mercredi, 22 juillet 2009
Tulipia Grachinéae
"Les larmes également sont utiles : avec des larmes tu amolliras le diamant. Tâche que ta bien-aimée, voit si tu peux, tes joues humides. Si les larmes te font défaut (car elles ne viennent pas toujours à commandement), mouille-toi les yeux avec ta main ..."
OVIDE extr. "L'Art d'Aimer", Livre Premier. Editions "Les belles lettres" 1960.
Comme un mercredi (plus ou moins galant...)
Nous retrouvons ce cher OVIDE, couché dans l'herbe humide du Nabirosina. Lissant sa plume au lieu dit des "Métamorphoses", poème où toujours se joue "l'Art d'Aimer" l'existence en entier et tous ses dérivés, douze mille vers dans une quinzaine de livres. Du chaos qui créa le monde jusqu'à l'avènement de CESAR, OVIDE par ses "Métamorphoses" relate de nombreuses fables, légendes de la mythologie dans lesquelles les personnages finissent transformés en objet, en plante, ou en animal. Exilé en l'an, 8, sous l'ordre de l'Empereur AUGUSTE, le poète laissera cette oeuvre inachevée, parce que l'empereur avait, semble-t-il, détesté l'oeuvre érotique du poète, titrée "L'Art d''Aimer", supprimant de toutes les bibliothèques, l'ouvrage jugé "immoral". Ainsi par châtiment, le décret, condamna OVIDE à ne plus jamais revoir son pays. Il mourût loin de Rome, à Tomes en Roumanie, après avoir longuement souffert de cet exil:
"Je suis un barbare, parce qu'"ils" ne comprennent pas."
Il est vrai que Publius OVIDIUS Naso, est issu d'une famille de chevaliers, et les dames de la société romaine n'en connurent point de plus servant. Le connurent elles vraiment ? Lui qui, fût chassé en son temps, mais, qui, malgré cette mise au ban, influença par delà les siècles d'incontournables "peintres" de la nature humaine: CHRETIEN DE TROYES, SHAKESPEARE, MOLIERE... (pour ne citer que les plus célèbres).
Après avoir chanté "les Amours" des héros, OVIDE chanta les siennes. Jadis à Rome, ses exploits amoureux, faisaient grand bruit, et les belles sur son passage sollicitaient les grâces du poète, se disputant la renommée que donnaient son amour et ses vers. Mais il y eût une dame parmi toutes qu'OVIDE célébra, une certaine "Corinne", la maîtresse qu'il adora le plus (dit-on). Tel est le nom que plusieurs manuscrits ont donné pour titre des "Amours".
J'entends d'ici le choeur des femmes (choeur des jalouses) : "Mais qui est donc cette Corinne ?" dont beaucoup de femmes du temps d'OVIDE, usurpèrent le prénom pour se faire valoir comme muses et héroïnes des chants ... De son côté OVIDE ne rêvait pas seulement d'Amour car à l'eau fraîche qui n'a qu'un temps, il préférait sans doute la gloire :
"Je cours après une renommée éternelle et je veux que mon nom soit connu de tout l'univers".
Il faut bien reconnaître qu'OVIDE, du point de vue de la renommée éternelle, fit plus fort que CLOCLO, James DEAN et Luis MARIANO réunis. Sa pensée se glisse encore aujourd'hui entre quelques draps... De bouche à oreille si j'ose dire. Et l'on aimerait qu'elle nous survive jusqu'à la fin des temps.
Mais je devine à cet endroit de l'oreiller (à plumes), que le lecteur sera déçu par ce billet, et sa curiosité se piquera de n'avoir point obtenu la révélation et les détails (croustillants) à l'unique question qui l'emporte dans les alcôves, sur toute l'oeuvre d'OVIDE:
"Qui était donc cette Corinne ?"
J'aurais aimé vous raconter... Mais voilà, mon poète, qui vient avec son bouquet de violettes, et veut m'emmener à sa cabane, pour me montrer (dit il ! tous les mêmes !), les estampes japonaises du Nabirosina. Il est vrai qu'au Japon en des temps très anciens, l'estampe était obtenue par frottements. Mais je m'égare...
Sur ce trove dindonne mi pavane, mi gaillarde, (aroumeuse d'igames et d'opisée) agitera sa collerette en prétendant que "l'estampe n'attend pas". (A d'autres !).
Pour ce qui est de la Corinne vous le saurez bientôt, un certain jour sans doute (afin de vous faire patienter, je vous dirai que c'est une bonne copine, peut-être ma meilleure amie)... Je profite qu'elle est en vacances, pour lui damner le pion. Avec la bénédiction du poète :
"Chacun ne songe qu'à son propre plaisir; et celui que l'on goûte aux dépens du bonheur d'autrui n'en a que plus d'attraits. Ô honte ! ce n'est pas son ennemi qu'un amant doit craindre. Pour être à l'abri du danger, fuis ceux même qui te paraissent le plus dévoués. Méfie-toi d'un parent, d'un frère, d'un tendre ami : ce sont eux qui doivent t'inspirer les craintes les plus fondées."
Photo: "Les souffrances de la jeune Tulipe" (Tulipia grachinéae) aux authentiques larmes sur pétales irisés. Comment ??? Une tulipe au mois Juillet ??? Mais oui bien sûr ! où est le problème ? ;-))
Vue aux Jardins secrets du Nabirosina. Juillet 2009. © Frb.
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mardi, 21 juillet 2009
Nabirosina.
"Un point où le réel et l'imaginaire deviendraient indiscernables..."
Au commencement était... le Nabirosina.
Sengs et Lufers parlaient le même langage. L'humus (1) délivrait patiemment, l'azote, le phosphore et tous les éléments. Puis vint un jour l'inévitable...
Ainsi naquirent, les brésars.
Nota: Le mot latin "humus" désignant "la terre", est cité par Curtius (1er siècle ap. J.C.) comme provenant d'un mot grec signifiant "à terre". (locatif d'un substantif hors d'usage). En réalité, le mot latin "humus", comme d'ailleurs le mot "homo" = "homme" », provient de la racine indo-européenne *ghyom- qui signifiait "terre" (cf. J. Picoche 1994, p. 287).
