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mercredi, 14 septembre 2011

Le dessous des cartes (c'est déjà demain)

Discours d'investiture : Provinchiales, provinchiaux, mes chers compatriotes. Merchi de m'avoir élue. Vous avez fait le bon choix, le choix du bon chenche. Mais la chituachion étant che qu'on chait, et dans le contechte de rechechion qui menache la nachion, nous jalons touche être forchés de retroucher nos manches. L'opchion de l'auchtérité est auchi chelle de la chagèche, pour che faire, nous rechterons jichi enchemble afin de trouver une choluchion qui rende pochible la cholidarité entre touche. Je compte chur votre conchienche chitoyenne, cha demandera des chacrifiches, mais gil en va de l'avenir de la Franche, ch'est bien trichte mais ch"est comme cha  : Vive la Franche !  de droite de gauche, et du chantre !)

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Photos : Le dessous des cartes de la rue Descartes. Ou solution du petit rébus provincial (y'a un proverbe provincial qui  est signé du Riri, qui dit aussi que "c'est bien partout Vendenesse" mais bon, on fait de la politique, (et c'est exceptionnel) on ne va pas se mettre à faire de la philosophie par dessus le marché...

Villeurbanne © Frasby 2012.

(eh  ben oui ! c'est ça l'avant garde, avec une petite longueur d'avance, en toute humilité ! et dans un but, toujours le même, vous distraire, mes chers compatriotes, vous pouvez me remercier, envoyez vos dons !)

dimanche, 11 septembre 2011

Rentrer

Mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l’oubli s’infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés. Il n’y aura plus écrit en lettres de porcelaine blanche collées en arc de cercle sur la glace du petit café de la rue Coquillière :  "Ici, on consulte le bottin" et "Casse-croûte à toute heure".

GEORGES PEREC in "Espèces d'espaces, éditions Galilée 2006.

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rentrer seul_0109.JPGPlus loin par les méandres d'un plan de Vélov' (ou "vélos d'amour"), la rentrée honorera encore le beau temps sous des blancs de cirrocumulus granulant légèrement le bleu qu'on possède encore en lambeaux et l'on remuera l'aventure sur un pied d'appareil photo, espérant du nouveau, à croquer un peu de perspective. Ici, tout semble prévisible. Rien ; sinon cette chaleur de tripot, cet air brut et torpide. Rien ; sinon que du beau dans la ville aux façades rosées cachant son mal entre les ponts, autant de gouffres côtés du Rhône que de guinguettes aux volets clos et de plages interdites, les boites de nuits plongeant sur Vaise neuf et refait avec sa gare qui fût détruite sous les bombardements du 6 Mai 44, une gare en bois, vite reconstruite entre deux évènements, jusqu'à l'espace multimodal d'aujourd'hui et par dessus, tout ça, il y aura les barres vanillées de la Duche qui regardent le bas, plus pour longtemps, barrées déjà par un projet de ville, il transformera bientôt ce quartier en un "pôle attractif", disons "plus attractif", c'est la fine formule, pôle ou quartier, pourvu que tout cela devienne "attractif". Les mots bleus du Grand Lyon, peaufinant sa vitrine en bonnes concertations abonnées à la cool attitude, nebulus à venir. On ne peut rien en dire. On se porte sur les pentes, on coupe par les traboules où vit encore un monstre de légendes mystérieuses ; on croisera même en rêve les fantômes : des gisants de Loyasse, un secret chu à l'observance  puis on retournera comme hier dans les rues en presqu'île, autour de la place de la Bourse, on verra des messieurs dits "d'un âge", des cadres distingués, à l'allure de Clooney raybanés (comme Dutronc), faussement déglingues, (vaguement Borloo), qui vont de table en table, glissant, leur carte de visite, en toute discrétion, aux jeunes filles venues là pour boucler leur fin de mois. C'est secret de Polichinelle mais ce n'est pas dans tous les bars de presqu'île qu'on fait ça...  Chez Jules on causera d'art (mais à la bonne franquette), à la Manille on jouera (à la Manille), ou on lira sous les mêmes globes lumineux qu'autrefois, des journaux du jour ou de la veille, au Moulin joli on s'emmerdera joliment et les nouvelles couleurs de beige à chocolat nous ferons regretter le vieux "Moulin Joli" terne et bruyant, d'avant.

rentree  cc.jpgIl y aura la sortie des classes vers Ampère ou ailleurs, des ados qui ricanent à trois sur un scooter, roulant les pelles, les mécaniques, claquant de la planche, l'Icare niqué sur des genres d'escaliers. Passée vers la mairie de la place Sathonay, il on croisera Mademoiselle Pugeolles, rejoignant sur une trottinette, son petit F2 de la rue Burdeau, un  cartable tout neuf sous le bras, avec des surpiqûres, et des poches intérieures de la taille d'un kleenex.  Il y aura rue de la Ré plein de monde en grappes vers les cinq heures du soir, des groupements sous la cnaf avec toute la culture de Levy à Musso et des livres de Daniel Pennac à moitié prix entassés près des piles de compils de Pavarotti chante Verdi. Il y aura des regards en biais, sur le flottement d'une jupe plissée bourgeoise, s'attardant devant la vitrine d'Yves Rocher, des mains de femmes chez Sephora dépliant la publicité d'un nouveau parfum (pour les femmes) qui leur affine les hanches pendant qu'elles dorment. Il y aura les dernières robes d'été, des chapeaux d'hommes  à l'Argue, à fines rayures noires et blanches genre maquereaux siciliens à porter avec des bottines en daim à demi lacées, exprès, fausse néglige, de la bohème, encore, des bottines de gamines, vraiment ergonomiques à talons de 7 cm, qui font de belles chevilles et qu'on porte avec des collants 15 deniers de teinte biche.

