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lundi, 26 mars 2012

Grand Magasin

Parmi nos articles de quincaillerie paresseuse, nous recommandons le robinet qui s'arrête de couler quand on ne l'écoute pas.

MARCEL DUCHAMP : Rrose Sélavy  in "Poils et coups de pieds en tous genres"  publié par GLM dans la collection "Biens Nouveaux" en 1939.

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Il y a 2 personnes devant moi, j’attends mon tour. Sur les écrans partout disposés en hauteur, on peut visionner la météo, les horoscopes, une recette, image par image des escalopes de veau au dessus de nos têtes, un panneau clignote sans jamais s'arrêter : "Le veau c'est beau !" et plus loin, "50% sur les pantoufles pour 1 achat de 5 bougies parfumées", derrière moi, une dame élégante s’impatiente, posant sa question sans attendre le tour de l'autre dame qui s'apprête à payer  "Excusez moi, c’est juste pour un petit renseignement... Elle enchaîne aussitôt - la crème de jour, vous ne l’avez pas en "Sable ?" - "C’était quel numéro, Madame, vous vous souvenez ? Parce qu'ils ont tout changé dans cette gamme là". La dame hausse les épaules, "quel numéro ? Aucune idée !". La caissière balaye du regard la totalité du City marché. Elle lève le bras c’est pour quelqu'un là bas, elle se met à crier : "Sonia, Sonia !  tu peux venir cinq minutes ?". Sonia arrive, à très grandes enjambées, sur son gilet vert pomme molletonné, un carré épinglé "City marché, le sourire en plus", en dessous de la poche, un rectangle en carton plastifié découpé au cutter avec écrit, au marqueur rouge en gros "Sonia". Sonia est jeune, 20 ans, à peine, c’est elle qui s’occupe du "Rayon Beauté", Nicole pourrait être sa mère. Mais pour l’heure sous mes yeux c’est la profession qui s’affiche : deux bouts de cartons recouverts de plastique épinglés soigneusement sur deux gilets sans manche où dans le dos il y a encore écrit "City marché, le sourire en plus". Gilet "Nicole". Gilet "Sonia". "La crème de jour, Sonia ! la nouvelle gamme en "sable tu sais le numéro, c'est quoi maintenant ? le 5 , le 3 ?  Je sais qu'ils ont pas changé le 6 mais le 6 c'est "Beige rosé" ?". Sonia fouille dans les rayons, Nicole demande : "Vous avez gardé l’ancien pot madame ?" -"Ben oui, euh ! j'sais pas ! je crois, mais c'est pas sûr...". Nicole poursuit : "Dans ce cas, faudrait nous ramener l'ancien pot madame ! parce qu'ils ont tout changé et je voudrais pas vous vendre "Porcelaine" pour du "Sable", quoique ça ressemble assez et si ça se trouve ils ont aussi changé les noms et "Sable" ça serait peut être  maintenant remplacé par "Porcelaine"..." Silence. Les deux femmes comparent les deux coloris, se regardent longtemps, hésitation puis silence à nouveau. Sonia revient, rajoute un "si ça se trouve...". la cliente remue la tête affirmativement, plusieurs fois très longtemps, comme s'il s'agissait d'une chose très grave.

Nicole ne répond pas, examine de plus près les deux coloris : "regardez voir sur la peau..." Sonia étarpe la crème teintée sur l'avant-bras de la cliente; au dessus du poignet, la cliente lève le bras du côté des néons elle dit, "c’est difficile à savoir, hein !". Deux grandes traces épaisses beiges tachent l'avant bras de la cliente, la peau est fine sans veines apparentes ni plis, le bras est lisse, très blanc. La dame hésite encore, l'autre dame devant moi perd patience, derrière nous, la file est devenue très longue, la cliente paraît très gênée, elle s'adresse à la dame qui était devant puis à moi, "je vous fais attendre, excusez moi ! je croyais que ça irait vite" je dis - "je vous en prie, c'est pas grave, prenez votre temps !". La dame devant me jette un regard noir. (Ben quoi ? Qu’est ce que j’ai dit ?"). Sonia semble réfléchir. Nicole propose : "Tu devrais regarder dans le classeur". Sonia, nous sourit d'un sourire réellement désolé et gentil, pour nous aider  un peu à patienter. Ce sourire est vraiment désarmant. La dame devant soupire bruyamment. Nicole dit "Dans le classeur c'est sûr qu'on trouvera ! y’a tous les nouveaux numéros qui correspondent avec les anciennes couleurs" - "Ah ben ouais ! répond Sonia, J'avais pas pensé au  classeur, t’as raison ! je vais chercher ça !" Nicole la retient  "Non, mais euh... Tu peux plus y aller, ça a changé, c'est Madame Chamot, pour les clefs, il faut appeler Madame Chamot, c’est elle qui a les clefs du bureau, attends, bouge pas ! je vais essayer de l'appeler d'ici". Nicole se rapproche d'un micro fixé par un gros ressort sur le coin de la caisse. Dans tous le magasin on entend la voix de Nicole qui se diffuse dans les hauts parleurs,"on demande Madame Chamot à l’espace beauté, madame Chamot !".

Quelques secondes après, Madame Chamot, arrive. La cinquantaine bien tassée, 1,43M environ, perchée sur des moonboots prunes à talons compensés, je me dis que sans ses bottes elle doit mesurer dans les 1m33 environ, il semble qu'à chacun de ses mouvements, c’est le magasin tout entier qui peut se renverser, on dirait que c'est elle, Madame Chamot qui porte le City-marché sur ses épaules. Elle parait être de ces créatures méticuleuses, parfaitement organisées, de celles qui mènent leur monde à la baguette. Rien ne dépasse. Tout est carré. Son chemisier à collerette impeccable boutonné jusqu’en haut pince même les rides en bas du cou, des maxilaires carrées, des lèvres pulpées de rouge pourpre nacré qui déborde légèrement au dessus de la lèvre supérieure plus fine pincée, un petit nez rose juste à peine aplati au bout, des pommettes presque absentes relevées d’un fond de teint crèmeux qui donne un air hâlé, Madame Chamot porte des lunettes en écaille cerclées bleues signées de l'autre fou, une jupe droite en velours côtelé fendu sur un côté, mais pas trop, entre les moon boots et la jupe, deux bosses plutôt rugueuses, roses, aplaties comme son nez. Je croise le regard piquant de Madame Chamot qui surprend en flagrant délit mon regard perdu sur ses genoux, je devine un courant d'animosité, une légère pointe de crainte, elle tire vif, sur le pan de sa jupe d'un coup sec machinalement, tout va si vite. Madame Chamot s’énerve : -" Mais enfin Nicole ! ça fait une semaine qu'on a reçu les nouvelles références ! il faut les avoir en tête les numéros. "Sable" c’est le 5, "Porcelaine" le 2, "Biche" c’est "Beige le N° 6 "beige tendre" maintenant le n°1 c'est le zéro qui est l'équivalent au "Beige foncé" de la gamme "Elusane" "Sable" "5" "Chamois" c'est "Biche", "Beige N°6 " "N°1 c'était le zéro chez Bergamole" et il n'existe plus, vu qu'ils ont supprimé le 4 qui était "Chevreuil n°7" chez Bergamole comme Elusane a fusionné avec Bergamole il ont revu les coloris et le 8 n'existe plus mais c'est devenu le "Sable", et même que le n° 8 de chez Elusane, pour le coup ça change pas grand chose,  vous demanderez à Madame Moulu de vous expliquer, c’est elle qui s’occupe de la marque, maintenant."

