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samedi, 08 octobre 2011

Durs de la feuille

Se peut-il que tout soit fini ! je n'ai pas encore vécu cinq fois huit années, il me semble que je suis née d'hier et déjà voici qu'il faut dire, on ne m'aimera plus.

PIERRE LOUŸS, extr. "Les chansons de Bilitis", éditions Albin Michel, 1962.

Si vous avez loupé le début vous devez cliquer dans l'image (et rebelote !) ...dur de la feuille.jpg

 

LUI : - Ecoute, poupée, j'ai envie de changer d'atmosphère, de toute façon je ne te mérite pas. Je crois qu'il vaut mieux qu'on arrête.

ELLE : -  Oh non ! Chouchou ! mais pourquoi ? Après toutes ces années... Ne suis-je donc plus rien pour toi ? Tu m'aimes plus ?... (Sniff sniff  bouhhhh ! sniff ! bouhhhh sniff  bouhhhhh !!!...)

 

Rewind:

 

 

 

Bonus / Malus :

Question du lecteur :

- Et après ?

Réponse de la dame du courrier du coeur :

Après faut aller là ↓

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/02/12/da...

Question du lecteur :

- Et après ? ...

Réponse de l'assistante sociale:

-  Après, faut aller là  ↓

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/05/28/ap...

Question du lecteur :

- Et après ? ...

Réponse (et avis) du psy:

- Après ? Surtout rester soi-même ! ne jamais perdre espoir (c'est mon conseil !) il faut sortir, s'amuser, voir des gens, s'ouvrir aux autres, faire de la gymnastique, jusqu'au jour où ...  ↓

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2008/05/23/re...

Question du lecteur :

- Et après ? ...

Réponse de la modératrice :

- Allons ! allons ! pas si vite les amis ! pas si vite ! ...

(A SUIVRE)...

 

Photo Drame de la vie conjugale photographié (en douce), sur le cours de l'Emile, un jour d'Octobre de cette année là.

© Frb 2011.

samedi, 20 novembre 2010

November (Version poétique)

Petite balade sentimentale et sensuelle à travers le champ lexical des poésies de Paul Verlaine aux doux titres de "Chair", "Chanson pour elle" et "Parallèllement"...

Les personnes terre à terre s'y retrouveront plus sûrement en cliquant sur l'image.autiste.JPG

Amour, diable, ange, impitoyable, méchant, redoutable, loup, beaucoup, hou ! hou !, cou,  roucoulant, métamorphoses, lèvres, rouges, moues, finir, blanche, lys, blonde, perfide, onde, vide, beaux, sein, braise, fortune, foutaise, lune, fraise, châtaine, chose,  turlutaine, ébène, femme, reine, toi, moi, brûlant, moqueur, mignon, Styx, vainqueur, chevelure, longue, encolure, repas, lèvres, ivresses, diaboliques, multiples, rallier, seul, fatigué, paraître, fol, arc, parc, cibles, rosâtres, flocon, trahir, secret, blâmer, roi, photographie, sage, libertin, fredaine, crime, nom de Dieu !, galopine, vrille, ce jourd'huy, soixante treize, ardent, appât, appétent, fressure, tête, émouvante, outre vit, lascif, muscles, amusante, zut !, bergère, saccager, peluche, solitaire, dormir, maligne, délétère, se taire, coi, paix, pourquoi ?, question, pleine, plaise, jeux, Waterloo, Paris, énerve, tableau, joie, faveur, tromper, ta proie, reprochée, grande maîtresse, j'adore, coeur amoureux, papefiguière, à l'encontre, mieux, grâce, harmonie, mol, aboutissant, venelles, richement, ondoie, incessamment, frisotté, copeaux, abîmé, béant, peur, entrée, danse, variation, caverne, fraude, hic et nunc, divine, dépit, outre, parbleu, possible, plume, plaindre, mourir, tocs tocs, tics tacs, trac, mon Dieu, ennui, entrailles, braves, graves, pleurer, cadavres, vive, pire, navre, estropié, roué, coups de poing, dégoût, hormis, fog, fade, clair, Leicester, Londres, square, savoureux, hagard, retenir, elle, m'aime, vertueuse, possède,  intelligents, indulgents, seize ans, vingt ans, corsage, clabaudant, si ça te plaît, accessible, valet, soufflet, proverbes, alentour, caresses, le soir, définitif, seul témoin, te baise, embrasse, aime moi !, sans toi, gueux, doigts, sous-sols, royaume, gaîté, à nos nuits, tes bras, vaillance, vin, science, gonfler, qu'importe ! pardon, je t'étreins, zut au monde, jaser, te fuir, poète, derniers jours, poudre d'escampette, nigaud, un quart d'heure, mendigot, autans, grosse bête, en dépit de tout, factice, qui supplie, crocs blancs, désir fou, tu pardonnas, aimons !, exprès, simplicité, flûte, basse, pièges, desseins, alarmes, champignon, cerfs, lestes, je fais l'âne, la défense, les us d'été, le frisson, pelotonne, morose, dormons !, corps et âmes, jamais, ta façon, ivoirine, perverse, ma chair, ma parole, nom d'un chien !, madame, on profite, éterniser, bécots, biaiser, insomnie, bénie, consoler,  terrible, chérie, esprit, lutter, luth, bien se faire, m'amante, tu bois, hideux , honteux, soumis, tigresse, cochon, cabochon, en sus, fainéantise, obstination, humeur de dogue, baisons nous, désordres, coeur infidèle,  voilette, mes cieux, la tournure, caricature, somptueux, robe, cache, charmes, cher délice, mollets, autel, obstacle, soir et matin, armure, ad hoc, blancs, gras, tout nus, vêtement, mode, cambrés, parfums, sa croupe, plis de batiste, bousculer, à côté, humble, hiver, défavorable, réchauffâmes,  campagne, glacés, intruse, opulence, crois-moi, gueuserie, tu te piques, hypocrite, duperie, moineaux, vertement, soyons scandaleux, sinon, cyniques, oubli, veux-tu ?, lanterne, Sauterne, vieux coeur, au feu, tout flamme, sacré, galbe, souvenirs, collège, tes hanches, mangeurs, marc de café, grands jeux, grands yeux, jours néfastes, heures bleues, nuits blanches, tu cherches, c'est rigolo, deux seins, bredouille, sottement, infructueuse, mille poses, tas de choses, bouche pleine, val ou plaine, élasticité, haleine, âge d'homme,  criarde, criard, révoltant, un peu, aveu, coureur, encore,  nos instants, exquis, confiants, coquins, mesquins, la femme, l'idéal, à genoux, tyrannique, satanique, cocodette, flemmes, gamine, dégoise, petite oye, grammaire, mettres, oreille, loisible, fâcheux,  antique, roi déchu, fleuve lent, faune, somnolent, naïade,  galant, suranné, opéra, destinée, hirondelles, cheveux de jais, peignoirs, asphodèles, lune, émotion, moite, couple, balcon, sombre, mélodrames,  ambre, or blond, valses, innocence, mousseline, lueur, opaline, mollement, rieuse, argentine, enlace, esseulée, rousse, émoustillée, charmille, arrosée, pâmée, pantelante, bien aimée, gorge, stigmate, maturité, louve,  rêves, victimes, phaon, dédaignées, immenses, vierges, encor', flamboyante, paupières, cascatelles, crinière, moire, noire, pâle, laide, poudre, allure, débaucher, mienne, toison, chantre, rare, suave, lait, cuisses, ventre, sens, lit, toujours, oreiller, draps fous, nue, canapé, jaune, presque nue, dentelles, délirante, impérieuse, méchante, clair de lune, coude, sourcils, caprice, adore, ébats, orgueil, fesses, bleu, dur, volée, cierges, angélus, sacrements, boniments,  boire, remords.

