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lundi, 06 décembre 2010

Words words words

I'll be you,  I want you, I love you,  I really want you, I got a line on you, I miss you, I'm gonna miss you, I lost you, I need you now, I knew you knew, I'd come for you, I'll stand by you, I just wanna make love to you, I believe in you, I give all my love to you, I put a spell on you, I follow you, I love you more,  I can't tell you why...

If you want translators, you can touch click on the lovers with your mouth IMG_0170.JPG

You've got the love, you're not invincible, you can let go, you're going to age, you're a hologram, youv'e changed, you'll never find, you'll disappear, you make it easy, you were never there, you set off my brain, you really got me, do you remember ? You never had it better, you make two weeks two days, you make me feel, you look like rain, you already love me, you just can't win, you sure love to ball, you go the silver, you got me hummin', you don't know love, you get me, did you get my message ? Do you ring my bell ? You do something to me, you could have both, are you passionnate ? Do you love me ? You love me, because you love me, tell me you love me, you love to sing, you're an ocean, you can't hide love, take what you take, you can't do that, you can't always get what you want, you can move back here, you can do what you like, you own me, you are what you is, you make me feel like a whore, you make me like charity, thank you for loving me, you should'nt kiss me like this, you make lovin fun, you are the terror, you decorated my life, you rock my world, kiss me like you mean it, you are never alone, do you wanna dance ? Would you love a monsterman ? You're so real, you go to my head,  you bring me down, you fail me, you belong to me, Who you are ? You are the music, you are my life, you make me so very happy, make you smile, you are my sunshine, you're my only home, you are what you love, you kept me waiting too long long long long long long long long long...

I wanna take your higher again, I've got the world on a string, I'm waiting for the man, I'm waiting for the day, I'm throwing my arms into Paris, I'm so lonesome, I could cry, I'm a loser, I'm not angry, I'm smashed, I'm goin' a fire, I'm leaving you for solitude, I wanna be your dog, I'd much rather be with the boys, I won't support your love, I won't back down, I woke up today, I wish you, I wish I knew, I will survive, I will, I was gone, I was a lover, I'm a woman in love, I'm not in love, I used to try, I talk to the wind, I have a vision, I think I'm paranoid, I start to run, I see a darkness, I'll be around, I saw her standing there, I need some money, I may have a drink, I needed this, I love your eyes, I can't get no satisfaction, I've got so much to give, I'm with stupid, I singing in the rain, I am the black gold of the sun, I don't need no doctor, I am very sorry, I'm new here, I'm not like everybody else, I'm in the house, I'm going away, I'm a man, I love London, I learned the hard way, I know very how I got my name, I kissed a girl, I just don't know, I hear the rain, I gotta be goin', I got the feeling, I got my mojo working, I fought a crocodile, I feel fine, I don't wanna be a soldier, I don't need that kind of lovin', I don't mind, I don't care, I didn't know what time it was, I can't wait, I can't get started, I can't explain, I can't believe we did, I can't see it in your face, I can't not poet be, I can't never go home anymore, I came as rat, I do it for your love, I do I do I do I do I do I do I do I do I do ...

 

TOBIE LURIE : "Love"

podcast

 

 Source et note : Ce billet a été rédigé après une sélection drastique issue d'une liste de titres pop contenant des mots précis, (le lecteur adoré l'aura bien compris), les titres sont extraits de ma sonothèque personnelle et de celles de quelques amis (gougoules forbidden) versés dans la musique de beatniks que je remercie (les beatniks et les amis). Ce billet conçu via un procédé nommé "wip", est agrémentable à loisir toutes autres suggestions pertinentes et personnelles (no gougoules, no dix heures) seront accueillies avec les égards qu'elles méritent.

Photo : "You and me" en balade aroumeuse, (on va le dire comme ça), c'est de l'usurpation d'identité. Quel toupet ! et je lis, d'après l’article 434-23 du code pénal, que le fait de prendre le nom d’un tiers dans des circonstances frauduleuses et sans l’accord du tiers, est puni de 5 ans de prison et de 75 000 euros d’amende, mais je tiens à signaler, aux lecteurs, lectrices, à monsieur le ministre que je n'usurpe pas les noms, je ne sais pas dans les combien ça ira chercher, gageons que tout cela sera sauvé par l'indulgence de nos lovers qui ont certainement mieux à faire que de se regarder de dos sur un blog, et l'aroum triomphera de tout, au final. Les lovers ont été photographiés sur le "pont des (gros) soupirs" à Lyon, jadis appelé pont de l'université (University's bridge over trouble water), rebaptisé "pont des (gros) soupirs" par deux ou trois rabat-joie (ils se reconnaitront) effrayés par l'éminent, l'imminent 8 Decembre. Comment c'est fini ? Mais non rien n'est jamais fini ! never never ...  © Frb 2010. 

dimanche, 05 décembre 2010

Monstres doux

On n'est pas sur terre pour pondre des livres et qu'il est difficile d'écrire sans fastes, simplement vrai, comme on vit !

BLAISE CENDRARS : extr. "Blaise Cendrars vous parle", éditions Denoël 1952. 

monde171.JPGLa vie de Blaise CENDRARS, on le sait, est un roman, vrai, et plein de mensonges, elle permet un nombre illimité de lectures, ce qui explique un bon gros tas de malentendus que CENDRARS a toujours entretenus avec une joie presque enfantine. Des grands vertiges de Ménilmuche transformés en contes africains, aux trajets coutumiers en autocars jusqu'aux voyages dans les grands trains (Transsibérien pour n'en nommer qu'un seul), CENDRARS n'a jamais cessé de prolonger l'état d'éveil. Ses grands calculs il les fait pour ceux qui ne comprennent rien aux petites comptabilités ordinaires, exemple (entres autres, encore, pour lui, fumer une cigarette équivaut au temps du trajet en bus des Batignolles à la gare Montparnasse.) De "L'or" succès incontestable /"La découverte de l'or m'a ruiné. Je ne comprends pas"/ à "Moravagine" grandiose et délirant /"nous remontions l'Orénoque sans parler"/, CENDRARS a l'énergie des remises en cause radicales, il vit dans la mémoire de ses personnages, il vit plusieurs existences à la fois, et se refusera toujours que son existence se limite à une seule et unique trajectoire.

Champignonnage. Phosphorescence. Pourriture. Vie. Vie, vie, vie, vie, vie, vie, vie, vie. Mystérieuse présence pour laquelle éclatent à heure fixe les spectacles les plus grandioses de la nature. Misère de l'impuissance humaine, comment ne pas en être épouvanté, c'était tous les jours la même chose !

Un instant entre ses dérives, nous retrouvons CENDRARS à la terrasse d'une brasserie de la Porte d'Orléans, dans la banlieue sud de Paris. Il s'apprête à revoir un monsieur qui a des allures de moine chauve,  dont "l'érotisme monomaniaque" est partout proclamé voire décrié, on l' accuse de pornographie. HENRY MILLER, en personne, droit comme un bonze, attend CENDRARS assis sur une  bonne chaise en paille. BLAISE CENDRARS, indolent, courtaud, rougeaud, et le corps porté en avant a rendez-vous avec celui qu'il surnomme le "Chinese rock bottom man", ("le chinois qui a touché le fond"). Pour MILLER, la voix de CENDRARS évoque "Le tumulte de la mer". La main tendue vers lui est chaleureuse. A peine installés, les deux hommes retrouvent leur belle complicité d'antan, entre eux, une si grande évidence, n'a pas tant besoin de se dire. Ils reprennent une conversation jadis suspendue là où elle en était. D'un continent à l'autre, ils n'ont jamais manqué de s'adresser leurs ouvrages dès leur parution, au moins pour témoigner de leur santé mentale qui est très bonne malgré un désespoir qu'ils savent l'un et l'autre incurable, mais ils ont besoin de ce réconfort mutuel pour mieux s'assurer que "les imposteurs ne méritent qu'indifférence". Leurs sujets de conversations sont inépuisables. Le tout venant est leur domaine, ils ont accès à tout. On aurait pu rêver de se métamorphoser juste un instant en papillon (style éphémère) pour voltiger d'un verre à l'autre à la table de ces deux là, afin de dérober à notre tour quelques bribes d'une conversation qui nous rendrait quelques points de vie, tant MILLER et CENDRARS sont curieux, boulimiques, stimulés par le flux verbal, la surenchère des mots, la parole enivrant, plus encore que l'alcool, tout cela monte en eux, jubile jusqu'au fou rire, ils dévident en copains et dans la bonne humeur les secrets de leur mytholologie perso, leurs récits ou projets de vagabondages. Paris, New York, la Grèce, les sentiers de Californie, les remous de toutes aventures, les trimardeurs et les routards en fugue... Autant qu'ils peuvent, ils essaient d'échapper aux accrocs, au coups bas qu'ils connaissent bien, à ces misères vécues dans cette drôle d'Amérique qu'ils ont également en commun. Ils se re-connaissent quasi jumeaux dans ces aventures sans ancrage et cherchent encore. Hors circuit tous les deux, semblables en d'autres temps, ils sont les hommes qu'ils ont été jadis pour un instant présent qui ne concède rien aux idées d'échéance, ils ont tous deux plus que la littérature, ils en connaissent le geste, les mouvements fictifs ou réels, le mode de vie risqué quand les tous les présents, les passés, leurs futurs, se conjuguent jusqu'à la confusion, jusqu'à  la création d'un nouvel état de grâce. CENDRARS glisse d'un sujet à l'autre, sans trait d'union, digresse, bifurque, puis il s'embarque par jeu dans une douce provocation, sans préambule il demande à MILLER :

"Vous devez vous faire une haute idée de Lawrence n'est ce pas ?"

Pour MILLER ça devient difficile d'être flou, d'autant que CENDRARS enchaîne très vite.

Franchement vous ne le trouvez pas un peu surfait ?

On sait que CENDRARS (sans doute pour raison d'estomac), écorna sans vergogne quelques uns de ses contemporains, dénonçant les attitudes "écrivassières", la vanité autocratique des businessmen de l'édition, il s'illumina, touchant ça et là aux plus belles icônes de son temps puis se lassa aussi rapidement de ses propres persiflages. On sait (et à plus juste titre qu'avec LAWRENCE), que CENDRARS se gaussa joliment du père ANATOLE FRANCE :

Ce vieux croquemitaine souriant.

Il refit le portrait d'une façon brève et nette, de l'intouchable PICASSO,

Ce batard de l'académisme.

Vif et définitif, l'oeil de CENDRARS voit clair, et sa verve inflammable incise comme une lame. Il s'amuse à  faire vaciller son copain MILLER, qui pour une fois, manquera de répartie. MILLER défend mal son ami  D.H LAWRENCE, auteur pourtant du torride "Lady Chatterley". Il abandonne assez vite l'idée de défendre qui que ce soit, il préfère écouter CENDRARS qui  déjà le réembarque en quelques secondes pour une autre conversation qui s'inclût tout autant dans la même, pourquoi pas ? A noter contre l'anecdote que quelques années plus tard, c'est le mot "tendresse" qui viendra naturellement à CENDRARS pour évoquer son lien avec D. H LAWRENCE. Et cette contradiction sera encore d'une grande fidèlité.

A la station Porte d'Orléans, CENDRARS précipite les adieux. MILLER retourne en Amérique. MILLER n'aura  jamais oublié l'article que CENDRARS consacra un jour à ce livre magnifique qu'est "Tropique du Capricorne", cette oeuvre charnelle jugée trop sexuelle fût interdite dès sa parution en 1939 mais CENDRARS avait déjà "reniflé" l'écriture et la pyrotechnie d'Henry MILLER ne lui était pas si étrangère :

Un régal, un livre atroce exactement le genre de livre que j'aime le plus.