Nicole. Sonia. Madame Chamot. Course folle au rayon des peaux. Madame Chamot s'énerve "Nicole, vous n'avez pas pensé à présenter une autre marque à Madame ? On a peut être l'équivalent de couleur en sable dans la gamme, "Agnès Grey", Sonia ! allez voir monsieur Blénot, c'est lui qui a reçu le représentant, "Agnès Grey". Sonia trépigne et son visage devient pâle, elle murmure tout bas, terrorisée "Monsieur Blénot ?" Madame Chamot répond  "Oui il doit être dans le bureau à l'étage avec le représentant, pour l'arrivage des  peignoirs de Ceylan. Sonia s'étonne et devient de plus en plus pâle : "Les peignoirs de Ceylan ?". Madame Chamot se retient, tâche de garder son calme : "Oui. Les peignoirs de Ceylan ! Sonia ! la semaine prochaine ! vous savez bien que c'est la semaine de la ristourne orientale." Sonia, sourit  bêtement : "Ah oui, la ristourne orientale, pardon madame, je croyais que ça commençait qu''au milieu Avril, enfin, il me semble euh... Vous aviez dit le 14...", Madame Chamot hausse les épaules, ne répond pas, elle cherche un truc sur son portable puis se remet à parler tout en pianotant sur les touches : -" On a dit, on a dit ! oui ! on l'a dit. Mais depuis ça a changé, c'est vrai que vous étiez pas là, lundi. (Air de réprobation)... "A ce propos Sonia lundi prochain vous passerez en caisse 4, vous verrez ça avec Brigitte, parce que Crystelle prend sa journée et Nicole pourra pas faire les deux caisses en même temps vous comprenez, alors elle sera remplacée par Sandra mais entre midi et 2, y'a personne et on pourrait vous mettre, il faudra venir du matin et rester entre midi et deux ça vous fait rien ? Sonia tripote sa bague d'un air indifférent, sa voix est morne. "Non madame, ça fait rien", elle reprend aussi vite son sourire de composition mais on voit bien que la nouvelle fait mal. Le coeur n'y est plus. Madame Chamot la toise de bas en haut : - "Parfait ! merci Sonia ! vous êtes gentille ! vous m'enlevez une épine du pied ! je vous note pour lundi ! et puis vous vous arrangerez avec Monsieur Blénot pour récupérer vos heures, du soir en reprenant un matin au mois de Juin, vous verrez avec lui sur le planning  ça ne vous pose pas de problème ? Sonia bégaye : -"Non, non, aucun,  je m'organiserai avec mon mari sinon euh... Madame Chamot (sèche) - Vous avez un souci Sonia ? Sonia (pulvérisée) - Non, non aucun, je vais essayer de m'organiser avec mon mari". Sonia sourit hébétée, debout au milieu de la clientèle. Une dizaine d'yeux fixés sur elle. Nicole arrive - "Ca va, Sonia ? Tu veux que je te remplace cinq minutes ?  Sonia a répondu "j'veux bien", on ne l'a pas vu partir, à peine disparue, volatilisée, que déjà Nicole, reprend le cours ordinaire de ce jour ordinaire dans le rayon beauté -"oui, sable, c'est ce qui se rapproche le plus, Madame, mais il se peut qu'Elusane sorte une nouvelle gamme de poudre, une nano poudre avec toute une gamme de nuances, vers le 10 Mai, si vous pouvez attendre... (La dame sceptique) -"Oui, ben, je sais pas." -"Ca sera intéressant parce qu'en Mai y'aura 20% sur tout le rayon-beauté, si vous pouvez attendre. Ou alors vous revenez avec l'ancien pot, c'est comme vous voulez." -"Oui ben... Je vais réfléchir..."

L'autre dame devant moi, soupire très fort, à présent, ça monte, se communique, c'est dans l'air, ça va arriver, ça se répand, ça y'est presque c'est monté, la coupe pleine, elle se met à râler c'est venu d'un coup tout haut, cette impatience, les nerfs, quelque chose vient de passer traverse l'épiderme : - "Pffff ! c'est pas vrai ! ah lalala lalala ! Eh ben ! faut pas avoir de train à prendre  pfou ! ni avoir mal au coeur en plus c'est surchauffé ici ! et moi j'attends toujours, c'est pas vrai ! c'est un monde ! moi j'ai pas que ça à faire, attendre ! s'il faut attendre des heures! moi hein ! non mais c'est vrai moi je trouve, hein !" elle tente de me tirer à elle, il lui faut une complice, quelqu'un qui pourrait justifier, ne s'adressant qu'à moi - "Elles s'en font pas ! vous trouvez pas ? Elles sont là, elles causent entre elles et tout ça pour une crème ! ça ! ahlalalala ! pour causer elles causent ! et nous ça fait des heures qu'on attend, si elles croillent qu'on a que ça à faire, les regarder jacasser ! elles exagèrent vous trouvez pas ? Puis elle se met à me parler de son mari qui est bricoleur, même qu'elle est venue acheter des affaires pour leur salle de bain, un tapis assorti aux carreaux que son mari  etc etc... Je me garde de répondre à cette pie mais la pie me tape sur l'épaule avec son bec, à petits coups de becs jusqu'à ce que je lui prête attention, elle poursuit ne s'adressant qu'à moi, ne parlant qu'à elle seule, se déverse -"Evidemment vous ! ça ne vous fait rien ! vous êtes  jeune, vous pouvez  ! je réponds - "Boh ! Pas tant que ça !"  la pie ne m'entend pas, vide son flot, son fiel, son besoin de parler, si possible à quelqu'un. Besoin/ de parler/ à  quelqu'un / ça ne peut plus attendre - Vous comprenez moi j'ai tendance à faire des phlébites, quand le chauffage est par le sol, et comme j'ai des varices alors vous comprenez ? Je dis - "oui". Je comprends. - "Alors si ils nous font attendre des heures, ça va plus parce que moi j'ai juste ma crème de jour à prendre, et hop  je file,et là  je suis en retard vous comprenez ? J'suis pas d'ici, moi hein ! des heures pour une crème, vous z'avouerez ! et avec ma phlébite, c'est pas possible ah non, mais y'a de l'abus ! moi oh  mais je vous le dit ! ils ont perdu une cliente ! ah ça, moi ah  oh aaah mais ! je vais pas me laisser pas faire ! qu'est ce qui croillent ? R'gardez ! ah mais ! je suis une bonne cliente ! je viens tous les jours, eh ben! c'est tout vu, je reviendrai plus ! j'irai à l'intermarché, ils ont monté un intermarché rue Hénon, j'irai à l'intermarché et puis c'est tout ! regardez ! elle tend la jambe -"avec leur chauffage au sol,  eh ben voilà ! ça regonfle ! ça y'est !  voilà ! z'avez vu ? C'est enflé là, vous voyez ? Je dis -"non, pas trop." Elle poursuit - "si on doit se retrouver à l'hopital à cause des caissières qui font mal leur travail, moi je vais être obligée de le signaler, on peut pas. Je peux plus. Vous comprenez ? (Elle m'engueule). La phlébite, vous ne savez pas ce que c'est !!! on peut en mourir ! enfin vous, oh vous ! evidemment ! vous vous en fichez vous ! vous êtes jeune ! (oui bof) vous pouvez pas comprendre !"  ... Je réponds par politesse -"Euh, si,  j'ai une tante (ronpich-ronpich) qui a eu une phlébite". Cause toujours. -"Ah mais y'a phlébite et phlébite ! moi j'ai la grave, c'est ce que je disais à mon mari si le caillot monte au coeur, hein ! eh ! ben on sait pas ! elle me tape sur l'épaule, prend le ton de la confidence tout bas, (radoucie) - je vais vous dire, entre nous, mon mari, c'est lui qui fait les courses d'habitude mais là, il refait toute la maison, il bricole sous l'évier, il a carrelé, la cuisine, il fait la plomberie, il a tout recarrelé, enfin le voisin vient pour l'aider, entre voisins, il faut bien s'entraider, hein ? Vous croyez pas ? - Euh, si ! - Les gens sont tellement indifférents. C'est de pire en pire, les gens sont égoïstes ! Vous trouvez pas ?  "- Euh, si, ptêtre..." -"Les gens, que voulez vous ! ils ont plus l'temps ! y pensent qu'à eux, vous trouvez pas ? -"si"- -"Mon mari  il me dit toujours les gens ils dautdrait foiybonnemoicnvà mlaguerrmoieoicdmoilj csaquekifera sçamoi  mais xkmoidivraivheinmoikheinmgdftoubkxbmoifoutugkjsux comme des chiens, pas vrai ?" Je réponds - Oui, sûrement". En me demandant si l'on trouve au rayon "anti-pies" un bon bonnet, avec des pattes pour bien protéger les oreilles.