Photo : La feuille d'automne du Paul tombée sur un vitrage opaque fixé au sol entre deux dalles, photographié à Lyon presqu'île, par un jour pluvieux de November. © Frb 2010

vendredi, 29 octobre 2010

Peindre au travers

Peindre d'après nature, ce n'est pas copier l'objectif, c'est réaliser ses sensations.

PAUL CEZANNE 

zoom feuilles0908 B.jpgCe climat est le mien. J'avance avec toi, sur la route, pour faire effraction. Je peux voir le ciel qui s'étend nous satisfait à la minute. Je prends le petit jour à coeur, et je suis autrement ton oeuvre. Nous ne pouvons que rester seul à seul. Tous deux serons unis encore autant que séparés, et je me chauffe à toi, nous secouons les grilles pour rentrer dans tous les salons. Je porte les grenades et les épices de la forêt. Nous aimons nous suspendre aux lustres, aux branches ; je porte les baies empoisonnées, tous ces mensonges et nos douleurs. L'eau froide tombe du ciel qui s'étend au loin. Les grilles blessent un peu, ces gens t'ouvrent leur demeure, tu caresses leur vaisselle, tu explores les greniers et la cave où sont cachés des manuscrits à fendre à l'âme.

Il y a trop de monde dans ces salons, on distribue du café noir et des figues à moitié ouvertes sont éparpillées sur la table. On convoite un grand framboisier sur lequel nous déposerons des baisers, nous aurons les mains baladeuses, en toute impunité, nous abuserons de tout sans peine. Nos fruits ont la sauvagerie de ces chats qui se faufilent entre les brumes écorchant le vernis des tableaux, bientôt nous en ferons le deuil ; nous les délaisserons dans un parc entre les feuilles rousses, irisées de l'automne. November ramènera par sacs entiers les feuilles et ces pommes qu'un peintre croqua autrefois chaussé de ses pantoufles, dans le rai de lumière d'un atelier. A quelques pas de là, à peine plus loin, toute la lumière change, et l'on aperçoit dans l'allée d'un jardin, quelque beauté antique organiser les courses :

De mon mieux, j'ai envoyé à mon amant chéri dix pommes d'or cueillies sur l'arbre de la forêt, et en enverrai autant demain

Des corbeilles de fruits pourris avec les étranges pépins, et ces tiges au cul de la pomme, nous aimons celle qui porte un nom de chanteuse de jazz oubliée, la Granny Smith. Son goût acidulé, ses reflets parfois roses. Nous aimons aussi les poires difformes, "Red William" ou "d'Anjou" nous les mangeons sans trop penser à la misère du monde, un rien nous comble. Nous glissons les épluchures dans nos poches et cela nous fait des trésors dégoûtants. Le vent ici est caressant, doucement il s'impose. Et puis il y a des graffitis sur les bancs et des journées qui ne s'étirent plus tout à fait comme avant.

Cent tubes de gouache pressés avec ces couleurs fauves, elles giclent sous le ciel qui s'étend au loin, fardent la part brute d'une toile sur laquelle l'autre peint encore des oiseaux et des serpents plein de noeuds, sur des pentes la blancheur lunaire bat dans l'encadrement, déplace la courbure des formes qui magnifient les fruits et les sens. Ce climat est le tien, il érode les murailles, dévergonde nos cailloux pour s'empaler sur des roches vierges. Ca fait des semaines qu'Eros dort le jour sous les arbres et la nuit il s'amuse comme un écureuil avec des noisettes et des glands.

Du haut en bas, un grain de folie saisonnière roussit la page si lentement, tu peux voir comme l'heure à présent changée nous délave. Ce que je dis, tu le vois les yeux clos et l'approuve. Tout ce qu'on dilapide va par monts et par vaux, même dans le parcours des bécasseaux, leurs cris font en réalité "tchirrip, tchrrii" et nous nous attardons à regarder bouger leurs pattes sur des fils electriques. Tous ces mensonges dans la douceur bordent l'hiver des impatiences, un caprice hors-saison qui vient avec  le goût de la reine-Claude, ou de la mirabelle, (bellamira, miragrande), croquée par Virgile au vers 53 des "Bucoliques":

J’ajouterai des prunes couleur de cire : ce fruit sera, lui aussi, à l'honneur.

J'ajouterai des grains de génévrier, nous titrerons : "Aiguilles piquantes sur feuillage écaillé", des grosses touffes chaudes comme la laine, ces épis pour les dames seront notre fierté, les messieurs en auront presque le rose aux joues puis après ce sucre onctueux, tout fondu dans nos ombres, adviendra en nous l'abstraction.

Tu peux voir l'improvisation, la folie des grandeurs et la rondeur des jours comme un point qui va de bout en bout répandre sa résine rouge, les déliés du terrain, un fourrage de cailloux, près des plantes cultivées,  plates, ou éperonées, qu'on appelle "impatiens hybrides".

Ce climat est le notre uni à l'eau qui dort sous un autre pays gentiment affublé de gri-gris, de poupées pincées d'épingle à linge, ces tissus sèchent à l'écart au nid où pondent les flamants roses, et les chamois toujours les mêmes, tu les décris sur mes carnets et tu es autrement mon oeuvre.

Savais tu qu'autrefois les chamois pondaient des oeufs au mois d'Octobre ronds comme ceux de l'élandin ? Et cela faisait, à ceux qui les regardaient longtemps, des yeux gros comme un poème monstre.

Photo : Zoom juste après l'ondée. Une vue caramélisée de quelques feuilles mortes issues du charmant  parc René Dumont qui illustre à merveille, une nouvelle tendances de parcs dans nos villes : pas d'allées à la française, juste la végétation naturelle poussant à la manière sauvage... Photographiée à Villeurbanne aux derniers jours d'October.© Frb 2010.

jeudi, 14 octobre 2010

La grande route

Le mensonge est aliéné au secret,
Légitimé, prudent et raffiné ;
Aveugle à tout sauf à son intérêt,
Il forge des fers pour l'esprit [...]

WILLIAM BLAKE extr. "Nouveaux vers gnomiques" traduits de l'anglais par Alain Suied

Pour connaitre le début de cette histoire, vous pouvez cliquer sur l'imageroad.JPG 

Nous regrettions les trottoirs de nos villes, l'absence de vitrines nous flouait peu à peu, exilés à mille lieues de la terre natale nous voulions retrouver l'ouverture mais allions doucement à la sauvagerie sans nous en rendre compte. Nous étions à bout de force, de peines et de chagrins, nul n'avait le droit de se confier à quiconque, afin que nul ne s'affaiblisse, nous portions sur notre dos à tour de rôle des outres remplies à ras bord d'eau de source cela pour continuer d'avancer, continuer sur la grande route. Nous étions sans cesse assoifés. Puis nous ne vîmes plus rien du tout. Un grand pays venait, que l'on ne pouvait connaître. Le ciel fût plus léger nous en savourâmes la fraicheur sous forme de flocons tièdes qui tombaient de petits nuages. Nous avions vaincu les piqûres des becs d'oiseaux, chanté des chansons ridicules et maintenant ceux qui savaient apprenaient aux autres la prière et la dévotion, nous n'avions plus ni père ni mère. Notre mouvement suivait celui d'une mauvaise étoile qui de loin nous paraissait très belle, peut-être plus tard rayonnerait-elle ? Des statuettes d'idoles féroces furent sculptées dans la glaise ou le bois, tout ce que nous trouvions à terre servait à ça. Les plus dévoués d'entre nous les posèrent le long de la route. Ainsi le monde se souviendrait longtemps de notre chemin exemplaire.

