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jeudi, 20 juin 2013

Color me gently

Sous son pinceau, sous ses doigts, les couleurs, la glaise, le bronze, le métal se pliaient à sa force. Il matait les femmes et la matière pour en faire ses esclaves.

MARINA PICASSO in "Grand père", éditions Gallimard, 2003.

 

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Photos : Modèles vivants simples et dociles en quatre couleurs. Déploiement hors saisons suivant la partition, thématique en voeu pieux (?) gentiment after-punk, je cite:

Que la nature nous protège des taches de peinture, des puissances de la glaise, du métal et du bronze. 

C'est de Dante, je crois  - le manuscrit reste introuvable -  mais on a retrouvé celui-ci :

 

 

Nel mezzo del cammin di nostra vita

mi ritrovai per una selva oscura,

ché la diritta via era smarrita.

 

 

A suivre, peut-être...

 

 

 

Là bas : © Frb 2013

lundi, 20 mai 2013

Une histoire sans parole (ou presque)


Hana no kage

aka no tanin wa

nakari keri

 

ISSA alias Kobayashi Issa. La traduction se trouve au terme de la balade. Si vous êtes trop pressés vous pouvez oublier le printemps et retrouver une saison (de saison), ICI. 

 

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À l’ombre des fleurs

même un parfait étranger

ne l’est déjà plus

 

 

Photo :  Le dire avec des fleurs, dans un jardin, c'est mieux...

 

 

Là bas : © Frb 2013.

dimanche, 07 octobre 2012

Les errances du modèle (II)

Rien ne nous advient que revêtu de notre âme : nous n'y reconnaissons qu'à la longue ce que nous avons appelé...

Joë BOUSQUET cité par les "Esprits Nomades" dans une page à découvrir intégralement  ICI.

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Ce départ nécessite une lente préparation, un matin il se lèvera trop tard et laissera tout aller : le bol, le sucre, la petite cuillère. Les choses en cours subiront un obstacle.

Il laissera de travers, la toile cirée parfaite, avec ses fruits pêle-mêle répétés à l'identique: un raisin une pomme deux cerises au milieu des triangles, des carrés alternativement disposés en quinconce. Depuis le temps qu'il les compte, c'est une distraction coutumière au petit déjeûner, compter et recompter. Quand il aura tout compilé, il se dira que Suzanne, sa femme a des goûts de merde. Un raisin, un carré deux triangles deux cerises et la pomme entre deux, tous les jours identiques ça recommence sans bouger: un raisin un carré deux triangles deux cerises et la pomme entre deux, tellement identiques.

Ca fuit, ça se dérègle, ça altère son esprit. Il est la pomme cirée entre deux cerisiers, il est le raisin dont la colère se cache sous des figures géométriques. C'est décidé, maintenant, ce non, il peut lui obéir.

Non, il ne passera pas l'éponge pour nettoyer les miettes et ranger les mets qu'on rassemble chaque jour autour du compotier.

Non, il n'effacera pas le coulis échappé des tartines fondues de Plantafin ; et la pomme, entre deux, il ne va pas la regarder toujours comme le symbole des goûts de merde de Suzanne, elle rêvait d'une maison propre et nette comme on en voit à la télé, ça accentuait ses manies de cocooner pour l'embellie de ses fleurs de ses fruits. Il avait installé ses bases dehors, il allait et venait, une bêche à la main, sommé d'entretenir les fleurs, les fruits, le chien.

Suzanne, tous les samedis, va choisir des tissus à l'hyper du textile, depuis toujours elle porte un soin méticuleux à rajouter pour la maison, "quelques petites bricoles", comme elle dit. Il ressent la vague sensation d'une course incontrôlable, Suzanne doit éprouver un état de manque, à courir après des tapis de bains, des séries de coussins, des traversins... Rien ne lui semble assez doux pour eux. Est-ce de sa faute à lui, ce besoin impérieux qu'elle a de rajouter des objets afin de les mettre en valeur avec d'autres objets ? Ca lui donne l'impression, qu'il ne peut déjà plus trouver sa place, s'imposer parmi eux, il n'est plus maître en sa maison. Il observe Suzanne, décorer le salon il n'osera mettre un frein à cette obstination dont le perfectionnisme ne saurait endurer le moindre reproche.

Plus le temps passe, plus ça fleurit chez eux, ça fruite dans tous les coins, la couette est envahie de pommes, de noisettes, gonflant des housses assorties aux rideaux, giroflées, coquelicots, tout s'emboîte et leurs corps dans ces goûts n'apaisent plus leur faim...

C'est juré, à partir d'aujourd'hui, il n'utilisera pas la lingette au citron qui absorbe les taches de café sur le bord blanc du bol, un seul geste suffirait. Non, c'est non. Il ne respirera pas ce goût de Paic qui lui rappelle l'odeur âcre de la tarte-citron-maison du café-restaurant-snack "Croqu' vit'" où il mange tous les jours de midi quinze à midi quarante-cinq avec ses trois collègues, Barnier Chaumette et Thomasson, six mocassins, logeant des animaux sur des chaussettes, trois paires de jambes traînant des fruits sur leurs caleçons.

Il suffira de claquer la porte, d'enfiler des bottes de cow boy, un grand chapeau un fusil, tirer dans le tas, et allez boum ! ou plus simplement, dénicher des chaussures anglaises, des trotters en daim souple assez sobres. Il faut se tenir prêt, afin d'aborder l'étape nécessaire d'un ravissement qui consiste à ne pas se rendre.

Pas aujourd'hui. Et pas demain. Il faudra supprimer aussi l'obsession de survie, le loyer, les crédits, cette dépression qui n'en n'a jamais l'air, aucun signe extérieur de désordre. Une "dépression larvée", il a dit le docteur Mollon en prescrivant le Lexomil et des boîtes de Tardyferon. Le docteur Mollon, il secoue toujours sa tête piriforme quand il veut donner un conseil, il prend un air confidentiel anticipant au mieux toute forme de contestation. Il a dit en se râclant la gorge: - "vous devriez faire du jogging, monsieur Moinon, vous inscrire dans un club d'Aquagym, j'en connais un très bien sur l'avenue Blaise Cendrars juste en face du Bricomaton".

Assis au bord de la table d'examen, il songeait au poète et sa main retrouvée qui remuait le ciel, pour faire un bras d'honneur par delà les persiennes aux flots bleus du club d'Aquagym. Il faudrait bien un jour que quelqu'un le sorte de ce traquenard, ou qu'il s'y colle lui-même avec un tel cafard, il croiserait peut-être un cas de figure similaire dans un forum sur internet.

Pour l'heure il ne peut rien en dire, il longe les murs, jusqu'à la pharmacie, il creusera son trou dans la file, tirera un tiquet d'une machine pour obtenir un numéro. C'est comme à la boucherie dans les grandes pharmacies, il y a du nouveau : on prend un numéro, un pharmacien parfois se poste à côté de la machine pour réciter les numéros, le client sait alors exactement quand c'est son tour, le pharmacien ne dit plus "à qui le tour ?" Il crie juste très fort "364!" "365 !" et ainsi de suite. Il n'y a plus de chaos, 365 tours pas plus de trois minutes par client, à la sortie c'est toujours la même chose, après avoir attendu très longtemps, et payé poliment, il cherchera une poubelle, et hop ! hop ! hop ! il jetera le bromazépam dans les réceptacles à produits recyclables qui ont fini par prendre une place phénoménale dans la ville, ultime acte de bravoure après quoi la planète pourra bien endurer une ou deux explosions, son âme étirant l'étincelle, invitera les constellations à libérer les animaux qui vivent dans les chaussettes une vie pareille à la notre.

Pendant que le Docteur Mollon a essayé de lui expliquer pourquoi il fallait faire le test gratuit de dépistage du cancer du colon, en quoi cela était un acte responsable ;  lui, il sentait que l'irresponsabilité, dans son cas serait un acte d'amour inouï. Mais il ne toucherait pas un mot de la fable au Docteur Mollon quand celui-ci traquant les larves dessous la dépression, jugerait "bon" de lui prescrire un séjour d'un mois, à la maison de repos des Tanches. Lui, n'a pas osé dire qu'il  préférerait un séjour au bord d'un étang, dans une petite maison, entourée de roseaux. Il devenait peu à peu le héron.

- Moi des Tanches ? [...] moi Héron ? Mais pour qui me prend-on ?