 

 


Photo : Le rayon cosmétique de mon city marché le seul de la colline, celui qui a des nouveaux étiquetages de boites de conserves et d'affiches inspirées des grandes heures du constructivistme (eh oui ! regardez ! ) le seul "grand magasin" Hippy chic de la colline, quoique le super U est pas mal non plus, mais dans le city marché y'a tout (yatou yatou) un peu cher mais très agréable, avec des caissières adorables (bravo les filles !). Les croix Roussiens le reconnaîtront entre mille. Haut lieu de drague très officieux fréquenté par quelques oiseux célibataires (après 20H00 only !) mais faut pas le dire. Enfin bon, (admettons que je n'ai rien dit :) Photographié à Lyon city M. rue de Cuire

© Frb 2012.

samedi, 10 mars 2012

Des fourmis plein la tête (part 4)

A propos de quelques questions recueillies au hasard dans les livres et dans les magazines. La suite...

Pour accéder aux séries précédentes, il suffit de cliquer sur l'imagefourmis.jpg

Les jeux sont ils faits ? 1 milliard est égal a combien de milliers ?  Qu'est-ce qu'un instant décisif ? Le bicarbonate de soude peut-il remplacer un bon dentifrice ? Avez-vous eu une enfance normale ? Le philosophe pense t-il lorsqu'il descend les poubelles ? Madame Bovary  est ce vous ou moi ? Croyez-vous à la métempsychose ? La mélatonine supprime-t-elle le décalage horaire ?  Les extraterrestres sont ils parmi nous ? Où se se situe l'ailleurs d'où l'on ne peut s'enfuir ? Comment la pensée va-t-elle se contraindre à ne pas pouvoir rester indemne à l'indifférence qu'elle risque de susciter ? Est ce qu'il y a un ailleurs ? Un jeune qui tue ses parents est-il fou ? Faut-il bloquer les prix, voir les encadrer ? Qui est luc Brossolet ? Dois je me laver les mains avant de toucher mes yeux ? En quoi la ghréline est elle l'antagoniste de la leptine ? Ai-je mérité mon sort ? Ou vont les fleuves ?  Vivons nous pour comprendre ? La percussion est-elle forcément musicale ?  Qu'est ce qu'un mécanisme de solidarité à distance ? Qui a peint le plafond de l'opéra de Paris ? Tromper son mari est-il bon pour le moral ? Comment dépasser l'art ? A quel moment doit-on cesser d'aider quelqu'un ? Peut-on tabler sur des valeurs sûres ? Pourquoi cette palabre sur la structure ? Combien d'argent dépense-ton en une vie pour son confort ? Quelle est la difference entre les termes de "race" ou "d'espèce" ? Qu'est ce que la chromatographie sur couche mince ? Que faire quand on traverse une mauvaise passe ? Vous sentez-vous trahis par François Hollande ? La contraception masculine, on en est où ? Quelle est la différence entre "la variation" et "la variation infinitésimale" d'une quantité de chaleur ? Comment me procurer la liste de tous les produits agricoles qui existent ? Que serait l'homme sans l'angoisse ? Comment factoriser 2a+2b-2c  ? Faut-il éplucher les coings pour faire une bonne gelée ? Sur quel tableau de Dali peut-on voir Lénine ? Est-il possible de suivre la cinétique des acides gras volatiles dans une fève de cacao ? Qui travaillerait pour rien ? Dans quelle ville se trouve l'Ermitage ? Le syringa est-il une fleur ? Et si les banquiers faisaient la sourde oreille ? Pourquoi les autres occuperaient-ils une plus grande place dans notre coeur que dans notre budget ? A partir de quand vous êtes vous aperçu que votre femme vous trompait ? Qu'est ce qui est impossible au poète ? Quel vin boire avec un magret ? Pour ou contre les maisons closes ? Comment peut-il en être ainsi ? Comment peindre le bleu ? Quel est le rapport (vu sous l'angle du processus) entre l'hypnose et la méditation ? Quel préfixe indique-til la privation ?  Le lynx est il un  animal protégé ? Qu'est ce qu'un mentat ? Comment dois-je m'y prendre pour fabriquer des fringues avec des sacs papiers ? Ecrit-on  "s'en sonner" ou "sans sonnets" ? Comment passer d'une formule topologique, à une formule semi-développée ? Pourquoi n'y a -t-il pas de "e" à la fin de "en aparté" ? Si un siamois meurt est ce que son frère siamois meurt aussi ? Qui décide des abréviations ? Sommes nous enfin entrés dans la campagne présidentielle ? L'enthousiasme est-il suffisant ? Qu'est ce que la mystagogie ? Pardon

 

 

Photo : Métamorphose du castor, qui s'est déguisé en cravate de Gilbert Bécaud, à l'envers (pas Gilbert Bécaud, les pois de la cravate) pour passer inaperçu, le lecteur plein de sagacité l'aura deviné, enfin bref, ceci n'est pas une fourmi, ni une pipe qui revient du ski, quoique de loin... lézardant - on ne se refuse rien - sur une sorte de plaque ornementale, à peu près ras les pâquerettes (des milliers, bien sûr, à venir, que nous cultivons avec soin, hors champ). Ce street-art est peut-être en pochoir, n'est ce pas ? Et je remercie l'artiste au passage, d'avoir remis ça un petit peu partout dans la ville. J'ai photographié la bestiole, place du Maréchal Liautey, dans les quartiers chics à Lyon (6em arrondissement) près de la mythologique "Forêt Morand. Mythologique ? Non. Par respect pour Monsieur Marcel Rivière, j'écrirai "photographié près de la mythique". Ne soillons point tout trop cuidants.

 

© Frb 2012.

mercredi, 07 mars 2012

Le temps des gueux

"Il fait un froid de gueux"

CARLA BRUNI-SARKOZY, phrase rapportée par le Nouvel Observateur + une pépite encore (hiver 2012)

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Nota : Si vous remarquez quelques incohérences entre la date de parution du nouvel Obs et notre jour de Février c'est bien normal, pour vous livrer l'information avant tout le monde nous avons dû personnaliser un peu notre calendrier. Ce qui s'appelle en d'autres mondes, le "mentir-vrai. En revanche, vous constaterez que nos images sont réalisées sans trucages. La situation est la même partout, que ce soit à Lyon, cours Vitton, quartier naguère prestigieux (photo 1), à Cannes, sur la Croisette, (photo 2), à Paris, face au Fouquet's (photo 3), à Deauville, pas loin du casino (photo 4) à Marne la Vallée, à 300 mètres d'Eurodisney (photo 5), à Lyon-Vaise devant la rutilante médiathèque (photo 6), ou à  la sortie du super U de Courchevel (photo 7), les gueux envahissent nos villes et nos campagnes avec un toupet qui se pose là. Mais le plus inquiétant, nous vient d'une études très sérieuse faite par la commission des  savants mandatés (et chers payés) par l'IEECJ (institut d'expertises et d'évaluations de certains jours) qui a prouvé que non seulement les gueux attirent le froid mais qu'ils en sont les principaux responsables. Les conséquences, on ne peut plus les cacher. Elles vous seront révélées, veuille ou veuille pas, après ce que vous savez. En attendant je confie le soin aux lecteurs de tirer les conclusions qui s'imposent, et de se poser la question : doit-on laisser en toute impunité les gueux prendre leurs aises aux vues de tous ? Quand on voit que certains ramènent le froid par cartons entiers, (cf. photo 1) pour organiser, semble-t-il, une fois encore, entre eux, on ne sait quel trafic de sacs frauduleux, on est droit de se demander si par leur faute, il n'y aura pas de la neige tout l'été...