 

Photo : La grande route commence ou finit sur les marches d'une petite Chapelle, quelque part (nous gardons le secret), dans une ville, là bas, dont le nom ressemblerait un peu à L'Espagne, (j'ai dit un peu...). October en Nabirosina. © Frb 2009.

lundi, 11 octobre 2010

Out of the blue

Nous vivons dans l'envers du monde, le monde véritable du feu est sombre, palpitant, plus noir que le sang : le monde de lumière où nous vivons en est l'autre côté.

D.H. LAWRENCE in "L'homme et la poupée". Extr de "Amant et fils - L'homme et le poupée - L'amant de Lady Chatterley- Nouvelles". Editions Gallimard 1992.

IMG_0044.JPGGagner la limite de l'écho. S'étonner que partout des gens luttent pour quelque cause. Marcher à côté d'eux sans bruit. Compter les collines innombrables aux flancs légèrement érodés. Savoir encore courir. Courir après.

Assouvir sous la pluie les délits, cacher sa plainte. Se faire ombre délicate. Courtiser les poètes. S'enflammer, en aimer un seul. Se laisser vivre. Rouler sous la banquette ou en Rolls sur les Champs Elysées. Abuser d'alcool polonais. Goûter aux drogues artisanales. Perdre pied. Devenir incompréhensible. Chercher la sagesse dans le sport. S'engoncer dans une veste en cuir. Fuir les gens. Tout bazarder.

S'embarrasser d'une incartade. Mépriser l'art. Etre rongé de palissades. Epancher toutes ses doléances au comptoir d'un café avec des inconnus idiots, à moitié ivres, n'éprouver aucune honte précise à cela ou les éprouver toutes. Faire le cadet de ses soucis des exagérations d'autrui. Se contenter de peu. Choisir des journées simples. Opter pour des prières extravagantes devant les stalagmites, les stalagtites qui coulent goutte à goutte à la voûte des souterrains.

Naviguer en eaux troubles. Se pourvoir d'une méthode carrée. Chercher l'autre dans un parc parmi les aliénés. Ne pas le reconnaître. Le voir et le trouver changé. Revenir écoeurée du monde. Abhorrer la chimie. Avoir envie d'administrer à certains diplômés (pas tous) de la "médecine de l'âme" (soit-disant), les mêmes traitements qu'ils préconisent pour leurs patients, les regarder devenir légumes avec le sentiment d'une vengeance légitime et du travail bien fait. Eviter l'alvéole. Se faire pendre juste après le combat. Hésiter entre la retraite à plus de 60 ans ou une fin choisie parfaitement anticipée. Chercher la voix d'un autre qui s'inflige des châtiments. Se sentir impotent face à qui perd le nord. Trouver le panneau des départs. Echapper vite.

Fuir la voix de son maître. Se faire livrer des roses par un serviteur qui oublie la chose confiée, et soudain sans que vous ne le sachiez, se met à vous dominer par mégarde. Offrir au tout venant ses rêveries intimes. Eviter toutes les malveillances. Compter les jours. Les ranger dans des cases, cocher les cases avec une craie. Faire chou blanc d'une fraîcheur matinale dans un bocage microscopique. Protéger la fine fleur rosée par l'aube qui dévore la lune. Ouvrir la porte sur le confort tout familial enguirlandé d'offrandes des Noël indécents. Craindre le père Fouettard puis Janvier sous le gel. Ecraser de ses propres mains quelques colonies de limaces glissant sur les reins d'une statue qui brûle au jardin botanique. Se gaver des fêtes à outrance, goûter l'hypocras couchée sur les marches anciennes de la maison de Thérèse, dans la chambre de Marguerite, vestale du Sacré Coeur et d'un mal plus ou moins sacré. Craindre les papillons de nuit. Leur ressembler.`

Croire que les déserts renforcent la mémoire. Enjôler les aspects prouvant que la matière peut réellement soutenir la forme. Affiner le caillou, le caresser sans y penser tout comme on caresserait le crâne d'animaux tombés des falaises. Partir un crayon sur l'oreille, reconquérir le lieu, la formule peut-être. Se croire porteur de panacée universelle, pourvu d'un don extra lucide, répéter les mots à la suite qui conjurent l'endeuillement. Rouler au milieu des rosaces dans les régions tempérées de l'ancien monde. S'hybrider par la toute puissance du père, du fils, du Saint Esprit. Devenir solitaire en marche, rêver les yeux fermés sur un fil agiter ses bras au bout d'une ficelle. Se faire femme et poupée. Acheter un seul fruit au marché, le poser sur une table parfaitement nettoyée, se l'approprier, comme le faisait Michaux, jadis avec sa pomme :

"Je mets une pomme sur ma table. Puis je me mets dans cette pomme. Quelle tranquillité !"

Revivre toutes les formes de la cruauté. Devenir deux, et m'adonner à vous, tandis que votre esprit repose, loin du monde, après tout. Vous dormez, quelqu'un veille, et vous fait croire que les déserts sont des univers pour vous, qu'ils vous protégeront désormais de tout accident regrettable. Devenir une friandise émiettée dans un autobus, assourdie par les cornemuses d'un groupe de manteaux écossais. Sentir sous la pluie de vraies hallebardes tomber et retomber. Se dire qu'on aimerait que quelqu'un nous explique la théorie du météore minuscule, comment le dinosaure a pondu un jour un archéoptéryx, pourquoi les feuilles des églantiers ont cinq à sept folioles elliptiques. Espérer mettre fin au débat qui agite la science sur la question. Parler de déréglement climatique avec le commis du pépiniériste et sentir le dérèglement tout court, nous pendre au nez. Penser à l'unique seconde d'il y a 160 millions d'années, en période jurassique à l'époque où l'océan venait tout juste de se former. Regarder l'automne avancer.

Craindre une collision dangereuse, une glissade sur des feuilles mortes, des peaux de banane dans l'escalier. Courir en cette ville infestée de d'hérétiques. Convoquer en soi les mensonges, les vérités de l'argenture. Songer à ces gens à traiter qui subissent un grand lessivage pour le bienfait de leur mental puis après avoir été dégraissés, polissés rentrent chez eux l'âme amollie, balayée des passions. Se cuivrer, se chromer, s'oxyder jusqu'au drame. Recouvrir tout le fonctionnel pour lequel nous sommes dévoués, tout le sens d'exister. Se perdre au grand supermarché devant les bouchons noirs des bouteilles de curaçao. Se dire qu'on aimerait bien que quelqu'un nous explique d'où vient ce bleu.

