes réduites baignant dans du formol. Il y avait mille choses, des guillotines, des fouets et des chaises électriques, des autocars pleins à craquer d'artistes venus des grandes villes pour piquer le jus de la forêt. Il y avait l'exil, la peur des lendemains, il y avait ta mine de plomb au milieu d'un grand pré qui me faisait manger des digitales pourpres. Il y avait cinq pétales soudés. Inclinée vers le sol, une corolle bordée de blanc de couleur rose foncée parsemée à l'intérieur de petites taches sombres, il y avait des capsules de fruits mûrs et poilus, des pétioles, des sessiles, au dessus de nos têtes il y avait des insectes qui butinaient des particules de pollen, et nous piquaient les mains. Il y avait Marie Madeleine Dreux D'Aubray dite Marquise de Brinvilliers, ou bien "Marquise des ombres" vivant à l'époque de la fronde, violée par un domestique à l'âge de sept ans, devenue "joli brin" qui dansait entre les massifs avec un air d'innocence émouvant. Il y avait Godin de Sainte Croix et l'empoisonneur Exili. Les jardins, l'alchimie, l'arsenic. Il y avait le charme des vénéneuses, l'aconit, la cigüe, l'if, et ses petits fruits ronds comme des myrtilles qui n'ont pas mauvais goût. Il y avait l'herbe du diable, les poisons végétaux, tous les alcaloïdes. Il y avait ma tête souriant au milieu d'un grand pré, couronnée de lauriers roses que tu cueillais pour moi exprès afin de varier les plaisirs. Il y avait des portiques, des pergolas, des balançoires et encore ces vieux fruits arrivés à maturité qui se glissaient tels des reptiles entre les murailles presque en ruine. Il y avait des peines capitales, d'arbitraires exécutions par la grâce des "consolantes" ou la disgrâce des mêmes vireuses solanacées. Il y avait des onguents magiques, des philtres d'amour, le breuvage des Sabbats qui invitait à "voir le Diable". Il y avait l'héllébore blanc ancien poison de flêche. Il y avait la rose de Noël, et La liane-réglisse du Jequirity avec ses jolies graines rouges vifs marquées d'une drôle de tache noire à la base. Il y avait des fièvres intolérables venues de petits arbres de la forêt humide. Il y avait les nuances du savant Paracelse qui remisait l'ordre du monde :

"La dose seule fait qu'une chose n'est pas un poison"


SUN RA : "Angels and demons at play"
podcast



Photo : Melle Laronce posant pour certains jours dans son habit de plante méchante. Mais méfions nous des imitations. Testée pour vous, elle griffe et elle s'accroche mais ne délivre aucun poison (sinon la mûre, encore faut-il, que les plus benêts s'y laissent prendre...), Nabirosina. Dernier jour de Juillet 2010. © Frb

vendredi, 30 juillet 2010

Doux de la feuille (Part I)

Premiers pas...

Si vous voulez connaître le second épisode, vous pouvez cliquer sur l'image

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-  Je vous raccompagne  ?

-  ohhhh ! je...

(A SUIVRE...)

Si vous voulez accéder directement à la fin de l'histoire cliquez ci-dessous, (âmes sensibles s'abstenir)...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/09/30/el...

...Avec toutes les conséquences que ça suppose :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/08/14/mo...

Pendant ce temps là, à quelques mètres de là :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/08/14/po...

Photo : Feuilles folâtres surprises en flagrant-délit (par les paparazzi du Nabirosina) dans le bois nommé "Clôt Bôteret", juste derrière chez moi. Là bas. Juillet 2010. ©Frb.

mercredi, 28 juillet 2010

Dead souls

L'idée d'inspiration, si l'on se tient à cette image naïve d'un souffle étranger, ou d'une âme toute puissante, substituée, tout à coup pour un temps à la nôtre, peut suffire à la mythologie ordinaire des choses de l'esprit. Presque tous les poètes s'en contentent. Bien plutôt, ils n'en veulent point souffrir d'autre. Mais je ne puis arriver à comprendre que l'on ne cherche pas à descendre dans soi-même le plus profondément qu'il soit possible.

PAUL VALERY : extrait d'une lettre écrite en 1918, publiée dans la revue "Le Capitole", en 1926 (La pléiade, I, p. 1654).