La petite idée jouerait encore sous conditions. Il restait un tas de choses à régler. Dernier caprice en date. Suzanne voulait un chat. Un chat sur un coussin, juste pour l'affection. Il n'avait rien contre les chats, mais cette fois c'était non. La petite idée consistait à marcher vers ce non, tranquillement, sans se fâcher, sans causer aucun mal, rien qu'un non radical ouvrant le phénomène au plus grand horizon, un non, qui aurait l'apparence d'un vrai non, et qui serait, au contraire, une approbation totale au monde, sans rien en conquérir, en demandant pardon à tous les animaux.

Ca flottait comme un rêve entre le sentiment de bonté qui aurait dû faire de lui l'être le plus adoré au monde et la sensation personnelle de devenir un  vrai salaud  s'apprêtant à commettre  un acte inavouable, où l'exil balançant son pôle magnétique entre des corps étrangers infiniment plus désirables que celui de Suzanne, inaugurerait bientôt un état de transformation si brutal que ceux qui l'avaient tant aimé ne pourrait jamais pardonner.

Ce serait comme un jet de pierre, un frisson entre la peur de perdre pied et le souffle qui la délivre. Le modèle dériverait vers cette dimension où basculent tous les phénomènes, il ne laisserait que le souvenir d'une pointure taillée dans le cuir, un détail qui perdrait peu à peu son prestige, Le sol changé en petits pas grandioses, le modèle roulerait sa mécanique comme n'importe quelle machine se met à broyer les graviers les larguer derrière elle, jusqu'à ce que la route les disperse sans plus de différence. Il y aurait une étincelle juste avant l'embrasure et l'imminence de l'arrivée ne serait plus un problème pour lui.

 

A suivre ...

 

 Nota : Notre modèle devenant de plus en plus interchangeable, vous pouvez explorer ses multiples facettes en cliquant dans l'image.

 

Etat des lieux : Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coincidence, toutefois cet inventaire (ou démarque) d'objets domestiques, m'a été inspiré par une scène de rue  fascinante d'un déménagement en forme de montagne d'objets familiers représentant des années de vie, de deux personnes dont je n'ai vu que la silhouette de loin. Un aperçu de quelques minutes d'une densité presque aussi effrayante que ces objets qui nous possèdent peut-être chez nous, à l'identique, si par hasard un certain jour, il nous venait l'idée saugrenue de les entasser dans une rue...

 

Photo : Ascension du modèle croissant incognito dans la ville, une procession saisie au corps à corps, sur le grand escalier mécanique de la station Charpennes, menant à la place Charles Hernu anciennement Place de la Bascule à Villeurbanne.

 

Sortie métro  © Frb 2012

jeudi, 24 mai 2012

Et la pluie...

Empreintes de pas
sur la plage se prolonge
le jour printanier

SHIKI

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Photos : Plage nabirosinaise, saisie à la saison des pluies, après une nuit de violent orage. On pourrait presque imaginer Masaoka Shiki (正岡子規)  croisant Erik Satie entre deux massifs de corail...

 

 

Printemps © Frb 2012.

dimanche, 01 janvier 2012

Deux mil douzement (mais sûrement)

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Aux premières heures du jour si on enlève les mots, puis on si on enlève peu à peu ce qu'il y a autour, à supposer qu'on regarde, oui, qu'on regarde bien en dehors,  je veux dire en dehors de soi, on n'en aura pas vu deux mil, mais, juste à notre portée, disons, après des calculs compliqués, on en a choisi douze (douze quoi ? Chuuut ! un peu de patience, voyons !). Alors ça sera, mettons comme douze voeux à distiller au fil du temps et si nous survivons ce sera plus partagé que toutes les bonnes résolutions le même jour,  dont on sait d'expérience qu'elles durent peu (c'est de Montaigne). Au jour le jour, les grands et petits voeux reviendront pour un an plus neufs que le sou voilé dans les roues de l'infortune par les menaces des tout puissants. Oui mais voilà, La roue tourne et puis la route aussi, (a dit Popeye, le marin devant un tonneau d'épinards, c'est pas malin, je suis bien d'accord avec vous), tout ça pour annoncer qu'il n'y aura pas de récession au programme en nos lieux, plus que jamais reliés à d'autres perspectives, pour nos jeux sans un rond c'est plutôt l'abondance et comme nous n'avons pas les moyens de vous offrir Elisabeth Teissier,  afin de vous annoncer tout ce qui  va arriver en cette future année, (qui s'enfuit déjà, pas Elisabeth Teissier ! l'année !), voici  un résumé extra lucide de ce qui nous pend au nez à tous sans exception, enfin, un peu d'égalité, avec les bons adages offerts par certains jours, pourvu que tout finisse par des chansons. Je remercie les lecteurs qui durant cette précédente (année) ont partagé les humeurs plus ou moins régulières de notre petit éphéméride. Je passerai mes bons voeux via les pluies de Vendeix, ou le soleil de St Amant, (prions pour lui) car le timbre amoureux se trouve être plus tendre, à nos yeux que l'encre noire sur blanc. Belle année, mes amis, au lieu d'être contre tout, soyons pour ce qui nous plaît avec des brosses d'amour pour les hirsutes comme dirait Paul Eluard, (alias Eugène grain d'ailes) en reprenant quelques libertés dont on pourrait (parfois) se sentir (trop) privé, (quoique pas totalement), avec ce "pas totalement", on devrait peut-être y arriver "douzement"... Soyons, soyons...  Et je glisse le calendrier dans votre botte de sept lieues, pour tout l'usage qui vous plaira.

 

JANVIER : "prends garde à la Sainte Martine, l'hiver se mutine".

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FEVRIER : "le douze février, si le soleil est clair, ce sera encore quarante jours d'hiver."

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MARS : "A la mi Mars le coucou se cache dans les épinards".

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AVRIL : "Pâques pluvieux, Saint Jean farineux."

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MAI : "Pluie de Sainte Pétronille, quarante jours trempe ta guenille." 

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JUIN : "Pour la Saint Antoine (de Padoue), les jours croissent comme la barbe d'un moine." (ou d'un Hozan)

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JUILLET : "Avec Sainte Procule arrive la canicule."

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AOÛT : "A la Sainte Radegonde, quand l'eau abonde, la misère est dans le monde."

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SEPTEMBRE : "A la Saint Firmin, l'hiver est en chemin."

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OCTOBRE : "Vilaine veille de Toussaint ne présage rien de bien."

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NOVEMBRE : "A la Sainte Delphine, mets ton manteau à pélerine."

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DECEMBRE : "Quand Noël se trouve être un dimanche, les ennuis de l'hiver viendront en avalanche."

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Photos : Ritournelle, ou la ronde des saisons à relire ci dessous :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/04/27/tr...

Saisie entre les mois de Janvier et Décembre au cours de cette année 2012, he oui ! il y en aura d'autres, des mois, et des années dans cette année. C'est même la grande nouveauté (ô douce !), mais on  ne va pas se mentir ni tout se raconter, sinon adieu surprises ! et sans surprises, bonjour tristesse ! (c'est de La Palisse).

Je remercie monsieur Herbert-Georges Wells, (on ne peut rien refuser à un Georges, surtout pas à un Georges à moustaches) ; Wells donc, m'a gracieusement prêté sa formidable machine à explorer le temps (j'ai beaucoup aimé), et je dédie ce billet à mon grand ami Herr Zack Einstein (le frère caché de Georges Albert), qui m'a envoyé un émissaire-facteur de sa planète à lui, pour enfin me permettre de remonter les sons à la vitesse de votre lumière (- ah bon ?), oui,  je promets ! mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai, (peut-être) un certain jour, au risque de perdre toute crédibilité, il faut vivre dangereusement, sinon ce n'est pas vivre, n'est-ce pas ? Voeux doux, toujours debout avec des cadeaux parmilliés. Promesses... !

© Paul, frasby, raidi pour, (photomix) 2012

vendredi, 08 juillet 2011

Harlequin pyromane

fleur bleueF1051.JPGUne cascade de roses parfumées et des rosiers grimpants, des lierres, des lianes enchevêtrées des roses et des rosiers grimpants. L'époux ne cesse de faire livrer ces pompons, ces roses parfumées, et parfois ces generosa dont on ne sait plus que faire.

- Je vous préviens Madame, que par les sécheresses de la haie il y aura des pucerons sur la fourche-bêche. 

- C'est le pire, ça devait arriver, si le professeur s'en aperçoit, il pourrait vous chasser...

- Madame, ressentez vous cela ? Ces absences qui vont en douleurs, je connais vos secrets, nous avons le même coeur.

