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samedi, 01 octobre 2011

Love story

Sur le pont suspendu
nos vies s’enroulent
aux sarments de lierre

BASHÔ  (芭蕉)

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Nota 1 : Le premier mouvement de l'automne de l'année dernière peut se revoir en cliquant sur le mot "RITOURNELLE".

Nota 2 : Par une coïncidence extra, les conditions idéales étant réunies, nous voilà fin prêts pour la "MOMIJI".

Photos : "Le cycle des saisons" Ou le premier mouvement de l'automne  par les formes sereines d'une saison aussi luxuriante qu'une île lointaine. Et l'or de l'été finit là où tout ce qui finit tout peut renaître... Une orgie de feuilles mortes photographiée dans divers squares de la ville, à Lyon entre le mois de Septembre et d'Octobre.

© Frb 2011.

mercredi, 24 août 2011

Où vont les feuilles ?

Un rêveur uni à la vie des songes interroge l'insignifiant. On réunirait aisément des documents sur l'anxiété subtile des feuilles mortes. Mais puisque celles-ci ne sont pas encore mortes, Permettez que je vous les cueille avant que d'autres ne les rechantent.

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Nota : Comme on ne peut répondre à la question, sans d'abord se demander "où vont les fleurs ?", (Elles vont dans certains jours, bien sûr !) vous pouvez réviser vos classiques ci-dessous :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/08/06/le...

Photos : Pour les doux de la feuille, bien de quoi s'éventer encore. Des feuilles, des feuilles, encore des feuilles, photographiées dans les fourrés  forêts du Marquis, là bas, au plus profond du Nabirosina.

 Photos : © Frb 2011

samedi, 06 août 2011

Où vont les fleurs ?

Je vous convie donc à voir seulement. Je vous prie de tout oublier à l'entour ; de ne rien espérer d'autre ; de ne regretter rien de plus.

VICTOR SEGALEN, extr. "Peintures", éditions gallimard, 1983.

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Doc Watson § David Grisman : "Summertime"
podcast

Photo : Où vont les fleurs ? Question.

Pigments et parfums naturels ou balade au jardin un matin d'été doux.

© Frb 2011.

dimanche, 17 juillet 2011

La plage

Nous nous hâtons, pour survivre, de confondre l'univers avec le tissu d'amitié dont nous sommes entourés, tant il est vrai que le plus difficile dans l'existence c'est de ne pas se laisser décourager par la solitude.

VLADIMIR JANKELEVITCH


pluie_0011_2.JPGJ'attendais sur la plage, le vent brouillait les personnages tout ce que nous avons cru voir ne pourrait exister ici. A nouveau, tu voyais la pluie inonder ton pays. La rue prit une couleur de cendres. Rien ne saurait prouver que c'était réellement la pluie de ton pays qui venait dans ma rue. La pluie retombait dans la pluie et la pluie balayait la pluie. Un fil enroulait le pays, la tristesse de Novembre se moquait de la plage, et nos joies ruisselantes furent lasses de se baigner dans l'eau de ces fontaines aux abords vert de gris.plieG_0014_2.JPG

Nous ne pouvions nous retenir de courir sous la pluie. Le chaud et le froid soufflaient l'ombre au milieu des reflets, je fondais pour eux mais je sens l'idiotie nous surprendre quand tu ouvres ton parapluie qu'il se tourne à l'envers sous le vent, tu le jettes à la rue, le reprends, puis pareil, tu fais tout pareil à nos vies. C'est l'idiot qui perd sa baleine paré d'un caban vert de gris c'est toute la nudité du ciel et c'est encore la pluie qui traîne, longtemps après la pluie, la longue pluie de Verhaeren, comme des fils sans fin  [...]


La pluie et ses fils identiques
Et ses ongles systématiques
...

Photo : Reflets sur le bitume du cours Vitton, à Lyon, réflection et fragments d'une plage où les reflets inversent le pays, photographiés un jour de pluie en ce mois de Juillet deuxmille etc...

© Frb 2011.

dimanche, 22 mai 2011

Violon d'Ingres

Voici le printemps qui revient avec le charme des roses.
Regarde leurs joues fraîches, et la plante amère de la tristesse
sera déracinée de ton cœur.
 
HAFIZ, Poète perse.

Pour découvrir d'autres roses de la collection Tête d'Or, vous pouvez cliquer sur l'imageviolonF2744.JPG
violonF2723.JPGviolonF2736.JPGviolonCF2741.JPGviolonF2713.JPGviolon d'ingres  cF2748.JPGviolon d'ingres.JPG

 

 

 

Photos : La grande roseraie du Parc de la Tête d'Or à Lyon, suite d'une balade parmi les roses avec prénoms, (appelation) celle-ci on la nomme "Violon d'Ingres®", elle est moins odorante, moins subtile que la "Golden Celebration®", elle est douceâtre, (moi je la trouve un peu écoeurante, comme une sorte de grosse sucrerie, on s'en lasse, (il en va des roses commes femmes), elle rappelle (un peu) les (affreuses) corbeilles de mariage, de baptême, les gateaux d'anniversaire, mais une rose très mièvre peut cacher une coquine, on l'aurait surprise en posture "embarrassante" dans une love party chez Harlequin, (une vraie rose à l'eau de rose). D'ordinaire ses couleurs sont d'un jaune clair nuancées de rose, la "Violon d'Ingres®" du parc est plutôt à dominante rose (pâlichon), timidement éclairée de jaune (à peine) saumoné. Photographiée sous une chape de plomb atmosphérique, au coucher du soleil, à l'heure où les roses déclinent hélas ! si vous vivez ou passez par Lyon, je ne saurais trop vous répéter (encore et encore) de visiter au plus vite cette roseraie somptueuse, l'un des lieux les plus envoûtant de Lyon, mais d'une grande fragilité, déjà le sol se couvre de pétales... Je n'aurais ni le temps ni l'ardeur de vous ramener une image de chaque exemplaire de ces fleurs, mais qui sait ? Peut-être un (certain) jour, je sortirai d'autres modèles du genre "Hotel california®", "Rose de Limoux®" (sublime), ou pourquoi pas la très voluptueuse :"Bernadette Chirac®", rampante grimpante et charnue, (c'est l'horticulteur qui me l'a dit), une délicate parmi toutes, comme je ne l'ai pas encore trouvée, (perdue que je suis au milieu des 30 000 rosiers), je vous en glisse, un tout petit échantillon ICI.