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Les serments nous dévident. Au soleil, nous disparaissons. Incapables de choisir entre le bien et le mal, nous prenons dans l'épreuve le lot de faux plaisirs, l'enrobons du contentement des sots. Nous sommes calmes, avenants, marchons les bras chargés de fleurs, des choses nous illuminent, nous les nommons, leur donnons vie, par mégarde elles nous sont reprises. On les emporte au loin. Au loin est un lieu impossible, déjà l'imposture nous fait autres. Les regrets s'éternisent. Des passagers descendent, d'autres montent. Le cochet fouette des chevaux blancs. Le carosse a des airs de train de marchandises ou de charrette à bras portée par quelques monstres. Qui se douterait que ce beau véhicule aura déjà servi, toujours à l'identique ? Des tas de gens tous identiques, absorbés par l'azur auront traversé ce même lieu tous, indifféremment et s'y seront perdus à convoiter l'âme promise, jusqu'au mal le plus vif, au mouvement brut, des bris de là, tout au bord d'un sentier, entre les pierres sculptées, le calcaire d'une église au tympan martellé, dentelle d'apocalypse et de Christ adoré.

Le paysage nous prend et déchire nos chemises. Les oracles prédisent des temps à venir périlleux, ensuite, peut-être éblouissants. Ce serait tout comme à l'origine. Un endroit féerique né d'un péché puissant. A terre gît l'écorce éclatée d'un arbre centenaire, une sève figée, blanche et terne, de belle opacité, un point ultrasensible au centre d'un sillon qui semble se fermer à vue d'oeil, en s'approchant, on sait qu'il s'ouvre sur des mondes. Alceste qui s'y connaît, dit que les arbres ne meurent pas. Il faut les tuer, pour qu'ils tombent. S'il l'on écoute on peut entendre une plainte en écho. Un chant, des turpitudes attendrissent les dunes. Rares sont ceux qui le savent. Quelque chose cède à l'embarras, plus fort que toute vélléité d'accéder aux limites. On a beau croire que la douceur s'annule comme rien, au milieu de tout ça, l'humain chute, et cette chute fait encore peine à voir, on le regarde s'agripper à la haie du chemin, la tête noire comme un mûron: rumex, rumicis, ruberraspberry, blackberry, cloudberry, dewberry, salmonberry, nagoonberry, thimbleberry, jusqu'à l'explosion des fruits rouges. Les lèvres imitant le baiser, lèchant le jus sombre, et le suc. Si délectables, enfin.

Rien ne dissipe le muet battement qui ravive la nuit. Les chants de ces rapaces aux yeux frontaux existent bien à l'écart du monde.

"Leur attitude au sage enseigne / Qu'il faut en ce monde qu'il craigne / Le tumulte et le mouvement;" (1)

Leurs cris semblent montrer la figure souveraine, le chemin des grandes terres, et du soleil couchant. Toute crainte terrestre s'en trouve remuée, mais rien jamais ne peut si aisément se rompre. Nous accueillons la vanité et nous cachons ce vierge, ce muet en nous même, qui nous plie, nous allonge sur un fil, et lie les univers les uns aux autres, un seul ressort si mystérieux qu'on ne sait déjouer. L'effroi succède aux tumultes, aux mouvements, les aveux magnifiques se taisent.

Tout était lumineux, et tout nous enchantait. Nos pavanes ne sont plus que bredouillements de gêne. Nous cherchons l'absolu ou l'oubli ou les deux et la nuit nous pleurons. La nuit ça continue, ne viennent que subterfuges, et les vains substituts. Quand l'heure est dépassée, on se rentre en citrouille. Toutes ces grâces enfantines n'en finissent plus de nous hanter et ces folles entreprises, tours de main, tour de cour, et ce rire de l'humain, noyant dans l'excès d'encre, les belles exhumées. Toutes ces grâces vont échues en petites notes éparses, pages blanches, cahiers reliés de cuir, ratures, effets de style à découvrir sous la lame du coupe-papier, tous ces ratés monumentaux dont on voudrait faire oeuvre ; tous ces paradis personnels, solitaires, déjà déchus. La main n'atteindra pas le coeur de la forêt. Et les songes inouis, trop criants, finiront par nous rendre sourds.

Nous dormions innocents sur un lit de bleuets. Mais par la main du diable, la création nourrit aussi les ânes, singe la sève et l'arbre. Les ardentes couleurs de nos petits succès, nous font maintenant pâlir de honte : ronds de jambes, jus de framboise, à tu à toi, je mute en rimes qu'on fait moisir confinées, mains absurdes caressant les pistils soyeux, hymen à déchirer dans un joli fourré, bouches en cul de poule, trous de guingois, le mucus libère ses toxines, des hiboux perroquets nous recouvrent de plumes, on prend des airs échevelés, concupiscence, excès. Voici l'éternité. L'ombrage est sans limite et les réveils sont durs. Pourquoi se réveiller ?