Photo: Esquisse du Nabirosina originel. Vu au plus près, en juillet 2009 (avant J.C.). © Frb
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dimanche, 19 juillet 2009
Désordres
Ose gémir !... Il faut, ô souple chair du bois
Te tordre et te détordre,
te plaindre sans te rompre, et rendre aux vents la voix
Qu’ils cherchent en désordre ...
PAUL VALERY (1871-1945) extr. "Au platane" in "Charmes". Editions Gallimard 1922.
Comme un dimanche entre deux mondes...
Changement d'adresse, et de couleurs. J'ai quitté les rangées (raréfiées) de platanes et les chétifs micocouliers de Provence en vogue sur nos boulevards lyonnais pour prendre un peu le large au Nabirosina. Il fallait à mon oeil un temps d'accoutumance, pour retrouver le désordre adoré des arbres tant il est vrai que de loin, vu par le citadin, un arbre n'est qu'un arbre, c'est à dire un machin dont les feuilles tombent en hiver, et repoussent en été. Un truc qui fait de l'ombre au banc installé pour les bavardages ou les jambes trop lourdes de melle Branche lisant sa revue de tricot le dimanche. J'ai quitté les ombres de l'étouffoir, celles-ci, fatiguées de céder à ce soleil omnipotent qui prend à cette saison toute la place dans la tête des gens. J'ai quitté tout sans le moindre regret. Les petites étiquettes vissées aux branches toujours malades des micocouliers de Provence, face à la pâtisserie Roland, je les ai fait valser. Lassée de voir épinglé chaque morceau de nature que l'on croise dans les villes, jusqu'au parc de la Tête d'Or qui hors du jardin botanique, nous mâche aussi le nom des fleurs de façon si utilitaire qu'à force, tout cela finit par écoeurer. Je sens bien qu'à l'initiative pavée de bonnes intentions des municipalités qui ne songent qu'à nous instruire sur le pourquoi, le comment de la nature, par ces mouvements de je ne sais quoi, prise de conscience de l'environnement sans doute, je joue encore les rabats-joie, mais j'aime imaginer que l'arbre que je cotoie puisse porter un petit nom qui ne serait connu que de moi, et que le hêtre ne soit pas, si mon esprit en décidait pour sa convenance, ou les exigences de la rime, (la pouêtique"intrinsèque", ah ah !) ou encore, que le hêtre soit autrechose. Un orme par exemple. Un faux orme certes, juste pour moi si ça fait mon bonheur. Or si l'hêtre est déjà étiqueté, mon désir de le parer en orme s'en trouvera insatisfait, tout autant que mes ambitions de fée Clochette, aspirant à son "beau désordre" (dont Antoine de St Ex. disait, sur un tout autre thème, qu'il était "un effet de l'art").
Ainsi, allant en ville, je remarquais que plus une parcelle de nature (ou si peu) n'était désormais livrée au tout venant (c'est à dire à la nature ;-) Tout bien conçu au millimètre près pour la vitrine, et bien sûr, l'apprivoisement, y compris de nos sens (du "bon sens" des âmes citoyennes parfaitement éduquées aux joies de la nature et au tri des poubelles). Elles n'ont plus à s'abandonner désormais, ni au mystère, ni à la sauvagerie (des éléments). On s'occupera de tout. Il suffira de suivre les plans de la voie verte, de lire les étiquettes, de poser les pieds sur les dalles entre les brins d'herbes interdits, de flâner sur les esplanades au dessin quasi haussmannien pour voir la ville, le derrière calé sur un gros caillou et sous des lustres chics plus près du design Roche Bobois que du bon réverbère de la Canette (ou de la mouette). Gare à celui qui oserait ne pas s'en estimer heureux. Puisse-t-il encore aller acheter ses graines à l'Hyper-Rion de Nyol selon le fameux système D, (un système soit-disant personnel) que les cochons eux mêmes, sont en train de réinventer...
Photo: Ceci n'est pas un platane ni un hêtre. C'est un noyer. Tout au milieu des herbes folles, et du lierre proliférant. (Si le lecteur préfère y voir un peuplier, on ne vissera aucune étiquette). Un noyer (ou un peuplier, donc !) rescapé des tempêtes du Nabirosina. photographié en juillet 2009. Loin du bruit et des inventaires. © Frb
17:55 Publié dans Balades, Certains jours ..., Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
samedi, 18 juillet 2009
Le temps retrouvé
"Ce matin, nous avions précédé le peloton ..."
ALBERT LONDRES: "Les forçats de la route" (1924). Editions Arléa 1996.
Changement de décor, et rendez-vous au "paradis" via le gagnant du tour de France buissonnier 2009, (notre incontestable gagnant, couché dans l'herbe hors champ), qui brancha son ordinateur sur une corne de vache et d'abondance, pour nous poster sa vue du paradis sur terre. Le vilain monde étant derrière, nous laissons sans regret l'estivale crasse lyonnaise pour un voyage intemporel. Ne comptez pas sur nous pour vous fournir l'itinéraire ni la carte routière. "Le paradis ça se mérite (ah ! ah !), ça se mérite en pédalant et ceux qui y parviennent ne sont pas des fainéants" a dit St Pierre en offrant à notre champion (bien sympathique) les clefs de son domaine, et la carte du temps (retrouvé) tandis que Marie-Madeleine, quasi en tenue d'Eve (oh !), des bleuets plein les bras, félicitait notre géant et lui tendait en souriant une gourde d'or remplie à ras bord d'un gouleyant nectar (de paradis bien sûr) . Mais comme tout paradis (à pied, à cheval, ou à bicyclette), "est scandé sur l'impossibilité d'écrire le paradis", je cours rejoindre (sur le champ ;-) ce lieu que l'on croyait perdu. Et tâcherai jour après jour (par la grâce éternelle de l'opération du St Esprit, et de notre sacré fournisseur "Le petit boyauteur" demeurant au 36 rue de L'Aqueduc à Paris) de vous en ramener des nouvelles. A vol de bicyclette, bien sûr !
" Elle s'enfuit presque aussi vite / Que l'hirondelle dans son vol ; / Elle glisse, se précipite / Effleurant à peine le sol."