Madame de Genlis porte un châle qui couvre ses épaules. Quand les pucerons se mêleront aux fleurs du professeur, il ne pourra pas l'endurer. Ces roses, non vraiment, ça l'écoeure.

- Vous auriez tort, Madame, de refuser mes agréments, ils égayeront votre existence, j'ai presque peur en vérité...

(Il se tait. Trop parler serait déjà perdre. Et surtout pas de sentiment ! durcir le ton, suivre son plan).

Madame de Genlis n'a plus un denier, elle dépense sans compter. Ca a commencé, au mois de Mai, avec la pyrale du fourrage, le jardinier achetait les pyrales.

- Ce n'est pas raisonnable, Madame, tout cet argent, pour saccager, vous qui devez partout.

Madame de Genlis ôte le châle, le pose sur un valet, elle sait qu'une épaule dénudée a son charme. (Petit calcul invitant l'oeil juste à l'endroit, assez discret).

- Enfin Léon ! Je vous demande d'oeuvrer à mon contentement, pas d'être ma conscience ! accepteriez vous que je vous accorde l'agrément tout de suite ou dans une petite heure ? Vous connaissez l'état de ma trésorerie...

- Votre trésorerie ...

- Allons vite, répondez, je vous prie ! Si je dois supporter votre main dans mes robes vous permettre ce que vous savez, c'est un peu humiliant pour une femme de mon rang, mais puisqu'il faut toujours payer de sa personne...

(Hautaine et insolente. Voilà, qui était parfait).

- Humiliant ? Vos émois sont au dessus des rangs. Pour une pyrale, Madame, il faudra, je le crains, vous humilier beaucoup, vous n'ignorez sans doute pas, quelle force morale il faut à un homme de mon tempérament pour garder un secret, vous payerez à la fois, celui qui soigne vos pyrales et l'homme de main qui veille sur votre trésorerie.

(Il n'osa dire "trésor").

- N'oubliez pas, qu'en plus de cet endettement, vous me devez encore quelques Vespa Crabro, Monsieur le professeur et si peu votre époux, ne serait pas très content d'apprendre de quelle façon vous jetez son argent par les fenêtres, lui qui raconte partout qu'il travaille dur pour vous. Comprendrait-il quels démons vous possèdent à vouloir ainsi saccager ce qu'il aime plus que tout ? Savez vous combien d'heures il s'épuise chaque jour à arranger ses fleurs ?...  (songeur) ...  Si joliment ! ... Et cela pour l'amour de vous !

Le silence est lourd du parfum des fleurs et de ces écoeurants pompons du professeur qui dépassent des fenêtres envahissent les balcons, la véranda, bientôt on ne verra plus les cheneaux. Lourd silence de la vérité qui vient en elle, l'amenuise, (il voit tout), et l'éclaire (il devine). Madame de Genlis est si pâle, il la regarde tourner près du valet, un bout du châle entre ses doigts, une pelote de laine, sur un chat, il s'amusera, (elle est à bout).

- Remettons les Vespa Crabro, à la fin de la semaine, je vous prie d'indulgence. Je vous paierai le triple, s'il le faut.

Il n'en n'est pas question ! il lui tend un papier comme la première fois où Madame de Genlis avait dû dégrafer trois boutons de sa robe, pour payer les pucerons qui amenaient le phylloxera, elle s'en souvient c'était ici et comme les pucerons, encore la première fois, elle tremble. Elle pâlit plus encore découvrant le contrat.

- Je ne peux pas, c'est affreux ! pas ce prix là !  mon Dieu ! c'est monstrueux ! Léon vous êtes un monstre !

Il s'approche, il respire le parfum de cette poudre, et cette nuque... Il défait sans un mot, le lacet, la robe en croisillons, jamais tout, rien de trop, tend une plume, met sa main sur la main de Madame de Genlis, puis doucement, vient guider l'écriture.

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"Je soussignée... (Impératif)  -  Vous écrirez la suite  !",

Madame de Genlis souffre d'une grande culpabilité, mais elle se sent aussi heureuse d'éprouver enfin, après tant d'années quelque chose qui ressemble à de l'exaltation, elle se raisonne :

"Ma foi ! mieux vaut souffrir que rien"

Sous le voile de sa robe, l'odonate s'allonge avec ses gros yeux joints à nourrir d'une faim que jamais rien ne comble. Il y a de la liberté sous les huis, une prison qui s'effondre et le bon Dieu au dessus prend des notes pour la suite. Il y a ce vieux hibou. Le vieux qui dépérit peu à peu pour l'amour de celle qui pleure la nuit dans toute la solitude, soupire dans la cretonne, et déteste ces fleurs, les mêmes jusqu'à la mort. Il y a au dessus d'elle ces têtes rondes sculptées, des chérubins qui biberonnent les rosaces (encore roses !) du plafond de la chambre à coucher. Madame de Genlis et Monsieur ne se rejoignent plus que pour montrer au monde à quel point ils forment à tous les deux, un ensemble harmonieux, couple charmant, parmi ceux de leur genre. Là, ce chapeau pendu sur un pied de sanglier, ici, la coupe en cristal Baccarat, à laquelle on tient plus qu'à tout, là bas, la volière, le mainate, et la phrase du matin :

 - Avez vous bien dormi, ma chérie ?

Celle de l'après midi

- Préférez vous prendre le thé dans le petit salon ou sur la balancelle au jardin, mon ami ?

Et puis l'autre qui venait avec ses grosses bottes, ses grandes mains carrées, l'autre qui venait pour le trésor, accélerant les goûts capiteux de Madame de Genlis, sa fantasmagorie. Elle est à présent traversée d'idées folles, une furie passe le mal, une vierge le rechasse, il revient, il embrase l'esprit, trace une pente en dos d'âne. Madame se sait un peu gourmande, quand il arrive avec les bêtes volantes, Léon lit dans les yeux de Madame, l'éclat doré des saintes qui s'exaltent et qui luttent. Il sait encore, pertinemment que souffrir la fait revivre un peu .

- Vous daterez et vous signerez ici ! (suave) prenez bien votre, temps, Madame, je ne voudrais pas trop avoir l'air de vous forcer la main...

C'est pareil, comme la première fois, tout ce qu'elle n'a pas vu arrive. C'est écrit noir sur blanc, c'était peut être écrit avant, sans qu'un contrat n'y glisse cette impression dangereuse, le goût de l'interdit qui va sans retenir. Le jardinier, la main sur la main de Madame, touche la plume à quelques centimètres et l'autre main s'en va rebrasser tous les chants et les feuilles des vignes de Monsieur ravagées du philloxera. Un gros nez respire la peau blanche inspirée des coffrets, l'heureux talc du vieux monde cette ivraie et ces lis d'une langueur à chavirer...

- Oh ! Léon ! ce n'est pas du jeu, vous trichez, que faites vous, grands Dieux, c'est un supplice !

Impunément, il triche. La main sur la main, et l'autre main qui trousse, c'est plaisant de voir Madame de Genlis batailler avec sa conscience, et la voilà craintive. Ses dieux ont si bon dos. Impunément il fait sauter les boutons de la robe, un puis deux, il faudra bien qu'elle signe. Il chuchote:

- Thrips ! Nématodes ! Botrytis ! Fusariose !

Madame de Genlis recommence à souffrir un petit peu, il accélère le jeu, la faiblesse aux penchants et prononçant ces mots, juste à l'endroit, assez discret :

- Hypsopygia costalis ! ...

Fait tomber la poutre maitresse. Madame de Genlis frappée d'amnésie vient défaire seule le quatrième bouton, le papillon aux couleurs des tentures du bureau de monsieur, apparaît, juste dans ce pli exactement, elle suit le pyrale qui respire, vingt trois millimètres, enrobé de formol d'une bête plus laide qu'un pou mais dont le froissement de l'aile à peine, lui permet d'oser tout.

La plume crisse. Elle a signé. C'est venu plus fort qu'elle. Le jardinier range le contrat dans une enveloppe qu'il attache par le caoutchouc de sa bretelle.

Il regarde par la transparence du rideau, le professeur, "Monsieur", l'époux, épris, méticuleux, arranger un bouquet de roses pompons, l'idiot, avec ses pauvres cornes et ses fines binocles, monsieur baissant les yeux sur sa montre à gousset 6H00 si impatient déjà, de rejoindre Madame, elle qui depuis des semaines souffre d'un mal mystérieux.