 

 

Nota : (1) ces vers sont extrait du poème de Charles Baudelaire : "Les hiboux".

Photo : Ma forêt en Nabirosina. Juillet 2010. Frb©

samedi, 24 juillet 2010

Je me casse

Voir petite variation à cliquer dans l'image

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A demain, à dans un mois, c'est la déesse (ailes) qui en décidera.

Photo : Aperçu de vacances en ville, photographié sur le trottoire du cours Emile (Zola, bien sûr) à Villeurbanne en Juillet 2010.© Frb.

jeudi, 22 juillet 2010

Mille et unième note...

Rien que la joie, les sortilèges et une immense confiance optimiste, rien que les données immédiates de la sensiblité. Rien que l'art de prendre son temps"

KAREL TEIGE : extr. Liquidation de l'art", éditions Allia 2009.

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Pour fêter le 1000 et le 1, et liquider, (si faire se peut). J'ai prévu une petite sauterie au jardin avec quelques rafraîchissements, qui ne sont pas de ma composition...

Crème de cassis, bibine, blanc, chopine, pinard, piquette, vinasse, gnôle, fillette, communard, Clairette de die, vin bourru, Mâcon, vin de goutte, vin de Moravie, vin cuit, Bordeaux, jaja, Bourgogne, vin de paille, vin de palme, vin de pays, vin doux, vin mousseux, vin de table, Bergerac, vin liquoreux, vin muté, bière brune, Cervoise, Gueuze, ginger beer, Guinness, kriek, lambic, bière ambrée, Blanche de Bruges, saké, stout, brune, pot, Chimay, Kro, bière d'épinette, bière de Munich, bière de luxe, bière de nourrice, bière de sapinette, bière de table, bière forte, bière rousse, pastis, anis, ouzo, saké, Absinthe, Arak, Suze, Armagnac, Cognac, mezcal, Pineau des Charentes, Bénédictine, vodka, génépi, whisky, Amaretto, Gin, Floc de Gascogne, vins cuits, Calva, Zythogale. Cherry brandy, Champagne !

Bellini ou Opéra Venise = (Champagne,+ purée de pêche fraîche), Bloody Mary = (Vodka + jus de tomate + épices + jus de citron), Margarita = (Tequila, triple sec, jus de citron), Tequila sunrise = (Tequila + jus d'orange+ sirop de grenadine, Cuba libre= (Rhum, cola + jus de citron + sucre de cannes), Mojito = (Rhum blanc + jus de citron vert + sucre roux + feuille de menthe fraîche + eau gazeuse, Caïpirinha = (Cachaça + sucre roux + citron vert + glace pilée), Piña colada = (Rhum blanc + jus d'ananas + lait ou crème de coco, Kir = Bourgogne blanc aligoté + crème de cassis de Dijon ou autres crèmes (framboise, myrtille), Americano = (Campari, vermouth rouge italien (ex. Martini, Cinzano), soda Martini ou Dry Martini Californie = (5 doses de gin + 1 dose de vermouth blanc sec + une olive verte ou zeste de citron). Cocktail flambé, Cocktail Molotov,(vodka + bière + grenadine) + feu d'artifice au jardin. (Voir ici).

Nota : Si vous passez par Lyon, ou si vous y vivez, la bonne adresse (les yeux fermés) pour déguster le meilleur Mojito (en musique et quelle musique !) se trouve au "Mondrian" (ex Vin § ko), avec terrasse idéale sous les arbres, je l'ai déjà écrit quelque part sur ce blog et je le répète sans aucune réserve, c'est un endroit que j'aime, en tout, autant pour l'esprit que pour l'accueil qui sont hors du commun. Le Mondrian, donc, bar restaurant repris et (re)crée par l'artiste cuisinier Michel Piet, (et ses acolytes), se trouve au 1, quai Claude-Bernard dans le 7em arrondissement de Lyon (tél : 04 37 65 09 71), à deux pas de la Galerie Roger Tator, autres excellents...