A la fin de son article, CENDRARS annonçait déjà, au delà d'un enthousiasme de lecteur, de critique, une espèce d'humanité commune ou plus exactement une gémellité :

Je me devais de vous saluer mon cher Henry MILLER, car moi aussi j'ai erré, pauvre et transi dans les rues hostiles d'une grande ville à l'étranger où je ne connaissais pas âme qui vive et où j'ai écrit mon premier livre. C'était dans votre vieux New York, mais ceci est autre histoire...

  Nota 1 : Ce billet s'est largement inspiré d'un petit livre formidable promu au destin de livre de chevet qui serait par ailleurs une très chouette idée de cadeau à mettre dans les chaussures de quelqu'un qu'on aime bien (il n'y a pas que les auteurs à la mode qu'on peut commander au Père Noël). L'ouvrage a pour titre  "Pour saluer CENDRARS" (l'hommage est savoureux, le contenu très fidèle à son titre), il est signé Jérôme CAMILLY, et, pour la gourmandise, le livre est  illustré magnifiquement par Robert  DOISNEAU. Le tout est édité chez Actes Sud (1987), ce sera le coup de coeur de fin d'année de Certains jours et des jours qui suivront. 

 Nota 2 : La vignette ci-dessous est un fragment  (ou copie) d'un portrait de CENDRARS par DOISNEAU une, parmi les nombreuses photos qui illustrent ce livre, elles sont toutes admirables et parfaitement référencées.

Autres liens, (certes pas utiles, on dira donc en complément, et tout à votre guise) :

http://www.cebc-cendrars.ch/

http://www.franceculture.com/oeuvre-blaise-cendrars-la-vi...  

Plus quelques voix...

http://ubu.artmob.ca/sound/miller_henry/Miller-Henry_Thir...  

... Dont une certaine étrangement tronquée jusqu'où ? On n'en saura pas davantage ...


cendrars visage027.JPG

 

 

 

 


 

podcast

 

Remerciements à : "La revue des ressources" d'où provient ce précieux document.

 Photo : Graff mural idéal. Un seul mot pour deux monstres doux, qui referont le mur, photographié un peu partout, entre plusieurs allers retours Lyon-New York, je ne sais plus quand, je ne sais plus où. © Frb 2010.

jeudi, 02 décembre 2010

La chaleur humaine

J’ai passé ces derniers mois à passer ces derniers mois. Rien d’autre, un mur d’ennui surmonté de tessons de colère.

FERNANDO PESSOA, Lettre à A. Cortes Rodrigues.

chaleurF2640.JPGDe manière progressive, une teinte un peu grise dominait à présent. La poussière devenait liquide quelques éclats abimaient le velours qui avait recouvert la ville tous les jours précédents, la couleur de l'ennui revenait comme toujours, et nous déplorions cet instant où la ville silencieuse avait rassemblé dans le froid les volontaires qui distribuaient la chaleur humaine gratuitement à l'entrée des magasins ou dans les bouches de métro, rien que des volontaires enjoués, prêts à tout pour distraire les passants, les éloigner de "la pensée frileuse" qui s'invitait dans les maisons et couvrait tout du voile de la dépression venue par les brouillards d'Octobre, les premiers frimas de Novembre et les noëls où il manquait toujours quelqu'un aux festivités, chez les uns et les autres, pour que la fête soit absolument réussie. Les solitaires ne souffraient pas. La "dépression saisonnière" pour eux, c'était tout le temps, mais les solitaires ne comptaient pas, ils appartenaient au "domaine à part" qu'on avait classé "atypique", l'adjectif fourre-tout "atypique" plutôt en vogue courait dans des dossiers spéciaux, sur les listes d'attente et vidé de son sens, on avait choisi "atypique" plutôt que ses synonymes tels : "exceptionnel", "hors norme", "inaccoutumé", "inhabituel", ou "singulier" qui connotaient trop dans le particulier, "atypique" était un mot atypique même, une façon de considérer la chose sans vraiment la considérer, les solitaires n'étaient pas tout à fait dans la marge, pas assez dans la marginalité, on pensait d'abord aux familles, aux clans, à tout ce qui rentrait dans les statistiques, il fallait préserver leur joie, leur cohésion, l'intégrité des plaisirs, tout en leur transmettant la certitude qu'ils appartenaient à une collectivité vraiment active, leur forger une identité, une communauté, quelque chose qui ait l'air solide, leur livrer l'illusion leur en fabriquer d'autres, jusqu'à ce qu'ils se sentent protégés par quelque plan définitif. Les volontaires, des jours entiers affinèrent leur stratégies, leur action fût dévouée aux terrains les plus "sensibles". Les volontaires portaient les sacs et les valises des pauvres gens, engageaient les conversations, complimentaient les dames, laissaient leur place aux vieux. Aux époux qui allaient seuls au bistro se saouler avant de rentrer les volontaires offraient un pot, y ajoutaient les distractions (blagues belges, histoire de blondes, bonne humeur et bons mots). Il y avait dans cette sorte de bonté accompagnée de manières généreuses, la gratification de plaire inséparable du souci d'attester que la chaleur humaine était une constante de l'humanité, malgré les derniers évènements, les décrets aberrants, la liberté qui sourdement se réduisait, divisant des classes entières de gens, rien ni personne ne pourrait attenter à cette valeur proclamée "sacrée" de la chaleur humaine, aucun gouvernement ne pourrait jamais modifier ce que la nature avait désiré libre, rien, jamais n'aurait l'outrecuidance de réduire la chaleur humaine à moins que ce qu'elle était, même si chacun laissait au secret ses petits enchantements personnels, c'était justement ça, le travail de ces volontaires : faire fructifier les prodigieuses ressources de chacun, un peu partout afin que la morosité ne ronge pas la saison et n'empêche pas, par ailleurs les réformes de se faire. Les volontaires croyaient à une vie meilleure, ils mettaient une ardeur particulière à divertir les gens, ils se disaient indépendants, bien qu'une rumeur courait qu'ils étaient payés en avantages par les gouvernements. Le ministre de la solidarité, lui même, n'avait pas caché au journal de 20H00, qu'il avait commencé à songer à la création d'un "bureau des chaleurs humaines" avec un système de bons, de tickets, et d'emprunts à un pourcentage raisonnable et des campagnes de prévention menées par des psychologues qu'on pourrait associer à des prêtres pourquoi pas à des artistes ? (Il y en a de serviles-...) qui évalueraient le potentiel de chaleur humaine que chacun pourrait offrir à son prochain dans des proportions raisonnables, et mettraient en place des dispositifs ludiques et opérationnels, pour recréer une dynamique dans le tissu social des villes voire des quartiers. Il y aurait aussi un "bureau des débordements" afin d'éviter toute exagération, on avait réfléchi à des quotas, des systèmes d'amendes et à des soins relatifs aux pathologies "débordantes", il y aurait des orientations systématiques encadrées par des assistants au volontariat, qui permettraient de réguler les flux déviants vers des centres spécialisés dans les troubles psycho-affectifs remboursés par la sécurité sociale jusqu'à 57,3 %, cela, doucement, se mettrait en place par la grâce d'un mécénat proposé par les grands noms de l'industrie pharmaceutiques. De même qu'on réfléchissait à "une journée de la chaleur humaine" où chacun pourrait rencontrer son voisin et l'embrasser avec toute l'affection qu'il n'osait lui offrir dans l'année. Les créatifs d'évènementiel inspirés par des performers d'art contemporain, planchaient sur un projet dément : des farandoles géantes de citoyens et de voisins qui iraient d'immeuble en immeuble chercher d'autres voisins, ils partiraient de ville en ville pour que la chaleur humaine se diffuse et dépasse les frontières, il y aurait des feux d'artifice, des ballons, des lancers de radiateurs symboliques, chacun serait encouragé à offrir des fleurs aux passants, ou à inviter à déjeûner chez lui, celui qu'il jugerait plus démuni que lui. On demanderait aux maires dans les villes d'engager des débats sur les places, aux gens de se parler spontanément, on fabriquerait des affiches invitant les consommateurs à se faire mutuellement la conversation dans les magasins, à s'aimer sincérement, on puiserait l'émotion cachée au fond de chacun pour que le monde ne soit plus qu'émouvant. On pensait même organiser un grand "love-in" de fin d'année animé par des vedettes déjà très investies dans le projet, on parlait de Yannis Noanne, Mimile Matry, de Florent Pagnol et peut être de Claudine Fion, on ferait venir Michel Pornaleff et Jean-Lichel Marre, l'entrée ne serait pas donnée, mais grace à cet argent on pourrait fonder prochainement, un "ministère de la chaleur humaine" qui bénéficierait de moyens, grâce aux dons, pour imposer à tous la valeur de chaleur humaine, guidée des professionnels pluralistes et attentionnés. Il y aurait cette idée de "générosité méritée" appuyée par des philosophes qui viendraient en parler à la télé en bidouillant grosso modo Voltaire à partir d'une seule phrase qui serait placardée dans tous les établissements scolaires, les halls de gare, à l'entrée des supermarchés :

"Rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme"

 On prévoyait d'ici 2025 de mieux distribuer le trop plein de chaleur humaine de certains à ceux qui en manquaient, ainsi s'acheminerait-on vers un monde plus parfait que le précédent, aussi convivial que porteur d'espoir d'une civilisation plus authentique, plus équitable. La chaleur humaine allant de pair avec le coeur à l'ouvrage, c'est dans la joie de tous et toutes, marchant main dans la main, qu'il fallait que les bonnes choses se fassent.

Photo : La foule du cours Emile Z. vue d'avion (l'avion de certains jours ne vole pas haut mais c'est quand même un avion). Villeurbanne in December © Frb 2010

mercredi, 01 décembre 2010

Sur le banc de neige

Viens
allons voir la neige
jusqu’à nous ensevelir !

BASHÔ, extr: "Haïku. Anthologie du poème court japonais",
Gallimard, 2002.

Si ce banc vous déplaît en cliquant sur l'image, vous gagnerez sûrement un autre banc. banc de neige647 b.jpg

 Sur le banc de neige je me suis allongée ce matin pour y dormir jusqu'au lendemain. Le banc avait des airs d'ermitage alcestien, quand je m'y suis réveillée, le froid m'engourdissait les mains alors j'ai pris la position du penseur (de Rodin), pour penser à des tas de trucs, à tout un tas de machins. Sur le banc de neige j'ai pensé...

Aux journées à la mer, au bord des lacs et des rivières, aux trouées du vieux Blaise sur des feuilles luisantes et caoutchoutées, j'ai pensé qu'on pourrait monter la route en lacets sur des bottes luisantes et caoutchoutées, j'ai pensé aux tours carrées des villes qui vues de loin paraissent rondes, j'ai pensé que nous regardons les jours diminuer tandis que les nuits deviennent longues, j'ai pensé à ces hommes célèbres qui ne sont pas encore nés, à ces talents ignorés, cette multitude d'artistes pourtant doués qui mourront sans avoir connu un quart d'heure de célébrité, j'ai pensé aux ateliers culinaires de Jean Luc Rabanel, sur le banc de neige, j'ai pensé aux îles flottantes, aux dé-collages d'Asger Jorn, à la taille prodigieuse d'une force dépassant tout ce qu'on peut imaginer, j'ai pensé à Ariane dans l'île de Naxos, gémissant sur l'abandon et l'ingratitude de Thésée, j'ai pensé à la vérité du monde qui n'est pas notre vérité, sur le banc de neige j'ai pensé...