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Antithèse : ICI

Photos : Des filatures fragiles aux quatre points cardinaux d'une ville entre deux ponts et deux collines, du quartier de bureautique (et domotique) aux costumes froissés près des gares (1) juste à proximité de l'école (2), un passage clouté de bellecour en Presqu'île (3) enfin, sortie du temple où la terre promise distribue de la marchandise et pour quelques centimes (de plus) vous avez les cabas recyclables, bien de quoi battre le pavé jusqu'aux prochaines vacances (4). Juste quelques images from Lyon entre déjà hier, dans le vieil aujourd'hui, aussi loin que demain.

 

Lyon vu par © Frb : 2011.

jeudi, 08 septembre 2011

Harpe céleste

Ecoutez bien leur devis,
Détoupez vos oreilles.
Et fa ri ro frere li joli
Ti ti pi ti, chouti toui.
Tu, que dis tu ?

CLEMENT JANEQUIN : extr. "Le chant des Oyseaulx"

Transcription de la partition destinée aux humains, à cliquer sur l'imagetous les oiseaux  B.jpg

- Shéma récapitulatif de la fonction du chant  :  ICI 

- Révision des classiques et autres questions  ci-dessous   :

http://www.freinet.org/creactif/blain/comenius/oiseaux.ht...

Louanges et doux oiseaux-copains by Catherine L. :  ICI

Nota :  Notre canari n'est pas sur le balcon, on l'aura pincé sur une corde de la harpe céleste, suivant une partition pas comme les autres. Selon Clément Janequin, "la doulce saison" se situe plutôt au printemps, mais l'hypothèse vient d'être contestée par le savant de certains jours, qui s'est basé sur notre cadran lunaire à nous, puis a conclu qu'il n'y avait plus de printemps. Ainsi "on ne renaît qu'à l'automne", c'est le sésame de la maison.

Photo : September nous détoupe les oreilles au chouti toui d'oiseau, pendant que la Biennale de Lyon ouvre ses portes, (ce que ne dit pas notre photo),  l'art contemporain sauvage déchiffre sa portée par de minuscules beautés éphémères (sitôt vues, sitôt envolées) et dans les mouvements de la harpe géante caressée par Lily Pinson sous l'aile (invisible) de l'oiseau prophète, (oui,  je sais, c'est un peu compliqué), ne pas confondre avec l'oiseau vogueur, qui ne va pas tarder à nous refaire son manège, souvenez vous...  Finalement plus ça change et plus c'est pareil, à quelques détails près...

Lyon passerelle amarrée © Frb 2011

mercredi, 31 août 2011

Premier volet de l'exposition

 Art-volet ou volet volé ? Encore une oeuvre qui ne sera pas comprise ...

premier volet de l'expo.JPG"Art signifiant, signifié du mouvement flêché dans l'oeuvre non-signée, du volet blanc de l'exposition fondue au noir repassant au blanc de l'oeuvre volée, le spectateur enfin confondu par la pertinence du sujet retrouve la place qui ne lui fût jamais accordée. Celle du regardeur survolé. Cela faisait bien longtemps qu'on n'avait pas abordé une oeuvre aussi  riche de sens, du nouveau pour les yeux et l'esprit. Un chef d'oeuvre stupéfiant retournant le détournement jusqu'à la plus pure authenticité du quotidien transfiguré par une sublimité à la fois simple et forcément multiple qui cache et révèle la complexité des relations du visiteur à tout ce que l'oeuvre sait lui dissimuler jusqu'à lui enseigner les bases aléatoires d'un réapprentissage des gestes comme "ouvrir" ou "fermer". Le premier volet de l'exposition est sans aucun doute l'évènement le plus intelligent de la rentrée. A ne louper sous aucun prétexte !

 CLAUDE-MARIE CREMOIX, in "L'étherama" n° 8966, pages culture, Juillet 2011.

Photo :  Le premier volet de l'expo, (ou l'infracritique du sub'art' précise l'expert), à ce qu'en dit l'artiste, d'autres viendront. De volets, (suivez un peu, voyons !)

© Frb 2011.

samedi, 06 août 2011

Où vont les fleurs ?

Je vous convie donc à voir seulement. Je vous prie de tout oublier à l'entour ; de ne rien espérer d'autre ; de ne regretter rien de plus.

VICTOR SEGALEN, extr. "Peintures", éditions gallimard, 1983.

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Doc Watson § David Grisman : "Summertime"
podcast

Photo : Où vont les fleurs ? Question.

Pigments et parfums naturels ou balade au jardin un matin d'été doux.

© Frb 2011.