(Édouard de PERRODIL, "La bicyclette", Les Échos, L. Vanier, 1891)
Photo : "Tour de France buissonnier 2009": Le Grand Fausto sacoché et éminent professeur vélocipédiste: JB de l'Olive venu de Paris redécouvre la clef des champs. Ici son merveilleux bolide, pose juste après l'étape lyonnaise, en une contrée exquise, qui pour le rester très longtemps (exquise;-), sera gardée secrète, quasi jalousement ;-)
Ce billet est entièrement dédié au vaillant professeur, nous le remercions de nous avoir offert la preuve que le temps perdu (qui n'est pas toujours là où on l'imagine), peut tôt ou tard, se rattraper, jusqu'à toucher "Le Paradis". Splendeurs et magie de l'incroyable machine à tout remonter. photographiée on ne sait où, début juillet 2009. © Pr. JB de L'Olive.
15:12 Publié dans Balades, Ciels, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective, Tapis rouge !, Transports | Lien permanent
dimanche, 05 juillet 2009
L'échappée belle...
(Comme un dimanche au parc de la Tête d'Or à Lyon)
Pour démarrer la vidéo peut-être faut-il cliquer dessus...
Autres échappées belles (animales et humaines) :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/04/16/le...
http://solko.hautetfort.com/archive/2009/07/01/un-sur-qua...
Autre parade :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/02/05/le...
23:29 Publié dans Balades, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective, Objets sonores, Transports | Lien permanent
mardi, 30 juin 2009
La pantoufle d'hiver
Sa Marraine, qui était fée, lui dit : "Tu voudrais bien aller au bal, n'est-ce pas ?"...
CHARLES PERRAULT (1628-1703) : Extr. "Cendrillon ou la petite pantoufle de verre".
Nous retrouvons quelques années après, CENDRILLON, rue de la République à Lyon, s'apprêtant à marcher sur le coup de grâce, avec ses pantoufles d'hiver. Vous allez me dire, en plein été, quelle idée (saugrenue) de se promener avec des pantoufles d'hiver ? (et je vous répondrai qu'en effet, ça paraît bien étrange mais que ne ferait-on pas pour distraire son lecteur ?). Et puis, nous sommes dans un conte, n'est-ce pas ? Et la marraine de CENDRILLON, (la fée !) qui est immortelle, voyant les pieds de CENDRILLON gonfler, s'abîmer, (avec l'âge, les trajets pour aller au travail, tous ces escaliers à monter afin de rejoindre au donjon, son vieux mari (le Prince charmant !), la marraine fort compatissante, confectionna avec de la peau de ver luisant (nommé lampyre), une magnifique paire de pantoufles d'hiver dorées, (au fourrage intérieur 100% astrakan) pour les pieds de sa chère CENDRILLON. Mais comme avec la fée c'était toujours "donnant-donnant", les pantoufles d'hiver furent livrées à CENDRILLON à une seule condition : que CENDRILLON ne les quitte jamais et les porte chaque jour, été comme hiver. Sinon, il arriverait un grand malheur à la planète, une chose tellement épouvantable, que je ne peux la révéler ici.
Ce fût donc sous serment que Cendrillon chaussa ses pantoufles d'hiver... Aussi, s'en souvient-on, CENDRILLON était tête en l'air, et c'est bien pour tenter de corriger ce bien vilain défaut, que sa marraine (la fée), mit à l'épreuve sa filleule qui par ailleurs, aimait tout ce qui brillait (comme toute femme qui se respecte). Renoncer aux pantoufles d'hiver était bien impossible à CENDRILLON tout comme il eût été impossible naguère de renoncer d'aller au bal en pantoufles de verre. Ici je vais faire une petite halte sur ces fameuses pantoufles de verre qui perturbèrent le cours de mon enfance, parce que comme tous les enfants, je me demandais comment on pouvait arriver à marcher avec, (déjà, en 1978 sur les chaussures à talons de ma mère, mais je m'égare...). Ensuite c'est la maîtresse, melle Pugeolle, qui nous apprît que la penttouffle, pantoufle n'était pas en verre, mais en vair. Ce qui compliquait tout dans notre tête. Ce fût deux ans après que Madame Breux, nous raconta que "désolée, de contredire Melle Pugeolles (qu'elle détestait car melle Pugeolle était très belle) mais il fallait qu'on sache que Charles PERRAULT avait bien écrit "verre" n'en déplaise à BALZAC qui optait pour le vair parce qu'il était clair clerc de noterre notaire et que marcher avec des souliers en verre, dans l'esprit d'un clerc de notaire c'est une chose qui n'existe pas. (Cela dit je n'ai rien contre les clerc de notaires, bien au contraire j'en rafole).
On tenta donc de négocier des pantoufles en laine de verre (avec un petit peu de poil à gratter dedans), mais madame Breux, (qui manquait cruellement d'humour) nous fît copier 100 fois, "Je dois le respect à Cendrillon". La vérité : c'est qu'on était très contrarié, le vair c'était la fourrure de Bouly notre écureuil préféré, la star du parc de la Tordette, dont nous adorions gratter le dos gris et chatouiller le ventre blanc, alors massacrer notre Bouly pour faire des escarpins à une princesse qu'on ne connaissait même pas, ça nous mettait le coeur à l'envers. De toute façon question pratique, la pantoufle de vair fourrée tout écureuil est surement plus pratique qu'une pantoufle en verre (essayez de faire marcher vos enfants, (ou vos amis) en leur mettant aux pieds des verres à moutarde adaptés et vous verrez bien le résultat) mais quand même, admettons... Il suffirait d'un seul prodige. Un seul exceptionnel. Un ou une CENDRILLON...
Que les rationnalistes du XIXem siècle aient changé l'inconfortable pantoufle de verre contre la pantoufle de vair plus praticable, on peut comprendre, pourtant une autre question se pose : était-ce bien élégant de se rendre au bal avec des chaussons en fourrure ? Pour le pied léger, délicat de la belle Cendrillon seule une pantoufle en verre pouvait convenir et puis Charles PERRAULT était conteur, pas vendeur chez Myris (le poète grec). Enfin voilà quoi, je pourrais vous parler des frères Grimm, ou de ces contes écossais, irlandais où l'on retrouve des chaussures en cristal sans parler de ces chevaliers, où le héros peut aller de par le monde dans des chaussures en fer !!! (Il n'y en plus des comme ça, ma bonne dame, tout fout le camp).