En attendant, remercions l'ingénuité de notre savoureuse première dame de France, qui étant troubadour d'origine, s'exprime dans une langue moyenâgeuse à ravir. Une invitation à ressortir nos Barthes, (non, ce ne sont pas des baskets) que dis-je ! notre Roland Barthes ! unique, inimitable, qui n'est pas auteur médiéval  souvenez vous, quand il écrivait : "Je vois le langage", en considérant cette condition de voyeur comme une maladie. Enfin, bon, heureusement, chacun sait que là où s'arrête le langage, tout finit par des chansons, (des cerises, et puis des roses, au diable ! le bas de laine !), mais faudra pas confondre la langue spécifique à chacun, avec le langage qui est une généralisation à l'homme, (c'est de Lacan) après quoi, on se tiendra peut-être mieux droit sur dans nos bottes, tout ça pour dire, (ce qui n'a pas grand rapport) que le cynisme moderne ne se raccordera en rien avec l'ancien, nevermore... Nul ne l'ignore, bien sûr, après cinq ans de... Non, rien.

Ligne de fuite (100% médiévale datant de 1876 grosso-modo) :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57802151/f9.image.swf

Photo : nous, les gueux, et nos sacs de légumes, photographiés un peu partout, durant le rude hiver.

© Frasby 2012

mardi, 06 mars 2012

Ponctualité

Début du printemps,
Je mets ma pendule à l'heure.

l'heure qu'il.JPGMaintenant qu'on a l'éternité, on peut toujours rêver, avec Raoul :

Nous sommes dans le monde et en nous-mêmes au croisement de deux civilisations. L’une achève de se ruiner en stérilisant l’univers sous son ombre glacée, l’autre découvre aux premières lueurs d’une vie qui renaît l’homme nouveau, sensible, vivant et créateur, frêle rameau d’une évolution où l’homme économique n’est plus désormais qu’une branche morte.

Raoul VANEIGHEM in "L'ère des créateurs".

On peut aussi croquer quelques livres d'esprit libre du même auteur, lus et approuvés par la maison (ci-dessous):

http://nouvellerevuemoderne.free.fr/eredescreateurs.htm

On peut encore s'instruire avec Georges un ami de Georges tous deux amis de Georges et de Robert et plus haut, de Roger:

Maintenant, le mouvement de l’horloge donne la cadence aux vies humaines : les humains sont asservis à la conception du temps qu’ils ont eux mêmes produite et sont maintenus dans la peur, comme Frankenstein par son propre monstre. Dans une société saine et libre, une telle domination arbitraire de la fonction humaine par l’horloge ou la machine serait hors de question. Le temps mécanique serait relégué dans sa vraie fonction de moyen de référence et de coordination, et les hommes et les femmes reviendraient à une vision équilibrée de la vie qui ne serait plus dominée par le culte de l’horloge.

Georges WOODCOCK in "War commentary - For anarchism", mars 1944.

Et comme le sujet ne pouvait ignorer ce texte, petit bonus de lecture encore signé Georges Woodcock, "La tyrannie de l'horloge", je vous joins son petit lien salutaire :

http://infokiosques.net/lire.php?id_article=632

Voilà, mes amis, de quoi occuper les prochains jours en belles lectures puisqu'on annonce la pluie, et qu'on ne pourra pas se donner rendez-vous sous l'horloge à point d'heures (sniff, sniff)...

Photo : Le lyonnais, bon marcheur, amoureux de sa ville, et peut-être les autres, reconnaîtront sans doute l'horloge de la rue Grenette située en Presqu'île entre Rhône et Saône. L'instant pur, rare décrochage d'une ville entière et pourquoi pas de ses habitants ? Ou une métamorphose d'un genre éternel ? Un temps sans temps répondra le génie des oisifs qui vit sur son nuage qu'on ne voit jamais et qui sait tout. Hélas, j'émettrai un regret (très personnel, of et hors course) c'est que l'horloge de la rue Grenette ne présente pas son programme aux élections présidentielles 2012, "arrêter le temps", (et là je suis sûre d'avoir raison), ça paraissait pourtant le seul projet enfin sensé pour le pays et surtout le plus émouvant entre tous, afin d'en finir avec les grosses promesses rébarbatives et les formes comptables si peu romantiques.

© Frb 2012.

vendredi, 02 mars 2012

Impression de voyage

Nous vivons bien à l'aise, chacun dans son absurdité, comme poissons dans l'eau, et nous ne percevons jamais que par un accident tout ce que contient de stupidités l'existence d'une personne raisonnable. Nous ne pensons jamais que ce que nous pensons nous cache ce que nous sommes.

PAUL VALERY : extr. "Monsieur Teste", L'imaginaire/ Gallimard 1946.

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Comme s'il fallait toujours s'éloigner de ce qui fût trop proche, comme s'il fallait ne se fier qu'à la captation d'un mouvement qui prend de la vitesse, pour s'imaginer autre, le mouvement devenu l'unique réalité étrangement saisissable, portant au plus haut point la curiosité et la capacité d'attention, abolirait progressivement les dimensions de l'existence personnelle, effaçant les événements à mesure que la mémoire s'appliquerait à les convoquer. Du moins, est-ce un souhait trop difficile à énoncer, tant il paraît aussi léger qu'un rêve. Un état où il serait en même temps possible d'accepter la destruction de sa propre histoire, et l'idée de n'en rien rejeter, se relier à l'inconcevable détachement né d'un attachement véritable autant qu'il deviendrait possible de regarder sans fureur les déflagrations qui ont entaché ce souvenir. Infiltrer en soi le présent plus entier qu'au coeur d'aucune autre conversation, bercé par le coton des voyages, entre une destination épuisée et le point d'ancrage encore vierge où l'on irait sans doute, tôt ou tard, s'attacher de la même façon qu'hier. On s'attacherait ailleurs, quoiqu'on dise, on recommence presque toujours la même histoire en tous lieux. Mais dans l'improbable lieu qui raccorde et répare, dans ce mouvement de dépossession lente, livré aux grincements étouffés, roulements rondement crissés des mécaniques, délivré de n'être à aucune place pour personne, on verrait un début de réconciliation exister entre-deux, rendu à l'anonymat idéal, parmi des issues entrevues, on se surprendrait approuvant le cours des évènements, et le voyage allégé des raisons même qui faisaient voyager pourrait enfin prendre son sens dans une parfaite vacuité, délesté du sang des regrets, des ressassements désastreux de l'intimité. A présent, on approuve, sans mesurer les heures, porté, lâché, plus présent que jamais et déjà hors-sujet. 

Photo : mouvement du 952861184 saisi entre deux gares.