Aux rochers suspendus au dessus de la mer éternellement rongés par le sel de ses eaux, aux corps qui ne semblent pas connaître l'érosion, aux âmes sans agitations, aux esprits qui renversent tout à la moindre contrariété, sur le banc de neige j'ai pensé à la porte de Saint Ouen, au prince de Monaco, et au Panathénées. J'ai pensé aux machines à polir et culotter les grains de cafés, au grallator, au térébinthe, sur le banc de neige j'ai pensé au visage de ce nègre qu'on crût longtemps barbouillé d'encre et aux joues gonflées du père Louis faisant corps avec sa trompette. J'ai pensé aux amants qui n'auront le droit de s'épouser qu'en 2797, au tracé rectiligne qui coupe la forêt Morand jusqu'à ces feuilles géantes qu'on espérait de bananier mais qui portent un nom trop savant pour un effet assez médiocre,  j'ai pensé au lac de Saint Point envahi par les crustacés, au grallator fuyant le térébinthe. Sur le banc de neige j'ai pensé que l'on fondrait peut être à la place de la neige si on avait la certitude qu'elle ne fonde plus jamais, j'ai pensé aux amis malheureux qui cherchent à tout se dire, et ne trouvent pas moyen. J'ai pensé à "l'heure bleue", à "la petite robe noire" de Delphine Jelk, à ces notes de coeur citronnées, de tête au macaron framboise, à cette note de fond au thé fumé, j'ai pensé  à des volets qui s'ouvrent, dans une auberge de Méditerranée avec vue imprenable sur un verger d'agrumes,  j'ai pensé aux formules poétiques courtes mais de grande densité, à l'interminable haiku d'ISSA :

Être là,
tout simplement,
au milieu de la neige qui tombe.

Aux questions imprudentes de SHIKI (Masaoka)

Il y a bien longtemps,
je l'interrogeais sur
la profondeur sans fond de la neige.

Sur le banc de neige, j'ai pensé aux diverses déformations de la volonté jusqu'à l'exaltation ou l'excentricité puis à toutes les craintes qu'elles inspirent, j'ai pensé aux éternels hivers d'hyperborée, à l'humidité qui attaque le bas des murs, aux moisissures qui se glissent entre les poils d'un col de ragondin, et aux paupières tristes comme des pétales fanés de ceux qui ne savent pas où aller. Sur le banc de neige j'ai pensé qu'au lieu de penser sur un banc on pourrait tout autant penser la même chose sur une luge, qu'il suffirait peut être de décoller le banc et puis le bricoler de façon à le rendre plus mobile. J'ai pensé que ce banc ne serait beau que blanc, qu'il nous le faudrait blanc tout le temps mais que ce serait absurde de peindre la neige en blanc du fait qu'on aurait peine à trouver le même blanc et qu'il serait d'ores et déjà vain de s'évertuer à chercher un rendu plus fondant. Sur le banc de neige j'ai pensé qu'on penserait peut être différemment si l'on était bercé par les jeux vocaux des inuits, qui battraient la mesure en tapant sur le banc, mais ça n'empêcherait pas de penser aux mêmes trucs, et aux mêmes tas de machins, et que, moralité:  il n'est pas possible de battre le banc sans abîmer la neige. Sur le banc de neige j'ai pensé.

 

INUIT- Throat-Singing

 



podcast

 

Photo : Le banc de neige, longeant les berges du Rhône quelquepart entre le pont De Lattre de Tassigny et le Parc de la Tête d'Or à Lyon. Photographié dans les premières et volumineuses neiges du premier jour de December.© Frb 2010.

mardi, 30 novembre 2010

Tous givrés

Ce matin, (qui n'est pas à la date d'aujourd'hui, à 48 h00 près), le paysage aura changé. Pour la première fois dans la ville, on voit des gens aller à la boulangerie sur des skis, d'autres disparaissent dans un glacier, une solidarité très spontanée réchauffe les esprits par la grâce du froid tôt revenu, des choses qu'un journaliste à la télévision a qualifié de "cauchemardesques" comme si le monde n'appartenait qu'aux automobilistes. Nous, les piétons, les cyclistes, skieurs de fond, ou fantaisistes à trottinettes, à raquettes, à bonnets (avec ou sans pompons), nous dérapons jusqu'à l'insignifiance, ralentis dans tous nos projets ou parfois, immobilisés, nous goûtons à cette expérience enfantine, assez délicieuse, qui consiste à improviser, à défaut de pouvoir déployer nos ailes, nous patinons merveilleusement...

  IMG_0256.JPG         DSCF2366.JPGIMG_0375.JPG  IMG_0031.JPGIMG_0378.JPGDSCF2363.JPG

Pour le plaisir (infime) de la lo-fi, vous trouverez ci dessous 44 secondes de pas pressés dans la neige urbaine, la neige rurale, est infiniment plus veloutée et invite à des gestes plus lents, dit-on. La neige des villes on l'appelle en milieu de journée, "la gadoue", "la bouillasse" ou "la gabouille" ce dernier mot m'a été soufflé par un vieux monsieur très loquace croisé dans la folklorique ficelle à crémaillère qui remonte au village (ou plateau de la Croix-Rousse). Ici, l'extrait est à deux ou quatre pieds seulement, je vous ai épargné le tintamarre de la journée, quelques milliers de pieds craquant la neige et pas mal de gamelles, plus quelques sirènes de pompiers... (Qui a dit que la neige était silencieuse ?)



podcast

Ceux qui n'aiment pas les pieds ni la neige de la ville, trouveront peut être satisfaction avec des tronches de neige à la campagne...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/01/13/tr...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/01/12/sn...

A suivre des photos de Lyon sous la neige peut-être un certain jour en décalé et quand tout sera fondu.

Lien utile : http://www.lyon.fr/vdl/sections/fr/evenements/alerte_mete...

Photos : Hommes, femmes, enfants, chaudement fagotés, surpris un matin par presque 20 cm de neige. Photographiés au parc de la Tête d'Or (Photo 1 et 5), près du tunnel de Fourvière (photo 4), sur les quais du Rhône (Photo 3) à Lyon et place Charles Hernu à Villeurbanne (Photo 2 et 6). Certains jours toujours en décalage avec le calendrier ordinaire, a "croqué" les six petites balades au premier jour de December. © Frb 2010

dimanche, 21 novembre 2010

Une heure ...

Quelqu'un m'a demandé mon âge,
Après avoir vu la vieillesse grisonner sur mes tempes
Et les boucles de mon front.

Je lui ai répondu : une heure.

Car en vérité je ne compte pour rien
Le temps que j'ai par ailleurs vécu.
Il m'a dit : Que dites-vous là ? Expliquez-vous.
Voilà bien la chose la plus émouvante.

Je dis alors :

Un jour, par surprise, j'ai donné un baiser,
Un baiser furtif, à celle qui tient mon cœur.

Si nombreux que doivent être mes jours,
Je ne compterai que ce court instant,
Car il a été vraiment toute ma vie.

lBN HAZM  (écrivain Andalou Xem et XIem s) in "Le collier de la colombe" ("De l'amour et des amants") éditions Actes Sud, Collection Babel traduit par Gabriel Martinez Gros. 2009.

Une heure0164.JPGIBN HAZM est un homme de l'an mil, un philosophe de souche andalouse né à Cordoue en 994 (384 de l'Hégire) mort en 1064, converti à l'Islam. (ABÛ MUHAMMAD ALÎ IBN AZM ou AL HAZM), fût poète, historien, juriste, philosophe et théologien il mît son érudition, au service de ses convictions politiques et théologiques. Son oeuvre est immense, 400 titres environ, (dont beaucoup de livres perdus ou brûlés par punition), "Tawq al-Hamama" ou "Le collier de la colombe", son ouvrage le plus célèbre, a été souvent comparé aux livres d'amour courtois, à la poésie des troubadours, composé à Jativa en 1027, il est consacré à l'Amour et aux amants. La dissimulation du langage est un des traits de l’amour. L’amant, quand on l’interroge, nie et se compose une apparence sereine :

 Il est donc vrai que l'amour est séduction spirituelle, une fusion des âmes [...] L'âme de l'amant est libre. Elle sait la place qu'elle partage avec l'autre ; elle vise à son voisinage, y tend, la recherche, désire l'aborder, l'attirer si elle pouvait, comme l'aimant attire le fer.

On connaît de lui un diwan, recueil de poésies qui reflètent ses tristes expériences. Ce livre reprend les idées courantes de la littérature arabe sur l'amour et le comportement des amants. Il s'inscrit dans la tradition d'une idéalisation "platonique". IBN HAZM s'est appliqué à faire éclater les idées reçues. Il s'est posé rapidement la question de la sincérité, il s'inspire finement de son expérience personnelle, pour atteindre des considérations psychologiques bien avant l'avant l'avènement de cette discipline, qui mettent en question le mystère de la sincérité de l'homme : 

L’homme se sert-il des mots pour se masquer, pour se donner telle ou telle apparence, ou trouve-t-il dans la puissance de ces mots les miroirs vivants dans lesquels il offre sa véritable image ?

Ainsi est posé le problème de la nature et de la valeur du langage, qui a inspiré à IBN HAZM les idées fondamentales de sa réflexion religieuse. On trouve dans son Kitab al-ahlaq wa’l-siyar (Épître morale) d’autres exemples de son acuité psychologique et ses ouvrages théoriques sont les plus connus dans son oeuvre. Selon IBN HAZM, le langage est fait pour la communication et son but est l’intercompréhension (tafahum).  Ce langage doit être clair, ne pas se construire sur des sous-entendus (taqdir) et ne pas être énigmatique. IBN HAZM a étudié le Coran, ses lois grammaticales, son lexique sa logique, mais nous ne traiterons pas ce sujet ici car un blog entier ne suffirait pas.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rh...

Son oeuvre est inspirée d'un fil conducteur que l'on retrouve dans toutes ses oeuvres, le pessimisme et une certaine misanthropie, IBN HAZM  est un des auteurs les plus personnels, les plus vivants de toute la littérature arabe, il a pourchassé, dans la religion et dans la connaissance en général, tout ce qui venait de l’homme comme erreur, vaine prétention, révolte. Son idéal était de retrouver, en toute humanité la pureté, la foi et la loi. 

Une amitié sincère ne naît pas en un instant et l’on ne fait pas jaillir la flamme à volonté. Elle se développe lentement et elle est enfantée grâce à une longue intimité ; ainsi elle acquiert des base solides, Elle n’est point sujette au déclin ni à la diminution ; sa stabilité et son accroissement ne sont compromis par rien. Ce qui confirme cela, c’est que tout ce qui naît et croit rapidement ne tarde pas à périr.

Pour IBN HAZM aimer, est une guerre civile, c'est choisir, contre tous les autres, un seul être, qui se distingue par l'amour même qu'on lui porte. "Car l'amant est un étranger au pays du partage, un barbare travesti dans la cité, hostile à ses lois, à ses usages. Et quelle force, sinon l'amour, serait en mesure de tisser dans la mémoire des liens qui uniraient les hommes, après avoir su rompre ceux du quotidien ?" (Extr du texte de présentation de l'ouvrage)

 "Le collier de la colombe" débute ainsi :

"L'amour commence en plaisanterie et s'achève gravement"

 

Ensemble IBN ARABI : "Ne t'éloigne pas de moi"
podcast

 

 Photo : Les dernières fleurs avant l'extinction de toutes les fleurs et l'arrivée des neiges, photographiées place de la bourse à Lyon presqu'île, par un jour ensoleillé de November. © Frb 2010

samedi, 20 novembre 2010

November (Version poétique)

Petite balade sentimentale et sensuelle à travers le champ lexical des poésies de Paul Verlaine aux doux titres de "Chair", "Chanson pour elle" et "Parallèllement"...