jeudi, 04 août 2011

Haïku Nabirosinais

DSCF8901.JPGLes Haikus ne sont connus en Occident que depuis le début du XXem siècle. Les écrivains occidentaux ont tenté de s'inspirer de cette forme de poésie très brève la plupart du temps, ils ont choisi de transposer le Haïku japonais qui s'écrivait sur une seule colonne sous la forme d'un tercet de 3 vers de 5, 7 et 5 syllabes pour les haïkus occidentaux. quand on compose un Haïku en français, on remplace en général les mores par des syllabes, "mais c'est quoi les mores exactement ?" se demandera notre lecteur chéri (à supposer qu'il ne sache pas...) Et comme je fais désormais les questions et les réponses, je vous dirai qu'il ne faudra pas craindre celle-là (de réponse ! suivez un peu, vous irez vous baigner après), et donc, la more est un son élémentaire émis lors de la phonation. Son nom provient du latin "Mora" signifiant "retard" ou "délai". Comme beaucoup de termes spécifiques à la linguistique, sa définition exacte est contestée, mais bon, grosso-modo, sans rentrer dans les discussions, il s'agit d'une notion plus fine que celle de syllabe. Dans les langues syllabiques, chaque syllabe est constituée d'une ou plusieurs mores, qui en déterminent le poids, ce dernier déterminant à son tour l'accent tonique du mot, ou son rythme. Dans certaines langues, dites "moriques", la notion de syllabe, d'ailleurs, n'existe pas, une syllabe qui contient une seule more est appelée "monomorique" ou "monomoraïque", si elle est composée de deux mores elle est appelée "bimorique" ou "bimoraïque". La langue japonaise est connue pour sa structure en mores. La plupart des dialectes utilise les mores (haku en japonais) plutôt que les syllabes comme fondement de son système phonique. Une syllabe française peut contenir jusqu'à trois mores, ce qui engendre des poèmes irréguliers. Quant à la notion de more, si elle existe en Nabirosina, le nabirosinais considère qu'il n'est guère besoin de se casser la tête avec ça, ce n'est déjà pas mince affaire de traduire tant bien que mal le patois nabirosinais (dit rachollasi) en bon français moderne, on pourra donc considérer que le Haïku nabirosinais est peut-être l'un des seul Haïku au monde à n'obéir qu'à sa propre loi.

Photo : Offert par la boulangère du village, ce poème-Haïku chanté par Ricky Vacance (et sa cornemuse à pain) ravira vos matins, vos midis, vos soirées, (j'ai testé pour vous).  Un fragment de pure poésie vue au Nabirosina doux.

© Frb 2011.

mercredi, 27 juillet 2011

Partir tout en restant

Nous fondons de bonté dans l'atmosphère de ces romances, le monde nous semble sympathique et rempli de bonnes intentions.

ROBERT DESNOS, extr. "Paris, l'été", in "Récits, Nouvelles et Poèmes", éditions Roblot, 1975.

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Photos : Partir au Parc de la tête, (Tête d'Or, exactement), tout en restant en plein centre ville ou presque. Le corps de Lyon dans une forme éclatante, (courant après les écureuils), huit coureurs et un petit cycliste adorable (j'aurais pu vous faire croire que c'était moi sur le vélo (puisque grosso-modo c'est mon vélo) mais jamais je n'aurais osé porter de telles chaussures en été, (on ne peut donc pas mentir tranquille dans ces internettes sans qu'un infime détail etc etc...). Billet light, pendant les préparatifs de départ, certains jours on se met en mode dilettante. "Quand on écrit on écrit quand on fait sa valise, on fait sa valise" (a dit Homère). Les "partis" ont été photographiés ces derniers jours dans la grande allée du parc donc de la Tête d'Or, on a dit, (ouvert since 1857) et on a croqué la bicyclette en revenant du même parc, Cours Vitton ou Zola dans ces coins là, et, euh... Vu la photo, il me semble que ça n'a pas énormément d'importance :)

© Frb 2011

mercredi, 20 juillet 2011

Modernes Baleines

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Un petit coin de paratigre, (ah non, je rectifie : pas de tigre de léopard !) on entre dans la saison des pluies, fins contrastes, élégants ocelles traversent nos esprits d'une rythmique africaine comme celle des boubous dorés et musique de King Sunny Ade. ("Mori keke kan, tere ajalu bale tere opobi pobi, ori po lo bi", so sweet !)


parapluioeF8135.JPGQuadricolore pastel généreux il marque son territoire en tout temps et tous lieux, le parapluie mégalomane il peut abriter les voisins, les amis, la famille, sans même le faire exprès il peut servir de parasol de parachute, (ULM, toile de tente etc...), bref, un gros coin de parapluie,  pour ne pas dire une petite maison portative.

 

paraCF8130.JPG"La barotte et le parapluie", ce n'est pas une fable de la Fontaine; mais de la fontaine peut-être ? Si ? (umour-umour) un petit peu de fantaisie dans ce monde chargé mais pointronenfo la fantaisie reste sobre dans l'esprit de la cravate à Gilbert (Bécots), ça nous donnerait presque des idées. Un petit pois de parapluie donc...

 

para wilsonF8132.JPGParapluie dépressif, gros karma, un physique qui raconte une histoire ("les parapluies c'est comme les gens" a dit Homère) celui là il a sûrement fait toutes les guerres, et il est là. "Vieux Pataud" version parapluie. Fidèle compagnon d'une vie pour le meilleur et déjà pour le pire.

 

parapluieF8147.JPGLes dames du bois de Wilson conversent avec des interphones. Il semblerait qu'on retrouve notre fameux quadricolore généreux, (l'a t-elle chapardé au monsieur, la vilaine ?) et, (détail incongru), on verra l'autre parapluie (le sombre) coiffé d'un mystérieux chapeau,  est ce qu'il serait là pour protéger le parapluie de la pluie ? Le chapeau ? A t-on déjà vu chose pareille ?

 

Photos  : Festival de parapluies à Wilsons Place. Filature un jour de marché, de Juillet et de pluie (ça, vous l'aviez compris :)

 

Villeurbanne © Frb 2011.

dimanche, 17 juillet 2011

La plage

Nous nous hâtons, pour survivre, de confondre l'univers avec le tissu d'amitié dont nous sommes entourés, tant il est vrai que le plus difficile dans l'existence c'est de ne pas se laisser décourager par la solitude.