Photos : © Frb 2011

dimanche, 08 mai 2011

Golden Celebration

Un peu de parfum demeure toujours sur la main qui te donne des roses.

(Vieil adage chinois).

ROS BOUTON.JPG

ros golden celebration.JPGROSE 2.JPGROSE night.JPGLa plus belle saison pour visiter la roseraie internationale du Parc de la Tête d'Or à Lyon, est sans doute le mois de Mai, (remember...), surtout quand le printemps avance un peu, comme c'est le cas cette année. La roseraie s'étend sur 40 000 m² et compte 30 000 rosiers répartis en 350 variétés. A dire comme ça, c'est peu, il faut voir, visiter, humer... Pour ceux qui ne le savent pas, cette roseraie a reçu en 2006, le prestigieux, "Award of Garden Excellence", décerné par la "World Federation of Rose Societies". (J'ose espérer que ces liens prolongeront encore un rêve de roseraies, autrepart). A noter qu'il existe deux autres roseraies au Parc : la roseraie du Jardin botanique qui retrace l'histoire de la rose, et une roseraie de concours qui sert de support au Concours International de Roses nouvelles. Toutes les roses cette année sont extraordinaires. J'aurai juste un petit regret, ne pas pouvoir vous livrer la "Golden Celebration", en odorama...Rose golden célébration.JPG

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Nota 2 (fleur bleue) : Si vous désirez offrir des roses à quelque chère (ou cher) n'offrez pas des roses jaunes cela pourrait être interprété comme un signe d'infidélité (ailleurs elle signifie la joie et l'amitié) etc ... Pour vos penchants à l'eau de rose, vous trouverez (plus ou moins), le nécessaire ci-dessous:

 http://mapage.noos.fr/crosin000v/Ronsard/roses_fr_Ronsard...

Photos : Golden Celebration ® c'est donc le nom de la rose, de toutes ces roses ici, c'est le nom d'un rosier anglais, d'une rose hybride créee par David Austin  en 1992 :

http://www.davidaustinroses.com/french/Advanced.asp?PageI...

Les parents de l'hybride sont Charles Austin ® et Abraham Darby ®, de lignée 'Aloha', normalement le jaune est plus vif, plus doré, voire parfois cuivré. Le parfum de cette rose particulièrement délicate, (impossible à traduire avec des mots), est d'une douceur fruitée, il rappellerait un peu un mélange de thé réhaussé de notes de fraise (d'où mon choix car j'avais de quoi hésiter), j'ai choisi paradoxalement "mes" roses d'après senteurs et aussi pour l'extérieur diaphane des pétales, (pure merveille !), dont on savourera pleinement le rendu au soleil (il n'y était pas ce jour là, hélas !). Les roses ont été saisies fraîchement après l'ondée, à l'heure du coucher du soleil, au Parc de la Tête d'Or à Lyon.

© Frb 2011

mercredi, 04 mai 2011

Jardins secrets (une histoire presque fleur bleue)

Toutes les couleurs s'accordent dans l'obscurité.

FRANCIS BACON

Si les roses vous fatiguent, cliquez sur les 2 images on vous donnera des tulipes à la placerose yellow.JPG

Elle a les couleurs de la fleur au printemps. Les yeux bleus comme le ciel, noir dedans. Elle court à lui dans sa tête, se prépare devant un miroir entouré de roses pompon, dans une chambre remplie de poupées de chiffons et d'oursons en pâte d'amande.

L'homme, il s'est réveillé ventre à terre, sur la pelouse, sous le peuplier du jardin. Il a eu, (est ce un mauvais rêve ?), une vision de sa femme couchée dans le jardin la gorge ensanglantée. Il se demande quel est ce fou qui l'a jetée ici. Ce n'est bien sûr, qu'un mauvais rêve. Ici, la réalité est tout autre.

Des gens se pressent au portail, à présent. On voit naître une fine coulée rouge dans l'allée entre les bulbes parfumés de jacinthes et sous les premiers bourgeons d'un drôle d'arbre, on dirait des châtons qui pleurent. Une pluie de pollens, en fin d'après midi adoucit ce monde ordonné par des allées fraîchement ratissées. Il lui reste ce souvenir, celui d'une longue attente, celle du départ du jardinier qui ne cessait de ratisser les allées et ses nerfs n'en pouvaient plus de voir ce rateau dessiner des traits si parfaits sur la terre. Etait-il dans son rêve, ce son crissant, ces parallèles qui brisaient sa ligne de vie ? Roses comme les fleurs du printemps, au creux de sa main chevauchant la ligne de coeur d'une main étrangère de l'autre côté des collines, à l'est.

Etait-ce un souvenir ? Ou dans un cri, ce rêve qui l'aura renversé ventre à terre ? Quand il avait chassé le jardinier en le poussant violemment dans les roses à coups de pieds et qu'il s'était battu avec lui pour que le bruit des traits s'arrête. Ou bien, est-ce encore le visage bouleversé du jardinier qui l'avait sorti de son cri ? Il revoyait sa femme qui avançait sur lui, contournant soigneusement l'arbre à soie, elle marchait sur la santoline verte. Sa femme avec sa robe couleur lavande, ses cheveux fins comme des antennes, on aurait dit un papillon. Elle avait demandé d'où venaient les bruits. Il avait esquivé. Il avait peur des papillons, peur des questions, peur de la floraison de l'arbre à soie formant des plumets rouges feu dans son rêve. Il avait juré qu'il n'était pas là. Le jardinier a donné une autre version.