Les personnes terre à terre s'y retrouveront plus sûrement en cliquant sur l'image.autiste.JPG

Amour, diable, ange, impitoyable, méchant, redoutable, loup, beaucoup, hou ! hou !, cou,  roucoulant, métamorphoses, lèvres, rouges, moues, finir, blanche, lys, blonde, perfide, onde, vide, beaux, sein, braise, fortune, foutaise, lune, fraise, châtaine, chose,  turlutaine, ébène, femme, reine, toi, moi, brûlant, moqueur, mignon, Styx, vainqueur, chevelure, longue, encolure, repas, lèvres, ivresses, diaboliques, multiples, rallier, seul, fatigué, paraître, fol, arc, parc, cibles, rosâtres, flocon, trahir, secret, blâmer, roi, photographie, sage, libertin, fredaine, crime, nom de Dieu !, galopine, vrille, ce jourd'huy, soixante treize, ardent, appât, appétent, fressure, tête, émouvante, outre vit, lascif, muscles, amusante, zut !, bergère, saccager, peluche, solitaire, dormir, maligne, délétère, se taire, coi, paix, pourquoi ?, question, pleine, plaise, jeux, Waterloo, Paris, énerve, tableau, joie, faveur, tromper, ta proie, reprochée, grande maîtresse, j'adore, coeur amoureux, papefiguière, à l'encontre, mieux, grâce, harmonie, mol, aboutissant, venelles, richement, ondoie, incessamment, frisotté, copeaux, abîmé, béant, peur, entrée, danse, variation, caverne, fraude, hic et nunc, divine, dépit, outre, parbleu, possible, plume, plaindre, mourir, tocs tocs, tics tacs, trac, mon Dieu, ennui, entrailles, braves, graves, pleurer, cadavres, vive, pire, navre, estropié, roué, coups de poing, dégoût, hormis, fog, fade, clair, Leicester, Londres, square, savoureux, hagard, retenir, elle, m'aime, vertueuse, possède,  intelligents, indulgents, seize ans, vingt ans, corsage, clabaudant, si ça te plaît, accessible, valet, soufflet, proverbes, alentour, caresses, le soir, définitif, seul témoin, te baise, embrasse, aime moi !, sans toi, gueux, doigts, sous-sols, royaume, gaîté, à nos nuits, tes bras, vaillance, vin, science, gonfler, qu'importe ! pardon, je t'étreins, zut au monde, jaser, te fuir, poète, derniers jours, poudre d'escampette, nigaud, un quart d'heure, mendigot, autans, grosse bête, en dépit de tout, factice, qui supplie, crocs blancs, désir fou, tu pardonnas, aimons !, exprès, simplicité, flûte, basse, pièges, desseins, alarmes, champignon, cerfs, lestes, je fais l'âne, la défense, les us d'été, le frisson, pelotonne, morose, dormons !, corps et âmes, jamais, ta façon, ivoirine, perverse, ma chair, ma parole, nom d'un chien !, madame, on profite, éterniser, bécots, biaiser, insomnie, bénie, consoler,  terrible, chérie, esprit, lutter, luth, bien se faire, m'amante, tu bois, hideux , honteux, soumis, tigresse, cochon, cabochon, en sus, fainéantise, obstination, humeur de dogue, baisons nous, désordres, coeur infidèle,  voilette, mes cieux, la tournure, caricature, somptueux, robe, cache, charmes, cher délice, mollets, autel, obstacle, soir et matin, armure, ad hoc, blancs, gras, tout nus, vêtement, mode, cambrés, parfums, sa croupe, plis de batiste, bousculer, à côté, humble, hiver, défavorable, réchauffâmes,  campagne, glacés, intruse, opulence, crois-moi, gueuserie, tu te piques, hypocrite, duperie, moineaux, vertement, soyons scandaleux, sinon, cyniques, oubli, veux-tu ?, lanterne, Sauterne, vieux coeur, au feu, tout flamme, sacré, galbe, souvenirs, collège, tes hanches, mangeurs, marc de café, grands jeux, grands yeux, jours néfastes, heures bleues, nuits blanches, tu cherches, c'est rigolo, deux seins, bredouille, sottement, infructueuse, mille poses, tas de choses, bouche pleine, val ou plaine, élasticité, haleine, âge d'homme,  criarde, criard, révoltant, un peu, aveu, coureur, encore,  nos instants, exquis, confiants, coquins, mesquins, la femme, l'idéal, à genoux, tyrannique, satanique, cocodette, flemmes, gamine, dégoise, petite oye, grammaire, mettres, oreille, loisible, fâcheux,  antique, roi déchu, fleuve lent, faune, somnolent, naïade,  galant, suranné, opéra, destinée, hirondelles, cheveux de jais, peignoirs, asphodèles, lune, émotion, moite, couple, balcon, sombre, mélodrames,  ambre, or blond, valses, innocence, mousseline, lueur, opaline, mollement, rieuse, argentine, enlace, esseulée, rousse, émoustillée, charmille, arrosée, pâmée, pantelante, bien aimée, gorge, stigmate, maturité, louve,  rêves, victimes, phaon, dédaignées, immenses, vierges, encor', flamboyante, paupières, cascatelles, crinière, moire, noire, pâle, laide, poudre, allure, débaucher, mienne, toison, chantre, rare, suave, lait, cuisses, ventre, sens, lit, toujours, oreiller, draps fous, nue, canapé, jaune, presque nue, dentelles, délirante, impérieuse, méchante, clair de lune, coude, sourcils, caprice, adore, ébats, orgueil, fesses, bleu, dur, volée, cierges, angélus, sacrements, boniments,  boire, remords.

Photo : La feuille d'automne du Paul tombée sur un vitrage opaque fixé au sol entre deux dalles, photographié à Lyon presqu'île, par un jour pluvieux de November. © Frb 2010

mercredi, 17 novembre 2010

Nous semblons insensés les uns aux autres, disait autrefois Saint Jérôme

cluny0107 nb2.jpgLes ponts bougent dans la nuit se déplacent tels des radeaux à la dérive, avec les lumières qui traversent les âges. Des jeunes filles s'y attardent portant l'amour aux inconnus qui vont sur elles à nouveau, sans histoire. Ils ne demandent rien d'autre, chaque nuit, qu'un peu de considération, c'est toujours la même chose, il suffirait de presque rien. Ensuite le soleil se lèverait. Et chacun serait séparé jusqu'au soir. Puis les nuits qui suivraient, on verrait encore les ponts bouger un peu, rassembler entre les rives opposées, des passeurs invisibles qui inventeraient un mot nouveau pour chaque nuit et ainsi de suite...

Tout cela ne s'unirait jamais au petit jour, tout invisiblement, se balancerait entre les ponts, contre l'assaut des aiguilleurs qui assiégent la ville, portent les hématomes, la sanction pour qui dépasse la ligne, jusqu'à ce que les premières neiges assourdissent l'écho de tous ces combats éperdus.

Il y aurait ceux qui vendent les fleurs, avenantes sur les marchés et laissent des grands bouquets de lis (ou lilium candidum) un peu défraîchis, aux balayeurs. Il y aurait des vieilles qui se traînent à genoux dans des églises priant on ne sait qui.

Il y aurait la satiété dans les grands restaurants, et des phrases à rallonge pour présenter une simple entrecôte pincée de gros sel sous sa noisette de beurre, accompagnée de pommes dauphine. Il y aurait pour chaque dessert dans ce même restaurant les tartes au citron meringuées ou au choix, les pommes cuites au four servies avec du caramel, des éventails de biscuits parfumés de cannelle en forme de petits doigts coupés et la crème chantilly, pour le modeste supplément de 1,58 euros.

Il y aurait les buveurs de Gueuse-cerise, la mort subite aux terrasses, et des hommes d'âge mûr aux fonctions importantes, soudain pris de panique à l'idée de mourir d'un infarctus, au volant de leur voiture entre deux déplacements.

Il y aurait des femmes de ménage trouvant des lettres compromettantes au fond d'une corbeille à papiers, et des secrétaires aux cheveux défaits par la brutalité d'une étreinte un peu forcée, submergées par l'amour au milieu d'un parking. Elles soupireraient peut-être d'une joie, d'une honte de ne pouvoir bien jouir qu'au coeur de la saleté.

Il y aurait des enfants qui rentreraient gaiement de l'école sans savoir que leurs parents se déchirent.

Il y aurait des fadaises pour cette petite employée de maison, des amants en dépit couvrant de ridicule le sexe et la façon d'aimer d'anciennes péronnelles, au zinc du café des artistes.

Il y aurait la trahison, permettant à chacun de se mettre en valeur au détriment de l'autre. Il y aurait des chiens écrasés, pour de vrai, pour de faux, des visages tristes croisés dans une rame de métro, et qui pour la journée inverseraient le cours des choses.

Il y aurait des amitiés furtives, les liens dépossédés, les bonnes et les mauvaises manières, cette haine contenue dans des formules de politesse, abusant de l'espace public pour démanteler les saloperies humaines, qui viennent des autres, évidemment.

Il y aurait le reniement de soi consenti comme une évidence qui pourrait garantir à chacun et chacune autant l'illusion de son libre arbitre qu'une crédibilité incorruptible aux yeux du monde.

Puis, il y aurait les yeux du monde, à l'affût de nos faiblesses, aveuglés des sentences de la bonne et mauvaise conscience ; derrière chaque acte délictueux, il y aurait l'ignorance du code civil, les petites procédures intimes et des hommes en robe noire et collerette blanche, qui défendraient l'innocence ou le crime tout cela au même tarif, des remises de peine, des années de prison avec sursis, le bureau des greffes surchargé, des audiences ajournées et des procès qui se termineraient par une pire injustice dont les conséquences désastreuses n'intéresseraient personne.

Il y aurait des gens dans des téléphériques qui suivraient des yeux le mouvement des oiseaux migrateurs, rêvant de ne plus jamais interrompre le voyage qui les porte et constitue leur seul moyen de tenir debout, désormais, les pieds sur terre en apparence. Il y aurait la reproduction la mue, la migration de tous de nos entretiens.

Un coucou geai tombé du ciel, dont on ramasserait le corps au cap nord suite à un déréglement de sa boussole interne ; il y aurait les insectivores à la recherche du refuge de l'Alceste qui regarde en silence toute saison comme le prolongement de l'hiver.

Il y aurait les cigognes noires, le sterne arctique et le rouge gorge, tous ces oiseaux qu'on invente qui passent en grillant nos cervelles, ou couverts des louanges des fruits de fin d'été délivrant en automne les poisons du vérâtre blanc.

Il y aurait le pluvier doré qui survole l'océan pacifique sur 3 300 km pour rejoindre les îles Hawaï, le souci de la nourriture disponible, de la tranquillité, et cette indifférence au comptage des ornithologues.

Les ponts bougent dans la nuit, se déplacent tels des radeaux à la dérive, avec les lumières et tous les artifices dans tous les estuaires, dix mille huîtriers-pies en stationnement sur les vasières ; l'impuissance des granivores, et les prédateurs en sommeil, réveillés par les oies cendrées qui déplient le plan à l'envers en modifiant très lentement la composition de l'atmosphère.

Il y aurait des hypothèses à l'approche du danger, des captures imperceptibles après la découverte de pinsons dans des plats préparés. Il y aurait la peur d'être contaminé ; de grands élans d'amour, de solidarité, quand la nuit reviendrait qui déplacerait ses ponts à l'avantage des uns au détriment des autres. Il y aurait la Veuve Clicquot au cul trempé dans un seau d'eau glacée, accompagnant des toasts tièdes tartinés d'un pâté d'hirondelle. Chaque nuit apporterait sa joie nouvelle avant que le jour revienne mettre les choses en ordre, jusqu'au soir, et ainsi de suite...

 

Extr de "Genre humain" à écouter : ICI

 

Nota : Le titre de ce billet est une phrase empruntée aux "Sermons" de Bossuet.