VLADIMIR JANKELEVITCH


pluie_0011_2.JPGJ'attendais sur la plage, le vent brouillait les personnages tout ce que nous avons cru voir ne pourrait exister ici. A nouveau, tu voyais la pluie inonder ton pays. La rue prit une couleur de cendres. Rien ne saurait prouver que c'était réellement la pluie de ton pays qui venait dans ma rue. La pluie retombait dans la pluie et la pluie balayait la pluie. Un fil enroulait le pays, la tristesse de Novembre se moquait de la plage, et nos joies ruisselantes furent lasses de se baigner dans l'eau de ces fontaines aux abords vert de gris.plieG_0014_2.JPG

Nous ne pouvions nous retenir de courir sous la pluie. Le chaud et le froid soufflaient l'ombre au milieu des reflets, je fondais pour eux mais je sens l'idiotie nous surprendre quand tu ouvres ton parapluie qu'il se tourne à l'envers sous le vent, tu le jettes à la rue, le reprends, puis pareil, tu fais tout pareil à nos vies. C'est l'idiot qui perd sa baleine paré d'un caban vert de gris c'est toute la nudité du ciel et c'est encore la pluie qui traîne, longtemps après la pluie, la longue pluie de Verhaeren, comme des fils sans fin  [...]


La pluie et ses fils identiques
Et ses ongles systématiques
...

Photo : Reflets sur le bitume du cours Vitton, à Lyon, réflection et fragments d'une plage où les reflets inversent le pays, photographiés un jour de pluie en ce mois de Juillet deuxmille etc...

© Frb 2011.

mardi, 12 juillet 2011

Tous les bateaux...

N'avons nous jamais pu, nous, ombres et schèmes,
par nos actes prématurément mûrs et bientôt desséchés,
troubler l'égalité de ces étés paisibles  ?

R.M. RILKE, extr. "Les sonnets à Orphée", II, XVII, traduits et préfacés par J.F Angelloz, éditions Flammarion, 1992.

haut les vélos.jpg

Il était plus de six heures du soir quand je me suis réveillée, légèrement virée des camions à cause de la cétirizine. Dans la rue un homme chargeait une charrette. Sa femme traînait derrière lui des glacières. Distancée, on eût dit un fétu. Assis sur des marches d'escalier, les enfants savouraient déjà les vacances, plus vastes que l'ennui dont ils se souviendraient peut-être une vie entière. La grand-mère enfournée sur la banquette arrière attendait gentiment la suite. Il y avait la radio qui causait en sourdine, quelques interférences passaient entre les voix écrasant le son, y mêlant les vagues meringuées des grands tambours d'Afrique et ça disparaissait. Un carillon sonnait très précisement l'heure suivi du jingle qui chantait "Eu-rooo- pe 1", ensuite, c'était une voix familière qui donnait le bulletin-météo du jour et du lendemain, puis une autre voix venait décrire l'état de la circulation, pile avant le rappel des titres. 

L'homme chargea quatre paires de flotteurs calés dans un sac "Bergasol". Plus tard il y aurait de grandes lignes sur la route, sa main au volant immobile, la montre à quartz, la ceinture, la bouteille de Volvic entre les pieds d'Evelyne, des successions de poteaux noirs et la grand-mère assise derrière avec son sac plastique, Evelyne au guet, qui dirait, (c'était systématique passé le panneau, à deux kilomètres de l'entrée de Vienne):

"Est ce que vous voulez que j'ouvre plus grand la vitre, Lucienne ?"

Moi je suis à la fenêtre, je contemple les sillons d'une route grise juste au dessus des toits qui mènerait par les nuits de pleine lune à ces roches "outremer" formant le relief d'un pays que je ne connais pas.

Tout passe - échange de moins en moins - l'expression de nos fugues, écriture, cinéma, "c'est bien partout Vendenesse", plus ça change et plus c'est pareil. Il n'y a pas grand chose à regarder là où le vide aspire, comme aujourd'hui à la fenêtre, c'est tout ce qu'on a à faire, se pencher et voilà. Nous on restera là, pour arroser le yuca ou pour garder le chat d'une copine, on se liera peut-être d'une amitié rapide avec d'autres assignés qu'on croisera dans les escaliers. C'est sans doute qu'on serait né comme ça, pourvu d'une maladie évolutive. Notre système nerveux central atrophié, nous obligerait presque à rester hors des feux du soleil, et de ces jeux d'été, incapables de danser en riant au milieu d'une chenille, tourmentés à l'idée qu'un jour on pourrait nous forcer à participer à un barbecue géant suivi d'un grand karaoké organisé sur le grill par les rois du camping. On se trouverait malheureux, écrasés dans la joie des autres. On apprend chaque année à force de méthode à devenir des sauvages, un peu, pas trop (ni assez bons ni si mauvais), on apprend chaque année à endurer la solitude et à continuer avec ou sans la plage.

Les voilà unifiés, destinés à revivre, ou plutôt, on les voit vivre pleinement au moins une fois l'année, ils nous collent sous les yeux cette vie aux airs badins, leur fiesta battant l'aile au froid de notre exil. Il faudrait peut être chercher sur quelle face obscure de la terre tiennent ces joies qui ont le pouvoir de reproduire à l'infini un tel néant.

Je les ai vus charger des bidules sur le toit de la charrette, tirer des tendeurs et des tiges, afin de faire tenir en équilibre deux vélos, un matelas pneumatique, la poussette de la petite, plus une drôle de bassine qu'ils appellent "un  bateau" à peine plus large qu'une planche à repasser. Il a lancé à sa famille, comme une menace si indirecte que ça ressemblait plutôt au décret sympathique du capitaine qui prévoit tout, il l'a dit gentiment (sans doute ne désirait-il pas se quereller encore avec Evelyne devant sa mère, ni faire pleurer la petite), il a dit avec sa grosse voix, tout de go en vrai chef de famille: 

"Si on part pas avant la nuit, alors on partira demain, dès que le jour sera levé".