Léon contemple les allées, les massifs, le petit château d'eau et les blanches cariatides supportant un bassin surelevé où l'eau du Mont Gerbier coule sans s'arrêter, un corridor mouillé : "il y aura de quoi faire".

Il songe à la trésorerie de Madame, au domaine de Genlis, à ces larves, ces pyrales qui pondent déjà dans les placards, de la cave au grenier, à la confiance aveugle de Monsieur qu'il vénère qui est si généreux avec le personnel, puis soulevant la mantille aperçoit un verger, fruité de gueule, paré d'une Cigaline, juste à l'endroit, assez discret.

Dans un instant, il aura tout.

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podcast


 

Nota : En cliquant dans les fleurs, ouvrez les chapitres de cette histoire et découvrez vos romans de l'été.

Musique : "Blue Gardenia" par Nat King Cole

Photos : Iris nommé "Prince Indigo". Fleur bleue sophistiquée, alanguie dans les herbes folles photographiée au début de l'été, près d'une allée bordant la grande roseraie, au Parc de la Tête d'Or à Lyon.

 

© Frb 2011.

dimanche, 22 mai 2011

Violon d'Ingres

Voici le printemps qui revient avec le charme des roses.
Regarde leurs joues fraîches, et la plante amère de la tristesse
sera déracinée de ton cœur.
 
HAFIZ, Poète perse.

Pour découvrir d'autres roses de la collection Tête d'Or, vous pouvez cliquer sur l'imageviolonF2744.JPG
violonF2723.JPGviolonF2736.JPGviolonCF2741.JPGviolonF2713.JPGviolon d'ingres  cF2748.JPGviolon d'ingres.JPG

 

 

 

Photos : La grande roseraie du Parc de la Tête d'Or à Lyon, suite d'une balade parmi les roses avec prénoms, (appelation) celle-ci on la nomme "Violon d'Ingres®", elle est moins odorante, moins subtile que la "Golden Celebration®", elle est douceâtre, (moi je la trouve un peu écoeurante, comme une sorte de grosse sucrerie, on s'en lasse, (il en va des roses commes femmes), elle rappelle (un peu) les (affreuses) corbeilles de mariage, de baptême, les gateaux d'anniversaire, mais une rose très mièvre peut cacher une coquine, on l'aurait surprise en posture "embarrassante" dans une love party chez Harlequin, (une vraie rose à l'eau de rose). D'ordinaire ses couleurs sont d'un jaune clair nuancées de rose, la "Violon d'Ingres®" du parc est plutôt à dominante rose (pâlichon), timidement éclairée de jaune (à peine) saumoné. Photographiée sous une chape de plomb atmosphérique, au coucher du soleil, à l'heure où les roses déclinent hélas ! si vous vivez ou passez par Lyon, je ne saurais trop vous répéter (encore et encore) de visiter au plus vite cette roseraie somptueuse, l'un des lieux les plus envoûtant de Lyon, mais d'une grande fragilité, déjà le sol se couvre de pétales... Je n'aurais ni le temps ni l'ardeur de vous ramener une image de chaque exemplaire de ces fleurs, mais qui sait ? Peut-être un (certain) jour, je sortirai d'autres modèles du genre "Hotel california®", "Rose de Limoux®" (sublime), ou pourquoi pas la très voluptueuse :"Bernadette Chirac®", rampante grimpante et charnue, (c'est l'horticulteur qui me l'a dit), une délicate parmi toutes, comme je ne l'ai pas encore trouvée, (perdue que je suis au milieu des 30 000 rosiers), je vous en glisse, un tout petit échantillon ICI.

Photos : © Frb 2011

dimanche, 08 mai 2011

Golden Celebration

Un peu de parfum demeure toujours sur la main qui te donne des roses.

(Vieil adage chinois).

ROS BOUTON.JPG

ros golden celebration.JPGROSE 2.JPGROSE night.JPGLa plus belle saison pour visiter la roseraie internationale du Parc de la Tête d'Or à Lyon, est sans doute le mois de Mai, (remember...), surtout quand le printemps avance un peu, comme c'est le cas cette année. La roseraie s'étend sur 40 000 m² et compte 30 000 rosiers répartis en 350 variétés. A dire comme ça, c'est peu, il faut voir, visiter, humer... Pour ceux qui ne le savent pas, cette roseraie a reçu en 2006, le prestigieux, "Award of Garden Excellence", décerné par la "World Federation of Rose Societies". (J'ose espérer que ces liens prolongeront encore un rêve de roseraies, autrepart). A noter qu'il existe deux autres roseraies au Parc : la roseraie du Jardin botanique qui retrace l'histoire de la rose, et une roseraie de concours qui sert de support au Concours International de Roses nouvelles. Toutes les roses cette année sont extraordinaires. J'aurai juste un petit regret, ne pas pouvoir vous livrer la "Golden Celebration", en odorama...Rose golden célébration.JPG

ROSE ONE.JPGrose massif.JPG

Nota 2 (fleur bleue) : Si vous désirez offrir des roses à quelque chère (ou cher) n'offrez pas des roses jaunes cela pourrait être interprété comme un signe d'infidélité (ailleurs elle signifie la joie et l'amitié) etc ... Pour vos penchants à l'eau de rose, vous trouverez (plus ou moins), le nécessaire ci-dessous:

 http://mapage.noos.fr/crosin000v/Ronsard/roses_fr_Ronsard...

Photos : Golden Celebration ® c'est donc le nom de la rose, de toutes ces roses ici, c'est le nom d'un rosier anglais, d'une rose hybride créee par David Austin  en 1992 :

http://www.davidaustinroses.com/french/Advanced.asp?PageI...

Les parents de l'hybride sont Charles Austin ® et Abraham Darby ®, de lignée 'Aloha', normalement le jaune est plus vif, plus doré, voire parfois cuivré. Le parfum de cette rose particulièrement délicate, (impossible à traduire avec des mots), est d'une douceur fruitée, il rappellerait un peu un mélange de thé réhaussé de notes de fraise (d'où mon choix car j'avais de quoi hésiter), j'ai choisi paradoxalement "mes" roses d'après senteurs et aussi pour l'extérieur diaphane des pétales, (pure merveille !), dont on savourera pleinement le rendu au soleil (il n'y était pas ce jour là, hélas !). Les roses ont été saisies fraîchement après l'ondée, à l'heure du coucher du soleil, au Parc de la Tête d'Or à Lyon.

© Frb 2011

mercredi, 04 mai 2011

Jardins secrets (une histoire presque fleur bleue)

Toutes les couleurs s'accordent dans l'obscurité.

FRANCIS BACON

Si les roses vous fatiguent, cliquez sur les 2 images on vous donnera des tulipes à la placerose yellow.JPG

Elle a les couleurs de la fleur au printemps. Les yeux bleus comme le ciel, noir dedans. Elle court à lui dans sa tête, se prépare devant un miroir entouré de roses pompon, dans une chambre remplie de poupées de chiffons et d'oursons en pâte d'amande.

L'homme, il s'est réveillé ventre à terre, sur la pelouse, sous le peuplier du jardin. Il a eu, (est ce un mauvais rêve ?), une vision de sa femme couchée dans le jardin la gorge ensanglantée. Il se demande quel est ce fou qui l'a jetée ici. Ce n'est bien sûr, qu'un mauvais rêve. Ici, la réalité est tout autre.

Des gens se pressent au portail, à présent. On voit naître une fine coulée rouge dans l'allée entre les bulbes parfumés de jacinthes et sous les premiers bourgeons d'un drôle d'arbre, on dirait des châtons qui pleurent. Une pluie de pollens, en fin d'après midi adoucit ce monde ordonné par des allées fraîchement ratissées. Il lui reste ce souvenir, celui d'une longue attente, celle du départ du jardinier qui ne cessait de ratisser les allées et ses nerfs n'en pouvaient plus de voir ce rateau dessiner des traits si parfaits sur la terre. Etait-il dans son rêve, ce son crissant, ces parallèles qui brisaient sa ligne de vie ? Roses comme les fleurs du printemps, au creux de sa main chevauchant la ligne de coeur d'une main étrangère de l'autre côté des collines, à l'est.