Voilà c'est l'heure, les petits enfants. Le marchand de sable va pas tarder. Wiki (l'hérudit térisson) me souffle un truc à l'oreille on dirait même du patois de Vaise, mais c'est de l'occitan celui dont les conteurs se servaient comme conclusion, un petit épilogue disons, en vers :
"Cric-crac ! Mon conte es acabat / Abió un escloupoun de veire / Se l'abio pas trincat / Aro lou vous farió veser"
. (Cric-crac, mon conte est achevé / J'avais un petit sabot de verre / Si je ne l'avais pas brisé / Je vous le ferais voir.)
Quant à notre CENDRILLON aux pantoufles d'hiver, je l'ai rattrapée de justesse elle voulait essayer des bas. Je lui ai dit : "mais tu te rends compte CENDRILLON ? Si t'enlèves tes pantoufles d'hiver, de ce qui arrivera à la planète ? Elle m'a juste dit: "Ah ben ! heureusement que t'es là ! j'avais oublié mon serment" et puis elle est repartie, à petits pas, (à une vitesse d'environ 299 792 458 m/s) en direction de Jupiter.
Photo: Filature discrète rue de la République (on dit la "ré"). Juste là où ça brille. Lyon, à la fin du printemps 2009. © Frb
04:07 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
lundi, 29 juin 2009
La pantoufle d'été
"On ne peut poser les pieds sur le sol tant qu'on n'a pas touché le ciel"
PAUL AUSTER. Extr. "Moon Palace". Editions: le livre de poche. 1995.
Et pourtant y'en a qui se gênent pas, je veux dire que le souci du ciel en été, pour nous, humains pas surdoués, s'arrête à la question : "est ce qu'il fera beau demain ?". Et la pythie, Evelyne DHELIA, (adorable!), arrive avec son rouge à lèvres nacré et son sourire qui ne vieillit pas, + 50 soleils numériques étalés sur la carte de France, parfois dotés eux mêmes d'un autre grand sourire comme ceux des smiles de nos machines à bredins. Alors on peut suivre le bras d'Evelyne qui va et vient d'Est en Ouest, du Sud au Nord, sur cet hexagone animé par de gros ronds jaunes pétants d'une santé exubérante et de promesses (affreuses), de bonheur ! (quelle horreur), qu'on nous annonce pour toute la semaine. Du soleil mes amis ! 31° à Paris, (Evelyne sourit un brin), 35° à Nîmes ! (Evelyne en vacille pudiquement avant de nous livrer la cerise, l'inattendu, "notre" cadeau) : 37° à Lyon !!! (Evelyne radieuse, minaude, expose sa conclusion en un savant déhanché rythmé avec la jupe, dont elle seule a le secret). Et c'est ainsi qu'on nous invite à toucher le ciel.
C'est là aussi, en filature rapprochée (de la tong), toujours rue de la République à Lyon, que je croisai Paul AUSTER avec sa belle gueule d'enterrement, (dans ma bouche c'est un compliment). "Toucher le ciel" qu'il écrivait...
Je trottais donc, derrière les souliers hors saison de l'écrivain, une paire sombre, en cuir noir, aux contreforts doublés vachette. (Puisse le lecteur me pardonner cette digression, d'un court instant, je sais qu'Evelyne DHELIAT c'est très interessant mais Paul AUSTER, il a sorti un livre quand même... !). Donc Paul AUSTER laissa tomber (incidemment), non, pas Evelyne DHELIAT ! (suivez un peu !), mais ce fameux livre que je ramassais aussitôt, à cause du titre très beau, un vrai titre d'hiver. Rien qu'à le lire, on grelottait : "Seul dans le noir" que ça s'appellait. On pourrait croire à première vue, que ce serait l'histoire d'un petit garçon qui va se coucher la nuit avec un couteau de cuisine caché dans sa culotte de pyjama... Mais pas du tout. Du no tong certes, tout en no bermuda. De quoi s'extraire discrètement des flots palavassiens pour aller boire un bouillon substantiel, là bas, en Amérique :
"Owen Brick se réveille un matin dans un trou, un cercle parfait profond de trois mètres environ. Des parois lisses, dures comme la pierre... Une tombe ouverte dont on ne peut s'extraire"...
Voilà qui nous rapproche un peu de la vie sur terre et son pralin d'humanité, (jamais très loin du ciel en vérité)... Du coup on ne sait plus trop où est le vrai ciel. Mais ce n'est pas ce que vous croyez, pas tout à fait... Je veux dire que le livre de Paul AUSTER, ce n'est pas "la Métamorphose, le retour II", bien que KAFKA ne soit pas si étranger à AUSTER, (nous reviendrons peut-être sur ce sujet, un certain jour) :
"En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte. Il était sur le dos, un dos aussi dur qu'une carapace, et, en relevant un peu la tête, il vit, bombé, brun, cloisonné par des arceaux plus rigides, son abdomen sur le haut duquel la couverture, prête à glisser tout à fait, ne tenait plus qu'à peine."
Vous voilà donc bien renseignés quant à "seul dans le noir". (Je ne peux pas vous en dire plus, vu que je n'ai lu que le titre ah ! ah !), "j'ai parcouru ce livre" comme ils disent à la télé, et l'on imagine bien d'ici le bon lecteur sur ses deux radeaux plastifiés marcher entre les lignes, enjamber les chapitres, et vaciller dans le courant en cherchant à tâtons la poire de la lampe de chevet). Si ce grand vide, cet aveu d'ignorance vous chagrinait vraiment, je peux être intarissable comme tout le monde, (disons, pas mal de gens), voire dindonner, en veux-tu, en-voilà, sur tout un tas de sujets dont je n'ai entendu parler qu'une fois à la télé ... Mais "Seul dans le noir", comme toute oeuvre de Paul AUSTER, même lue, relue, analysée, me paraîtrait de toute façon bien impossible à résumer.
Comme le dit courtoisement Monsieur AUSTER, au cours d'un entretien à propos de son livre :
"Mais le livre lui même (...) y'a beaucoup de choses là dedans".