 

http://www.deezer.com/listen-6658469

 

Photo : Un verbe qui se mouille à la pluie d'October photographié en début de soirée entre les échaffaudages d'un chantier au quartier du Tonkin à Villeurbanne. © Frb 2010

mercredi, 22 septembre 2010

L'oiseau qui cachait la forêt

 Rousignol du boys ioly
a qui la voix resonne
pour vo’ mettre hors dennuy
vostre gorge iargonne gazouille
frian frian tr tar tar tu
velici ticun tu tu
qui lara fereli fi fi
coqui oy ty trr
turri huit teo turri quibi
frian fi ti trr tycun
quio fouquet fi fi frr

 Extrait d'une chanson tirée du "Chant des oiseaux" de CLEMENT JANEQUIN

a l'éphemère.JPG


”Cela fait trois jours que je me suis installé là, au guet de tous vos faits et gestes, face à votre fenêtre, longtemps je me suis demandé si mes ailes parviendraient à m'amener jusqu'à vous, sous ce ciel bleu, qui pâlira de jour en jour et va, le soir, manger notre lumière de plus en plus tôt, avant que la nuit ne dévore la lune dans laquelle par un beau désordre croissant je me trouve quand je rêve de vous.


podcast

 

Je suis revenu d'Afrique par un long vol de plus de cinquante jours, si je ne veux pas mourir de froid, cet hiver, il faudra bien que j'y retourne. Mon plumage noir ne suffit pas à me chauffer pour deux, ni à m'offrir une endurance suffisante aux pluies, aux neiges...  Ainsi devrai je choisir chaque automne, entre mourir de faim, de froid, que sais-je ? Ou redouter déjà, dans un pays lointain, de ne plus vous revoir à mon retour. Sachant vos coutumes humaines et urbaines si changeantes, la mode étant souvent chez vous de raser toutes les choses où l'on se plaît, je redouterai, à distance de retrouver mon fil arraché par les folles machines d'un dénommé John D., et je me troublerai d'avoir perdu l'observatoire sur lequel j'adorais vous parler sans rien dire, ou encore, manquerai-je cruellement de vocabulaire pour demander à un riverain de votre allée, si par hasard il connaît votre nouvelle adresse, à supposer que vous n'ayez pas changé de ville...


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En vérité, qui pourrait deviner à quel point tout cela m'est cruel ? Depuis trois jours, rue de la Tourette, j'effraie les diligences, comme si ma noirceur minuscule augurait toutes les catastrophes possibles, et cela sûrement à cause de ce cinéaste anglais qui eût tant de succès avec un film idiot destiné à nous nuire. Comme je le hais parfois ce gros bonhomme hideux. J'espère que vous ne croirez pas toutes les images qu'on vous montre ! à part les pigeons qui sont sales et stupides, nous autres les oiseaux, nous sommes peut être des créatures plus affables que vous, mine de rien.

Je me connais impatient de ce réel idiot, qui me prive de vous, "nous ne sommes pas du même monde" dites vous ? Pourtant quand je vous vois apparaître derrière votre rideau assez fin pour que je m'y projette, quand j'aperçois votre silhouette qui m'est tout, je sais qu'au delà de nos apparences, nous nous ressemblons bien tous deux, que vos rêves s'il vous poussait des ailes vous feraient peut être ange, tandis que je ne suis à vos yeux qu'une bête. Je sais que mon plumage par nos mondes rejoints, (quoique vous le contestiez), s'est enfoui tout à l'intérieur de votre âme où je respire cette noirceur du diable aussi profonde que mon habit, qui vous ferait frissonner si l'audace me prenait de me poser sur votre épaule. Je sais que vous grelottez dans le froid l'hiver, à l'attente du premier tramway tandis que sur ma branche, mes pattes tremblent aussi, quand le vent se met à souffler, vous voyez, je fais tout comme vous et chez vous c'est tout comme ici, l'hiver s'en vient envahir tout, même l'Afrique quand nos êtres se brisent à s'aimer en un point bien trop loin de l'autre. Je vous confierai davantage : si je chante si fort là bas, c'est pour que l'écho de chacune de mes vocalises revienne chaque jour attendrir votre humeur, ainsi je m'applique à battre le trille comme s'il était précédé d'une appogiature, celle qu'on trouve dans la "grande musique", et qui soutient merveilleusement l'écoute. Afin de mieux séduire votre esprit à l'affût , j'ai dû me décarcasser (si j'ose dire), à demander à monsieur Pierre BELON (mon ami garde-oiseaux au Parc de la Tête d'Or), de vous parler de ma nature et de glisser sous votre porte un manuscrit enluminé dont j'ai picoré chaque lettre pour y planter quelques graines d'euphorbes dites "diamond frost" celles ci au suc laiteux, vous reviendront en fleurs au mois d'Avril par mille blancheurs poudrées dont le parfum s'évaporera discrètement dans vos cheveux. Ainsi Pierre BELON me supplante, puisque je ne peux m'adresser directement à vous aussi bien que le fait votre vieux hibou  trop vieil époux (que j'abhorre) et dont je suis très jaloux à vos yeux, si charmant.


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Ainsi comme le veut la saison dans quelques jours je m'en irai. Savez vous, mon amie, que ces trop longs voyages font un tri effrayant entre nous ? Les plus faibles n'en reviennent jamais, je n'aurai certes pas à vos yeux la puissance du grand cormoran dont le "vol" en "V" est si spectaculaire, dont les battements d'ailes alternent avec ces vols planés que je n'ai jamais su faire, même si j'ai essayé, en vain. Non, je ne sais pas si j'aurais l'ardeur encore cette année de ne pas tomber d'épuisement au milieu de la mer. Saurez vous seulement qu'en mourrant, sur la dernière vague je poserai un baiser ? Même s'il est vain de vous soucier, je prononcerai en ces lieux, votre prénom qui dans la langue oiseau signifie "beauté éclatante".


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Et quand je reviendrai l'année prochaine, si je reviens, je glisserai dans mon bec délicat, quelques brins de ces fleurs tropicales. Je porterai moi même sur votre balcon ce paisible ornement, nommé "cassia mimosoides", une plante rare, un trésor odorant, que je déposerai à vos pieds, en gage de ma fidélité. Et cela sera pour vous tel n'importe quelles graminées ordinaires, je suppose que vous n'y verrez qu'une de ces nombreuses saletés amenées par le vent d'automne, comme la "rousse" chantée par Verlaine. Il se peut que vous chassiez vous même, cette plante à coup de balai, ignorant que des mois entiers j'ai dû traverser des déserts au risque de ma vie pour vous la dénicher. Mais cela est sans importance, tout conte fait...