© Frb 2012.

dimanche, 01 janvier 2012

Deux mil douzement (mais sûrement)

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Aux premières heures du jour si on enlève les mots, puis on si on enlève peu à peu ce qu'il y a autour, à supposer qu'on regarde, oui, qu'on regarde bien en dehors,  je veux dire en dehors de soi, on n'en aura pas vu deux mil, mais, juste à notre portée, disons, après des calculs compliqués, on en a choisi douze (douze quoi ? Chuuut ! un peu de patience, voyons !). Alors ça sera, mettons comme douze voeux à distiller au fil du temps et si nous survivons ce sera plus partagé que toutes les bonnes résolutions le même jour,  dont on sait d'expérience qu'elles durent peu (c'est de Montaigne). Au jour le jour, les grands et petits voeux reviendront pour un an plus neufs que le sou voilé dans les roues de l'infortune par les menaces des tout puissants. Oui mais voilà, La roue tourne et puis la route aussi, (a dit Popeye, le marin devant un tonneau d'épinards, c'est pas malin, je suis bien d'accord avec vous), tout ça pour annoncer qu'il n'y aura pas de récession au programme en nos lieux, plus que jamais reliés à d'autres perspectives, pour nos jeux sans un rond c'est plutôt l'abondance et comme nous n'avons pas les moyens de vous offrir Elisabeth Teissier,  afin de vous annoncer tout ce qui  va arriver en cette future année, (qui s'enfuit déjà, pas Elisabeth Teissier ! l'année !), voici  un résumé extra lucide de ce qui nous pend au nez à tous sans exception, enfin, un peu d'égalité, avec les bons adages offerts par certains jours, pourvu que tout finisse par des chansons. Je remercie les lecteurs qui durant cette précédente (année) ont partagé les humeurs plus ou moins régulières de notre petit éphéméride. Je passerai mes bons voeux via les pluies de Vendeix, ou le soleil de St Amant, (prions pour lui) car le timbre amoureux se trouve être plus tendre, à nos yeux que l'encre noire sur blanc. Belle année, mes amis, au lieu d'être contre tout, soyons pour ce qui nous plaît avec des brosses d'amour pour les hirsutes comme dirait Paul Eluard, (alias Eugène grain d'ailes) en reprenant quelques libertés dont on pourrait (parfois) se sentir (trop) privé, (quoique pas totalement), avec ce "pas totalement", on devrait peut-être y arriver "douzement"... Soyons, soyons...  Et je glisse le calendrier dans votre botte de sept lieues, pour tout l'usage qui vous plaira.

 

JANVIER : "prends garde à la Sainte Martine, l'hiver se mutine".

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FEVRIER : "le douze février, si le soleil est clair, ce sera encore quarante jours d'hiver."

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MARS : "A la mi Mars le coucou se cache dans les épinards".

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AVRIL : "Pâques pluvieux, Saint Jean farineux."

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MAI : "Pluie de Sainte Pétronille, quarante jours trempe ta guenille." 

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JUIN : "Pour la Saint Antoine (de Padoue), les jours croissent comme la barbe d'un moine." (ou d'un Hozan)

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JUILLET : "Avec Sainte Procule arrive la canicule."

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AOÛT : "A la Sainte Radegonde, quand l'eau abonde, la misère est dans le monde."

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SEPTEMBRE : "A la Saint Firmin, l'hiver est en chemin."

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OCTOBRE : "Vilaine veille de Toussaint ne présage rien de bien."

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NOVEMBRE : "A la Sainte Delphine, mets ton manteau à pélerine."

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DECEMBRE : "Quand Noël se trouve être un dimanche, les ennuis de l'hiver viendront en avalanche."

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Photos : Ritournelle, ou la ronde des saisons à relire ci dessous :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/04/27/tr...

Saisie entre les mois de Janvier et Décembre au cours de cette année 2012, he oui ! il y en aura d'autres, des mois, et des années dans cette année. C'est même la grande nouveauté (ô douce !), mais on  ne va pas se mentir ni tout se raconter, sinon adieu surprises ! et sans surprises, bonjour tristesse ! (c'est de La Palisse).

Je remercie monsieur Herbert-Georges Wells, (on ne peut rien refuser à un Georges, surtout pas à un Georges à moustaches) ; Wells donc, m'a gracieusement prêté sa formidable machine à explorer le temps (j'ai beaucoup aimé), et je dédie ce billet à mon grand ami Herr Zack Einstein (le frère caché de Georges Albert), qui m'a envoyé un émissaire-facteur de sa planète à lui, pour enfin me permettre de remonter les sons à la vitesse de votre lumière (- ah bon ?), oui,  je promets ! mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai, (peut-être) un certain jour, au risque de perdre toute crédibilité, il faut vivre dangereusement, sinon ce n'est pas vivre, n'est-ce pas ? Voeux doux, toujours debout avec des cadeaux parmilliés. Promesses... !

© Paul, frasby, raidi pour, (photomix) 2012

mercredi, 28 décembre 2011

Orea Phone

Devance tout adieu, comme s'il se trouvait derrière
toi, à l'instar de cet hiver qui va se terminer.
Car entre les hivers, il est un tel hiver sans fin
qu'être au-delà de lui, c'est pour ton coeur l'être de tout.

RAINER-MARIA RILKE : extr. "Sonnets à Orphée" (1922)

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Sans doute existe-t-il une histoire de la vocalité qui se confond contre toute espérance, à l'histoire des mondes unis ensemble. Une épopée originelle perdue puis retrouvée, par les mondes que nous fabriquons, rêvons, et que parfois, un bref instant, nous augurons.

Le mythe d'Orphée nous touchera toujours avec force puisque Orphée est la figure incarnée de la vocalité et que la voix jouit d'un statut ambivalent, innocente, ou malfaisante immatérielle, ou incarnée. Orphée est bien cette voix qui fît remonter Eurydice des enfers, mais si la voix parvint à Eurydice par la force d'un chant, c'est que Orphée chanteur était aussi musicien.

Pourrait-on imaginer un chanteur dont la voix ne s'adresse à rien ni à personne ? Peut-être en existe-il un ou deux, qui toucherait le vide des choses, comme autant le vide des êtres. Il serait là, sans doute en soliloque comme déjà en enfer.

Et cette voix dont le son reviendrait toujours à ses oreilles, finirait par ne plus être perçue par son corps, glisserait doucement de l'auto-affectation jusqu'à l'auto-altération.

Il est permis de penser que Orphée chanta pour susciter la coïncidence, ou plus exactement faire coïncider sa voix avec celle d'Eurydice, et cela ne sera pas, comme on l'imaginait une manière de fusion, mais une manière de révélation, pour faire émerger :

 "Ce qui veut naître de moi par toi" 

http://www.youtube.com/watch?v=KCYcWpMDWLQ&feature=re...

Citation de fin de billet, Paul Valéry, in "Les cahiers".

Photo : Ciel vu d'un arbre, je ne me souviens plus lequel exactement, photographié, là bas , près de Saint Cyr, (loin des enfers).

© frasby 2011.

dimanche, 25 décembre 2011

Les petits oiseaux aiment lire au nid (et pas que lire...)

L'envie de devenir source d'événements agit sur chacun comme un désordre mental ou comme une malédiction voulue. La société, - un enfer de sauveurs ! Ce qu'y cherchait Diogène avec sa lanterne, c'était un indifférent...

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[...] Toute foi exerce une forme de terreur, d'autant plus effroyable que les "purs" en sont les agents. On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs ; pourtant on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l'histoire ; ne croyant en rien, ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrières-pensées, ils vous abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité ; l'humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu'elle connut : ce sont eux qui sauvent les peuples que les fanatiques torturent et que les "idéalistes" ruinent.

E.M. CIORAN : "Précis de décomposition", éditions Gallimard 1948.

 

 

Lien ou éclairage pas utile mais peut-être à propos:

 http://stylistique-anglaise.org/document.php?id=150

Photo : Fauvette pitchou (sans sa houpette), assise sur un tonneau regardant passer les bateaux (temps trop froid pour manger les glaces à l'eau). Photographiée sur les remparts bordant les quais de Saône à Lyon. (Photo du nid dans la centrifugeuse rurale de Paul, à venir un certain jour, peut-être...),

Remerciements à raidi pour, ses fines connaissances en ornithologie (du grec ancien ορνις [ornis], "oiseau" et λόγος [logos], "connaissance") et hommage aux 126 ans de ce cher Vermot (source de calembours indémodables).