Allez donc ouïr cet entretien, au lieu de me lire bêtement. (Avertissement, soyez patient, il faut subir une indigeste pub avant, mais c'est le prix à payer hélas ! pour entendre par la suite des choses graves et intelligentes) :
http://www.dailymotion.com/video/x82mgl_paul-auster-sur-r...
Pendant ce temps là, à quelques heures de mon pays, je vois près du bar "Les flots bleus", des vacanciers assis dans leurs serviettes éponge, chauds comme des bonobos. Ils ont déballé fébrilement, sur 2m² de sable fin, le tupperware, la glacière, l'huile solaire, les mots flêchés.
Plus loin sous le parasol, un oxymore : un peu de sang humain s'enfonce doucement dans le sable. C'est comme ça, qu'on touche le ciel, ici bas.
Le soleil brille. Un frisbie vole au dessus de nos têtes. Le sable est couleur chair. Quelqu'un me dit que ça pourrait ne pas être un frisbie... Qui croire ?
Ici, à Lyon les rêvetements de sol s'épuisent sous des petits pas spongieux (schplock schplock schplock), l'orteil gros, bien à l'aise, un pied pose une large semelle en osmose avec l'univers. Monsieur Paul m'a semée rue Terme exactement. Je me glisse dans le pas japonais d'une tong ambidextre. Devant moi la personne dont je ne connaitrais jamais le visage, semble soudain n'avoir ni pied gauche ni pied droit. Et c'est comme si, imperceptiblement l'univers tout entier penchait. Jusqu'à en perdre l'équilibre.
Photo : Filature rapprochée rue de la République. Les pantoufles d'été (dites encore "strings d'été"), étendent leur règne de plastique et de pvc. En attendant demain, l'été prochain, on voudra tous avoir les CROCS ! (Merci la Bacchante !). Comme quoi ! Le monde peut encore être mille fois plus laid. Il suffit d'un peu d'imagination... Enfin, déjà, des tongs rue la Ré, c'est bien laid. Mais on dirait que plus c'est laid, plus ça marche (si j'ose dire). Vu à Lyon, au début de l'été 2009. © Frb.
01:13 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
jeudi, 25 juin 2009
Se perdre
"Voici ce que j'ai constaté d'autre: les uns aux autres nous ne trouvons plus rien à nous dire. Pour s'agréger chacun doit exagérer sa médiocrité: on fouille ses poches et l'on en tire à contrecoeur la petite monnaie du bavardage: ce qu'on a lu dans le journal, des images que la télévision a montrées, un film que l'on a vu, des marchandises récentes dont on a entendu parler, toutes sortes de ragots de petite société, de révélations divulguées pour que nous ayons sujet à conversation; et encore ces insignifiances sont à la condition d'un fond musical excitant, comme si le moindre silence devait découvrir le vide qu'il y a entre nous, la déconcertante évidence que nous n'avons rien à nous dire; et c'est exact."
BAUDOUIN DE BODINAT. Extr "La vie sur terre". Editions, Encyclopédie des nuisances. 1996.
Nous poursuivons "La vie sur terre", deuxième volet de cet ouvrage au style rarissime de Baudouin de BODINAT que j'ai découvert récemment, et l'été si exubérant en platitudes et autres frimes, aux terrasses des cafés, ne peut qu'inspirer cette sorte d'hibernation, dans la lecture dirai-je, de ces pages lumineuses à force de regarder les ombres pour ce qu'elles sont. Je lus d'abord de BODINAT, à l'ombre, dans une de ces tavernes chauffée à bloc par ces jours qui n'en finissent pas, tandis que mon oreille traînait à saisir à cette table jouxtant la mienne, les élucubrations culturelles d'un dindon entouré de jeunes filles à la fois belles et ordinaires. Je vous reparlerai du dindon qui ne loupa pas un sujet de "bonne" conversation et se sachant écouté, remonta le volume d'un ton pour parler à la fois de MONTAIGNE, d'ANTICHRIST, et de MICHAEL, sans oublier PINA et le neveu du président, le tout ponctué d'un rire bête et chantant. Donc, nous le retrouverons ce dindon, (un jour), qui laissait dépasser de la poche militaire d'une saharienne à la fois chic et déglinguée, un exemplaire du Monde plié en quatre.
Le Monde plié en quatre... Cétait bien ça.
Il n'y avait plus qu'une chose à faire, partir d'ici et loin. Mais quelle autre destination à part la terre ? A Perrache, comme je n'ai pas l'âme meilleure que ce dindon (contrairement à ce que je voudrais faire croire), j'ai voulu photographier quelques bougres qui se battaient pour David Guetta enfin je veux dire un CD de David Guetta volé à Virgin Megastore. Un vigile est venu me dire que si je prenais des photos à cet endroit, il me saisirait l'appareil. ("La vie sur terre" ?). Je lui ai répondu "mais de quel droit ?", il m'a emmenée devant un panneau placardé dans le centre (on dit "stratégique") de la gare, et m'a montré l'affiche où il est bien noté en lettres microscopiques, que je n'avais pas le droit de prendre en photo ce lieu-là. J'ai laissé partir le vigile. Je me suis penchée contre la rambarde pour regarder d'en haut passer les gens qui descendaient prendre le métro. ("La vie sous terre"?) J'ai vu passer un homme avec le Monde sous son bras. Et j'ai pris la photo quand même.
Le monde sous son bras. Ah ah !
La vie sous terre, La vie sur terre. Et, déconcertante, l'évidence...
Histoire à suivre ...
Nota: Ce blog étant antidaté toutes les incohérences dûes à des faits n'ayant pas encore existé sont considérées comme normales, d'autant que rien ne nous interdit, pour l'heure de les anticiper.
Photo: Du hall commercial précédant la grande allée menant à la gare de Perrache. L'espace où l'on va prendre métros et bus vu d'en haut, à la manière d'une caméra de vidéosurveillance. Lyon Juin 2009.© Frb
21:37 Publié dans A tribute to, De visu, Impromptus, Le monde en marche, Le nouveau Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mercredi, 24 juin 2009
Déclinaison
"J'éprouve maintenant, que je suis variable..."
On dirait que le jour décline et que déjà les murs absorbent le poison qui est en nous...