Sinon, vous pouvez rester chez vous, assis sur une chaise et puis boire un verre d'eau, mais c'est pas le même humour.

http://www.youtube.com/watch?v=W13ZrrgKQIs

Photo : La bonne chanson à suivre dans la vitrine du marchand de vin, liqueurs et spiritueux de la Grande Rue de la Croix-Rousse, photographiée au début de l'été 2010 à Lyon. © Frb.

mardi, 20 juillet 2010

Procrastination

Chaque homme trouve au fond de ses réveils tous les désordres du temps, réduits à la médiocre échelle d'une inquiétude privée.

PAUL NIZAN

Si vous voulez voir la mer, vous pouvez cliquer sur l'image.tout quitter.JPG

Si peu de choses me retiennent. Je pourrais tout quitter... Demain.


SONGS:OHIA /"Body burned away"

podcast


Photo : Le désespoir est assis sur un banc et il ne s'appelle pas Bébert (ou bien est il debout derrière le banc ?). Tout un été à procrastiner face au kiosque à fleurs, sans une fleur à se mettre sous la dent. La vacance dans toute sa splendeur, photographiée place Liautey ou Morand à Lyon au début de l'été 2010.© Frb.

mardi, 06 juillet 2010

La notte

Ne nous faisons pas d'illusions au moment où elle nous imagine, la réalité devient notre ennemi numéro un.

MICHELANGELO ANTONIONI

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Nota.

C'est une nuit où presque rien n'arrive, mensonge et vérité sont étroitement mêlés. La vue est imprenable comme le jour où par temps clair, on aperçoit d'un point précis, pas loin de la rue de l'Alma, une sorte de flou mais très sûr, au dessus des flots lumineux, un peu de brume, à peine, sur une mer impavide. La nuit, des liqueurs infectes sont offertes par des créatures qui caressent, en riant un énorme ventre affamé. La nuit se porte comme un calice, se joue d'un rébus couturé, qui nous décompose à mesure qu'un mystère se trouve révélé. Tout nous voue à l'obscurité, en cette place oscillante, aux souvenirs des joies de la veille devenues presque indifférentes et aux présages de joies futures qui n'adviendront peut-être jamais. Dans les monts, le soleil se couche derrière la terre. Un homme glorieux se sauve sur un cheval au galop. Un faisan est égratigné. Mais l'instinct résolu ; le faisan blessé reste en vol. Des choses se consument hors du monde, et d'autres naissent à la limite. Le silence annule toute offrande. L'épuisement viendra avant l'aube. Quelque chose nous mesure encore entre mille étoiles piétinées.

La notte.

Les personnages se sont trouvés, mais ils ont du mal à communiquer, parce qu'ils ont découvert que la vérité est difficile, elle demande beaucoup de courage et des résolutions toutes impossibles dans ce qui est leur milieu respectif. Cette ville leur ressemble, elle est morose et vide. Deux minuscules silhouettes au pied d'un gigantesque immeuble blanc, et des visages exsangues expriment un profond désarroi. Les voix tenteront en vain d'écrire l'évanescence. Rien ne sera préservé. Une bande magnétique, des cocktails, des espaces et des gens très lentement se délitent. Les trompe-l'oeil font mourir. Les reflets des arbres et les bâtiments traversent les visages, des rêves sont sacrifiés autant que l'émancipation. Une femme lance son poudrier pour atteindre une dernière rangée de carreaux, l'homme veut aussi jouer. Pris au jeu et piégé. Il va perdre. Quelque chose se détache. L'homme ne mesurant pas les conséquences de ses actes, ne remarque pas que sa femme va le quitter. Il ne sait plus quoi dire, quoi penser, ni surtout quoi sentir...

"Le mur derrière la femme est blanc, traversé d'une ombre en forme de ligne noire, un trait épais qui ressemble à celui qu'on pourrait faire avec un marqueur sur une image qu'on veut rayer. Cette ligne noire ne raye pas la femme mais le mur qui est derrière elle; le trait noir meurt dans son dos, s'y enfonce, blessant, comme une grosse épée d'ombre, son dos se courbe lorsqu'elle raccroche le téléphone. Après quelques secondes  d'une évidente difficulté à se redresser, la femme tourne son visage vers cette ligne noire d'où proviennent aussi les voix et bruits des autres. Elle ne dira rien à personne. Au lever du jour, plus rien ne sera comme avant".


 

A tribute to Michelangelo :

http://cinema.encyclopedie.films.bifi.fr/index.php?pk=42451

http://home.comcast.net/%7erogerdeforest/antonioni/

http://blog.lignesdefuite.fr/post/2007/08/02/lobjet-repre...