Photo : Un animal étrange perché entre deux rosaces : un fragment de chapiteau médiéval datant du X em siècle, photographié lors d'une exposition splendide à l'abbaye bénédictine de Cluny (jadis, le plus grand édifice de la chrétienté avant St Pierre de Rome) et visité, à l'occasion du onzième centenaire de l'abbaye, au mois d'août l'été dernier. © Frb 2010.

mardi, 16 novembre 2010

Hé oui ?

henon088.pngHE OUI ! l'eau prend toujours la forme du vase
HE NON ! il ne faut pas pousser le bouchon trop loin
HE OUI ! trop de sel gâte la sauce
HE NON ! il n'y a point de hasard
HE OUI ! celui qui rit toujours trompe souvent
HE NON ! celui qui sait d'avance où il va ne va pas loin
HE OUI ! il y a quelque chose de changé
HE NON ! rien n'a changé
HE OUI ! le destin mêle les cartes et nous jouons
HE NON ! nous ne pensons pas ce que nous voulons
HE OUI ! on nous emporte comme des choses qui flottent
HE NON ! l'homme ne sait pas ce qu'il veut
HE OUI ! nous changeons continuellement de place
HE NON ! un amant n'a jamais tort
HE OUI ! nous sommes trompés par l'apparence du bien
HE NON ! on ne se donne pas en spectacle devant les sots
HE OUI ! on se sent floué par les années perdues
HE NON ! le temps perdu ne se rattrape plus
HE OUI, le facteur sonne toujours deux fois
HE NON ! un malheur ne vient jamais seul
HE OUI ! la méchanceté s'apprend sans maître
HE NON ! l'esprit sans coeur ne va jamais très loin
HE OUI ! à force de tirer la corde finit par rompre
HE NON ! avant l'heure c'est pas l'heure
HE OUI ! le singe est toujours singe fût-il vêtu de pourpre
HE NON ! on ne peut applaudir d'une seule main
HE OUI ! à la maison le chat est un lion
HE NON ! la beauté n'a pas d'importance
HE OUI !, il faut tailler son manteau selon son drap
HE NON ! personne ne dira du mal de sa marchandise
HE OUI ! la cruauté est la force des faibles
HE NON ! vieil amour ne se rouille jamais
HE OUI ! l'amour est un cristal qui se brise en silence
HE NON ! on n'offre pas une cravate à qui a besoin d'une chemise
HE OUI ! il faut donner le lait et non le seau
HE NON ! on ne creuse pas un puits avec une aiguille
HE OUI ! seul ton ongle sait où te gratter
HE NON ! la roue qui tourne ne rouille pas.
HE OUI ! haricot par haricot se remplit le sac
HE NON ! mauvais chien ne crève jamais
HE OUI ! le pape bénit d'abord sa barbe
HE NON ! un chat n'attrape pas des souris avec des moufles
HE OUI ! au pays des boiteux chacun pense marcher droit
HE NON ! qui prend trop haut le ton ne pourra achever la chanson
HE OUI ! la joie est suspendue à des épines
HE NON ! ce que je ne sais pas ne m'irrite pas
HE OUI ! la gourmandise vide les poches
HE NON ! il n'est point de diadème qui guérisse la migraine
HE OUI ! celui qui souffle sur le feu a des étincelles dans les yeux
HE NON ! qui ne sait pas danser trouvera le sol bancal
HE OUI ! le pot à demi rempli répand son eau
HE NON ! le véritable voyageur ne sait pas où il va
HE OUI ! le temps met tout en lumière
HE NON ! la bravoure ne cède pas devant le malheur
HE OUI ! la porte la mieux fermée est celle qu'on peut laisser ouverte
HE NON ! on ne nourrit pas un chameau à la petite cuillère
HE OUI ! votre ami avale vos fautes, votre ennemi vous les ressert
HE NON ! l'ami de tout le monde n'est l'ami de personne
HE OUI ! celui qui écrit lit deux fois
HE NON ! la barbe ne fait pas le philosophe
HE OUI ! chaque fois que nous parlons on nous juge
HE NON ! là où on s'aime il ne fait jamais nuit
HE OUI ! au bout de la patience il y a le ciel
HE NON ! l'herbe ne pousse jamais sur la route où tout le monde passe
HE OUI ! la brousse est plus forte que l'éléphant
HE NON ! une pirogue n'est jamais trop grande pour chavirer
HE OUI ! après la fête l'idiot reste un idiot
HE NON ! l'œuf ne danse pas avec la pierre
HE OUI ! à chaque pied son sabot
HE NON ! aucun porc ne s'engraisse à l'eau claire
HE OUI ! ce sont les vieilles poules qui font le meilleur bouillon
HE NON ! ce chardon n'est pas fait pour cet âne
HE OUI ! carnaval s'approche ! il faut tourner la broche
HE NON ! ce n'est pas tous les jours jour de fête
HE OUI ! à la lueur de la chandelle, toute chèvre paraît une demoiselle
HE NON ! on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre
HE OUI ! à force d'aller mal tout va bien
HE NON ! il n'y a point de rose de cent jours
HE OUI ! les plus jolis oiseaux sont en cage
HE NON ! le plus gros brin de chanvre ne saurait faire un câble
HE OUI ! le fruit mûr tombe de lui même
HE NON ! ce n'est pas faute de voir loin que l'on tombe
HE OUI ! le boeuf mange la paille et la souris le blé
HE NON ! un oiseau qui chante n'a pas soif
HE OUI ! c'est toujours le pied de la lampe qui est le moins éclairé
HE NON ! tout le monde ne peut être abbé
HE OUI ! même dans le lait frais on trouve des poils
HE NON ! l'éléphant ne sera jamais lassé de transporter sa trompe
HE OUI !  Pour moucher autrui, il faut des doigts propres
HE NON ! une cage dorée ne nourrit point l'oiseau
HE OUI ! chacun a un fou dans sa manche
HE NON ! on ne peut chasser le brouillard avec un éventail
HE OUI ! en atteignant le but on a manqué tout le reste
HE NON ! la neige ne brise jamais la branche du saule
HE OUI ! les intêrêts courent même la nuit
HE NON ! la raison ne vient pas avec l'âge,
HE OUI ! le clou souffre autant que le trou
HE OUI ! le plus beau lendemain ne nous rend pas la veille
HE NON ! les belles paroles ne beurrent pas les épinards

Photo : Zoom sur le panneau indicateur de la station HENON-St Denis (un brin solarisée avant la venue des neiges) située sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon, la station HENON fait partie de la ligne C ( C. comme Certains jours) c'est une ligne lilliputienne pour l'heure, avant un futur grand projet nommé "projet fictif", (ça ne s'invente pas), prévu d'ici 2014, la ligne C est un métro à crémaillère (notre lien s'arrêtant à Croix-Paquet, un peu plus bas)  les lyonnais ont coutume de l'appeler "la ficelle" parce qu'avant les Croix Roussiens, (peuple connu pour sa bravoure), afin de ne pas épuiser leurs ânes (servant à transporter la soie) remontaient la colline les deux bras accrochés au bout d'une ficelle qui par un système de poulies très sophistiqué actionnées par des ouvriers robustes les acheminaient tant bien que mal au sommet, enfin bref... Les rames de ce métro à crémaillère sont de type MCL-80, elles ont les mêmes caractéristiques que celles du type MPL-75  à ceci près: il n'y a que deux motrices, toutes deux équipées d'une roue dentée accueillant entre les stations Hôtel de Ville et Croix-Rousse, le fameux rail crémaillère. Chacun se réjouira d'apprendre que la photo du panneau indicateur Hénon, a été prise au mois d'Octobre, boulevard des canuts à Lyon, avec le plus simple appareil.© Frb 2010

lundi, 15 novembre 2010

Auteurs sans textes et sans lecteurs

Écrire, c'est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l'écrivain, par un dernier suspens, s'abstient de répondre. La réponse, c'est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté ; mais comme histoire, langage et liberté changent infiniment, la réponse du monde à l'écrivain est infinie : on ne cesse jamais de répondre à ce qui a été écrit hors de toute réponse : affirmés, puis mis en rivalité, puis remplacés, les sens passent, la question demeure.

ROLAND BARTHES, extr. "Sur Racine", éditions Seuil, 1963.

dessin_0107.JPG Au lieu de se demander quel genre d'auteur réside dans un texte, allons dans une autre bibliothèque toute différente, afin de dépayser notre petit train train d'intelligence, allons quérir d'autres volumes aussi inaccessibles qu'interminables, allons lire juste au bord de la falaise ou au désert, creusons des galeries sous les plages, jusqu'au trou noir...

Les premiers moines des déserts d'Egypte de Syro-Palestine n'ont laissé que des anecdotes. Ces textes ésotériques immobilisent. On se trouve pris dans un tourbillon intérieur qui creuse l'esprit. C'est peut-être le combat avec l'ange (?) on se mettrait à réapprendre à lire ou à se lire soi-même. La note traditionnelle du texte s'effondrerait, au lieu que les mots suivent d'autres mots afin de donner une signification, au lieu de cela, il y aurait un silence ou un vide. Dans ce vide, ce silence, se trouverait encore la signification. Le premier secret est là. La signification commence dès lors que lecteur estime que la connaissance a été évacuée.

 

 ECOUTER, un extrait du "Marteau sans Maître" :  ICI

 

Variations et liens autour du thème du lu et du non lu :

http://fictiotheque.free.fr/

http://livres.blogs.liberation.fr/livres/2007/05/du_livre...

http://www.kristeva.fr/kristeva_de_l_ecriture.pdf

 

Note spéciale - A propos de non-textes avec auteurs - certaines personnes ont tenté ces deux derniers jours de venir commenter ici et quelques uns d'entre vous m'ont écrit pour me demander pourquoi je ne publiais pas leurs commentaires. La réponse est aussi claire que  le mystère s'épaissit, c'est tout simplement parce que ces commentaires ont dû se volatiliser en cours de route, en résumé je ne les ai jamais reçus. Il ne s'agit donc pas d'une modération volontaire et je présente à  celles et ceux qui ont pris du temps pour écrire des commentaires ici et n'ont pu les voir publiés, toutes mes excuses pour ce dysfonctionnement très regrettable et récurrent depuis cet été, mes efforts pour le signaler en hauts (et forts) lieux s'étant heurtés à des murs (plus murs, tu meurs), j'espère que ce désagrément technique ne durera pas trop... En attendant, je vous remercie de votre patience et de votre compréhension.

Photo : Feuilles ou oiseaux (?) en plein vol surpris sous la vitre bleutée, poussiéreuse d'un abri-bus, rue de la République à Lyon, photographiés un jour de pluie en Novembre et reproduits ici altérés, sans vitre bleutée dont la texture s'est volatilisée par la grâce -ou disgrâce- d'un pseudo Photoshop (sans  photo et sans shop), © Frb 2010

dimanche, 14 novembre 2010

Plus loin

Ce texte part d'une variation antonymique du texte "Loin", que vous pouvez retrouver en cliquant sur l'image, autrement dit, une autre forme de fiction s'appuyant sur le détraquage du texte original, les procédés utilisés n'ont pas été strictement respectés, (loin s'en faut ) l'anticipation ayant pris le pas sur l'exercice de style, seule la trame narrative du texte "Loin" a servi d'ossature à ce texte "Plus loin"... (comprend qui peut :)

oxy0044.JPGElle regardait les tableaux d'une ville, les photos d'un tableau qui s'arrêtait ici même, peuplé de figures familières qu'elle semblait connaître depuis toujours. Il y avait les mêmes, ceux du désordre et du répit qui trahissaient leurs amitiés les plus récentes et ignoraient tout de la musique (des silences compliqués évoquaient la disparition, jusqu'aux silences des forêts, on avait supprimé bien sûr, l'usage des instruments à vent). Il y avait des bougies dans les chambres et des violons discrets, le programme, toutes ces cabanes en verre fumé fabriquées par les habitants et des jeux de lumière à venir, un peu sinistres. La terre ne donnait rien, sous le ciel uniforme nul ne semblait appartenir à l'univers. Il y avait des espaces inhabités à entretenir et des hommes, aucun Dieu, et pas de souvenir de ceux qui avaient précédé. Elle trouva dans le tableau le signe que des choses avaient dû exister avant. Le fleuve comme une grande mer d'huile, désolait la population, au pire, il finirait par s'assècher. Chaque vie tournait en rond dans un espace plat, horizontal, organisé par strates. Les strates servant à maintenir un climat tempéré, tout était divisé, achevé. Les strates hâtaient la mort de toute chose vouant leurs vertus à la ligne droite jusqu'à ce que survienne l'extinction .