Certains murs ne disent rien. Rien qui ne se décline, n'absorbent rien du tout. Et je crois que c'est pire.
Photo: Fragmentation d'un graff. Le graff entier et sa belle injonction se dévoileront pourtant dans un monde aux volets tristement fermés. Pour connaître les fins maux de la petite l'histoire : cliquez ICI.
Vu quelquepart sur le plateau de la Croix-Rousse à Lyon, en Juin 2009. © Frb
17:57 Publié dans Art contemporain sauvage, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
samedi, 20 juin 2009
La gravité et son accélération
L'oiseau vogueur dit "Colibri" aux prises avec les forces ennemies (Ou des dangers du "pot au noir" vus et revisités par Hozan Kebo).
Imaginez deux personnes qui se trouvent enfermées dans deux cabines identiques, l'une à la surface de la Terre, l'autre dans l'espace, accrochée à une fusée en pleine accélération. Ces deux observateurs se livrent alors à une petite expérience : ils lâchent une pomme. Le premier voit simplement sa pomme tomber, donc accélérer, sous l'effet de la gravité. Mais que se passe-t-il dans la deuxième cabine ?
Ca c'est pour "la gravité et son accélération".
Imaginez maintenant qu'on fasse l'expérience similaire avec un colibri lâché dans l'espace au hameau dit le "pot au noir" ...
Que se passera t-il au ciel ? ... Et sur terre ???
Or, le colibri d'Hozan K. n'ayant aucune idée de la réponse sombrera un instant dans un mouvement de panique, surtout quand il s'apercevra qu'une des personnes de la cabine n'a pas lâché que des pommes...
Et que peut-être, il ne s'agit pas seulement de cela. Et, que peut-être une escadrille de moineaux terroristes ...
Par conséquent si les secours n'arrivent pas très vite, il y a fort à craindre. Un ravage, une catastrophe. Enfin, l'imaginer, je n'ose. Quand on sait de quoi sont capable les moineaux dans la zone dite du "pot au noir", moi je dis qu'il faut se méfier de l'eau qui dort et redouter que le mistral ne se lève pas à l'ouest... Auquel cas, le sort même de l'humanité en serait jeté.
Mais vous n'êtes pas obligés de me croire bien sûr.
Photo: Renfort, tentative de sauvetage par le colibri (Tango fox). intervention de la dernière chance réalisée par le commandant Hozan Kebo, et sa patrouille héroïque d'oiseleurs. Juin 2009. (HK/LR)
17:11 Publié dans Art contemporain sauvage, Balades, Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective, Tapis rouge ! | Lien permanent
Antimatière
Le poteau noir *
Nous sommes depuis plusieurs jours déjà dans la région
du poteau
Je sais bien que l’on écrit depuis toujours le pot au noir
Mais ici à bord on dit le poteau.
Le poteau est un poteau noir au milieu de l’océan où
tous les bateaux s’arrêtent histoire de mettre
une lettre à la poste
Le poteau est un poteau noir enduit de goudron où l’on
attachait autrefois les matelots punis de corde ou de
schlague
Le poteau est un poteau noir contre lequel vient se frotter le chat à neuf queues.
Assurément quand l’orage est sur vous on est comme dans
un pot de noir
Mais quand l’orage se forme on voit une barre noire
dans le ciel et cette barre noircît s’avance, menace et
dame le matelot le matelot qui n’a pas la conscience
tranquille pense au pot au noir
D’ailleurs même si j’ai tort j’écrirai le poteau noir et
non le pot au noir car j’aime le parler populaire et
rien ne me prouve que ce terme n’est pas en train de muer ...
Tous les hommes du Formose donnent raison à CENDRARS qui dans "sa feuille de route" partie du rapide de 19H40, explore "le coeur du Monde" en 1924.
Bien sûr c'était avant la catastrophe. Et puis c'était avant qu'on zappe un peu la catastrophe à cause de Michaël JACKSON, "le roi de la pop", dont nous ne sommes pas censés connaître la mort puisque ce billet datant du 20 Juin 2009 ne nous permet pas de communiquer des faits qui ne sont pas encore arrivés. Mais ce que notre Blaise ne nous dit pas (et que nous sommes bien obligés de constater), c'est que si l'on fixe longtemps le pot au noir, on peut lire l'avenir sans grande marge d'erreur. Vous n'avez qu'à tester. Encore faut il y croire très fort. Mais je ne pense pas qu'au regard d'une telle évidence, nos lecteurs aient l'outrecuidance d'en douter...
* "Le poteau noir" par BLAISE CENDRARS in "Feuilles de routes", (le Formose), extrait de "Au coeur du monde" (poésies complètes 1924-1929). Editions Denoël 1947.
Photo: Le poteau noir (et ses métamorphoses) dans la boîte noire. A la périphérie de quelquechose très difficile à situer sur la mappemonde. Juin 2009. ©
07:15 Publié dans A tribute to, Actualité, Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
vendredi, 19 juin 2009
Table des matières
La nuit s’avance
Le jour commence à poindre
Une fenêtre s’ouvre
Un homme se penche au dehors en fredonnant
Il est en bras de chemise et regarde de par le monde
Le vent murmure doucement comme une tête bourdonnante.
BLAISE CENDRARS, "Debout" in "Au coeur du monde". Editions Denoël 1947.