A présent, l'éclat des fleurs n'en finit pas de l'aveugler et le soleil précise les contours d'une colline, il est à l'ouest. Il voit la fenêtre de la maison où la jeune fille l'invitait de récréation en récréation, à soulever des mantilles, et la texture infime rebrassée des dentelles, morcellait ses jours, abrégeait ses nuits. Des milliers de semis fantômatiques maculaient de géantes hybrides les allées et les lignes du jardin étaient sans cesse à reconstruire, des chenilles multicolores couraient sur les euphorbes, le jardinier qui était phyllomancien parlait d'un malheur à venir. La nuit l'homme allait au jardin en cachette. La jeune fille, plus loin, plus libre, envoyait des signaux de fumée, et des mots qui se lisaient avec une torche. Ils sont allés à l'aventure. Il pensait que cela serait le caprice d'une nuit, une fantaisie de quelques jours, juste pour l'agrément.

Il se souvient. C'est vrai, il y en avait eu des dizaines, de rendez vous pour elle, hier, et chaque soir juste avant le coucher du soleil. Aujourd'hui un corps s'était affaissé repliant les pétales, une tête avait heurté la pierre, écrasé des milliers de roses, Une percée de couleur primaire sur fond mauve. Le jardinier préféra ne pas évoquer certaines choses.

Plus tard, L'homme ira se laver et ces choses partiront d'elles mêmes, au savon, dans l'eau chaude. Il mettra un costume de coton blanc léger, il ajoutera deux belles roses pompon à sa boutonnière. Une pour lui, une pour elle. Une heure, une petite heure seulement, arrachée à la ritournelle, pendant que sa femme se promène avec une vieille cousine tuberculeuse, vivace pareille aux cyclamens qui répandaient une odeur écoeurante sous la tête de sa femme entre les tombes jardinées, il ne sait plus à quelle heure ni dans quel cimetière. Il est sûr que c'était avant.

Le jardinier est là qui l'observe avec ses yeux d'indien piquants, toujours un peu mouillés, cette bouche qui murmure et ses gestes discrets, rituels, telle une atmosphère de douceur linéaire aux jardins de Shalimar et c'est tout le Pakistan qui semble maintenant s'accrocher au portail. L'homme demande à son jardinier : "dis moi, que veulent-ils, tous ces gens ?". Si nombreux, ils se pressent, des hommes et des femmes en colère et des plus grands, des soldats de plomb dans des combinaisons empêchent la foule de pénétrer au delà d'une certaine limite. Une coulée rouge, un flux dément de grenadine sur lequel sont penchés des tas d'inconnus qu'on tient à distance. Des gyrophares luttent contre la lumière...

Le jardinier ne répond plus. L'homme au milieu des fleurs se pose encore en maître du domaine, entre un ruisseau qui flambe et des collines allumées par une torche dont chaque soir au coucher du soleil une lueur semble absorber le halo sphérique de toutes les voies lactées de tous les univers qui peuvent s'imaginer quand on sort des jardins privatifs du périmètre solaire. Chassera-t-il encore l'étranger qui voit tout, sait tout et ne dit rien ? Son silence est pareil aux traits de son visage ratissé dans l'immobilité, droiture et loyauté des allées bordées d'ifs, de gestes répétés chaque jour à l'identique, rappelant le sommeil, pourvu qu'il vienne, revienne.

Tous ces traits, sur la terre, disparus, qui les a emportés ? Tout est rouge, ça revient. Les camions rouges, les ambulances et ces fourmis qui glissent lentement sur ses mains, éveillant par accoups un système nerveux central empalé sur des gouffres de friandises. Des colliers, des barrettes dorées, et des oursons éparpillés autour un lit, des mantilles qui flottaient dans un ciel étoilé. Et puis, hier, sans prévenir, la nuit entra dans la lumière.

rose yelloF0808.JPGLe ciel est rouge de la colère des foules. Rouge de l'impatience de la vérité qu'il faudra un jour dire. Rouge d'une colline embrasée à l'est, par une fenêtre à la lueur d'une torche, à la tombée du jour, pour la joie de céder aux excès sous tous les empires. Rouge du regret des fleurs exhalant l'odeur affolante de la mort, durant un court moment d'absence où toutes les valeurs se renversent. Il voit un corps dont le visage a été recouvert d'un linge et ce n'est pas l'épouse qui dort à ses côtés. Une coulée d'encre, ce petit lait à peine, déroulant l'épilogue, se cheville aux feuilles en rosette du chlorophytum dans ce hors lieu de l'homme et de la femme où quelquepart un rêve éveillé les promène entre présence, absence, rêve et réalité. Ils en viennent à se pencher dangereusement au bord d'une fenêtre. La maison est cernée d'ambulances, d'enseignes bleues, reflets violets de la douleur des antichambres. La maison est cernée de lueurs, de fleurs et de jouets. Comment traduire ce qu'en disent les sirènes lancinantes ?

Il faudrait prendre une douche de toute urgence. Des ombres traversent l'homme, et partout ces grignotements dans sa tête, qu'il ne peut plus comprendre. Des doigts le montrent. Une main le prend. Des bouches grandes ouvertes le huent et le dénoncent. Des bras le traînent. Il pose sa tête dans ses mains et sa tête devient rouge. Les ongles de l'homme avaient griffé longtemps. Le jardinier a dû le confirmer devant tout le monde. Il fallait bien qu'il prouve son innocence. Partout ça ronge dans la terre, au dedans, dans les esprits ça remonte, à la surface on voit clairement les mains de l'homme et son visage qui semble ignorer tout, il ouvre des yeux d'enfant, traqué par des sifflets et couvert d'une étrange honte, celle qu'on lui fait, qu'il ne peut pas comprendre. Il voit la foule allumer l'incendie dans ses fleurs. Ce n'est plus le rêve. Quelque chose dans sa tête devient très encombrant. Et cette gamine, à l'est, qui l'espionne par un trou de serrure, le balade depuis des mois, ne cesse de lui ravir son existence, cela s'appelle du harcèlement. Il faudrait que quelqu'un la gronde.