© frasby,  Décembre 2011.

mardi, 20 décembre 2011

Les pas perdus

le temps perdu

mercredi, 14 décembre 2011

Aventure

Voici la troisième version d'une œuvre qui m'habite depuis près de quinze ans et dont la réalisation finale m'a demandé plus de deux années. Version profondément modifiée dont la durée est presque doublée par rapport aux versions précédentes.

FRANCIS DHOMONT extr. de l'éclairage par l'auteur d'une composition acousmatique intitulée "Forêt profonde".

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En cliquant sur l'image, vous entrerez dans l'univers sonore de Francis Dhomont pour écouter l'oeuvre "Forêt profonde".

La suite de l'éclairage :

Entreprise treize ans après "Sous le regard d'un soleil noir", "Forêt profonde", s'inspire, elle aussi, d'une réflexion psychanalytique, C'est une lecture adulte de contes pour enfants qui se balance entre le souvenir des émerveillements naïfs du compositeur et la découverte de leurs mécanismes secrets.

Peut-être cette hésitation entre deux âges présente-t-elle le risque de ne s'adresser ni à l'un, ni à l'autre ?  Mais il se peut néanmoins que l'intuition magique de l'enfance, qui en nous ne dort jamais que d'un œil, rappelle des révélations enfouies et que l'esprit rationnel prenne plaisir à déchiffrer, sous le contenu manifeste de cet inconscient universel, la logique de son contenu latent.

Il s'agit d'une écoute à trois niveaux — romanesque, symbolique, musical — plus déconcertante, sans doute, mais plus active que l'écoute unidimensionnelle.

La trajectoire humaine de Bruno Bettelheim, dont la réflexion est à l'origine de ce parcours étoilé interfère, pour des raisons évidentes, avec ces histoires de jadis qui nous questionnent encore sur notre époque.

Dans la "forêt profonde" de Francis Dhomont : cette visite guidée de l'âme enfantine n'est, à vrai dire, qu'un retour au monde initiatique — à la fois cruel et rassurant — des contes de fées. Ci dessous un extrait lumineux écrit par Bruno Bettelheim.

 

cf. "La psychanalyse des contes de fées" : (Extrait) 

Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu'exige notre passage de l'immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts.

 

Remerciements à Francis Dhomont, au site Arts sonores et à l'INA.

Bonus à lire : ICI

Source-liens  : by Paul avec l'oreille bienveillante de Raidi pour.

Photo  : by frasby, Loin des regards, une forêt.

© P /Frb/ Rp 2011.

lundi, 12 décembre 2011

Le son comme un parfum

Le son, qui dans les églises romanes et gothiques entoure l'assemblée, renforce le lien entre l'individu et la communauté. La perte des hautes fréquences et l'impossibilité qui en résulte de localisation du son intègrent chaque fidèle à un univers sonore. Celui-ci ne fait pas face au son dans la "jouissance", il en est tout entier enveloppé.

KURT BLAUKOPF : "Problèmes de l'acoustique architecturale en sociologie musicale", Gravesaner Blätter, vol V, N°19/20/ 1960.

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Un type d'écoute, existe, qui a lieu dans un espace clos précisément où la distance et la direction sont absentes : c'est en général le cas des concerts de musique contemporaine, populaire ou de la chaîne stéréo, un type d'écoute que nous pratiquons parfois dans nos appartements. L'auditeur se trouve alors au centre même du son qui le touche ou l'imprègne. Ce mode d'écoute est celui d'une société sans classes à la recherche d'unification et de plénitude.

De là, on pourrait croire que ce type d'espace sonore (1) est une invention moderne, pas du tout, il a connu ses heures de gloire au Moyen-Âge avec le chant grégorien. La pierre des murs et du sol des cathédrales romanes et gothiques, non seulement avait un temps de réverbération (2) anormalement long, (jusqu'à six secondes et plus), mais renvoyait également les sons de fréquences moyennes et basses, tandis qu'elle absorbait les fréquences supérieures à 2000 hertz. Ceux qui ont eu la chance d'écouter des moines chanter le plain-chant dans un de ces lieux, n'ont pu oublier l'impression produite : les voix semblent ne provenir d'aucun point précis mais justement emplir le lieu comme un parfum. 

C'est une expérience d'immersion, par opposition à la concentration, et cette écoute particulière génère encore un lien puissant entre l'homme moderne et l'homme médiéval. Ce rendu serait difficile à transcrire  avec des mots, le vocabulaire touchant là des limites après quoi ce qui ne peut se dire avec des mots pourra peut-être mieux être appréhendé par les sons, et l'on remontera encore plus loin dans le passé, afin de rejoindre cette origine commune, cet espace à la fois fluide et sombre d'où émerge un souvenir commun, une formule qui en dit encore peu par rapport à l'expérience sensitive où se retrouverait l'océan matriciel d'ancêtres plus lointains...

L'écho amplifié et la rétroaction électronique de la musique moderne ou populaire est venue recréer pour nous ces voûtes résonnantes, ces sombres profondeurs de l'océan. Aussi nous pourrions honorer la bonne fée qui livra à tous l'électricité, par laquelle les anciens effets des pierres romanes et gothiques ont été retrouvés afin de pouvoir rassembler à nouveau les hommes.

 

 

Nota (1) : La documentation ayant inspiré ce billet est extraite de l'ouvrage "Le paysage sonore" de R. Murray Schafer paru chez JC Lattès en 1979.

(2) : La réverbération est la persistance du son dans un lieu alors que la source originale n'existe plus. La réverbération est le mélange d'une quantité de réflexions directes et indirectes donnant un son confus qui décroit progressivement. voir ICI

Photo : Abbaye bénédictine de Charlieu fondée vers 872-75 (?) et sa pierre dorée, un fragment de colonnades séparant le cloître de la salle capitulaire, ces deux sites datant du XVem siècle, la pierre a été photographiée de la salle capitulaire à la suite d'un concert d'été.

© frasby 2011.

samedi, 10 décembre 2011

La chair est tendre

Croire que "tout a été dit" et que "l’on vient trop tard" est le fait d’un esprit sans force, ou que le monde ne surprend plus assez. Peu de choses, au contraire, ont été dites comme il le fallait, car la secrète vérité du monde est fuyante, et l’on peut ne jamais cesser de la poursuivre, l’approcher quelquefois, souvent de nouveau s’en éloigner [...]

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[...] Quiconque s’enfonce assez loin dans sa sensibilité particulière, quiconque est assez attentif à la singularité de son expérience propre, découvre des régions nouvelles ; et il comprend aussi combien il est difficile de décrire à d’autres les pas effrayés ou enchantés qu’il y fait.

PHILIPPE JACCOTTET: "Tout n'est pas dit", éditions "Le temps qu'il fait", 1994.

 

 


Photo : La chair est tendre et le soleil pénètre doucement dans une chambre là bas. Les amants du 8 Décembre n'ont pas eu besoin de vos lumières ni des nôtres pour resplendir.

Photographiés sur l'esplanade à quelques mètres de la rue des Pierres plantées qui mène au plateau de la Croix Rousse, à Lyon, en haut des escaliers quand on s'assoit sur le petit mur par temps clair on aperçoit le  fleuve plus élevé que celui de tous les autres fleuves de la planète qui prend sa source dans les Andes et se jette dans l'océan Atlantique, après avoir traversé le Pérou, la Colombie et le Brésil, contourne les obstacles, puis rejoint etc ...