Je l'ai croisé au moment de partir, dans le hall de l'immeuble. "Ah bonjour, tu t'en vas ?", il m'a dit. "Ben euh... J'allais partir". Que j'y ai répondu. Il regarde mon vélo, ça fera bien 50 ans (oui, certes, j'affabule un brin), que mon vélo est garé là, dans l'entrée, sous son nez, presque 50 ans qu'il me dit "T'as encore un nouveau vélo ! Il est vraiment beau celui là !". Il est comme ça Lien DEZO, sur chaque chose, un regard neuf. Puis il me propose de passer cinq minutes. Je lui réponds - Bon alors oui,, mais juste 5mn pas plus". C'est convenu depuis toujours, assez tacitement entre nous, que 5mn dans cet espace-temps bien à nous, ça veut dire beaucoup d'heures... La porte s'ouvre sur une vingtaine de toiles. (beaucoup plus en réalité si l'on compte celles qui ne sont pas exposées au mur, (plus les 4 ou 5 en cours sur les chevalets). "Tu te remets au figuratif ?", (Je demande avec cet air bêta de la greluche lambda, qui veut faire l'érudite) - "Oh non, je m'amuse !" réponds DEZO plus absorbé par la couleur de son ragoût de mouton qui mijote entre les patates au fond de sa cocotte. Il dit : "T'as vu, je me suis acheté une cocotte". "Pas mal !" je dis. Au fond de l'atelier (une ancienne quincaillerie) le visage inquiétant d'un doux Christ aux yeux bleus, nous enveloppe de bontés bizarres. DEZO lève le couvercle de sa cocotte, il remue soigneusement avec la grosse cuillère en bois. Il allume une petite lampe. -"C'est presque cuit là! Regarde la couleur ! comme c'est beau ! C'est beau non ? ". Nous nous penchons tous deux au dessus de la cocotte, la viande est juste cuivrée, opulente, baignant, dans son jus. De la cocotte monte un mélange d'épices, de caramel. Les patates sont colori miel. Le fumet nous prend lentement (presque par les sentiments, oserais-je dire) ... Et nous restons penchés longtemps, très longtemps, les yeux fixés sur le ragoût. En état de béatitude. Une image qui vaut bien la mystérieuse et complexe lamproie dans "La fleur du mal" de CHABROL).
J'ai compris il y a peu que DEZO fait sans doute la cuisine beaucoup pour la couleur, (même si ses saveurs amoureusement concoctées sont souvent extraordinaires) mais, les alliages et autres liants, vraiment, c'est son bonheur. Et peut-être fait-il un petit peu la peinture pour l'odeur
(Peinture à l'huile, cuisine au beurre ?) ...
Plus tard, très tard, nous retournons dans l'atelier... "Je peux prendre des photos ?" -"Mais oui, bien sûr !" il me répond. Et je rajoute -" Mais je ne prends pas des photos des tableaux ! hein ! pas question !" Pas besoin d'expliquer. DEZO il sait pourquoi. Prendre des photos de tableaux, ce serait un peu comme lui extorquer quelquechose, arracher tôt de la toile le secret d'un travail en cours. Et peut-être même que ça porterait malheur au tableau. Bref, ce serait un sacrilège, au sens indien. Dezo est un artiste, artiste de la couleur, un "visuel" comme ils disent, mais il me semble qu'il se méfie au moins autant que moi des images, du moins, de ces images qui montrent trop. Des images, ces prédatrices...
Je prends quand même plein de photos : sa cafetière, son chapeau, les pots en vrac, et soudain je m'inquiète:
- Qu'as tu fait de ta table ?, t'as pas jeté ta table j'espère ?" DEZO semble sourire dedans, et levant un pan de rideau me dit "Bien sûr que non ! regarde ! ma table, elle est là !".
Nous nous approchons de l'objet. Table sculptée en monceaux de couleurs. Palette divine, inachevée, toujours changeante, sublime à force de d'accumulation toutes périodes confondues. Une merveille. Et d'un tout autre jus.
mais déjà, le peintre a la truffe ailleurs. Son ragoût. A quelques mètres de "la table", dans l'autre pièce. DEZO procède au salage, poivrage. il me dit "Tu restes manger, c'est prêt." Puis il retrousse ses manches en fredonnant...
"Elle est là et c'est prêt" : Oyez, bonnes gens, la beauté des deux phrases miraculeusement accolées. Plus puissantes, il me semble que le standard du père Descartes. Le "Je pense donc je suis" balayé par le "Elle est là et c'est prêt" de LIEN DEZO.
Une pensée balayée par une table... On aura tout vu !
Je remercie Lien DEZO d'avoir eu la gentillesse de m'accueillir en son atelier, me laissant photographier sa table, son chapeau, ses palettes + quelques tubes et pinceaux. Puisse-til me pardonner les petits arrangements romanesques (ce blog ne dit pas tout à fait, exactement la vérité, il n'a jamais trop caché qu'il s'autorisait les mensonges (esthétiques bien sûr !) et c'est bien là, le paradoxe, car s'il avoue qu'il ment c'est bien qu'il dit la vérité bref). Les dialogues avec Lien DEZO n'ont pas été exactement les mêmes, le ragoût pas vraiment celui là, mais peu importe puisque la table est la même, elle, et la cuisine du peintre, presque la même, toujours exquise comme sa peinture. J'espère que l'artiste et nos lecteurs s'y retrouveront quand même... )
Nota: Comme notre ami TANYGU, je rédige ce blog parfois dans les tavernes, (ce billet, justement est un billet de la taverne). Si notre lecteur (exigeant) trouvait au passage quelques fautes, coquilles ou autres syntaxes aberrantes, j'en serai bien désolée, mais c'est parce que la taverne ferme et que je n'ai point eu le temps de relire, j'assure cependant qu'une correction et ajoûts de liens viendront ultérieurement assurer le confort de tous et de toutes. Merci par avanlce pur voitr induljansse...
Photo : Table des Matières. Ou, table (in progress). Photographiée chez le peintre Lien DEZO, dans son atelier aux très proches environs de Lyon. A la toute fin de l'hiver 2009. © Frb.