Tout à l'heure, il se rendra, au coucher du soleil dans cette maison qu'il connaît aussi bien que la sienne. Il changera son plan et retrouvera sa vie d'avant, le foyer, les mains lestes de sa femme coupant les fleurs pour les coller à l'infini sur la tapisserie de leur chambre, cet ancien nid d'amour où se trouvent encore au chevet de deux meubles à tiroirs les mêmes livres tristes, deux réveils et des boîtes de Tercian. Il sera calme, même apaisant. Il ne portera pas de costume, pas de roses pompons à la boutonnière. Il aura un grand manteau noir il dira simplement: "C'est fini. On arrête". Il ne faudrait pas tout bousiller pour presque rien : sa maison son mariage et sa femme. Où est-elle ? Trois hommes en habits blancs descendent d'une fourgonnette.

Sur la colline à l'est, rien ne bouge. C'est l'heure clémente. Bientôt il y aura le coucher de soleil. Une jeune fille caresse ses cheveux, les roule en chignon fait de tresses et de boucles qu'elle libère, elle attache une barrette dorée, ajoute un collier de perles autour de son cou blanc, si transparent qu'on voit presque le coeur battre à travers les veines. La peau ne dit rien des milliers de fleurs bleues qui ont poussé sur elle, se sont mises écrire le premier des romans à l'eau de roses pompon pour petites filles méchantes, (femme de personne ou de nulle autre) ; elle ne sait rien des trames, des traits et des stries de leur monde, un phare de fleurs, des clôtures électriques dans le velours où des rondes un beau jour ont arrêté leurs sentiments, ceux ci ayant depuis si longtemps cessé d'être, ils peuvent renaître, intermittents, dans les entailles faites au contrat oui mais voilà. Elle attend. C'est l'unique attrait de ses jours, elle attend l'être aimé. Elle veut tout. Sa ferveur est profonde quand l'homme en costume blanc traverse les champs jusqu'aux collines pour apporter les roses et toutes les bonnes nouvelles.

Hier c'était une promesse, un pur instant d'égarement quand ne pouvant saisir ce corps il n'offrait que son ombre et dans une fraction de seconde seulement, il avait juré sur sa tête, peut être dans la lune ? Ou sur la terre, demain, qu'il serait un homme libre. Il ferait ça pour elle, l'impensable jusqu'à l'impossible. Ensuite, il serait avec elle toujours. Sa femme, un papillon, liquidée, au bout d'une épingle, ça ne l'effrayait même plus d'y songer, un long cou avec des antennes et puis ses ongles qui s'enfonçaient lentement dans la chair (à mains nues ou avec des gants de jardin, si possible). Ce serait un acte d'amour pur.

Il est presque neuf heures du soir, la jeune fille affine ses mantilles, glisse dans sa bouche amusante un petit ourson en pâte d'amande étirable à loisir. Elle regarde du côté de la maison de l'homme et tout en mâchonnant ce sucre qui l'aura fait grandir, elle voit un feu d'artifice tantôt rouge tantôt bleu et des lumières là bas, qui scintillent, des signaux lumineux, jamais elle n'en n'a vu autant. Dans ce grand halo blanc elle voit autant de preuves d'amour, comme dans ses rêves de petite fille, ouvrant le bal somptueux des princesses virevoltant dans des robes cousues d'or, une couronne de roses pompons sur sa tête assourdie des violons d'une valse un peu folle qui couvre le bruit lancinant des sirènes, les petites voitures, les fourgonnettes miniatures d'où sortent des petits bonhommes en panoplies de pompiers, de docteurs qui font avancer sur son coeur, les joies du carnaval et la bonté des fleurs dans un pays sorti d'une boîte de friandises en pâte d'amande pas plus grande qu'une boîte à chaussures.

Photos : Ces roses ne sont pas des roses pompons ni des roses bonbons mais des roses fraichement nées dans la grande roseraie du Parc de la Tête d'Or à Lyon (+ de 30 000 roses seulement) qui ne sortent pas d'une boîte de friandises... Quoique pour certaines, on dirait. Grande et petite roseraies à visiter, très vite, si vous passez ou vivez dans cette ville c'est une des plus belles choses à contempler en ce moment. Pur vertige de parfums et couleurs, qui ne se raconte pas, il faut voir, toucher, de près et même que ça se respire ...

© Frb 2011.

mardi, 01 mars 2011

Le dernier mouvement de l'hiver

Toute connaissance de l'intimité des choses est immédiatement un poème.

GASTON BACHELARD
: "La terre et les rêveries du repos", éditions José Corti - "Les massicotés", 1948.

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DIE SCHWINDLINGE: "What A B what a beauty"
podcast

Photos : On parle toujours des feuilles d'automne, jamais des feuilles d'hiver. Nous rendons justice aujourd'hui. Le dernier mouvement de l'hiver, ouvre  un Mars retardataire avant le premier mouvement du printemps, à suivre... Photographies from Nabirosina. © Frb 2011.

samedi, 20 novembre 2010

November (Version poétique)

Petite balade sentimentale et sensuelle à travers le champ lexical des poésies de Paul Verlaine aux doux titres de "Chair", "Chanson pour elle" et "Parallèllement"...