Etait-ce un souvenir ? Ou dans un cri, ce rêve qui l'aura renversé ventre à terre ? Quand il avait chassé le jardinier en le poussant violemment dans les roses à coups de pieds et qu'il s'était battu avec lui pour que le bruit des traits s'arrête. Ou bien, est-ce encore le visage bouleversé du jardinier qui l'avait sorti de son cri ? Il revoyait sa femme qui avançait sur lui, contournant soigneusement l'arbre à soie, elle marchait sur la santoline verte. Sa femme avec sa robe couleur lavande, ses cheveux fins comme des antennes, on aurait dit un papillon. Elle avait demandé d'où venaient les bruits. Il avait esquivé. Il avait peur des papillons, peur des questions, peur de la floraison de l'arbre à soie formant des plumets rouges feu dans son rêve. Il avait juré qu'il n'était pas là. Le jardinier a donné une autre version.

A présent, l'éclat des fleurs n'en finit pas de l'aveugler et le soleil précise les contours d'une colline, il est à l'ouest. Il voit la fenêtre de la maison où la jeune fille l'invitait de récréation en récréation, à soulever des mantilles, et la texture infime rebrassée des dentelles, morcellait ses jours, abrégeait ses nuits. Des milliers de semis fantômatiques maculaient de géantes hybrides les allées et les lignes du jardin étaient sans cesse à reconstruire, des chenilles multicolores couraient sur les euphorbes, le jardinier qui était phyllomancien parlait d'un malheur à venir. La nuit l'homme allait au jardin en cachette. La jeune fille, plus loin, plus libre, envoyait des signaux de fumée, et des mots qui se lisaient avec une torche. Ils sont allés à l'aventure. Il pensait que cela serait le caprice d'une nuit, une fantaisie de quelques jours, juste pour l'agrément.

Il se souvient. C'est vrai, il y en avait eu des dizaines, de rendez vous pour elle, hier, et chaque soir juste avant le coucher du soleil. Aujourd'hui un corps s'était affaissé repliant les pétales, une tête avait heurté la pierre, écrasé des milliers de roses, Une percée de couleur primaire sur fond mauve. Le jardinier préféra ne pas évoquer certaines choses.

Plus tard, L'homme ira se laver et ces choses partiront d'elles mêmes, au savon, dans l'eau chaude. Il mettra un costume de coton blanc léger, il ajoutera deux belles roses pompon à sa boutonnière. Une pour lui, une pour elle. Une heure, une petite heure seulement, arrachée à la ritournelle, pendant que sa femme se promène avec une vieille cousine tuberculeuse, vivace pareille aux cyclamens qui répandaient une odeur écoeurante sous la tête de sa femme entre les tombes jardinées, il ne sait plus à quelle heure ni dans quel cimetière. Il est sûr que c'était avant.

Le jardinier est là qui l'observe avec ses yeux d'indien piquants, toujours un peu mouillés, cette bouche qui murmure et ses gestes discrets, rituels, telle une atmosphère de douceur linéaire aux jardins de Shalimar et c'est tout le Pakistan qui semble maintenant s'accrocher au portail. L'homme demande à son jardinier : "dis moi, que veulent-ils, tous ces gens ?". Si nombreux, ils se pressent, des hommes et des femmes en colère et des plus grands, des soldats de plomb dans des combinaisons empêchent la foule de pénétrer au delà d'une certaine limite. Une coulée rouge, un flux dément de grenadine sur lequel sont penchés des tas d'inconnus qu'on tient à distance. Des gyrophares luttent contre la lumière...

Le jardinier ne répond plus. L'homme au milieu des fleurs se pose encore en maître du domaine, entre un ruisseau qui flambe et des collines allumées par une torche dont chaque soir au coucher du soleil une lueur semble absorber le halo sphérique de toutes les voies lactées de tous les univers qui peuvent s'imaginer quand on sort des jardins privatifs du périmètre solaire. Chassera-t-il encore l'étranger qui voit tout, sait tout et ne dit rien ? Son silence est pareil aux traits de son visage ratissé dans l'immobilité, droiture et loyauté des allées bordées d'ifs, de gestes répétés chaque jour à l'identique, rappelant le sommeil, pourvu qu'il vienne, revienne.

Tous ces traits, sur la terre, disparus, qui les a emportés ? Tout est rouge, ça revient. Les camions rouges, les ambulances et ces fourmis qui glissent lentement sur ses mains, éveillant par accoups un système nerveux central empalé sur des gouffres de friandises. Des colliers, des barrettes dorées, et des oursons éparpillés autour un lit, des mantilles qui flottaient dans un ciel étoilé. Et puis, hier, sans prévenir, la nuit entra dans la lumière.

rose yelloF0808.JPGLe ciel est rouge de la colère des foules. Rouge de l'impatience de la vérité qu'il faudra un jour dire. Rouge d'une colline embrasée à l'est, par une fenêtre à la lueur d'une torche, à la tombée du jour, pour la joie de céder aux excès sous tous les empires. Rouge du regret des fleurs exhalant l'odeur affolante de la mort, durant un court moment d'absence où toutes les valeurs se renversent. Il voit un corps dont le visage a été recouvert d'un linge et ce n'est pas l'épouse qui dort à ses côtés. Une coulée d'encre, ce petit lait à peine, déroulant l'épilogue, se cheville aux feuilles en rosette du chlorophytum dans ce hors lieu de l'homme et de la femme où quelquepart un rêve éveillé les promène entre présence, absence, rêve et réalité. Ils en viennent à se pencher dangereusement au bord d'une fenêtre. La maison est cernée d'ambulances, d'enseignes bleues, reflets violets de la douleur des antichambres. La maison est cernée de lueurs, de fleurs et de jouets. Comment traduire ce qu'en disent les sirènes lancinantes ?

Il faudrait prendre une douche de toute urgence. Des ombres traversent l'homme, et partout ces grignotements dans sa tête, qu'il ne peut plus comprendre. Des doigts le montrent. Une main le prend. Des bouches grandes ouvertes le huent et le dénoncent. Des bras le traînent. Il pose sa tête dans ses mains et sa tête devient rouge. Les ongles de l'homme avaient griffé longtemps. Le jardinier a dû le confirmer devant tout le monde. Il fallait bien qu'il prouve son innocence. Partout ça ronge dans la terre, au dedans, dans les esprits ça remonte, à la surface on voit clairement les mains de l'homme et son visage qui semble ignorer tout, il ouvre des yeux d'enfant, traqué par des sifflets et couvert d'une étrange honte, celle qu'on lui fait, qu'il ne peut pas comprendre. Il voit la foule allumer l'incendie dans ses fleurs. Ce n'est plus le rêve. Quelque chose dans sa tête devient très encombrant. Et cette gamine, à l'est, qui l'espionne par un trou de serrure, le balade depuis des mois, ne cesse de lui ravir son existence, cela s'appelle du harcèlement. Il faudrait que quelqu'un la gronde.

Tout à l'heure, il se rendra, au coucher du soleil dans cette maison qu'il connaît aussi bien que la sienne. Il changera son plan et retrouvera sa vie d'avant, le foyer, les mains lestes de sa femme coupant les fleurs pour les coller à l'infini sur la tapisserie de leur chambre, cet ancien nid d'amour où se trouvent encore au chevet de deux meubles à tiroirs les mêmes livres tristes, deux réveils et des boîtes de Tercian. Il sera calme, même apaisant. Il ne portera pas de costume, pas de roses pompons à la boutonnière. Il aura un grand manteau noir il dira simplement: "C'est fini. On arrête". Il ne faudrait pas tout bousiller pour presque rien : sa maison son mariage et sa femme. Où est-elle ? Trois hommes en habits blancs descendent d'une fourgonnette.

Sur la colline à l'est, rien ne bouge. C'est l'heure clémente. Bientôt il y aura le coucher de soleil. Une jeune fille caresse ses cheveux, les roule en chignon fait de tresses et de boucles qu'elle libère, elle attache une barrette dorée, ajoute un collier de perles autour de son cou blanc, si transparent qu'on voit presque le coeur battre à travers les veines. La peau ne dit rien des milliers de fleurs bleues qui ont poussé sur elle, se sont mises écrire le premier des romans à l'eau de roses pompon pour petites filles méchantes, (femme de personne ou de nulle autre) ; elle ne sait rien des trames, des traits et des stries de leur monde, un phare de fleurs, des clôtures électriques dans le velours où des rondes un beau jour ont arrêté leurs sentiments, ceux ci ayant depuis si longtemps cessé d'être, ils peuvent renaître, intermittents, dans les entailles faites au contrat oui mais voilà. Elle attend. C'est l'unique attrait de ses jours, elle attend l'être aimé. Elle veut tout. Sa ferveur est profonde quand l'homme en costume blanc traverse les champs jusqu'aux collines pour apporter les roses et toutes les bonnes nouvelles.