Photo : La nuit, vue de la grande esplanade (au seuil de la rue Pierres Plantées et de la rue Jean Baptiste Say), qui précèdent l'ultime petite montée jusqu'au boulevard désert, au plus haut point de la colline endormie. Lyon, Croix-Rousse, autour de trois heures du matin. Juillet 2010 © Frb

jeudi, 01 juillet 2010

Ceux qui partent / Ceux qui restent...

Ou 22 secondes de vie estivale citadine.

mercredi, 09 juin 2010

Une semaine de catas (thema Part III)

Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ?

PAUL VALERY : Extrait de la "Petite lettre sur les mythes", publiée dans la NRF en Janvier 1929, puis réunie avec d'autres textes dans le recueil "Variété II" aux Editions Gallimard 1998.

Pour accéder à la couleur vous pouvez cliquer sur l'image.IMG_0010.JPG
Mercredi.

J'ajuste sur les bans de sable, la lune et ces désemparés qui gardent au delà des récifs, le temps à l'échelle cosmique et ces phares qui n'invitent à rien. J'oublie les vagues brûlant la trêve, et les digues que ce corps enroule dans le bel azur usagé. Je mesure le rectangle blanc, le nuage d'une vierge inique et le désenchantement de tout. J'accroche un oeil à la paterne, je cherche un vieux pêcheur de perles, le grandgousier, poisson lanterne, qu'on appelle encore "anguille abyssale". Des poissons-papillons sèchent juste au milieu du pont. J'apprivoise le corail comme s'il était l' animal ami, servant à l'apaisement d'un ennui qui vient sûrement au cours de longs mois de voyage. Je capitonne le souterrain, l'éclaboussure habituelle m'envoie une vapeur légère. Un halo de lumière convoque une fois encore les sédiments. Sous ce multicoque avenant il se passe de curieuses choses qui vont toujours en avalanche. Je partage l'effacement pour ne pas savoir ce qui coule, culbutant le compte à rebours, prise au piège des organismes fantastiques et multicellulaires. Je comprends le vert et le rouge et le violet couleur de fastes toutes les mollesses baladeuses et les stratus à formes de jonques. Je collectionne les poissons rouges et les têtes de barracudas qui dévorent entre elles leurs grimaces, je comprends le vert et le rouge, et le violet couleur de farce. Le soleil plombe ma voilure. Je deviens presque insubmersible. L'océan ne donne sur rien. L'eau est folle et le vent est doux, le fond geint de bestioles cachées. Je garde la tête dans mes mains face à l'oeil fou qui m'atomise. L'avantage revient aux vestiges à cet endroit presque infini où le geste a mêlé l'eau de source au sel. Je vide mon sac dans les embruns. Je me détourne de la matière pour flotter entre les pigments. Partir me prend, au large et le plus loin possible, jusqu'à ce que le ciel et l'eau fondent. A la tempe me pousse une cible; aux oreilles des anneaux de gym, je tombe du haut du Lloyd's building comme sur le pelage d'une hermine, je tente le musc, les senteurs d'ajoncs. Les flots de l'océan indien, me trouvent. Au pays des cholas, j'ai dû rêver longtemps à demie-endormie sur les flots, à ne plus savoir s'il est vrai ou faux que ces ports sont à ce point artificiels : Chennai (ex Madras), Cuddalore, et Pondichery (ou Pondycherry ou comme on dit en abrégé "Pondy"). J'y passerai des jours à tisser le coton. En attendant j'astique mon multicoque avec amour. Rendez vous sur l'île d'or... Où Monsieur William m'attend pour un autre voyage toujours autour du monde, mais cette fois à l'envers. Le vent monte crescendo, le capitaine ne parle pas ; et pour faire passer les secondes au moins jusqu'à demain matin, je fais et redéfais des boucles. J'apprends et réapprends sans cesse la confection du noeud Zeppelin...

Catamaran.

http://www.youtube.com/watch?v=J_G9RRY7SS0

Photo : Ceci n'est pas un catamaran. Peut être n'est ce que le faux semblant du port d'attache de notre cata 1 ? Ou un catamaran parti ? (un catapamaran ?). Photographié la nuit sur les berges de la Saône, à la face de Saint Georges (qui travaille à la terre) pendant que nous flottons. Lyon. Juin 2010.© Frb.

dimanche, 06 juin 2010

Révérence

Guy Debord :"Critique de la séparation"

podcast

Vous pouvez aussi cliquer sur l'image, in situ...

peopke.JPGPhoto: Salomé et les anonymes. Photographiés à Lyon, rue de la République en Mars 2010.© Frb