Les personnes terre à terre s'y retrouveront plus sûrement en cliquant sur l'image.autiste.JPG

Amour, diable, ange, impitoyable, méchant, redoutable, loup, beaucoup, hou ! hou !, cou,  roucoulant, métamorphoses, lèvres, rouges, moues, finir, blanche, lys, blonde, perfide, onde, vide, beaux, sein, braise, fortune, foutaise, lune, fraise, châtaine, chose,  turlutaine, ébène, femme, reine, toi, moi, brûlant, moqueur, mignon, Styx, vainqueur, chevelure, longue, encolure, repas, lèvres, ivresses, diaboliques, multiples, rallier, seul, fatigué, paraître, fol, arc, parc, cibles, rosâtres, flocon, trahir, secret, blâmer, roi, photographie, sage, libertin, fredaine, crime, nom de Dieu !, galopine, vrille, ce jourd'huy, soixante treize, ardent, appât, appétent, fressure, tête, émouvante, outre vit, lascif, muscles, amusante, zut !, bergère, saccager, peluche, solitaire, dormir, maligne, délétère, se taire, coi, paix, pourquoi ?, question, pleine, plaise, jeux, Waterloo, Paris, énerve, tableau, joie, faveur, tromper, ta proie, reprochée, grande maîtresse, j'adore, coeur amoureux, papefiguière, à l'encontre, mieux, grâce, harmonie, mol, aboutissant, venelles, richement, ondoie, incessamment, frisotté, copeaux, abîmé, béant, peur, entrée, danse, variation, caverne, fraude, hic et nunc, divine, dépit, outre, parbleu, possible, plume, plaindre, mourir, tocs tocs, tics tacs, trac, mon Dieu, ennui, entrailles, braves, graves, pleurer, cadavres, vive, pire, navre, estropié, roué, coups de poing, dégoût, hormis, fog, fade, clair, Leicester, Londres, square, savoureux, hagard, retenir, elle, m'aime, vertueuse, possède,  intelligents, indulgents, seize ans, vingt ans, corsage, clabaudant, si ça te plaît, accessible, valet, soufflet, proverbes, alentour, caresses, le soir, définitif, seul témoin, te baise, embrasse, aime moi !, sans toi, gueux, doigts, sous-sols, royaume, gaîté, à nos nuits, tes bras, vaillance, vin, science, gonfler, qu'importe ! pardon, je t'étreins, zut au monde, jaser, te fuir, poète, derniers jours, poudre d'escampette, nigaud, un quart d'heure, mendigot, autans, grosse bête, en dépit de tout, factice, qui supplie, crocs blancs, désir fou, tu pardonnas, aimons !, exprès, simplicité, flûte, basse, pièges, desseins, alarmes, champignon, cerfs, lestes, je fais l'âne, la défense, les us d'été, le frisson, pelotonne, morose, dormons !, corps et âmes, jamais, ta façon, ivoirine, perverse, ma chair, ma parole, nom d'un chien !, madame, on profite, éterniser, bécots, biaiser, insomnie, bénie, consoler,  terrible, chérie, esprit, lutter, luth, bien se faire, m'amante, tu bois, hideux , honteux, soumis, tigresse, cochon, cabochon, en sus, fainéantise, obstination, humeur de dogue, baisons nous, désordres, coeur infidèle,  voilette, mes cieux, la tournure, caricature, somptueux, robe, cache, charmes, cher délice, mollets, autel, obstacle, soir et matin, armure, ad hoc, blancs, gras, tout nus, vêtement, mode, cambrés, parfums, sa croupe, plis de batiste, bousculer, à côté, humble, hiver, défavorable, réchauffâmes,  campagne, glacés, intruse, opulence, crois-moi, gueuserie, tu te piques, hypocrite, duperie, moineaux, vertement, soyons scandaleux, sinon, cyniques, oubli, veux-tu ?, lanterne, Sauterne, vieux coeur, au feu, tout flamme, sacré, galbe, souvenirs, collège, tes hanches, mangeurs, marc de café, grands jeux, grands yeux, jours néfastes, heures bleues, nuits blanches, tu cherches, c'est rigolo, deux seins, bredouille, sottement, infructueuse, mille poses, tas de choses, bouche pleine, val ou plaine, élasticité, haleine, âge d'homme,  criarde, criard, révoltant, un peu, aveu, coureur, encore,  nos instants, exquis, confiants, coquins, mesquins, la femme, l'idéal, à genoux, tyrannique, satanique, cocodette, flemmes, gamine, dégoise, petite oye, grammaire, mettres, oreille, loisible, fâcheux,  antique, roi déchu, fleuve lent, faune, somnolent, naïade,  galant, suranné, opéra, destinée, hirondelles, cheveux de jais, peignoirs, asphodèles, lune, émotion, moite, couple, balcon, sombre, mélodrames,  ambre, or blond, valses, innocence, mousseline, lueur, opaline, mollement, rieuse, argentine, enlace, esseulée, rousse, émoustillée, charmille, arrosée, pâmée, pantelante, bien aimée, gorge, stigmate, maturité, louve,  rêves, victimes, phaon, dédaignées, immenses, vierges, encor', flamboyante, paupières, cascatelles, crinière, moire, noire, pâle, laide, poudre, allure, débaucher, mienne, toison, chantre, rare, suave, lait, cuisses, ventre, sens, lit, toujours, oreiller, draps fous, nue, canapé, jaune, presque nue, dentelles, délirante, impérieuse, méchante, clair de lune, coude, sourcils, caprice, adore, ébats, orgueil, fesses, bleu, dur, volée, cierges, angélus, sacrements, boniments,  boire, remords.

Photo : La feuille d'automne du Paul tombée sur un vitrage opaque fixé au sol entre deux dalles, photographié à Lyon presqu'île, par un jour pluvieux de November. © Frb 2010

dimanche, 07 novembre 2010

Le dernier mouvement de la vogue

L'oeil dispersé parvient parfois à de folles précisions comme l'écrivait GILBERT LASCAULT dans ses "Ecrits timides sur le visible". (Editions du Félin, 2008), et le visible, c'est ici - entre autres choses - une ville miniaturisée, [...] des sucres sculptés, une fête foraine [...] un livre qui s'efface dès que vous l'ouvrez, un tableau de Fernand Léger, un autre de Jean Dubuffet. Le visible donne à penser sur la nourriture, sur le vêtement, sur le voile et le dévoilement, sur la force du faible, sur le refus de l'emphase, sur l'énergie du timide, sur l'immense et le minuscule...