Dois je pour terminer, vous prier de ne pas accorder trop de gravité aux défauts de mon caractère ? A mes plaintes que votre indifférence aura accentuées au fil de la saison et lisez sans attendre le manuscrit de monsieur Pierre qui doit à présent se trouver sous votre porte : 

(1) "Qui voudra avoir plaisir indicible aille l’esté s’asseoir sur la rive de quelque douve, où il y ait  d’infinis petits Halcyons vocals que nous nommons en françoys Rousseroles. Il n’est homme, s’il n’est du tout lourdaud qui infailliblement, s’il y prend bien garde, n’en soit rendu triste ou joyeux... D’une mesme haleine il (l’oiseau) maintient sa voix, tantost si haute qu’il n’est dessus d’instrument d’ivoyre qui y puisse monter, tantost si basse qu’il n’est dessous d’un pot cassé qui puisse descendre si bas. Entre autres, il semble quasi prononcer : toro, tret, fuis, huy, tret ; et en réitérant tel chant en diverses manières passer les nuictées sans cesser... Les païsans accoutumez de l’ouïr ont tellement retenu son chant qu’ils en ont fait des chansons si impudiques à la prononciation, qu’il ne seroit licite de les escrire... "

 

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Acceptez également avant que mes camarades de route ne viennent troubler notre précieuse intimité, (d'autant plus précieuse qu'il me semble que ce voyage sera peut-être le dernier), de vous laisser quelques uns de nos chants, c'est la dernière petite chose que je peux vous offrir, mais peut être qu'en les écoutant tous ensemble, en même temps, y trouverez vous, par un jeu d'accords mélodieux voire d'alternances à votre guise, le souffle entier d'une forêt...

Adieu, donc, espérez que je reste en vie, autant que je l'espère pour vous ; de tout coeur, à jamais.

Votre Oiseau.”

(Extrait du Journal de l'oiseau chap V, p. 68, editions "Duplon-D'Anlèle" 2010.)

Ref : (1)  Pierre BELON, Histoire de la nature des Oyseaux, Paris : Gilles Corrozet éditeur, 1555, p. 221.

Photo : Petit oiseau mélancolique sous le grand panneau des départs, ou au guet. Observatoire de la rue de la Tourette à Lyon. Septembre. © Frb 2010.

lundi, 06 septembre 2010

Le dernier mouvement de l'été

Puis ça s'apaise
Et s'apprivoise,
En larmes niaises,
Bien sans cause...

JULES LAFORGUE, extr. de "Solutions d'automne" (1882)

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"Le premier mouvement de l'automne", est déjà en lien ci-dessous :

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2010/08/29/le...

Nota : On ne doit pas seulement "Le dernier mouvement de l'été" aux "Quatre saisons" de Vivaldi, je cite pour le plaisir des correspondances, trois lignes de l'été ("L'estate"), "presto", pas si éloignées d'une étrange toile de Paul Delvaux, quand on y pense...

Ah, ses craintes n'étaient que trop vraies,
Le ciel tonne et fulmine et la grêle
Coupe les têtes des épis et des tiges.

On doit aussi ce "dernier mouvement de l'été" à un très beau court métrage, le premier, que Bruno Podalydès réalisa dans sa jeunesse, avec peu de moyens et une virtuosité surprenante. Le sujet souvent délicat à traiter au cinéma se transforme lentement en pur envoûtement poètique, et je ne saurais que vous conseiller de voir ce petit film, (il ne parle pas de fleurs mais c'est tout comme). Opus rare, et précieux, quelques notes glanées chez Eurêka, vous en diront davantage ci-dessous:

http://silencio.unblog.fr/2009/10/08/le-dernier-mouvement...

 

The Zombies : "time of the season"
podcast


Photos :  L'automne n'étant pas encore proclamé, le dernier mouvement de l'été sera presque muet. C'est la saison où tout flanche, où tout se penche, jusqu'à l'année nouvelle. Nous poursuivrons encore la petite histoire à travers villes, peut être à travers champs. Il reste bien quelques jours avant les premières neiges. Dernier été, dernier souffle du soleil recueillis au jardin, ou volés ça et là, non loin des bois du "Divin" Marquis de Montrouan et partout alentour. Nabirosina, Septembre 2010.© Frb

mercredi, 01 septembre 2010

September (Part III)

Des maisons se dressaient alentour puissantes,
mais irréelles, - et aucune
Ne nous connût jamais. Qu'y avait-il de réel dans tout cela ?

R.M. RILKE, extr. "Les sonnets à Orphée", VIII, (trad. Angelloz)

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Quand tu marches sur les cailloux, tu entends un bruit de ferraille, tu cotoies les silhouettes longilignes des petits hommes fluos qui plantent des panneaux de signalisation. Tu roules à St Germain des près avec ta mécanique, tu sais qu'il y a des pistes anticyclables du côté de la Loire. Tu prends les abbayes pour ton propre berceau, tu reviens de Golsone déçue par les hérons, tu vois d'un cimetière arriver les bateaux puis tu sors du tunnel pour nous rejoindre, on sait que tu reviens de loin, peut être de cette plaine qui recouvre deux fois la superficie des prairies.

Ici, c'est presque la même chose, je tombe dans les panneaux des départs, je me colle au sommeil d'une file d'attente interminable en goûtant l'immanence de la situation. Je fréquente les marchands de journaux qu'on appelle des points-presse. Je lis les horoscopes, et puis la météo, les journaux quotidiens rendent hommage à Corneau, je poinçonne à l'envers, m'y reprends à quatre fois en tous sens, j'y arrive, je m'énerve, le temps presse, je m'en vais au quai A, un titre de revue du genre "choc des photos" cite une phrase de Fignon :

"Je n'ai pas peur de la mort, je n'en ai juste pas envie, c'est tout".

Quand tu vas à la banque tu vois les coquillages que tu as oublié de ramasser sur la plage des Issambres un 24 Juillet 2010, d'énormes coquillages vernis et brevetés avec un logo peint sur le côté, qui décorent ta banque, des personnages étranges habitent ton guichet. Tu poses le coquillage à tes oreille et tu entends le bruit d'une cocotte en papier qui te demande de créditer ton compte au plus vite. Tu crédites de très peu. C'est un nouveau départ. Tu prends un rendez vous chez le coiffeur Jacky qui est aussi "visagiste d'art" tu veux être propre et net dès aujourd'hui, pour reprendre ton travail, tu sortiras ravi avec cette impression d'avoir une nouvelle tête, tes bonnes résolutions dureront jusqu'en Octobre, Une septuagénaire s'en ira du salon avec une mise en plis violette. Le parfum d'encens d'une boutique 100% bio te donnera mal à la tête. Tu lis les horoscopes de Voili en cachette, tu t'en défends devant les copains, mais tu y crois dur comme fer, tu achètes le monde 2, le monde 3, et le magazine télé Z. Tu marches sous les yeux inquiétants de mademoiselle Nothomb, notons, notons, que tu as beau marcher mille fois sur son chapeau, tu suis ce que ta ville te montre, puis tu vas à la banque retirer 100 euros pour t'offrir toutes les vagues que ton amour soulève. Tu craqueras aussi pour des cigarillos. Tu en fumeras un devant un bordel de la rue Mercière en pensant que tu as oublié d'envoyer une carte postale des Issambres à Evelyne, que cela fait un mois qu'elle n'a pas eu de tes nouvelles, tout comme Martine et Ghislaine. Tu auras un peu honte de toi. Tu as peur qu'au milieu du mois, ta femme retombe en dépression, tu as rendez-vous à 16H00 chez le vulcanologue pas très loin de la villa des mystères à Pompéï, tu rejoindras demain Evelyne à 17H00 au café des écoles, vous irez à l'hôtel rue du Mail, tu retrouveras ta femme à 20H30, tu lui diras que tu as eu du retard au bureau à cause d'une réunion qui t'auras épuisé, tu maudiras ce crétin de Jouvenot qui pinaille sur les RTT,  tu prendras un effaralgan 1000, tu embrasseras tes quatre enfants, ton chien ton chat et ton chameau et tu prendras une douche avec un truc qui mousse quand tu le pousses. Tu entendras Johnny chanter à la radio. On a tous quelque chose de n'importe quoi ...Tu rêveras d'aller vivre en Pennsylvannie, juste pour voir Bardo Pond en concert, ta femme te montrera le programme du musée de Cluny elle aimerait visiter l'exposition sur l'art gothique en Slovaquie qui aura lieu du 16 septembre 2010 au 11 janvier 2011 à Paris tu diras oui, tu penseras non. Tu regarderas un extrait de "Pick Pocket", tu trouveras ça complètement con. Tu mangeras des rillettes.