Quand on y songe ça revient au même.

Evelyne a disposé quelques paniers sur la banquette tout près de la boîte à gants avec des serviettes en papier et dedans le pain de mie en fourré, elle a tartiné les rillettes. Il me semble en sentir l'odeur de ma fenêtre, bien qu'il soit impossible d'avoir l'odorat si doué ou bien c'est peut-être de songer à l'odeur des sièges en plastique de l'auto mélangée à celle des rillettes qui vont traîner sont déjà tièdes, ça donne le mal de mer. Toutes les choses sont chargées.

L'homme ralentit son pas, se traine sur une paire d'espadrilles dont les contreforts éculés laissent apparaître la corne d'une année à frotter des petits bouts de talons sur la terre. Ensuite on a entendu le moteur qui ronflait. Ca laissait craindre un problème d'huile. L'homme a ouvert le coffre, il a plongé ses mains. Il en a sorti victorieux, un bout de fer.

Nous on s'étonne avec les yeux qui errent et fixant certains points, on s'est mis dans l'oubli, la vraie vacance, en fait.

Europe 1 reparlait de ces feux de pinède du côté de Martigues et d'un problème d'hygiène dans les chiottes collectifs d'une aire de repos d'autoroute entre Lyon et Pont st Esprit, (Pont St Esprit c'est pourtant un nom de ville qui inviterait à une sorte de métamorphose extatique, (que nenni, que nenni).

Sur le kiosque  à journaux, des avocats de France et d'Amérique tentaient de me convaincre que la femme africaine et même la femme française dévoyaient la grandeur des hommes politiques. J'ai dû bailler longtemps devant l'immense traîne de l'épouse Archibelle et son visage si triste qui tranchait avec l'expression étonnamment lisse d'un prince au prénom d'accordéoniste, (juste une image). Quand cela fût fini je me suis assoupie sur une chanson de cette bonne et brave Zaz qui gouaillait dans mon transistor sur des rimes assez pauvres, qu'elle voulait de la joie et puis de la bonne humeur enchaînée par d'autres pop, des rockers post-bastringues à baskets et casquettes qui répétaient sans cesse "j'veux du soleil, j'veux du soleil". Pardonnez moi, (s'il est possible), ma vieille nature rébarbative m'ordonne de vous épargner ces liens là.  Quand je pense que François Holland a dit à la télé qu'il avait acheté le disque  de Zaz, (merde alors !). Si bien que je n'ai pas vu leur voiture partir, moi qui attendais ce moment et vous aussi n'est ce pas  ? Le seul qui aurait pu couronner ce texte d'une happy end un petit peu optimiste). Tant pis, je vous envoie l'épilogue.

Eux ils ont dépassé, le panneau d'Intersport, c'est là qu'une nouvelle vie commence, des Picasso mobiles passent sous des trémilles, des poids lourds engendrent un mur blanc, c'est l'hiver. On cloue désormais les volets dans la ville, la nuit court à pas de velours sur des ponts s'allongeant près des rives d'un lac à Tête d'Or. La chaleur inhumaine pénètre au plus profond, des Laguna coupéesdéfilent sur l'autoroute qui scinde la ville, rive droite, rive gauche, doux ronrons à travers les particules fines qu'on respire à vélo en tournant sur les places autour des nouveaux pots, aberrations géantissimes où sont piquées de frêles plantes exotiques taillées en forme de sphères par des concepteurs dépressifs égarés dans le système solaire. L'épilogue ? Oui, bien sûr,  il  arrive ! (en même temps, on n'est pas aux pièces).

L'homme avait travaillé un an. Il tâchait d'obéir du mieux qu'il le pouvait à la volonté de sa famille. Ce roulement entre deux saisons, ce pli torpide travail / loisirs était devenu sa vraie vie. Il avait fini par nimber son "petit intérieur" de vagues à remous nostalgiques, elles tenaient à peu près dans le volume d'une boîte à gants : le meilleur de Carlos Santana, quelques morceaux de grande musique et des versions plugged / unplugged du plus grand tube des années fric, la chanson lui rappelait ses vacances à Carnon, il était tombé amoureux d'Evelyne, coup de foudre au club de plongée sous-marine. Tout s'était replié comme ça, c'était venu vingt après, une geôle très fine fermée par un portail ou peut être une grille jalonnant à ses heures les minutes corvéables de la vie pragmatique. Bien avant que des herses du genre alternatives eurent labouré son corps, il sût un jour comme celui-ci qu'il ne pourrait plus jamais en sortir sans succomber sous les reproches. Après cela, aucune vérité ne paraît bonne à dire.

Sa main immobile posée sur le volant prenait les virages en douceur, la route tournait et retournait devant lui des panneaux de toutes les couleurs. Son coeur touchait un tel point d'inertie que lorsque la nuit en rêve il courait nu dans la forêt, poursuivi par une meute féroce de braconniers qui voulaient le dépecer vivant, il se laissait mourir bien avant d'être rattrapé, il se réveillait mort, tel, jusqu'à la nuit suivante, il se demandait pourquoi, toutes les nuits, il revenait toujours, ce rêve...