 

  Mini-vidéo : Mouvement parallèle d'une vogue, (immense et minuscule) on se demande pourquoi certains petits bonhommes ne seraient pas de la fête, puisqu'ils ont sur nous tant d'autorité. Je me permets donc de vous mettre à l'arrêt vingt six secondes, tout en vous conseillant le bon livre de Gilbert LASCAULT (vous n'aurez pas le temps de le lire en 26 secondes, à moins que se trouvent parmi les lecteurs quelques prodiges) et bien sûr en coulisses, via d'étranges machineries, (et quelque association d'idée facile), on pourra revoir le film de Chaplin, ("les feux de la rampe"), Chaplin et Keaton ensemble (peut-être que cela vaut une vogue ?).

"Life can be wonderful if you're not afraid of it".

  Il y a sûrement un lien quelque part entre notre vogue cruci-rousse en fin de course et les cheveux blancs du maestro ? (en cherchant bien)... Mais je tirerai un autre tout fil (quoique assez prévisible) du côté  de Jacques TATI, la vogue géante strictement pour adultes, très amusante aussi...

http://www.youtube.com/watch?v=LuKexB2VlrM&NR=1

En plein coeur du mouvement perpétuel, on prend les mêmes et on recommence...

 "Life is a tragedy when seen in close-up, but a comedy in long-shot"

Si vous avez loupé le début, le premier mouvement de la vogue se clique ci dessous (avec les plafonds d'origine).

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/10/10/le...

Nota : On m'a signalé quelques soucis de visualisation de l'image, si cela était le cas, je prie le lecteur (adoré) de bien vouloir accepter mes (plates) excuses, malgré les efforts (acharnés) de nos i.mécanos dans la salle des machines, nous ne parvenons toujours pas au résultat espéré, il se peut (c'est même sûr !) que "cela vienne de chez eux". Si le problème s'installe trop, nous offrirons un navigateur gratuit à nos  lecteurs, du genre Capitaine Némo livré avec son Nautilus sous 8 jours via pigeon voyageur ou un truc du genre (la maison n'offrira pas le manège, car avec le remaniement... enfin bref !  à ce propos, on ne sait  toujours pas qui sera le prochain ministre de la fête foraine, quelqu'un m'a dit, que ce ministère sera probablement supprimé, un scandale ! lecteur émeute toi ! (au pluriel), mais je m'égare... Je vous signale au passage que si vous désirez encore profiter de la fameuse vogue aux marrons, il faut vous dépêcher car malgré une rumeur désolante qui semblerait confirmer que ce jour est le 17 Novembre 2010, (de qui se moque t-on ?) on ne peut nier que la vogue, elle, s'arrêtera bien le 14 (Novembre 2010, bien sûr), cela dit, je poserai un puissant démenti (voire mon véto) sur la prétendue date d'aujourd'hui et promets, (magie de certains jours !) 7 jours de vogue de rabe, pour nos amis lyonnais, ou autres visiteurs, etc... Tentez le coup ! Sait-on jamais... Au mieux vous découvrirez les joies des voyages en ficelle, notre téléphérique à nous, sinon il vous faudra grimper, grimper , au risque d'y croiser Cendrars réincarné, mais cela est une autre histoire que je vous raconterai un certain jour...

vendredi, 29 octobre 2010

Peindre au travers

Peindre d'après nature, ce n'est pas copier l'objectif, c'est réaliser ses sensations.

PAUL CEZANNE 

zoom feuilles0908 B.jpgCe climat est le mien. J'avance avec toi, sur la route, pour faire effraction. Je peux voir le ciel qui s'étend nous satisfait à la minute. Je prends le petit jour à coeur, et je suis autrement ton oeuvre. Nous ne pouvons que rester seul à seul. Tous deux serons unis encore autant que séparés, et je me chauffe à toi, nous secouons les grilles pour rentrer dans tous les salons. Je porte les grenades et les épices de la forêt. Nous aimons nous suspendre aux lustres, aux branches ; je porte les baies empoisonnées, tous ces mensonges et nos douleurs. L'eau froide tombe du ciel qui s'étend au loin. Les grilles blessent un peu, ces gens t'ouvrent leur demeure, tu caresses leur vaisselle, tu explores les greniers et la cave où sont cachés des manuscrits à fendre à l'âme.

Il y a trop de monde dans ces salons, on distribue du café noir et des figues à moitié ouvertes sont éparpillées sur la table. On convoite un grand framboisier sur lequel nous déposerons des baisers, nous aurons les mains baladeuses, en toute impunité, nous abuserons de tout sans peine. Nos fruits ont la sauvagerie de ces chats qui se faufilent entre les brumes écorchant le vernis des tableaux, bientôt nous en ferons le deuil ; nous les délaisserons dans un parc entre les feuilles rousses, irisées de l'automne. November ramènera par sacs entiers les feuilles et ces pommes qu'un peintre croqua autrefois chaussé de ses pantoufles, dans le rai de lumière d'un atelier. A quelques pas de là, à peine plus loin, toute la lumière change, et l'on aperçoit dans l'allée d'un jardin, quelque beauté antique organiser les courses :

De mon mieux, j'ai envoyé à mon amant chéri dix pommes d'or cueillies sur l'arbre de la forêt, et en enverrai autant demain

Des corbeilles de fruits pourris avec les étranges pépins, et ces tiges au cul de la pomme, nous aimons celle qui porte un nom de chanteuse de jazz oubliée, la Granny Smith. Son goût acidulé, ses reflets parfois roses. Nous aimons aussi les poires difformes, "Red William" ou "d'Anjou" nous les mangeons sans trop penser à la misère du monde, un rien nous comble. Nous glissons les épluchures dans nos poches et cela nous fait des trésors dégoûtants. Le vent ici est caressant, doucement il s'impose. Et puis il y a des graffitis sur les bancs et des journées qui ne s'étirent plus tout à fait comme avant.