Hier c'était une promesse, un pur instant d'égarement quand ne pouvant saisir ce corps il n'offrait que son ombre et dans une fraction de seconde seulement, il avait juré sur sa tête, peut être dans la lune ? Ou sur la terre, demain, qu'il serait un homme libre. Il ferait ça pour elle, l'impensable jusqu'à l'impossible. Ensuite, il serait avec elle toujours. Sa femme, un papillon, liquidée, au bout d'une épingle, ça ne l'effrayait même plus d'y songer, un long cou avec des antennes et puis ses ongles qui s'enfonçaient lentement dans la chair (à mains nues ou avec des gants de jardin, si possible). Ce serait un acte d'amour pur.

Il est presque neuf heures du soir, la jeune fille affine ses mantilles, glisse dans sa bouche amusante un petit ourson en pâte d'amande étirable à loisir. Elle regarde du côté de la maison de l'homme et tout en mâchonnant ce sucre qui l'aura fait grandir, elle voit un feu d'artifice tantôt rouge tantôt bleu et des lumières là bas, qui scintillent, des signaux lumineux, jamais elle n'en n'a vu autant. Dans ce grand halo blanc elle voit autant de preuves d'amour, comme dans ses rêves de petite fille, ouvrant le bal somptueux des princesses virevoltant dans des robes cousues d'or, une couronne de roses pompons sur sa tête assourdie des violons d'une valse un peu folle qui couvre le bruit lancinant des sirènes, les petites voitures, les fourgonnettes miniatures d'où sortent des petits bonhommes en panoplies de pompiers, de docteurs qui font avancer sur son coeur, les joies du carnaval et la bonté des fleurs dans un pays sorti d'une boîte de friandises en pâte d'amande pas plus grande qu'une boîte à chaussures.

Photos : Ces roses ne sont pas des roses pompons ni des roses bonbons mais des roses fraichement nées dans la grande roseraie du Parc de la Tête d'Or à Lyon (+ de 30 000 roses seulement) qui ne sortent pas d'une boîte de friandises... Quoique pour certaines, on dirait. Grande et petite roseraies à visiter, très vite, si vous passez ou vivez dans cette ville c'est une des plus belles choses à contempler en ce moment. Pur vertige de parfums et couleurs, qui ne se raconte pas, il faut voir, toucher, de près et même que ça se respire ...

© Frb 2011.

dimanche, 01 mai 2011

Envoi (de fleurs, evidemment)

Je vends tout. Accepte mon offre,
Lecteur. Peut-être quelque émoi,

Pleurs ou rire, à ces vieilles choses
Te prendra. Tu paieras, et moi
J’achèterai de fraîches roses.

CHARLES CROS, extr. préface à "Le coffret de Santal, (1879), éditions Poésie Gallimard 2007.

 Pour le dire vraiment avec des fleurs, mets ta souris dans les pétales.envoi (de fleurs evidemment),fleurs,printemps,sentiments,massifs,jardin,jacques rebotier,a tribute to,dites le avec des fleurs,charles cros,poésie,lyon presqu'île

Lien pas forcément utile mais assez agréable :

JACQUES REBOTIER

Autopublicité :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/03/26/mi...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/09/09/le...

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2011/04/20/le...

Photos : Un "bouquet" champêtre des villes, variations de couleurs sur pétunias vues aux premiers jours du printemps, en traversant le très beau (et cultissime) marché du quai St Antoine situé le long des quais de Saône à Lyon côté Presqu'île.

© Frb 2011.

mardi, 12 avril 2011

Le retour du printemps

Ce que je suis en train de voir n'est pas ce que j'ai vu.

MINOR WHITE

Minor White aurait t-il raison? Pour savoir, il suffit de cliquer sur les images.

printemps0203.jpg"L'homme est un un être doué de saison" me disait un oiseau de Lyon revenu des Amériques, quand goûtant une oisiveté (relative), j'eus la joie de me taire (enfin !), puis surtout d'écouter. Je traversais les champs de graminées (toxiques) du Parc de la Tête d'Or, un livre d'Abeille sous le bras (pourtant ce n'était pas l'été), et puis c'est sous les yeux un livre que ça met, pas sous les bras (quoique celui de Téléf(é)ric Levèrfe peut rester sous les bras, il est aussi bien pratique pour caler les chaises à trois pieds, ça marche extra, j'ai essayé) mais je m'égare, de trames en tram' j'abordais mentalement les peintures d'Avril (Armand) me soufflant sa jeunesse éternelle tandis que je cherchais la mienne et qu'Avril me disait avec la douceur du sorcier et l'accent des Charpennes : "surtout petite ! cours pas après le succès, fais ce qui te plait, prends ton temps"... Un grand voyage à bicyclette sans bouger de mon banc, de Bonnières (sur Seine) au Mont st Clair en passant par la Croix-Paquet, remonter les escaliers de la Colbert, bifurquer sur la Vaucanson, trouver les micocouliers (de Provence) un petit peu maigrichons sur le boulevard de la Croix-Rousse en guise de platanes centenaires, (Lyon n'est pas la Provence, he non !), s'apitoyer sur les pensées (petit bac vers la pharmacie pas loin de la Place des tapis) elles ont l'air tellement moribondes ces pensées, qu'on dirait des soucis, (de Lyon, sont les soucis, comme on dit chez la mère Brazier, comprend qui peut). Dans ma rue il y avait des glycines qui pendaient là, comme tous les ans sur un petit mur séparant le jardin de melle C professeur de piano (rue Denfer), de ma petite cour sur la colline. Sept ans, de lettres à Elise... Et pas une à la perfection, malgré des heures et des heures de patience qui s'écoulaient au métronome. Une petite fille en robe blanche sortait penaude de la leçon. Pendant ce temps là à l'autre bout de la France, printemps toujours...

Sophie, (j'ose, le bon mot) = "empruntant" le plus beau tee shirt du monde superbement porté par un boy de la Mère Castor, Sophie toujours peignant des tas de girafes, tandis que j'enfilais des perles (de pluie ?) en rêveries automnales venues d'un pays où pour mon grand malheur, il ne pleut pas, il ne pleut plus, (Pourquoi il ne pleut pas ? Pleuvra-t-il ? La pluie aurait-elle disparu pour toujours ?). Je me demandais ce qu'elle avait fait (toujours Sophie) de sa grenouille ? vestale d'une TBB (très belle bibliothèque) au secret des archives que je ne retrouve plus. C'est mon jour de promenades dans les très belles bibliothèques, je vais chez les gens, je surveille les livres (ordre du président ! patrouilleuse, un métier d'avenir), ça faisait longtemps que je rêvais de chourrer un escabeau, j'en trouve un qui me tente un appel, puis révélation : dans un petit salon, apparition du plus bel escabeau dans l'univers d'Hozan Kebo, sorry, je n'arrive pas à le lier, il se cache aux lieux dits, l'escabeau, dans les pages du Roger (Lahu sans T !) en cherchant bien, le lecteur adoré (et malin) le retrouvera sûrement (ce sera notre petit jeu de printemps)... Formidable escabeau derrière lequel dansaient de mystérieux lutins à bonnets rouges (Hozan, éclairez moi, qui sont ces gens ?). Digression : Je me demande pourquoi il y autant de possesseurs de livres sur cette terre? Y'en a des, qui rangent certains livres à l'horizontale alors qu'il y aurait tout à fait la place de les poser à la verticale pourquoi certains livres sont à l'horizontale et pas les autres ? Pourquoi tout le monde ne range-t-il pas ses livres bien comme il faut ? Mais encore, je m'égare... Roger et son dessin beau comme une plage aux pastels frêles versées dans le fleuve Grosne, mares de Bourgogne et gnôle pour bigarreaux, à deux pas, on s'allonge sous des voûtes romanes. Plus loin Jean me remuait encore l'esprit avec sa Polonaise, (Ne me demandez pas si c'est une fille, allez donc lire vous même). Iron Ikunst, épuisant les atlas et les dictionnaires se cueillait du lilas mauve et blanc pour lui même et devant ma question (stupide, j'avoue) "Pour quoi  faire ?" me répondait, sans hésiter : "parce que les fleurs c'est joli et que ça sent bon" (une telle réponse ça vous coupe le sifflet tout de même). J'en suis restée comme deux ronds de flan, d'une évidence à en décoiffer un Jacques Brel. L'autre garçon qui s'offrait des fleurs à lui même (c'est assez rare pour être souligné) c'était mon voisin de palier, un peintre étroclite vivant à la Modi, avec des couleurs et des chats (son dernier, égyptien ressemblait à Néfertiti, et portait un petit nom évoquant à la fois le temple de Bubastis et le bruit du train dans un film de Kurosawa). Il s'offrait des lys blanc (pas le chat,le peintre !) des lys blancs et incas "Alstromeria" ou "martagons" il en plantait partout dans des vases transparents. Et même qu'il m'en donnait. Parfois, la nuit ça illuminait notre immeuble sur deux étages, éblouissant ! ils sont partis (le chat, le peintre et les lys blancs) sans dire au revoir, un jour où moi-même je n'y était plus. Allers-retours ? Printemps toujours, là où je ne suis pas. Et mes excuses pour le silence.