Il y avait le monde vulgaire, les violons, les grelots, plus rarement, les banjos, cela générait chaque jour, des attroupements sur les places mais les hommes passaient rapidement, vite fatigués de ces mélodies à la mode. Elles étaient devenues trop simples pour attirer l'attention, la joie provoquée dans un premier temps, ne durait pas assez  et les grelots qui ne se mélangeaient pas à d'autres sons, étaient des signaux de cadence, utiles à la population, quoique très lancinants, à force... Parfois un orchestre, était invité et jouait des chansons accompagnées à la guitare ou au banjo, chacun pouvait assister au concert gratuitement par la grâce des écrans qu'on avait installé partout, et tout s'arrêtait là, passant avec le reste dans l'indifférence générale. L'homme désormais dépossédé de son esprit d'observation n'était plus maître de ce monde qui s'achevait lentement dans la résignation d'une majorité qui ne semblait ni contente, ni mécontente. Quand parfois, revenait le bruit, hormis les grelots qui tintaient toutes les heures, c'étaient des gémissements de vieillards égarés au milieu de la ville, ils demandaient de l'aide. Les jeunes mettaient longtemps à réagir, les vieux pouvaient rester des jours entiers, voire des semaines plantés, là au milieu du bruit, gémissant seuls, ignorés, livrés à ces flux trop rapides pour eux. Cette lenteur à réagir ne présageait plus aucun combat vraiment sérieux, pas la moindre vélléité de résister à l'extinction promise. En regardant cette cohue de petits vieux, on savait que ce n'était pas une danse macabre, mais plutôt son évitement, tout se feutrait et s'annulait dans le bruit des grelots, qui durait, puis enfin, revenait le silence imposé par des gens de bien et de bon sens qui s'occupaient à faire tourner les existences de chacun sans remous, toutes à leur avantage autour de valeurs pragmatiques, de divertissements adaptés aux besoins de chacun afin que tout le monde s'y retrouve. On les avait tous coupé de leur passé, tous ignoraient la valeur de génération, de transmission ou d'héritage, cela permettait au peuple d'aborder sans trop d'appréhension, le futur proche. Il n'était pas question de futur éloigné. Il y avait l'immobilité, qui veillait sur le bien de tous. Les êtres ne choisissaient plus grand chose. Il n'était plus permis de jouer ni de travestir à sa guise la réalité, l'art avait été mis de côté nul n'en souffrait, il suffisait de se divertir, pour cela il y avait les violons, et les grelots pouvaient remplir ce rôle, entre tout, le silence recouvrait un petit tableau qui s'arrêtait ici.

Elle, rien ne l'amusait. A la fin elle quittait sa chambre, sans même s'intéresser au devenir de son prochain qui malgré sa continuelle présence et tous les points de convergence désignés par des traits sur les places, ne lui disaient plus rien. Chacun promenait une grosse tête pleine de culture horizontale, jouait par coeur le violon devant ses maîtres aux semblants doux, attentionnés, qui en douce cultivaient la condescendance ou quelque sentiment honteux bien camouflé, laissant chacun seul à sa place. Il n'était pas permis que les rôles s'inversent. On attendait tranquillement le jour, où il n'y aurait plus rien à apprendre. Chacun dans sa vie devenait de plus en plus dépendant et maladroit pour la défendre. On imaginait qu'il y aurait dans les motivations prochaines, des cerveaux vierges de tout souvenir, attachés aux valeurs du jour, à l'effort du travail bien fait et quelques récompenses pourraient leur être attribuées, en fin d'année qu'on présenterait comme des cadeaux. On prévoyait  pour le futur proche que les corps ne bougeraient plus trop, et les esprits sans illusions, n'auraient même pas à en pâtir. Plus tard de cet effort qui tend vers le mouvement habituel et bienheureux du papier à musique, on s'arrangerait  avec les scientifiques pour que celui-ci devienne un élan naturel, tout pareil à l'inclinaison des âmes, chacun gérant son minuscule domaine, on s'occuperait  ensuite, d'apaiser ses humeurs négatives. C'était là, sur papier l'idéal, pour tenir jusqu'aux temps annoncés de l'extinction... Mais au fond, il y avait une faille. On sentait que déjà, nul ne tenait en place, tous rêvaient de débordement, du désalignement des strates, du démembrement des grelots. Les gens allaient, venaient, impavides entre des milliers de grelots, balayant le pays du nord au sud par des lignes d'organisation, le droit aux transports en commun, des assurances autos, pour les couches supérieures, l'abonnement gratuit aux revues distrayantes, hebdomataires ou mensuelles, pour les couches moyennes, la télévision sur les places assurait l'occupation du temps libre, tout autant que l'éducation manuelle et morale des couches les plus modestes.

Elle reprenait alors le livre du pays qui s'arrêtait là ; écoutait grincer dans la rue les grelots des tricycles ou le frottement des autoluges qui fermaient le jour en hiver. Des hommes remplissaient des poubelles, et c'était une grande communion, à la même heure, chacun vidant les mêmes ordures, dans des grands containers, c'était le seul moment où chacun trouvait de quoi se se relier à un autre. Le ciel était toujours parfaitement uniforme, la parole de chacun paraissait claire, compréhensible mais il n'en ressortait que des échanges de politesse gentils ou serviables, sans plus. Pour la première fois ils virent tous que la nuit n'était plus stratifiée mais dessinait un cercle, qui tournait sur lui même apportant des milliers de lettres, des paperasses ou prospectus comme tombés de la lune. Plus tard elle ne croisa pas le facteur sur son engin agrée par le centre des véhicules postaux de la Nation. L'engin pouvait se reconnaître à ses bruit de sirènes stridents comme ceux des fourgonnettes des fonctionnaires qui distribuaient toutes les bougies, le soir, dans les maisons. Pourtant elle avait bien reçu ses lettres, trop de lettres en une seule journée; elle se demanda qui les lui avait apportées. Elle crût voir là, le signe du dernier jour après quoi il n'y aurait plus d'attente possible, ce serait peut être la fin de tout, mais il n'y aurait pas de panique puisque depuis longtemps, c'est à cela qu'on les préparait.

Elle alla au centre de loisir pour ramasser les bons de loisirs qu'on lui devait, le stagiaire les distribuait toujours avec plaisir. Il aimait son métier. Elle marcha sur des strates amollies, eût presque honte de ressentir tout l'effet érogène d'un sol aussi doux sous ses pieds, les corps qui traversaient en même temps qu'elle, la grande place, d'ordinaire réservée aux fourgonnettes, ressentaient sous leurs pieds exactement le même effet. Elle entendit pour la première fois chanter ensemble l'anvette et l'aspireau. Les oiseaux n'avaient pas disparu comme on le racontait dans les livres. Et peut-être les oiseaux avaient-ils existé bien avant les grelots ? En réalité, elle n'en savait rien. Elle comprît que plus rien ne pourrait mourir désormais tel qu'on le lui avait appris dans le programme d'éducation pour filles de couche supérieure. Sous la peau il y avait un refrain qui semblait désarmer tous les êtres de l'intérieur. Partout des drôles de fleurs apparaissaient dans les esprits  et puis des fruits, comme ceux d'une vision ancienne dans un jardin où quelque chose s'était produit. Elle comprit que cette vision ouvrait sur un grand labyrinthe d'apparence merveilleux, mais il fallait se méfier, des conséquences, elle résista à la tentation d'entrer à l'intérieur, comme le faisaient les autres, elle se rendit d'abord rue de la Petite Monnaie dans les quartiers modestes, pour récupérer des papiers de grande valeur afin de partir au plus vite, cette parenthèse qu'elle devinait d'ores et déjà très brève, lui permettrait de s'exiler sur une autre planète, en offrant ses bons de loisirs, au pilote d'une fusée elle pourrait peut être dormir ce soir sur la base 7. Après quoi, elle serait en zone libre, tandis qu'elle esquissait quelque plan d'avenir, elle s'aperçût qu'elle ne se souvenait plus des calculs d'algorythmes qu'on lui avait enseigné au centre d'orientation pour décoder les numéros d'immatriculation exigés avec la signature sur des papiers qui permettent normalement de quitter son quartier en validant son code dans la machine. Impossible de rejoindre la base 7, sans doute les calculs d'algorythmes étaient  pure invention tout comme le reste, pour tous les retenir ici. Elle marcha un peu pour oublier que c'était sur la base 7 qu'on trouvait tous les livres, ceux qui disaient la vérité, la base 7 interdite, stockait les fichiers sur les origines certifiant les identités. Elle croisa des gens avec des corbeilles de fruits éclatés et juteux, d'autres soufflaient dans des ballons, mais toute cette euphorie, cette joie, malgré les expressions ravies, se faisait encore en silence. Elle s'aperçut que toutes les horloges dans la nuit s'étaient bizarrement déréglées, aucune d'elles n'indiquait l'heure exacte, et de cette horizontalité, ne subsistait que les ruines, les strates se décollaient plus rien n'était calé, plus d'heure pile, rien à sa place, pas même monsieur Jouvenot qu'elle rencontra plus loin à la place d'un autre qui devait se trouver là avant lui. Monsieur Jouvenot, assis à un autre bureau ne lui serra  même pas la main comme d'habitude, soulagée elle ne fût pas obligée de lui sourire, en retour,  telle la charte de bonne entente l'indiquait sur tous les panneaux dans les couloirs. En regardant au plafond pendre des fils, des  milliers de fils et des sphères métalliques débranchées, elle sut que l'heure était venue d'être enfin libre, de composer rapidement un nouveau paysage avec cette liberté, puis vivre. C'était l'occasion, ou jamais... Devant la débâcle imprévue au programme, on vit déserter tous les maîtres. Les gens désormais ne seraient plus surveillés. Leur joie très vive, pourtant restait encore muette.Tous auraient dû ensemble s'en réjouir depuis le temps qu'ils attendaient d'être libérés sans pouvoir se le dire à cause de ces yeux qui partout les suivaient, les dénonçaient. Ils pourraient entendre à leur guise le souffle des forêts, et puis autoriser peu à peu les instruments à vents à revenir, interdits formellement depuis que les grelots avaient pris le pouvoir sur la musique.

De retour, sans ses papiers, par le boulevard silencieux, alors qu'elle retrouvait l'espoir de faire peut être partie de l'élite, elle s'aperçut que rien n'avait changé et qu'il faudrait maintenant s'attendre à quelque chose de pire. N'ayant plus aucun maître afin de rassurer l'ensemble des habitants, chacun pour soi encore plus replié s'effrayait à présent de cet appel d'air trop vif. Dans le souvenir de l'odeur du maître, les plus forts décidèrent ensemble de bien organiser le temps qu'il leur restait à vivre. Il fût voté à l'unanimité que ce temps serait désormais employé, à réparer les caméras hypersensibles.

 



 

Photo : Plus loin c'est un petit bout de la "Tour Oxygène" drôle de nom pour une tour (c'est pas nous qu'on a trouvé ce nom), un gratte-ciel de 28 niveaux et de 115 m de haut, avec 45670 escalators ➝ (je plaisante ! voyons !), situé dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon, inauguré il y a peu le 2 Juin 2010. Elle fait partie du projet "Oxygène" (c'est pas de Jean Michel Jarre non plus, quoique...)  elle comprend également la construction d'un centre commercial, le "cours Oxygène". Le cours "oxygène" des choses me va comme un incendie, enfin  bref le Drang Nyol dans toute sa splendeur. Photographié en hiver dans un lointain passé.© Frb 2009

lundi, 08 novembre 2010

Reflection

Je pense que si je retombais
Sur terre, je m’effriterais ;
C’est si triste et beau
C’est le tremblement d’un rêve.