Ici c'est presque la même chose. Mes voisines de voyage sont des blondes aux yeux verts, mère et fille si collées l'une à l'autre qu'on les dirait siamoises, la mère parcourt les pages de "L'horizon", elle prend des notes avec un feutre sur un cahier de brouillon parfois elle écrit dans la marge sur "L'horizon", elle souligne des mots à l'aide d'un stabilo. Sa fille porte un mandala vaguement tibétain tatoué sur une seule épaule. Dehors, il y a les vaches comme dans les Lucky Luke, et des petites maisons avec des jardins bordéliques. Des parasols et des tables en plastiques. Parfois on voit des gens au seuil de ces maisons, des gens tout petits qui secouent des tapis par toutes sortes de fenêtres, des jardiniers avec des grands chapeaux qui méticuleusement, ratissent. Dans quelques minutes nous traverserons le Bois d'Oingt et commencera le bout du monde. Je déplie la tablette propre et beige qu'on trouve dans tous les trains, j'y pose un livre et des crayons, des ormes glissent dans mon sac à dos, le ciel se couvre. Je m'intéresse à tout, au cimetière britannique de Bayeux et ses 4648 tombes, au Cardinal de Retz et à Charles Pennequin, je connais maintenant par coeur son poème que j'aime bien qui s'appelle :"Je suis le gruyère" [...]

Et je suis ce que l'autre veut bien de moi
l'autre est dedans ce qu'il veut quand je suis
bien en lui
quand je suis mal à être bien
tout en lui
quand je suis moins en moi
l'autre n'est pas bien
non plus dans son je suis
tout à lui
tout comme moi
je ne suis rien dans le je suis de l'autre

(A SUIVRE...) 

Nota : Pour les précieuses correspondances, je dédie ce billet à Michèle Pambrun et à Marc.

Photo : Le pays de Septembre, vu quelquepart lors d'un voyage, quelques minutes après la pluie, lors d'un léger ralenti entre Le Bois D'Oingt et Poule les Echarmeaux. Et puis d'ailleurs, quelle importance ? Sur la gauche vous pourrez admirer la maison de personne ou du garde-barrière ou de qui vous voulez. Photographiée le 1er Septembre 2010 entre Lyon et Orléans, du train bleu 16846. © Frb.

lundi, 16 août 2010

Fin d'été

Jeux trop mûrs, mais bouche ingénue;
Œillet blanc, d'azur trop veiné;
Oh ! oui, rien qu'un rêve mort-né,
Car, défunte elle est devenue.

JULES LAFORGUE, extr. "Complainte de la bonne défunte" in "Complaintes".

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J'ai perdu le centre du monde, des secondes infinies qui peut-être n'ont pas d'importance. J'ai perdu le contentement, celui de la lady, ou celui de l'ami. J'ai perdu le consentement, perdue l'oeuvre, la sainte impatience. Des années-lumières d'une étoile se crashent sur un brise-lame. J'ai perdu le goût ordinaire d'aller chercher le journal en souriant. Ma parole réinjecte ses boucles et les mêle au bruit blanc. J'ai perdu la musique, le chant, quelques balbutiements obsédés d'un trésor, aujourd'hui introuvable. J'ai perdu l'accolade. J'ai perdu la croyance. Nos singularités liées ailleurs sur les notes chahutées d'animaux glissent sous les aromates, jusqu'à ces nuits passées dans l'ombre après qu'un décret aussi froid qu'insensé ait avancé la fin des mondes.

Hier un camion est passé ramasser toutes les saloperies qui trainaient sous les arbres et l'ombre de quelques branches encore abondamment feuillues, on cherche en vain deux ou trois éphélides, deux, trois allumettes à craquer, juste histoire de roussir les pages avant de les brûler. Tant de choses perdues, tant de peines. Tant et plus. Et ce n'est qu'un début...

 

 

 

 

Photo : Le début de l'Automne ou la fin de l'été. Premières rousses. Sitôt apparues, et déjà destinées à une bouche pas très ingénue. Photographiées ici et là, juste à deux pas des oubliettes du bourg de G. (c'est le nom du village, et ça, je le garde au secret). Nabirosina. Aôut 2010.© Frb.

mercredi, 14 avril 2010

La ritournelle

sol.JPGLe printemps est perdu. Chaque année j'en perds un, et les autres saisons tournent autour du printemps comme des couplets joyeux. Mars dévore Avril.

"Dieu nous garde de la fange d'Août et de la poussière de Mai."

"Eau de Juin ruine le moulin."

"Qui dort en Juillet jusqu'au soleil levant mourra pauvre finalement."

"Quiconque se marie en Août, souvent ne ramasse rien du tout."

"Septembre se nomme le Mai de l'Automne."

"Octobre en bruine, hiver en ruine."

"Quand Novembre aura fleurs nouvelles, morte saison sera cruelle."

"En Décembre fais du bois et endors toi."

"Les beaux jours de Janvier trompent l'homme en Février."

"Février souffle, souffle, et tue le merle sur son nid."

"Entre Mars et Avril on sait si le coucou est mort ou en vie."

sol149.JPGOn enterre le coucou. Le printemps est perdu. Chaque année j'en perds un. Et les autres saisons tournent autour du printemps comme des couplets joyeux. Avril dévore Mai...

"En Juin c'est la saison de tondre les moutons."

"Au mois de juillet, ni femme ni chou."

"Le mois d'Août fait souvent porter le deuil."

"Vins de Septembre font les femmes s'étendre."

"Octobre glacé fait vermine trépasser."

"Le vent de Novembre arrache la dernière feuille."

"Décembre prend, il ne rend."

"Qui se saoûle le 1er Janvier se saoûle toute l'année."

"En Février, toute oie de bonne race pond sur le fumier."

"Beau temps de Mars se paie en Avril".

"Le cèpe de Mai tue père et mère".

On enterre père et mère. Le printemps est perdu. Chaque année j'en perds un et les autres saisons tournent autour du printemps comme des couplets joyeux. Et après, on recommence...

 

BLONDE REDHEAD :"Futurism Vs passeism part 2"
podcast

 

Photos : Scènes de la vie quotidienne en Nabirosina. Avril 2009 (photo 1) et puis Avril 2010 (Photo 2). © Frb.

mercredi, 14 octobre 2009

La vogue indifférente

jeudi, 01 octobre 2009

Prélude à l'après midi d'une fauve

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Madame Octobre sillonne la ville portant le mois à l'apogée de ses couleurs : coiffe orangée, veste ceinturée ocre, chaussures châtaigne parcourant le sol de lune qui longe la place Liautey, territoire ordinairement (ou extraordinairement) réservé à la Dame de pierre, qui boude, (un brin Junon, statue jalouse ? ) et redoute peut-être, que cette nouvelle beauté  (Madame Octobre, dans ses habits de fête) ne lui ravisse la vedette. Hautaine Dame de Pierre, au vilain caractère, plus blanche que le poète qui vint à sa rencontre et termina sa vie enseveli dans sa forêt... Tandis que le mois roule ses ombres et ses rousses, plus loin mais de l'autre côté, un écureuil, animal splendide, déguste sa noisette au sommet d'un grand hêtre.