fleur0052.JPG Au cours d'Avril toujours, j'appris qu'il y avait des figuiers dans le sud de la France, et aussi qu'Angoulême n'était pas en Bretagne, (on nous cache on nous dit rien) quand soudain, un lapin avec des grandes oreilles comme celles de feu Paranthoën (dont je reparlerai un jour) déboula d'un pré des Ardennes, c'était un lapin qui faisait du porte à porte, (en free style), un lapin qui ne se posait pas, un lapin avec des antennes et des airs échappés des horloges, il avait le béguin pour moi, le lapin (je vous en prie, chers lecteurs, vérifiez, faudrait pas tout gober non plus, bloguer est une fanfaronnade) ; c'est vraiment pas ma veine, moi qui n'ai d'yeux que pour Murat, pas le maréchal d'Empire, très bien aussi mais je préfére l'autre, (marié, père de famille, hélas ! hélas!) mais quel artiste ! Beau comme un vrai coureur cycliste, avec des mains larges, mille palettes qui plantent des cordes de guitares au jardin, glissent aux fourrés une tige d'or picorée d'oiselles, l'oxymore à la sève et des pétales de myosotis voltigeraient dans le coeur des filles. Ce serait ça ou rien...

On apprend de ces nouvelles... Pendant que Dieu créait la femme, (et rendait de plus en plus irresistibles tous les Jean-Louis), Michèle (qui n'avait pas attendu Dieu) inventa la TGBP : la très grande bibliothèque Pambrunique, autant dire qu'à côté, Babel s'effondrait comme un vacherin de chez Tricatel. A la TGBP, je découvrais (non sans surprise) mes propres livres, enluminés à l'or fin, à lire au coupe-papier dans la collection "Rouge et Or Souveraine", illustrés par Julien Doré ou Gustave ! c'est pareil - on n'est pas fille pour rien - pourvu que ce soit doré - ! mille ouvrages (pas moins) en bonne place à côté de Beckett et Cioran, (Michèle ! vous êtes inrcoribrilge ! (je suis sûre que si on vous confiait notre pays, vous feriez chanter "Madame rêve" à tous nos soldats). Certains mots ne lâchent pas, et me voilà à reprendre du service, devant la grande pointeuse (pointilleuse ?) de certains jours, j'ai ma trousse, ma gomme, le carnet d'esquisses, les herbiers brodés d'étamines (ou bordés, comme il vous plaira)... Détraboulage de vélo, jusqu'aux berges du Rhône, en doublant les vélos d'amour (V lov'!). Sur les quais je feuilletais un livre "Comment choisir un rosier sans se tromper ?", "à qui offrir des fleurs ?" (sélection sur dossier). Je pensais à "La rhétorique fabuleuse" mais non ! dans ce contexte la rhétorique, c'est pas un mot bien compliqué, signée Dhôtel (André) maître des balades hasardeuses, entre "Le grand rêve des floraisons" et "Le Vrai mystère des champignons", l'histoire de Stanislas Peucédan et l'improbable belle de onze heures... Je ne résume pas (minute papillon) je n'ai pas fini le livre...

Et moi Stanislas Peucédan, je dis qu'inconcevable à jamais et surnaturel, c'est du pareil au même.

Le postulat est à la fois scientifiquement invérifiable, métaphysiquement vrai. Elles ont un sacré toupet toutes ces fleurs et confirment à nos sens (médusés ?), la présence d'un "rêve impossible avec une évidence insoutenable".

Lve in8.JPGLe promeneur rêverait t-il la même chose que sa fleur ? Au retour du printemps, il y a toi, il y a moi, il y a le monde aberrant, nous sommes ailleurs, dans les fleurs et, pareils aux oiseaux de Thaïlande qui ne meurent pas dans la légende" (comme chacun sait) nous roulerons dans l'herbe molle, et sous nos doigts les coeurs de Marie rougiront comme des jupes espagnoles, après quoi, ne devrait surgir que l'éblouissement de l'amour absolu (et ses préludes émouvants). On s'émerveillera par avance sachant pourtant ce qu'il en coûte, couché sur de grandes vénéneuses, (mais non, ce n'est pas ce que vous croyez) titillements, vrille chercheuse des pois, antennes et reflets d'abdomen, tout cela pourrait nous faire songer à ces êtres qu'on ne nommera pas, aux alchimies secrètes qui attirent les abeilles et nous respirent (faites entrer : messieurs les abeilles, en costume traditionnel. Virez moi ce bourdon (qui ne meurt pas après avoir piqué), ce frelon (et ses grosses mandibules), ces guêpes laborieuses.

"Abusés, par tant de beautés les abeilles se poseront sur les coeurs, pour copuler".

C'est écrit dans le ciel. On rit de ce malheur, on en pleure, (c'est ça les filles, ça rit, ça pleure !), ô pernicieux printemps ! que de beautés et dire soeur Anne, que je ne voyais rien venir ! fus-je, (fussé-je) donc si aveugle ? Ne jurant que par le vent d'Octobre, par le spleen anglais de monsieur Paul, on oubliera les roux voltigeurs de Septembre, pour une fois... Fleurs en coeurs du tilleul, cordifronts, vous m'en direz ! pas une seule des fleurs en photo ne sera clairement nommée. Si vous humez, vous humerez...  On m'annonce que la note expire. Dommage ! juste au moment où j'allais vous faire découvrir le monde secret des exsudats, vous dessiner l'humus, vous traduire, en latin charmillon tout le langage des fleurs, (d'après le livre de Madame Charlotte de la Tour), mais j'ai mieux... Dandelion, euphorbia, black tulip etc ...

"A thousand flowerettes in the sky just for you." Enjoy !

Photos : Au doux langage des fleurs.

photo 1 : Ceci n'est pas une pinte de coucou, La belle jaune à houpette a sûrement quelque chose à nous dire... Ca a l'air compliqué. Ou sinon une idée de coiffure de printemps ? (Espoir)

Photo 2 : Timide comme la violette bleue, mais ceci n'est pas une violette bleue, ou de l'inconvénient des slows avec les haricots. Trop grands pour elle. (Chagrin).

Photo 3 : Ce que vous voyez est-il ce que j'ai vu ? Mais peut-être pas ? (Persévérance ) ...

© Frb 2011.

dimanche, 21 novembre 2010

Une heure ...

Quelqu'un m'a demandé mon âge,
Après avoir vu la vieillesse grisonner sur mes tempes
Et les boucles de mon front.

Je lui ai répondu : une heure.

Car en vérité je ne compte pour rien
Le temps que j'ai par ailleurs vécu.
Il m'a dit : Que dites-vous là ? Expliquez-vous.
Voilà bien la chose la plus émouvante.

Je dis alors :

Un jour, par surprise, j'ai donné un baiser,
Un baiser furtif, à celle qui tient mon cœur.

Si nombreux que doivent être mes jours,
Je ne compterai que ce court instant,
Car il a été vraiment toute ma vie.

lBN HAZM  (écrivain Andalou Xem et XIem s) in "Le collier de la colombe" ("De l'amour et des amants") éditions Actes Sud, Collection Babel traduit par Gabriel Martinez Gros. 2009.