 

 

Photo : Ceci n'est pas un bateau, c'est sûrement une charrette surmontée d'un chapeau, (un peu étrange, j'admets), déjà toute ficelée pour son aventure estivale, à moins que ce soit un ready made, un bon porte-vélo à la gloire de notre petite reine, oeuvre d'art, donc, (je préfère). Mon chapeau sur la caisse à Duchamp, (allez hop !) photographié rue St Polycarpe, à Lyon, à la naissance des pentes de la Croix-Rousse, par un jour de Juillet de cette année là, (ou d'une autre, c'est pareil).

 

Vacances © Frb 2011.

lundi, 04 juillet 2011

Oublier DSK

Il se pourrait
Qu'à un certain moment
Rien ne bouge,
nulle part

E. GUILLEVIC ,  extr. "Du domaine", éditions Gallimard 1977.

campP2463.JPGP8120098.JPGoublier dsk,chemins,pierres,éloge de la fuite,guillevic,du domaine,paysages,partir,murs,vieux monde,abandon,s'extraire,oubli,pays perdu,tranquillité,silence,maisons,nabirosina,balade,se barrer,loincampagneF5461.JPGcampCF5437.JPG

 

Photos : Du domaine clos assez proche, aux domaines aussi vastes que lointains, quelques lignes de fuite pour s'extraire. Se défaire. Ou se refaire sans s'occuper de rien. "Pas de destin, pas de tragique" écrivait encore Guillevic. A la recherche d'un espace plus lucide plein d'interrogations, de négations et de silence. On parle si peu du vent.  "Moteur d'une perturbation possible" et toujours invisible au monde comme les larmes de Tchekhov. Un peu de vent sur la pierre, exacte, concise, comme la vigilance"... Comme le vent qui n'écrit que l'histoire du vent.

Les billets passent à l'éphémère une langue d'outre pierraille" (dixit Eugène)... Passer entre, passer outre.  Et pour les autres, passez de bonnes vacances.

© Frb 2011

vendredi, 24 juin 2011

Une vie

 



Solution pratique (plus propre et rapide) :

http://www.galantine.com/upload/referentiel/934/le-ramass...

Lecture pour tous :

http://www.libriszone.com/lib/notices/loana.htm

Science  et  technique (autopublicité) :

 http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/11...

Partie fine  (puisque c'est la saison) : 

http://certainsjours.hautetfort.com/archive/2009/02/05/le...

Peut-on parler d'intelligence ?

http://www.youtube.com/watch?v=mDntbGRPeEU&feature=pl...

 

Variation  sur  thème   : 

"Les  miettes", c'est  aussi un petit film extra, de Pierre Pinaud, qui  a  obtenu  le César du meilleur court  métrage  en  2009.  L'histoire est celle  d'une  ouvrière qui vit dans sa maison, va travailler dans une usine, fait ses courses dans un commerce, en résumé, ramasse des miettes. Un matin, l’usine qui sert de toile de fond à son univers se déplace et sort du champ. Consternée, la femme tente de la retenir. Les images sont d'une poésie étonnante on pensera  Fritz  Lang,  mais aussi  à Chaplin,  les miettes  étant  la monnaie de  l'univers  du  film,  (vous l'avez bien  compris) il  s'y trouve également une métaphore  (et celle ci  de très loin plus fouillée que la précédente)... Lien  du  film  sous l'image, et visionnage vivement recommandé par la maison : un pur bijou.

 

 

Journal rétro-actif du film by Pierre Pinaud à lire :  ICI

samedi, 11 juin 2011

Préparatifs de départ en vacances

Si tu colles ton oreille sur l'image tu verras la mer.

CLAUDE DEBUSSY

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Photo  : Plage du pauvre ☐  ou rude épreuve ☐  Cochez  (1)

(1) Si vous ne pouvez pas cocher alors on vous collera les deux d'office.

© Frasby 2011

samedi, 04 juin 2011

A tribute to Maurice Garrel

"Je pensais ne pas passer le cap de l’année 2000. Finalement, nous sommes en 2011 et je suis toujours là. Il faudra m’abattre à la carabine !"

MAURICE GARREL (24 Février 1923 - 4 Juin 2011), extr. des entretiens de l’émission "A voix nue", par Dominique Féret réalisée pour France Culture en Mai 2011.

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Personne n'aurait vraiment souhaité abattre Maurice Garrel à la carabine, on aurait bien aimé, je crois, le voir encore jouer longtemps. L'acteur est mort, ce 4 Juin 2011 à l'âge de 88 ans, et bien que je ne sois jamais très à l'aise pour chroniquer les disparitions, je tenais à rendre un petit hommage à cet acteur que j'admire depuis que je l'ai vu pour la première fois dans ce vieux film extra, d'Alex Joffé, datant de 1960, intitulé "Fortunat", où Maurice Garrel y jouait le petit rôle d'un inspecteur de la milice, aux côté de Bourvil et de Michèle Morgan, et peu après je le revis en Monsieur Bontemps dans "La peau douce". Maurice Garrel était aussi le père du réalisateur (mythique), Philippe Garrel, ("J'entends plus la guitare" entre autres...), le grand père du beau Louis et de la belle Esther, (tous deux aujourd'hui acteurs également), il fût l'élève de Charles Dullin et de Tania Balachova, il devint pensionnaire de la comédie française de 1983 à 1985. On l'a remarqué chez Truffaut, Rivette, Costa Gavras, Chabrol, Doniol-Valcroze, Deray, Deville, Sautet, Cavalier, René Clément, Marcel Carné, Pierre Kast, Chéreau, Despleschin, Lelouch, dans les films de son fils ou dans ce film étrange, "Alors voilà" réalisé par Michel Piccoli. Et j'en oublie beaucoup... Le plus souvent, il a joué les seconds rôles, il a oeuvré pour des courts métrages, pour le théâtre, pour la télévision, il s'est aussi essayé à la mise en scène avec Laurent Terzieff (un autre "magnifique" disparu, l'été dernier). Il fût nominé deux fois pour les Molière en 1992 et 1994, et deux fois aux Césars pour le meilleur second rôle masculin dans le film (superbe), "Rois et reines" de Arnaud Desplechin, et surtout pour "La discrète" de Christian Vincent où son jeu adhère au personnage avec une classe d'un naturel époustouflant, chacune de ses apparitions se savoure et mène le film à l'excellence. Je n'ai pas trouvé beaucoup d'extraits disponibles sur le net où l'on peut visionner des scènes significatives du fin travail d'acteur de Maurice Garrel, j'ai donc choisi parmi les rares qui nous sont actuellement accessibles et ça tombe plutôt bien, pour ce jeu, qui paraît flegmatique mais révèle un travail d'acteur précis (là où "le travail" justement ne se voit plus). Il y a un autre charme chez Maurice Garrel c'est sa voix au phrasé très particulier, cette élégance un peu maussade, très enveloppante, un je ne sais quoi de magnétique qu'on pourrait appeller plus simplement "une présence". Extrait choisi, entre deux scènes, ça passe trop vite, regarder ce jeu, écouter cette voix, est un pur régal.