Cent tubes de gouache pressés avec ces couleurs fauves, elles giclent sous le ciel qui s'étend au loin, fardent la part brute d'une toile sur laquelle l'autre peint encore des oiseaux et des serpents plein de noeuds, sur des pentes la blancheur lunaire bat dans l'encadrement, déplace la courbure des formes qui magnifient les fruits et les sens. Ce climat est le tien, il érode les murailles, dévergonde nos cailloux pour s'empaler sur des roches vierges. Ca fait des semaines qu'Eros dort le jour sous les arbres et la nuit il s'amuse comme un écureuil avec des noisettes et des glands.

Du haut en bas, un grain de folie saisonnière roussit la page si lentement, tu peux voir comme l'heure à présent changée nous délave. Ce que je dis, tu le vois les yeux clos et l'approuve. Tout ce qu'on dilapide va par monts et par vaux, même dans le parcours des bécasseaux, leurs cris font en réalité "tchirrip, tchrrii" et nous nous attardons à regarder bouger leurs pattes sur des fils electriques. Tous ces mensonges dans la douceur bordent l'hiver des impatiences, un caprice hors-saison qui vient avec  le goût de la reine-Claude, ou de la mirabelle, (bellamira, miragrande), croquée par Virgile au vers 53 des "Bucoliques":

J’ajouterai des prunes couleur de cire : ce fruit sera, lui aussi, à l'honneur.

J'ajouterai des grains de génévrier, nous titrerons : "Aiguilles piquantes sur feuillage écaillé", des grosses touffes chaudes comme la laine, ces épis pour les dames seront notre fierté, les messieurs en auront presque le rose aux joues puis après ce sucre onctueux, tout fondu dans nos ombres, adviendra en nous l'abstraction.

Tu peux voir l'improvisation, la folie des grandeurs et la rondeur des jours comme un point qui va de bout en bout répandre sa résine rouge, les déliés du terrain, un fourrage de cailloux, près des plantes cultivées,  plates, ou éperonées, qu'on appelle "impatiens hybrides".

Ce climat est le notre uni à l'eau qui dort sous un autre pays gentiment affublé de gri-gris, de poupées pincées d'épingle à linge, ces tissus sèchent à l'écart au nid où pondent les flamants roses, et les chamois toujours les mêmes, tu les décris sur mes carnets et tu es autrement mon oeuvre.

Savais tu qu'autrefois les chamois pondaient des oeufs au mois d'Octobre ronds comme ceux de l'élandin ? Et cela faisait, à ceux qui les regardaient longtemps, des yeux gros comme un poème monstre.

Photo : Zoom juste après l'ondée. Une vue caramélisée de quelques feuilles mortes issues du charmant  parc René Dumont qui illustre à merveille, une nouvelle tendances de parcs dans nos villes : pas d'allées à la française, juste la végétation naturelle poussant à la manière sauvage... Photographiée à Villeurbanne aux derniers jours d'October.© Frb 2010.

samedi, 16 octobre 2010

Le deuxième mouvement de l'automne

J'invente ce que je vois, c'est ainsi que je découvre ce que tout le monde a sous les yeux.
     
MARCEL HAVRENNE (1912-1957) extr. "La main heureuse" in "Cobra Poésie" (Anthologie présentée par Jean-Clarence Lambert), éditions Orphée/ La différence 1992

Pour voir le premier mouvement de l'automne vous pouvez cliquer sur la 1ère l'imageIMGP1775.JPG

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http://www.deezer.com/listen-5218995

 

Photos : Le deuxième mouvement de l'automne est le premier mouvement d'Octobre entre ville et campagne, au hasard de balades dans les forêts du Marquis de M. (Nabirosina) et sur les trottoires d'une ville en feu ou presque, (Lyon). Octobre. Frb©2010

mardi, 24 août 2010

Le premier mouvement de l'automne

Avant de nous promener sur les routes, il nous faut nous envelopper d'éternel.

ANDRE DHÔTEL,  extr. "La chronique fabuleuse", éditions Mercure de France (2000)

 

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BELA KAROLI : "Summertime" (cover)


podcast



Photos : Avant première. L'automne n'étant pas encore proclamé le premier mouvement sera sans légende, (pour l'instant), mais nous tâcherons de suivre la petite histoire de très près, au fil des jours et des mois à venir. Photographié à travers les bois du marquis et les champs de la princesse entre les hameau de Montrouan et Vicelaire, non loin du Mont St Cyr. Nabirosina. Fin Août 2010.© Frb.

samedi, 28 novembre 2009

Comme un soir presque tranquille

soir.JPGDans les maisons il y avait des fuites d'eau, des plombiers sur des escabeaux. Des ouvriers dans l'escalier étaient agenouillés devant une porte. Rue de Brest à Lyon, on avait pendu sur des fils, des étoiles entre les maisons. Le milieu de l'après-midi ressemblait à un soir tranquille. Sur le muret bordant le Rhône à quelques mètres de Morand-pont, une jeune fille lisait Modiano. Le paysage, l'étrangeté des ritournelles et des points fixes. Une valse muselée aux paradoxes des "Dimanches d'Aôut". Quelques personnes, encore, traversaient l'esplanade emmitouflées comme des enfants, à l'heure du goûter, plongeant pudiquement une moitié de visage dans des viennoiseries fourrées de frangipane. Il montait de la ville, une odeur de chocolat chaud. Les rues étaient désertes et les ponts désolés. Discrètement déjà, on ramenait les machines, pour une fête des lumières, qu'on avait décidé, cette année sous la sacro-sainte thématique de la nature. Assis par terre près d'un bouchon lyonnais, l'hiver glacerait les bonnes consciences, nos intranquillités, une main tendue, un spectre légèrement affublé, sur la tête un foulard et une corbeille aux pieds ; à ses côtés un garçonnet jouant de l'accordéon avec un doigt, deux notes slaves et la rue Verdi tirait sa roulotte, en ombres rares jusqu'aux luminions du bordel élégant de l'opéra où les danseurs de hip hop, RnB. draguaient les filles en marchant sur la tête. D'autres humains moins virtuoses anticipaient l'heure de l'apéro aux terrasse des cafés de la grande place, des employés, des bureaucrates, et des types en cravates qui n'étaient sans doute rien de tout cela. Des gens venus de la campagne demandaient leurs chemins. On vendait des pagnes bogolans au magasin Toto, les vieux osaient la trottinette, les jeunes la casquette à carreaux. Plus bas, le long des berges une jeune femme marchait un bouquet d'immortelles à la main. Jamais le vol des mouettes n'avait été si haut. Le ciel semblait peint par Jacob Van Ruisdael. Dans quelques secondes, le feu-piétons passerait au vert, nous serions une dizaine à traverser le pont...