23:56 Publié dans A tribute to, Art contemporain sauvage, Arts visuels, De visu, Impromptus, Mémoire collective | Lien permanent
mercredi, 17 juin 2009
Repeindre la planète en bleu
Comme un mercredi
Quand je fais le poirier (d'une main) sur ma corde à linge, je peux voir le ciel (où je m'élance toujours de ma corde à linge, jusqu'en haut). Une fois dans le ciel, je vois la planète (Tout est relatif, "tout est dans tout", donc je ne me cogne pas la tête) je vois, du moins, j'aperçois, le morceau de la planète (situé à peu près à midi -à ma porte- sur le méridien de Greenwich) que j'ai commencé à repeindre en bleu (pas le méridien, ma porte !). C'est vrai, pourquoi on s'amuserait à sauver la planète au prix de sacrifices et de procédés assez douteux, alors qu'en s'y mettant tous un petit peu chaque jour (chacun repeignant en bleu son pas de porte), on pourrait avoir une planète toute neuve, toute fraîche, toute bleue ? Et ni vu ni connu ! moi je dis toujours... (Pardon, mais j'ai piqué la citation à un "ami" très cher, qui est aussi un grand monsieur, - pouf pouf - desfois qu'il m'obtiendrait un ministère), bon... Et cet ami, il dit toujours que "quand on veut, on peut", (grosso modo). Par conséquent, si la planète veut se laisser repeindre en bleu, la planète peut. Parce que là, elle n'est plus tout à fait présentable. Je vous conseille de jeter un oeil sur le site de CHRIS JORDAN vous trouverez bien tout seuls comment y naviguer afin d'y contempler nos tas : ces montagnes de portables usagés et ces carcasses d'autos à l'empilage euffraxement arty etc... etc... Et je me disais, que si un jour les ELOHIMS revenaient sur terre pour chercher "les élus" juste avant la fin du monde ( "les élus" c'est à dire vous et moi, surtout les lecteurs de ce blog, envoyez vos dons !). On aura pas l'air fins avec nos bitumes noirs, nos trottoirs gris, tandis que déjà si tous les pas de portes sont bleus, et toutes les maisons bleues...
Ah oui. "La maison bleue" faites moi penser. Il faudra que je vous en parle un jour, (un certain jour), à tête reposée.
Photo : Mon pas de porte, tout simplement. Repeint avec Amour et beaucoup de Bleu de KLEIN. On peut, si on veut, se faire donner un coup de main par les "Frères RIPOULAIN" des bricolos sympas qui ne connaissent pas les Elohims (pas encore ;-), ça ira aussi vite et ce sera bien comme ça aussi. Lyon, Juin 2009. ©Frb
05:21 Publié dans Art contemporain sauvage, Arts visuels, Certains jours ..., De visu, Impromptus, Le nouveau Monde, Mémoire collective, ô les murs ! | Lien permanent
lundi, 15 juin 2009
Ou finalement ça ...
Le plan d'une ville bluesée ( par HOZAN KEBO, coloriste)
"Victoire du Blues par K.O."
La couleur prend le son... De dessous les pavés, monte la sueur du blues.
VERA HALL : "Natural blues" / ("Trouble so hard")
Photo : "Sound and vision". Radicale Hozanisation du plan de St Jean. Juin 2009. Conception : (HK/ LR).
jeudi, 11 juin 2009
Fluidités (I)
Tu es seul le matin va venir
Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues
La nuit s'éloigne ainsi qu'une belle Métive
C'est Ferdine la fausse ou Léa l'attentive
Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie
GUILLAUME APOLLINAIRE (1880 -1918)
Extr : "Zone" in Alcools. Edition Gallimard 1913.
Quand le soleil ouvre à St Georges, le fleuve déforme l'aube. Si l'on se fie aux couleurs, c'est un soir de juillet. Presque au dessus, sur la passerelle il y a des gens. Ceux qui se grisent encore de leurs victoires de boîtes de nuit. Ceux qui braillent en donnant des coups de pieds aux canettes, des slogans sans objet du genre : "on a gagné !" ou "on est les champions !". Les champions de quoi ? Ils triturent l'onomatopée sur des airs de tubes démodés : "Born to be alive", "Où sont les femmes ?"... Les voix s'éraillent. Et puis s'éloignent.
Il n'y a plus de laitiers.
Sur le quai parallèle commence la ronde. Des autos lentement passent du rouge au vert, qu'en sais je ? De loin toutes pareilles. J'entends le pas d'une femme qui marche sur des talons hauts. (Au son, on pourrait quasi les mesurer, ces talons... Au moins 5 cm). Si je lève la tête, je m'aperçois qu'elle est suivie par d'autres gens, allant du même pas. De loin très cadencés. Ils vont tous au boulot, c'est comme un défilé.
Les berges sont désertes. L'eau de vie abonde. Sur la pierre je peux lire la carte de la terre. Il est 7H00. J'attends les mouettes.
Hier, ailleurs : La voix de son maître.
Des fleuves visiter. La Saône vue en automne d'un peu plus loin :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/10/19/co...
Le Rhône impétueux, sous les nuages de Juin, l'année dernière :
http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/06/17/fl...
Photo: Berges de la Saône, côté rive droite quartier St Georges, au pied de la colline on l'on prie. Extrait des fluidités du monde vue de près à Lyon en Juin 2009. Frb©
04:51 Publié dans A tribute to, Balades, De visu, Impromptus, Le vieux Monde, Mémoire collective | Lien permanent
mercredi, 10 juin 2009
Eloge de la fuite 1
J’ai ardemment souhaité partir
Loin des sifflements du monde usé
Et du cri incessant des vieilles terreurs,
Plus terribles à mesure que le jour
Passe la colline et plonge dans la mer profonde.
J’ai ardemment souhaité partir
Loin de la répétition des saluts
Car il y a des âmes dans l’air
Et des échos d’âme sur ma page
Et le tonnerre des appels et des notes ...
DYLAN THOMAS (1914-1953). Extr : "J’ai ardemment souhaité partir" in "Vingt-cinq poèmes" (1936).
Carnet du mercredi 10/06/2009 :
J'ai ardemment souhaité partir. J'ai pris un train. Et voici que déjà, il me faut revenir, là où le décor ne tient plus en haleine. Comme si de ce décor j'avais maintenant fait le tour et qu'il me fallait tout de suite sans regret, m'en séparer. Avec cette impression que de cette décision, une vie entière pourrait dépendre, qu'il y aurait, même, en partant le plus loin possible, de belles choses à retrouver. Un peu comme en Amour, quand on sait qu'on a fait le tour et qu'il ne dépend pas de l'autre de modifier quoi que ce soit dans sa façon d'aimer. J'ai ardemment souhaité partir voilà que je reviens. des "Echos d'âme sur ma page", des fourmis dans le corps entier...
Photo : Entre deux. Intervalle sans lieu-dit. Certains parlent du "milieu de nulle part" vu derrière la vitre d'un TER en direction de Lyon cité caniculaire. Juin 2009 © Frb
19:47 Publié dans Balades, Certains jours ..., Ciels, De visu, Impromptus, Mémoire collective, Transports | Lien permanent