 

 

Autres liens pour découvrir plus en détail l'itinéraire de Maurice Garrel, à lire ci-dessous trois articles de presse parus juste après sa disparition  :

http://www.lexpress.fr/culture/cinema/petite-histoire-du-...

http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/06/05/l-acteur...

http://www.parismatch.com/Culture-Match/Cinema/Videos/Hom...

A écouter, une suite des entretiens de l'émission "A voix nue" consacrée à Maurice Garrel, ici le second entretien, il y en a cinq en tout, la page vous ménera à l'intégralité, selon votre désir.

http://www.franceculture.com/emission-a-voix-nue-maurice-...

Photo : tirée du film "La maison des bories, réalisé en 1969 par Jacques Doniol-Valcroze

jeudi, 26 mai 2011

Petite musique d'attente...

Quelle vie de chien !

HENRY MILLER, (cité par Brassaï in "Henry Miller, rocher heureux"), éditions Gallimard, 2001.

Si la salle d'attente ne vous plait pas, en cliquant, vous serez orientés dans une autreSAL ATTENTE.JPG

Présentation

C'est juste une salle d'attente dans une petite ville de province. Les trois hommes qui s'y trouvent semblent se connaître un peu de vue, ce sont des vieux, à peine bourrus, la fidèle patientèle d'ici. Ils se regardent avec bonhomie, tournent sans les lire quelques pages de revues, un geste machinal, un choix restreint : "Le point", "Paris-Match", "Femme actuelle". J'atterris à cloche-pied, dans cette ambiance à la fois pudique et rassurante, j'entre sans bruit je suis accueillie par un "bonjour" très accueillant, trois bonnes têtes avec des sourires plutôt "gentils"... Déjà ça paraîtrait un peu anachronique en ville où les salles d'attente (celles que rarement j'ai fréquenté, me paraissaient glacées parfois presque menaçantes). Bien sûr, il y a ce silence lourd de sens, de non-sens, souvent gênant où le moindre bruit d'une page de revue qu'on tourne, le moindre craquement de soulier paraît s'amplifier à tel point qu'on n'oserait à peine bouger le petit doigt, mais ce sont les silences spécifiques ou "spéciaux" des salles d'attente en général, quand celles-ci ne sont pas envahies (une nouveauté qui se répand bien, hélas) par des fonds musicaux imposés, souvent odieux, la dernière salle d'attente que j'ai cotoyée, m'ayant offert contre mon gré, environ une heure des "plus grands hits d'Eddy Mitchell", (certes en sourdine, mais entre nous, c'est pas humain), tant qu'à faire je préfère un bon gros silence même s'il pèse un peu, beaucoup, voire lourdement. Ici, rien à faire, faut que ça cause, faut que ça vive. Faut toujours qu'on dise quelque chose. Un homme ouvre la conversation à propos de "l'accident du pont", une actualité qui détrône le scandale des notables trousseurs de dames, à Paris ou en Amérique, la seule actualité, dans ce petit pays, qui vaille la peine qu'on s'en soucie, c'est l'accident, dont la photo (une moto, une voiture ratatinées contre un poteau), un récit qui n'omet nul détail, ont fait la une, du petit journal local. Ici, chacun lit après le déjeûner, ou le dîner, "son" journal. C'est un rituel, c'est sacré. Après, on en parle, on en reparle, dans la rue et dans les commerces, au village, dans les chemins entre les champs de coquelicots... Ici, la parole s'ouvre, juste un peu et les langues se délient, mais pas trop. J'accroche sur mon col (je sais, c'est pas joli joli...) un petit micro cravate, j'enclenche le dictaphone. Le temps d'une brève causerie ; telle une trace légère, autant dire, presque rien...

Situation

- Je ne savais pas qu'il y avait une boulangerie aux Indres...

- Tout le temps !

- Ah ça oui ! y'en a passé trois quatre, mais y'en a toujours eu.

-  Ah ben oui !

-  C'est arrivé vers quel endroit ?

-  Vers le pont des Tarets, ça fait un genre de bosse, elle est partie sur la bosse.

- Le poteau il est là, tout seul au milieu du parking...

- Aller prendre le poteau en plein milieu, faut l'faire !

-  Ah ben mon vieux !

- Oh oui ! on est peu de chose...