© frasby 2011.

dimanche, 04 décembre 2011

Porté par la chose faite

Comment saturer ce qui est déjà saturé ?

danger.pngComment répondre ? Il y aurait soit trop à dire, (on aurait l'air embarrassé), ou rien, pas grand chose mais il se peut que ce "pas grand chose" prenne les dimensions de la montagne la plus inaccessible.

Il se peut, à l'exemple de Bram Van Velde, qu'il y ait une discipline assez serrée qui oeuvre par nécessité dans l'obsession de dépasser les limites de chaque ouvrage afin d'accéder à une forme de discernement, (un poète dirait illumination) qui s'atteint peut être, ou jamais, par des chemins simples ou sophistiqués, ces lieux communs, je vous les livre assez banals, ce sera encore exprès, tels que souvent on les entend un peu partout, on les surprend, pour signifier qu'il faut sans doute se noyer, se cogner longtemps (au delà, ça deviendrait informulable) et ne rien céder aux injonctions plus raisonnables qui rendraient à la vie sa tranquillité et glisserait la pensée dans un confort, mais cela c'est sur le papier qui n'est pas qu'en papier évidemment...

A la volée, dans un bazar urbain, (en vrai, au figuré) au milieu d'une file d'attente assez endurante, je tombe sur un journal qui reproduit un tableau de Bram Van Velde. Ce tableau me relie à un autre ouvrage remarquable, que l'on vient de me prêter, un texte publié chez Fata Morgana en 1978 réédité chez POL : une rencontre de Charles Juliet avec Bram Van Velde où l'écrivain demandait au peintre

- Pourquoi  peignez vous ?

La réponse dût tomber aussi claire pour le peintre qu'elle fût troublante pour l'écrivain

- Je peins pour tuer le mot.

C'était la même raison qui nous avait poussés à choisir la musique, d'un support à l'autre, me revient une autre phrase, un passage fulgurant où Bram Van Velde réfutant un pilier d'une philosophie enracinée se faisait affreusement lumineux, c'est par l'oxymore volontaire que je bouclerai la boucle tout en laissant la boucle ouverte, sans rien résoudre, ni espérer, ni enfermer après quoi toute messe ne pourra se dire, exactement comme on avait prévu de s'en persuader. Je cite :

 

Je pense donc je suis de Descartes est de la foutaise. Il faut dire  : Je pense donc je m'écroule.

 

Bram Van Velde entretien avec Charles Juliet 1979 by editions POL. Ecouter : un instant fulgurant, rarissime, une voix en état de grâce...


 

Text : by frasby, thème, livres et documents sonores proposés par Paul.

Remerciements : à "Raidi pour", présent, disponible, qui discrètement participe, déploie nos pistes de lectures et autres tentatives, insufflant aux thèmes choisis ici, (ou là bas), un mouvement, qui ne pourrait se contenter de débats et de livres.

Photo : Haute tension, début de décollage. Le danger inévitable ? Le danger en voie d'anéantissement ? A chacun sa lecture. 

© P./ frb/ Rp  2011.

jeudi, 01 décembre 2011

Légende d'automne

Donne ta main, retiens ton souffle, asseyons-nous...

légende d'automne,by paul,contes et légendes imaginaires,peaux rouges,défi,vengeance,humains,humiliation,réparation,martres,castors,arbres,paysages lointains,orgueilLà-bas, vivait un homme appelé "Dents pointues" dont l'amour-propre avait été blessé par l'abandon de son épouse. Cette jeune femme avait quitté les siens pour les faveurs d'un riche capitaine blanc, négociant en fourrures de la Baie Caravelle. Afin d'effacer son humiliation, de la façon admise par son peuple, "Dents pointues" profita de la première occasion qui lui fût donnée dans une fête tribale, et brandissant dix belles peaux de martre, se mit à ouvrir un chant de défi sur un air ancien. Ce chant était destiné à ridiculiser la femme qui l'avait délaissé. Ce chant disait : (j'en rapporte un extrait approximatif) :

"Attends !  Attends de voir ce qu'un chef peut faire. Attends, tu vas apprendre bientôt, que je relève la tête.

Attends, belle envolée ! avant de me faire dire combien tu te languis encore de mon amour.

Le temps venu, femme passée aux mains et aux tribus blanches de la Baie Caravelle.

Oseras-tu m'envoyer une bouteille de "Vieux Tom", c'est pourquoi, dès ce jour, je te fais adresser par mes hommes, une poignée de peaux de castors."

En réalité, ces fourrures valaient plus que des peaux de castors, elle représentaient toute la fortune de la tribu. C'étaient des peaux de martre, qu'un chef riche bafoué, avait le droit de sacrifier dans le but de jeter le ridicule sur une femme inconstante.

Le défi lancé supposait que la femme serait incapable, après son envolée, de lui rendre la pareille. Au tour de la femme, à présent, de répondre par un don d'une valeur encore plus chère (la pareille, serait insuffisante), c'était pour elle l'ultime moyen de sauver son honneur.

Elle releva le défi, d'une manière imprévue. Pour discréditer "Dents pointues" avec l'aide d'un artisan ami du capitaine, elle fît offrir à "Dents pointues" un grand canot taillé dans un tronc de cèdre qui servait de totem à ceux de sa famille, de la sorte, elle avait offert "le Vieux Tom", mieux encore, des centaines de "Vieux Tom" sous forme d'un canot de commerce. Le canot fût porté au provocateur au milieu d'une fête, et par ce don, qui avait arraché un cèdre millénaire, symbole de sa lignée, la femme écrasa "Dents Pointues".

La légende dit encore qu'en sapant les racines du grand arbre sur sa terre natale, la femme avait repris à son ancien époux le meilleur de lui même. Elle dépassait ainsi l'orgueil de celui qui avait espéré sa perte. "Dents pointues", se devait malgré tout de rester digne, supporta l'épreuve sans broncher, mais l'épouse jadis volage l'avait davantage humilié par la valeur inestimable du cadeau, c'est ainsi que le chef se trouva diminué aux yeux des hommes de sa tribu. Et la femme regagna par sa témérité ce qui lui manquait de vertu.

A ce moment, il y eût un vague remou dans la tribu, les hommes commencèrent à fuir ou à tourner la tête. Il se mirent à chercher au delà de l'horizon convoitant les trésors de la Baie Caravelle. Les plus lâches firent croire à "Dents pointues" qu'il ne se tramait rien de facheux, pourtant dans les jours qui suivirent, ils se nommèrent tour à tour chefs, mimèrent les funérailles de "dents pointues" lors de cérémonies secrètes, ces simulacres auraient pu tout autant être découragés car aucun homme par le vote désigné, ne pût tenir sa position de chef. Hélas, la coutume ordonnait quand une décision s'engageait, qu'on ne pouvait plus revenir en arrière.

La tribu peu à peu délaissa les travaux, répudia les festivités menées par l'ancien chef. Les chants de guerre de "Dents pointues", n'enchantèrent bientôt que les arbres entourant la montagne, les hommes préparaient en secret un voyage qui les emmenerait du côté de la Baie caravelle. Après le confluent, ils rejoindraient la mer, il faudrait aussi retrouver les peaux de martres imposer le pouvoir en ce nouveau pays, s'y installer pour y règner en maîtres.

Par une nuit sans lune, les hommes de la tribu de "Dents pointues" le laissèrent pour vaincu, déjà mort à leurs yeux. Ils embarquèrent serrés, sur le canot de cèdre, sans faire un signe d'adieu au vieux chef. Une fois que le canot serait rendu sur la rive, ils le briseraient, aucun retour ne serait plus permis. Le bois de cèdre servirait à construire leur totem. A eux désormais, de dominer l'homme blanc et toute forme de vie sur la Baie Caravelle.