Pour rejoindre le pont Morand, Il faut traverser deux fois la même route. Cela se fait sans y penser. Les piétons se mêlent aux rollers, et aux lourds vélos d'amour (on dit Vélo'V), qui trimballent dans leur guidon toute l'écologie pratique et techniciste du nouveau monde. Le Rhône est d'une belle couleur brune. Ses reflets cruels semblent doux. Une mer huileuse si l'on se penche, beaucoup plus fluide au loin. Par les flots on devine toutes les peines de coeur et ces corps remués sous ce fleuve éprouvant. Ces drames innombrables jamais ne se prononcent. Il y a des épines dans la gorge du Lyon.

Balade à suivre (peut être)...

Photo : Le fleuve Rhône en automne vu du Pont Morand à la fin de l'après-midi. Novembre 2009.© Frb.

jeudi, 01 octobre 2009

Prélude à l'après midi d'une fauve

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Madame Octobre sillonne la ville portant le mois à l'apogée de ses couleurs : coiffe orangée, veste ceinturée ocre, chaussures châtaigne parcourant le sol de lune qui longe la place Liautey, territoire ordinairement (ou extraordinairement) réservé à la Dame de pierre, qui boude, (un brin Junon, statue jalouse ? ) et redoute peut-être, que cette nouvelle beauté  (Madame Octobre, dans ses habits de fête) ne lui ravisse la vedette. Hautaine Dame de Pierre, au vilain caractère, plus blanche que le poète qui vint à sa rencontre et termina sa vie enseveli dans sa forêt... Tandis que le mois roule ses ombres et ses rousses, plus loin mais de l'autre côté, un écureuil, animal splendide, déguste sa noisette au sommet d'un grand hêtre.

Plus tard vers midi trente, Madame Octobre a traversé le pont Morand et j'ai suivi son pas jusqu'à la rue de Sèze, où devant la vitrine d'une pâtisserie-confiserie, Madame Octobre a regardé des flans au caramel, et les meringue roses floconneuses comme neige... Elle est rentrée dans la boutique, a un peu hésité et puis elle est ressortie. Devinez ce qu'elle a pris ? Un flan au caramel pardi ! moelleux comme les feuillages qui caressaient la lune, un flan au caramel assorti à l'habit. Ensuite, Madame Octobre s'est engouffrée dans une allée, je l'ai perdue de vue. Mais depuis que je sais, j'ai planté mon tipie rue de Sèze, et très assidûment je guette la sortie, (s'il est possible de rêver), de cette merveille d'homme : Monsieur Octobre... (Dont la légende raconte qu'il est repérable à sa puissante chevelure poil de carotte et à ses yeux noisette... )

"Ah ! Que le temps vienne !" ...

Photo : Allégorie d'Octobre, ou la femme faite saison (et réciproquement), vue au sortir du Pont Morand, et filée discrètement le long de la place Liautey, jusqu'à la rue de Sèze. Belle augure du premier jour d'Octobre. Le Gnomon de la Bacchante ne marquant toujours pas la date exacte, on attend. J'ose espérer, (toutefois) que ce petit retard sur les jours saura paresseusement rajeunir son lecteur (et sa lectrice) et les harmoniser au premier jour d'un temps qui s'éternisera sans doute encore un peu, à volonté. Lyon, rive gauche. Premier jour d'Octobre 2009. © Frb

lundi, 14 septembre 2009

Que votre ombre grandisse...

Comme un lundi place Tabareau.

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A Solko et son ami Alceste.

En cette dérive enfin consentie, la légéreté tient du miracle. La lumière de Septembre pose à la fin de l'été les conditions de la couleur. L'anthracite roule sur la "tabareuse" des étoiles, aux iris châtaignes. Un semblant d' immobilité, offert à ces glaneuses, donne à lire une saison de vies. Les rousses arrivent. Un sillon d'or tracé entre la nuit et la journée. Sous la semelle, d'onctueuses rainures craquent des allumettes. Ici, un projet de brasier, là, quatre feux follets. Du bruissement léger sous le pas des bourreaux, à l'écrasant pied du bouliste portant ses lunes argentées, courtisées par un cochonnet ; nul ne songera un instant à s'immoler dans ces pépites. Il y aura pourtant une foule, penchée sur les sorcières, quelques bonnes fées aussi... Tous ces trésors échappés du fenier de l'Alceste, révèleront un tracé luisant comme la monnaie, ni sonnante ni trébuchante, mais légèrement ombrée quand le soir nous saisit. Si la lumière trébuche aux sillons de la rousse il ne faut pas douter que notre ombre grandira. Tout comme il est écrit (quelquepart, dans le ciel, probablement) que les éphélides hermaphrodites se reproduisent par milliers. Il est certain que d'ici quelques semaines, ou quelques jours à peine, elles recouvriront toute la terre.

Photo : Les premières rousses, posant place Tabareau dans un après-midi de fin d'été. Photographiées à Lyon, sur le plateau de la Croix-Rousse, Septembre 2009. © Frb.