DYLAN THOMAS (1914-1953) extrait du recueil : "Ce monde est mon partage et celui du démon", éditions Points. Ecouter le poète ICI

autist0078.pngA la fin tu sors épuisé de ces mondes mais quelque chose encore resplendit que tu ne sais pas. On dit que les autres voient cela quand ils te croisent. Ils ne voient qu'en deça. Tu as si longtemps fait figure d'exemple. Lassé de vivre parmi leurs compliments qui t'attachaient encore, tu as usé ton esprit à écouter, des heures entières, toutes leurs conversations, tu as fait semblant d'y participer, tu as tourné des pages de magazines de sport, de mode, ou d'actualité. Tu resservais dans les dîners, toutes les phrases que tu y lisais, "les apéritifs dinatoires" qu'ils disaient ! et puis, tu t'es lassé, tu as pris des trains, tu t'es perdu dans des villes sans jamais sortir du pays. Tu as croisé des foules enragées, des esclaves dans des défilés, ou dans des bars, tu as laissé des personnages t'arroser d'alcool fort, te renvoyer une sale image. Tu t'es fondu aux steppes, aux lacs tout bleus, tout gris, pris entre l'horreur de tes pensées et la profondeur adorable d'autres nuits. Pendant que les Dieux impuissants de tes anciennes vies essayaient de te consoler, tu as désaxé ta pensée jusqu'à t'empaler aux limites, tout raisonnable que tu étais. Tu as raccordé ton corps à ton âme. Tu as chinoisé sur quelques détails. La jalousie te revenait. Engrangeant des rixes et des drames, les beaux corps te rendaient malade. Tu as dû voyager partout, peut-être, assis sur une banquette de deuxième classe côté fenêtres, dans le dernier wagon fumeur qui existait sur terre. Tu as fumé cigarette sur cigarette, tu as rempli le cendrier, tu as traversé un domaine ni familier ni étranger, tu t'es retrouvé longtemps l'esprit entre deux paysages, des kilomètres interminables sur un viaduc qui s'effondrait, tu t'es penché par la fenêtre, la dernière fenêtre qui s'ouvrait, de ce train qui irait à la casse, après toi, après ton ultime traversée, c'était écrit d'avance, du moins à cet instant, il te fût bon de l'ignorer, ou bon d'ignorer que ce mal te serait ensuite profitable. Tu as pris la mesure des battements de ton coeur en te penchant sur les ruines du viaduc qui tremblait pendant que le train prenait de la vitesse, tu as pleuré comme un enfant submergé par l'angoisse dans une chambre sans lumière, tu as eu peur à cet instant que le viaduc ne puisse pas supporter le poids du train, ton propre poids, coupable de ce déséquilibre, tu as eu peur de regarder ta mort en face tu l'as vue et tu l'as ressentie dans ton corps pendant que ta vie entière défilait, te revenaient les images imbéciles de vacances à Romorantin, le souvenir du corsage à pois blancs d'une cousine que tu détestais. Pendant ce temps le train aura passé l'obstacle, le viaduc derrière toi sera loin, en l'oubliant il deviendra comme réparé, tu oublieras avec le temps, tu te retrouveras dans la neige, un paysage immaculé, recouvrant ta mémoire ancienne, tu rencontreras celle qui mène ta vie au degré le plus pur d'immaturité. Une source de rayonnement stellaire, un peu de sucre cristallisé semé en une infinités de manières, le grain fin de cet allègement te donnera un air souverain. Plus tard, tout seul, avec ta pelle, ton rateau, tes outils d'enfant, tu tenteras dans le sable aussi fin que la neige de construire un vrai château avec des oubliettes pour deux. Tu te dis que tous deux réfugiés dans un coin, il ne pourra rien t'arriver, elle ne saurait aisément t'échapper, tu auras jour et nuit l'oeil sur elle, et sans même savoir si elle consent à te suivre, tu iras la chercher, tu forceras sa porte, et l'emmèneras très loin. Loin de ses amis, loin de tes chaînes. Tu feras le vide autour d'elle. Tu seras épuisé peut être, mais c'est cela qui resplendit, comme si le déplacement de ces vies t'amenait à un certain flou, toi, unique au milieu de tes constructions, tu contempleras une figure, au contour estompé, marquée par un regard immense uni à ta propre terreur, aux créatures que tu inventes pour les glisser en elle, rêvées incessamment crayonnées dans la peine, comme si la netteté de toutes les expériences, la même expérience à chaque fois, devait se découper en milliers de petits lambeaux tous identiques, recousus à la perfection. Et ce don se reflète en toi, te dédouble ou te multiplie, tandis que l'autre, elle disparaît, couchée sur ta peau de chagrin.  Elle ne pourra jamais retourner d'où elle vient. Tu veilles au grain. C'est bien la seule histoire possible. Une création fabriquée  pour en rêver la vie entière qui exige en retour un très grand sacrifice humain afin d'apaiser la terreur de ce jour où tu te vis mort, englouti sous les pierres d'un viaduc, repoussé au dehors, glissant dans l'espace glissant éternellement, ton esprit dans l'espace et ton corps qu'on ramasse à la petite cuillère entre des rails, ton apaisement, tu lui donnes un autre nom, c'est l'amour, comme si tous ces souvenirs que tu couvres de fanfreluches avaient trop longtemps affamé cette histoire, plus floue dans le monde alentour, tu regardes tout cela comme un phénomène étranger à toi, un principe d'irréalité, ta vie entière est noyée d'encre, cette vague qui toujours te revient, désintègre ta réflexion ; à mesure que tu réalises  et mets à jour tes songes, tu vois grossir la peau de chagrin et tu ne peux plus arrêter cela, malgré ta volonté, ce cauchemar inversé qui condense ton amour en ce point minuscule, résumé, ou perdu au milieu d'un tapis, le dessin de plus en plus volumineux refermera l'espace, il suivra vaguement le trajet d'une ligne disparue, les arcs tendres, délabrés, d'un viaduc accroché au flanc de la montagne, mais tu as beau chercher, faire marche arrière, cela ne te rappelle rien de précis, rien que tu aies jamais connu.

 

 

 



Photo : Jeux de pluie entre deux mondes tout comme figés, le ciel à terre se transforme en peinture de fleuve ou d'autre chose. photographiés après l'ondée, dans une ruelle sinistre pas loin du centre commercial de la Part-Dieu à Lyon, début Novembre.© Frb 2010.

dimanche, 07 novembre 2010

Le dernier mouvement de la vogue

L'oeil dispersé parvient parfois à de folles précisions comme l'écrivait GILBERT LASCAULT dans ses "Ecrits timides sur le visible". (Editions du Félin, 2008), et le visible, c'est ici - entre autres choses - une ville miniaturisée, [...] des sucres sculptés, une fête foraine [...] un livre qui s'efface dès que vous l'ouvrez, un tableau de Fernand Léger, un autre de Jean Dubuffet. Le visible donne à penser sur la nourriture, sur le vêtement, sur le voile et le dévoilement, sur la force du faible, sur le refus de l'emphase, sur l'énergie du timide, sur l'immense et le minuscule...


 

  Mini-vidéo : Mouvement parallèle d'une vogue, (immense et minuscule) on se demande pourquoi certains petits bonhommes ne seraient pas de la fête, puisqu'ils ont sur nous tant d'autorité. Je me permets donc de vous mettre à l'arrêt vingt six secondes, tout en vous conseillant le bon livre de Gilbert LASCAULT (vous n'aurez pas le temps de le lire en 26 secondes, à moins que se trouvent parmi les lecteurs quelques prodiges) et bien sûr en coulisses, via d'étranges machineries, (et quelque association d'idée facile), on pourra revoir le film de Chaplin, ("les feux de la rampe"), Chaplin et Keaton ensemble (peut-être que cela vaut une vogue ?).

"Life can be wonderful if you're not afraid of it".

  Il y a sûrement un lien quelque part entre notre vogue cruci-rousse en fin de course et les cheveux blancs du maestro ? (en cherchant bien)... Mais je tirerai un autre tout fil (quoique assez prévisible) du côté  de Jacques TATI, la vogue géante strictement pour adultes, très amusante aussi...

http://www.youtube.com/watch?v=LuKexB2VlrM&NR=1

En plein coeur du mouvement perpétuel, on prend les mêmes et on recommence...

 "Life is a tragedy when seen in close-up, but a comedy in long-shot"

Si vous avez loupé le début, le premier mouvement de la vogue se clique ci dessous (avec les plafonds d'origine).

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/10/10/le...

Nota : On m'a signalé quelques soucis de visualisation de l'image, si cela était le cas, je prie le lecteur (adoré) de bien vouloir accepter mes (plates) excuses, malgré les efforts (acharnés) de nos i.mécanos dans la salle des machines, nous ne parvenons toujours pas au résultat espéré, il se peut (c'est même sûr !) que "cela vienne de chez eux". Si le problème s'installe trop, nous offrirons un navigateur gratuit à nos  lecteurs, du genre Capitaine Némo livré avec son Nautilus sous 8 jours via pigeon voyageur ou un truc du genre (la maison n'offrira pas le manège, car avec le remaniement... enfin bref !  à ce propos, on ne sait  toujours pas qui sera le prochain ministre de la fête foraine, quelqu'un m'a dit, que ce ministère sera probablement supprimé, un scandale ! lecteur émeute toi ! (au pluriel), mais je m'égare... Je vous signale au passage que si vous désirez encore profiter de la fameuse vogue aux marrons, il faut vous dépêcher car malgré une rumeur désolante qui semblerait confirmer que ce jour est le 17 Novembre 2010, (de qui se moque t-on ?) on ne peut nier que la vogue, elle, s'arrêtera bien le 14 (Novembre 2010, bien sûr), cela dit, je poserai un puissant démenti (voire mon véto) sur la prétendue date d'aujourd'hui et promets, (magie de certains jours !) 7 jours de vogue de rabe, pour nos amis lyonnais, ou autres visiteurs, etc... Tentez le coup ! Sait-on jamais... Au mieux vous découvrirez les joies des voyages en ficelle, notre téléphérique à nous, sinon il vous faudra grimper, grimper , au risque d'y croiser Cendrars réincarné, mais cela est une autre histoire que je vous raconterai un certain jour...

vendredi, 05 novembre 2010

Loin

fontaine5603.JPGElle regardait des tableaux d'une ville qui n'existait pas, les photos d'un tableau qui ne s'arrêtait pas, peuplé d'êtres inconnus qui semblaient étrangers ou étranges. Il y avait les autres, ceux de l'ordre et de la fête qui ne démentaient pas leurs amitiés vieilles d'avant les apprentissages douloureux de la musique, (des bruits de la vie simple jusqu'aux musiques des machines à courroie, et à cabestan). Il y avait la fée électricité, et les tams tams étourdissants, le rituel, l'architecture et le théatre d'ombres. Une source vitale du ciel, la pluie qui tombe dans les fleuves et les sons cristallins ou lourds, là où siègaient les divinités ouraniennes et les ancêtres rendus à l'origine, à son indifférence, mais elle ne trouva pas dans le tableau, l'empreinte des premiers jours du monde. Le fleuve se répandait le long des branches et des canaux d'irrigation nourrissant chaque vie dans l'espace pyramidal d'un temps vécu par cycles : incarnation, dissolution réincarnation, les cycles luttant pour la stabilité du monde la régénération contre un autre temps linéaire achevé, les cycles jouaient encore contre la mort, contre la ligne droite jusqu'à l'embrasement.