Plus tard vers midi trente, Madame Octobre a traversé le pont Morand et j'ai suivi son pas jusqu'à la rue de Sèze, où devant la vitrine d'une pâtisserie-confiserie, Madame Octobre a regardé des flans au caramel, et les meringue roses floconneuses comme neige... Elle est rentrée dans la boutique, a un peu hésité et puis elle est ressortie. Devinez ce qu'elle a pris ? Un flan au caramel pardi ! moelleux comme les feuillages qui caressaient la lune, un flan au caramel assorti à l'habit. Ensuite, Madame Octobre s'est engouffrée dans une allée, je l'ai perdue de vue. Mais depuis que je sais, j'ai planté mon tipie rue de Sèze, et très assidûment je guette la sortie, (s'il est possible de rêver), de cette merveille d'homme : Monsieur Octobre... (Dont la légende raconte qu'il est repérable à sa puissante chevelure poil de carotte et à ses yeux noisette... )

"Ah ! Que le temps vienne !" ...

Photo : Allégorie d'Octobre, ou la femme faite saison (et réciproquement), vue au sortir du Pont Morand, et filée discrètement le long de la place Liautey, jusqu'à la rue de Sèze. Belle augure du premier jour d'Octobre. Le Gnomon de la Bacchante ne marquant toujours pas la date exacte, on attend. J'ose espérer, (toutefois) que ce petit retard sur les jours saura paresseusement rajeunir son lecteur (et sa lectrice) et les harmoniser au premier jour d'un temps qui s'éternisera sans doute encore un peu, à volonté. Lyon, rive gauche. Premier jour d'Octobre 2009. © Frb

mardi, 22 septembre 2009

Les automnales de St Nizier

"Semis de Saint Maurice récolte à ton caprice"

Dicton du jour

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Le 22 Septembre est le 265 ème jour de l'année au calendrier grégorien. (Plus que 100 jours avant les cotillons). On rend grâce aux Maurice par une géante courge chaussée de coloquintes qui défile dans les rues sur des parachutistes rousses.

Le 22 Septembre. C'est le 29ème jour de la Vierge, folle de sa saison, rêvant place St Nizier d'une gelée de coings-grenades à emporter dans son panier pour manger tout de suite, ou déguster après, sous les parasols vermillon de la Manille, à Tupin.

Le 22 Septembre, Edouard 1er, roi d'Angleterre s'en alla de terre Sainte pour la neuvième croisade, ses esclaves portant au calife, une jarre d'un nectar de raisin de Gloucester (l'équivalent anglais des "tulipes de Juillet du Nabirosina") piqué d'un poison d'amanites vireuses dont le chapeau  couleur blanc crème, pourvu d'un mamelon centré, séduisit diablement notre courge qui passant du orange au rouge en effraya le fragon petit houx.

Le 22 Septembre pieds nus sur les pelouses, qui bordent la grande roseraie du parc de Tête d'or, quelques enfants sautent à pieds joints sur des bogues de châtaignes.

Photo : Le 22 Septembre l'année dernière, le vieux Georges, ajustait la rime à son verbe moyenâgeux. Le 22 Septembre, cette année, le magasin des belles personnes aux doigts verts et autres dames jardinières, oeuvre en façade à la nature morte flamande... Il faut croire que la saison des labours inspire. Heureux, qui comme l'automnal, a savouré en léger décalé, un retard qui s'éternise... Il suffit d'une petite boutique d'art floral. Si cette sublime composition n'était pas si consciencieusement étiquetée, j'enverrais volontiers (par pneumatique) un bouquet d'héliantes divariqués au virtuose étalagiste (on peut quand même le remercier). Vu à Lyon, place St Nizier, juste en face de la belle église du même nom et de surcroit assez gothique. Septembre 2009. © Frb

lundi, 21 septembre 2009

Haute voltige

"Mais le jugement du vulgaire ne comprend pas grand chose au désespoir..."

SOREN KIERKEGAARD (1813-1855) in "Traité du désespoir". Editions Galimard 2006

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On dit souvent que S. KIERKEGARD, est le "père de l'existentialisme", (cette idée a été vivement contestée par Asger JORN, dans un excellent texte intitulé "Sur la situation singulière qu'occupent dans l'humanité les mâles", livre dont je vous reparlerai un - certain - jour...), mais au delà du commun des on-dit, (père de... ou non), KIERKEGAARD, (Soren Aabye), (écrivain et philosophe danois), a écrit des oeuvres importantes dans un laps de temps de quelques années. Le "Traité du désespoir" est le dernier ouvrage majeur, qui regroupe aussi les grands thèmes "kierkegaardiens" évoqués dans les précédents livres. Fervent chrétien, théologien, il s'oppose à l'église danoise, (église luthérienne d'état), au nom d'une foi individuelle et concrète. KIERKEGAARD, écrivain, déroute. Ses premières oeuvres sont rédigées sous divers pseudonymes, qui sont autant de personnages inventés et souvent, ces pseudos-auteurs commentent les travaux de pseudos-auteurs précédents (Ex : Johannes Climacus, et l'excellent Anti-Climax). Gilles DELEUZE s'en souviendra lorsqu'il développera sa notion de "personnage conceptuel", désignant des personnages fictifs ou semi-fictifs crées par un ou plusieurs auteurs, afin de véhiculer une ou plusieurs idées.

Pour en revenir au philosophe, plus spécifiquement à "l'angoisse", KIERKEGAARD la considère comme un "vertige du possible". Je résume parce que sinon, il faudrait épuiser une bonne dizaine de blogs, et quelques vies, (c'est angoissant ;-) "vertige du possible", donc (mais ce n'est pas aussi simple que ça !). L'angoisse contrairement à la peur n'a pas d'objet déterminé, si on a peur de quelquechose, il est plus difficile d'angoisser de quelquechose" et quand bien même "le quelquechose angoisserait" cela serait encore pour quelque(s) raison(s) indéterminée(s). L'angoisse met en question l'ensemble de l'existence et nous fait entrevoir le néant. L'homme doit donc se risquer à choisir (vertige ?) et à agir sans pouvoir maîtriser totalement l'avenir. C'est le sens "du saut dans l'absurde" augurant parfois cette entrée dans "le désespoir" (autre thème Kierkegaardien), mais qu'on ne s'y trompe pas, angoisse et désespoir ne sont pas des notions négatives aux yeux de KIERKEGAARD, le "traité du désespoir" malgré son autre titre moins connu "La maladie à la mort", n'a rien d'une lamentation sur la détresse humaine, et paraît même davantage une exploration du rapport à soi. Ensuite libre au lecteur d'affirmer ou de contester l'idée que les plus profonds tourments peuvent élever l'humain à une sorte de joie supérieure... A vrai dire je ne souhaite pas soulever ce lièvre là ;-) disons que ce n'est pas exactement l'objet de notre billet. Je préfère vous livrer un extrait de ce livre, superbe d'acuité. Puisse son lecteur (ou sa lectrice) ne pas trop s'y retrouver ...