- Et le père qu'a tué son gamin, 17 ans... Vous avez lu ? Ben bon sang !

- Elle était toute neuve la voiture, le motard l'a pas vue, le gamin il est mort pendant le transfert.

- Ces motos, ça fait peur...

- Mais non ! c'est la paraffine qu'y avait sur les pneus.

- Le gamin c'était le passager, il était devant, assis à côté, ça a toujours été la place du mort... Le père a freiné mais c'est l'auto qu'est partie dans l'autre sens.

- Ben vieux ! Pour la mère c'est terrible !

- Et pour le père ! Il a tué son gamin. Ils en avaient pas d'autre. Quand ils se trouvent tous les deux, ça doit pas être facile, le soir au souper, j'sais pas ce qu'il peut lui dire à elle, ben bon sang ! ça doit pas être facile d'en causer, faut que le couple soit solide après.

- Ouh ben ! C'est pas sûr qu'elle pardonne, si elle est rancunière, c'est fini, ça y fera tout craquer...

- Y'a pas que ça, y'a l'alcool, y'a la drogue...

- Non mais là, c'est un accident, y'a pas de drogue, pas d'alcool ! et pis de la drogue y'en a pas tant que ça.

- Non, pas tant ! pas dans nos petits pays. (silence long, lourd, gros soupirs, le vieux monsieur en face a l'air de réfléchir, profondément...)

- Alors c'est le destin. Ca peut pas être autre chose.

- Oui, c'est le destin, ça a été écrit comme ça. (silence long, très long)

- Hier on a enterré le docteur, vous avez lu ?

- Oui, y'avait du monde ! ça tenait pas tout dans l'église. Il était vieux.

- Dans le temps ils étaient deux, ça fait que l'autre est tout seul.

- C'est pas facile, hein ? On a beau dire ... La vie... !

- Oh non ! on a beau dire ! quand on peut rien y faire, on peut ben en causer jusqu'à demain...

-  C'est bien ce que je dis, c'est pas facile." 

 

 

Photo : Petite métonymie (de l'attente), ou portrait du patient invisible, ou encore un autoportrait ? D'autres verront un petit bout de salle d'attente, (et ils auront raison !) sans la musique, photographiée là bas, en douce... Je remercie, au passage, le Dr. VDB pour son accueil chaleureux et pour sa "bonne médecine". Un endroit on ne peut plus "sobre", mais finalement assez tranquille... Si l'on compare à certaines salles d'attente décorées hype et chic (avec fauteuils du genre "formes nouvelles") de certains cabinets où se pratique (de plus en plus, hélas) ce qu'on appelle de "l'abattage", (de patients comme du bétail, oui, c'est courant), je préfère un décor austère avec une médecine à visage humain, que le contraire, mais cela est très subjectif évidemment, et d'ailleurs il se peut que je m'égare dans un autre sujet vraiment problèmatique, peut être à suivre (?) Un certain jour (?) Qui sait (?) Mais comme je ne suis nullement pressée de fréquenter ce genre d'endroit, je ne promettrai pas ou le plus tard possible. Il vous faudra donc être patients, (si j'ose dire) ...

© Frb 2011.

dimanche, 22 mai 2011

Violon d'Ingres

Voici le printemps qui revient avec le charme des roses.
Regarde leurs joues fraîches, et la plante amère de la tristesse
sera déracinée de ton cœur.
 
HAFIZ, Poète perse.

Pour découvrir d'autres roses de la collection Tête d'Or, vous pouvez cliquer sur l'imageviolonF2744.JPG
violonF2723.JPGviolonF2736.JPGviolonCF2741.JPGviolonF2713.JPGviolon d'ingres  cF2748.JPGviolon d'ingres.JPG

 

 

 

Photos : La grande roseraie du Parc de la Tête d'Or à Lyon, suite d'une balade parmi les roses avec prénoms, (appelation) celle-ci on la nomme "Violon d'Ingres®", elle est moins odorante, moins subtile que la "Golden Celebration®", elle est douceâtre, (moi je la trouve un peu écoeurante, comme une sorte de grosse sucrerie, on s'en lasse, (il en va des roses commes femmes), elle rappelle (un peu) les (affreuses) corbeilles de mariage, de baptême, les gateaux d'anniversaire, mais une rose très mièvre peut cacher une coquine, on l'aurait surprise en posture "embarrassante" dans une love party chez Harlequin, (une vraie rose à l'eau de rose). D'ordinaire ses couleurs sont d'un jaune clair nuancées de rose, la "Violon d'Ingres®" du parc est plutôt à dominante rose (pâlichon), timidement éclairée de jaune (à peine) saumoné. Photographiée sous une chape de plomb atmosphérique, au coucher du soleil, à l'heure où les roses déclinent hélas ! si vous vivez ou passez par Lyon, je ne saurais trop vous répéter (encore et encore) de visiter au plus vite cette roseraie somptueuse, l'un des lieux les plus envoûtant de Lyon, mais d'une grande fragilité, déjà le sol se couvre de pétales... Je n'aurais ni le temps ni l'ardeur de vous ramener une image de chaque exemplaire de ces fleurs, mais qui sait ? Peut-être un (certain) jour, je sortirai d'autres modèles du genre "Hotel california®", "Rose de Limoux®" (sublime), ou pourquoi pas la très voluptueuse :"Bernadette Chirac®", rampante grimpante et charnue, (c'est l'horticulteur qui me l'a dit), une délicate parmi toutes, comme je ne l'ai pas encore trouvée, (perdue que je suis au milieu des 30 000 rosiers), je vous en glisse, un tout petit échantillon ICI.

Photos : © Frb 2011