La légende ne dit pas combien de temps le canot endura les intempéries. L'histoire a confirmé qu'aucun homme ne planta de totem sur les rives de la Baie Caravelle. Leur terre, là bas, abandonnée, devint rouge de la colère d'un seul homme, qui ferait au pays, le don de sa mort volontaire.

"Dents pointues", s'attacha à un arbre avec des cordelettes, fît renaître un instant la chaleur oubliée grâce aux poissons-chandelle puis le feu prit, qui courût par une cordelette sur son corps, on raconte qu'il chanta à tue-tête l'ultime chant sarcastique d'une vengeance éternelle en implorant les dieux. Ce feu de joie dura toute la nuit secoué de couplets que la mort emporta. Malgré toutes nos recherches, nous n'avons jamais retrouvé aucune trace de ce chant.

Depuis cette époque sur la terre où fût abandonné "Dents pointues", le vent aura disséminé un petit tas de cendres là où ne pousse plus rien que des arbres broussailleux où se nichent des oiseaux affreux et le bétail sauvage est si malodorant qu'aucun homme qui chercha par la suite à s'installer ici, ne pût tenir un jour, sans être pris de nausée, tant la terre et le fleuve exhalent à présent, une odeur de charogne semblant encore courir partout dans l'atmosphère comme autant de peaux de martre qui pourrissent lentement sous les pas de celui ou sur celle qui désire fureter de trop en le lieu.

Quant à la baie Caravelle, on raconte qu'elle fût engloutie par un ouragan. Entièrement engloutie. Mais on ne posséde à ce sujet, qu'une documentation partielle, revenue des "on dit". Aucun livre, aucune carte, ne pourraient apporter la preuve que "Dents pointues" et peut être son âme fûrent doués à ce point du pouvoir tout puissant d'influencer les dieux.


Nota 1 :  Ce texte est une adaptation libre inspiré d'une légende amérindienne tombée dans le domaine public. Toute ressemblance avec des personnages ayant existé, si elle n'est pas fortuite n'a pas encore reçu à ce jour, de certificat d'authenticité.

Nota 2 : La phrase qui ouvre la légende au dessus de l'image est la première d'un poème de Paul Verlaine intitulé "Circonspection", que je reproduirai peut-être ici avant l'an neuf.

Photo : détail d'un totem au pays de légendes plus amènes.

texte et photo Paul © 2011

lundi, 28 novembre 2011

La vie sur terre (vue de loin par le chien)

(Ainsi, le spectacle se poursuit) ...

vu par le chien.jpg


Certains hommes sont intarissables. Un homme au corps sec d'arbre, regarde la neige tomber derrière les dunes. Il n'est plus que silence. Il s'agenouille. Mais ce n'est pas pour prier. C'est juste pour être plus près des cailloux.



Photo : du chien (paul) par l'homme qui a vu le chien qui a parlé pour dire qu'il avait vu. (de loin).

© texte et photo by Paul (l'autre) 2011

samedi, 26 novembre 2011

Dépense des rentes

En présence des textes de Perec, je cherche d'emblée le sens de l'ensemble, le centre de cette sphère révérée. Espèce d'élève blême en dette envers Perec, je prends les rênes et me sers de menées de même genre. Je tente de mettre en scène les mêmes gestes, de répéter les mêmes percées [...]

JACQUES JOUET : un extrait : "Les sept règles de Perec", tiré de "Mélanges" in "Les cahiers de Georges Perec 4" parus aux éditions du Limon en 1990.

retour de la vogue.JPG

1- Régle de réserve :

"De temps en temps, les Belles Lettres se répètent, secrètent des défets ; l'encre est terne, les lettres et les termes pendent blets... Cérès est excédée, Déméter se met en grève, le pré est en berne, le blé en herbe sèche. Les lèvres gerçées empêchent de penser. C'est l'échec.

Perec se rebelle et met des lettres en réserve. Ces lettres restent, le temps de tel texte, empêchées : les perles se régénèrent et régénèrent le sens, ce serpent de mer... Elles désempèsent le verbe. Le texte cesse de végéter."

Notes § photo : Aux approches du Noël, la Noëlle émet une versée, femme en fête entêtée, les p[a]resses hébergées, pêlent les verres à Genève, pour répéter la chansonnette si elle n'est oulipote au moins oulipichette, il nous plaisait, avec mon chien [et les amis du club des poètes] de vénérer l'amour au travail "Raidi pour" activant d'effervescents cachés, frasby centrée à désherber, les deux m'auront pas mal aidé.

Aux présences, de ce jour, les ardeurs décuplées vous présentent Jacques Jouet [une bonne tête] à la botte de sept lieues et des sept règles du Perec, nous vénérons la hotte sacrée vous avouerez que pour nos bons mot ce n'est pas encore la panacée, mais Jacques Jouet, on le respecte au nom des Georges [on dérogeait pour les Robert aussi un peu], sus aux herses fondées en sucettes ! pas pipées, une bonne pente oulipichetée, pentassait à roser de ces biens au fond d'une boutique à Jouet qui n'est pas le banquier de Perec, ni l'objet plus secret de ses rêves. Bienfaiteur et lettré, il dilapide les rentes, les reverse à la communauté avec de solides arguments, pour cela il ne faut pas être grêle ni frêlé romancier, ses cercles ne tournent pas autour de la psychée, on l'aime blême, le Jouet et même on l'aime sans mesurer.

Sa femme est mon extracaresse, "Raidi pour" me l'aura soufflée, l'oulipote est du genre partageur, son germe fait un pas de côté où valseront les recettes, les étiquettes, et la petite graine du père Jouet est moins revêche que celle des femmes du père Noël [que la Noëlle et ses scellés vitrinés en zèles ou produits dérivés du Léthé]. Je prends de la bouteille et lève mon verre à Jouet [une idée de cadeau], un artiste qui écrivit "Paresse", with Tito Honegger, [cf. "Mode de vie", éd. art&fiction, 2010] ne peut pas être mauvais. Ainsi nous sèmerons les uns les autres les sept graines aux planisphères à colorier, pour vous prouver qu'on est des Hommes encrés dans le réel, louez Perec, lisez Jouet, au nez des tromblons, soutenons le pas de "la machine ronde". Trempons dans ce Cognac les produits inéquitables, puis entrons dans l'intimité des "Jules et autres républiques", sous l'éternelle protection du Fournel, du Roubaud et autres Papous malades de la tête, dérobant à notre regard, les paysages insoupçonnés que pourtant nous avons sous les yeux.

"La règle de réserve", est issue des mêmes références notées au dessus de l'image. Les autres extraits ont été choisis par paul (le chien) - la truffe à l'air - [et pas que], dans ma bibliothèque de la rue des Chanterelles la note grattée de luth par un choeur mixte, fût rédigée un soir mélancolique à Cimains sous Troitettes [c'est un hameau côté jardin sponsorisé par le carré post-maoïste section culture physique et ouvrages collectifs]. Je remercie "Raidi pour" à la manivelle, la tient plus vaillante que jamais, et parfois sans les mains, un scandale qui cachera la forêt, merci à notre hôtesse, frasby douillant au téléphone Hyperli, c'est la marque, oui, oui, oui, pas trop smart quand même, elle nous aura fourni les accessoires via le petit vélo du Jacques, du Paul, Georges, bricola le reste. J'ai charpardo la photo dans l'album familial de frasby [encore!], fraîchement revenue de la vogue de Genève, [Genève sur Saône, ben voyons !], une perle [ça n'appartient qu'aux dames] : "la vogue ressemblait cette année à Wall Street" m'a t-elle confiée les larmes aux yeux. Toutefois nous regarderons cette information avec une extrême prudence. La prochaine fois je vous parlerai de l'eulachon si j'y pense.

 

Ecrit par Paul and paul and Paul [avec la chorale des brocantes], traversés des éclats du verbe à Jouet par le cercle des belles jambes de l'oulipichette, © 2011.