"Traité du désespoir", extrait :

"Désespérer d'une chose n'est donc pas encore du véritable désespoir. C'en est le début, il couve comme disent d'un mal les médecins. Puis le désespoir se déclare : on désespère de soi. Regardez une jeune fille désespérée d'amour, c'est à dire la perte de son ami, mort ou volage. Cette perte n'est pas du désespoir déclaré, mais c'est d'elle-même qu'elle désespère. Ce moi, dont elle se fût défait, qu'elle eût perdu sur le mode le plus délicieux s'il était devenu le bien de l'autre, maintenant ce moi fait son ennui puisqu'il doit être un moi sans "l'autre". Ce moi qui eût désespéré - d'ailleurs en un autre sens aussi désespéré - pour elle, son trésor maintenant lui est un vide abominable quand "l'autre" est mort ou comme une répugnance, puisqu'il lui rappelle l'abandon. Essayez donc d'aller lui dire : "Ma fille, tu te détruis" et vous entendrez sa réponse : "hélas  ! non, ma douleur, justement, c'est de n'y parvenir".

Photo: Feuille jaune à bords roussis, isolée dans l'espace. Vue juste à quelques mètres d'une multitude de rousses virevoltant gaiement sur la mythique Tabareau. Lyon, colline, Septembre 2009. © Frb

mardi, 15 septembre 2009

Les folles nuits de la Tabareau

"Sur la place Tabareau, un bocage délicieux, se trouve un trône tout serti de pierres précieuses...  Autour de lui fleurissent des arbres de toutes essences, dont les branches s'inclinent vers la terre sous le poids des corolles et dans lesquels chantent les oiseaux. Là des abeilles butinent le miel qui coule de ces arbres ; là le paon et la paonne dansent en faisant la roue..."

Petite Adaptation serponnelle d'après CHANDIDASA : "Les Amours de Radha et de Krichna". Editions Stock 1927.

ocres.JPGSi vous avez loupé l'épisode précédent c'est ICI

LUI - Ô  Rhada ! Douce paonne ! ma bien aimée ! Qu'attends tu pour franchir ce muret, et t' approcher de moi, n'entends tu pas mon chant d'Amour, quand soupire le croissant de lune ?

ELLE - Ô Krichna, mon krichna ! quelle folie que tout cela ! Ton feu m'attire, pourtant je ne puis franchir ce muret, j'ai presque peur en vérité.

LUI - Ô Rhada ! un baiser seulement, par delà ce muret, que nos coeurs s'unissent ! Laisse toi aimer, ma douce !

ELLE - Par tous les Dieux cachés dans ta prunelle fauve, ce mur qui nous sépare est si haut ! aide moi !

LUI -  Et bien soit ! pour que vive cette nuit la puissance de notre Amour, j'escaladerai ce muret sur l'instant, que ne ferai-je pas pour te prendre dans mes bras et d'étreindre entièrement ? Ô ma Rhada ! et quand enfin réunis, le désir nous mettra aux anges... Je t'emmenerai là bas, au pied du platane majestueux de notre Tabareau, et je nous ferai une couche, pour t'honorer toute la nuit...

ELLE - Ô Krichna ! mon aimé ...

LUI - Chuut ! ne dis rien ...

Quelques minutes plus tard, au pied du platane majestueux de la Tabareau...

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LUI - Là. Voilà... Ici, on sera très bien, ô ma Rhada !

ELLE - Euh... Tu es sûr, mon Krishna, que personne ne nous voit ?

LUI - Mais non, voyons ! quelle question ma Rhada ! je te le jure sur le brasier de ma prunelle. Fais moi confiance. Ne t'inquiète pas ...

(A suivre ...)

Que CHANDIDASA me pardonne, mais il y a le feu sur la Tabareau. Quant aux véritables "Amours de Rhada et de Krishna", cette légende venue du Bengale, (autre foyer, d'une toute autre ardeur), ce sera peut être le sujet d'un autre (certain) jour... Le Dieu Krichna, qui exprime la vie universelle est une des incarnations humaines de Vichnou (Vishnu, 4 bras seulement), source de l'intelligence, de la beauté et de l'Aroum. En lui sont rassemblées toutes les joies offertes aux Hommes. Comme nos feuilles pas tout à fait mortes, J'ose espérer que le choc des photos (et le poids des mots doux), vous en aura persuadés. Du moins ferons-nous un petit peu plus attention, quand à l'avenir nous marcherons près des feuilles (pas si mortes), de ne pas trop massacrer ce joli petit monde ... (Avec ces rouleaux compresseurs qui nous servent parfois de "souliers", ces ignares du microcosme, assassins à talons ou à lourd crêpe plat). Mais je m'égare...

Quant à Rhada, fille d'un roi. (La notre, fille d'un puissant brésar), était une princesse aveugle. Jusqu'au jour où krichna vint vers elle.

"Alors ses yeux s'ouvrirent. Elle le vit avant de voir le monde et l'aima parce qu'il représentait la Création, l'Infini..."

Photo : Dans les secrets de la Tabareau, quelques scènes de la vie nocturne. D'une première esquisse, (dérobée par une ombre intruse : photo 1), jusqu'aux chuchotements, de l'entremise à l'entreprise, ("on ne mégote pas avec l'Aroum" : photo 2), la nuit remue à la Croix-Rousse. Le vrai Grand Lyon et ses mystères, surpris (sans le faire exprès) dans la nuit du 14 au 15 septembre 2009. © Frb.

lundi, 14 septembre 2009

Que votre ombre grandisse...

Comme un lundi place Tabareau.

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A Solko et son ami Alceste.

En cette dérive enfin consentie, la légéreté tient du miracle. La lumière de Septembre pose à la fin de l'été les conditions de la couleur. L'anthracite roule sur la "tabareuse" des étoiles, aux iris châtaignes. Un semblant d' immobilité, offert à ces glaneuses, donne à lire une saison de vies. Les rousses arrivent. Un sillon d'or tracé entre la nuit et la journée. Sous la semelle, d'onctueuses rainures craquent des allumettes. Ici, un projet de brasier, là, quatre feux follets. Du bruissement léger sous le pas des bourreaux, à l'écrasant pied du bouliste portant ses lunes argentées, courtisées par un cochonnet ; nul ne songera un instant à s'immoler dans ces pépites. Il y aura pourtant une foule, penchée sur les sorcières, quelques bonnes fées aussi... Tous ces trésors échappés du fenier de l'Alceste, révèleront un tracé luisant comme la monnaie, ni sonnante ni trébuchante, mais légèrement ombrée quand le soir nous saisit. Si la lumière trébuche aux sillons de la rousse il ne faut pas douter que notre ombre grandira. Tout comme il est écrit (quelquepart, dans le ciel, probablement) que les éphélides hermaphrodites se reproduisent par milliers. Il est certain que d'ici quelques semaines, ou quelques jours à peine, elles recouvriront toute la terre.

Photo : Les premières rousses, posant place Tabareau dans un après-midi de fin d'été. Photographiées à Lyon, sur le plateau de la Croix-Rousse, Septembre 2009. © Frb.