Une heure0164.JPGIBN HAZM est un homme de l'an mil, un philosophe de souche andalouse né à Cordoue en 994 (384 de l'Hégire) mort en 1064, converti à l'Islam. (ABÛ MUHAMMAD ALÎ IBN AZM ou AL HAZM), fût poète, historien, juriste, philosophe et théologien il mît son érudition, au service de ses convictions politiques et théologiques. Son oeuvre est immense, 400 titres environ, (dont beaucoup de livres perdus ou brûlés par punition), "Tawq al-Hamama" ou "Le collier de la colombe", son ouvrage le plus célèbre, a été souvent comparé aux livres d'amour courtois, à la poésie des troubadours, composé à Jativa en 1027, il est consacré à l'Amour et aux amants. La dissimulation du langage est un des traits de l’amour. L’amant, quand on l’interroge, nie et se compose une apparence sereine :

 Il est donc vrai que l'amour est séduction spirituelle, une fusion des âmes [...] L'âme de l'amant est libre. Elle sait la place qu'elle partage avec l'autre ; elle vise à son voisinage, y tend, la recherche, désire l'aborder, l'attirer si elle pouvait, comme l'aimant attire le fer.

On connaît de lui un diwan, recueil de poésies qui reflètent ses tristes expériences. Ce livre reprend les idées courantes de la littérature arabe sur l'amour et le comportement des amants. Il s'inscrit dans la tradition d'une idéalisation "platonique". IBN HAZM s'est appliqué à faire éclater les idées reçues. Il s'est posé rapidement la question de la sincérité, il s'inspire finement de son expérience personnelle, pour atteindre des considérations psychologiques bien avant l'avant l'avènement de cette discipline, qui mettent en question le mystère de la sincérité de l'homme : 

L’homme se sert-il des mots pour se masquer, pour se donner telle ou telle apparence, ou trouve-t-il dans la puissance de ces mots les miroirs vivants dans lesquels il offre sa véritable image ?

Ainsi est posé le problème de la nature et de la valeur du langage, qui a inspiré à IBN HAZM les idées fondamentales de sa réflexion religieuse. On trouve dans son Kitab al-ahlaq wa’l-siyar (Épître morale) d’autres exemples de son acuité psychologique et ses ouvrages théoriques sont les plus connus dans son oeuvre. Selon IBN HAZM, le langage est fait pour la communication et son but est l’intercompréhension (tafahum).  Ce langage doit être clair, ne pas se construire sur des sous-entendus (taqdir) et ne pas être énigmatique. IBN HAZM a étudié le Coran, ses lois grammaticales, son lexique sa logique, mais nous ne traiterons pas ce sujet ici car un blog entier ne suffirait pas.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rh...

Son oeuvre est inspirée d'un fil conducteur que l'on retrouve dans toutes ses oeuvres, le pessimisme et une certaine misanthropie, IBN HAZM  est un des auteurs les plus personnels, les plus vivants de toute la littérature arabe, il a pourchassé, dans la religion et dans la connaissance en général, tout ce qui venait de l’homme comme erreur, vaine prétention, révolte. Son idéal était de retrouver, en toute humanité la pureté, la foi et la loi. 

Une amitié sincère ne naît pas en un instant et l’on ne fait pas jaillir la flamme à volonté. Elle se développe lentement et elle est enfantée grâce à une longue intimité ; ainsi elle acquiert des base solides, Elle n’est point sujette au déclin ni à la diminution ; sa stabilité et son accroissement ne sont compromis par rien. Ce qui confirme cela, c’est que tout ce qui naît et croit rapidement ne tarde pas à périr.

Pour IBN HAZM aimer, est une guerre civile, c'est choisir, contre tous les autres, un seul être, qui se distingue par l'amour même qu'on lui porte. "Car l'amant est un étranger au pays du partage, un barbare travesti dans la cité, hostile à ses lois, à ses usages. Et quelle force, sinon l'amour, serait en mesure de tisser dans la mémoire des liens qui uniraient les hommes, après avoir su rompre ceux du quotidien ?" (Extr du texte de présentation de l'ouvrage)

 "Le collier de la colombe" débute ainsi :

"L'amour commence en plaisanterie et s'achève gravement"

 

Ensemble IBN ARABI : "Ne t'éloigne pas de moi"
podcast

 

 Photo : Les dernières fleurs avant l'extinction de toutes les fleurs et l'arrivée des neiges, photographiées place de la bourse à Lyon presqu'île, par un jour ensoleillé de November. © Frb 2010

lundi, 06 septembre 2010

Le dernier mouvement de l'été

Puis ça s'apaise
Et s'apprivoise,
En larmes niaises,
Bien sans cause...

JULES LAFORGUE, extr. de "Solutions d'automne" (1882)

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"Le premier mouvement de l'automne", est déjà en lien ci-dessous :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/08/29/le...

Nota : On ne doit pas seulement "Le dernier mouvement de l'été" aux "Quatre saisons" de Vivaldi, je cite pour le plaisir des correspondances, trois lignes de l'été ("L'estate"), "presto", pas si éloignées d'une étrange toile de Paul Delvaux, quand on y pense...

Ah, ses craintes n'étaient que trop vraies,
Le ciel tonne et fulmine et la grêle
Coupe les têtes des épis et des tiges.

On doit aussi ce "dernier mouvement de l'été" à un très beau court métrage, le premier, que Bruno Podalydès réalisa dans sa jeunesse, avec peu de moyens et une virtuosité surprenante. Le sujet souvent délicat à traiter au cinéma se transforme lentement en pur envoûtement poètique, et je ne saurais que vous conseiller de voir ce petit film, (il ne parle pas de fleurs mais c'est tout comme). Opus rare, et précieux, quelques notes glanées chez Eurêka, vous en diront davantage ci-dessous:

http://silencio.unblog.fr/2009/10/08/le-dernier-mouvement...

 

The Zombies : "time of the season"
podcast


Photos :  L'automne n'étant pas encore proclamé, le dernier mouvement de l'été sera presque muet. C'est la saison où tout flanche, où tout se penche, jusqu'à l'année nouvelle. Nous poursuivrons encore la petite histoire à travers villes, peut être à travers champs. Il reste bien quelques jours avant les premières neiges. Dernier été, dernier souffle du soleil recueillis au jardin, ou volés ça et là, non loin des bois du "Divin" Marquis de Montrouan et partout alentour. Nabirosina, Septembre 2010.© Frb

mardi, 24 août 2010

Le premier mouvement de l'automne

Avant de nous promener sur les routes, il nous faut nous envelopper d'éternel.

ANDRE DHÔTEL,  extr. "La chronique fabuleuse", éditions Mercure de France (2000)

 

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BELA KAROLI : "Summertime" (cover)


podcast



Photos : Avant première. L'automne n'étant pas encore proclamé le premier mouvement sera sans légende, (pour l'instant), mais nous tâcherons de suivre la petite histoire de très près, au fil des jours et des mois à venir. Photographié à travers les bois du marquis et les champs de la princesse entre les hameau de Montrouan et Vicelaire, non loin du Mont St Cyr. Nabirosina. Fin Août 2010.© Frb.

samedi, 14 août 2010

Crève-coeur

Ah ! jusqu'à ce que la nature soit bien bonne, - Moi je veux vivre monotone.

JULES LAFORGUE, extr. "Complainte d'un certain dimanche" in "Complaintes" (1885).

La musique est toujours dans les fleurs, il suffit de cliquer sur l'imagehortensia.JPG...

Le besoin de beauté nous aura transformés en monstres chagrinés. Nous agitons nos parchemins dans la brume, petits pieds, petites têtes, le flou de l'écrivain, les volutes du poète, une cuillère pour Verlaine, une cuillère pour Virgile. Nous sommes très bucoliques dans nos chemises à fleurs avec nos pâleurs émouvantes, ce léger rose qui monte aux joues quand certains mots sont prononcés devant nous, des mots comme "toison", "écume", "harangue" ou les vers du vieux Paul : "Quand les feuilles éparses tremblent commencent à fuir". C'est la fin de l'été. Cette nuit l'orage a tout cassé. Il n'y a plus de jardin. Le domaine est en ruine et je pleure à genoux sur les cendres de mon chien. C'est la fin de l'été, le commencement de rien.

Photo : L'hortensia (du brocanteur de mon village), un peu rompu par un orage de fin d'été. (pas le brocanteur, l'hortensia !). Photo prise le lendemain. Nabirosina. Août 2010. © Frb.

jeudi, 12 août 2010

La mort en ce jardin

L'idée de faire une peinture ou une sculpture de la chose telle que je la vois ne m'effleure plus. C'est comprendre pourquoi ça rate, que je veux.

GIACOMETTI

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Aujourd'hui est un jour de tristesse et de découragement. Les pavots de Californie sont morts. Les pétales sont jolis au milieu de la cour. Comme quoi la mort peut être assez jolie, parfois.

Photo: Eschscholzia (ou Pavot de Californie). Nabirosina. Août 2010. © Frb.