Il y avait le monde noble, les grands gamelans avec les gongs et les tambours, des ensembles sacrés de métallophones sur lesquels des hommes lentement initiés exécutaient des contrepoints abscons et les gongs isolés qui enseignaient aux oreilles innocentes la virtuosité jusqu'à l'avènement du contrepoint enchevêtré aux carillons et aux claviers, tout cela au détriment des cordes et des vents. La musique du pays qui ne s'arrêtait jamais devenait inquiétante. L'homme qui s'était laissé possédé avait donné le signal d'un monde qui commençait, recommençait toujours, et pour d'autres, c'était une ronde juste après le silence, la venue de mélodies presque enfantines, c'était l'ostinato de la danse guerrière, raide et coulée, en regardant cette danse on croyait presque entendre les cliquetis d'un squelette pris de contorsions, cette musique n'allait pas sans d'autres danses jouées pour les mauvais esprits invités à dévorer le sacrifice caché sous terre. Ainsi chassait-on les forces surnaturelles après les avoir adorées.

Il y avait les danses pour séduire, des hommes étaient choisis puis déguisés en femmes et les claviers sortaient du grand tableau pour rejoindre les casseroles d'une batterie de cuisine. Elle s'amusait durant des heures à taper fort sur des gamelles, à la fin, elle tournait en rond attendant des nouvelles de l'autre qui était parti loin pour fuir et désormais, (il le lui avait dit), il ne reviendrait plus. Il y avait les divergences qui s'adoucissaient sur des gongs à mamelon, un petit corps dans l'orchestre échappait aux gourous jaloux à la recherche du pur amour. L'amour d'un maître pour son disciple, l'amour du disciple pour son maître, et les rôles s'inversaient jusqu'à l'apprentissage de l'habileté. Il y aurait au delà des imitations, cette mémoire des hymnes comme celle d'une nuit possédée, des corps en mutation, certains perdus, d'autres posés apprenant à coups de cymbalettes à passer d'ouest en est par les forces de la musique, le chamanisme, ou le théâtre de marionnettes.

Elle refermait alors le livre du pays qui n'existait pas, écoutait dans la rue, les frottements métalliques d'un camion qui, par un ronflement continu, fermait la nuit. Tous ces sons des antiques sanghyang et les chants exorcistes des petits hommes qui vidaient les poubelles, ne s'intégraient plus, le jour venu, à aucun monde. Sous la brume bleue, des onomatopées complexes ouvraient la ligne du jour qui revenait avec ses vivants et ses morts, ses survivants et ses fantômes... Plus tard elle croisa le facteur sur un cheval en rotin, qui n'apporta aucune lettre, pas de nouvelles de là bas, depuis mille jours déjà. Le facteur repasserait dans mille jours. "Cela ferait beaucoup de temps à attendre, tout de même !". Elle alla à la banque supplia une sorcière responsable à collerette de lui accorder une avance. - "Avance ? Avance ?". La sorcière ignorait le mot. Le stagiaire vint jouer pour réponse un refrain à la mode issu des mélodies d'appeaux. Des crécelles vivantes lui entraient sous la peau ; la peau, la peau c'est la seule chose qui paraissait vivante dans cette ville qui bougeait tout en mollissant. Mille jours ! elle visualisa l'attente en semis de petits cailloux elle glissait avec eux doucement sous la trémille de la rue des émeraudes qui porte si mal son nom, elle se souvint des dieux d'anciennes danses palatines, puis elle souffla dans une corne de brume en forme de banane, qui pointait l'heure exacte de son arrivée au bureau, elle était là juste à l'heure pile, comme chaque jour trouva à la même place monsieur Jouvenot, elle lui serra la main comme elle le faisait depuis mille jours, et s'efforça de sourire du mieux qu'elle le pouvait aux caméras hypersensibles.

 

Le gamelan de Bali est en écoute ci-dessous :

http://www.deezer.com/listen-3928494

 

Source : "Musiques de Bali à Java". Editions Cité de la musique/ Actes Sud 1995 ; une analyse de la musique de gamelan de référence, écrite magistralement, par Catherine Basset (ethnomusicologue spécialiste des musiques de Bali). Ouvrage vivement recommandé par la maison.

Remerciements à Jacques B. qui m'a fait découvrir ce très beau livre et m'a appris qu'entre le point de départ et le point d'arrivée, il est un autre point encore plus appréciable : le point qui ne s'arrête jamais.

Photo : Le gong des lyonnais (oui, bon.), nommé fontaine d'Ipousteguy, cible idéale (pas Ipoustéguy, la fontaine !), sur laquelle est inscrite ce vers connu de Louise Labé (1524-1566) : "permet m’amour penser quelque folie". Photographié à Lyon, début Novembre tout près du Bordel Opéra, sur une place où l'on glisse. © Frb 2010.

lundi, 01 novembre 2010

November (version réaliste)

Petite balade pragmatique et mentale à travers le programme d'information continu émis par une radio (d'information continue), écoutée toutes les heures...

flaque.JPG Parapluies, actualité, Europe, avenir, manifester, les constructions navales, se positionner, les vivants, les projets, la pression, l'agriculture,  le monde, dialoguer, le reste du monde, le journaliste du "Monde", la programmation, la politique, Sarkozy, les occupations, gérer, la catastrophe, les députés, les ressortissants, le spectacle, les réseaux, la séparation des pouvoirs, les préoccupations des français, un projet d'envergure, les propositions, le dollar, le G20, la vérité, se qualifier, Brice Hortefeux, les formalités, PSG, alpha, en bas de l'échelle, les affaires, l'état, les averses, restructurer, témoignages, refroidissement, potiche, convaincre, 40% des français, renoncer, la réforme des retraites, la Jordanie, erreur, mortier, Groupama, l'amendement, les préjudices, torpiller, les impôts, Laurent Blanc, explosion, revalorisation, fiscalité, le sérieux, viser, promulguer, maussade, moratoire, constructions, la compétitivité, les Etats-Unis, les experts, un 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MD SO SO : Box machine 
podcast

 

Photo : Une grande tour d'affaires ouvragée en plaques miroitantes se reflète dans une flaque pas ouvragée elle aussi miroitante. photographiée dans les couleurs plus ou moins argentées du premier jour de November entre Charpennes et République sur le cours Emile Z. à Villeurbanne. © Frb 2010.

vendredi, 29 octobre 2010

Peindre au travers

Peindre d'après nature, ce n'est pas copier l'objectif, c'est réaliser ses sensations.

PAUL CEZANNE 

zoom feuilles0908 B.jpgCe climat est le mien. J'avance avec toi, sur la route, pour faire effraction. Je peux voir le ciel qui s'étend nous satisfait à la minute. Je prends le petit jour à coeur, et je suis autrement ton oeuvre. Nous ne pouvons que rester seul à seul. Tous deux serons unis encore autant que séparés, et je me chauffe à toi, nous secouons les grilles pour rentrer dans tous les salons. Je porte les grenades et les épices de la forêt. Nous aimons nous suspendre aux lustres, aux branches ; je porte les baies empoisonnées, tous ces mensonges et nos douleurs. L'eau froide tombe du ciel qui s'étend au loin. Les grilles blessent un peu, ces gens t'ouvrent leur demeure, tu caresses leur vaisselle, tu explores les greniers et la cave où sont cachés des manuscrits à fendre à l'âme.

Il y a trop de monde dans ces salons, on distribue du café noir et des figues à moitié ouvertes sont éparpillées sur la table. On convoite un grand framboisier sur lequel nous déposerons des baisers, nous aurons les mains baladeuses, en toute impunité, nous abuserons de tout sans peine. Nos fruits ont la sauvagerie de ces chats qui se faufilent entre les brumes écorchant le vernis des tableaux, bientôt nous en ferons le deuil ; nous les délaisserons dans un parc entre les feuilles rousses, irisées de l'automne. November ramènera par sacs entiers les feuilles et ces pommes qu'un peintre croqua autrefois chaussé de ses pantoufles, dans le rai de lumière d'un atelier. A quelques pas de là, à peine plus loin, toute la lumière change, et l'on aperçoit dans l'allée d'un jardin, quelque beauté antique organiser les courses :

De mon mieux, j'ai envoyé à mon amant chéri dix pommes d'or cueillies sur l'arbre de la forêt, et en enverrai autant demain

Des corbeilles de fruits pourris avec les étranges pépins, et ces tiges au cul de la pomme, nous aimons celle qui porte un nom de chanteuse de jazz oubliée, la Granny Smith. Son goût acidulé, ses reflets parfois roses. Nous aimons aussi les poires difformes, "Red William" ou "d'Anjou" nous les mangeons sans trop penser à la misère du monde, un rien nous comble. Nous glissons les épluchures dans nos poches et cela nous fait des trésors dégoûtants. Le vent ici est caressant, doucement il s'impose. Et puis il y a des graffitis sur les bancs et des journées qui ne s'étirent plus tout à fait comme avant.

Cent tubes de gouache pressés avec ces couleurs fauves, elles giclent sous le ciel qui s'étend au loin, fardent la part brute d'une toile sur laquelle l'autre peint encore des oiseaux et des serpents plein de noeuds, sur des pentes la blancheur lunaire bat dans l'encadrement, déplace la courbure des formes qui magnifient les fruits et les sens. Ce climat est le tien, il érode les murailles, dévergonde nos cailloux pour s'empaler sur des roches vierges. Ca fait des semaines qu'Eros dort le jour sous les arbres et la nuit il s'amuse comme un écureuil avec des noisettes et des glands.

Du haut en bas, un grain de folie saisonnière roussit la page si lentement, tu peux voir comme l'heure à présent changée nous délave. Ce que je dis, tu le vois les yeux clos et l'approuve. Tout ce qu'on dilapide va par monts et par vaux, même dans le parcours des bécasseaux, leurs cris font en réalité "tchirrip, tchrrii" et nous nous attardons à regarder bouger leurs pattes sur des fils electriques. Tous ces mensonges dans la douceur bordent l'hiver des impatiences, un caprice hors-saison qui vient avec  le goût de la reine-Claude, ou de la mirabelle, (bellamira, miragrande), croquée par Virgile au vers 53 des "Bucoliques":

J’ajouterai des prunes couleur de cire : ce fruit sera, lui aussi, à l'honneur.

J'ajouterai des grains de génévrier, nous titrerons : "Aiguilles piquantes sur feuillage écaillé", des grosses touffes chaudes comme la laine, ces épis pour les dames seront notre fierté, les messieurs en auront presque le rose aux joues puis après ce sucre onctueux, tout fondu dans nos ombres, adviendra en nous l'abstraction.

Tu peux voir l'improvisation, la folie des grandeurs et la rondeur des jours comme un point qui va de bout en bout répandre sa résine rouge, les déliés du terrain, un fourrage de cailloux, près des plantes cultivées,  plates, ou éperonées, qu'on appelle "impatiens hybrides".

Ce climat est le notre uni à l'eau qui dort sous un autre pays gentiment affublé de gri-gris, de poupées pincées d'épingle à linge, ces tissus sèchent à l'écart au nid où pondent les flamants roses, et les chamois toujours les mêmes, tu les décris sur mes carnets et tu es autrement mon oeuvre.

Savais tu qu'autrefois les chamois pondaient des oeufs au mois d'Octobre ronds comme ceux de l'élandin ? Et cela faisait, à ceux qui les regardaient longtemps, des yeux gros comme un poème monstre.

Photo : Zoom juste après l'ondée. Une vue caramélisée de quelques feuilles mortes issues du charmant  parc René Dumont qui illustre à merveille, une nouvelle tendances de parcs dans nos villes : pas d'allées à la française, juste la végétation naturelle poussant à la manière sauvage... Photographiée à Villeurbanne aux derniers jours d'October.© Frb 2010.